A- Homélie du 11e Dimanche après la Pentecôte
Nous voilà encore avec un très
belle messe. Il faut en apprécier l’harmonie, l’harmonie
des textes, de tous les textes. Tous se complètent, s’appellent,
s’harmonisent parfaitement autour de l’idée exprimée
dans l’Introït : « Ipse dabit virtutem et fortitudinem
plebis suae ». « Il donnera, Il donne à son peuple
force et puissance ».
« Virtus », « Fortitudo ». Ces deux mots ont
le même sens. « Virtus » est très rarement
traduit par « vertu ». Ce mot exprime plutôt la force
physique, comme le mot « fortitudo ». C’est le courage,
la valeur. Mais il se traduit aussi la qualité, le mérite,
la force d’âme.
Voilà ce que Dieu donne à son peuple : force, courage,
valeur, mérite qualité, force d’âme.
Et l’Epître et l’Evangile sont là pour illustrer
cette belle affirmation : « Ipse dabit virtutem et fortitudinem
».
Précisément, l’Epître nous parle de Saint
Paul, nous donne le bel exemple de Saint Paul. Ce qu’il est, c’est
par grâce qu’il l’est. Il a tout reçu de Dieu.
Sa valeur, son mérite, sa force, son courage, sa force d’âme.
Tout cela est l’œuvre de Dieu. Oui, vraiment voyant Saint
Paul, on peut dire avec le psalmiste : « Ipse davit virtutem et
fortitudinem » à son peuple, à saint Paul.
Mais c’est aussi la raison du choix de cet Evangile : l’Evangile
de la guérison de ce sourd-muet. Ce que sera ce sourd-muet, il
le devra à la puissance de Dieu. S’il peut parler, entendre…maintenant,
c’est à la force de Dieu qu’il le doit. C’est
grâce à Dieu. Là, aussi, au récit de cette
scène évangélique, je peux chanter comme le psalmiste
: « Il donne à son peuple force et puissance ». Il
donne courage, force, valeur, qualité, mérite…à
son peuple….à ce pauvre sourd-muet. Dieu fait de ce pauvre
bougre », de ce muet, de ce sourd, un homme normal. Il lui donne
une belle qualité, une plus grande valeur. Il lui redonne souffle
et vie, audition et langage, une meilleure qualité, une plus
grande valeur.
Saint Paul, de persécuteur de l’Eglise
qu’il était, le voilà apôtre. Et quel Apôtre…Quel
courage, quelle force dans la mission évangélique. Quels
mérites. Quel courage. Quelle qualité dans sa prédication.
Oui ! Nul doute, l’Epître et l’Evangile illustrent
parfaitement le chant de l’introït : « Ipse dabit virtutem
et fortitudinem plebis suae ».
Et voilà la première justification des textes, de deux
textes, celui de l’Epître et de l’Evangile. Il y a
déjà là, entre l’Epître, l’Evangile
et l’Introït, belle harmonie. Ils s’expliquent mutuellement.
Mais on comprend également le choix du psaume 27 pour le Graduel.
En effet, s’il en est ainsi, si je peux dire vraiment que Dieu
me donne force et puissance …mais l’Epître et l’Evangile
sont là pour me l’enseigner …alors je peux me fier
en Dieu, espérer en Lui : « In Deo speravit cor meum et
adjutus sum ». Je peux dire : « Mon cœur s’est
fié en Dieu et j’ai été secouru ».
Je peux avoir confiance en Dieu. Puisqu’Il donne force et puissance,
je puis me confier en Lui, Je peux le supplier.
« Ma chair a refleuri » « Refloruit »…comme
la chair de ce sourd-muet. Sa chair, par la toute puissance miséricordieuse
de Dieu, a refleuri…a retrouvé l’ouie, à retrouver
la parole ? La parole et l’ouie ne sont-ils pas au corps ce que
la fleur est à la terre…Refloruit. ..La fleur est à
la terre comme la gaîté, la joie, la vie, l’odeur,
la bonne odeur. La fleur fait sourire…Elle est comme le sourire
des champs. Oui ! La parole, l’ouie sont pour le cops…ce
que la fleur est pour le champ. La parole exprime l’intelligence,
l’ouie égaille l’intelligence.
