Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

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Du 18 au 24 Décembre

4iéme Dimanche de l'avent

 

Homélie

Notre méditation dominicale s’inspirera des très beaux textes de la messe du samedi des Quatre-Temps de l’Avent et de ceux de ce dimanche : le quatrième dimanche de l’Avent.

Le but que nous devons surtout rechercher dans cette méditation, c’est de préparer notre cœur à la venue du Seigneur. Que nos instants, que notre temps, que nos pensées, que nos réflexions se portent vers le Seigneur. Que nos cœurs se préparent à accueillir Celui qui vient : le Messie. Celui que Dieu, dans sa bonté, a préparé pour opérer notre salut, réparer le péché originel d’Adam, réconcilier le genre humain, établir la paix, rétablir la paix entre Dieu et les hommes.

Oui, élevons nos cœurs vers la sagesse de Dieu, et goûtons, en ce dimanche, les beaux textes
liturgiques que l’Eglise nous propose en ces deux jours du samedi et du dimanche.

Et tout d’abord écoutons l’Introït du samedi des Quatre Temps :

« Viens, fais luire sur nous ta face, ô Seigneur qui trônes sur les chérubins, et nous serons sauvés. R/ Prête l’oreille, pasteur d’Israël, toi qui conduis Joseph comme un troupeau. V/ Gloire au Père. »

C’est une supplique. C’est un cri. C’est un appel fervent qui sort du cœur du fidèle qui sait sa misère et qui confesse la grandeur de celui qui, seul, peut le sauver. « veni et ostende nobis faciem tuam ». « Viens et montre nous ton visage ».

Vous le voyez ! L’appel de ce cœur aimant est fort, impératif. Il s’appuie sur sa propre misère pour supplier la venue du Sauveur. « Veni ». « Viens et montre nous ton visage » fait de miséricorde. Sans toi, nous sommes à jamais perdu, exclu du Ciel, du bonheur éternel. Veni et ostende miséricordiam tuam. Il faut remarquer que c’est aussi la supplique du prêtre alors qu’il s’apprête à monter à l’autel : Ostende nobis, Domine, misericordiam tuam »

L’âme est ardente dans son appel parce qu’elle sait sa profonde misère.

Mais elle n’oublie pas, non plus, la nature de celui qui doit venir, sa gloire, sa transcendance. « Il est celui qui règne sur les Chérubins ». Il est le « Seigneur », le « Maître », « Domine ». Il est la Puissance même. En lui, donc, mon espérance. En lui le salut parce qu’il est Dieu et homme. C’est encore du reste, la prière des fidèles, alors que le prêtre va monter à l’autel : « et salutare tuum da nobis », « Accordez-nous votre salut ».
« Veni et salvi erimus ». « Viens et nous serons sauvés »

Tel est l’appel pressant de l’Eglise, en ce temps de l’Avent.

« Veni et ostende faciem tuam ». « Toi qui commande aux Chérubins, viens opérer notre salut » !
Et cet appel est repris par l’Introït de la messe du quatrième dimanche de l’Avent : « Rorate caeli desuper et nubes pluant justum : aperiatur terra et germinet salvatorem ». « Cieux répandez d’en haut votre rosée, et que les nuées fassent pleuvoir le Juste ! Que la terre s’entrouvre et fasse germer le Sauveur » ! C’est le même appel. C’est la même supplique. L’Eglise y insiste. N’y soyons pas insensible ! Et le même Introït rappelle à notre foi la même toute puissance de Dieu, du Messie : « les cieux racontent la gloire de Dieu et le firmament publie l’œuvre de ses mains ».


Et le premier texte d’Isaïe, au Samedi des Quatre Temps, explicite ce cri, cet appel, ce
« veni » : « En ces jours là, ils crieront vers le Seigneur dans leurs tribulations, et il leur enverra un Sauveur, un défenseur qui les délivrera. Et le Seigneur se fera connaître à l’Egypte et les Egyptiens connaîtront le Seigneur en ce jours-là. Ils lui offriront sacrifices et offrandes ; ils feront des vœux au Seigneur et les accompliront. Le Seigneur ne frappera plus l’Egypte que pour la guérir. Ils se convertiront au Seigneur, et il se laissera fléchir et les guérira, lui, le Seigneur notre Dieu ». Isaïe 19 20-22

« Ils crieront vers le Seigneur » dans leurs tribulations.

