Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

06 80 71 71 01

 

Du 6 au 12 Novembre

25ème dimanche après la Pentecôte (5ème dimanche après l’Epiphanie)

 

A- Homélie : « par-dessus tout, ayez la charité ».

Voici l’épître de ce dimanche. Elle est tirée de l’Epître de saint Paul aux Colossiens.

« Frères, revêtez-vous, comme des élus de Dieu, saints et bien aimés, d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience, vous supportant les uns les autres, et vous pardonnant mutuellement si quelqu’un a grief contre autrui. Comme le Seigneur vous a pardonné, pardonnez, vous aussi. Par-dessus tout cela, ayez la charité qui est le lien de la perfection. Et que la paix du Christ, à laquelle vous avez été appelés en un seul corps, règne dans vos cœurs. Soyez reconnaissants. Que la parole du Christ habite en vous abondamment, en toute sagesse ; instruisez-vous et exhortez-vous les uns des autres en des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels, chantant à Dieu dans vos cœurs, sous l’action de la grâce. Quoi que vous fassiez, en parole ou en acte, faites tout au nom du Seigneur, Jésus-Christ, en rendant grâces à Dieu le Père, par Jésus-Christ Notre Seigneur ». (Col 3 12-17)

Homélie :

« Par-dessus tout cela, ayez la charité ».
Quelle belle épître !
Quel bel enseignement !
Comme il est opportun!
Comme il est opportun aujourd’hui de rappeler cet enseignement à une époque précisément où la charité d’un grand nombre se refroidit…
« Caritatem habete ». « Ayez la charité »
« Estote grati ». « Soyez reconnaissant ». Soyez dans l’action de grâce.

Ayez la charité. Entretenez en votre âme, la charité, c’est-à-dire l’amour de Dieu…

Mais Dieu n’a-t-il pas fait assez pour nous manifester sa charité…Pouvait-il faire plus ? Pouvait-il faire davantage qu’Il a fait…Enfin ! Tout de même…Que pouvait-il faire de plus… ? Je vous le demande.

Il s’est donné à nous, nous dit saint Bernard, « sans que nous l’ayons aucunement mérité ».
Etant ce qu’Il est que pouvait-il nous donner de meilleur que Lui-même ?

La raison principale d’aimer Dieu c’est que Lui-même nous a aimé le premier. Il est donc digne d’être aimé en retour - « Estote grati » - surtout si l’on comprend bien qui est Celui qui aime, qui sont ceux qu’Il aime et combien Il est nous aime.

Qui est-Il donc ? Il est Dieu. Il est le principe de tout. Il est la cause première de toute chose. Il est le Maître. Le Seigneur. Il est l’être souverain. Et l’amour de ce Souverain est vraiment immense puisque Il ne cherche pas son propre intérêt…mais uniquement celui de ceux qu’Il aime.

Mais qui sont ceux auxquels s’adresse une charité si pure ?

Lorsque nous étions encore ses ennemis, nous dit saint Paul, nous avons été réconciliés avec Lui », avec Dieu. Dieu a donc aimé ses ennemis et les a aimé gratuitement.

Enfin quelle a été la mesure de cet amour ?
Saint Jean nous le dit : « Dieu a tellement aimé le monde qu’Il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle » (Jn 3 16). Au principe de l’Incarnation-Rédemptrice, il y a la charité de Dieu. Le don mesure la générosité d’un cœur. Le don fut total : le Fils unique de Dieu, celui en qui Il se complait. Son amour est immense. C’est un amour de bienfaisance, de bienveillance…Il se donne pour se communiquer et être possédé… « Afin que quiconque croit en Lui, ne périsse pas mais ait la vie éternelle »…Vraiment l’amour de Dieu est un amour de bienveillance ».
Et saint Paul nous dit aussi : « Il n’a pas épargné son propre Fils, mais l’a livré à la mort pour nous ».
Et à son tour, le Fils a dit en parlant de lui-même : « Il n’est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime ».

Tels sont les mérites que le juste s’est acquis auprès des coupables.
Tel est l’amour de Dieu pour d’infimes créatures.
Tel est l’amour du tout-puissant pour notre extrême faiblesse.
Tel est l’amour de Dieu qui est venu au secours des hommes dans leur extrême misère.

