Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

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Du 11 au 17 septembre

Dix sétiéme Dimanche après la Pentecôte

 


A- Homélie du Dimanche .

 

" Beati immaculati in via qui ambulant in lege Domini ".
Bienheureux ceux qui sont immaculés et qui marchent ainsi dans la loi du Seigneur, selon la loi du Seigneur ".
Et cette loi quelle est-elle ? La réponse est immédiate. C'est la loi de la miséricorde. C'est clairement dit toujours dans l'Introït : " Fac cum servo tuo secundum misericordiam tuam ". " Agis avec ton peuple selon ta miséricorde ", ou encore " sois pour ton peuple selon ta miséricorde ". Le verbe " facere " est un verbe au sens riche et divers. Il peut vouloir aussi bien dire : " agir " - on dira en ce sens " facere amice ", " agir en ami " - que " être ", être pour ou contre quelqu'un ou quelque chose.

Voilà le thème de cette messe du 17e dimanche après la Pentecôte.

C'est la miséricorde qui est la loi du Seigneur, la grande loi, son mode d'être à lui, sa manière d'agir. La charité est sa loi, parce qu'elle d'abord son essence. Elle est sa loi avant que d'être la notre. Aussi est-il heureux le peuple qui a pour Dieu, un tel Seigneur. " Beati gens cuius est Dominus Deus ". C'est le chant du Graduel.

Essayons de méditer les œuvres de cette miséricorde qui sont explicitées dans les textes de cette messe.

Oui ! Bienheureux le peuple que le Seigneur a choisi, dans sa bonté, pour être son bien, sa propriété, son héritage. " …quem elegit Dominus in hereditate sibi ". C'est encore dans le Graduel.

Oui ! Bienheureux ce peuple, parce que Dieu en prend soin, selon sa miséricorde, parce qu'il agit avec lui en toute miséricorde. Il le gouverne, le guide, le conduit non point avec rigidité et rigueur mais bien selon sa miséricorde.

Oui ! Heureux est-il ce peuple parce qu'il est conduit selon ce mode fait de bonté, de miséricorde, de paternité.

Oui ! Heureux ce peuple parce qu'il est engendré par cette paternité divine faite d'unité, faite de puissance.

Faite d'unité en raison d'un seul baptême, animé d'une même et unique foi, d' une même et unique espérance. C'est l'enseignement de l'Epître.

Oui ! Paternité divine, une. Génération spirituelle, une. Une vie nouvelle, une, fruit du seul et même baptême … qui est l'œuvre de miséricorde par excellence, en tant qu'il communique le bien ineffable de Dieu, la participation à sa propre nature. Œuvre baptismale, œuvre par excellence de la miséricorde. Ce n'est point selon nos mérites que nous avons été faits enfants de Dieu, mais par pure miséricorde, par pur don gratuit. Saint Paul est formel dans cet enseignement. Citons son Epître aux Ephésiens : " Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont il nous a aimés, et alors que nous étions morts par nos offenses, nous a rendu vivants avec le Christ. C'est par grâce que vous êtes sauvés ; il nous a ressuscité ensemble et nous a fait asseoir ensemble dans les cieux en Jésus-Christ, afin de montrer dans les siècles à venir l'infinie richesse de sa grâce par sa bonté envers nous en Jésus-Christ. Car c'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi ; et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu ; ce n'est point par les œuvres, afin que nul ne se glorifie. ". (Eph 2 4-7)

Heureux ce peuple qui n'a qu'un seul Seigneur, " unus Dominus ", et un seul Maître et qui vit, ainsi dans cette unité, unité qui est aussi une œuvre de miséricorde. Rien n'est plus heureux pour un peuple que cette unité de gouvernement, cette unité de Seigneurie. Ainsi ce Dieu de miséricorde nous préserve de la division qui est le plus grand des malheurs et qui est trop souvent la loi des humains. Les humains cultivent, du reste, toute division. Les régimes politiques conçus par les humains fomentent même la division, l'engendrent même, la veulent…Le régime des partis… le régime à mille têtes…Le régime de la dialectique voulue, suscitée, comme si le bien, le vrai pouvait sortir de la seule confrontation voulue pour elle-même. Tout cela engendre la confusion, la discorde, l'opposition, les oppositions.