En latin, nous avons le verbe « Clamabunt ad Dominum ». Ce n’est pas un simple appel. Mais c’est un cri. C’est « pousser un cri ». C’est « appeler en criant ».

Telle est la disposition de l’âme chrétienne.

« a facie tribulantis ». Le verbe latin « tribulare », veut dire : « tourmenter, faire souffris, affliger, persécuter ». Plus la misère est grande, plus le cri est grand. Le cri est proportionné à la misère.

Et Dieu est attentif à ce cri, à cette supplique, comme il le fut un jour à la prière suppliante de Zacharie dans le Temple.

Et Dieu leur enverra un Sauveur. « Et mittet eis salvatorem et propugnatorem ».

Un « propugnator ». C’est celui qui défend une place assiégée. C’est le défenseur. Le combattant.

Telle est la description du Sauveur. Il est un combattant, un soldat. Celui qui délivre l’assiégé.
Le verbe latin : « propugnare » veut dire : « se battre, combattre pour défendre, être le champion de ».
Ainsi le prophète Isaïe nous fait connaître le Messie, nous donne un de ses traits : « Il sera un battant, un lutteur ». Mon esprit pense alors à la Passion du Seigneur. C’est là, surtout, qu’Il exerça son combat, sa lutte, qu’il manifesta sa force. C’est là surtout qu’Il lutta contre le mal, l’auteur du mal. Et quelle énergie dans sa Passion, dans son Agonie ! Un seul mot de l’Evangile nous l’indique : le « surge » que Notre Seigneur adressa à ses disciples alors que Judas et la soldatesque approchaient. Quelle force dans l’adversité !

Et le prophète Isaïe ajoute : « Et il se fera connaître à l’Egypte » « Et cognoscent Egyptii Dominum in die illa » ?
A ces mots, mon esprit se souvient de la libération d’Israël des mains du Pharaon, par l’ange exterminateur, le serviteur de Yahweh. Souvenez-vous du récit d ‘Exode 12. Voilà la description de l’agneau pascal. Voilà son sang mis sur les deux montants et sur le linteau de la porte dans les maisons d’Israël captif. Voilà le sang libérateur. Voilà ce sang protecteur :
« Et je passerai cette nuit là par le pays d’Egypte et je frapperai de mort tous les premiers nés du pays d’Egypte depuis les hommes jusqu’aux animaux…Je suis Yahweh. Le sang sera un signe en votre faveur sur les maisons où vous êtes : je verrai le sang et je passerai par dessus-vous, il n’y aura point pour vous de plaie meurtrière quand je frapperai le pays d’Egypte ».

Oh mystère étrange et inexplicable ! L’immolation de l’Agneau se trouve être le salut d’Israël, la mort de l’Agneau devint la vie du peuple. Et le sang intimida l’ange exterminateur.

Voilà comment Dieu a révélé sa puissance et s’est fait connaître à l’Egypte : par le sang de l’Agneau. Le « sang de l’Agneau » est ainsi une figure très précise du Messie-Sauveur. Saint Jean Baptiste le révélera, de fait, à ses disciples par ces mots : « Ecce Agnus Dei ».

Dès lors, notre appel, notre action de grâce, nos acclamations sont dues à l’Agneau Pascal parce qu’il est notre Sauveur, notre protecteur. C’est ainsi que je dois le contempler déjà dans la crèche !

Et je ferais volontiers monter aux cieux cette belle médiation de Méliton de Sarde : « Dis-moi, ô Ange, ce qui t’a intimidé, l’immolation de l’Agneau ou la vie du Sauveur, la mort de l’Agneau ou la préfiguration du Seigneur. Il est clair que tu as été intimidé parce que tu as vu le mystère du Seigneur s’accomplissant dans l’Agneau pascal…C’est pourquoi tu ne frappas pas Israël, mais tu privas l’Egypte seule de ses enfants. Quel est ce mystère inattendu : l’Egypte frappée pour sa perte ; Israël protégé pour son salut »

Alors, sachons regarder vers l’Agneau qui fut immolé en Egypte, c’est celui qui frappa l’Egypte et qui sauva Israël par le sang. « Et le Seigneur se fera connaître à l’Egypte et l’Egypte connaîtra le Seigneur en ce jour là »…

A ce mystère révélé, annoncé, prédit et réalisé…convertissons nous.

