Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

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Du 31 au 6 aout

Onziéme Dimanche après la Pentecôte

 


A- Homélie du 11e Dimanche après la Pentecôte

Nous voilà encore avec un très belle messe. Il faut en apprécier l’harmonie, l’harmonie des textes, de tous les textes. Tous se complètent, s’appellent, s’harmonisent parfaitement autour de l’idée exprimée dans l’Introït : « Ipse dabit virtutem et fortitudinem plebis suae ». « Il donnera, Il donne à son peuple force et puissance ».
« Virtus », « Fortitudo ». Ces deux mots ont le même sens. « Virtus » est très rarement traduit par « vertu ». Ce mot exprime plutôt la force physique, comme le mot « fortitudo ». C’est le courage, la valeur. Mais il se traduit aussi la qualité, le mérite, la force d’âme.
Voilà ce que Dieu donne à son peuple : force, courage, valeur, mérite qualité, force d’âme.
Et l’Epître et l’Evangile sont là pour illustrer cette belle affirmation : « Ipse dabit virtutem et fortitudinem ».
Précisément, l’Epître nous parle de Saint Paul, nous donne le bel exemple de Saint Paul. Ce qu’il est, c’est par grâce qu’il l’est. Il a tout reçu de Dieu. Sa valeur, son mérite, sa force, son courage, sa force d’âme. Tout cela est l’œuvre de Dieu. Oui, vraiment voyant Saint Paul, on peut dire avec le psalmiste : « Ipse davit virtutem et fortitudinem » à son peuple, à saint Paul.
Mais c’est aussi la raison du choix de cet Evangile : l’Evangile de la guérison de ce sourd-muet. Ce que sera ce sourd-muet, il le devra à la puissance de Dieu. S’il peut parler, entendre…maintenant, c’est à la force de Dieu qu’il le doit. C’est grâce à Dieu. Là, aussi, au récit de cette scène évangélique, je peux chanter comme le psalmiste : « Il donne à son peuple force et puissance ». Il donne courage, force, valeur, qualité, mérite…à son peuple….à ce pauvre sourd-muet. Dieu fait de ce pauvre bougre », de ce muet, de ce sourd, un homme normal. Il lui donne une belle qualité, une plus grande valeur. Il lui redonne souffle et vie, audition et langage, une meilleure qualité, une plus grande valeur.

Saint Paul, de persécuteur de l’Eglise qu’il était, le voilà apôtre. Et quel Apôtre…Quel courage, quelle force dans la mission évangélique. Quels mérites. Quel courage. Quelle qualité dans sa prédication.
Oui ! Nul doute, l’Epître et l’Evangile illustrent parfaitement le chant de l’introït : « Ipse dabit virtutem et fortitudinem plebis suae ».
Et voilà la première justification des textes, de deux textes, celui de l’Epître et de l’Evangile. Il y a déjà là, entre l’Epître, l’Evangile et l’Introït, belle harmonie. Ils s’expliquent mutuellement.
Mais on comprend également le choix du psaume 27 pour le Graduel.
En effet, s’il en est ainsi, si je peux dire vraiment que Dieu me donne force et puissance …mais l’Epître et l’Evangile sont là pour me l’enseigner …alors je peux me fier en Dieu, espérer en Lui : « In Deo speravit cor meum et adjutus sum ». Je peux dire : « Mon cœur s’est fié en Dieu et j’ai été secouru ». Je peux avoir confiance en Dieu. Puisqu’Il donne force et puissance, je puis me confier en Lui, Je peux le supplier.
« Ma chair a refleuri » « Refloruit »…comme la chair de ce sourd-muet. Sa chair, par la toute puissance miséricordieuse de Dieu, a refleuri…a retrouvé l’ouie, à retrouver la parole ? La parole et l’ouie ne sont-ils pas au corps ce que la fleur est à la terre…Refloruit. ..La fleur est à la terre comme la gaîté, la joie, la vie, l’odeur, la bonne odeur. La fleur fait sourire…Elle est comme le sourire des champs. Oui ! La parole, l’ouie sont pour le cops…ce que la fleur est pour le champ. La parole exprime l’intelligence, l’ouie égaille l’intelligence.