Si l’on tient compte de cela, de ces choses, on comprend alors pourquoi il faut aimer Dieu. Je veux dire : on voit très bien quels mérites lui donnent droit à notre amour. Oui ! Dieu a mérité notre amour.

Enfin ! Tout de même… « On voit le Roi Jésus, nous dit Saint Bernard, avec le diadème dont sa Mère l’a couronné. On voit le Fils unique d Père portant sa croix. On voit le Dieu de Majesté couvert de plaies, souillés de crachat, l’auteur de la vie et de la gloire cloué au bois, percé d’un coup de lance, saturé d’opprobre et qui donne enfin pour ses amis son âme tant aimée ». (Saint Bernard) On voit tout cela et « le glaive de l’amour nous transperce le cœur ».

On voit enfin « morte la mort », « l’auteur de la mort - Satan - traîné derrière le char du triomphateur, Jésus. On voit la « captivité captive ramenée sur la terre afin qu’au nom de Jésus, tout genou fléchisse au Ciel, sur la terre, aux enfers ». On voit que la terre, qui sous l’antique malédiction ne produisait plus que ronces et chardons, refleurit et rayonne des fruits de l’Esprit Saint : la bonté, l’humilité, la douceur, la patience, la paix, la chasteté, le pardon des offenses…On voit que sa Croix et sa Charité a fait reverdir les déserts, se réchauffer les plantes gelées, revivre tout ce qui était mort…On voit tous ces fruits…. qui sont le résultat de son amour miséricordieux… ». Alors l’âme bien née doit chanter sa reconnaissance. « Estote grati ». Et cette reconnaissance est la charité de mon cœur pour Dieu.

Dieu a mérité notre amour, non seulement par son Incarnation Rédemptrice, mais également en raison du nombre infini de ses bienfaits dont nous faisons un constant usage.

Nul autre que Dieu ne nous les dispense. Nul autre que Dieu nous dispense les aliments dont nous nous nourrissons…La lumière qui nous permet de voir…L’air que nous respirons…Oui le pain, le soleil, l’air…Tout cela est dons de Dieu et mérite notre reconnaissance : « Estote grati ». Dieu mérite donc de tous et jusqu’au païen d’être aimé pour lui-même.
Une justice innée crie dans nos cœurs qu’il doit aimer de tout son être Celui auquel il se sait redevable de tout ce qu’Il est, de tout ce qu’il a…

Oui celui qui fait toutes ces réflexions voit clairement, je crois, pourquoi il doit aimer Dieu. C’est-à-dire quel amour Dieu mérite.

En effet je suis redevable de cet amour puisque non seulement je considère mon Dieu comme celui qui gratuitement m’a donné la vie, s’est fait le généreux ordonnateur, le doux consolateur et le guide attentif…puisqu’en outre, je vois en lui mon Sauveur, celui qui pour l’éternité a la bonté de conserver ma vie, de l’accomplir et de l’introduire dans la gloire.

C’est ici qu’il faut citer cet autre texte de saint Bernard, son onzième sermon de son commentaire du « Cantique des Cantiques », tout simplement magnifique :

