Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

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Du 24 au 30 juillet

Dixiéme Dimanche après la Pentecôte

 

A- Homélie du 10 dimanche après la Pentecôte.

De la Toute puissance de Dieu

Mes biens chers Frères.

Qui lit avec attention les textes de cette messe, peut conclure aisément que tout est grâce, tout est don de Dieu, tout vient de Dieu. Dieu est au principe de tout, au principe de la création, au principe de la nature. Il est au principe de la vie naturelle, de la vie surnaturelle. C’est le sens évident de l’épître de Saint Paul. Et devant cette certitude, que Dieu est tout et que je ne suis rien, c’est le sens de l’Evangile, et que tout le bien en moi est de Dieu, vient de Dieu…et tout le mal est de moi, je serais bien inspiré, devant une telle réalité, d’être devant Dieu comme le publicain de cet Evangile du 10e dimanche après la Pentecôte. Et de faire mien ce chant de l’Introït de cette messe : « je crie vers le Seigneur, il entend ma voix. Il me délivre de ceux qui marchent contre moi. Il m’humilie, Lui qui trône de toute Eternité. Remets ton sort au Seigneur. Il te soutiendra. O Dieu, prête l’oreille à ma prière, ne te dérobe pas à ma supplication, Ecoute moi. Exauce moi ».

Telles sont, me semble-t-il, les idées de cette messe - l’idée essentielle – la toute puissance de Dieu, et par opposition, la faiblesse et la petitesse de la créature. C’est cette faiblesse, cette petitesse qui explique, qui exige, mieux qui fonde ma supplique, « mon cri vers Dieu ». Mieux encore, c’est cette petitesse, cette faiblesse qui sont la raison de mon « cri vers le Seigneur ».

Telle est l’unité de cette messe.

Développons ces quelques idées.

Dieu est tout. Le principe de tout. Il est au principe de tout et du monde matériel et du monde spirituel et du monde surnaturel. Voilà la première affirmation de mon « Credo » : « Je crois en Dieu, le Père, Tout Puissant, créateur du Ciel et de la Terre ».
Je crois en Dieu, Tout Puissant.
Je crois en l’excellence de Dieu, à sa dignité. Je le comprends comme la cause et la cause de tout ce qui existe. Je le contemple dans sa Majesté infinie, « une majesté incompréhensible qui habite une lumière inaccessible que personne n’a vu ni ne peut voir », comme il le dit lui-même à Moïse (Exode 33 20). Il est un être infini au dessus de tout.

C’est lui « qui nous fait du bien, nous dit encore l’Ecriture, qui nous envoie les pluies du Ciel et les saisons favorables aux fruits ; c’est lui qui nous donne en abondance la nourriture dont nous avons besoin et qui remplit nos cœurs de joie » (Act 14 16)

Il est la Majesté même, sans imperfection aucune. Il est simple. Il n’est pas composé. Il n’est pas « corps », fait de mélange et de composition. Il est esprit, pur esprit. En lui est la plénitude de tous les biens. Il est donc « source inépuisable et perpétuelle de bonté et de charité qui répand sur toutes les créatures ce que nous y voyons de beau et de parfait ». Il est le Sage, l’auteur et l’ami de la vérité, le juste, le Bienfaiteur suprême. Il est le Souverain, l’absolue perfection. Il est le Tout Puissant, immense, infinie qui s’étend à tout et partout. Il est omniprésent. « Vous ouvrez la main, dit le psalmiste et vous remplissez de bénédictions tout ce qui respire » (Ps 144 16). Oui ! Il remplit le ciel et la terre, dira Jérémie (Jer. 23 24)

A cette lumière de la foi, à cette révélation de Dieu, à cette contemplation de la nature divine, je comprends qu’il ne puisse y avoir qu’un seul Dieu et non plusieurs.

L’enseignement du Catéchisme de Trente est clair : « Nous reconnaissons que Dieu est la bonté souveraine et la perfection même. Or il est impossible que la perfection absolue convienne à plusieurs. Car celui qui manque de la moindre chose pour arriver jusqu’au sommet et à l’absolu, est par la même imparfait. Donc il ne saurait être Dieu » (p. 22 de l’édition Itinéraires).