Mais il en est ainsi de Saint Paul. Sa chair a également refleuri. D’ennemi de l’Eglise, le voilà, son ami. Le voilà son défenseur. D’hostile, de vengeur, de mauvais, de haineux, le voilà l’ami de l’Eglise, le défenseur de l’Eglise. Et quel ami ! Quel défenseur ! Or la vengeance attriste, renfrogne, enlaidit. L’amitié, illumine, réjouit, égaille aussi le cœur, le corps. « Refloruit caro mea », nous dit le Graduel de cette messe.
Mais ces effets de la grâce sont dus à la Toute Puissance de Dieu, sur l’âme et sur Saint Paul et sur ce sourd-muet : de méchant qu’il était, le voilà serviable à merci, de sourd-muet, le voilà bon entendant.
Ce constat, sur l’âme, des effets de Dieu …ce constat engendre en l’âme reconnaissance et chant d’allégresse. Et voilà, notre Graduel et notre « alléluia ». « Et ex voluntate mea confitebor illi ». De tout cœur, de toute ma volonté, je lui rendrai grâce. Mieux je le confesserai, je le publierai.
Mais c’est ce qu’ont parfaitement illustré et saint Paul et le sourd-muet guéri.
Le sourd-muet ne cesse de proclamer ce prodige…sa qualité retrouvée. Et l’Evangéliste insiste sur cette proclamation, sur cette « prédication ». Le v verbe latin est « praedicabant ».
Voyez : « Ouvre-toi, lui dit le Christ et ses oreilles s’ouvrirent et du coup fut dénoué le lien de sa langue et il parlait normalement. Et Jésus leur commanda de ne rien dire à personne, mais plu il le leur commandait, plus ils proclamaient la chose ».
Regardez Saint Paul…Le prédicateur par excellence de l’Evangile : « Moi je ne suis pas digne d’être appelé Apôtre parce que j’ai persécuté l’Eglise de Dieu ». Mais le voilà converti sur le chemin de Dams. Le voilà qu’il reçoit de Dieu, qualité, valeur, force, mérite. Alors il ne craint pas, de fait, de proclamer que ce qu’il est, c’est par grâce qu’il l’est. « Gratias autem Dei sum id quod sum ». Et il ne craint pas de proclamer que la grâce, en lui, n’a pas été vaine : « Et gratia eius in me vacua non fuit ». Car, de fait, il reçu de Dieu, force et valeur, mérite et qualité. Et ne cesse-t-il pas, lui aussi, de proclamer l’Evangile. « Je vous rappelle l’Evangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu, dans lequel vous demeurez fermes par lequel aussi vous êtes sauvés si vous retenez en quels termes, je vous l’ai annoncé ».
Le voilà, lui aussi en train de proclamer l’Evangile qu’il a reçu en sa totalité sur le chemin de Damas. Il ne cesse de chanter son action de grâce au Dieu de miséricorde. « Poussez des cris de joie pour Dieu, notre soutien. Acclamez le Dieu de Jacob. Faites résonner la harpe et la cithare. Alleluia ».
C’est bien ce que fit Saint Paul et le sourd-muet de l’Evangile.
L’un et l’autre, Saint Paul et le sourd-muet peuvent avec la psalmiste, chanter le psaume 20 : « Je veux t’exalter, Seigneur, car tu m’as délivré ». « Exaltabo Domine quoniam suscepisti me ».
Tu m’as délivré de la haine contre l’Eglise.
Tu m’as délivré de ma surdité, de mon mutisme.
Oui vraiment, je peux dire avec l’Evangile : « Il a bien fait toutes choses. Il a fait entendre les sourds et parler les muets ».
Mais attention !
Voyez comme Saint Paul et le sourd-muet sont reconnaissants, expriment leur reconnaissance. Ils se mettent à proclamer, à prêcher les « mirabilia Dei »
Nous avons reçu même bienfaits, même valeur, même qualités, même mérites. Notre baptême nous a donné la qualité « d’enfants de Dieu », de « fils de l’Eglise », de « participants de la nature divine. Sachons reconnaître ces dons, ces grâces.
Ne gardons pas cachés en nous les qualités divines…Sachons les proclamer. N’étouffons pas en nous, par noter agir, notre oubli ou notre indifférence…pareilles qualités, pareils dons.
Soyons, nous aussi reconnaissants dans notre agir, dans notre pensée, dans notre joie…Notre joie de vivre, tout à la gloire de Dieu.