« Quant à l’anéantissement de Dieu, je vous invite à porter votre attention sur les trois points suivants. Cet anéantissement ne fut ni simple ni médiocre : Dieu s’est anéanti lui-même jusqu’à la chair, à la mort et à la Croix. On ne peut mesurer à sa valeur l’humilité, la bonté et la condescendance du Dieu de majesté qui accepte de revêtir notre chair, d’être mis à mort, et de subir l’infamie de la croix. Mais quelqu’un pourrait ici m’interrompre pour dire : le Dieu créateur ne pouvait-il donc réparer son œuvre sans subir cet abaissement ? Certes il le pouvait, mais il préféra s’offrir à l’ignominie, afin d’ôter à l’homme l’occasion de commettre, outre ses autres péchés, le pire, le plus odieux de tous, c’est-à-dire l’ingratitude. Il a pris sur lui la plus lourde peine, afin que l’homme fût redevable du plus grand amour. La difficulté de la Rédemption devait être un avertissement pour la créature que la facilité de sa condition première n’avait pas rendue assez reconnaissante. Que disait, en effet, l’homme ingrat ? Il disait : « J’ai été créé gratuitement mais je n’ai coûté aucune peine à mon créateur. Il a prononcé une simple parole, et j’ai été créé, avec tous les êtres ensemble. Il n’y a rien de bien extraordinaire dans un don qui n’a coûté qu’un mot ». Ainsi donc rabaissant le bienfait de la création, l’impiété humaine trouvait un motif d’ingratitude là où il fallait reconnaître un motif d’amour ; et l’homme agissait ainsi pour excuser ses fautes. Mais la bouche qui proférait l’injustice a été fermée. Il est manifeste que Dieu a payé pour l’homme un prix énorme : maître, il s’est fait esclave, riche, il est devenu pauvre ; Verbe, il s’est fait chair ; et Fils de Dieu, il n’a pas dédaigné d’être le fils de l’homme. Souvenez-vous que, si vous avez été faits de rien, vous n’avez pas été rachetés de rien. En six jours, Dieu a crée toutes choses, et l’homme parmi elles. Mais l’œuvre du salut a demandé trente années entières de terrestre labeur, enduré avec quelle patience ! L’ignominie de la croix, l’horreur de la mort sont venues s’ajouter aux servitudes de la chair et aux tentations de l’Ennemi ! Il le fallait. C’est ainsi Seigneur, que tu as sauvé les hommes et les bêtes en multipliant ta propre miséricorde. ».
(ser. 11, du Cantique des Cantiques).

Que rendrais-je au Seigneur en échange de cette si grande bonté, de tous ces biens, de toutes ces grâces ?

« La raison et l’équité naturelle, nous dit encore Saint Bernard, veulent que je me donne tout entier à celui dont je tiens tout ce que je suis et m’enjoignent de l’aimer de tout mon être
Et la foi m’enseigne que je dois l’aimer d’autant plus que je comprends mieux à quel point il est au dessus de moi. Car je sais qu’Il m’a donné non seulement mon être, mais par surcroît le sien propre. Car enfin, le temps de la foi n’était pas encore venu, Dieu ne s’était pas encore manifesté dans la chair, n’était pas mort sur la croix, sorti du tombeau, retourné auprès de son Père : il n’avait pas encore donné toutes ces marques du très grand amour dont nous avons parlé longuement tout à l’heur, et déjà l’homme avait reçu le commandement d’aimer Dieu, de toute son âme, de toutes ses forces, c’est-à-dire de tout ce qu’il est, sait et peut. Dieu cependant ne se montrait pas injuste en réclamant dès lors son œuvre et ses dons. Comment l’ouvrage, s’il est doué de la faculté d’aimer, n’aimerait-il pas l’artisan qui l’a fait ? Et pourquoi ne l’aimerait-il pas de toutes ses forces, alors que ce pouvoir d’aimer lui vient
encore de ce même artisan ? De plus, il a été tiré du néant, par pure bonté, et élevé à la plus haute dignité ; cela rend plus évidente la dette d’amour et plus stricte l’obligation de s’en acquitter. Et puis, Dieu a ajouté immensément à ses bienfaits envers nous, lorsqu’il sauva les hommes et les bêtes par la surabondance de sa grâce. Je parle de nous qui avons changé notre gloire première en la ressemblance du boeuf broutant l’herbe et qui, par nos péchés, sommes devenus pareils aux bêtes privées de raison. Si déjà je me dois tout entier pour prix de ma création, qu’ajouterai-je en échange de ma réparation, et surtout de cette réparation-là ? Il n’a pas été aussi facile de me refaire que de me faire. Il est écrit, non seulement à mon sujet, mais a propos de tout ce qui a été créé : « Il dit, et les choses furent faites ». Mais celui qui pour me faire n’a eu besoin que d’une seule parole, a dû, pour me refaire, en prononcer beaucoup et accomplir des actes miraculeux et subir de dures peines : non seulement dures, mais indignes de lui. Que rendrai-je donc au Seigneur en échange de tout ce qu’il m’a donné ? Dans sa première œuvre, il m’a donné à moi-même ; dans la seconde, il s’est donné à moi et, en se donnant, il m’a rendu à moi-même. Donc, donné, puis rendu, je me dois pour prix de moi-même et je me dois deux fois. Mais que vais-je rendre à Dieu pour prix de lui-même ? Quand je pourrais me rendre mille fois, que suis-je en comparaison de Dieu ? » Amen.