C’est un argument de raison. Mais l’Ecriture Sainte, cette révélation de Dieu, nous l’enseigne aussi : « Ecoute Israël, le Seigneur Notre Dieu, est le seul Dieu » (Deut 6 4), « Vous n’aurez point d’autres dieux devant Moi » (Exode 20 3). Saint Paul le confirme : « Il n’y a qu’un Seigneur », comme il n’y a qu’une foi, qu’un baptême (Eph 4 5)

Oui il n’y a qu’un seul Dieu par nature, par substance, par essence, tout en étant « trine » dans les personnes, en Dieu, le Père, le Fils, le Saint-Esprit.

Un seul Dieu, le Tout-Puissant.

C’est la perfection qui lui convient. En elle toutes les perfections sont contenues.
« Je suis le Seigneur tout puissant ». Le tout puissant car « rien ne lui est impossible », nous dit le Catéchisme de Trente. « Il n’existe rien que l’esprit ne peut rien concevoir, que l’imagination ne peut rien se figurer que Dieu n’ait le pouvoir de réaliser ». Il peut opérer tous les prodiges, faire tout rentrer dans le néant, créer de rien en un instant tous les mondes possibles.

Cependant « quoi que tout puissant, Dieu ne peut ni mentir, ni tromper ni être trompé, ni pécher, ni périr, ni ignorer quoi que ce soit ». Ces choses ne se rencontrent que chez des êtres dont l’action est imparfaite. Ainsi parce que l’action de Dieu est toujours d’une perfection infinie, on dit qu’il ne peut les faire. « Une pareille faculté… mentir…tromper…se tromper….est un effet de la faiblesse et non d’un pouvoir souverain et illimité, tel qu’Il le possède. (Catéchisme de Trente ; p. 26)

Et dès lors que nous le reconnaissons comme tout puissant, nous savons par la même qu’il a la science de tout et que tout est soumis à son empire et à sa volonté.

Et cette toute puissance de Dieu est le meilleur principe de ma foi et de mon espérance, le meilleur fondement. Rien n’est impossible à Dieu. Il peut créer la Sainte Eucharistie. Il en a la puissance. Il a la toute puissance sur la nature. Il peut « transsubstantier » le pain en son Corps et le vin en son Sang. Il est le Tout-Puissant. Il faut faire remarquer que ce n’est pas en vain que le prêtre invoque la toute puissance de Dieu alors qu’il va consacrer le corps et le sang du Seigneur. Il est le Tout-Puissant.
Il peut de nous faire des « enfants de Dieu » par l’Esprit Saint. Et c’est la raison du choix de l’Epître en cette messe. Il peut des « pierres faire naître des enfants d’Abraham », disait-il un jour aux juifs.

Cette toute puissance est donc au principe de mon « être spirituel ». Elle est au principe de la « sagesse chrétienne ». C’est l’Epître de Saint Paul : « A l’un est donné par l’Esprit, une parole de Sagesse ». Elle est principe de la « science » : « A tel autre est donné une part de la science », selon le même Esprit, c’est-à-dire selon la même toute puissance de Dieu. « A un autre, la foi, dans le même Esprit ». « Nul ne peut dire « Jésus est Seigneur » sinon de l’Esprit Saint », selon la toute puissance de Dieu. « A tel autre est donné le don de guérison…le pouvoir miraculeux…le don de Prophétie, a tel autre le discernement des Esprits….Mais c’est le même Esprit qui opère tout cela » « Haec autem omnia operatur unus atque idem Spiritus ». C’est le même Esprit, la même Toute Puissance qui opère tout cela, à chacun en particulier, « il distribue comme il veut », « prout vult ».
Oui ! Tout en moi est l’oeuvre de Dieu. Et le souffle de la vie, et la vie, et l’être et la foi et l’espérance et la charité, toutes trois vertus théologales. Tel ou tel charisme…au profit de l’Eglise…Tel ou tel don… tout vient de Dieu. Il opère en tout et en tous…toutes choses. Les vertus des saints sont son œuvre. La « communion des saints » est son œuvre. Les mérites des saints sont son œuvre. « Qu’ as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu pourquoi t’en orgueillir » ? Tout est grâce.

