Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

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Du 21 au 27 aout

Quatorziéme Dimanche après la Pentecôte

 


A- Homélie du dimanche.

« Un jour vaut mieux dans vos parvis que mille jours ailleurs ».


« Un jour vaut mieux dans vos parvis que mille jours ailleurs ».

Cet Introït explique parfaitement le choix de l’Epître et de l’Evangile de cette messe ainsi que le chant du Graduel et de l’Alléluia.

En effet l’Introït exprime l’idée qu’il est doux et suave d’habiter dans les demeures du Seigneur ; qu’il est doux et suave de servir le Seigneur ; qu’il est bon de marcher dans les voies du Seigneur, dans les vertus chrétiennes.

N’est-ce pas le sens que veut exprimer cette phrase de l’Introït : « Un jour vaut mieux dans vos parvis que mille jours ailleurs » ?

Le monde sans Dieu exerce sa « tyrannie » sur les âmes…alors que Dieu, au contraire est source de joie, de liberté, de noblesse. Le monde est « tyrannique » alors que Dieu communique liberté, maîtrise de soi-même, générosité, don de soi….

Le monde sans Dieu et sans loi engendre les œuvres de la chair….Et Saint Paul les énumère dans cette Epître : « c’est la formication, c’est l’impureté, l’impudicité, la débauche, l’idolâtrie, les maléfices, les haines, les discordes, l’envie, les emportements, les divisions, les factions, cabales, les jalousies, les meurtres, l’ivrognerie, les orgies et choses semblables ».

Et ceux qui pratiquent de telles œuvres sont esclaves de la chair, sombres…tristes, parce que sans espérance…Sans espérance de la Vie Eternelle : « Ceux qui font des choses pareilles n’hériteront pas du royaume de Dieu », nous dit Saint Paul. Rien n’est plus triste que d’être sans espérance eschatologique…
Subjectivement, psychologiquement, objectivement…ceux qui pratiquent de telles œuvres sont dans la tristesse, la morosité, la nuit, se détruisent eux-mêmes, détruisent leur conscience, leur nature, leur dignité, la dignité de la nature humaine, de leur état.

Benoît XVI vient de le dire avec force au clergé de la vallée d’Aoste en Italie, lors des vacances d’été…Il disait aux prêtres : « Sans le Dieu concret, le Dieu au visage du Christ (i.e. le Dieu de miséricorde) le monde s’autodétruit. S’il n’y a pas la mesure du vrai Dieu, l’homme s’autodétruit. Nous le voyons sous nos yeux…Il est la Vérité et ce n’est qu’en marchant sur ses traces que nous allons dans la juste direction… » (O.R. du 2 août 2005)

Juste direction. Bonne direction. Car cette direction, - c’est-à-dire suivre le Seigneur, lui être attaché et soumis…- engendre nécessairement en une âme, ce que Saint Paul appelle « les fruits de l’Esprit » qui sont « la charité » et son cortège : la joie, la paix, la patience, l’affabilité, la bonté, la longanimité, la douceur, la confiance, la modestie, la continence, la chasteté… »
Et toutes ses vertus pratiquées donnent à une âme le bonheur intime, profond. Toutes ses vertus engendrent en une âme la joie. Il suffit de les pratiquer un peu pour en faire l’expérience, pour faire l’expérience des doux effets de ces vertus de l’esprit sur une âme. Déjà, le philosophe Aristote le disait dans son Ethique à Nicomaque : « Le bonheur, c’est l’agir vertueux ».

Dès lors il est juste et vrai de dire comme l’Introït nous le fait chanter : « Un jours vaut mieux dans vos parvis que mille jours ailleurs…Quelles sont aimables vos demeures… « Quam dilecta tabernacula tua ». Quelles sont délectables les vertus « pratiquées ». Elles exercent un attrait sur nos âmes. Nos âmes désirent ardemment, brûlent même de les pratiquer pour en vivre et en connaître les délices. Oui l’âme qui pratique la charité est joyeuse. L’amour de Dieu pratiqué est la paix d’une âme, sa joie…

Le chant du Magnificat de Notre Dame l’exprime au mieux. Croyons-le. Pratiquons-le : « Magnificat anima mea Dominum et exultabit spiritus meus in Deo salutari meo ». « Elle exulte de joie en Dieu mon Sauveur ».

Et ce fut aussi la même jubilation en sa Cousine Elizabeth, pleine de la joie de la salutation de la Vierge : « Ecce enim ut facta est vox salutationis tuae in auribus meis, exultavit in gaudio infans in utéro meo ».