Oui ! Heureux le peuple qui n'a qu'un Seigneur et Maître, unus Dominus, un seul Pasteur.

Heureux ce peuple parce qu'il n'écoute qu'une voix, sa voix, une seule voix…la
Voix du Bon Pasteur.

Heureux ce peuple parce ce Bon Pasteur marche devant lui. Il est le chef bien aimé…dont la voix est aimée. Il est le " Verbum ", la parole, la Révélation de Dieu, l'unique Révélateur.

Heureux ce peuple parce que ce bon Pasteur est non seulement le guide, le chef. Il est la porte même : " Je suis la porte des brebis ", dit-il lui-même, un jour dans cette belle parabole du Bon Pasteur.
Il est la porte du salut, œuvre éminente de miséricorde : " Je suis la porte. Qui entrera par moi, sera sauvé ".

Heureux ce peuple qui " en Lui " trouve sa pâture. " Il entrera et sortira et trouvera sa pâture ".

Heureux ce peuple qui, par Lui, est libre. " Il entrera et sortira " : cela exprime la liberté des enfants de Dieu. Liberté des enfants de Dieu qui est encore une œuvre de miséricorde.

Heureux ce peuple qui a un tel pasteur. Quelle miséricorde de le lui avoir donné ! " Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie et l'aient en abondance " (Jn 10 10)

Heureux ce peuple qui a un tel pasteur qui a su donner sa vie pour ses brebis. " Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis ". Don de sa vie, Oeuvre de miséricorde.

Heureux ce peuple qui a un tel Pasteur. Il est sous bonne garde, une garde fidèle, courageuse, déterminée, vaillante, constante, forte. Il n'est pas comme le " berger à gages ".. " Le berger à gages qui n'est pas le pasteur et à qui n'appartiennent pas les brebis, voit-il venir le loup, il laisse là les brebis et il se sauve et le loup les emporte et les disperse ".
Le Bon Pasteur, lui, n'agit pas comme cela, car les brebis lui appartiennent. Il les a payé assez cher, du reste…de son propre sang, de son sang versé, un soir, sur le Golgotha… Et durant sa vie, le Bon Pasteur, il le dit lui-même, " a veillé sur chacune " : " J'ai veillé sur eux et aucun d'eux ne s'est perdu sauf le fils de perdition pour que l'Ecriture s'accomplisse ".

Heureux ce peuple avec un tel Pasteur, avec un seul Pasteur. " Il y aura un seul troupeau et un seul Pasteur ", un seul troupeau parce qu'un seul pasteur, un seul troupeau qui écoute la voix du seul Pasteur. " Les brebis écoutent sa voix ". Les brebis, à lui, il les appelle une à une et les fait sortir…parce qu'elles connaissent sa voix " Il a le souci des brebis parce qu'il est miséricordieux. Il est bon. Elles sont son bien, son héritage.

Heureux les " gens " qui ont pour Dieu le Seigneur ".

Heureux le peuple que le Seigneur a choisi pour son héritage, " in hereditatem sibi ".

Oui !Heureux ce peuple avec un tel Pasteur, bon et miséricordieux.

Mais tout également puissant et divin, tout à la fois.

De sa parole, il a établi le firmament, nous fait chanter le Graduel. " Verbo Domini caeli firmati sunt ". Par sa parole, il fit le ciel et la terre et par le souffle de sa bouche, toutes les puissances célestes. " Spiritu oris eius, omnis virtus eorum ", " par le souffle de sa bouche toutes les puissances célestes ". Il est le Tout Puissant. Et c'est ainsi qu'Il est " super omnes ", nous dit Saint Paul dans l'épître de ce dimanche. Il est au dessus de tout. Il est " per omnia ", à travers tous et Il est " in omnibus nobis ", " Il est en nous tous ".

Heureux ce peuple qui vit sous une telle puissance.
Il est bon miséricordieux . Il est tout puissant. La miséricorde, du reste, est un signe de puissance. La rudesse, un signe de faiblesse.