B- Les Proposition du Synode.

Au titre de la simple information, - « simple information », car ce travail des évêques synodaux est loin d’être « transcendant ». On peut même être un peu déçu, si on le compare aux travaux du Concile de Trente et du catéchisme du Concile de Trente - je poursuis, la publication des «50 propositions synodales » présentées au Souverain Pontife, par les Pères synodaux, à l’issue du synode, le 23 octobre dernier. Vous trouverez là les propositions 26 à 40. Les 25 premières propositions sont sur le site Item. (Cliquez là)

J’attire, cette fois, votre attention sur les propositions 33 et 37.

Dans ces deux propositions, le prêtre est encore défini comme « président ». Il est celui qui préside la célébration eucharistique.

Dans la proposition 33, il est dit : « Le vrai sujet qui agit dans la liturgie est le Christ ressuscité et glorifié dans l’Esprit Saint. Mais le Christ inclut l’Eglise dans son action et dans le don de lui-même. Le prêtre est celui qui préside, de manière irremplaçable, la célébration eucharistique tout entière, du salut initial à la bénédiction finale ; car, dans la célébration liturgique, le prêtre, en vertu de son ordination, représente Jésus Christ, chef de l’Eglise, et à sa manière, également l’Eglise elle-même ».

Il est vrai de dire que le « prêtre, en vertu de son ordination sacerdotale, « représente » Jésus-Christ ». Mais il est faux de dire que le prêtre « préside » l’eucharistie. « Présidence », « Représentation », les deux mots sont, ici, accolés. Ils s’appellent l’un l’autre. Ils se précisent l’un l’autre. Cette « représentation » ne confère-t-elle donc au prêtre qu’un rôle de « président » ? N’est-elle qu’une « présidence » ? On retrouve là encore la définition originelle de l’article 7 –de l’ « Institutio Generalis » de la Constitution apostolique de Paul VI : « Missale romanum ».

Dans la proposition 37, il est dit : « Les pères synodaux reconnaissent la grande valeur des concélébrations, notamment celles présidées par l’évêque et ses prêtres, les diacres et les fidèles ». Là aussi on fait une nette référence à la notion de « présidence». Mais ce qui est ici très surprenant, c’est que l’on dise que cette présidence est assurée, non seulement par l’évêque, ses prêtres », on ajoute bizarrement « les diacres et les fidèles ». On les excluait de cette fonction de présidence dans l’article 33…On les retrouve ici.

J’avais abordé cette notion de présidence, d’une manière plus particulière, lorsque je me trouvais en Normandie, dans un numéro de « Nouvelles de Chrétienté ». Je viens de le relire. Je vous le redonne dans Item de cette semaine. Vous le trouverez dans « Regard sur le monde » n° 65 . (Cliquez ici)

Voici les propositions

La proposition 26

Inculturation et célébration

En vue d’une participation plus efficace des fidèles à l’Eucharistie, le Synode souhaite la promotion d’une plus grande inculturation dans le cadre de la célébration eucharistique, tenant compte des possibilités d’adaptation offertes par l’Istitutio generalis du Missel Romain, des critères fixés par la IVème Instruction de la Congrégation pour le culte divin en vue d’une juste application des constitutions conciliaires sur la liturgie de 1994, et des directives exprimées dans les Exhortations post-synodales Ecclesia in Africa, Ecclesia in Asia, Ecclesia in Oceania, Ecclesia in America. A cette fin, les conférences épiscopales assument la pleine responsabilité de développer l’inculturation en favorisant un juste équilibre entre critères et directives déjà publiés, et les nouvelles adaptations.

