A- Homélie du 10 dimanche
après la Pentecôte.
De la Toute puissance de Dieu
Mes biens chers Frères.
Qui lit avec attention les textes de cette
messe, peut conclure aisément que tout est grâce, tout
est don de Dieu, tout vient de Dieu. Dieu est au principe de tout, au
principe de la création, au principe de la nature. Il est au
principe de la vie naturelle, de la vie surnaturelle. C’est le
sens évident de l’épître de Saint Paul. Et
devant cette certitude, que Dieu est tout et que je ne suis rien, c’est
le sens de l’Evangile, et que tout le bien en moi est de Dieu,
vient de Dieu…et tout le mal est de moi, je serais bien inspiré,
devant une telle réalité, d’être devant Dieu
comme le publicain de cet Evangile du 10e dimanche après la Pentecôte.
Et de faire mien ce chant de l’Introït de cette messe : «
je crie vers le Seigneur, il entend ma voix. Il me délivre de
ceux qui marchent contre moi. Il m’humilie, Lui qui trône
de toute Eternité. Remets ton sort au Seigneur. Il te soutiendra.
O Dieu, prête l’oreille à ma prière, ne te
dérobe pas à ma supplication, Ecoute moi. Exauce moi ».
Telles sont, me semble-t-il, les idées
de cette messe - l’idée essentielle – la toute puissance
de Dieu, et par opposition, la faiblesse et la petitesse de la créature.
C’est cette faiblesse, cette petitesse qui explique, qui exige,
mieux qui fonde ma supplique, « mon cri vers Dieu ». Mieux
encore, c’est cette petitesse, cette faiblesse qui sont la raison
de mon « cri vers le Seigneur ».
Telle est l’unité de cette
messe.
Développons ces quelques idées.
Dieu est tout. Le principe de tout. Il
est au principe de tout et du monde matériel et du monde spirituel
et du monde surnaturel. Voilà la première affirmation
de mon « Credo » : « Je crois en Dieu, le Père,
Tout Puissant, créateur du Ciel et de la Terre ».
Je crois en Dieu, Tout Puissant.
Je crois en l’excellence de Dieu, à sa dignité.
Je le comprends comme la cause et la cause de tout ce qui existe. Je
le contemple dans sa Majesté infinie, « une majesté
incompréhensible qui habite une lumière inaccessible que
personne n’a vu ni ne peut voir », comme il le dit lui-même
à Moïse (Exode 33 20). Il est un être infini au dessus
de tout.
C’est lui « qui nous fait du
bien, nous dit encore l’Ecriture, qui nous envoie les pluies du
Ciel et les saisons favorables aux fruits ; c’est lui qui nous
donne en abondance la nourriture dont nous avons besoin et qui remplit
nos cœurs de joie » (Act 14 16)
Il est la Majesté même, sans
imperfection aucune. Il est simple. Il n’est pas composé.
Il n’est pas « corps », fait de mélange et
de composition. Il est esprit, pur esprit. En lui est la plénitude
de tous les biens. Il est donc « source inépuisable et
perpétuelle de bonté et de charité qui répand
sur toutes les créatures ce que nous y voyons de beau et de parfait
». Il est le Sage, l’auteur et l’ami de la vérité,
le juste, le Bienfaiteur suprême. Il est le Souverain, l’absolue
perfection. Il est le Tout Puissant, immense, infinie qui s’étend
à tout et partout. Il est omniprésent. « Vous ouvrez
la main, dit le psalmiste et vous remplissez de bénédictions
tout ce qui respire » (Ps 144 16). Oui ! Il remplit le ciel et
la terre, dira Jérémie (Jer. 23 24)
A cette lumière de la foi, à
cette révélation de Dieu, à cette contemplation
de la nature divine, je comprends qu’il ne puisse y avoir qu’un
seul Dieu et non plusieurs.
L’enseignement du Catéchisme
de Trente est clair : « Nous reconnaissons que Dieu est la bonté
souveraine et la perfection même. Or il est impossible que la
perfection absolue convienne à plusieurs. Car celui qui manque
de la moindre chose pour arriver jusqu’au sommet et à l’absolu,
est par la même imparfait. Donc il ne saurait être Dieu
» (p. 22 de l’édition Itinéraires).
