Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

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Du 13 au 19 Novembre

26° dimanche aprés la pentecote (6° aprés l'Epiphanie)

 

A- Homélie :

Saint Paul, une âme sacerdotale. Sa description.
La foi des habitants de Thessalonique

Mon attention restera attirée, en ce dimanche, par les belles considérations de Saint Paul dans son épître aux Théssaloniciens.
Voici cette page magnifique prise en le « 6e dimanche après l’Epiphanie », pour des raisons de calendrier liturgique.

« Frères, nous rendons grâce à Dieu continuellement pour vous tous, en faisant mémoire de vous dans nos prières : nous nous rappelons sans cesse l’activité de votre foi, le labeur de votre charité et la constance de votre espérance en notre Seigneur Jésus-Christ, en présence de notre Dieu et Père. Nous savons, frères aimés de Dieu, que vous êtes des élus ; car notre annonce de l’Evangile n’a pas été faite chez vous avec des paroles seulement, mais aussi avec puissance, dans l’Esprit-Saint, avec plein succès ; vous savez d’ailleurs ce que nous avons été parmi vous et pour vous. Et vous, vous êtes devenus nos imitateurs et les imitateurs du Seigneur, recevant la Parole, parmi beaucoup d’afflictions, avec la joie de l’Esprit-Saint ; en sorte que vous êtes devenus un modèle pour tous les croyants de Macédoine et de l’Achaïe. De chez vous, en effet, la parole du Seigneur n’a pas retenti seulement en Macédoine et en Achaïe : c’est en tout lieu qu’est parvenue votre foi en Dieu ; aussi bien, nous n’avons besoin d’en rien dire. Car, en parlant de nous, on raconte ce que fut notre arrivée chez vous, et comment, quittant les idoles, vous vous êtes convertis à Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai et attendre du ciel son Fils qu’il a ressuscité d’entre les morts, Jésus, lui qui nous délivre de la colère qui vient ». (Thess 1. 1 2-10)

Saint Paul nous montre ici encore une âme ardente, pleine de feu, de délicatesse et d’attention pour ceux qu’il a évangélisé, ceux qu’il doit évangéliser sans cesse. Il est vraiment un modèle de « pasteur ».

Il définit, en même temps, la foi des habitants de Thessalonique. Il en fait le panégyrique et tout équivalemment, dessine la belle figure du chrétien. C’est, pour nous, à retenir.

Saint Paul, une âme ardente

Et tout d’abord, faisons remarquer que Saint Paul manifeste une âme ardente. Il ne reste pas indifférent à ses fidèles. Il ne les oublie pas, jamais. Ils sont, sans cesse, dans sa pensée, dans ses prières. Saint Paul est un Apôtre aimant, zélé, ardent, au cœur chaleureux et généreux. Il porte en son cœur tous ses fidèles. Il se souvient de tous dans ses prières : « Memoriam vestri facientes in orationibus nostris sine intermissione » « Nous faisons mémoire de vous dans nos prières ».

Saint Paul, une âme d’action de grâces

Et ses fidèles, et leur piété et leur foi sont l’objet de son action de grâce. Notons au passage que Saint Paul est une âme d’action de grâces. « Gratias agimus Deo semper ». Toujours il rend grâce à Dieu. C’est une âme qui ne se replie jamais sur elle-même, qui n’est pas égoïste et étroite, mais toujours tourné vers Dieu, pour lui rendre grâce de tout, toujours et à propos de tout.
Une âme d’action de grâces est une âme humble qui sait qu’elle doit tout à Dieu, rien à elle-même, ni à son génie.
Une âme d’action de grâces est une âme dépouillée d’elle-même, qui ne se complait jamais en elle-même, mais se tourne vers Dieu sans cesse car elle sait qu’elle doit tout à Dieu…Elle ne s’approprie que le mal qui est l’occasion pour elle de s’humilier.

Les motifs de son action de grâce.

Et ici il nous indique qu’elle est le motif de son action de grâces : ce sont ses fidèles de Thessalonique.
Et c’est à juste titre que Saint Paul peut rendre grâce à Dieu au sujet de ses fidèles. Car ils sont « plein de foi » et leur foi, en eux, n’est pas stérile. Elle s’exprime « ad extra » par mille actions, mille générosités ; « Memores operis fidei vestrae ».

« Opus fidei ». Saint Paul ne s’étend pas. Il ne décrit pas leurs œuvres, leurs « opera », leur activité.
Mais nul doute qu’il s’agit de la piété des Théssaloniciens, de leur zèle liturgique, de leur amour du chant liturgique, de leur amour du sacrifice rédempteur, de leur vie d’oraison et de prière. Toutes ces activités trouvent leur principe, leur racine dans la foi.
Et notez bien qu’il parle des « œuvres de la foi ». Il ne parle pas seulement de la foi, mais bien des « œuvres de la foi ». Texte précieux, s’il en est, pour confondre la thèse de Martin Luther sur la justification et la « sola fides ».
Et de cette activité de la foi, Saint Paul en rend grâce à Dieu et s’en réjouit. Tout cela était pour lui la raison de sa joie. Je ne vois pas d’âme vivant d’action de grâce qui ne soit pas tout également, une âme joyeuse.

Il fait mémoire aussi dans sa prière, de leur « labeur ». « Et laboris ».
Ceci corrobore l’enseignement précédent de Saint Paul : que la foi, si elle est vraie, ne peut pas ne pas s’exprimer en « œuvres », par le labeur.

Mais aussi de leur charité. Le traducteur, ici, joint les deux mots. Saint Paul se réjouit « du labeur de leur charité ». Non le texte latin dit : « Il se réjouit et de leur labeur et de leur charité. « Et laboris et caritatis ».