C’est la même idée que nous exprime l’Introït de cette messe : « Quelles sont aimables vos demeures, Seigneur…Mon âme a soupiré jusqu’à défaillir…i.e. jusqu’à l’extrême, après les parvis du Seigneur ». « In atria Domini », « dans les demeures du Seigneur ». L’atrium est la salle principale de la maison romaine.

Oui vraiment « un jour vaut mieux dans vos parvis, Seigneur, que mille jours ailleurs ».

C’est, du reste, tout le sens de l’Evangile. Comment en effet ne pas croire à la vérité de cette exclamation : « Un jour vaut mieux dans les parvis du Seigneur que mille jours ailleurs… » quand on voit le soin que prend le maître de maison de ceux qui savent se confier en Lui, s’abandonner à Lui.

Ceux qui servent le monde, l’argent, « Mammon » et cela exclusivement…ceux qui mettent tout leur idéal dans l’argent, ne cessent d’être préoccupés, inquiets, tourmentés de son produit, de leur gain, de la fluctuation de la monnaie….L’exemple d’Harpagon de l’Avare de Molière est, suffisant pour nous faire connaître l’inquiétude de l’âme de celui qui met tout son coeur en ce bien. On connaît assez la scène 7 de l’Acte 4 de l’Avare pour se persuader facilement de l’inquiétude que ressent et exprime une telle âme. Souvenez-vous :

HARPAGON. (Il crie au voleur dès le jardin, et vient sans chapeau.)
Au voleur ! Au voleur ! À l'assassin ! Au meurtrier ! Justice, juste ciel ! Je suis perdu, je suis assassiné ! On m'a coupé la gorge, on m'a dérobé mon argent ! Qui peut-ce être ? Qu'est-il devenu ? Où est-il ? Où se cache-t-il ? Que ferai-je pour le trouver ? Où courir ? Où ne pas
Courir ? N'est-il point là ? N’est-il point ici ? Qui est-ce ? Arrête ! (il se prend lui-même le bras.) Rends-moi mon argent, coquin !... Ah !c'est moi. Mon esprit est troublé, et j'ignore où je suis, qui je suis, et ce que je fais. Hélas ! Mon pauvre argent, mon pauvre argent, mon cher ami, on m'a privé de toi ! Et, puisque tu m'es enlevé, j'ai perdu mon support, ma consolation, ma joie ; tout est fini pour moi, et je n'ai plus que faire au monde ! Sans toi, il m'est impossible de vivre. C'en est fait, je n'en puis plus, je me meurs, je suis mort, je suis enterré ! N'y a-t-il personne qui veuille me ressusciter me rendant mon cher argent, ou en m'apprenant qui l'a pris ? Euh ! Que dites-vous ? Ce n'est personne. Il faut, qui que ce soit qui ait fait le coup, qu'avec beaucoup de soin on ait épié l'heure ; et l'on a choisi justement le temps que je parlais à mon traître de fils. Sortons. Je veux aller quérir la justice et faire donner la question à toute ma maison : à servantes, à valets, à fils, à fille, et à moi aussi. Que de gens assemblés ! Je ne jette mes regards sur personne qui ne me donne des soupçons, et tout me semble mon voleur. Eh ! De quoi est-ce qu'on parle là ? De celui qui m'a dérobé ? Quel bruit fait-on là-haut ? Est-ce mon voleur qui y est ? De grâce, si l'on sait des nouvelles de mon voleur,
je supplie que l'on m'en dise. N'est-il point caché là parmi vous ? Ils me regardent tous et se mettent à rire. Vous verrez qu'ils ont part, sans doute, au vol que l'on m'a fait. Allons, vite, des commissaires, des archers, des prévôts, des juges, des gênes, des potences et des bourreaux ! Je veux faire pendre tout le monde ; et, si je ne retrouve mon argent, je me pendrai moi-même après ! »

Que d’inquiétudes ! Que d’angoisses ! Que de soupçons ! Comment mieux exprimer les passions de celui qui n’a de vie, de cœur, d’amour que pour le monde et l’argent…

Alors que…Alors que l’Evangile exprime, par contre, merveilleusement, la liberté, l’aisance, la paix de celui qui met en Dieu son espérance.