Proposition 27

L’art au service de la célébration eucharistique

Dans l’histoire de la célébration de la messe et de l’adoration eucharistique, l’art sacré revêt une fonction de grande importance dans ses diverses expressions à commencer par l’architecture. En effet, celle-ci transpose la signification spirituelle des rites de l’Eglise dans des formes compréhensibles et concrètes, qui illuminent la conscience, touchent le coeur et forment la volonté. En outre, l’étude de l’histoire de l’architecture liturgique et de manière plus générale de l’art sacré, de la part des laïcs, des séminaristes et surtout des prêtres, est en mesure d’éclairer la réflexion théologique, d’enrichir la catéchèse et de redonner ce goût au langage symbolique qui facilite la mystagogie sacramentelle. Enfin, une connaissance approfondie des formes que l’art a su produire tout au long des siècles peut aider ceux qui sont appelés à collaborer avec les architectes et les artistes à organiser de manière adaptée, au service de la vie eucharistique des communautés d’aujourd’hui, aussi bien les lieux de célébrations que les programmations iconographiques.
En cas de conflits entre l’aspect artistique et l’organisation de la célébration, la priorité sera donnée aux besoins liturgiques de la célébration selon la réforme approuvée par l’Eglise.

Proposition 28

Le tabernacle et son emplacement

En conformité avec l’Introduction générale du Missel Romain (cf. n.314), le Synode rappelle que le tabernacle conservant le Très Saint Sacrement doit être situé, dans l’Eglise, dans un emplacement digne, important, bien visible, bien représenté artistiquement et adapté à la prière. L’évêque sera consulté à cette fin.

Proposition 29

Eucharistie et moyens de communication sociale

Les moyens de communication sociale, y compris Internet, sont utiles à ceux qui ne peuvent pas participer à la Messe, pour des raisons d’âge ou de santé par exemple. Ils peuvent en outre toucher des baptisés qui se sont éloignés et même des non croyants. Lorsqu’on utilise les moyens de communication, il est important de célébrer l’Eucharistie dans des lieux dignes, appropriés et bien préparés. Il est rappelé que dans des situations normales, pour accomplir le commandement, la présence physique à la célébration de l’Eucharistie est nécessaire, et que suivre le rite à travers les moyens de communications ne suffit pas. En effet, le langage de l’image est représentation et ne correspond pas à la réalité elle-même.
La liturgie doit être empreinte de piété et inviter à la prière, parce que le mystère pascal est célébré. Les règles liturgiques de l’Eglise sont toujours observées, les signes sacrés mis en valeur, une attention est portée à l’aspect artistique du lieu, aux objets et aux vêtements liturgiques. Il faut faire en sorte que le chant et la musique correspondent au mystère célébré et au temps liturgique.

Actuosa participatio

Proposition 30

Dies Domini

Comme fruit de l’année de l’Eucharistie, le Synode recommande vivement de réaliser des efforts significatifs pour mettre en valeur et vivre le Jour du Seigneur dans toute l’Eglise. Il est nécessaire de réaffirmer le caractère central du Dimanche et de la célébration de l’Eucharistie dominicale dans les diverses communautés du diocèse, en particulier dans les paroisses (cf. SC 42). Le Dimanche est véritablement le jour ou l’on célèbre avec les autres le Christ ressuscité, jour saint et consacré au Créateur, jour de repos et de disponibilité. La célébration eucharistique du Dimanche est une grâce humanisante pour la personne individuelle et la famille parce qu’elle nourrit l’identité chrétienne au contact du Christ ressuscité. Le devoir d’y participer est donc triple : à l’égard de Dieu, à l’égard de soi même et à l’égard de la communauté.

Il est proposé d’aider les fidèles à considérer comme paradigmatique l’expérience de la communauté primitive et celle des générations des premiers siècles. Il est donné aux chrétiens l’opportunité, à travers la catéchèse et la prédication, de méditer sur le jour du Christ comme jour de la résurrection du Seigneur et, précisément à cause de cela, comme fête de la libération, jour donné pour goûter les bienfaits du Royaume de Dieu, jour de la joie de la rencontre avec le Vivant présent parmi nous.
Nous souhaitons donc que le Jour du Seigneur devienne également le jour des chrétiens, un jour respecté par la société tout entière par le repos du travail. Nous souhaitons qu’avec les célébrations eucharistiques du dimanche soient organisées des manifestations propres aux communautés chrétiennes, des rencontres de type amical, l’éducation à la foi pour les enfants, les jeunes et les adultes, des pèlerinages, des œuvres de charité et divers temps de prière.
Même si le samedi soir appartient déjà au Dimanche (premières vêpres), et qu’il est permis d’accomplir ses obligations dominicales en assistant à la messe anticipée, il est nécessaire de rappeler que le Dimanche est le jour qui doit être sanctifié, afin qu’il ne soit pas « vide de Dieu ».