C’est un argument de raison. Mais
l’Ecriture Sainte, cette révélation de Dieu, nous
l’enseigne aussi : « Ecoute Israël, le Seigneur Notre
Dieu, est le seul Dieu » (Deut 6 4), « Vous n’aurez
point d’autres dieux devant Moi » (Exode 20 3). Saint Paul
le confirme : « Il n’y a qu’un Seigneur », comme
il n’y a qu’une foi, qu’un baptême (Eph 4 5)
Oui il n’y a qu’un seul Dieu
par nature, par substance, par essence, tout en étant «
trine » dans les personnes, en Dieu, le Père, le Fils,
le Saint-Esprit.
Un seul Dieu, le Tout-Puissant.
C’est la perfection qui lui convient.
En elle toutes les perfections sont contenues.
« Je suis le Seigneur tout puissant ». Le tout puissant
car « rien ne lui est impossible », nous dit le Catéchisme
de Trente. « Il n’existe rien que l’esprit ne peut
rien concevoir, que l’imagination ne peut rien se figurer que
Dieu n’ait le pouvoir de réaliser ». Il peut opérer
tous les prodiges, faire tout rentrer dans le néant, créer
de rien en un instant tous les mondes possibles.
Cependant « quoi que tout puissant,
Dieu ne peut ni mentir, ni tromper ni être trompé, ni pécher,
ni périr, ni ignorer quoi que ce soit ». Ces choses ne
se rencontrent que chez des êtres dont l’action est imparfaite.
Ainsi parce que l’action de Dieu est toujours d’une perfection
infinie, on dit qu’il ne peut les faire. « Une pareille
faculté… mentir…tromper…se tromper….est
un effet de la faiblesse et non d’un pouvoir souverain et illimité,
tel qu’Il le possède. (Catéchisme de Trente ; p.
26)
Et dès lors que nous le reconnaissons
comme tout puissant, nous savons par la même qu’il a la
science de tout et que tout est soumis à son empire et à
sa volonté.
Et cette toute puissance de Dieu est le
meilleur principe de ma foi et de mon espérance, le meilleur
fondement. Rien n’est impossible à Dieu. Il peut créer
la Sainte Eucharistie. Il en a la puissance. Il a la toute puissance
sur la nature. Il peut « transsubstantier » le pain en son
Corps et le vin en son Sang. Il est le Tout-Puissant. Il faut faire
remarquer que ce n’est pas en vain que le prêtre invoque
la toute puissance de Dieu alors qu’il va consacrer le corps et
le sang du Seigneur. Il est le Tout-Puissant.
Il peut de nous faire des « enfants de Dieu » par l’Esprit
Saint. Et c’est la raison du choix de l’Epître en
cette messe. Il peut des « pierres faire naître des enfants
d’Abraham », disait-il un jour aux juifs.
Cette toute puissance est donc au principe
de mon « être spirituel ». Elle est au principe de
la « sagesse chrétienne ». C’est l’Epître
de Saint Paul : « A l’un est donné par l’Esprit,
une parole de Sagesse ». Elle est principe de la « science
» : « A tel autre est donné une part de la science
», selon le même Esprit, c’est-à-dire selon
la même toute puissance de Dieu. « A un autre, la foi, dans
le même Esprit ». « Nul ne peut dire « Jésus
est Seigneur » sinon de l’Esprit Saint », selon la
toute puissance de Dieu. « A tel autre est donné le don
de guérison…le pouvoir miraculeux…le don de Prophétie,
a tel autre le discernement des Esprits….Mais c’est le même
Esprit qui opère tout cela » « Haec autem omnia operatur
unus atque idem Spiritus ». C’est le même Esprit,
la même Toute Puissance qui opère tout cela, à chacun
en particulier, « il distribue comme il veut », «
prout vult ».
Oui ! Tout en moi est l’oeuvre de Dieu. Et le souffle de la vie,
et la vie, et l’être et la foi et l’espérance
et la charité, toutes trois vertus théologales. Tel ou
tel charisme…au profit de l’Eglise…Tel ou tel don…
tout vient de Dieu. Il opère en tout et en tous…toutes
choses. Les vertus des saints sont son œuvre. La « communion
des saints » est son œuvre. Les mérites des saints
sont son œuvre. « Qu’ as-tu que tu n’aies reçu
? Et si tu l’as reçu pourquoi t’en orgueillir »
? Tout est grâce.