Il est aussi divin. C'est ce que l'Evangile veut nous apprendre dans ce dialogue fameux entre Notre Seigneur et les pharisiens. " Quelle est votre avis sur le Messie. De qui est-il le fils " ? Ils lui répondirent : " de David ". Il leur dit : " Comment se fait-il donc que David, sous l'inspiration, l'appelle Seigneur quand il dit : " le Seigneur a dit à mon Seigneur : Siège à ma droite jusqu'à ce que j'aie placé tes ennemis comme un escabeau sous tes pieds ". Si David l'appelle Seigneur, comment donc est-il son fils ? "
La seule explication est l'affirmation de la double nature du Messie, il est à la fois Dieu et Homme.

Ainsi parce que ce seul Seigneur est tel : bon, miséricordieux, puissant parce que divin, je chanterai, comme Saint Paul nous y invite encore en ce dimanche, sa bénédiction : " Qui est benedictus in saecula saeculorum. Qu'il soit béni à jamais.

Et si cette unité est le fruit de son gouvernement, de son " pastorat ", " unus Dominus ", elle est aussi le fruit de son enseignement que me communique la foi. " Una fides ". Cet enseignement, son enseignement est un parce qu'il porte sur Dieu qui est un et sur Jésus-Christ qui n'est pas divisé non plus. Et qui est l'envoyé du Père, qui est l'unique Révélateur du Père. Révélation qu'Il a donné aux seuls Apôtres qui ont tout enseigné et dans la Tradition orale et dans la Tradition écrite, qui ont tout transmis. " Ce qui était dès le commencement, nous dit Saint Jean, l'Apôtre bien aimé, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de Vie, Car la vie s'est manifestée, Nous l'avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette vie éternelle qui était auprès du Père et qui nous est apparue.. Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons afin que vous aussi soyez en communion avec nous. Quant à notre communion, elle est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ. Tout ceci nous vous l'annonçons pour que votre joie soit complète ".

Ainsi sous ce gouvernement bon et puissant, à la lumière de cette révélation toute divine, transmise fidèlement par les Apôtres, gardée dans l'unité par l'Eglise, nous ne formons qu'un seul corps, nous n'avons qu'un seul esprit, nous partageons qu'une même espérance, même espérance qui a sa source en la même miséricorde. Ecoutons Saint Pierre dans sa Ier Epître : " Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ qui, dans sa grande miséricorde nous a régénérés par la Résurrection de Jésus-Christ d'entre les morts pour une vivante espérance, pour un héritage exempt de corruption, de souillure, de flétrissure et qui vous est réservé dans les cieux, à vous qui, par la foi, la puissance de Dieu, garde pour le salut prêt à se révéler au dernier moment ".

Dès lors, animés d'une même foi, d'une même espérance, fondés sur une même Seigneurie qui est animée d'une telle bonté miséricordieuse, agissons de même, dans la bonté et la miséricorde.


B- En l'honneur de la fête de l'Exaltation de la sainte Croix.


Cette très belle méditation de saint Bonaventure

Saint Bonaventure
Ordre des Frères Mineurs, Cardinal-Évêque d'Albano
Louanges en l'Honneur de la Sainte Croix