B- Le centenaire de la naissance de Mgr Lefebvre.

En l’honneur de l’anniversaire de la naissance de Mgr Lefebvre, son centième anniversaire, et pour attirer votre attention et bien préparer le prochain rendez-vous du 20 novembre prochain, à la Mutualité, nous vous donnons à méditer cette lettre de Mgr Lefebvre du 25 décembre 1976.
Chers amis,
La lettre est dite n° 2 car l’idée de correspondance avec les membres de la Fraternité et avec les aspirants n’est pas d’aujourd’hui. J’en ai toujours eu le désir, mais ne crois l’avoir réalisé qu’une seule fois dès la première année de la fondation.
Le but de ces lettres est la recherche d’une unité aussi parfaite que possible dans l’idéal que nous poursuivons, qu’il s’agisse de la foi, c’est-à-dire de la doctrine enseignée par le magistère de l’Eglise selon les sources de la Révélation : la Tradition et l’Ecriture sainte ; qu’il s’agisse de diffuser la foi catholique et toutes les grâces qui découlent de la divinité de NSJC et en particulier de son sacerdoce et de son sacrifice ; enfin qu’il s’agisse d’entrer dans une parfaite imitation de Notre Seigneur en recherchant la pratique des vertus.
Vivre vraiment toujours plus profondément notre sacerdoce et pour ceux qui ne sont pas prêtres, vivre le saint sacrifice de la Messe, c’est le but de notre Fraternité et le but de ces lettres.
Dans ces temps particulièrement troublés, où tout est remis en question, remettre en évidence dans nos vies, dans notre enseignement ce qui est le cœur de l’Eglise, la synthèse de sa doctrine, la source de toutes ses grâces, c’est-à-dire le sacrifice du Calvaire continué et renouvelé sur nos autels, en tirer toutes les conséquences pour notre conduite quotidienne et pour le salut des âmes, voilà encore un but de ces quelques lignes.
Cette remise en ordre de ce qui est le trésor de l’Eglise expliquera aussi notre attitude vis-à-vis du bouleversement accompli dans l’Eglise après le Concile Vatican II. Ou nous acceptons un oecuménisme qui nous aligne peu à peu sur le culte protestant et nous pousse à admettre les erreurs du protestantisme libéral, conformément aux orientations officielles de ceux qui détiennent les postes d’autorité dans l’Eglise, ou nous maintenons intégralement le trésor de l’Eglise catholique, bastion solide de sa foi incompatible avec une foi altérée et diminuée. .
Pour affermir cette foi, rien ne vaudra comme le contact fréquent avec les Pères de l’Eglise, les écrivains catholiques plus récents comme Bossuet, Dom Guéranger, le Cardinal Pie, Mgr Freppel. On s’apercevra alors rapidement que les erreurs modernes sont déjà celles d’hier et que le Saint Esprit a suscité de grands défenseurs de la foi catholique à toutes les époques.
Si la providence le permet un jour, il nous serait très profitable de fonder une revue qui aurait du « Courrier de Rome » et de la « Pensée catholique », revue doctrinale bien documentée qui contribuerait puissamment à l’établissement du Règne de NSJC dans tous les domaines. Que Dieu suscite parmi nous des prêtres qui réalisent cet apostolat de la plume avec compétence, avec un zèle incessant.
Il ne s’agirait pas d’un organe polémique et d’abord anti-libéral, mais mettant en lumière la doctrine de l’Eglise face aux aberrations de notre temps. Par voie de conséquence le libéralisme serait combattu et pourchassé, ainsi que toutes les erreurs modernes.
Cette mise en lumière de la doctrine qui alimentera notre foi devra déboucher sur la charité : « scientia inflat, caritas aeddificat ». La lumière ne doit pas demeurer sous le boisseau mais rayonner et communiquer sa chaleur. Dans ce domaine, il importe de toujours revenir sur la primauté de l’amour de Dieu, de la louange divine, de l’adoration, de l’oraison. Il y a un grand danger de donner le pas à la charité envers le prochain sur la charité envers Dieu, et un autre danger d’oublier que c’est le même et le seul amour de Dieu qui doit être l’amour du prochain. Comme le dit la théologie, le motif formel de notre charité doit être le même. Nous aimons notre prochain pour ce qu’il y a de Dieu en lui et nous l’aimons pour le mener à Dieu.
