Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

06 80 71 71 01

 

27 mars 2005

Dimanche de Paques

 

Sommaire

 

 N'oubliez pas de vous
inscrire sans tarder au pèlerinage jubilaire du Puy, pour m'en faciliter
l'organisation. N'attendez pas le dernier jour, comme on le fait d'habitude.
Des noms me sont déjà parvenus. Je les en remercie.

 

En cette semaine pascale, je ne vous donnerais que cette belle homélie de Saint Léon le Grand sur ce mystère, me réservant de reprendre les rubriques habituelles, la semaine prochaine.

Mais je me permettrais, tout d’abord, de vous demander de vous inscrire « concrètement » pour le pèlerinage du Puy, les 9 et 10 juillet prochain. Il ne suffit pas de me dire « on vient à trois à quatre… ». Il faut m’envoyer votre fiche d’inscription. Vous la trouverez sur la page de garde du site ITEM. Cela me permettra de retenir les repas nécessaires pour le samedi soir et le repas de dimanche midi. Nous ne sommes pas des purs esprits…et personne ne pourra faire « la multiplication des pains »… Votre inscription me facilitera la tache. Merci beuacoup d’entendre cet appel.

Voici cette très belle homélie de Saint Léon.


« 1- Dans notre dernier sermon, bien-aimés, nous vous avons enseigné - non hors de propos, croyons-nous - la participation à la croix du Christ, afin que la vie même des fidèles soit pénétrée du sacrement pascal et célèbre dans les mœurs ce qu’elle honore dans la fête. Vous-mêmes certainement avez éprouvé combien cela est utile, et votre dévotion vous a appris l’avantage que retirent les âmes et les corps des jeûnes plus prolongés, des prières plus fréquentes, des aumônes plus larges. Il n’est, en effet, presque personnes qui n’ait profité de cette ascèse et qui n’ait serré dans le secret de sa conscience quelque chose dont il puisse à bon droit se réjouir. Mais ces profits , il faut les conserver au prix d’une vigilance constante de peur que, le travail se relâchant, la haine du démon ne dérobe ce qu’a donné la grâce de Dieu.

Puisque nous avons voulu travailler par l’observance des quarante jours, pour ressentir quelque chose de la croix pendant le temps de la Passion du Seigneur, efforçons-nos aussi d’être trouvés associés à la résurrection du Christ et de passer de la mort à la vie tandis que nous sommes encore en ce corps. Car, pour tout homme, passer par une conversion, de quelque nature qu’elle soit, d’un état à un autre, signifie la fin de quelque chose : n’être plus ce qu’il était, et le commencement d’une autre : être ce qu’il n’était pas . Mais il est important de savoir à qui l’on meurt et pour qui l’on vit : car il y a une mort qui fait vivre et une vie qui fait mourir ; or ce n’est pas ailleurs que dans ce siècle éphémère que l’on recherche l’une et l’autre ; et c’est la qualité de nos actions temporelles que dépendra la différence des rétributions éternelles. Mourons donc au diable et vivons pour Dieu ; mourons à l’iniquité pour ressusciter à la justice ; que disparaisse l’état ancien pour que se lève le nouveau ; et puisque, selon la parole de la Vérité, « nul ne peut servir deux maîtres » (Mt 6 24), prenons pour maître non celui qui ébranle ceux qui sont debout pour les mener à la ruine, mais celui qui relève les tombés pour les conduire à la gloire.