De plus la croyance en la Toute Puissance
de Dieu nous est, nous dit le catéchisme de Trente, « très
utile et très avantageuse »
Elle nous forme admirablement à
la modestie, à l’humilité de l’âme,
selon cette parole du prince des Apôtres : « Humiliez-vous
sous la main puissante de Dieu ». Et voilà notre Evangile
de ce dimanche. « Mon Dieu sois indulgent au pécheur que
je suis », « Deus, propitius esto mihi peccatori ».
Et voilà la raison de la vraie humilité : « Que
suis-je par rapport à Dieu » ? Rien et ce que je suis,
je le suis grâce à Lui, à sa bonté, à
sa toute puissance.
Et voilà pourquoi la foi en la Toute
Puissance de Dieu est la raison de mon chant d’action de grâces
et de mon chant d’allégresse et d’émerveillement
devant les bienfaits de Dieu.
C’est ainsi que tous les matins,
le prêtre, au nom de l’Eglise et du peuple de Dieu, en son
lieu et place, chante ce chant d’émerveillement en récitant
le Psaume 94 qui commence les Matines : « Venez, Chantons avec
allégresse à Yahweh ! Poussons des cris de joie vers le
Rocher de notre salut ! Allons au devant de lui avec des louanges, faisons
retentir des hymnes en son honneur. Car c’est un grand Dieu que
Yahweh, un grand roi au dessus de tous les dieux. Il tient dans sa main
les fondements de la terre, et les sommets des montagnes sont à
lui. A lui la mer ; car c’est lui qui l’a faite ; la terre
aussi, ses mains l’ont formée. Venez prosternons nous et
adorons, fléchissons le genou devant Yahweh, notre Créateur.
Car il est notre Dieu et nous nous sommes le peuple de son pâturage,
le troupeau que sa main conduit ».
Cette foi en la Toute Puissance de Dieu
me donne aussi une âme reconnaissante. Elle nous sert à
nous rappeler et à célébrer avec reconnaissance
les immenses bienfaits de Dieu envers nous. Car qui pourrait croire
à la Toute Puissance de Dieu et en même temps être
assez ingrat pour ne pas s’écrier souvent, comme notre
Dame : « Le tout puissant a fait pour moi de grandes choses ».
Oui ! Le cri de l’Introït est beau. Je le fais mien et vous
invite à faire de même : « Je crie vers le Seigneur.
Il entend ma voix. Il me délivre de ceux qui marchent contre
moi… Remets ton sort au Seigneur. Il te soutiendra ».
B-En ce centième anniversaire de la naissance
de Mgr Lefebvre.
Nous fêterons à la Mutualité
en novembre prochain, le 20 novembre prochain, le centenaire de Mgr
Lefebvre. La salle du 1 er étage doit être pleine. Plus
que pleine, archipleine… Pleine à tel point que les organisateurs
devront dire : « Nous avons manqué d’audace ».
Mais tout événement important,
nécessaire, se prépare. Aussi avons-nous décidé,
en notre âme et conscience, de consacrer une chronique de cette
paroisse hebdomadaire saint Michel à Mgr Lefebvre… Pour
nous rappeler son esprit et en vivre.
J’ouvre donc a cet effet une chronique
: le « centenaire de Mgr Lefebvre ». Venez y puiser chaque
semaine votre réflexion.
En son honneur. Lisons ses textes. Ils sont pour tous. Pas seulement
pour les prêtres et frères et sœurs de la FSSPX, Ils
sont pour tous les fidèles. Lisez ! Faites lire ! Diffusez !
Ne tenez pas jalousement de tels trésors pour vous seuls.
Pour la plupart, ce seront les lettres
que nous adressait Mgr Lefebvre.
Je prends « le devant »… Certains esprits chagrins,
vraisemblablement, vont me le reprocher…Je leur réponds,
dans l’esprit de saint Paul un jour : « Membres de la FSSPX,
je le suis plus que vous… » De plus, Mgr Lefebvre écrivez
pour tous… Sa charité n’avait pas de limite…
Fribourg, Le 19 août 1970.