Alors seulement notre foi vivante produira de vrais fruits de charité, si nous comprenons que notre vie doit d’abord être « contemplative », je dirais volontiers « mystique » dans le vrai sens du mot, captivée par le mystère de Dieu, de NSJC.
Alors aussi notre apostolat sera strictement surnaturel dans tous ses motifs s’il est voulu pour la gloire et le Règne de Notre Seigneur, exclusivement. C’est la condition sine qua non de l’efficacité réelle de notre apostolat. Le succès apparent ou caché nous importera peu. Le grand nombre ou le petit nombre des âmes ne nous préoccupera pas. « Une seule âme est un brand diocèse », disait saint François de Sales.
Ce sera le secret de notre zèle jamais fatigué, jamais découragé par l’épreuve ou l’insuccès, par les obstacles ou les oppositions même de nos frères.
Cette doctrine de l’apostolat devra correspondre aussi à la doctrine de notre propre sanctification. Celle-ci va nécessairement de pair avec l’autre.
Je sais qu’on nous fait le reproche de n’être pas des religieux, je parle de ceux qui sont prêtres ! Mais, vu les conditions de notre apostolat, est-il impensable que le prêtre trouve dans son sacerdoce et donc dans son appartenance toute particulière à NSJC toutes les vertus de la vie religieuse ?
Les conditions de l’apostolat, même s’il existe une vraie communauté sacerdotale, demandent une certaine liberté d’initiative, une disposition relativement libre des biens, qui risquent de mettre le prêtre en indélicatesse continuelle vis-à-vis de ses vœux de religion ! Ceci dit, il semble inconcevable que le prêtre, à cause de cette liberté relative, soit incapable de pratiquer la vertu d’obéissance, la vertu de pauvreté. Est-il admissible que le prêtre vraiment prêtre, manifeste de l’esprit mondain, la recherche des biens, des aises , des loisirs, etc….ou un esprit d’indépendance ruinant la vie de communauté ? Où est en ce prêtre, le désir d’imitation de Celui qu’il porte dans ses mains à l’autel, de Celui auquel il communie quotidiennement, qui a vécu soumis et pauvre ?
Il faut reconnaître qu’il est pénible de constater même chez certains séminaristes ce goût de la vanité du monde. Ceux-là n’ont rien compris à l’esprit du sacerdoce et de la Fraternité !
Mais j’aurai, si Dieu le permet, d’autres occasions de vous entretenir de la pauvreté et d’autres vertus apostoliques.
Je voudrais aujourd’hui vous entretenir d’un sujet particulier qui a son importance : les relations des membres de la Fraternité avec d’autres associations, groupements. Vous vous trouverez nécessairement appelé à avoir des contacts avec les nombreuses initiatives qui réagissent comme vous-mêmes à la situation actuelle dans l’Eglise et dans le monde.
Parmi les associations, on peut, me semble-t-il, distinguer celles qui ont un caractère plus politique que religieux, de celles qui ont un caractère religieux. Il convient pour les premières de toujours en juger par rapport aux principes philosophiques et théologiques enseignés par l’Eglise. Si ces groupements pèchent gravement à l’égard de ces principes, il faut se méfier et n’accepter de rapports que dans la mesure de la possibilité de leur inculquer les vrais principes. Il ne suffit pas qu’un mouvement soit anti-communiste ou anti-libéral pour qu’on puisse s’y fier. Il faut examiner en vertu de quels principes ces mouvements agissent. Quelle est la finalité qu’ils se proposent s’ils arrivaient à écarter le communisme ou le libéralisme ? Ont-ils pour but le règne social de Notre Seigneur ?