Souvenez-vous de la Croix sainte, ô vous qui menez une vie parfaite, trouvez-y en tout temps votre bonheur.
Souvenez-vous de la Croix sainte ; qu'elle soit l'objet de vos méditations sans jamais vous en lasser.
Demeurez sur la Croix avec Jésus, votre Maître, tant que vous êtes en cette vie, sans jamais hésiter un instant.
Ne ralentissez point votre course, ne vous laissez point aller à la tiédeur, mais, au contraire, croissez en l'amour de la Croix, et que votre coeur s'embrase de son désir.
Aimez la Croix : c'est la lumière du monde, et Jésus-Christ sera votre guide durant les siècles éternels.
Environnez votre corps de la Croix; unissez-le à la Croix d'une manière inséparable, et que votre main en imprime partout la trace.
Que votre coeur soit sur la Croix; que la Croix soit en votre coeur; qu'elle le trouve sans aucune tache et qu'elle y fasse régner la paix.
Que votre langue devienne une croix ; qu'elle enseigne et célèbre la Croix sans jamais se fatiguer.
Que la Croix soit en votre coeur, qu'elle soit en votre bouche ; qu'elle vous fasse goûter sa douceur et vous pénètre de sa suavité.
Que la Croix règne sur vos membres, et qu'en vous l'homme ne possède rien où son empire ne soit établi.
Que la Croix absorbe tout votre coeur; qu'il soit ravi en elle par un incendie d'amour.
Que les combats de la chair disparaissent ; que votre âme soit crucifiée tout entière dans les délices de l'esprit.
Portez un amour spécial, rendez un hommage singulier à la Croix d'où vous vient le salut. Efforcez-vous de l'aimer de toute l'ardeur de votre âme, de toute la puissance de vos forces.
Que cette Croix glorieuse soit l'objet de vos études ; faites-en le lieu de votre demeure avec une joie sans limites.
Avec Jésus, soyez attaché à la Croix, afin que vous puissiez ainsi parvenir avec lui dans les Cieux.
Cherchez la Croix, cherchez les clous, cherchez les mains et les pieds qu'ils ont transpercés, cherchez l'ouverture du côté de Jésus.
Et là, réjouissez-vous; là, faites entendre sans réserve et autant qu'il sera en vous les accents d'une allégresse et d'une louange suprêmes.
Voici une alliance qui doit être inébranlable : que la Croix précède chacun de vos actes, et ils vous seront toujours profitables.
La Croix est un remède excellent contre les traits de démon, un remède vraiment salutaire.
Soyez tout en la Croix de Jésus, avec un dévouement sans limites, avec des accents de bonheur.
La Croix défend le serviteur de Dieu; elle le prend par la main et lui montre la voie qui conduit à la vie.
Lorsque la tentation et les chagrins viendront fondre sur vous ; lorsque vous serez abandonné, presque vaincu, et en proie à toutes les angoisses, oh ! alors, empressez-vous, hâtez-vous avec un soin pieux de fortifier votre front du signe de la croix.
Durant votre repos, au milieu du travail, dans l'allégresse et dans les larmes, dans la douleur et dans la joie; que vous alliez , que vous veniez; dans les consolations et les peines, que la Croix soit en votre coeur.
Au milieu des tribulations de tout genre, dans l'affliction et les calamités, la Croix est un remède souverain.
Dans les peines et les tourments , la Croix est la douceur qui récrée l'âme pieuse ; elle est son refuge assuré.
La Croix est la porte du ciel. Les saints ont mis en elle leur confiance, et ils ont été partout vainqueurs.
La Croix est la médecine du monde ; c'est par elle que la bonté divine a opéré des merveilles.
La Croix est le salut des âmes; elle est la lumière véritable et brillante, le baume qui réjouit les coeurs.
La Croix est la vie des bienheureux ; elle est le trésor des parfaits ; elle est leur gloire et leur félicité.
La Croix est le miroir de la vertu; elle est le guide glorieux du salut et toute l'espérance des fidèles.
La Croix est l'étendard d'honneur des élus ; elle est leur consolation et tout leur désir.
La Croix est un vaisseau; elle est un port; elle est un jardin de délices, où tout fleurit avec éclat.
La Croix est une armure impénétrable ; elle est un rempart assuré contre lequel le démon voit se briser ses efforts.
La Croix est un arbre magnifique, arrosé par le sang de Jésus-Christ, et abondant en fruits de toute espèce.
C'est par là que l'âme s'arrache de l'abîme, qu'elle se nourrit des célestes aliments dont jouissent les habitants de la patrie.
Oh! quel sera votre bonheur si, dès maintenant et durant votre vie mortelle, vous dirigez toutes vos pensées vers la Croix !
Oui ! vous serez heureux sans fin, vous qui courez à la recherche de la Croix sainte, si la persévérance couronne vos efforts.