Mais il en est ainsi de Saint Paul. Sa
chair a également refleuri. D’ennemi de l’Eglise,
le voilà, son ami. Le voilà son défenseur. D’hostile,
de vengeur, de mauvais, de haineux, le voilà l’ami de l’Eglise,
le défenseur de l’Eglise. Et quel ami ! Quel défenseur
! Or la vengeance attriste, renfrogne, enlaidit. L’amitié,
illumine, réjouit, égaille aussi le cœur, le corps.
« Refloruit caro mea », nous dit le Graduel de cette messe.
Mais ces effets de la grâce sont dus à la Toute Puissance
de Dieu, sur l’âme et sur Saint Paul et sur ce sourd-muet
: de méchant qu’il était, le voilà serviable
à merci, de sourd-muet, le voilà bon entendant.
Ce constat, sur l’âme, des effets de Dieu …ce constat
engendre en l’âme reconnaissance et chant d’allégresse.
Et voilà, notre Graduel et notre « alléluia ».
« Et ex voluntate mea confitebor illi ». De tout cœur,
de toute ma volonté, je lui rendrai grâce. Mieux je le
confesserai, je le publierai.
Mais c’est ce qu’ont parfaitement illustré et saint
Paul et le sourd-muet guéri.
Le sourd-muet ne cesse de proclamer ce prodige…sa qualité
retrouvée. Et l’Evangéliste insiste sur cette proclamation,
sur cette « prédication ». Le v verbe latin est «
praedicabant ».
Voyez : « Ouvre-toi, lui dit le Christ et ses oreilles s’ouvrirent
et du coup fut dénoué le lien de sa langue et il parlait
normalement. Et Jésus leur commanda de ne rien dire à
personne, mais plu il le leur commandait, plus ils proclamaient la chose
».
Regardez Saint Paul…Le prédicateur par excellence de l’Evangile
: « Moi je ne suis pas digne d’être appelé
Apôtre parce que j’ai persécuté l’Eglise
de Dieu ». Mais le voilà converti sur le chemin de Dams.
Le voilà qu’il reçoit de Dieu, qualité, valeur,
force, mérite. Alors il ne craint pas, de fait, de proclamer
que ce qu’il est, c’est par grâce qu’il l’est.
« Gratias autem Dei sum id quod sum ». Et il ne craint pas
de proclamer que la grâce, en lui, n’a pas été
vaine : « Et gratia eius in me vacua non fuit ». Car, de
fait, il reçu de Dieu, force et valeur, mérite et qualité.
Et ne cesse-t-il pas, lui aussi, de proclamer l’Evangile. «
Je vous rappelle l’Evangile que je vous ai annoncé, que
vous avez reçu, dans lequel vous demeurez fermes par lequel aussi
vous êtes sauvés si vous retenez en quels termes, je vous
l’ai annoncé ».
Le voilà, lui aussi en train de proclamer l’Evangile qu’il
a reçu en sa totalité sur le chemin de Damas. Il ne cesse
de chanter son action de grâce au Dieu de miséricorde.
« Poussez des cris de joie pour Dieu, notre soutien. Acclamez
le Dieu de Jacob. Faites résonner la harpe et la cithare. Alleluia
».
C’est bien ce que fit Saint Paul et le sourd-muet de l’Evangile.
L’un et l’autre, Saint Paul et le sourd-muet peuvent avec
la psalmiste, chanter le psaume 20 : « Je veux t’exalter,
Seigneur, car tu m’as délivré ». « Exaltabo
Domine quoniam suscepisti me ».
Tu m’as délivré de la haine contre l’Eglise.
Tu m’as délivré de ma surdité, de mon mutisme.
Oui vraiment, je peux dire avec l’Evangile : « Il a bien
fait toutes choses. Il a fait entendre les sourds et parler les muets
».