Notez alors au passage, le style du chrétien.
C’est un homme qui extériorise sa vie théologale. La grâce sanctifiante, dans l’âme du chrétien, est active. Elle s’exerce et s’exprime en œuvres diverses. Elle agit. Le chrétien est le contraire même du paresseux, de « ’égocentrique ».

Il se souvient aussi de la constance de leur espérance en NSJC. Espérance qui maintient le chrétien en présence de Dieu « ante Deum et patrem nostram ». Le chrétien est celui qui vit sans cesse sous le regard de Dieu, « ante Deum ». Il sait que Dieu voit tout, connaît tout. Le chrétien ne cache rien à Dieu. Vivre devant Dieu, dans la lumière de Dieu : voilà la joie du chrétien.

Saint Paul aussi rend grâce à Dieu de l’élection de ses fidèles. « Scientes, dilecti Deo, electionem vestram ». « Nous savons, frères aimés de Dieu, que vous êtes des élus »
Il y a un lien, une relation, du reste, entre le choix divin et l’amour divin. L’un dépend de l’autre. Tout chrétien est aimé de Dieu et donc choisi de Dieu. Je suis élu parce qu’aimé. C’est parce que Dieu est amour qu’il s’est penché sur les Théssaloniciens, leur envoyant Saint Paul pour que, grâce à sa parole enflammée, ils croient et que croyant, ils se sachent les élus de Dieu et cela par pure gratuité…L’amour divin est gratuit. Ainsi de notre élection… Quelle action de grâces rendrais-je au Seigneur…

La prédication de Saint Paul. Son objet, son style.

Et cette prédication, Saint Paul l’a décrite lui-même sans fausse honte. Sa prédication a d’abord pour objet : l’Evangile. Et non pas d’abord le fait « social ». Elle fut puissante. Elle s’exprima par la parole, par une parole « enflammée ». Elle s’exprima aussi par les miracles et par l’effusion du Saint-Esprit. Par la communication des sacrements, du baptême, de la confirmation. Mais, certainement, aussi par des manifestations charismatiques. Elle se manifesta avec « certitude ». Par une parfaite « assurance ». En latin, on a « in plenitutidine multa », que l’on peut traduire : « avec une totale plénitude ». Plénitude, qui vient du mot latin « plenus » qui veut dire : « plein, replet, corpulent, bien fourni, abondamment garni, riche, complet, entier, parfait, fort ». Tel fut la prédication de Saint Paul.

Ce devait être fabuleux de l’écouter, de l’entendre parler de NSJC, du Messie. Elle devait être riche, illustrée d’images de l’Ancien Testament, forte, convaincante, dite d’une voie assurée, abondamment garnie des Ecritures, une prédication pleine, parfaite. De fait, dès le début de sa conversion, il prêcha dans les synagogue, le Messie, montrant que le Christ était bien Celui qui était annoncé dans l’Ancien Testament.
Il ne craint pas de dire ce qu’il fut, lui, l’Apôtre des Nations, pour eux. Il leur fit du bien. Il leur apporta le bien, la parole du Seigneur.

Le zèle des fidèles

Et sa générosité, son enthousiasme, sa force provoqua en retour l’estime des fidèles et leur zèle à faire le bien
Et d’abord à l’imiter. Imiter Saint paul. Un jour, un fidèle, un tantinet original, me fit cette réflexion. « Je n’aime pas Saint Paul, il est prétentieux ». Mais pas du tout. C’est ne rien comprendre à la vie chrétienne, à la vertu. Elle doit briller pour éclairer les autres. On n’allume pas la lumière pour la mettre sous le boisseau, mais bien sur le lampadaire pour qu’elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. C’est ce que fit Saint Paul parmi les Théssaloniciens. Il fut tel qu’ils eurent tous le désir de l’imiter. Il avait un zèle communicatif, enthousiasmant que l’on voulait suivre, imiter. . « Vous fûtes mes imitateurs » dit-il. Et pas seulement mes imitateurs. Mais aussi les imitateurs de NSJC. Car vous avez accueilli la parole : « Excipientes verbum ».

Vous trouvez là encore une belle définition du chrétien.

« Excipientes » qui veut dire « recueillir, recevoir, se charger de, entendre, apprendre, recevoir, admettre, soutenir ». Comme ce mot est riche ! Vous notez que tous ces verbes s’opposent au subjectivisme moderniste, à leur théorie de l’ « immanence vitale ». La foi serait pour eux le fruit de leur « intérieur ».
Saint Paul, par ce verbe « excepientes » s’y oppose fortement. La foi, elle doit être reçue. Elle doit donc être enseignée. On ne la découvre pas à l’intérieur de soi. On ne l’imagine pas. Non ! Mais on l’entend, on l’apprend, on la reçoit, on l’admet. On la soutient. On la proclame.

L’enseignement de Mgr Lefebvre.