« Oui je vous dis : « Ne soyez pas inquiets pour votre vie, de ce que vous mangerez ; ni pour votre corps de ce qui vous vêtira…La vie n’est-elle pas plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement…Regardez les oiseaux du ciel…Il ne sèment ni ne moissonnent et ils n’amassent pas dans les greniers et votre père céleste les nourrit…. »

Oui vraiment « un jour vaut mieux dans vos parvis que mille ans ailleurs »…Dans vos parvis…dans votre demeure, dans votre maison, sous votre protection.

Et le reste du récit évangélique donne même enseignement : « Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ? Qui d’entre vous, n avec toute son intelligence, peut ajouter une coudée à sa taille ? Et du vêtement pourquoi vous inquiéter ? Considérez les lis des champs, comme ils croissent. Ils ne travaillent pas et ne filent pas. Je vous dis cependant que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, ne fut vêtu comme l’un d’eux. Si donc l’herbe des champs, qui est aujourd’hui et que demain on jettera au feu, est ainsi vêtue par Dieu, combien plus vous-mêmes ; hommes de peu de foi ! Ne vous inquiétez donc pas en disant : qu’allons nous manger ou qu’allons nous boire, ou de quoi nous vêtirons-nous ? Car c’est là tout ce que les païens recherchent. Mais votre Père sait que vous avez besoin de tout cela. Cherchez tout d’abord le Royaume de Dieu et sa justice et tout cela vous sera donné par surcroît ».

Oui vraiment : « Un jour vaut mieux dans vos parvis que mille jours ailleurs ».

Alors je comprends que l’Introït puisse dire, tout au début : « Voyez, Regardez la face de votre oint… », Vous êtes notre seul « protecteur ». « Aspice » : regardez, soyez tourné vers, prenez en compte, considérez avec attention votre oint ».
« Respice » : regardez, retournez vous, arrêtez vos regards, regardez favorablement votre « oint ». Ou encore protégez, veillez sur…regardez…
Oui je comprends que mon âme puisse aspirer, soupirer même à une telle protection dans les parvis du Seigneur.
Oui je comprends alors que l’Ecriture Sainte me fasse dire dans le Graduel de cette messe : « Mieux vaut se confier dans le Seigneur que se confier dans les hommes ». « Mieux vaut mettre son espoir dans le Seigneur que de mettre son espoir dans les princes ».

Oui ! Il est v rai ce chant de l’Alleluia : « Venez chantons joyeusement le Seigneur. « Venite Exultemus Domino ». Acclamons Dieu, notre Sauveur ». « Jubilemus Deo salutari nostro ».
« Videte quoniam suavis est Dominus ». « Voyez comme est suave, bon le Seigneur ». C’est le chant de l’Offeroire.


B- Le centenaire de la naissance de Mgr Lefebvre.

En l’honneur de l’anniversaire de la naissance de Mgr Lefebvre, son centième anniversaire, et pour attirer votre attention et bien préparer le prochain rendez-vous du 20 novembre 2005, à la Mutualité, nous vous donnons à méditer cette lettre de Mgr Lefebvre de Noël 1977. Cette lettre est particulièrement belle.