Mais attention !
Voyez comme Saint Paul et le sourd-muet sont reconnaissants, expriment
leur reconnaissance. Ils se mettent à proclamer, à prêcher
les « mirabilia Dei »
Nous avons reçu même bienfaits, même valeur, même
qualités, même mérites. Notre baptême nous
a donné la qualité « d’enfants de Dieu »,
de « fils de l’Eglise », de « participants de
la nature divine. Sachons reconnaître ces dons, ces grâces.
Ne gardons pas cachés en nous les qualités divines…Sachons
les proclamer. N’étouffons pas en nous, par noter agir,
notre oubli ou notre indifférence…pareilles qualités,
pareils dons.
Soyons, nous aussi reconnaissants dans notre agir, dans notre pensée,
dans notre joie…Notre joie de vivre, tout à la gloire de
Dieu.
B- Le centenaire de la naissance
de Mgr Lefebvre.
En l’honneur de l’anniversaire
de la naissance de Mgr Lefebvre, son centième anniversaire, et
pour attirer votre attention et bien préparer le prochain rendez-vous
du 20 novembre prochain, à la Mutualité, nous vous donnons
à méditer cette lettre de Mgr Lefebvre du 25 décembre
1976.
Chers amis,
La lettre est dite n° 2 car l’idée de correspondance
avec les membres de la Fraternité et avec les aspirants n’est
pas d’aujourd’hui. J’en ai toujours eu le désir,
mais ne crois l’avoir réalisé qu’une seule
fois dès la première année de la fondation.
Le but de ces lettres est la recherche d’une unité aussi
parfaite que possible dans l’idéal que nous poursuivons,
qu’il s’agisse de la foi, c’est-à-dire de la
doctrine enseignée par le magistère de l’Eglise
selon les sources de la Révélation : la Tradition et l’Ecriture
sainte ; qu’il s’agisse de diffuser la foi catholique et
toutes les grâces qui découlent de la divinité de
NSJC et en particulier de son sacerdoce et de son sacrifice ; enfin
qu’il s’agisse d’entrer dans une parfaite imitation
de Notre Seigneur en recherchant la pratique des vertus.
Vivre vraiment toujours plus profondément notre sacerdoce et
pour ceux qui ne sont pas prêtres, vivre le saint sacrifice de
la Messe, c’est le but de notre Fraternité et le but de
ces lettres.
Dans ces temps particulièrement troublés, où tout
est remis en question, remettre en évidence dans nos vies, dans
notre enseignement ce qui est le cœur de l’Eglise, la synthèse
de sa doctrine, la source de toutes ses grâces, c’est-à-dire
le sacrifice du Calvaire continué et renouvelé sur nos
autels, en tirer toutes les conséquences pour notre conduite
quotidienne et pour le salut des âmes, voilà encore un
but de ces quelques lignes.
Cette remise en ordre de ce qui est le trésor de l’Eglise
expliquera aussi notre attitude vis-à-vis du bouleversement accompli
dans l’Eglise après le Concile Vatican II. Ou nous acceptons
un oecuménisme qui nous aligne peu à peu sur le culte
protestant et nous pousse à admettre les erreurs du protestantisme
libéral, conformément aux orientations officielles de
ceux qui détiennent les postes d’autorité dans l’Eglise,
ou nous maintenons intégralement le trésor de l’Eglise
catholique, bastion solide de sa foi incompatible avec une foi altérée
et diminuée. .
Pour affermir cette foi, rien ne vaudra comme le contact fréquent
avec les Pères de l’Eglise, les écrivains catholiques
plus récents comme Bossuet, Dom Guéranger, le Cardinal
Pie, Mgr Freppel. On s’apercevra alors rapidement que les erreurs
modernes sont déjà celles d’hier et que le Saint
Esprit a suscité de grands défenseurs de la foi catholique
à toutes les époques.