A cette occasion, il me plait de vous rappeler les paroles de Mgr Lefebvre sur l’objectivité de la foi. Il nous donne cet enseignement dans son petit livre : « Itinéraire spirituel », vers la fin, dans ce qu’il a intitulé « Notes complémentaires ». C’est la seconde note complémentaire. Vous verrez et apprécierez, vous aussi, la force de l’enseignement de Mgr Lefebvre !
Voilà ! « Notre spiritualité est objective, en ce sens que tout ce qui nous sanctifie vient de Dieu par Notre Seigneur, « Sans Moi, dit Notre Seigneur, vous ne pouvez rien faire ». Tout le chapitre XV de saint Jean est une affirmation de cette réalité. Notre intelligence se sanctifie dans la vérité qui lui est enseignée, qui ne vient pas d’elle. Notre volonté se sanctifie dans la loi et la grâce du Seigneur qui ne viennent pas d’elle. Cette dépendance vis-à-vis de la réalité divine qui n’est pas nous, est essentielle pour maintenir l’âme profondément ancrée dans la vertu d’humilité, dans l’adoration, dans la reconnaissance et dans le désir toujours plus vif de nous abreuver et de nous nourrir aux sources de la sainteté, spécialement celles du Cœur de Jésus ».
Il ajoute entre parenthèse : « Il est difficile de mesurer les dégâts spirituels accomplis par la tendance subjectiviste du Concile, par son personnalisme, qui s’efforce, à tort, de faire abstraction de la finalité de la nature humaine, de sa liberté finalisée ; (Retenez, je vous prie, cette expression : liberté finalisée. Elle est capitale) ; ainsi s’explique cette exaltation de l’homme, de ses droits, de sa liberté, de sa conscience : humanisme païen qui ruine la spiritualité catholique, l’esprit sacerdotal et religieux.)
« Combien il nous faut méditer ces réalités pour demeurer catholiques et garder les principes et les sources de la vraie sainteté ! Bienheureux les « esurientes » et les « pauperes spiritu » du Magnificat et des Béatitudes. Malheur aux « divites » qui sont remplis d’eux-mêmes et n’ont plus besoin ni de Dieu, ni de Jésus-Christ.
Venant d’un monde où règne partout le subjectivisme, qui place comme fondement des relations sociales, la conscience individuelle, la liberté de conscience, l’autonomie de la personne, justifiant toutes les erreurs et tous les vices, les jeunes séminaristes auront à cœur de retrouver le chemin de la vérité et de la vertu, dans l’objectivité de nos facultés, et de retrouver en Notre Seigneur la Vérité et la Sainteté. »(cf. Itinéraire spirituel. p. 88-89)

Vous appréciez, je pense, cet enseignement, ce rappel parfaitement paulinien…

Saint Paul poursuit : « In tribulatione », dans les épreuves et dans la tribulation.
« cum gaudio Spiritu Sancti ». Voilà encore une belle définition du chrétien. La tribulation, dans le cœur chrétien, est telle, et vécut de telle façon qu’elle n’exclut pas la joie de l’Esprit-Saint.
Alors oui, « je peux raisonnablement rendre grâce à Dieu de votre comportement, de votre zèle, de votre foi, de votre espérance, de votre charité, de votre labeur, de votre attention à la parole de Dieu, ma prédication ».

Et ainsi, vous fûtes alors les modèles de toute la chrétienté. Un peu comme la France, jadis, au milieu de l’Europe.
Saint Paul affirme la chose. Et il passe. C’est connu. On le sait, Ca se sait.

Alors tout le monde sait quel accueil vous me fîtes. « Qualem introitum habuerimus ». Quel accueil nous avons trouvé près de vous. Ah Heureux Saint Paul. Il fut bien introduit, bien accueilli. Il le mérita bien. C’est là aussi une belle définition de l’Apôtre dans sa communauté : « Qualem introitum habuerimus ».

Alors tout le monde sait comment vous avez quitté les idoles, grâce à mes paroles, pour vous convertir à Dieu. « Quomodo conversi estis ad Deum a simulacris ». Oui vous avez quitté les simulacres de divinité pour vous tourner vers Dieu. « Convertere ». Se tourner vers Dieu. Dans quel but ? A quel fin ? Pourquoi ? Saint Paul l’explicite ici : « pour le servir » ; « Servire Deo vivo et vero ». Mais aussi pour l’attendre dans son retour en gloire, « expectare Filium eius de Coelis ».
Et il termine par un bel acte de foi, en la résurrection du Christ. « Quem suscitavit ex mortuis », « qu’il a ressuscité d’entre les morts » Et en sa mission rédemptrice : « Qui eripuit nos ab ira ventura », ce jésus qui délivre de la colère qui vient ». « Eripere » veut dire « arracher violemment » de la colère qui vient. Tel fut l’œuvre du Christ dans la Rédemption. Une œuvre virile. Amen


B- Le Père de Foucauld nous enseigne sur l’Islam…



Nous publions un Lettre écrite par le saint ermite à l'académicien René Bazin, de l'Académie française, président de la Corporation des publicistes chrétien. Elle est parue dans le Bulletin du Bureau catholique de presse, n° 5, octobre 1917.

Bazin sera l'auteur de sa première — et indépassable — biographie. Je vous la recommande…Je viens de la terminer…Elle est magnifique.

Quoi qu'on en ait dit, Foucauld voulait évangéliser les Touaregs. Il l’affirme dans cette lettre. Sa méthode : inspirer confiance par l'exemple d'une vie droite et généreuse, " préparer la voie ".

Relire Foucauld n'est pas anachronique : l'homme fut un mystique, mais un mystique incarné, un intellectuel précis.

Quand l'intégration des musulmans à la laïcité française ne cesse de créer des situations de plus en plus dramatiques, il est bon de retenir le message du missionnaire qui, déjà, appelait les Français à être davantage chrétiens.

Il est bien dommage que le Président de la République, Jacques Chirac n’ait pas lu cette lettre avant son discours de lundi 15 novembre 2005, à 20h00. Il aurait parlé plus justement...