Proposition 31

La Parole de Dieu dans la prière chrétienne

La célébration eucharistique est la célébration centrale de l’Eglise mais, pour la vie spirituelle d’une communauté, les célébrations de la Parole de Dieu sont également très importantes.
Ces célébrations offrent à la communauté la possibilité d’approfondir la Parole de Dieu. Il est également possible d’utiliser les formes d’approche de la Parole de Dieu qui se sont révélées valides dans l’expérience catéchétique et pastorale, comme le dialogue, le silence ou d’autres éléments créatifs comme les gestes et la musique.
Il faudrait par ailleurs recommander aux communautés les formes confirmées par la tradition, de la Liturgie des Heures, notamment les Laudes, les Vêpres, Complies, ainsi que les célébrations des veillées. Les introductions aux Psaumes et les lectures de l’Office peuvent aider à approfondir l’expérience de la venue du Christ et de l’économie du salut, qui peut à son tour enrichir la compréhension du mystère eucharistique.
Il est important que la personne qui anime ces célébrations n’ait pas seulement une bonne formation théologique, mais qu’elle puisse également conduire au cœur de la Parole de Dieu, à partir de sa propre expérience spirituelle.


Proposition 32

La célébration eucharistique en petits groupes

Les Messes célébrées pour des petits groupes doivent favoriser une participation plus consciente, active et fructueuse à l’Eucharistie. Les critères suivants ont été proposés :
- Les petits groupes doivent servir à unifier la communauté paroissiale, et non à la fragmenter
- Ils doivent respecter les exigences des différentes catégories de fidèles, pour favoriser la participation fructueuse de l’assemblée tout entière ;
- Ils doivent être guidés par des directives claires et précises ;
- Ils doivent tenir compte du fait que, dans la mesure du possible, il convient de préserver l’unité de la famille.


Proposition 33

Le prêtre et les ministères liturgiques

Il convient de clarifier les tâches du prêtre et celles qui sont liées à d’autres ministères liturgiques.
Le vrai sujet qui agit dans la liturgie est le Christ ressuscité et glorifié dans l’Esprit Saint. Mais le Christ inclut l’Eglise dans son action et dans le don de lui-même. Le prêtre est celui qui préside, de manière irremplaçable, la célébration eucharistique tout entière, du salut initial à la bénédiction finale ; car, dans la célébration liturgique, le prêtre, en vertu de son ordination, représente Jésus Christ, chef de l’Eglise, et à sa manière, également l’Eglise elle-même. En éduquant les fidèles à l’écoute de la Parole de Dieu, à la louange et à la prière, le diacre peut inculquer l’amour pour l’Eucharistie.
Les laïcs ont toujours apporté leur collaboration au service liturgique notamment dans la célébration de l’Eucharistie. Avec le Concile Vatican II (cf. AA 24) et la réforme liturgique qui a suivi, on a fait davantage appel à cette collaboration (cf. IGMR 25.1.2004, nn. 103-107). L’Eglise se reflète dans ces ministères comme unité dans la diversité et une forme de l’« actuosa participatio » des fidèles s’y exprime de manière représentative. Ces ministères doivent être introduits selon leur fonction spécifique et selon les exigences réelles de la communauté qui célèbre. Les laïcs chargés de ces services liturgiques doivent être choisis avec soin, bien préparés et accompagnés par une formation permanente. Ils doivent être nommés pour une période donnée. Ces personnes doivent être connues de la communauté qui doit leur être reconnaissante. Les principes et les règles liturgiques servent à orienter clairement vers l’économie du salut, la « communio » et l’unité de l’Eglise.


Proposition 34

Le respect à l’égard de la sainte Eucharistie

Devant l’Hostie consacrée il convient d’observer la pratique de la génuflexion ou d’autres gestes d’adoration selon les différentes cultures. On rappelle l’importance de s’agenouiller lors des moments les plus importants de la prière eucharistique, en signe d’adoration et de louange au Seigneur présent dans l’Eucharistie. On encourage par ailleurs l’action de grâce après la communion, également par un temps de silence.