Si la providence le permet un jour, il nous serait très profitable
de fonder une revue qui aurait du « Courrier de Rome » et
de la « Pensée catholique », revue doctrinale bien
documentée qui contribuerait puissamment à l’établissement
du Règne de NSJC dans tous les domaines. Que Dieu suscite parmi
nous des prêtres qui réalisent cet apostolat de la plume
avec compétence, avec un zèle incessant.
Il ne s’agirait pas d’un organe polémique et d’abord
anti-libéral, mais mettant en lumière la doctrine de l’Eglise
face aux aberrations de notre temps. Par voie de conséquence
le libéralisme serait combattu et pourchassé, ainsi que
toutes les erreurs modernes.
Cette mise en lumière de la doctrine qui alimentera notre foi
devra déboucher sur la charité : « scientia inflat,
caritas aeddificat ». La lumière ne doit pas demeurer sous
le boisseau mais rayonner et communiquer sa chaleur. Dans ce domaine,
il importe de toujours revenir sur la primauté de l’amour
de Dieu, de la louange divine, de l’adoration, de l’oraison.
Il y a un grand danger de donner le pas à la charité envers
le prochain sur la charité envers Dieu, et un autre danger d’oublier
que c’est le même et le seul amour de Dieu qui doit être
l’amour du prochain. Comme le dit la théologie, le motif
formel de notre charité doit être le même. Nous aimons
notre prochain pour ce qu’il y a de Dieu en lui et nous l’aimons
pour le mener à Dieu.
Alors seulement notre foi vivante produira de vrais fruits de charité,
si nous comprenons que notre vie doit d’abord être «
contemplative », je dirais volontiers « mystique »
dans le vrai sens du mot, captivée par le mystère de Dieu,
de NSJC.
Alors aussi notre apostolat sera strictement surnaturel dans tous ses
motifs s’il est voulu pour la gloire et le Règne de Notre
Seigneur, exclusivement. C’est la condition sine qua non de l’efficacité
réelle de notre apostolat. Le succès apparent ou caché
nous importera peu. Le grand nombre ou le petit nombre des âmes
ne nous préoccupera pas. « Une seule âme est un brand
diocèse », disait saint François de Sales.
Ce sera le secret de notre zèle jamais fatigué, jamais
découragé par l’épreuve ou l’insuccès,
par les obstacles ou les oppositions même de nos frères.
Cette doctrine de l’apostolat devra correspondre aussi à
la doctrine de notre propre sanctification. Celle-ci va nécessairement
de pair avec l’autre.
Je sais qu’on nous fait le reproche de n’être pas
des religieux, je parle de ceux qui sont prêtres ! Mais, vu les
conditions de notre apostolat, est-il impensable que le prêtre
trouve dans son sacerdoce et donc dans son appartenance toute particulière
à NSJC toutes les vertus de la vie religieuse ?
Les conditions de l’apostolat, même s’il existe une
vraie communauté sacerdotale, demandent une certaine liberté
d’initiative, une disposition relativement libre des biens, qui
risquent de mettre le prêtre en indélicatesse continuelle
vis-à-vis de ses vœux de religion ! Ceci dit, il semble
inconcevable que le prêtre, à cause de cette liberté
relative, soit incapable de pratiquer la vertu d’obéissance,
la vertu de pauvreté. Est-il admissible que le prêtre vraiment
prêtre, manifeste de l’esprit mondain, la recherche des
biens, des aises , des loisirs, etc….ou un esprit d’indépendance
ruinant la vie de communauté ? Où est en ce prêtre,
le désir d’imitation de Celui qu’il porte dans ses
mains à l’autel, de Celui auquel il communie quotidiennement,
qui a vécu soumis et pauvre ?
Il faut reconnaître qu’il est pénible de constater
même chez certains séminaristes ce goût de la vanité
du monde. Ceux-là n’ont rien compris à l’esprit
du sacerdoce et de la Fraternité !
Mais j’aurai, si Dieu le permet, d’autres occasions de vous
entretenir de la pauvreté et d’autres vertus apostoliques.