Défiez-vous de cette « diversité » française affirmée par le Président trois au quatre fois dans son discours ! Le message qu’il voulait faire passer est clair: l’islam a toute sa place en terre française. Son ministre de l’intérieur l’organise même en France en voulant financer la création des mosquées…Ils se trompent. Ils se trompent gravement. Si l’Islam a toute sa place en terre de France… alors le catholicisme n’y aura bientôt plus sa place…ni du reste le laïcisme…Et ainsi il en sera fait de la « diversité » que Jacques Chirac veut nous présenter comme une richesse. L’Islam n’accepte pas la diversité. Il n’a que faire de la « liberté religieuse »…L’épiscopat français pourra bien parler de « liberté religieuse »… comme Mgr Hippolyte Simon, archevêque de Clermont…me le disait lors de notre dernière conversation, à l’abbaye de Sept Fond… pensant obtenir même liberté pour l’Eglise en terre islamique…Quelle illusion ! L’Islam lui répond : « parle toujours, tu m’instructionne ». Les yeux des « politiques » et des « épiscopes » s’ouvriront bien un jour à la réalité…Mais cela risque d’être bien trop tard.

Le Père de Foucauld nous l’enseigne dans cette lettre. D’où son importance.

Que ceux qui liront cette lettre, la garde en mémoire et qu’elle leur serve pour juger de la politique d’un Chirac, d’un Sarkozy. Tous les deux mènent une politique « suicidaire » en France. Le sang a coulé en France ces derniers jours. Il coulera encore demain …Et la faute en sera à nos « politiques » qui ne comprennent rien à la nature de l’Islam. Pourtant l’histoire devrait les instruire … Que la lecture de cette lettre du bienheureux de Foucauld vous enseigne…pour toujours sur la vraie nature de l’Islam.


JESUS CARITAS,
Tamanrasset, par Insalah, via Biskra, Algérie, 29 juillet 1916.


" Monsieur, Je vous remercie infiniment d'avoir bien voulu répondre à ma lettre, au milieu de tant de travaux, et si fraternellement. Je pourrais, m'écrivez-vous, vous dire utilement la vie du missionnaire parmi les populations musulmanes, mon sentiment sur ce qu'on peut attendre d'une politique qui ne cherche pas à convertir les musulmans par l'exemple et par l'éducation et qui par conséquent maintient le mahométisme, enfin des conversations avec des personnages du désert sur les affaires d'Europe et sur la guerre.

I — Vie du missionnaire parmi les populations musulmanes

Habituellement chaque mission comprend plusieurs prêtres, au moins deux ou trois ; ils se partagent le travail qui consiste surtout en relations avec les indigènes (les visiter et recevoir leurs visites) ; œuvres de bienfaisance (aumônes, dispensaires) ; œuvres d'éducation (écoles d'enfants, écoles du soir pour les adultes, ateliers pour les adolescents) ; ministère paroissial (pour les convertis et ceux qui veulent s'instruire dans la religion chrétienne). Je ne suis pas en état de vous décrire cette vie qui, dans ma solitude au milieu de populations très disséminées et encore très éloignées d'esprit et de cœur, n'est pas la mienne... Les missionnaires isolés comme moi sont fort rares. Leur rôle est de préparer la voie, en sorte que les missions qui les remplaceront trouvent une population amie et confiante, des âmes quelque peu préparées au christianisme, et, si faire se peut, quelques chrétiens. Vous avez en partie décrit leurs devoirs dans votre article : " Le plus grand service " (Écho de Paris, 22 janvier 1916). Il faut nous faire accepter des musulmans, devenir pour eux l'ami sûr, à qui on va quand on est dans le doute ou la peine, sur l'affection, la sagesse et la justice duquel on compte absolument. Ce n'est que quand on est arrivé là qu'on peut arriver à faire du bien à leurs âmes. Inspirer une confiance absolue en notre véracité, en la droiture de notre caractère, et en notre instruction supérieure, donner une idée de notre religion par notre bonté et nos vertus, être en relations affectueuses avec autant d'âmes qu'on le peut, musulmanes ou chrétiennes, indigènes ou françaises, c'est notre premier devoir : ce n'est qu'après l'avoir bien rempli, assez longtemps, qu'on peut faire du bien.

Ma vie consiste donc à être le plus possible en relation avec ce qui m'entoure et à rendre tous les services que je peux. À mesure que l'intimité s'établit, je parle, toujours ou presque toujours en tête à tête, du bon Dieu, brièvement, donnant à chacun ce qu'il peut porter, fuite du péché, acte d'amour parfait, acte de contrition parfaite, les deux grands commandements de l'amour de Dieu et du prochain, examen de conscience, méditation des fins dernières, à la vue de la créature penser à Dieu, etc., donnant à chacun selon ses forces et avançant lentement, prudemment.

Il y a fort peu de missionnaires isolés faisant cet office de défricheur ; je voudrais qu'il y en eût beaucoup : tout curé d'Algérie, de Tunisie ou du Maroc, tout aumônier militaire, tout pieux catholique laïc (à l'exemple de Priscille et d'Aquila), pourrait l'être. Le gouvernement interdit au clergé séculier de faire de la propagande anti-musulmane ; mais il s'agit de propagande ouverte et plus ou moins bruyante : les relations amicales avec beaucoup d'indigènes, tendant à amener lentement, doucement, silencieusement, les musulmans à se rapprocher des chrétiens devenus leurs amis, ne peuvent être interdites par personne. Tout curé de nos colonies, pourrait s'efforcer de former beaucoup de ses paroissiens et paroissiennes à être des Priscille et des Aquila. Il y a toute une propagande tendre et discrète à faire auprès des indigènes infidèles, propagande qui veut avant tout de la bonté, de l'amour et de la prudence, comme quand nous voulons ramener à Dieu un parent qui a perdu la foi...

