Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

06 80 71 71 01

 

Du 20 au 26 Novembre

Dernier dimanche après la Pentecôte.

 

A- Homélie :

 

Nous porterons notre attention en cet ultime dimanche de l’année liturgique sur le fameux passage de l’ Epître de Saint Paul aux Colossiens, le chapitre I, les versets 9 à 14. Voici le texte. Vous remarquerez qu’il n’est composé que d’une seule phrase.
« Frères, nous ne cessons pas de prier pour vous, de demander que vous ayez en plénitude la connaissance de la volonté de Dieu, en toute sagesse et intelligence spirituelle ; que vous marchiez d’une manière digne du Seigneur et qui lui plaise en toutes choses, portant du fruit par toutes sortes de bonnes œuvres, croissant dans la connaissance de Dieu ; que pleinement fortifiés par la puissance de sa gloire, vous parveniez à une parfaite patience et endurance, rendant grâce avec joie au Père ; lui qui nous a rendus capables de partager le sort des saints dans la lumière ; lui qui nous a arrachés et nous a fait passer dans le Royaume de son fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption par son sang, la rémission de nos péchés » (Col 1 9-14).
Voilà cette phrase fameuse qu’il faut connaître par cœur. Une seule phrase, d’une richesse merveilleuse, d’une densité extraordinaire. Voilà cette phrase que je voudrais faire « résonner », que je voudrais faire comme « chanter » à vos oreilles pour vous en faciliter la mémorisation.
Elle nous révèle, là aussi, comme dans l’épître de dimanche dernier, la prière de Saint Paul pour les Collosiens. Elle exprime l’objet de la prière de Saint Paul.
Il prie pour ses fidèles : « Nous ne cessons pas de prier pour vous ». « Non cessamus pro vobis orantes ». Sa prière est incessante pour les Collosiens qu’il a engendrés à la vie divine.
« Non cessamus » : Le dictionnaire latin « Bornec » dit que « cessare » veut dire rarement « cesser ». Il vaut mieux traduire ce mot par « hésiter », « différer », « tarder ». Donc il faut dire : il n’hésite pas à prier pour… Il ne diffère pas sa prière pour… C’est sa préoccupation première. C’est l’attitude vraie du pasteur. Il ne tarde pas à accomplir ce devoir. Il ne fait pas passer avant d’autres préoccupations.
Mais « cessare » a encore un autre sens qu’on ne peut passer sous silence. Il veut dire aussi « agir mollement », « rester inactif », « s’interrompre ». Il y a une négation : « non cessamus ». Il faut donc traduire : « Nous n’agissons pas mollement ». « Nous n’accomplissons pas ce devoir mollement ». Il est donc particulièrement actif. Il vibre dans sa prière pour les collosiens.
Tout cela pour dire que sa prière est fervente, constante, fréquente. Il ne s’arrête pas de prier. Il n’a pas de repos dans sa prière. On voit donc une âme ardente, constante, même fébrile. Cette ardeur de l’âme de Saint Paul me plaît. Telle est, vous dis-je, la prière de Saint Paul pour ses fidèles de Colosse.
Et quel est l’objet de sa prière. Mieux quels sont les objets de sa prière ?
« Nous ne cessons pas …de demander que vous ayez en plénitude la connaissance de la volonté de Dieu… »
« …postulantes ut impleamini agnitione voluntatis Dei… »
« Postulantes… » de « postulare » qui veut dire : « demander », mais avec instance, « réclamer ». Donc Saint Paul demande avec instance et persévérance, à Dieu. Quoi ? « Ut impleamini… » « Implere » veut dire « combler », « être plein de.. ». Donc Saint Paul demande à Dieu que ses fidèles aient une pleine connaissance de la volonté de Dieu. Mais attention ! Comprenons bien le sens de « implere ». Il a une signification de plénitude. De là, vient le mot « plenus » qui ne veut pas seulement dire « plein ». Mais qui veut dire aussi « replet, corpulent, bien fourni, abondamment garni de , riche, rassasié, complet, entier, parfait, même fort ». Donc le verbe latin « implere » connote un sens de réelle plénitude. Que vous ayez une pleine connaissance, bien tassée, une bonne mesure… Que vous soyez riches de la connaissance de la volonté de Dieu.
Mais il y a plus encore. « Implere » veut dire aussi « exécuter, réaliser ». La connaissance que Saint Paul souhaite pour les collossiens, est une connaissance « active », qui ne reste pas au seul niveau « cognitif » mais qui agit, qui meut la volonté afin que la volonté divine soit non seulement connue mais réalisée. « C’est le sens de la prière du Notre Père : « Que votre volonté soit faite ».
Mais quelle est donc cette volonté divine sur les chrétiens de Colosse. Saint Paul en parle en différents endroits de ses lettres. Faisons court. Il en parle en particulier dans sa première épître aux Théssalonissiens. Il écrit « haec est enim voluntas Dei, sanctificatio vesta » ou encore « Gratias agite. Haec est enim voluntas Dei ». Saint Pierre y fait allusion aussi dans sa première épître : « Sic est voluntas Dei ut bene facientes… ». « C’est la volonté de Dieu que, en faisant le bien, vous fermiez la bouche aux insensés qui vous méconnaissent ». Il dira aussi que la volonté de Dieu, c’est qu’aucun de vous ne se perde », « et pereat unus »
Poursuivons ! « Que vous marchiez d’une manière dignes de Dieu » « ut ambuletis digne Deo ». Ce « ut » confirme bien notre analyse précédente : « Que nous ayons une connaissance qui agisse ».