Mes bien chers amis,
Cette première lettre commune que
je vous adresse de Fribourg, je la rédige sous la protection
de saint Jean Eudes, apôtre des Cœurs de Jésus et
Marie, fondateur des Eudistes, lui demandant de me donner et de vous
procurer son zèle, sa piété, sa générosité
; je la rédige aussi après avoir longuement conversé
ce matin avec celui qui représente la Sainte Eglise auprès
de nous, du moins pour le séminaire de Fribourg, Son Excellence
Monseigneur Charrière. Monseigneur m’a vivement encouragé
et me signera aujourd’hui même l’acte d’autorisation
officiel de fondation du séminaire. Il s’est montré
aussi très favorable à l’établissement de
la Fraternité Saint Pie X. Ainsi tout nous invite et nous encourage
à continuer cette œuvre de sainteté sacerdotale.
Car c’est bien de cela qu’il
s’agit soit à Ecône, soit à Fribourg, faire
de vous d’ardents disciples de Notre Seigneur Jésus-Christ
que vous devez revêtir, dans Lequel vous devez vous rénover
comme le dit saint Paul. Le connaître, connaître Dieu en
Lui, vivre de Lui, Le prier nuit et jour, L’aimer de tout votre
être, telles doivent être vos dispositions, et les fruits
de sagesse, de vérité, de charité inonderont nos
âmes. La vie de communauté vécue dans cet esprit
est une grâce, un bonheur parce que les vertus d’humilité,
d’oubli de soi, de condescendance, de support mutuel, de service
et d’entraide, d’émulation dans la sainteté
procurent l’union et chassent la désunion, la discorde.
Notre Seigneur a donné un exemple
particulier de la vertu d’obéissance qui doit être
la règle fondamentale de notre conduite. Obéissance à
Dieu et à l’Eglise par la soumission de nos intelligences
à la foi, à la vérité révélée
et à la loi de Dieu qui commande à nos volontés.
Obéissance aussi à ceux qui
ont la mission de nous transmettre cette Révélation et
cette Loi.
C’est pourquoi je vous demande de
venir dans de saintes dispositions à cet égard.
Parce qu’aujourd’hui l’enseignement
de l’Evangile et de la Tradition est délaissé ou
déformé dans la conduite des actes quotidiens, parce que
le sacerdoce tend à se séculariser et donc à se
profaner, parce que les vices de ce monde déchu tendent à
pénétrer partout dans la société chrétienne
et dans les membres de l’Eglise, nous entendons l’appel
du Cœur de Notre Seigneur, de l’Esprit Saint, l’appel
de la Vierge Marie : « Si vous ne faites pénitence, vous
périrez tous ».
C’est pourquoi, nous voulons prêcher plus que jamais au
monde la pénitence, le mépris des vanités de ce
monde, par notre habit ecclésiastique, par la soutane, par notre
répulsion pour tout ce qui respire la concupiscence de la chair,
en nous abstenant de la lecture de revues ou de journaux dont les illustrations
sont indécentes et les articles pétris d’esprit
licencieux, en évitant généralement cinéma,
télévision et musique lascive. Nous voulons garder nos
âmes et nos sens purs pour aller à Dieu et Le recevoir
dans la Sainte Eucharistie.
Ce faisant nous imiterons tous les saints
qui, au cours de l’histoire de l’Eglise ont réagi
avec courage contre les erreurs et les mœurs corrompues de leur
époque.
C’est ainsi que nous servirons vraiment
les personnes de notre temps en leur donnant l’exemple de l’Evangile
vécu au XXe siècle. Le démon se déchaînera
contre nous, mais Dieu nous bénira et nous continuerons le combat
de la Vierge Marie contre Satan et ses suppôts.
Venez l’esprit détendu, ouvert
à la vérité ; le cœur avide de la vraie charité
envers Notre Seigneur et envers vos frères ; l’âme
toute abandonnée à la volonté de Dieu exprimée
par la voix de vos supérieurs.
Dès à présent, prions
les uns pour les autres et faisons la connaissance de ceux qui sont
proches afin de nous rendre mutuellement service pour l’arrivée
à Ecône. Vous trouverez ci-joint des renseignements pratiques
Je vous embrasse dans les Cœurs de Jésus et Marie et vous
assure de mon entière disposition et de mon affectueux dévouement
in Christo et Maria ».
+ Mgr Lefebvre.
C- L’actualité religieuse.