Espérons qu'après la victoire nos colonies prendront un nouvel essor. Quelle belle mission pour nos cadets de France, d'aller coloniser dans les territoires africains de la mère patrie, non pour s'y enrichir, mais pour y faire aimer la France, y rendre les âmes françaises et surtout leur procurer le salut éternel, étant avant tout des Priscille et des Aquila !

II — Comment franciser les peuples de notre empire africain

Ma pensée est que si, petit à petit, doucement, les musulmans de notre empire colonial du nord de l'Afrique ne se convertissent pas, il se produira un mouvement nationaliste analogue à. celui de la Turquie : une élite intellectuelle se formera dans les grandes villes, instruite à la française, sans avoir l'esprit ni le cœur français, élite qui aura perdu toute foi islamique, mais qui en gardera l'étiquette pour pouvoir par elle influencer les masses ; d'autre part, la masse des nomades et des campagnards restera ignorante, éloignée de nous, fermement mahométane, portée à la haine et au mépris des Français par sa religion, par ses marabouts, par les contacts qu'elle a avec les Français (représentants de l'autorité, colons, commerçants), contacts qui trop souvent ne sont pas propres à nous faire aimer d'elle. Le sentiment national ou barbaresque s'exaltera dans l'élite instruite : quand elle en trouvera l'occasion, par exemple lors de difficultés de la France au dedans ou au dehors, elle se servira de l'islam comme d'un levier pour soulever la masse ignorante, et cherchera à créer un empire africain musulman indépendant.

L'empire Nord-Ouest-Africain de la France, Algérie, Maroc, Tunisie, Afrique occidentale française, etc., a 30 millions d'habitants ; il en aura, grâce à la paix, le double dans cinquante ans. Il sera alors en plein progrès matériel, riche, sillonné de chemins de fer, peuplé d'habitants rompus au maniement de nos armes, dont l'élite aura reçu l'instruction dans nos écoles. Si nous n'avons pas su faire des Français de ces peuples, ils nous chasseront. Le seul moyen qu'ils deviennent Français est qu'ils deviennent chrétiens.

Il ne s'agit pas de les convertir en un jour ni par force mais tendrement, discrètement, par persuasion, bon exemple, bonne éducation, instruction, grâce à une prise de contact étroite et affectueuse, œuvre surtout de laïcs français qui peuvent être bien plus nombreux que les prêtres et prendre un contact plus intime.

Des musulmans peuvent-ils être vraiment français ? Exceptionnellement, oui. D'une manière générale, non. Plusieurs dogmes fondamentaux musulmans s'y opposent ; avec certains il y a des accommodements ; avec l'un, celui du medhi, il n'y en a pas : tout musulman, (je ne parle pas des libres-penseurs qui ont perdu la foi), croit qu'à l'approche du jugement dernier le medhi surviendra, déclarera la guerre sainte, et établira l'islam par toute la terre, après avoir exterminé ou subjugué tous les non musulmans. Dans cette foi, le musulman regarde l'islam comme sa vraie patrie et les peuples non musulmans comme destinés à être tôt ou tard subjugués par lui musulman ou ses descendants ; s'il est soumis à une nation non musulmane, c'est une épreuve passagère ; sa foi l'assure qu'il en sortira et triomphera à son tour de ceux auxquels il est maintenant assujetti ; la sagesse l' engage à subir avec calme son épreuve; " l'oiseau pris au piège qui se débat perd ses plumes et se casse les ailes ; s'il se tient tranquille, il se trouve intact le jour de la libération ", disent-ils ; ils peuvent préférer telle nation à une autre, aimer mieux être soumis aux Français qu'aux Allemands, parce qu'ils savent les premiers plus doux ; ils peuvent être attachés à tel ou tel Français, comme on est attaché à un ami étranger; ils peuvent se battre avec un grand courage pour la France, par sentiment d'honneur, caractère guerrier, esprit de corps, fidélité à la parole, comme les militaires de fortune des XVIe et XVIIe siècles mais, d'une façon générale, sauf exception, tant qu'ils seront musulmans, ils ne seront pas Français, ils attendront plus ou moins patiemment le jour du medhi, en lequel ils soumettront la France.

De là vient que nos Algériens musulmans sont si peu empressés à demander la nationalité française : comment demander à faire partie d'un peuple étranger qu'on sait devoir être infailliblement vaincu et subjugué par le peuple auquel on appartient soi-même ? Ce changement de nationalité implique vraiment une sorte d'apostasie, un renoncement à la foi du medhi...

III — Conversation avec des personnages du désert sur les affaires de l'Europe et sur la guerre
Je n'en ai pas. Je n'ai jamais cessé de dire aux indigènes que cette guerre est chose sans gravité : deux gros pays ont voulu en manger deux petits ; les autres gros pays, tel que les Anglais, les Russes et nous, leur font la guerre non seulement pour empêcher cette injustice, mais pour ôter à ces deux voleurs la force de recommencer ; quand ils seront bien corrigés et affaiblis on leur accordera la paix ; cela durera ce que cela durera, le résultat ne présente aucun doute, et nous avons l'habitude d'aller lentement mais sûrement... Les gens de ce pays reculé sont d'une telle ignorance que tout détail supplémentaire les induirait en erreur : ils ne comprendraient pas, et se feraient des idées fausses.