« A la veille de la fête de la Nativité de NSJC
Bien chers membres de la Fraternité, Prêtres, Frères, Sœurs, Oblates,
C’est tous les jours que je voudrais vous écrire pour vous encourager à persévérer et à croître dans votre sainte vocation. Car vous avez été appelés, choisis par Notre Seigneur pour L’aimer, Le servir, Le faire connaître autour de vous, répandre ses grâces de rédemption par vos sacrifices, par vos prières, par le saint sacrifice de la Messe, par l’accomplissement continuel de la sainte volonté de Notre Seigneur.
Quel consolation, quel soutien dans notre vie d’ici-bas de reconnaître et d’étendre la Royauté de notre bien aimé Sauveur. Tandis que cette Royauté est aujourd’hui plus que jamais diminuée, réduite, méconnue, méprisée même par ceux qui ont pour charge de la proclamer, c’est une grâce insigne que d’être, en ce monde pervers, l’écho de la voix de l’Archange, des Anges, des Apôtres, des Martyrs, des Confesseurs : « genuit puerpera Regem cui nomen aeternum », une Vierge « a enfanté le Roi dont le nom est éternel ».
Toute notre Fraternité est au service de ce Roi, elle n’en connaît pas d’autre, elle n’a de pensée, d’amour, d’activité que pour Lui, pour son Règne, sa gloire et l’achèvement de son œuvre rédemptrice sur la terre.
C’est aussi ce qui fonde son attitude au milieu des événements qui ébranlent l’Eglise, depuis vingt ans spécialement. Née dans cette période de confusion, de destruction des réalités les plus sacrées, elle ne pouvait qu’être persécutée par les démolisseurs de l’Eglise ; tout ce qui a été entrepris contre elle a eu pour motif son refus d’accepter la diminution de la Royauté de Notre Seigneur Jésus Christ. Cette Royauté s’exprime avec splendeur dans la liturgie traditionnelle, elle s’affirme dans la Théologie et dans toutes les sciences sacrées, dans le Droit public de l’Eglise.
Mais elle offusque et gêne les Princes de ce monde, parce qu’elle met des limites à leur licence, parce qu’elle chasse les ténèbres des erreurs et force à la loi d’amour de Dieu et du prochain ; par un mystérieux aveuglement des hommes d’Eglise occupants les plus hautes fonctions ont eu l’inconcevable dessein d’accepter le fruit défendu proposé par l’homme moderne : reduire l’Eglise au droit commun et ainsi découronner Notre Seigneur Jésus-Christ.
Accepter la suppression de la Fraternité, du Séminaire, ne plus conférer les ordinations, c’était coopérer à ce dessein diabolique. C’était accepter de détruire un rameau de l’Eglise, légitimement inséré et en pleine vigueur, donnant d’excellents fruits. Nous ne pouvions que refuser qu’on nous applique les mauvaises réformes qui ont desséché la plupart des rameaux de l’Eglise devenus stériles.
Obéir à ces ordres, c’était désobéir à notre foi dans la royauté de Jésus et de Marie, c’était désobéir à la foi de l’Eglise, foi immuable, foi définitive. C’est donc pour demeurer dans l’obéissance qu’il nous fallait rejeter ces ordres arbitraires et inspirés par le mauvais esprit.