Cherchez donc la Croix; portez la Croix; contemplez la Croix de Jésus-Christ jusqu'à languir d'amour.
Regardez la Croix avec une foi profonde; mettez en elle une confiance sans limites, tant que vous demeurerez en cette vie.
Faites de la Croix l'occupation de vos pensées ; efforcez-vous de lui plaire en votre âme et de la porter en votre coeur.
C'est un travail salutaire de consacrer à la Croix son coeur, sa bouche et ses oeuvres.
Sept fois, durant le jour, souvenez-vous, mon frère bien-aimé, de la Passion du Seigneur.
C'est par elle que nous avons été délivrés ; par elle que la vie éternelle nous est donnée, et que nous jouissons de la céleste lumière.
Si vous l'aimez, si vous la vénérez, offrez-lui vos hommages avec un soin empressé à des moments déterminés.
Célébrez-la au milieu de la nuit, au lever du soleil, à la troisième, à la sixième et à la neuvième heure du jour ; célébrez-la le soir et avant votre sommeil.
Célébrez-la assis, debout, couché, dans le silence et dans vos entretiens, et lorsque, fatigué, vous goûtez les douceurs du repos.
Cherchez Jésus en qui se trouve votre espérance ; portez-le, crucifié en votre coeur, en quelque lieu que vous soyez. Reposez avec empressement votre esprit sur Jésus-Christ souffrant, et compatissez à ses douleurs.
O chrétien! pleurez la mort de Jésus ; pleurez-la le soir et le matin, et que votre bonheur réside en vos larmes.
Combien le Roi des cieux s'est humilié ! Combien il s'est abaissé afin de sauver le monde !
Il a enduré et la soif et la faim ; il a vécu dans la misère et dans les privations, et il est mort. sur un gibet.
Souvenez-vous de sa pauvreté, de ses abaissements profonds et de son effroyable supplice.
Si vous voulez faire usage de votre raison, rappelez-vous ce supplice, rappelez vous et l'absinthe et le fiel.
Lorsque celui qui est infini fut conduit et suspendu à la Croix, en ce moment ses Disciples prirent la fuite.
On perça ses pieds et ses mains ; on l'abreuva de vinaigre; et il était le Roi suprême des siècles!
Ses yeux, qui répandent le bonheur, se sont obscurcis sur la Croix, et son visage s'est couvert d'une pilleur effrayante.
Aucune beauté ne demeura en son corps nu et dépouillé, et tout éclat disparut.
C'est à cause des péchés des hommes que sa chair fut déchirée au milieu des horreurs de la flagellation.
Ses membres se roidirent au milieu de tourments effroyables et des blessures profondes dont ils furent couverts.
En proie à des douleurs cruelles, sur la Croix il pleura et il rendit l'esprit.
Pleurons aussi et soupirons ; pleurons du fond de notre coeur, comme on pleure sur un fils unique.
O vous qui entendez ces choses, gémissez amèrement et mêlez à ces douleurs les amertumes et la tristesse de votre âme.
Livrez votre corps aux angoisses, remplissez votre coeur d'affliction ; que votre esprit se brise et que votre main se repose sur les plaies sacrées de Jésus expirant.
Contemplez l'homme de douleurs; il est le dernier des hommes, et, dans le supplice, il demeure inébranlable.
Qu'il nous soit doux, qu'il nous soit cher de mourir
avec lui sur la Croix et de partager l'ignominie de ses tourments.
Lorsque vous êtes plongé dans l'affliction, lorsque la désolation vous assiège et que, vaincu, vous vous sentez presque défaillir ;
Alors pensez aux douleurs de Jésus ; rappelez-vous ses peines et ses chagrins cruels, les crachats dont il fut couvert, les injures dont il fut l'objet.
O bon frère ! quoique vous fassiez, contemplez les blessures de Jésus crucifié et soyez-lui toujours compatissant.
Qu'en tout temps ces plaies soient pour votre âme comme des mets délicieux; jouissez-en avec bonheur.
O Jésus crucifié! rendez-moi fort afin que, durant ma vie entière, je me plaise à pleurer votre mort.
Je veux être avec vous couvert de blessures ; je désire, dans l'ardeur de mon âme, vous embrasser sur la Croix.
Répandez en moi la douleur, comme la rosée du matin, afin que je pleure sur vous, ô Jésus mon rédempteur, afin que vous renaissiez en mon coeur.
Non, vous ne me cacherez pas ces cicatrices bienheureuses, ces cicatrices qui sont à vous à tant de titres; mais vous me les montrerez avec amour existantes en vous-même.
Que tout ce que je viens d'exprimer soit à l'honneur de Jésus crucifié; qu'il soit à sa louange et à sa gloire ;
Afin que ce roi triomphant des cieux daigne m'accorder le pardon des fautes dont mon coeur est souillé.
Ainsi soit-il
source: http://www.abbaye-saint-benoit.ch/bibliotheque.htm