« Et le Seigneur frappera l’Egypte et ils se convertiront au Seigneur et il se laissera fléchir et les guérira ».

« Il se laissera fléchir et les guérira » Il le peut. Car il est le Dieu fort. Le Dieu puissant.
« Il part d’une extrémité du Ciel et sa course le conduit jusqu’à l’autre ». Il est le tout puissant. Tout est à lui. Il est le Maître de toutes choses. « Les cieux proclament sa gloire et le firmament publie l’œuvre de ses mains ».
N’oublions jamais que Celui qui doit venir…. sera peut-être mis dans une crèche, sera peut-être « infans », mais il est celui qui fit le ciel et la terre.

Voilà ce que le Graduel nous rappelle.

L’Eglise alors nous précise la prière de ses enfants dans cette belle oraison : « Fais, nous t’en supplions, Dieu tout puissant que nous qui sommes courbés sous le joug du péché par suite de notre vieil esclavage, nous soyons délivrés par la nouvelle naissance de ton Fils unique si longtemps attendu… »

Voilà enfin la très belle deuxième lecture tirée toujours d’Isaïe, le prophète ; Vous apprécierez aussi sa poésie : « Voici ce que dit le Seigneur : « Que le désert et la steppe se réjouissent, que la lande exulte et fleurisse comme le narcisse ; qu’elle se couvre de fleurs, qu’elle exulte et pousse des cries de joie ! La gloire du Liban lui sera donnée, la splendeur du Carmel et de Saron. On verra la gloire du Seigneur, la magnificence de notre Dieu. Fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux qui chancellent. Dites aux timides : « Courage, ne craignez point, voici votre Dieu ! La vengeance arrive, la revanche de Dieu ; il vient lui-même vous sauver. Alors se dessilleront les yeux des aveugles et les oreilles de sourds s’ouvriront, alors le boiteux bondira comme un cerf et la langue du muet poussera des cris d’allégresse ; car des sources vives jailliront au désert et des ruisseaux dans la steppe ; le sol embrasé se changera en nappe d’eau et le pays de la soif en fontaines, dit le Seigneur tout-puissant ». (Isaïe 35 1-7)

Vous le voyez, ce texte est une lecture de joie et de bonheur. Avec la venue du Messie, le salut nous est donné, alors tout refleurit, tout renaît comme en un printemps nouveau. « Alors le désert et la terre aride - nous en raison de nos péchés - désert, terre aride – se réjouiront… ». En latin, nous avons le verbe « laetabitur ». Qui se traduit, vous le savez maintenant, par « se réjouir », « se livrer à la joie ». « Laetitia » veut exprimer « une joie vive, un allégresse ; le comble de la joie. On traduira aussi ce mot par « beauté, comme si la terre de stérile, d’aride, devenait belle en se parant des ses nouvelles végétations. Et de fait « laetitia » veut dire aussi : « végétation vigoureuse ». Telle sera la terre fécondée par le sang de l’Agneau, la grâce divine.
« Que la terre aride donne sa parure, une végétation luxuriante !
« Et la lande exultera » « Exultabit solitudo » « et fleurira comme le lys ».
« Le verbe exultare veut dire non seulement sauter, mais bondir, se réjouir vivement.
« Germinans germinabit » : « elle fleurira ».

Et de fait, la venue du Messie est une deuxième naissance, une deuxième création. Il créa toute chose, nouvelle. » « Mirabilius reformasti ».

« La lande, la terre fleurira, elle exultera dans la jubilation et les chants de triomphe. « Exultabit laetabunda et laudans ».

« Ils verront la gloire du Seigneur, la magnificence de notre Dieu ».

On retrouve ici, vous le voyez, tous les expressions et les chants de Zacharie, d’Elisabeth, de Notre Dame., de Siméon, le prophète. C’est la même joie qu’ils font tous entendre à la venue du Seigneur, lorsqu’ils parlent du Messie.