Proposition 35

Recevoir la Communion

Dans notre société pluraliste et multiculturelle il convient que la signification de la Communion soit expliquée également à des personnes non baptisées ou qui appartiennent à des Eglises ou des communautés non catholiques, assistant par exemple à la messe à l’occasion d’un baptême, d’une confirmation, d’une première communion, d’un mariage, d’un enterrement. Dans de nombreuses métropoles et de nombreuses villes, surtout d’art, il n’est pas rare que des visiteurs d’autres religions et confessions et des non croyants assistent à l’Eucharistie.
Il convient d’expliquer à ces personnes, avec délicatesse mais de manière claire, que le fait qu’il ne soit pas admis à la sainte communion n’est pas le signe d’un manque d’estime à leur égard. Les fidèles catholiques qui, de façon permanente ou occasionnelle, ne remplissent pas les conditions requises, doivent également prendre conscience du fait que la célébration de la Messe reste valide et significative même sans la participation personnelle à la communion sacramentelle. Personne ne doit craindre de susciter une impression négative s’il ne communie pas. Dans certaines situations on recommande une célébration de la Parole de Dieu à la place de la Messe. Que les pasteurs d’âmes aient à cœur de conduire le plus grand nombre d’hommes possibles au Christ, qui les appelle tous à Lui – et pas seulement dans la sainte Communion – afin qu’ils aient la vie éternelle.

Proposition 36

L’utilisation du latin dans les célébrations liturgiques

Dans la célébration de l’Eucharistie au cours des rencontres internationales, toujours plus fréquentes aujourd’hui, pour mieux exprimer l’unité et l’universalité de l’Eglise, on propose :
- de suggérer que la (con)célébration de la messe soit en latin (à l’exception des lectures, de l’homélie et de la prière des fidèles). De même, que soient récitées en latin les prières de la tradition de l’Eglise et éventuellement que soient exécutés des cantiques du chant grégorien ;
- de recommander que les prêtres soient préparés, dès le séminaire, à comprendre et célébrer la messe en latin, ainsi qu’à utiliser des prières latines et à savoir valoriser le chant grégorien ;
- de ne pas négliger la possibilité d’éduquer les fidèles eux-mêmes dans ce sens.


Proposition 37

Les grandes concélébrations

Les pères synodaux reconnaissent la grande valeur des concélébrations, notamment celles présidées par l’évêque et ses prêtres, les diacres et les fidèles. On demande, cependant, aux organismes compétents de mieux étudier la pratique de la concélébration lorsque le nombre des célébrants est très élevé.


Troisième partie

La mission du peuple de Dieu nourri de l’Eucharistie

Eucharistie et communauté chrétienne

Proposition 38

Reconnaissance pour les prêtres, les diacres et les autres ministres et collaborateurs liturgiques

L’Assemblée synodale exprime sa profonde reconnaissance, son appréciation et son encouragement aux prêtres, en particulier aux prêtres « fidei donum », ministres de l’Eucharistie, qui avec compétence et un généreux don de soi édifient la communauté avec l’annonce de la Parole de Dieu et du pain de la vie. On recommande vivement aux prêtres la célébration quotidienne de la messe, même s’il n’y a pas de participation de fidèles.
Le Synode remercie de même les diacres permanents qui collaborent avec les prêtres à l’œuvre d’évangélisation à travers la proclamation de la Parole de Dieu et la distribution de la communion. Il conviendrait de promouvoir ce ministère selon les indications du Concile. De même, il est important de remercier les ministres institués, les personnes consacrées, hommes et femmes, les ministres extraordinaires de la communion, les catéchistes et autres collaborateurs, qui aident à préparer et célébrer l’Eucharistie et la distribuent avec dignité, en particulier les animateurs qui transmettent la Parole de Dieu et distribuent la communion lors des célébrations communautaires dans l’attente de prêtre. Les pères synodaux apprécient beaucoup le témoignage des fidèles chrétiens qui participent fréquemment à la célébration eucharistique en semaine, surtout ceux qui doivent faire face à des difficultés importantes liées à leur âge et aux distances.