2- « Le premier homme, issu du sol, est terrestre, dit l’Apôtre ; le second homme, lui, vient du ciel. Tel a été le terrestre, tels sont aussi les terrestres ; tel le céleste, tels seront aussi les célestes. Et de même que nous avons revêtu l’image du terrestre, il nous faut revêtir aussi l’image du céleste ». (1 Cor 15 47-49) Nous devons grandement nous réjouir de ce changement qui nous fait passer de l’obscurité terrestre à la dignité céleste par un effet de l’ineffable miséricorde de Celui qui, pour nous élever jusqu’à son domaine, est descendu dans le notre : car il a pris non seulement la substance, mais encore la condition de la nature pécheresse, et il a permis que son impassible divinité subît tout ce que , dans son extrême misère, expérimente l’humaine mortalité. C’est par un effet de cette bonté que, craignant qu’une longue tristesse ne fût une torture pour les âmes déjà troublées des disciples, il sut si bien abréger le délai prédit des trois jours, qu’ajoutant au second jour entier la toute dernière partie du premier et le début du troisième, il écourta quelque peu l’intervalle prévu sans que le nombre des jours fût diminué. La résurrection du Sauveur n’a donc pas retenu longtemps son âme aux enfers, ni son corps dans la tombe : la vie revint si vite en sa chair in corrompue qu’il sembla davantage s’être endormi qu’avoir cessé de vivre. La divinité, en effet, qui ne s’était pas retirés des deux substances composantes de l’homme qu’elle avait pris, réunit par sa puissance ce que sa puissance avait séparé.

3- Bien des preuves ont suivi destinées à fonder l’autorité de la foi qui devait être prêchée à travers le monde : la pierre roulée, le tombeau vide, les linceuls mis à part, les anges racontant tout l’événement, établissaient assez largement la vérité de la résurrection du Seigneur ; cependant il se manifesta et apparut aux femmes et plusieurs fois aux Apôtres : non seulement il s’entretenait avec eux, mais encore il s’attardait au milieu d’eux, mangeait en leur compagnie , et se laissait examiner de près et toucher curieusement par ceux que retenait le doute. Il entrait, en effet, au milieu de ses disciples, toutes portes fermées, et il leur donnait le Saint-Esprit en soufflant sur eux ; éclairant leur intelligence, il leur ouvrait les secrets des Saintes Ecritures, il leur montrait encore la plaie de son côté, les trous faits par les clous, et toutes les marques de sa Passion encore récente ; tout cela pour faire connaître que les propriétés de la nature divine et celles de la nature humaine demeuraient en lui bien séparées, et pour que nous sachions que le Verbe n’est pas identique à la chair, et confessions que le Fils de Dieu est à la fois Verbe et chair.

4- Paul, l’Apôtre des nations, ne contredit pas cette foi, bien-aimés, quand il dit : « Même si nous avons connu le Christ selon la chair, nous ne le connaissons plus ainsi à présent. »(2 Cor 5 16) La résurrection du Seigneur, en effet, n’a pas mis fin à sa chair, mais l’a transformée, et sa substance corporelle n’a pas été consommée par l’accroissement de sa puissance . Les propriétés ont changé, la nature n’a pas passé. Ce corps est devenu impassible, qui avait été crucifié ; il est devenu immortel, lui qui avait pu être mis à mort ; il est devenu incorruptible, lui qui avait pu être meurtri. Aussi l’Apôtre dit-il avec raison qu’il ignore la chair du Christ dans l’état où elle était connue, car il n’est plus rien resté en elle de passible, plus rien d’infirme ; tout en étant elle-même en son essence, elle n’est plus elle-même en sa gloire. Est-il d’ailleurs surprenant que l’Apôtre s’exprime ainsi à propos du corps du Christ, puisque, parlant des chrétiens qui vivent selon l’esprit, il dit : « Aussi ne connaissons-nous plus désormais personne selon la chair » ? (2 Cor 5 16) Oui, peut-il dire, notre résurrection a commencé dans le Christ du fait que, en Celui qui est mort pour tous, la forme même de toute notre espérance nous a précédés. Nous n’hésitons pas sous l’effet du doute, nous ne flottons pas dans une attente incertaine, mais le début de ce qui nous a été promis nous ayant été donné, nous apercevons déjà des yeux de la foi ce qui viendra plus tard ; remplis de la joie que suscite l’élévation de notre nature, nous tenons déjà ce que nous croyons.