Ecoutez ! Souvenez-vous ! Méditez : « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi. Car votre voix, lorsque vous m’avez saluée, n’a pas plus tôt frappé mes oreilles que mon enfant a tressailli de joie dans mon sein ».

Le chant de Notre Dame : « Mon âme glorifie le Seigneur et mon esprit trésaille de joie en Dieu, mon Sauveur » ;
Il y a une parfaite harmonie entre l’Ancien et le Nouveau Testament. C’est la joie que cause la venue du sauveur.
« Dites à ceux qui ont le cœur troublé : courage, point de peur, voici votre Dieu. Il vient lui-même, Il vous sauvera. « Deus ipse venit et salvabit nos ».

Alors Zacharie pourra aussi chanter, comme Isaïe le chanta déjà dans son style fleuri et bucolique, son « Benedictus » :
« Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël
parce qu’il a visité et racheté son peuple
Et qu’il a suscité une force pour nous sauver…pour nous sauver de nos ennemis et du pouvoir de tous ceux qui nous haïssent afin d’exercer sa miséricorde envers nos pères »

Et je me souviens encore du beau chant du prophète Siméon : « Maintenant, Ô Maître vous laissez partir votre serviteur en paix selon votre promesse, Puisque mes yeux ont vu votre salut que vous avez préparé à la face de tous les peuples, Lumière qui doit dissiper les ténèbres des Nations et gloire d’Israël, votre peuple ».

Aussi la tristesse n’est pas de mise. L’Eglise veut que notre cœur soit dans l’allégresse à la venue du Messie. Alors l’Eglise fait monter sa prière : « Seigneur réjouis-nous par le lavement de ton Fils unique… »

Enfin la troisième lecture va insister sur la bonne nouvelle de la nuit de Noël et va utiliser Isaïe au chapitre 40. Et voilà pourquoi aussi l’Eglise, dans son Evangile de ce dimanche, va préciser le temps historique de cette venue du Messie, « la quinzième année du temps de Tibère César… », de cette Bonne nouvelle qui sera proclamée par les anges célestes, la nuit de Noël. Mais Isaïe l’avait déjà annoncé dans ce passage : « Montez sur une haute montagne vous qui portez à Sion la bonne Nouvelle. Elevez la voix avec force » « Exalta in fortitudine vocem tuam ». Le Messie est annoncé avec force et puissance.

Les anges le feront la nuit de Noël : « Ne craignez point car je vous annonce une nouvelle qui sera pour tout le peuple une grande joie. Il vous est né aujourd’hui dans la ville de David, un Sauveur qui est le Christ Seigneur »
Et c’est alors la venue de la milice céleste louant Dieu avec force acclamation : « Gloria in Exselsis Deo ».

Oui ! Elevez la voix avec force, vous qui portez à Jérusalem la Bonne Nouvelle. Elevez la voix. Ne craignez rien. Dites aux villes de Juda : « Voici votre Dieu. Voici que le Seigneur vient avec puissance, son bras lui soumet tout. Voici avec lui, le prix de sa victoire, le fruit de sa conquête marche devant lui. Comme un berger, il fera paître son troupeau, de son bras il le rassemblera. Il portera les agneaux sur son sein, lui le Seigneur Notre Dieu ».

Voilà la Bonne Nouvelle : la tendresse du Berger exprimée par cette belle expression : « les agneaux sur son sein ». Le prix de sa victoire sera son propre sang. Sa conquête marche devant lui : nos âmes soumises.

Et nous voilà, en fin, avec le très beau texte de la cinquième lecture :

« En ces jours-là, l’ange du Seigneur descendit dans la fournaise auprès d’Azarias et de ses compagnons ; de la fournaise, il écarta la flamme ardente et fit souffler en son milieu comme une brise matinale. La flamme jaillissait à quarante-neuf coudées au dessus de la fournaise. Dans son élan, elle brûla les Chaldéens au service du roi, qu’elle trouva près de la fournaise occupés à l’activer. Mais le feu ne toucha aucunement les trois jeunes gens et ne leur causa ni mal ni douleur »

Tout cela est tout simplement extraordinaire et ne peut pas ne pas faire jaillir de notre cœur le même chant que celui des enfants de la fournaise : « Tous trois alors n’eurent qu’une voix pour louer, glorifier et bénir Dieu dans la fournaise » : « Tu es béni, Seigneur Dieu de nos pères, digne de louange et de gloire à jamais.
Béni est ton nom, glorieux, saint, digne de louange et de gloire à jamais
Tu es béni dans le temple saint de ta gloire, digne de louange et de gloire à jamais
….
Tu es béni, toi qui trônes sur les chérubins et qui scrutes les abîmes, digne de louange et de gloire à jamais… ».