De toutes façons, nous ne devons pas être membres de ces sociétés, nous devons garder notre indépendance et agir en pasteurs diffusant toujours la vraie et saine doctrine qui régit aussi la société civile. L’éthique sociale et la doctrine sociale de l’Eglise ont toujours dispensé les principes nécessaires à la saine politique. C’est donc notre devoir de dénoncer les erreurs qui ruinent les sociétés civiles comme le libéralisme, le laïcisme, le communisme, le socialisme ; mais nous devons éviter de manifester notre adhésion à tel ou tel groupe.
Il en est de même des groupes culturels ; n’en soyons pas membres mais dans la mesure où ils dispensent la vraie doctrine, encourageons-les.
Quant aux groupements religieux, il convient de distinguer aussi ceux qui représentent dans l’Eglise une spiritualité reconnue depuis des siècles par elle, par exemple : la spiritualité carmélitaine, ignacienne, dominicaine, etc…Que nous recevions des revues ou périodiques inspirés de ces spiritualités est très légitime pourvu toutefois que ces travaux soient rédigés dans le véritable esprit approuvé autrefois par l’Eglise et non dans l’esprit nouveau.
Mais cela ne doit pas dispenser de profiter de tout ce qui est prévu pour les membres de la Fraternité. Je crois devoir insister sur la nécessité actuelle, étant donné la confusion des idées, de rechercher et d’approfondir la spiritualité basée sur la doctrine théologique de l’Eglise, résumée dans le Catéchisme du Concile de Trente et dispensée par les maîtres de la doctrine spirituelle approuvée comme tels par l’Eglise.
A ce propos viendrait la question des retraites ou exercices spirituels. Je traiterai de ce problème à une autre occasion.
Avant tout dans ce domaine comme dans les autres, soyez prêtres et uniquement prêtres, ou auxiliaires du sacerdoce.
Pour être complet, il faut encore parler des associations pieuses de laïcs, comme « Una Voce », « Latin Mass Society » et bien d’autres fondées parfois à l’occasion d’un pèlerinage. En tous ces domaines nous devons demeurer indépendants puisque nous sommes déjà membres de la Fraternité et notre jugement doit toujours se régler suivant la doctrine ou la pratique continuelle de l’Eglise d’avant le Concile Vatican II. Nous apporterons notre aide et notre concours dans la mesure où nous croyons pouvoir apporter la lumière de l’Evangile et de la Tradition et dans la mesure où nous n’engageons pas la Fraternité en tant que telle. Nous ne répéterons jamais assez aux fidèles que ce qui importe d’abord, c’est de profiter des moyens que Notre Seigneur a établi lui-même et qu’Il a confiés à son Eglise, de tous les exemples donnés par les saints.
Au moment où tous les fidèles progressistes ou non recherchent l’extraordinaire, le merveilleux, les charismes…, notre résolution doit être toujours plus ferme de magnifier et de prêcher les moyens ordinaires, le saint sacrifice de la Messe, les sacrements, la prière, la pénitence, la médiation des mystères de NSJC et des fins dernières, la dévotion à Marie et à tous les Saints, aux saints Anges.
Les apparitions ou messages se sont tellement multipliés qu’on arrive difficilement à juger de leur authenticité, d’autant plus que les Ordinaires du lieu refusent de faire les enquêtes prévues par le Droit.
Si nous voulons durer, participons à la pérennité de l’Eglise en nous appuyant sur Elle, sur sa doctrine immuable, sur la foi clairement exprimée, en fuyant les erreurs qu’Elle a condamnées. C’est la seule situation sûre et forte au milieu des ruines accumulées par les faux pasteurs.
Qu à l’occasion de la fête de Noël, nos cœurs s’unissent à ceux de Marie et Joseph et des bergers pour chanter avec les anges notre action de grâces, car le Sauveur nous est donné, les cieux sont ouverts ; la Voie, la Vérité, la Vie nous sont données pour y parvenir.
Mgr Marcel Lefebvre.