La main-d'œuvre polonaise

Votre article sur la main-d'œuvre étrangère (L'Écho de Paris du 28 mai 1916), et ce que vous y dites avec tant de vérité des Polonais me porte à vous parler d'un ami... qui a consacré sa vie à l'étude et au relèvement de la Pologne, sa patrie ; il travaille à la relever surtout par la pureté des mœurs, l'austérité de la vie et le renoncement à l'alcool. Voyant avec douleur beaucoup de Polonais partir annuellement pour l'Amérique où ils perdent leurs âmes, il cherche à détourner ce mouvement d'émigration vers la France et les colonies françaises du Nord de l'Afrique, Algérie, Maroc, Tunisie. Depuis trois ou quatre ans il a fait parvenir des propositions à ce sujet aux autorités françaises d'Algérie et du Maroc, offrant de diriger sur ces pays des familles choisies de Polonais. Rien de ce qu il a proposé n'a été exécuté jusqu'a présent. L'heure viendra peut-être bientôt de reprendre son idée et de l'appliquer non seulement à l'Algérie, à la Tunisie et au Maroc, mais aussi à la France...

Les Kabyles

Comme vous, je désire ardemment que la France reste aux Français, et que notre race reste pure. Pourtant je me réjouis de voir beaucoup de Kabyles travailler en France ; cela semble peu dangereux pour notre race, car la presque totalité des Kabyles, amoureux de leur pays, ne veulent que faire un pécule et regagner leurs montagnes.

Si le contact de bons chrétiens établis en Kabylie est propre à convertir et à franciser les Kabyles, combien plus la vie prolongée au milieu des chrétiens de France est-elle capable de produire cet effet.

Les berbères marocains, frères des Kabyles, sont encore par trop rudes ; ils seront pareils aux Kabyles, quand, comme eux, ils auront soixante ans de domination française. Saint Augustin aimait la langue punique, parce que, disait-il, c'était la langue de sa mère : qu'était la race de sainte Monique dont la langue était la punique ? La race berbère ? Si la race berbère nous a donné sainte Monique et en partie saint Augustin, voilà qui est bien rassurant. N'empêche que les Kabyles ne sont pas aujourd'hui ce qu'étaient leurs ancêtres du IVe siècle : leurs hommes ne sont pas ce que nous voulons pour nos filles ; leurs filles ne sont pas capables de faire les bonnes mères de famille que nous voulons.
Pour que les Kabyles deviennent français, il faudra pourtant que des mariages deviennent possibles entre eux et nous : le christianisme seul, en donnant même éducation, mêmes principes, en cherchant à inspirer mêmes sentiments, arrivera, avec le temps, à combler en partie l'abîme qui existe maintenant.

En me recommandant fraternellement à vos prières, ainsi que nos Touaregs, et en vous remerciant encore de votre lettre, je vous prie d'agréer l'expression de mon religieux et respectueux dévouement.
Votre humble serviteur dans le Cœur de Jésus. "

Charles de FOUCAULD

C- Les « 50 propositions synodales ».

Nous poursuivons la publication des « 50 propositions synodales » qui furent présentées à la fin du Synode au pape Benoît XVI. Vous trouverez ici les 10 dernières propositions Vous les aurez ainsi toutes sur le sites « ITEM ». Vous pourrez ainsi les étudier et comprendre, un jour prochain, l’exhortation que nous donnera prochainement Benoît XVI

Proposition 40

Les divorcés remariés et l’Eucharistie

En continuité avec les nombreuses déclarations du Magistère de l’Eglise et partageant la douloureuse préoccupation exprimée par de nombreux pères, le Synode des évêques rappelle l’importance d’une attitude et d’une action pastorale d’attention et d’accueil envers les fidèles divorcés et remariés.
Selon la Tradition de l’Eglise catholique, ceux-ci ne peuvent être admis à la communion, étant donné qu’ils se trouvent dans une situation objectivement contraire à la Parole du Seigneur qui a ramené le mariage à la valeur originelle de l’indissolubilité (cf. CEC 1640), dont témoigne son don sponsal sur la croix duquel les baptisés sont rendus participants à travers la grâce du sacrement. Les divorcés remariés appartiennent toutefois à l’Eglise, qui les accueille et les suit avec une attention spéciale afin qu’ils cultivent un style de vie chrétien à travers la participation à la messe, même s’ils ne reçoivent pas la communion, l’écoute de la Parole de Dieu, l’adoration eucharistique, la prière, la participation à la vie communautaire, le dialogue confiant avec un prêtre ou un maître de vie spirituelle, l’engagement à vivre la charité, les œuvres de pénitence, l’engagement éducatif envers les enfants. Si la nullité du lien matrimonial n’est pas reconnue et que l’on fournit des conditions objectives qui rendent la coexistence irréversible, l’Eglise les encourage à vivre leur relation selon les exigences de la loi de Dieu, en la transformant en une amitié loyale et solidaire; ils pourront ainsi s’approcher à nouveau de la table eucharistique, avec les attentions prévues par la pratique ecclésiale expérimentée, mais que l’on évite de bénir ces relations afin de ne pas engendrer de confusions parmi les fidèles concernant la valeur du mariage.

Dans le même temps le synode souhaite que tous les efforts possibles soient mis en oeuvre aussi bien pour assurer le caractère pastoral, la présence et l’activité correcte et pleine de sollicitude des tribunaux ecclésiastiques pour les causes de nullité du mariage (cf Dignitas connubii), que pour approfondir davantage les éléments essentiels en ce qui concerne la validité du mariage, tenant également compte des problèmes venant d’un contexte de profonde transformation anthropologique de notre temps, par lequel les fidèles eux-mêmes risquent d’être conditionnés, en particulier à cause d’un manque de formation chrétienne solide.
Le synode estime que, dans tous les cas, une grande attention doit être accordée à la formation de ceux qui se préparent au mariage et qu’il convient de s’assurer au préalable qu’ils partagent réellement les convictions et les engagements indispensables pour la validité du sacrement du mariage, et demande aux évêques et aux curés le courage d’un sérieux discernement pour éviter que des élans émotifs ou des raisons superficielles conduisent ceux qui se préparent au mariage à assumer une grande responsabilité pour eux-mêmes, pour l’Eglise et pour la société, qu’ils ne pourront ensuite honorer.