« Ut ambuletis ». Voilà une belle définition du chrétien. Le chrétien est celui qui marche « dignement » devant Dieu. « Digne » veut dire « dignement ». Certes ! mais aussi « avec beauté, noblesse, élégance ». Cela vaut non seulement pour l’âme, mais aussi pour le corps et la tenue corporelle, pour le maintien et pour l’habillement.
Ailleurs, nous sommes comparés à des « coureurs ». Ici à des « marcheurs ».
Et ainsi, et ainsi seulement, nous pourrons plaire à Dieu : « per omnia placentes ».
« Placentes » de « placere » qui veut dire « être trouvé bon ». Saint Pierre, lui, parle, nopus l’avons vu plus haut de « bene facientes ».
Saint Paul poursuit sa description. C’est toujours la même phrase. C’est dire que Saint Paul a du « souffle ». Le Père Spicq dirait du « pneuma ». Il est une âme de feu.
« In omni opere bono fructificantes ». « Portant du fruit par toutes sortes de bonnes œuvres ». Là encore, pour Saint Paul, le chrétien est celui qui « agit », qui pose des actes bons. Le chrétien est ici comparé à un arbre qui porte de bons fruits.
« Et crescentes in scientia Dei » « grandissant dans la connaissance de Dieu » « Crescere » veut dire : « croître, augmenter, grandir, s’élever ».
Vraiment Saint Paul a une vue « dynamique » du chrétien. Voyez la répétition des verbes : « crescentes », « fructificantes », « placentes », « ut ambuletis ». Il n’y a pas de paresseux dans la maison du Père. C’est Saint Jean Chrysostome qui dit cela dans son beau commentaire d’Abraham au chêne de « Mambré » accueillant en sa demeure les trois « visiteurs ».
« In omni virtute confortati secundum potentiam claritatis », « que, pleinement fortifiés par la connaissance de sa gloire »
« Con-fortis » veut dire « fort, solide, robuste, courageux, vaillant, valeureux, énergique, vertueux, honnête, estimable ». C’est toujours la même qualité qui est exprimée par ses mots. Dans le chrétien il y a de la force, de la vaillance, de l’énergie. Ce n’est pas une poule mouillé, inerte. Il puise cette force de « la connaissance de sa (de Dieu)gloire », « potentiam claritais ». Pourquoi « cette potentia claritais » ne serait pas cette certitude du retour dans la gloire de son Seigneur et Maître qui est l’objet de l’Evangile de cette Messe … « Et les tribus de la terre verront le Fils de l’homme venant dans les nuées du ciel avec beaucoup de puissance et de gloire… Et alors les anges, avec la trompette retentissante, rassembleront ses élus des quatre vents, d’une extrémité du ciel à l’autre ». Ils ne seront pas toujours les « bafoués », « les vaincus » ! Oui, il y a de la force, de la stabilité dans le chrétien, du moins tel que le veut Saint Paul !
Et ainsi Saint Paul prie pour que , forts, nous manifestions de la patience, « in omni patientia ». La Patience qui est, nous enseigne Saint Thomas, précisément une partie potentielle de la vertu de force.
Que nous manifestions de la longanimité, « de l’endurance ».
« Cum gaudio », avec joie. C’est encore une autre caractéristique du chrétien. Il n’est pas seulement, fort, patient, longanime. Mais aussi « joyeux ». Saint Paul y insiste énormément. Il n’est pas rare de trouver sous sa plume les expressions « Iterum dico gaudete semper ».
« Gratias agentes Deo Patri » : « rendant grâce à Dieu ». Voilà encore une note tout à fait paulinienne. ?
Mais pourquoi cette action de grâce ? Parce que Dieu nous a rendu capable, digne, « dignos nos fecit » d’être avec les Saints dans la lumière. C’est la vie éternelle.
Alors que nous étions jadis ennemis de Dieu, Dieu nous a rendu dignes, indépendamment de nos mérites, de « partager le sort des Saints dans la lumière ». C’est-à-dire qu’Il nous a « arrachés à la puissance des ténèbres ». Nous avons le verbe « eripere » qui veut dire « arracher », mais arracher violemment, tirer violemment. La rédemption fut une action virile, énergique de la part de Dieu, accompli avec une telle force. « Arrachés de la puissance des ténèbre », Arrachés du feu. Vous imaginez qu’une telle opération exige de la force et de la détermination. Une opération « coup de feu »…
Et « transtulit in regnum Filii dilectionis suae » « Lui qui nous a arrachés à la puissance des ténèbres et nous a fait passer dans le Royaume de son Fils » « et transtulit in regnum Filii dilectionis suae » C’est merveilleux. Le chrétien est celui qui vient de la Puissance des ténèbres au Royaume de la lumière. Il est celui qui passe d’une puissance à une autre, du diable à Dieu. Le diable est dépossédé de sa proie. Le chrétien est celui qui est devenu, par pure miséricorde, l’ « être » de Dieu, le « bien » de Dieu, la « propriété de Dieu », sa « chose ».
Et le moyen de ce passage, de cette libération, de ce séjour dans « le royaume de la dilection » fut la Croix de NSJC : « en qui nous avons la rédemption par son sang, la rémission de nos péchés ». Voilà l’objet de l’action de grâce du chrétien. N’oublions jamais que la rédemption est une libération, une dés-appropriation, une appropriation. Un passage des ténèbres à la lumière. Comment ne pas rendre grâce à Dieu d’avoir accompli une telle œuvre, virile, forte – jusqu’au versement du sang - la Croix - l’œuvre des œuvres.