C- HISTOIRE ET THÉOLOGIE DE LA MANIÈRE DE COMMUNIER

Contrairement à la vulgate actuelle et dont étaient imbus nombre « d’experts conciliaires », un examen rigoureux des documents loin de justifier l’idée que la communion dans la main était une pratique universelle graduellement supplantée par celle sur la langue, conduit à une conclusion opposée.
Déjà au Vè siècle, saint Léon le Grand témoigne de la pratique traditionnelle. En commentant l’évangile de St Jean chap.VI, il cite la communion dans la bouche comme étant l’usage courant : « On reçoit dans la bouche ce que l'on croit par la foi » [Hoc enim ore sumitur quod fide creditur. Serm. 91.3].
Le Pape ne parle pas comme s’il s’agissait d’une nouveauté, mais d’un fait bien établi.

Un siècle et demi plus tard, donc 300 ans avant que cette pratique ait été soi disant introduite, le Pape Grégoire le Grand (590-604) en est lui aussi le témoin. Dans ses Dialogues (Rom 3, c. 3) il rapporte que le Pape saint Agapit accomplit un miracle durant la messe après avoir placé le Corps du Seigneur dans la bouche d’une personne. Jean le Diacre rapporte également la manière dont ce Pape distribuait la Communion. Ces témoins sont des 5° et 6° siècles. Comment peut-on encore affirmer que la communion dans la main était la pratique officielle jusqu'au 10° siècle ?

Il est certes arrivé que les fidèles reçoivent la communion dans la main et l’étude de ces cas confirme la règle.
A l’époque des persécutions, les fidèles emportaient chez eux le Saint Sacrement et se donnaient à eux-mêmes la communion, plutôt que d’être totalement privés de l’Eucharistie. Il en était de même pour les moines du désert qui ne disposaient quasi jamais des services d’un prêtre. Ces deux cas illustrent la norme sous-jacente : « On peut toucher l’hostie dans des cas d’extrême nécessité. » Mais lorsqu’un prêtre était présent, on ne recevait pas la communion dans la main : Saint Basile (330-379) dit en toutes lettres que recevoir la communion de ses propres mains n’est permis qu’en temps de persécution ou, comme dans le cas des moines, lorsqu’il n’y a ni prêtre ni diacre pour la distribuer. (Lettre 93). Et Saint Basile laisse entendre que recevoir la communion dans la main en d’autres circonstances, représente une faute grave.
Dans l’article Communion du DACL., Dom H. Leclerq écrit que la paix de Constantin mit un terme à la communion dans la main ce qui correspond à la lettre de saint Basile. Mais cette pratique va persister ici et là : les autorités de l’Église y virent un abus à extirper, parce que contraire à la coutume des Apôtres, et pas seulement à Rome ou en Orient : ainsi le Concile de Rouen (650) déclare : « Ne mettez pas l’Eucharistie dans les mains d’un laïc ou d’une laïque, mais seulement dans leur bouche. » Et le Concile dit in Trullo interdit aux fidèles de se « donner à eux-mêmes la communion » (ce qui est le cas lorsque l’Eucharistie est placée dans la main du communiant, qui ensuite la met dans sa bouche). Et, point très intéressant qui montre que la distribution du Sacrement revient en propre au Ministre Ordonné, il décrétait une excommunication d’une semaine pour ceux qui feraient cela « en présence d’un évêque, d’un prêtre ou d’un diacre. »