Proposition 41

L’admission des fidèles non catholiques à la communion

Sur la base de la communion de tous les chrétiens, que le Baptême unique rend déjà efficace, même si c’est encore de manière incomplète, la séparation à la table du Seigneur est vécue à juste titre comme un fait douloureux. Aussi bien au sein de l’Eglise catholique que de la part de nos frères et sœurs non catholiques, la demande urgente de la possibilité de communion eucharistique entre les chrétiens catholiques et les autres est donc présentée très fréquemment. Il faut éclaircir le fait que l’Eucharistie ne désigne et ne réalise pas seulement notre communion personnelle avec Jésus Christ, mais surtout la pleine « communio » de l’Eglise. Nous demandons par conséquent que les chrétiens non catholiques comprennent et respectent le fait que pour nous, selon toute la tradition biblique établie, la communion eucharistique et la communion ecclésiale sont intimement liées et que par conséquent la communion eucharistique avec les chrétiens non catholiques n’est généralement pas possible. Plus encore, la concélébration œcuménique est exclue. Il faudrait de même éclaircir le fait que en vue du salut personnel l’admission de chrétiens non catholiques à l’Eucharistie, au sacrement de la Pénitence et à l’Onction des malades, dans des situations déterminées, à des conditions précises, est possible et même recommandée (UR 8, 15 ; Directoire œcuménique 129-131; CdC 844 § 3 et 4; CCEO 671 §4; Lettre encyclique Ut unum sint 46; Lettre encyclique Ecclesia de Eucaristia 46). Le synode insiste pour que les conditions présentées dans le Catéchisme de l’Eglise catholique (1398-1401) et dans son Compendium (293) soient observées.


L’Eucharistie pour le monde

Proposition 42

Eucharistie et mission

Les fidèles sont invités à prendre conscience qu’une Eglise véritablement eucharistique est une Eglise missionnaire. De fait, l’Eucharistie est source de mission. Dans l’Eucharistie nous devenons toujours davantage disciples du Christ, écoutant la Parole de Dieu qui nous conduit à une rencontre communautaire avec le Seigneur à travers la célébration du mémorial de sa mort et de sa résurrection et à travers la communion sacramentelle avec Lui. Cette rencontre eucharistique se réalise dans l’Esprit Saint qui nous transforme et nous sanctifie. Elle réveille chez le disciple la ferme volonté d’annoncer aux autres, avec audace, ce qu’il a écouté et vécu, pour les conduire eux aussi à cette même rencontre avec le Christ. Le disciple, envoyé par l’Eglise, s’ouvre ainsi à une mission sans frontière.
Tout en remerciant l’ensemble des missionnaires chrétiens oeuvrant dans le monde, nous rappelons la nécessité de reconnaître le Christ comme l’unique sauveur. Dans l’éducation missionnaire, il convient de rappeler par tous les moyens le caractère central de l’affirmation de l’unicité. Ceci permettra d’éviter de réduire à un aspect purement sociologique l’œuvre décisive de promotion humaine impliquée dans l’évangélisation. Les pères ont relevé les graves difficultés inhérentes à la mission de ces communautés chrétiennes qui vivent en situation de minorité voire même dans des contextes privés de liberté religieuse.


Proposition 43

Spiritualité eucharistique et sanctification du monde

L’Eucharistie est à l’origine de toute forme de sainteté. Pour développer une spiritualité eucharistique profonde il est nécessaire que le peuple chrétien, qui rend grâce à travers l’Eucharistie, ait conscience de le faire au nom de la création tout entière, en aspirant à la sanctification du monde et en y travaillant. La vie chrétienne trouve son chemin dans la célébration eucharistique : l’offrande de soi, la communion et la solidarité sont des aspects de la « logiké latreia » (cf. Rm 12, 1).
Encourager la participation quotidienne à la célébration de la messe se révèle, dans les rites latins, un moyen efficace pour développer cette spiritualité au cœur de la vie familiale, professionnelle, sociale et politique.
L’offrande quotidienne (enseignée par exemple par l’Apostolat de la Prière pratiqué par des millions de catholiques dans le monde entier) peut aider chacun à devenir une « figure eucharistique » à l’exemple de Marie, en unissant sa propre vie à celle du Christ qui s’offre pour l’humanité.


Proposition 44

L’Eucharistie et les malades

Nous considérons de première importance le fait de favoriser la célébration eucharistique pour les résurrection du Christ. L’Eucharistie, en tant que sommet de la vie chrétienne, est revêtue d’une signification spéciale liée à sa réception comme Saint Viatique. Du fait qu’elle entrouvre au malade la plénitude pascale on recommande d’en intensifier la pratique.
On demande en particulier d’assurer la communion eucharistique aux porteurs de handicap mental, baptisés et confirmés : ceux-ci reçoivent la communion dans la foi de la famille ou de la communauté qui les accompagne. L’impossibilité de savoir quelle est la sensibilité effective propre de certaines pathologies n’est pas une raison suffisante pour ne pas leur offrir tous les soutiens malades, à travers une catéchèse adéquate sur la participation active à la passion, à la mort et à la sacramentaux dont dispose l’Eglise. Il est important que ceux qui souffrent d’un handicap puissent être reconnus comme membres de l’Eglise à part entière et qu’ils y trouvent leur juste place. Il est par ailleurs souhaitable que soit aménagée dans les églises une infrastructure leur facilitant la participation aux célébrations.