Je voudrais aujourd’hui vous entretenir d’un sujet particulier
qui a son importance : les relations des membres de la Fraternité
avec d’autres associations, groupements. Vous vous trouverez nécessairement
appelé à avoir des contacts avec les nombreuses initiatives
qui réagissent comme vous-mêmes à la situation actuelle
dans l’Eglise et dans le monde.
Parmi les associations, on peut, me semble-t-il, distinguer celles qui
ont un caractère plus politique que religieux, de celles qui
ont un caractère religieux. Il convient pour les premières
de toujours en juger par rapport aux principes philosophiques et théologiques
enseignés par l’Eglise. Si ces groupements pèchent
gravement à l’égard de ces principes, il faut se
méfier et n’accepter de rapports que dans la mesure de
la possibilité de leur inculquer les vrais principes. Il ne suffit
pas qu’un mouvement soit anti-communiste ou anti-libéral
pour qu’on puisse s’y fier. Il faut examiner en vertu de
quels principes ces mouvements agissent. Quelle est la finalité
qu’ils se proposent s’ils arrivaient à écarter
le communisme ou le libéralisme ? Ont-ils pour but le règne
social de Notre Seigneur ?
De toutes façons, nous ne devons pas être membres de ces
sociétés, nous devons garder notre indépendance
et agir en pasteurs diffusant toujours la vraie et saine doctrine qui
régit aussi la société civile. L’éthique
sociale et la doctrine sociale de l’Eglise ont toujours dispensé
les principes nécessaires à la saine politique. C’est
donc notre devoir de dénoncer les erreurs qui ruinent les sociétés
civiles comme le libéralisme, le laïcisme, le communisme,
le socialisme ; mais nous devons éviter de manifester notre adhésion
à tel ou tel groupe.
Il en est de même des groupes culturels ; n’en soyons pas
membres mais dans la mesure où ils dispensent la vraie doctrine,
encourageons-les.
Quant aux groupements religieux, il convient de distinguer aussi ceux
qui représentent dans l’Eglise une spiritualité
reconnue depuis des siècles par elle, par exemple : la spiritualité
carmélitaine, ignacienne, dominicaine, etc…Que nous recevions
des revues ou périodiques inspirés de ces spiritualités
est très légitime pourvu toutefois que ces travaux soient
rédigés dans le véritable esprit approuvé
autrefois par l’Eglise et non dans l’esprit nouveau.
Mais cela ne doit pas dispenser de profiter de tout ce qui est prévu
pour les membres de la Fraternité. Je crois devoir insister sur
la nécessité actuelle, étant donné la confusion
des idées, de rechercher et d’approfondir la spiritualité
basée sur la doctrine théologique de l’Eglise, résumée
dans le Catéchisme du Concile de Trente et dispensée par
les maîtres de la doctrine spirituelle approuvée comme
tels par l’Eglise.
A ce propos viendrait la question des retraites ou exercices spirituels.
Je traiterai de ce problème à une autre occasion.
Avant tout dans ce domaine comme dans les autres, soyez prêtres
et uniquement prêtres, ou auxiliaires du sacerdoce.
Pour être complet, il faut encore parler des associations pieuses
de laïcs, comme « Una Voce », « Latin Mass Society
» et bien d’autres fondées parfois à l’occasion
d’un pèlerinage. En tous ces domaines nous devons demeurer
indépendants puisque nous sommes déjà membres de
la Fraternité et notre jugement doit toujours se régler
suivant la doctrine ou la pratique continuelle de l’Eglise d’avant
le Concile Vatican II. Nous apporterons notre aide et notre concours
dans la mesure où nous croyons pouvoir apporter la lumière
de l’Evangile et de la Tradition et dans la mesure où nous
n’engageons pas la Fraternité en tant que telle. Nous ne
répéterons jamais assez aux fidèles que ce qui
importe d’abord, c’est de profiter des moyens que Notre
Seigneur a établi lui-même et qu’Il a confiés
à son Eglise, de tous les exemples donnés par les saints.