Je trouve dans ce très beau passage de l’Epître de Saint Paul aux Colossiens, comme une magnifique synthèse de tout l’ enseignement qu’il nous donna, tout au long de cette année liturgique, grâce à l’Eglise et à son jour dominical.
Et sous ce rapport, la messe dominicale est une « bien belle chose » qu’il faut coûte que coûte garder puisqu’il ne reste souvent plus que cela pour continuer d’entendre la parole de Dieu. Pour certains, ce n’est peut-être plus qu’un petit filet d’eau. Peu importe ! Ce petit filet d’eau peut être encore capable de désaltérer même l’âme en pleine tourmente, seule au milieu de l’agitation du monde. Imprudent celui ou Imprudente celle qui arrête de s’abreuver à ce dernier petit filet…d’eau… de vie…de vie divine. Aussi nous sommes très reconnaissant au Souverain Pontife d’avoir rappelé à Cologne l’importance du dimanche. Le dimanche est vraiment une pièce maîtresse de l’évangélisation du monde.

 

B- Quelques documents de Benoît XVI

a- Audience générale du mercredi 23 novembre : catéchèse de Benoît XVI
Nous vous donnons ci-dessous la traduction du texte intégral de la catéchèse que Benoît XVI a prononcé ce mercredi en italien, lors de l’audience générale. Vous apprécierez la pureté de l’expression.


Lecture: Ep 1, 3.8-10

3. Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ.
Dans les cieux, il nous a comblés
de sa bénédiction spirituelle en Jésus Christ.

4. En lui,
il nous a choisis avant la création du monde,
pour que nous soyons, dans l\'amour,
saints et irréprochables sous son regard.

5. Il nous a d\'avance destinés
à devenir pour lui des fils par Jésus Christ :
voilà ce qu\'il a voulu dans sa bienveillance,

6. à la louange de sa gloire,
de cette grâce dont il nous a comblés en son Fils bien-aimé,

7. qui nous obtient par son sang la rédemption,
le pardon de nos fautes.
Elle est inépuisable, la grâce

8. par laquelle Dieu nous a remplis de sagesse et d\'intelligence

9. en nous dévoilant le mystère de sa volonté,
de ce qu\'il prévoyait dans le Christ
pour le moment où les temps seraient accomplis ;
dans sa bienveillance,

10. il projetait de saisir l\'univers entier,
ce qui est au ciel et ce qui est sur la terre,
en réunissant tout sous un seul chef, le Christ


1. Chaque semaine, la Liturgie des Vêpres propose à l\'Eglise en prière l\'hymne d\'ouverture solennelle de la Lettre aux Ephésiens, le texte qui vient d\'être proclamé. Celui-ci appartient au genre des berakot, c\'est-à-dire les « bénédictions » qui apparaissent déjà dans l\'Ancien Testament et qui auront une diffusion ultérieure dans la tradition juive. Il s\'agit donc d\'un fil de louange constant qui s\'élève vers Dieu, qui dans la foi chrétienne, est célébré comme « Père de notre Seigneur Jésus, le Christ».