De plus la croyance en la Toute Puissance de Dieu nous est, nous dit le catéchisme de Trente, « très utile et très avantageuse »

Elle nous forme admirablement à la modestie, à l’humilité de l’âme, selon cette parole du prince des Apôtres : « Humiliez-vous sous la main puissante de Dieu ». Et voilà notre Evangile de ce dimanche. « Mon Dieu sois indulgent au pécheur que je suis », « Deus, propitius esto mihi peccatori ». Et voilà la raison de la vraie humilité : « Que suis-je par rapport à Dieu » ? Rien et ce que je suis, je le suis grâce à Lui, à sa bonté, à sa toute puissance.

Et voilà pourquoi la foi en la Toute Puissance de Dieu est la raison de mon chant d’action de grâces et de mon chant d’allégresse et d’émerveillement devant les bienfaits de Dieu.

C’est ainsi que tous les matins, le prêtre, au nom de l’Eglise et du peuple de Dieu, en son lieu et place, chante ce chant d’émerveillement en récitant le Psaume 94 qui commence les Matines : « Venez, Chantons avec allégresse à Yahweh ! Poussons des cris de joie vers le Rocher de notre salut ! Allons au devant de lui avec des louanges, faisons retentir des hymnes en son honneur. Car c’est un grand Dieu que Yahweh, un grand roi au dessus de tous les dieux. Il tient dans sa main les fondements de la terre, et les sommets des montagnes sont à lui. A lui la mer ; car c’est lui qui l’a faite ; la terre aussi, ses mains l’ont formée. Venez prosternons nous et adorons, fléchissons le genou devant Yahweh, notre Créateur. Car il est notre Dieu et nous nous sommes le peuple de son pâturage, le troupeau que sa main conduit ».

Cette foi en la Toute Puissance de Dieu me donne aussi une âme reconnaissante. Elle nous sert à nous rappeler et à célébrer avec reconnaissance les immenses bienfaits de Dieu envers nous. Car qui pourrait croire à la Toute Puissance de Dieu et en même temps être assez ingrat pour ne pas s’écrier souvent, comme notre Dame : « Le tout puissant a fait pour moi de grandes choses ». Oui ! Le cri de l’Introït est beau. Je le fais mien et vous invite à faire de même : « Je crie vers le Seigneur. Il entend ma voix. Il me délivre de ceux qui marchent contre moi… Remets ton sort au Seigneur. Il te soutiendra ».


B-En ce centième anniversaire de la naissance de Mgr Lefebvre.

Nous fêterons à la Mutualité en novembre prochain, le 20 novembre prochain, le centenaire de Mgr Lefebvre. La salle du 1 er étage doit être pleine. Plus que pleine, archipleine… Pleine à tel point que les organisateurs devront dire : « Nous avons manqué d’audace ».

Mais tout événement important, nécessaire, se prépare. Aussi avons-nous décidé, en notre âme et conscience, de consacrer une chronique de cette paroisse hebdomadaire saint Michel à Mgr Lefebvre… Pour nous rappeler son esprit et en vivre.

J’ouvre donc a cet effet une chronique : le « centenaire de Mgr Lefebvre ». Venez y puiser chaque semaine votre réflexion.
En son honneur. Lisons ses textes. Ils sont pour tous. Pas seulement pour les prêtres et frères et sœurs de la FSSPX, Ils sont pour tous les fidèles. Lisez ! Faites lire ! Diffusez ! Ne tenez pas jalousement de tels trésors pour vous seuls.

Pour la plupart, ce seront les lettres que nous adressait Mgr Lefebvre.
Je prends « le devant »… Certains esprits chagrins, vraisemblablement, vont me le reprocher…Je leur réponds, dans l’esprit de saint Paul un jour : « Membres de la FSSPX, je le suis plus que vous… » De plus, Mgr Lefebvre écrivez pour tous… Sa charité n’avait pas de limite…


Fribourg, Le 19 août 1970.