Au moment où tous les fidèles progressistes ou non recherchent
l’extraordinaire, le merveilleux, les charismes…, notre
résolution doit être toujours plus ferme de magnifier et
de prêcher les moyens ordinaires, le saint sacrifice de la Messe,
les sacrements, la prière, la pénitence, la médiation
des mystères de NSJC et des fins dernières, la dévotion
à Marie et à tous les Saints, aux saints Anges.
Les apparitions ou messages se sont tellement multipliés qu’on
arrive difficilement à juger de leur authenticité, d’autant
plus que les Ordinaires du lieu refusent de faire les enquêtes
prévues par le Droit.
Si nous voulons durer, participons à la pérennité
de l’Eglise en nous appuyant sur Elle, sur sa doctrine immuable,
sur la foi clairement exprimée, en fuyant les erreurs qu’Elle
a condamnées. C’est la seule situation sûre et forte
au milieu des ruines accumulées par les faux pasteurs.
Qu à l’occasion de la fête de Noël, nos cœurs
s’unissent à ceux de Marie et Joseph et des bergers pour
chanter avec les anges notre action de grâces, car le Sauveur
nous est donné, les cieux sont ouverts ; la Voie, la Vérité,
la Vie nous sont données pour y parvenir.
Mgr Marcel Lefebvre.
C- HISTOIRE ET THÉOLOGIE
DE LA MANIÈRE DE COMMUNIER
Contrairement à la vulgate actuelle
et dont étaient imbus nombre « d’experts conciliaires
», un examen rigoureux des documents loin de justifier l’idée
que la communion dans la main était une pratique universelle
graduellement supplantée par celle sur la langue, conduit à
une conclusion opposée.
Déjà au Vè siècle, saint Léon le
Grand témoigne de la pratique traditionnelle. En commentant l’évangile
de St Jean chap.VI, il cite la communion dans la bouche comme étant
l’usage courant : « On reçoit dans la bouche ce que
l'on croit par la foi » [Hoc enim ore sumitur quod fide creditur.
Serm. 91.3].
Le Pape ne parle pas comme s’il s’agissait d’une nouveauté,
mais d’un fait bien établi.
Un siècle et demi plus tard, donc
300 ans avant que cette pratique ait été soi disant introduite,
le Pape Grégoire le Grand (590-604) en est lui aussi le témoin.
Dans ses Dialogues (Rom 3, c. 3) il rapporte que le Pape saint Agapit
accomplit un miracle durant la messe après avoir placé
le Corps du Seigneur dans la bouche d’une personne. Jean le Diacre
rapporte également la manière dont ce Pape distribuait
la Communion. Ces témoins sont des 5° et 6° siècles.
Comment peut-on encore affirmer que la communion dans la main était
la pratique officielle jusqu'au 10° siècle ?
Il est certes arrivé que les fidèles
reçoivent la communion dans la main et l’étude de
ces cas confirme la règle.
A l’époque des persécutions, les fidèles
emportaient chez eux le Saint Sacrement et se donnaient à eux-mêmes
la communion, plutôt que d’être totalement privés
de l’Eucharistie. Il en était de même pour les moines
du désert qui ne disposaient quasi jamais des services d’un
prêtre. Ces deux cas illustrent la norme sous-jacente : «
On peut toucher l’hostie dans des cas d’extrême nécessité.
» Mais lorsqu’un prêtre était présent,
on ne recevait pas la communion dans la main : Saint Basile (330-379)
dit en toutes lettres que recevoir la communion de ses propres mains
n’est permis qu’en temps de persécution ou, comme
dans le cas des moines, lorsqu’il n’y a ni prêtre
ni diacre pour la distribuer. (Lettre 93). Et Saint Basile laisse entendre
que recevoir la communion dans la main en d’autres circonstances,
représente une faute grave.