C\'est pour cette raison que, dans notre louange sous forme d\'hymne, la figure du Christ, dans laquelle l\'œuvre de Dieu le Père se révèle et s\'accomplit, est centrale. En effet, les trois verbes principaux de ce Cantique long et intense nous conduisent toujours au Fils.

2. Dieu « nous a choisis en lui » (cf. Ep 1, 4): c\'est notre vocation à la sainteté, à la filiation adoptive et donc à la fraternité avec le Christ. Ce don, qui transforme radicalement notre état de créature, nous est offert « par Jésus Christ » (v. 5), une œuvre qui s\'inscrit dans le grand projet salvifique divin, dans cette affectueuse « bienveillance » (ibid.) du Père que l\'Apôtre contemple avec émotion.

Le deuxième verbe, après celui de l\'élection (« nous a choisis »), désigne le don de la grâce: « cette grâce dont il nous a comblés en son Fils bien-aimé » (v. 6). En grec, nous avons à deux reprises la même racine charis et echaritosen, pour souligner la gratuité de l\'initiative divine qui précède toute réponse humaine. La grâce que le Père nous donne dans le Fils unique est donc la manifestation de son amour qui nous entoure et nous transforme.

3. Et nous voici arrivés au troisième verbe fondamental du Cantique paulinien: celui-ci a toujours pour objet la grâce divine « par laquelle Dieu nous a remplis de sagesse et d\'intelligence » (v. 8). Nous sommes donc devant un verbe de plénitude, nous pourrions dire – en nous en tenant à son sens originel – d\'excès, de donation sans limites, ni réserves.

Nous parvenons ainsi dans la profondeur infinie et glorieuse du mystère de Dieu, ouvert et révélé par la grâce à celui qui a été appelé par la grâce et par l\'amour, cette révélation ne pouvant pas nous parvenir par le seul don de l\'intelligence et des capacités humaines. « Ce que l\'œil n\'a pas vu, ce que l\'oreille n\'a pas entendu, ce qui n\'est pas monté au cœur de l\'homme, tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l\'aiment. Car c\'est à nous que Dieu l\'a révélé par l\'Esprit; l\'Esprit en effet sonde tout, jusqu\'aux profondeurs de Dieu » (1 Co 2, 9-10).

4. Le « mystère de la volonté » divine a un centre qui est destiné à coordonner tout l\'être et toute l\'histoire en les conduisant à la plénitude voulue par Dieu: c\'est le dessein de réunir « tout sous un seul chef, le Christ » (Ep 1, 10). Dans ce « dessein », en grec oikonomia, c\'est-à-dire dans ce plan harmonieux de l\'architecture de l\'être et de l\'existence, se dresse le Christ chef du corps de l\'Eglise, mais également l\'axe qui récapitule en lui « toutes choses, les êtres célestes comme les terrestres ». La dispersion et les limites sont surmontées et se dessine alors cette « plénitude » qui est le véritable but du projet que la volonté divine avait préétabli dès les origines.

Nous nous trouvons donc face à une fresque grandiose de l\'histoire de la création et du salut que nous voudrions à présent méditer et approfondir à travers les paroles de saint Irénée, un grand Docteur de l\'Eglise du IIe siècle, qui, dans plusieurs pages magistrales de son Traité Contre les hérésies, avait développé une réflexion articulée précisément sur cette récapitulation accomplie par le Christ.

5. La foi chrétienne, affirme-t-il, reconnaît qu\'« il n\'y a qu\'un seul Dieu le Père et un seul Christ Jésus, notre Seigneur, qui est venu à travers toute l\'économie et qui a récapitulé en lui toutes les choses. Parmi toutes les choses se trouve également l\'homme, façonné par Dieu. Il a donc également récapitulé l\'homme en lui-même, devenant visible, lui qui est invisible, compréhensible, lui qui est incompréhensible et homme, lui qui est Verbe » (3, 16, 6: Già e non ancora, CCCXX, Milan 1979, p. 268).