Les promoteurs de la communion dans la main font à la fois l’impasse sur ces témoignages historiques et un grand usage du texte attribué à saint Cyrille de Jérusalem (4°s.).

Dom Henri Leclerq résume : « Saint Cyrille de Jérusalem recommandait aux fidèles qu’en se présentant pour recevoir la communion, ils devraient avoir la main droite tendue, les doigts joints, soutenus par la main gauche, la paume légèrement concave ; et au moment où le Corps du Christ serai déposé dans sa main, le communiant dirait : Amen. »
Mais le texte ne s’arrête pas là.
Il poursuit : « Sanctifiez votre oeil par le contact avec le Corps Sacré (...) Alors que vos lèvres sont encore humides, touchez vos lèvres et passez votre main sur vos yeux, votre front et vos autres sens pour les sanctifier. »
Cette recommandation pour le moins bizarre a amené les savants à douter de l'authenticité de ce texte, d’autant qu’il aurait fallu se communier de la main gauche (« senestra ») : impossible dans la mentalité antique ! Soit il y a eu interpolation du texte, chose courante dans le monde grec, soit il est dû au successeur du saint, le Patriarche Jean, dont l’orthodoxie et les procédés étaient notoirement suspects (cf. la correspondance entre Épiphane, Jérôme et Augustin.) A l’appui de l’antiquité de la communion dans la main se trouve donc un seul texte qui est somme toute un faux. En face, nous avons des témoins dignes de foi, dont deux papes majeurs.
De nos jours, ayant absorbé l’atmosphère de la Réforme Protestante, on voit une forme de cléricalisme dans la permission donnée au prêtre de toucher l’hostie consacrée et l’interdiction aux laïcs de faire la même chose. Entre autres réformés, mais on pourrait multiplier les exemples, Martin Bucer écrit : « l’usage qui consiste à ne pas déposer ces sacrements dans la main des fidèles est dû à deux superstitions : en premier lieu, l’hommage faux qu’ils prétendent rendre à ce sacrement, et en second lieu l’arrogance perverse des prêtres qui prétendent avoir une plus grande sainteté que le Peuple du Christ, à cause de l’onction de la consécration. » Le rapport entre la foi professée et la pratique vécue est très net, et en l’occurrence attaquée.
De même 40 ans après « Mémoriale Domini », l’ »instrumentum laboris » constate corrélativement la perte de foi dans l’Eucharistie et l’incompréhension du sacerdoce ministériel.

En fait les prêtres ne sont autorisés à toucher le Saint Sacrement que par nécessité et non par privilège personnel : il est évidemment nécessaire que quelqu’un distribue le Pain de Vie, c’est le rôle propre du Sacerdoce qui, justement, se consacre aux « choses saintes » ; mais il n’est pas nécessaire que chaque homme, chaque femme, chaque enfant se fasse son « ministre eucharistique », sauf nécessité absolue.
En dehors du célébrant, personne ne doit se communier lui même : ainsi a fait Jean Paul II recevant à genoux malgré sa maladie, la communion sur la langue, du futur Benoît XVI aux Rameaux 2005.