B-Catéchèse de Benoît XVI : « Dieu sait tout et il est présent aux côtés de sa créature »

Nous publions ci-dessous le texte de la catéchèse que le pape Benoît XVI a prononcée ce mercredi 14 décembre, au cours de l’audience générale.
Lecture: Psaume 138, 1-3.5-6.11-12

1. Tu me scrutes, Seigneur, et tu sais !
2. Tu sais quand je m\'assois, quand je me lève ;
de très loin, tu pénètres mes pensées.
3. Que je marche ou me repose, tu le vois,
tous mes chemins te sont familiers.
4. Avant qu\'un mot ne parvienne à mes lèvres,
déjà, Seigneur, tu le sais.
5. Tu me devances et me poursuis, tu m\'enserres,
tu as mis la main sur moi.
6. Savoir prodigieux qui me dépasse,
hauteur que je ne puis atteindre !
7. Où donc aller, loin de ton souffle ?
où m\'enfuir, loin de ta face ?
8. Je gravis les cieux : tu es là ;
je descends chez les morts : te voici.
9. Je prends les ailes de l\'aurore
et me pose au-delà des mers :
10. même là, ta main me conduit,
ta main droite me saisit.

1. La Liturgie des Vêpres – dont nous méditons les Psaumes et les Cantiques – nous propose, en deux étapes distinctes, la lecture d\'un hymne sapientiel d\'une beauté limpide et d\'une grande force émotive, le Psaume 138. Nous avons aujourd\'hui devant nous la première partie de la composition (cf. vv. 1-12), c\'est-à-dire les deux premières strophes qui exaltent respectivement l\'omniscience de Dieu (cf. vv. 1-6) et son omniprésence dans l\'espace et dans le temps (cf. vv. 7-12).

La vigueur des images et des expressions a pour but de célébrer le Créateur: « Si telle est la grandeur des œuvres créées – affirme Théodoret de Cyr, écrivain chrétien du Ve siècle – combien leur Créateur doit être grand ! » (Discours sur la Providence, 4: Collection de Textes patristiques, LXXV, Rome 1988, p. 115). La méditation du Psalmiste vise surtout à pénétrer dans le mystère du Dieu transcendant, et pourtant proche de nous.

2. La substance du message qu\'il nous offre est linéaire: Dieu sait tout et il est présent aux côtés de sa créature, qui ne peut pas se soustraire à lui. Sa présence n\'est cependant pas une présence menaçante et inquisitrice; certes, il porte également un regard sévère sur le mal, à l\'égard duquel il n\'est pas indifférent.

Toutefois, l\'élément fondamental est celui d\'une présence salvifique, capable d\'embrasser tout l\'être et toute l\'histoire. C\'est, en pratique, le cadre spirituel auquel saint Paul, en parlant à l\'Aréopage d\'Athènes, fait allusion à travers le recours à une citation d\'un poète grec: « C\'est en lui qu\'il nous est donné de vivre, de nous mouvoir, d\'exister » (Ac 17, 28).

3. Le premier passage (cf. Ps 138, 1-6), comme on vient de le dire, est la célébration de l\'omniscience divine: en effet, les verbes de la connaissance tels que « scruter », « connaître », « savoir », « pénétrer », « comprendre », « sagesse » sont répétés. Comme on le sait, la connaissance biblique dépasse le pur et simple apprentissage et la compréhension intellectuelle; c\'est une sorte de communion entre celui qui connaît et ce qui est connu: le Seigneur est donc en intimité avec nous, lorsque nous pensons et lorsque nous agissons.