C\'est pourquoi « le Verbe de Dieu devint homme » réellement, pas seulement en apparence, car sinon « son œuvre n\'aurait pas été véritable ». En revanche, « il était ce qu\'il apparaissait: Dieu qui récapitule en lui son antique créature, qui est l\'homme, pour tuer le péché, détruire la mort et vivifier l\'homme. Et c\'est pour cela que ses œuvres sont véritables » (3, 18, 7: ibid., pp. 277-278). Il s\'est constitué Chef de l\'Eglise pour nous attirer tous à Lui au bon moment. Dans l\'esprit de ces paroles de saint Irénée, nous prions: oui, Seigneur, attire-nous à Toi, attire le monde à Toi et donne-nous la paix, Ta paix.


b- Invitation par le pape Benoît XVI à Rome de Sa Béatitude Christodoulos.
Dans les Nouvelles de Chrétienté de la semaine dernière, j’annonçais que Benoît XVI avait invité à Rome Sa Béatitude Christodoulos, Archevêque d’Athènes et de toute la Grèce, Il l’écrivait formellement au Cardinal Jean-Louis Tauran.
Voici la lettre :

LETTRE DU PAPE BENOÎT XVI
À SON ÉMINENCE LE CARDINAL JEAN-LOUIS TAURAN
POUR LA PUBLICATION DU «MÉNOLOGE DE BASILE II»


À Monsieur le Cardinal Jean-Louis Tauran
Archiviste et Bibliothécaire de la Sainte Église Romaine
J’ai pris connaissance avec intérêt de la collaboration instaurée entre la Bibliothèque apostolique vaticane et l’Église orthodoxe de Grèce pour la publication du Ménologe de Basile II, dont le manuscrit est conservé à la Bibliothèque apostolique vaticane, et je vous sais gré d’avoir veillé au bon déroulement des différentes étapes de ce projet.
Puisque vous allez participer à la rencontre d’Athènes qui marque la première présentation officielle du fac-similé du manuscrit, je vous charge d’exprimer à Sa Béatitude Christodoulos, Archevêque d’Athènes et de toute la Grèce, mes sentiments cordiaux et fraternels, et ma pleine satisfaction pour cet événement important, fruit des relations nouvelles qui se sont tissées après la visite inoubliable de mon vénéré prédécesseur Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II à Athènes, à l’occasion de son pèlerinage jubilaire sur les pas de l’Apôtre saint Paul. Je me réjouis vivement de constater qu’une coopération plus active se développe toujours davantage entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe de Grèce.
À cette occasion, je vous charge de faire savoir à Sa Béatitude Christodoulos la joie qui serait la mienne de l’accueillir à Rome, afin de signifier ensemble qu’une nouvelle étape est franchie sur ce chemin de réconciliation et de coopération. Témoignez-lui mon vif désir de développer avec plus d’intensité des rapports confiants et fraternels entre nous, afin d’œuvrer ensemble aux nombreux chantiers de l’évangélisation : nous pourrons notamment aider avec plus de force les nations européennes à réaffirmer leurs racines chrétiennes, afin d’en retrouver la sève nourricière et féconde, pour leur propre avenir, pour le bien des personnes et de la société tout entière. Ce sera une manière d’annoncer ensemble la Bonne Nouvelle du Christ au monde contemporain, qui en a tant besoin. Ainsi nous répondrons toujours davantage à l’ardent désir exprimé par le Seigneur lui-même : «Que tous soient un !» (Cf. Jn 17, 21), jusqu’au jour béni où, quand Dieu voudra et sous la conduite prévenante de l’Esprit Saint, nous pourrons célébrer la pleine communion retrouvée.
Je vous demande également de saluer cordialement en mon nom les Membres du Saint-Synode de l’Église orthodoxe de Grèce, ainsi que mes frères Évêques de l’Église catholique, Son Excellence Monsieur le Président de la République de Grèce et les autres personnalités réunies en cette circonstance.
Dans ces sentiments de confiance et d’espérance, je vous adresse mes vœux chaleureux pour le plein succès de votre mission. Invoquant sur votre personne l’intercession bienveillante de la Mère de Dieu, je vous accorde, Monsieur le Cardinal, une particulière et affectueuse Bénédiction apostolique.
Du Vatican, le 27 octobre 2005.
c- Béatification du Père Charles de Foucauld.
Le dimanche 13 novembre, Benoît XVI béatifiait le Père Charles de Foucauld. Voici la lettre apostolique de Benoît XVI, le confirmant.

BENEDICTUS PP.XVI
LETTRE APOSTOLIQUE PAR LAQUELLE LE PAPE BENOÎT XVI
A INSCRIT DANS L'ALBUM DES BIENHEUREUX LES SERVITEURS DE DIEU
CHARLES DE FOUCAULD (1858-1916), MARIA PIA MASTENA (1881-1951)
MARIA CROCIFISSA CURCIO (1877-1957)