Certes, ce n’est pas sans stupéfaction ni douleur que nous constatons ces faits, mais pour demeurer dans la foi, pour sauver l’honneur de notre seul Seigneur et Roi Jésus-Christ, fils de Dieu, Dieu éternel, nous ne pouvons pas nous préoccuper de nos sentiments ; nous n’en avons plus qu’un, celui de la loyauté et de la fidélité, quoi qu’il arrive, quoi qu’il advienne.
C’est la seule voie qui nous assure les bénédictions de notre Sauveur et de sa sainte Mère. C’est parce que nous sommes des zélateurs du Règne de notre Roi que nous gardons fidèlement tout ce qui a été suscité par l’Esprit-Saint dans l’Eglise pour exprimer et réaliser ce Règne. Comment ce que l’Eglise a exprimé et fait au cours de vingt siècles pourrait n’être plus vrai ni efficace aujourd’hui, quand il s’agit de réalités éternelles ?
Voilà ce qui donne à l’œuvre de la Fraternité une assise immuable. Cette solidité elle la puise dans l’Eglise, qui la trouve elle-même dans le seul fondement qui soit éternel : NSJC.
Chers membres de la Fraternité, ne cherchez pas autre chose dans la Fraternité et dans sa ligne de conduite. Toutes les critiques, de quelque côté qu’elles viennent ne peuvent que se briser contre ce fondement qui a toujours été celui de l’Eglise.
Ces quelques considérations vous étaient sans doute déjà connues, mais, hélas, les difficultés qui s’élèvent dans les milieux traditionalistes m’invitaient à réaffirmer nos principes clairement.
Les principes répondent implicitement aux questions oiseuses qui sont souvent posées dans ces milieux : que penser de la messe nouvelle ? que pensez du Pape ?
La messe nouvelle ne répondant pas plus d’une manière évidente à la divinité et à la royauté de Notre Seigneur, adoptant une atmosphère empestée par les principes protestants, il faut tout faire pour s’en abstenir et favoriser la vraie messe catholique pour le rite latin. Mais cela n’implique pas que cette messe soit intrinsèquement hérétique et invalide. L’assistance à cette messe ne devrait être qu’exceptionnelle et sans participation active. S’exposer à diminuer sa foi et même à la perdre en assistant fréquemment ou régulièrement à cette messe ne peut se faire sans faute.
Il est certain que le pape est imbu des principes libéraux. C’est la cardinal Daniélou lui-même qui l’affirme, et son autre ami et confident Jean Guitton. Et il semble bien que cette déplorable influence suffit à expliquer les malheureuses incohérences et contradictions du pape et de son entourage. Si ce fait certain nous interdit de le suivre quand il agit ou parle en conformité avec ces erreurs, cela ne doit pas nous conduire à l’irrespect et au mépris, ne serait-ce qu’en considération du Siège de Pierre qu’il occupe. Nous devons prier pour lui afin qu’il affirme uniquement la Vérité et qu’il travaille exclusivement à l’établissement du Règne de Notre Seigneur.
Evitons les prises de position extrêmes qui ne correspondent plus à la réalité mais à des a priori, qui troublent inutilement les consciences sans les éclairer. Evitons le zèle amer que condamne sain t Pie X dans sa première encyclique : « Pour que ce zèle à enseigner produise les fruits qu'on en espère et serve à former en tous le Christ, rien n'est plus efficace que la charité; gravons cela fortement dans notre mémoire, ô Vénérables Frères, "car le Seigneur n'est pas dans la commotion" (36). En vain espérerait-on attirer les âmes à Dieu par un zèle empreint d'amertume; reprocher durement les erreurs et reprendre les vices avec âpreté cause très souvent plus de dommage que de profit. Il est vrai que l'Apôtre, exhortant Timothée, lui disait : "Accuse, supplie, reprends, mais il ajoutait : en toute patience" (37). Rien de plus conforme aux exemples que Jésus-Christ nous a laissés. C'est lui qui nous adresse cette invitation : "Venez à moi, vous tous qui souffrez et qui gémissez sous le fardeau, et je vous soulagerai" (38). Et, dans sa pensée, ces infirmes et ces opprimés n'étaient autres que les esclaves de l'erreur et du péché. Quelle mansuétude, en effet, dans ce divin Maître ! Quelle tendresse, quelle compassion envers tous les malheureux ! »
C’est pourquoi il nous est impossible d’approuver l’attitude de ceux qui n’ont que des paroles amères pour leur prochain, qui le jugent témérairement et sèment ainsi la division entre ceux qui soutiennent le même combat. .
Il est également vrai que nous ne pouvons comprendre ceux qui énervent et dissolvent les énergies morales et spirituelles en minimisant l’importance de la prière, et de la vraie dévotion à la Très Sainte Vierge, en étant faibles dans le combat spirituel, toujours prêts à des compromis préférant plaire aux hommes plutôt qu’à Dieu. Ceux-là ne sont pas les héritiers des martyrs, ils préfèrent sacrifier la vérité et notre Seigneur lui-même plutôt que de déplaire aux persécuteurs, surtout si ces persécuteurs sont les dignitaires de l’Eglise.
Combien je souhaite que la Fraternité ne se laisse tenter ni par la première ni par la seconde tendance. Soyons catholiques, vrais chrétiens, imitateurs de Notre Seigneur qui a répandu son sang pour la gloire de son Père et pour le salut de ses frères. Gardons nos âmes dans la patience, dans la douceur, l’humilité, et aussi dans la force et la fermeté de la foi.
Nos maisons, nos prieurés et surtout nos séminaires doivent respirer cette atmosphère de charité et de dévotion envers notre divin Roi, d’entente fraternelle, d’accueil loyal et cordial ».
Tels sont les principes qui animent depuis toujours la Fraternité au milieu des vicissitudes de cette époque douloureuse que traverse l’Eglise. Et après avoir données encore pour les prêtres quelques conseils plus particuliers et personnels, il concluait cette lettre : « Dans la mesure où nous ne serons que dispensateurs de la doctrine de l’Eglise et de ses mystères comme l’ont fait pendant vingt siècles tous les évêques et prêtres fidèles à l’Eglise, dans cette mesure notre apostolat sera estimé et réclamé par les âmes droites et pures, et toutes les attaques se briseront sur cette fidélité, parce qu’elle est la fidélité de l’Eglise.
Que saint Pie X veille sur notre Fraternité ».
+ Mgr Marcel Lefebvre.
Vous aurez remarqué, je pense, la force de quelques belles expressions, celles-là, en particulier :
« Accepter la suppression de la Fraternité, du Séminaire, ne plus conférer les ordinations, c’était coopérer à ce dessein diabolique. C’était accepter de détruire un rameau de l’Eglise, légitimement inséré et en pleine vigueur, donnant d’excellents fruits. Nous ne pouvions que refuser qu’on nous applique les mauvaises réformes qui ont desséché la plupart des rameaux de l’Eglise devenus stériles.
Obéir à ces ordres, c’était désobéir à notre foi dans la royauté de Jésus et de Marie, c’était désobéir à la foi de l’Eglise, foi immuable, foi définitive. C’est donc pour demeurer dans l’obéissance qu’il nous fallait rejeter ces ordres arbitraires et inspirés par le mauvais esprit. »
J’aime particulièrement cette pensée.