Proposition 39

Spiritualité eucharistique et vie quotidienne

Les fidèles chrétiens ont besoin d’une meilleure compréhension des relations entre l’Eucharistie et la vie quotidienne. La spiritualité eucharistique n’est pas seulement la participation à la messe et la dévotion au Très Saint Sacrement. Celle-ci engage la vie tout entière.
Nous encourageons surtout les fidèles laïcs à continuer à rechercher un sens plus profond de l’Eucharistie dans leur vie et à avoir faim de Dieu. Nous demandons aux théologiens laïcs de faire part de leur expérience de la vie quotidienne vécue dans un esprit eucharistique. Nous encourageons spécialement les familles à s’inspirer de l’Eucharistie et à y puiser la vie. De cette manière elles participent à la transformation de leur milieu social à travers le témoignage de leur vie personnelle et l’exercice de leur vocation baptismale qui les engage à porter la Bonne Nouvelle à leur prochain. Dans ce contexte, resplendit le témoignage prophétique des personnes consacrées hommes et femmes, qui trouvent dans la célébration de l’Eucharistie et dans l’Adoration la force de suivre le Christ de manière radicale, dans l’obéissance, la chasteté et la pauvreté. La vie consacrée y trouve la source de la contemplation, la lumière pour l’action apostolique et missionnaire, le sens ultime de son engagement auprès des pauvres et des exclus et le gage des réalités du Royaume.


Proposition 40

Les divorcés remariés et l’Eucharistie

En continuité avec les nombreuses déclarations du Magistère de l’Eglise et partageant la douloureuse préoccupation exprimée par de nombreux pères, le Synode des évêques rappelle l’importance d’une attitude et d’une action pastorale d’attention et d’accueil envers les fidèles divorcés et remariés.
Selon la Tradition de l’Eglise catholique, ceux-ci ne peuvent être admis à la communion, étant donné qu’ils se trouvent dans une situation objectivement contraire à la Parole du Seigneur qui a ramené le mariage à la valeur originelle de l’indissolubilité (cf. CEC 1640), dont témoigne son don sponsal sur la croix duquel les baptisés sont rendus participants à travers la grâce du sacrement. Les divorcés remariés appartiennent toutefois à l’Eglise, qui les accueille et les suit avec une attention spéciale afin qu’ils cultivent un style de vie chrétien à travers la participation à la messe, même s’ils ne reçoivent pas la communion, l’écoute de la Parole de Dieu, l’adoration eucharistique, la prière, la participation à la vie communautaire, le dialogue confiant avec un prêtre ou un maître de vie spirituelle, l’engagement à vivre la charité, les œuvres de pénitence, l’engagement éducatif envers les enfants. Si la nullité du lien matrimonial n’est pas reconnue et que l’on fournit des conditions objectives qui rendent la coexistence irréversible, l’Eglise les encourage à vivre leur relation selon les exigences de la loi de Dieu, en la transformant en une amitié loyale et solidaire; ils pourront ainsi s’approcher à nouveau de la table eucharistique, avec les attentions prévues par la pratique ecclésiale expérimentée, mais que l’on évite de bénir ces relations afin de ne pas engendrer de confusions parmi les fidèles concernant la valeur du mariage.

Dans le même temps le synode souhaite que tous les efforts possibles soient mis en oeuvre aussi bien pour assurer le caractère pastoral, la présence et l’activité correcte et pleine de sollicitude des tribunaux ecclésiastiques pour les causes de nullité du mariage (cf Dignitas connubii), que pour approfondir davantage les éléments essentiels en ce qui concerne la validité du mariage, tenant également compte des problèmes venant d’un contexte de profonde transformation anthropologique de notre temps, par lequel les fidèles eux-mêmes risquent d’être conditionnés, en particulier à cause d’un manque de formation chrétienne solide.
Le synode estime que, dans tous les cas, une grande attention doit être accordée à la formation de ceux qui se préparent au mariage et qu’il convient de s’assurer au préalable qu’ils partagent réellement les convictions et les engagements indispensables pour la validité du sacrement du mariage, et demande aux évêques et aux curés le courage d’un sérieux discernement pour éviter que des élans émotifs ou des raisons superficielles conduisent ceux qui se préparent au mariage à assumer une grande responsabilité pour eux-mêmes, pour l’Eglise et pour la société, qu’ils ne pourront ensuite honorer ».