:
Répondant au désir de nos Frères Claude Rault, Evêque de Laghouat, du Cardinal Camillo Ruini, Notre Vicaire général pour le diocèse de Rome, et Gino Reali, Evêque de Porto-Santa Rufina, et de nombreux autres frères dans l'épiscopat et de nombreux fidèles, et après avoir pris l'avis de la Congrégation pour les Causes des Saints, de par Notre Autorité apostolique, Nous donnons Notre accord pour que les Vénérables serviteurs de Dieu Charles de Foucauld, Maria Pia Mastena et Maria Crocifissa Curcio soient dorénavant appelés bienheureux et que l'on puisse célébrer leur fête dans les lieux prévus et selon les règles établies par le droit, chaque année: le 1 décembre pour Charles de Foucauld, le 27 juin pour Maria Pia Mastena, et le 4 juillet pour Maria Crocifissa Curcio.
Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Amen.
Donné à Rome, auprès de Saint-Pierre, le 13 novembre de l'année du Seigneur 2005, première de Notre Pontificat.

d- Mise au pas des Moines franciscains d’Assise.

Un décret pontifical promulgué ce week-end (20 novembre) limite l'autonomie des moines gardiens de la basilique Saint-François d'Assise, où repose la dépouille de leur fondateur, but de pèlerinage de millions de fidèles.

Le décret place les moines sous le contrôle de trois personnes - l'évêque d'Assise, le cardinal Calillo Ruini, président de la conférence épiscopale italienne, et un autre cardinal du Vatican.

Cette initiative constitue la première remise au pas d'un ordre religieux par Benoît XVI et elle revient sur un précédent décret pontifical de Paul VI qui, en 1969, avait accordé une large autonomie aux franciscains d'Assise.
Voici ce document.

LETTRE APOSTOLIQUE MOTU PROPRIO
CONTENANT LES NOUVELLES DISPOSITIONS
RELATIVES AUX BASILIQUES SAINT-FRANÇOIS
ET SAINTE-MARIE-DES-ANGES À ASSISE

« Le monde entier regarde avec une considération particulière la Basilique Saint-François à Assise, qui conserve et garde la dépouille mortelle du saint séraphique, ainsi que la Basilique Sainte-Marie-des-Anges, qui contient en son sein l'éminente petite église de la Portioncule: la première est confiée à l'Ordre des Frères mineurs franciscains conventuels et la deuxième à l'Ordre franciscain des Frères mineurs.
Les Pontifes Romains, quant à eux, ont toujours eu des liens particuliers et une sollicitude spéciale pour ces deux Temples Majeurs franciscains propter eorum praestantiam atque dignitatem et ils ont jusqu'à présent voulu qu'ils soient directement placés sous leur juridiction. Au cours des siècles, les Frères conventuels et les Frères mineurs, à travers leur oeuvre zélée et leur témoignage, ont gardé vivant l'esprit et le charisme de saint François, en diffusant dans le monde entier son message évangélique de paix, de fraternité et de bien.
Vue l'exigence de réaliser une entente plus efficace entre les activités qui se déroulent dans la Basilique Saint-François (avec le Saint Couvent qui y est rattaché), et dans la Basilique Sainte-Marie-des-Anges (et son Couvent) et la pastorale du diocèse d'Assise-Nocera Umbra-Gualdo Tadino, ainsi qu'avec la pastorale promue au niveau régional et national par les Conférences épiscopales respectives, il nous est apparu utile de modifier la discipline juridique actuelle, telle qu'elle avait été réglementée par notre vénéré Prédécesseur, le Pape Paul VI de vénérée mémoire, à travers le Motu proprio "Inclita toto", du 8 août 1969, pour ce qui concerne la Basilique Saint-François (avec le saint Couvent qui y est rattaché), et à travers la décision ex Audientia du 12 mai 1966, pour ce qui concerne la Basilique Saint-Marie-des-Anges (et son Couvent), en actualisant les normes pour les adapter aux nécessités actuelles.
En conséquence, nous disposons et nous établissons ce qui suit:
I. Nous assignons comme notre Légat à la Basilique Saint-François et au Saint Couvent qui y est rattaché, ainsi qu'à la Basilique Sainte-Marie-des-Anges, un Cardinal de la Sainte Eglise romaine, qui, bien que ne jouissant pas de juridiction, aura pour tâche de perpétuer par son autorité morale les liens étroits de communion entre les lieux sacrés à la mémoire du "Poverello" et ce Siège apostolique. Il pourra donner la Bénédiction papale au cours des célébrations qu'il présidera à l'occasion des solennités liturgiques les plus importantes.
II. Dorénavant, l'Evêque d'Assise-Nocera Umbra-Gualdo Tadino jouira de la juridiction prévue par le droit sur les églises et sur les maisons religieuses en ce qui concerne toutes les activités pastorales exercées par les Pères conventuels de la Basilique Saint-François et par les Frères mineurs de Sainte-Marie-des-Anges.
III. Les Pères franciscains, conventuels et mineurs, devront donc demander et obtenir l'assentiment de l'Evêque d'Assise-Nocera Umbra-Gualdo Tadino pour toutes les initiatives à caractère pastoral. Celui-ci prendra ensuite l'avis du Président de la Conférence épiscopale d'Ombrie pour les initiatives qui ont une influence sur la Région de l'Ombrie, ou de la Présidence de la Conférence épiscopale italienne en ce qui concerne les initiatives de plus vaste envergure.
IV. En ce qui concerne les célébrations des sacrements dans les Basiliques susmentionnées, valent les normes du Code de Droit canonique et celles en vigueur dans le diocèse d'Assise-Nocera Umbra-Gualdo Tadino.
J'exhorte donc les Frères de Saint François, auxquels les deux basiliques susmentionnées sont confiées, de se conformer avec une généreuse disponibilité aux normes exposées dans ce Motu proprio, dans un esprit de sincère communion avec l'Evêque d'Assise-Nocera Umbra-Gualdo Tadino et, par son intermédiaire, avec la Conférence épiscopale régionale et avec la Conférence épiscopale nationale.
Nonobstant toute disposition contraire.
Donné à Rome, auprès de Saint Pierre le 9 novembre 2005, anniversaire de la dédicace de la Basilique du Latran, première année de Notre Pontificat.
L’agence Reuters en faisait le commentaire suivant et parlait du « coup de crosse papal aux franciscains d’Assise ».
Sujet : Coup de crosse papal aux franciscains d'Assise