Proposition 45

L’Eucharistie et les migrants

En remerciant tous ceux qui oeuvrent dans ce secteur, le synode invite tous les évêques à étendre leur sollicitude pastorale aux migrants. Ces fidèles doivent être accueillis comme des membres du Corps du Christ, quelle que soit leur race, leur statut ou leur condition, notamment lors des célébrations eucharistiques. La charité du Christ nous presse pour que les autres Eglises locales et les instituts de vie consacrée aident généreusement les diocèses qui accueillent un grand nombre de migrants.
Qu’il soit par ailleurs accordé aux migrants de rite oriental, dans la mesure du possible, d’être assistés de leurs prêtres. Que le « Dies orientalis » soit mis en place dans les séminaires afin que les liturgies orientales soient mieux connues.


Proposition 46

La cohérence eucharistique des hommes politiques et législateurs catholiques

Les hommes politiques et les législateurs catholiques doivent se sentir particulièrement interpellés, dans leur conscience, bien formée, sur la grave responsabilité sociale de présenter et de soutenir des lois iniques. Il n’existe pas de cohérence eucharistique lorsque l’on promeut des lois qui vont contre le bien intégral de l’homme, contre la justice et le droit naturel. On ne peut pas séparer la sphère privée et la sphère publique, en s’opposant à la loi de Dieu et à l’enseignement de l’Eglise, et cela doit être considéré également par rapport à la réalité eucharistique (cf. 1 Co 11, 27-29). Qu’en appliquant cette directive les évêques témoignent des vertus de force et de prudence, en tenant compte des situations locales concrètes.


Proposition 47

L’Eucharistie et l’écologie

Que les chrétiens, renforcés par le sacrement de l’Eucharistie, s’engagent avec plus de décision à témoigner de la présence de Dieu dans le monde. Que l’Eglise encourage un changement de mentalité et de cœur, qui favorise une relation harmonieuse et responsable de l’être humain avec la création.
La contemplation et la reconnaissance pour le don de l’amour de Dieu que constitue la création, peuvent représenter un moyen d’évangélisation pour les personnes d’aujourd’hui, dont les préoccupations écologiques peuvent prendre une nouvelle signification religieuse à travers la reconnaissance de l’appel de Dieu à l’humanité à exercer un service responsable envers Son œuvre de Créateur, conformément à l’espérance chrétienne.

Cette réflexion peut par ailleurs aider les chrétiens à faire le lien entre la doctrine sur la création et la doctrine sur la « création nouvelle » inaugurée dans la résurrection du Christ, nouvel Adam, qui a donné à l’Eglise la tâche de préparer la transformation de la création en « cieux nouveaux et terre nouvelle ».


Proposition 48

Dimension sociale de l’Eucharistie

Le sacrifice du Christ est un mystère de libération qui nous interpelle. C’est à travers l’engagement à transformer les structures injustes pour rétablir la dignité de l’homme, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, que l’Eucharistie devient dans la vie ce qu’elle signifie dans la célébration. Ce mouvement dynamique s’ouvre aux dimensions du monde : il met en question le processus de mondialisation qui souvent creuse l’écart entre pays riches et pays pauvres ; dénonce les puissances politiques et économiques qui dilapident les richesses de la terre ; rappelle les profondes exigences de la justice distributive face aux inégalités qui crient vers le ciel ; encourage les chrétiens à s’engager et à intervenir dans la vie politique et dans l’action sociale.
Les domaines qui suscitent des préoccupations particulières sont la pandémie du SIDA, la drogue et l’alcoolisme.
Les détenus dans les prisons méritent une attention pastorale particulière afin de pouvoir participer à l’Eucharistie et recevoir la communion.
Ceux qui participent à l’Eucharistie doivent s’engager à construire la paix dans le monde marqué par beaucoup de violences et de guerres, et aujourd’hui en particulier, par le terrorisme, la corruption économique et l’exploitation sexuelle. Le rétablissement de la justice, la réconciliation et le pardon sont des conditions pour construire une paix authentique.
Pour se former à la charité et à la justice, les fidèles auront recours au Magistère social, récemment reproposé dans le Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise.


Proposition 49

L’Eucharistie et la réconciliation de peuples en conflit

L’Eucharistie est un sacrement de communion entre frères qui acceptent de se réconcilier dans le Christ, qui a fait des juifs et des grecs un seul peuple, détruisant le mur de haine qui les séparait (cf. Ep 2, 14). Au cours de ce synode, plusieurs témoignages ont montré que, grâce aux célébrations eucharistiques, des peuples en conflit ont pu se rassembler autour de la Parole de Dieu, écouter son annonce prophétique de la réconciliation à travers le pardon gratuit, recevoir la grâce de la conversion qui permet la communion au même pain et à la même coupe. Jésus Christ, qui s’offre dans l’Eucharistie, renforce la communion entre les frères et, en particulier, presse ceux qui sont en conflit de hâter leur réconciliation à travers le dialogue et la justice. Cela permet de communier dignement au Corps et au Sang du Christ (cf. Mt 5, 23-24).


Conclusion

Proposition 50

Verum Corpus natum de Maria Virgine

L’Eglise voit en Marie, « Femme eucharistique », surtout au pied de la croix, son propre visage et le contemple comme un modèle irremplaçable de vie eucharistique ; sur l’autel, en présence du « verum Corpus natum de Maria Virgine », l’Eglise vénère la Très Sainte Vierge par la bouche du prêtre, et avec une reconnaissance spéciale.
Les chrétiens confient leur vie et leur travail à Marie, Mère de l’Eglise.
En s’efforçant d’avoir les mêmes sentiments que Marie, ils aident toute la communauté à vivre dans un esprit d’offrande vivante, agréable au Père ».