Le deuxième passage de notre Psaume (cf. vv. 7-12) est en revanche consacré à l\'omniprésence divine. La volonté illusoire de l\'homme de se soustraire à cette présence y est décrite de façon très vivante. Tout l\'espace est parcouru: il y a tout d\'abord l\'axe vertical «ciel-enfer» (cf. v. 8), qui fait place à la dimension horizontale, celle qui va de l\'aurore, c\'est-à-dire de l\'orient, et qui parvient jusqu\'« au plus loin de la mer » Méditerranée, c\'est-à-dire l\'occident (cf. v. 9). Chaque lieu de l\'espace, même le plus secret, renferme une présence active de Dieu.

Le Psalmiste poursuit en introduisant également l\'autre réalité dans laquelle nous sommes plongés, le temps, symboliquement représenté par la nuit et par la lumière, par les ténèbres et par le jour (cf. vv. 11-12). Même l\'obscurité, dans laquelle il est difficile d\'avancer et de voir, est pénétrée par le regard et par l\'épiphanie du Seigneur de l\'être et du temps. Sa main est toujours prête à saisir la nôtre pour nous guider sur notre itinéraire terrestre (cf. v. 10). Il ne s\'agit donc pas d\'une proximité de jugement, qui provoque la terreur, mais de soutien et de libération.

Et ainsi, nous pouvons comprendre quel est le contenu ultime, essentiel, de ce Psaume: il s\'agit d\'un chant de confiance. Dieu est toujours avec nous. Même dans les nuits les plus obscures de notre vie, il ne nous abandonne pas. Même dans les moments les plus difficiles, il demeure présent. Et même lors de la dernière nuit, dans l\'ultime solitude où nul ne peut nous accompagner, dans la nuit de la mort, le Seigneur ne nous abandonne pas. Il nous accompagne également dans cette ultime solitude de la nuit de la mort. C\'est pourquoi nous, chrétiens, pouvons avoir confiance: nous ne sommes jamais seuls. La bonté de Dieu est toujours avec nous.

4. Nous avons commencé par une citation de l\'écrivain chrétien Théodoret de Cyr. Nous concluons en ayant encore recours à lui et à son IVe Discours sur la Providence divine, car, en dernière analyse, tel est le thème du Psaume. Il s\'arrête sur le v. 6, dans lequel l\'orant s\'exclame: « Savoir prodigieux qui me dépasse, hauteur que je ne puis atteindre ! ». Théodoret commente ce passage en s\'adressant à l\'intériorité de la connaissance et de l\'expérience personnelle et il affirme: « Tourné vers moi-même et devenu intime à moi-même, m\'étant éloigné des clameurs extérieures, je voulus me plonger dans la contemplation de ma nature... En réfléchissant sur ces choses et en pensant à l\'harmonie entre la nature mortelle et la nature immortelle, je suis vaincu par tant de prodige et, n\'arrivant pas à contempler ce mystère, je reconnais ma défaite; de plus, alors que je proclame la victoire de la sagesse du Créateur et que je lui élève des hymnes de louange, je m\'écrie: “Merveille de science qui me dépasse, hauteur où je ne puis atteindre”» (Collection de Textes patristiques, LXXV, Rome 1988, pp. 116.117).

C-« Connaissance élémentaire de la laïcité »
Entretien avec Yves de Lassus

Le 3 juillet 1905, après quatre mois de discussions enfiévrées, l’Assemblée nationale vota la « Loi concernant la séparation des Eglises et de l’Etat » par 341 voix sur 574.

Le 9 décembre suivant, le gouvernement vota le décret d’application de cette loi. Depuis quelques mois, à l’occasion de ce centenaire, la laïcité est l’un des sujets favoris du gouvernement et de ses caisses de résonance médiatiques. Le peuple français est rassasié de grands mots, de belles expressions. Dans
son discours du 17 décembre 2003, Jacques Chirac parla des « valeurs de la République », de « la laïcité au cœur de notre identité républicaine ». Il affirma notamment : « La laïcité est inscrite dans nos traditions. Elle est au coeur de notre identité républicaine. (…) »

Sur ce sujet, l’Action Familiale et Scolaire (AFS) vient de publier une petite étude très intéressante, Connaissance élémentaire de la laïcité. Nous avons rencontré son auteur, Yves de Lassus.

— Pourquoi telle étude alors que de nombreux livres viennent de sortir sur le sujet ?