Mes bien chers amis,

Cette première lettre commune que je vous adresse de Fribourg, je la rédige sous la protection de saint Jean Eudes, apôtre des Cœurs de Jésus et Marie, fondateur des Eudistes, lui demandant de me donner et de vous procurer son zèle, sa piété, sa générosité ; je la rédige aussi après avoir longuement conversé ce matin avec celui qui représente la Sainte Eglise auprès de nous, du moins pour le séminaire de Fribourg, Son Excellence Monseigneur Charrière. Monseigneur m’a vivement encouragé et me signera aujourd’hui même l’acte d’autorisation officiel de fondation du séminaire. Il s’est montré aussi très favorable à l’établissement de la Fraternité Saint Pie X. Ainsi tout nous invite et nous encourage à continuer cette œuvre de sainteté sacerdotale.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit soit à Ecône, soit à Fribourg, faire de vous d’ardents disciples de Notre Seigneur Jésus-Christ que vous devez revêtir, dans Lequel vous devez vous rénover comme le dit saint Paul. Le connaître, connaître Dieu en Lui, vivre de Lui, Le prier nuit et jour, L’aimer de tout votre être, telles doivent être vos dispositions, et les fruits de sagesse, de vérité, de charité inonderont nos âmes. La vie de communauté vécue dans cet esprit est une grâce, un bonheur parce que les vertus d’humilité, d’oubli de soi, de condescendance, de support mutuel, de service et d’entraide, d’émulation dans la sainteté procurent l’union et chassent la désunion, la discorde.

Notre Seigneur a donné un exemple particulier de la vertu d’obéissance qui doit être la règle fondamentale de notre conduite. Obéissance à Dieu et à l’Eglise par la soumission de nos intelligences à la foi, à la vérité révélée et à la loi de Dieu qui commande à nos volontés.

Obéissance aussi à ceux qui ont la mission de nous transmettre cette Révélation et cette Loi.

C’est pourquoi je vous demande de venir dans de saintes dispositions à cet égard.

Parce qu’aujourd’hui l’enseignement de l’Evangile et de la Tradition est délaissé ou déformé dans la conduite des actes quotidiens, parce que le sacerdoce tend à se séculariser et donc à se profaner, parce que les vices de ce monde déchu tendent à pénétrer partout dans la société chrétienne et dans les membres de l’Eglise, nous entendons l’appel du Cœur de Notre Seigneur, de l’Esprit Saint, l’appel de la Vierge Marie : « Si vous ne faites pénitence, vous périrez tous ».
C’est pourquoi, nous voulons prêcher plus que jamais au monde la pénitence, le mépris des vanités de ce monde, par notre habit ecclésiastique, par la soutane, par notre répulsion pour tout ce qui respire la concupiscence de la chair, en nous abstenant de la lecture de revues ou de journaux dont les illustrations sont indécentes et les articles pétris d’esprit licencieux, en évitant généralement cinéma, télévision et musique lascive. Nous voulons garder nos âmes et nos sens purs pour aller à Dieu et Le recevoir dans la Sainte Eucharistie.

Ce faisant nous imiterons tous les saints qui, au cours de l’histoire de l’Eglise ont réagi avec courage contre les erreurs et les mœurs corrompues de leur époque.

C’est ainsi que nous servirons vraiment les personnes de notre temps en leur donnant l’exemple de l’Evangile vécu au XXe siècle. Le démon se déchaînera contre nous, mais Dieu nous bénira et nous continuerons le combat de la Vierge Marie contre Satan et ses suppôts.

Venez l’esprit détendu, ouvert à la vérité ; le cœur avide de la vraie charité envers Notre Seigneur et envers vos frères ; l’âme toute abandonnée à la volonté de Dieu exprimée par la voix de vos supérieurs.

Dès à présent, prions les uns pour les autres et faisons la connaissance de ceux qui sont proches afin de nous rendre mutuellement service pour l’arrivée à Ecône. Vous trouverez ci-joint des renseignements pratiques
Je vous embrasse dans les Cœurs de Jésus et Marie et vous assure de mon entière disposition et de mon affectueux dévouement in Christo et Maria ».
+ Mgr Lefebvre.


C- L’actualité religieuse.