La semaine dernière, dans «
Les Nouvelles de Chrétienté » du 22 juillet, je
vous donnais toutes les informations concernant la messe traditionnelle
dont Mgr Daucourt vient d’autoriser la célébration
dans son diocèse de Nanterre, à partir du premier dimanche
de l’Avent.
Jean Madiran, dans Présent du 26 juillet réagit à
cette bonne nouvelle. Voici son article. Excellent.
La messe à Nanterre
Une « messe tridentine » est
autorisée à Nanterre, annonçait La Croix en fin
de semaine (22 juillet), précisant : « Après un
an de réflexion, l’évêque de Nanterre autorise
une célébration hebdomadaire selon le rite de saint Pie
V dans une paroisse de son diocèse. »
Il n’est pas le premier. Mais c’est un nouveau petit progrès
de la messe traditionnelle, et claironné.
Impressions d’un simple fidèle
de Nanterre.
La MESSE CATHOLIQUE TRADITIONNELLE, LATINE
ET GRÉGORIENNE SELON LE MISSEL ROMAIN DE SAINT Pie V était
épiscopale ment interdite dans le diocèse depuis 1970,
elle l’est encore, elle cessera de l’être tout à
fait (je ne dis pas qu’elle cessera tout à fait de l’être)
à partir du premier dimanche de l’Avent, le 27 novembre.
Les catholiques qui voulaient demeurer fidèles à la messe
traditionnelle étaient (et sont jusqu’au 27 novembre) liturgiquement
exilés par l’évêque : il leur disait et répétait
qu’ils n’avaient qu’à aller à la messe
dans un autre diocèse. On risque maintenant de vérifier
qu’il en va pour les proscrits religieux comme pour les proscrits
politiques. Pour qu’ils reviennent, il ne suffit pas toujours
que la proscription soit levée.
L’évêque de Nanterre
a donc décidé d’appliquer, dit-il, « Ecclesia
Dei ». Il me semble me souvenir que ce document pontifical était
intitulé « Ecclesia Dei afflicta ». Il est de 1988.
Pour le mettre en application dix-sept ans plus tard, l’évêque
de Nanterre a eu besoin d’une année de réflexion.
Il n’a pas péché par précipitation.
La messe traditionnelle sera célébrée
en l’église Sainte-Marie des Fontenelles de Nanterre.
L’évêque ne paraît
pas avoir souhaité la célébrer lui-même.
Il a prévu pour cela quatre prêtres, et un cinquième,
le curé-doyen de Saint-Cloud, est nommé vicaire épiscopal
chargé de l’application d’ « Ecclesia Dei ».
Tous les cinq disent qu’ils n’ont « jamais célébré
selon le rite de saint Pie V » sans qu’on distingue s’ils
le déclarent sur le ton de l’aveu repentant ou bien de
la vantardise matamore. Ils auront donc un gros retard à rattraper
pour arriver à célébrer et chanter en grégorien
la grand-messe et les vêpres, cela ne s’improvise pas. Il
est vrai toutefois que l’évêque les a débarrassés
des vêpres, les « tradis » n’y auront pas droit,
l’évêque stipule que sa décision « ne
concerne que la messe et seulement la messe ». Dans le texte même
d’ « Ecclesia Dei afflicta », le Pape demandait aux
évêques d’en faire une application qui soit «
généreuse ». Nanterre a précautionneusement
choisi d’en faire une application circonspecte.
Quels que soient les sentiments que l’on
ait à l’égard des liturgies nouvelles inventées
sous le règne de Paul VI, et même s’ils sont d’une
admiration sans réserve, il reste le point probablement essentiel,
et qui finalement s’impose peu à peu comme indiscutable
: l’interdiction de la messe traditionnelle ne tient pas, elle
n’est ni légitime ni licite. La placer sous le régime
de l’autorisation préalable ne tient pas davantage, c’est
un affront au rite romain millénaire et à toute l’Eglise
latine dans laquelle elle a droit de cité. Il ne sera jamais
convenable pour un évêque de l’admettre chichement,
avec condescendance et mépris, comme si elle était concédée
par lassitude à des débiles et des retardataires.
Ce n’est pas que je prête
forcément une telle attitude à l’évêque
de Nanterre. Mais la présentation (peut-être tendancieuse
?) qu’en fait La Croix inspire à un simple fidèle
liturgiquement exilé du diocèse les impressions, vives
et nettes, que je viens de dire.
JEAN MADIRAN
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