—Il est vrai que plusieurs livres d’excellente qualité ont été publiés ces derniers temps sur la question. Mais chacun présentait un aspect de la laïcité. Cette étude, quant à elle, s’attache à donner une vue plus générale pour tous ceux
qui n’ont pas forcément le temps de lire plusieurs livres, tout en souhaitant voir l’ensemble des enjeux. De plus, l’objectif de l’AFS a toujours été de travailler à l’établissement du règne social du Christ-Roi, selon les paroles
bien connues de saint Pie X : « Omnia instaurare in Christo », paroles qui avaient profondément marqué Jean Ousset ; et celui-ci avait su transmettre son enthousiasme pour le Christ-Roi aux fondateurs de l’AFS. Fidèle à son esprit d’origine, l’AFS, dès qu’elle le peut, agit dans ce sens. Or, le centenaire de la laïcité est une occasion pour beaucoup de discréditer ce règne social. L’AFS ne pouvait pas laisser passer cet anniversaire en restant silencieuse : voilà pourquoi elle a décidé de sortir cette année une étude rappelant la doctrine traditionnelle de l’Eglise sur la laïcité.

— Quel est l’enseignement traditionnel de l’Eglise sur cette question ?

— Cet enseignement s’exprime sous deux formes : une forme positive que l’on résume en général en six points :

1) Les pouvoirs de l’Eglise et de l’Etat sont distincts.
2) L’Eglise est indépendante de l’Etat dans son ordre.
3) L’Etat est indépendant de l’Eglise dans son ordre.
4) Mais les deux pouvoirs sont unis comme l’âme est unie au corps, selon l’expression de Léon XIII.
5) Le pouvoir de l’Etat est soumis au pouvoir de l’Eglise dans les domaines de la morale et de la foi.
6) Les deux pouvoirs viennent de Dieu et le Christ est le chef de l’un et de l’autre : c’est la doctrine du Christ-Roi.

Mais cet enseignement s’exprime également sous une forme négative que l’on peut résumer de la façon suivante :

1) Le pouvoir ne vient pas du peuple mais de Dieu ; il n’y a donc pas de souveraineté populaire.
2) L’Etat ne doit pas être séparé de l’Eglise : il doit gouverner en union avec l’Eglise.
3) L’Etat ne doit pas mettre toutes les religions sur le même pied d’égalité : il doit protéger la seule vraie religion, la religion catholique.
4) L’Etat ne peut pas être athée et gouverner comme si Dieu n’existait : en tant qu’Etat, il doit professer un culte public et gouverner en tenant compte des lois de l’Eglise.
5) Il doit respecter la liberté et le pouvoir de l’Eglise sur la société.

— Vous faites d’abord une histoire du concept de laïcité.

— C’est exact. Car pour bien comprendre un phénomène, rien ne vaut d’en faire l’histoire.
C’est d’ailleurs pourquoi le sous-titre du livre est : Principe et histoire de la persécution de l’Eglise catholique en France depuis 1789. Or, à l’échelle de l’humanité, la laïcité, étendue comme une séparation nette entre le pouvoir
temporel et le pouvoir spirituel, est un concept très récent. Il faut attendre le XVIIIe siècle et la Révolution française pour en voir les premières réalisations concrètes. Avant cette époque, il y avait soit confusion des deux pouvoirs (les deux étant détenus par une même personne), soit union des deux pouvoirs (chaque pouvoir étant attribué à deux personnes différentes, mais travaillant ensemble). Apparue depuis à peine deux siècles, la laïcité a d’abord tenté de s’imposer sous une forme radicale pendant la Révolution française et le Consulat. Le Concordat de 1801, tout en permettant un retour à une situation plus normale, a ensuite permis de consolider de nombreux acquis de la laïcité au cours de cette première persécution. Puis, elle a tenté de s’imposer à la fin du XIXe siècle sous une forme presque aussi radicale. La farouche opposition des catholiques a permis de limiter sa progression. Malheureusement, la loi de 1905 a définitivement légalisé la laïcité sous une forme limitée qui a pu être atténuée en 1924 par la loi sur les associations diocésaines. Jusqu’au concile Vatican II, l’Eglise s’est opposée avec une très grande fermeté à toutes les formes de la laïcité. En un siècle et demi, celle-ci fut de nombreuses fois condamnée par le Saint-Siège. Ainsi, avant
Vatican II, le terme « laïcité » ne fut-il utilisé qu’une seule fois par les papes de façon positive. Mais l’enseignement du concile Vatican II va rompre avec la doctrine traditionnelle et va « sonner le glas de l’Etat chrétien », selon les
propres termes du cardinal Etchegaray. C’est ce profond changement d’attitude que l’étude veut mettre en lumière.