5 – Ne nous laissons donc pas envahir par les choses temporelles qui ne sont qu’apparence, et que les biens de la terre ne détournent pas de ceux du ciel ; vers eux, notre contemplation. Tenons pour dépassé ce qui n’est presque plus rien, et que l’esprit, attaché à ce qui doit demeurer, fixe son désir là où ce qu’on lui offre est éternel. Bien qu’en effet, nous ne soyons sauvés qu’en espérance et que nous portions encore une chair corruptible et mortelle, on peut dire pourtant avec raison que nous ne sommes pas dans la chair si les passions charnelles ne dominent pas sur nous ; et c’est à bon droit que nous ne portons plus le nom de ce dont nous ne suivons pas les désirs. Aussi lorsque l’Apôtre dit : « Ne vous souciez pas de la chair pour en satisfaire les convoitises » (Rm 13 14), nous n’entendons pas qu’il nous interdise l’usage des choses qui conviennent au salut et que nécessite la faiblesse humaine . Mais, comme il ne faut pas se plier à toutes les convoitises ni satisfaire à tout ce que désire la chair , nous comprenons qu’il nous avertit d’adopter une certaine mesure de tempérance : à ce corps, qui doit être gouverné par l’âme, n’accordons pas de superflu , ne refusons pas le nécessaire. Aussi le même Apôtre dit-il ailleurs : « Nul n’a jamais haï sa propre chair ; on la nourrit au contraire et on en prend soin » ( Eph 5 29). Il faut, en effet, la nourrir et en prendre soin non pour favoriser les vices ni la luxure, mais pour le service qu’elle doit fournir : ainsi notre salut rénové se tiendra dans l’ordre, ses parties inférieures ne prévaudront pas criminellement et honteusement sur les supérieures, ni les supérieures ne se laisseront vaincre par les inférieures, tellement que, les vices triomphant de l’âme, on ne trouverait plus qu’esclavage là où devait régner l’autorité.

6 Que le peuple de Dieu reconnaisse donc qu’il est devenu une nouvelle créature dans le Christ et qu’il soit attentif à comprendre qui l’a adopté et quel est celui qu’il a lui-même adopté. Que ce qui a été renouvelé ne retourne pas à l’inconstance de son état ancien et que celui-là ne renonce pas à son labeur, qui a mis la main à la charrue ; mais qu’il regarde à ce qu’il sème, et ne se retourne pas vers ce qu’il a abandonné. Que nul ne retombe dans les vices dont il s’est relevé, et, même si, par suite de la faiblesse de sa chair, il gît encore en proie à quelques maladies, qu’il désire instamment être guéri et rétabli. Telle est la voie du salut, telle est la manière d’imiter la résurrection commencée dans le Christ ; puisqu’on ne manque pas de tomber ou de broncher sur le chemin glissant de cette vie, que nos pas quittent donc les sols mouvants pour la terre ferme, car, selon qu’il est écrit, « le Seigneur mène les pas de l’homme, ils sont fermes et sa marche lui plaît. Quand le juste tombe, il ne reste pas terrassé, car le Seigneur lui soutient la main » (Ps 36 23)

Cette méditation, bien-aimés, ne convient pas seulement à la fête pascale, mais nous devons encore la retenir pour sanctifier toute notre vie. Les exercices actuels doivent tendre à transformer en habitude les pratiques dont la courte expérience a fait la joie des âmes fidèles, à en conserver la pureté, et à détruire par une prompte pénitence tout péché qui pourrait nous surprendre. La guérison de maladies anciennes est difficile et longue : qu’on applique donc les remèdes d’autant plus vite que les blessures sont plus récentes, afin que, nous relevant toujours totalement de toutes nos chutes, nous méritions de parvenir dans le Christ Jésus notre Seigneur à cette incorruptible résurrection de la chair appelée à la glorification ; en lui qui vit et règne avec le Père et le Saint-Esprit dans les siècles des siècles. Amen ».