La semaine dernière, dans « Les Nouvelles de Chrétienté » du 22 juillet, je vous donnais toutes les informations concernant la messe traditionnelle dont Mgr Daucourt vient d’autoriser la célébration dans son diocèse de Nanterre, à partir du premier dimanche de l’Avent.
Jean Madiran, dans Présent du 26 juillet réagit à cette bonne nouvelle. Voici son article. Excellent.

La messe à Nanterre

Une « messe tridentine » est autorisée à Nanterre, annonçait La Croix en fin de semaine (22 juillet), précisant : « Après un an de réflexion, l’évêque de Nanterre autorise une célébration hebdomadaire selon le rite de saint Pie V dans une paroisse de son diocèse. »
Il n’est pas le premier. Mais c’est un nouveau petit progrès de la messe traditionnelle, et claironné.

Impressions d’un simple fidèle de Nanterre.

La MESSE CATHOLIQUE TRADITIONNELLE, LATINE ET GRÉGORIENNE SELON LE MISSEL ROMAIN DE SAINT Pie V était épiscopale ment interdite dans le diocèse depuis 1970, elle l’est encore, elle cessera de l’être tout à fait (je ne dis pas qu’elle cessera tout à fait de l’être) à partir du premier dimanche de l’Avent, le 27 novembre. Les catholiques qui voulaient demeurer fidèles à la messe traditionnelle étaient (et sont jusqu’au 27 novembre) liturgiquement exilés par l’évêque : il leur disait et répétait qu’ils n’avaient qu’à aller à la messe dans un autre diocèse. On risque maintenant de vérifier qu’il en va pour les proscrits religieux comme pour les proscrits politiques. Pour qu’ils reviennent, il ne suffit pas toujours que la proscription soit levée.

L’évêque de Nanterre a donc décidé d’appliquer, dit-il, « Ecclesia Dei ». Il me semble me souvenir que ce document pontifical était intitulé « Ecclesia Dei afflicta ». Il est de 1988. Pour le mettre en application dix-sept ans plus tard, l’évêque de Nanterre a eu besoin d’une année de réflexion. Il n’a pas péché par précipitation.

La messe traditionnelle sera célébrée en l’église Sainte-Marie des Fontenelles de Nanterre.

L’évêque ne paraît pas avoir souhaité la célébrer lui-même. Il a prévu pour cela quatre prêtres, et un cinquième, le curé-doyen de Saint-Cloud, est nommé vicaire épiscopal chargé de l’application d’ « Ecclesia Dei ». Tous les cinq disent qu’ils n’ont « jamais célébré selon le rite de saint Pie V » sans qu’on distingue s’ils le déclarent sur le ton de l’aveu repentant ou bien de la vantardise matamore. Ils auront donc un gros retard à rattraper pour arriver à célébrer et chanter en grégorien la grand-messe et les vêpres, cela ne s’improvise pas. Il est vrai toutefois que l’évêque les a débarrassés des vêpres, les « tradis » n’y auront pas droit, l’évêque stipule que sa décision « ne concerne que la messe et seulement la messe ». Dans le texte même d’ « Ecclesia Dei afflicta », le Pape demandait aux évêques d’en faire une application qui soit « généreuse ». Nanterre a précautionneusement choisi d’en faire une application circonspecte.

Quels que soient les sentiments que l’on ait à l’égard des liturgies nouvelles inventées sous le règne de Paul VI, et même s’ils sont d’une admiration sans réserve, il reste le point probablement essentiel, et qui finalement s’impose peu à peu comme indiscutable : l’interdiction de la messe traditionnelle ne tient pas, elle n’est ni légitime ni licite. La placer sous le régime de l’autorisation préalable ne tient pas davantage, c’est un affront au rite romain millénaire et à toute l’Eglise latine dans laquelle elle a droit de cité. Il ne sera jamais convenable pour un évêque de l’admettre chichement, avec condescendance et mépris, comme si elle était concédée par lassitude à des débiles et des retardataires.

Ce n’est pas que je prête forcément une telle attitude à l’évêque de Nanterre. Mais la présentation (peut-être tendancieuse ?) qu’en fait La Croix inspire à un simple fidèle liturgiquement exilé du diocèse les impressions, vives et nettes, que je viens de dire.

JEAN MADIRAN