par Philip Pullella
CITE DU VATICAN, 21 novembre (Reuters) - La décision du pape Benoît XVI de remettre au pas les moines franciscains d'Assise, considérés comme trop à gauche par certains catholiques italiens, a soulevé une tempête politique en Italie à l'approche des élections législatives d'avril.
Un décret pontifical promulgué ce week-end limite l'autonomie des moines gardiens de la basilique Saint-François d'Assise, où repose la dépouille de leur fondateur, but de pèlerinage de millions de fidèles.
Le décret place les moines sous le contrôle de trois personnes - l'évêque d'Assise, le cardinal Calillo Ruini, président de la conférence épiscopale italienne, et un autre cardinal du Vatican.

Cette initiative constitue la première remise au pas d'un ordre religieux par Benoît XVI et elle revient sur un précédent décret pontifical de Paul VI qui, en 1969, avait accordé une large autonomie aux franciscains d'Assise.
"Maintenant, les franciscains ont les mains liées et ils ne peuvent plus être un pont entre l'Eglise et la société", a déploré Livia Turco, ancienne ministre, membre des Démocrates de gauche, la plus importante formation de l'Olivier, la coalition d'opposition. Ces dernières décennies, les moines d'Assise ont été associés à des partis politiques et à des causes de gauche.
La procession de Pâques qu'ils organisent chaque année est fréquentée par des dirigeants de gauche et souvent boycottée par les hommes politiques de centre-droite. Ils ont aussi accueilli des personnalités controversées telles que l'ancien ministre irakien des Affaires étrangères, Tarek Aziz, des dirigeants du Parti communiste italien et le cinéaste et acteur Roberto Benigni, connu pour ses opinions de gauche.

EXPLOITATION POLITIQUE
Le sénateur Maurizio Ronconi, de l'UDC (centre-droite), a salué l'initiative du pape en accusant la gauche "d'exploiter" politiquement les moines depuis des années.
Le décret pontifical impose aux franciscains de demander l'autorisation de leur évêque pour toute initiative future. Des analystes estiment que cela privera le centre-gauche de sa
plate-forme la plus visible à l'approche des élections, ce qui serait de nature à aider la droite dans sa tentative de séduire l'électorat catholique.
Le cardinal Ruini a prévenu le centre-gauche qu'il ne tolérerait aucune tentative de faire passer des lois autorisant les mariages entre homosexuels ou élargissant le droit à l'avortement. Le pape, préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi pendant 23
ans, jusqu'à son élection en avril dernier, a aussi fait savoir aux moines que leurs célébrations religieuses devaient se conformer aux normes. Des catholiques conservateurs ont accusé les franciscains de frôler le syncrétisme lors de leurs réunions oecuméniques.
Le pape Jean Paul II s'était rendu à plusieurs reprises dans la ville natale de Saint François, chantre de la pauvreté évangélique et, par deux fois, il avait participé à Assise à une rencontre mondiale pour la paix avec des chefs spirituels d'autres religions.
Le décret de Benoît XVI, largement commenté dans la presse, a été salué par l'évêque sortant d'Assise. "Il était temps", s'est exclamé Mgr Sergio Goretti dans une interview à
La Repubblica. Selon l'évêque, les moines étaient devenus une "enclave autonome", source de multiples problèmes. "Parfois, je découvrais ce que faisaient les moines en lisant les
journaux", a-t-il déploré. Les intéressés se sont efforcés de minimiser le coup de crosse papal en déclarant dans un communiqué qu'ils poursuivraient leur mission "dans
l'esprit de Saint François".