Dans l’article Communion du DACL., Dom H. Leclerq écrit
que la paix de Constantin mit un terme à la communion dans la
main ce qui correspond à la lettre de saint Basile. Mais cette
pratique va persister ici et là : les autorités de l’Église
y virent un abus à extirper, parce que contraire à la
coutume des Apôtres, et pas seulement à Rome ou en Orient
: ainsi le Concile de Rouen (650) déclare : « Ne mettez
pas l’Eucharistie dans les mains d’un laïc ou d’une
laïque, mais seulement dans leur bouche. » Et le Concile
dit in Trullo interdit aux fidèles de se « donner à
eux-mêmes la communion » (ce qui est le cas lorsque l’Eucharistie
est placée dans la main du communiant, qui ensuite la met dans
sa bouche). Et, point très intéressant qui montre que
la distribution du Sacrement revient en propre au Ministre Ordonné,
il décrétait une excommunication d’une semaine pour
ceux qui feraient cela « en présence d’un évêque,
d’un prêtre ou d’un diacre. »
Les promoteurs de la communion dans la
main font à la fois l’impasse sur ces témoignages
historiques et un grand usage du texte attribué à saint
Cyrille de Jérusalem (4°s.).
Dom Henri Leclerq résume : «
Saint Cyrille de Jérusalem recommandait aux fidèles qu’en
se présentant pour recevoir la communion, ils devraient avoir
la main droite tendue, les doigts joints, soutenus par la main gauche,
la paume légèrement concave ; et au moment où le
Corps du Christ serai déposé dans sa main, le communiant
dirait : Amen. »
Mais le texte ne s’arrête pas là.
Il poursuit : « Sanctifiez votre oeil par le contact avec le Corps
Sacré (...) Alors que vos lèvres sont encore humides,
touchez vos lèvres et passez votre main sur vos yeux, votre front
et vos autres sens pour les sanctifier. »
Cette recommandation pour le moins bizarre a amené les savants
à douter de l'authenticité de ce texte, d’autant
qu’il aurait fallu se communier de la main gauche (« senestra
») : impossible dans la mentalité antique ! Soit il y a
eu interpolation du texte, chose courante dans le monde grec, soit il
est dû au successeur du saint, le Patriarche Jean, dont l’orthodoxie
et les procédés étaient notoirement suspects (cf.
la correspondance entre Épiphane, Jérôme et Augustin.)
A l’appui de l’antiquité de la communion dans la
main se trouve donc un seul texte qui est somme toute un faux. En face,
nous avons des témoins dignes de foi, dont deux papes majeurs.
De nos jours, ayant absorbé l’atmosphère de la Réforme
Protestante, on voit une forme de cléricalisme dans la permission
donnée au prêtre de toucher l’hostie consacrée
et l’interdiction aux laïcs de faire la même chose.
Entre autres réformés, mais on pourrait multiplier les
exemples, Martin Bucer écrit : « l’usage qui consiste
à ne pas déposer ces sacrements dans la main des fidèles
est dû à deux superstitions : en premier lieu, l’hommage
faux qu’ils prétendent rendre à ce sacrement, et
en second lieu l’arrogance perverse des prêtres qui prétendent
avoir une plus grande sainteté que le Peuple du Christ, à
cause de l’onction de la consécration. » Le rapport
entre la foi professée et la pratique vécue est très
net, et en l’occurrence attaquée.
De même 40 ans après « Mémoriale Domini »,
l’ »instrumentum laboris » constate corrélativement
la perte de foi dans l’Eucharistie et l’incompréhension
du sacerdoce ministériel.
En fait les prêtres ne sont autorisés
à toucher le Saint Sacrement que par nécessité
et non par privilège personnel : il est évidemment nécessaire
que quelqu’un distribue le Pain de Vie, c’est le rôle
propre du Sacerdoce qui, justement, se consacre aux « choses saintes
» ; mais il n’est pas nécessaire que chaque homme,
chaque femme, chaque enfant se fasse son « ministre eucharistique
», sauf nécessité absolue.
En dehors du célébrant, personne ne doit se communier
lui même : ainsi a fait Jean Paul II recevant à genoux
malgré sa maladie, la communion sur la langue, du futur Benoît
XVI aux Rameaux 2005.