Le Concile de Trente (sess. 13, c. 8) résume admirablement le principe apostolique qui fonde le maintien de la pratique dite traditionnelle par Paul VI dans Memoriale Domini : « En ce qui concerne la réception du sacrement, il a toujours été la coutume de l’église de Dieu que les laïcs devraient recevoir la communion des prêtres ; mais que les prêtres, lorsqu’ils célèbrent, devraient se communier eux-mêmes ; laquelle coutume, nous venant de la tradition apostolique, devrait avec justice et raison être maintenue ».

D- DÉCRET DE LA PÉNITENCERIE APOSTOLIQUE
L'INDULGENCE AU COURS DE L'ANNÉE DE L'EUCHARISTIE

Le plus grand des miracles et mémorial suprême de la Rédemption accomplie par Notre Seigneur Jésus Christ à travers son sang, l'Eucharistie, en tant que sacrifice et en tant que sacrement, produit de façon indéfectible l'unité de l'Eglise, la soutient par la force de la grâce surnaturelle, l'inonde de joie ineffable et constitue une aide surnaturelle pour nourrir la piété des fidèles et les pousser vers le développement, ou plutôt vers la perfection, de leur vie chrétienne.
En considération de cela, mû par sa sollicitude envers l'Eglise, le Souverain Pontife Jean-Paul II, dans le but de promouvoir le culte public et privé envers le Très Saint Sacrement, a établi dans la Lettre apostolique Mane nobiscum, Domine, du 7 octobre 2004, que soit célébrée dans toute l'Eglise une année spéciale, appelée "Année de l'Eucharistie".
Par ailleurs, dans le but d'exhorter les fidèles, au cours de cette année, à une connaissance plus profonde et à un amour plus intense envers l'ineffable "Mystère de la foi", et afin qu'ils en tirent des fruits spirituels toujours plus abondants, le Très Saint-Père, lors de l'Audience accordée aux Modérateurs soussignés de la Pénitencerie apostolique, le 17 décembre dernier, a voulu enrichir d'Indulgences certains actes de culte et de dévotion envers le Très Saint Sacrement, indiqués ci-dessous.
1. L'Indulgence plénière est accordée à tous les fidèles et à chacun d'eux, aux conditions habituelles (Confession sacramentelle, Communion eucharistique et prière selon l'intention du Souverain Pontife, avec l'âme totalement détachée de penchants envers tout péché), chaque fois qu'ils participent avec attention et piété à une sainte fonction ou à un exercice pieux accompli en l'honneur du Très Saint Sacrement, solennellement exposé et conservé dans le Tabernacle.
2. On accorde, en outre, aux conditions susmentionnées, l'Indulgence plénière au clergé, aux membres des Instituts de Vie consacrée […]
Les fidèles qui, en raison d'une maladie ou d'une autre juste cause, […]
Les prêtres qui exercent leur ministère pastoral, en particulier les curés, tenant compte des "Suggestions et propositions" indiquées le 15 octobre 2004 par la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des Sacrements, doivent informer de la façon la plus appropriée leurs fidèles de cette disposition salutaire de l'Église ; ils doivent se prêter avec une âme disponible et généreuse à écouter leurs confessions, et, les jours établis selon les nécessités des fidèles, ils doivent guider de façon solennelle des récitations publiques de prières à Jésus Sacrement.
Enfin, en prononçant la catéchèse, ils doivent exhorter les fidèles à apporter souvent de clairs témoignages de foi et de vénération envers le Très Saint Sacrement, […]
Le Présent Décret est en vigueur au cours de l'Année eucharistique, à partir du jour même de sa publication dans "L'Osservatore Romano". Nonobstant toute disposition contraire.
Rome, du Siège de la Pénitencerie apostolique, le 25 décembre 2004, en la solennité du Noël de Notre Seigneur Jésus Christ.
James Francis Cardinal STAFFORD Pénitencier Majeur
Gianfranco GIROTTI, o.f.m.conv. Régent