C- Supplique à Sa Sainteté Benoît XVI

Vous trouverez ci-dessous le texte de la supplique à Benoît XVI, supplique qui a été rendue publique par Monsieur l’abbé de Tanoüarn, lors de la belle journée de la Mutualité, le 20 novembre 2005 et que je vous demande de signer et d’adresser au Cercle Saint Paul, 12 rue Saint Joseph. Paris 2.

Très Saint Père,
Votre élection au Souverain Pontificat a suscité, dans le peuple de Dieu, une immense espérance. Nous nous adressons à vous comme à un père, que nous savons proche de ses enfants et attentif à leur bien spirituel. A votre propos, nous répétons avec le Seigneur : « si votre fils vous demande du pain, lui donnerez-vous une pierre ? »
Ce que nous vous demandons ? Que vous affirmiez, comme pape, ce que vous avez déjà écrit à maintes reprises, comme théologien : que le rite traditionnel de la messe latine peut être regardé comme légitime dans toute l'Eglise latine, y jouissant même d'une primauté d'honneur. N'est-ce pas vous qui écriviez, à ce propos, dans le Sel de la terre : « une communauté qui déclare soudain strictement interdit ce qui était jusqu'alors pour elle tout ce qu'il y a de plus sacré et de plus haut, et à qui l'on présente comme inconvenant le regret que l'on en a, se met elle-même en question. Comment la croirait-on encore ? Ne va-t-elle pas interdire demain, ce qu'elle prescrit aujourd'hui ? »
Nous ne demandons aucun privilège, aucune loi particulière… c'est de justice qu'il s'agit, de cette justice qui fomente partout la paix. Vous avez vous-même souligné que ceux qui refusent aux fidèles, la possibilité de jouir paisiblement des trésors de culture que les siècles de tradition catholique nous ont légués, mettaient en danger la crédibilité de l'Eglise. C'est pourquoi notre confiance est grande en cette supplique.
Nous prions à toutes vos intentions dont nous savons qu'elles sont celles de l'Eglise épouse du Christ.
Palais de la Mutualité
Paris, 20 novembre 2005
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D- Décès et funérailles de Mère Gertrude de Maissin

Monsieur l’abbé de Cacqueray communique
Le Bon Dieu a rappelé à Lui, ce 20 novembre 2005, XXIVème et dernier dimanche après la Pentecôte, la Révérende Mère Gertrude de Maissin, fondatrice et supérieure du Monastère des bénédictines de Notre-Dame de Toute Confiance à Lamairé.
Agée de 91 ans, elle était dans la 66ème année de sa profession monastique.
Pour rester fidèle à cette profession monastique, Mère Gertrude fut amenée à quitter l’abbaye de Faremoutiers (située près de Meaux) dont elle était la supérieure pour se rapprocher de Monseigneur Lefebvre.
Elle fut pressentie au début des années 80 pour fonder avec Dom Gérard un monastère de bénédictines près du Barroux. Mais après réflexion, elle refusa et préféra aller s’installer dans une humble maison à Lamairé près de Saint-Loup, village natale de saint Théophane Vénard dans les Deux-Sèvres.
C’est là que le Monastère Notre-Dame de Toute Confiance a pris naissance au milieu de bien des difficultés.
Les sacres épiscopaux de 1988 l’ont trouvée toujours fidèle dans le combat auprès de Monseigneur Lefebvre, et sa clairvoyance est apparue au grand jour.
L’arrivée en France des bénédictins du Brésil et leur installation à Bellaigue a été l’aboutissement de persévérantes prières. Le 27 novembre 2004 a été acquise, à proximité du monastère des moines, la propriété destinée à recevoir les filles de Mère Gertrude, dans la perspective d’un rapprochement des deux communautés. Cette propriété est actuellement en travaux et pourra, si Dieu veut, accueillir dans quelques mois les huit religieuses dépositaires de l’héritage bénédictin transmis par leur fondatrice.
Nous recommandons dors et déjà cette âme fidèle à vos prières.
Les funérailles, présidées par Monseigneur Fellay, en présence du Révérend Père Ange, seront célébrées le jeudi 24 novembre à 11h00 à Assais (Noviciat de la Fraternité de la Transfiguration, Maison Notre-Dame des Anges, 10 place de l’Eglise 79600 ASSAIS) et suivies de l’inhumation au monastère à Lamairé.
Abbé Régis de Cacqueray †
Supérieur du District de France