Le Concile de Trente (sess. 13, c. 8) résume
admirablement le principe apostolique qui fonde le maintien de la pratique
dite traditionnelle par Paul VI dans Memoriale Domini : « En ce
qui concerne la réception du sacrement, il a toujours été
la coutume de l’église de Dieu que les laïcs devraient
recevoir la communion des prêtres ; mais que les prêtres,
lorsqu’ils célèbrent, devraient se communier eux-mêmes
; laquelle coutume, nous venant de la tradition apostolique, devrait
avec justice et raison être maintenue ».
D- DÉCRET
DE LA PÉNITENCERIE APOSTOLIQUE
L'INDULGENCE AU COURS DE L'ANNÉE DE L'EUCHARISTIE
Le plus grand des miracles et mémorial
suprême de la Rédemption accomplie par Notre Seigneur Jésus
Christ à travers son sang, l'Eucharistie, en tant que sacrifice
et en tant que sacrement, produit de façon indéfectible
l'unité de l'Eglise, la soutient par la force de la grâce
surnaturelle, l'inonde de joie ineffable et constitue une aide surnaturelle
pour nourrir la piété des fidèles et les pousser
vers le développement, ou plutôt vers la perfection, de
leur vie chrétienne.
En considération de cela, mû par sa sollicitude envers
l'Eglise, le Souverain Pontife Jean-Paul II, dans le but de promouvoir
le culte public et privé envers le Très Saint Sacrement,
a établi dans la Lettre apostolique Mane nobiscum, Domine, du
7 octobre 2004, que soit célébrée dans toute l'Eglise
une année spéciale, appelée "Année
de l'Eucharistie".
Par ailleurs, dans le but d'exhorter les fidèles, au cours de
cette année, à une connaissance plus profonde et à
un amour plus intense envers l'ineffable "Mystère de la
foi", et afin qu'ils en tirent des fruits spirituels toujours plus
abondants, le Très Saint-Père, lors de l'Audience accordée
aux Modérateurs soussignés de la Pénitencerie apostolique,
le 17 décembre dernier, a voulu enrichir d'Indulgences certains
actes de culte et de dévotion envers le Très Saint Sacrement,
indiqués ci-dessous.
1. L'Indulgence plénière est accordée à
tous les fidèles et à chacun d'eux, aux conditions habituelles
(Confession sacramentelle, Communion eucharistique et prière
selon l'intention du Souverain Pontife, avec l'âme totalement
détachée de penchants envers tout péché),
chaque fois qu'ils participent avec attention et piété
à une sainte fonction ou à un exercice pieux accompli
en l'honneur du Très Saint Sacrement, solennellement exposé
et conservé dans le Tabernacle.
2. On accorde, en outre, aux conditions susmentionnées, l'Indulgence
plénière au clergé, aux membres des Instituts de
Vie consacrée […]
Les fidèles qui, en raison d'une maladie ou d'une autre juste
cause, […]
Les prêtres qui exercent leur ministère pastoral, en particulier
les curés, tenant compte des "Suggestions et propositions"
indiquées le 15 octobre 2004 par la Congrégation pour
le Culte divin et la Discipline des Sacrements, doivent informer de
la façon la plus appropriée leurs fidèles de cette
disposition salutaire de l'Église ; ils doivent se prêter
avec une âme disponible et généreuse à écouter
leurs confessions, et, les jours établis selon les nécessités
des fidèles, ils doivent guider de façon solennelle des
récitations publiques de prières à Jésus
Sacrement.
Enfin, en prononçant la catéchèse, ils doivent
exhorter les fidèles à apporter souvent de clairs témoignages
de foi et de vénération envers le Très Saint Sacrement,
[…]
Le Présent Décret est en vigueur au cours de l'Année
eucharistique, à partir du jour même de sa publication
dans "L'Osservatore Romano". Nonobstant toute disposition
contraire.
Rome, du Siège de la Pénitencerie apostolique, le 25 décembre
2004, en la solennité du Noël de Notre Seigneur Jésus
Christ.
James Francis Cardinal STAFFORD Pénitencier Majeur
Gianfranco GIROTTI, o.f.m.conv. Régent
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