—A ce propos, vous citez des personnalités de l’Eglise qui ne sont pas d’accord avec votre opinion. Ne vous érigez-vous en juge de leurs faits et dires ?

— Je ne le crois vraiment pas. En tout cas, telle n’a jamais été mon intention quelle que soit l’interprétation que certains pourront vouloir donner à ce travail. Je me suis contenté de compiler les écrits de six des sept papes qui ont occupé le siège de Pierre avant le concile Vatican II : Grégoire XVI, le bienheureux Pie IX, saint Pie X, Pie XI et Pie XII. Pendant cent cinquante ans, confrontés à une laïcité de plus en plus envahissante, ces papes ont, avec une continuité extraordinaire, précisé très clairement les devoirs de la société envers le Christ- Roi. Cette doctrine a été remarquablement synthétisée par Pie XI dans son encyclique Quas primas, à peine quarante ans avant Vatican II.
J’ai ensuite comparé cette doctrine si nette avec les textes de Vatican II et de plusieurs grandes autorités de l’Eglise depuis ce concile. Si les mots ont encore un sens, on ne peut que constater que l’enseignement depuis Vatican II
est radicalement différent de celui des six papes que je viens de citer. Mais je ne fais que constater un fait : je n’y suis pour rien. Qu’on l’approuve ou le déplore, le fait est que les hommes d’Eglise ont changé de discours depuis Vatican II. D’ailleurs, ce n’est pas moi qui le dit : tous les observateurs, qu’ils soient catholiques ou non, modernistes ou non, font exactement la même constatation, comme par exemple Emile Poulat qui affirme dans une interview
de La Nef : « Le concile Vatican II, à travers Dignitatis humanae, a pris acte de certaines évolutions qui rendent aujourd’hui caduque la doctrine de l’Etat chrétien selon Léon XIII. » Mais de très nombreuses personnalités, comme le cardinal Etchegaray, le cardinal Tauran, Mgr Ricard et bien d’autres ont dit en substance exactement la même chose. L’étude rapporte une dizaine de citations pour bien montrer qu’il y a eu un réel changement sur ce point. Mais qu’on me comprenne bien : cette comparaison de l’enseignement de l’Eglise avant et après Vatican II n’a pas pour objectif de porter un jugement sur tel ou tel homme d’Eglise, mais simplement de montrer qu’il y a réellement deux enseignements presque totalement opposés sur le fond. Et, sur des enseignements, il est tout à fait possible de porter un jugement. Rien donc ne nous empêche de dire que, sur plusieurs points fondamentaux, l’enseignement depuis le concile Vatican II est en opposition avec l’enseignement traditionnel.

— Tout de même, vous reprochez à ces hommes d’Eglise leur nouvelle position ?

— Mais nous sommes bien obligés de faire un choix ! « Les tièdes, je les vomirais de ma bouche » nous a dit Notre Seigneur. Et ce n’est pas parce qu’un choix est particulièrement douloureux qu’il ne faut pas le faire ! Bien évidemment, l’esprit humain étant faillible, en faisant un choix il peut arriver que l’on se trompe ; il faut donc être prudent dans ce que l’on affirme et prier pour ne pas se tromper. Il faut aussi garder une attitude charitable envers
ceux dont on ne partage pas les idées. Mais il faut choisir son camp ! Ou bien la laïcité, même dans sa forme limitée, a été condamnée avant Vatican II par l’Eglise ; ou elle ne l’a pas été ! Mais si elle l’a été, et c’est ce que l’étude s’attache à montrer, alors de quel côté que l’on se place, on se sépare nécessairement de ce que pense l’autre côté.
Et sur des sujets non définis dogmatiquement, l’Eglise a toujours laissé aux fidèles la possibilité d’en discuter, dans la mesure où ils respectent l’autorité de ceux qui les professent. L’histoire des saints montre abondamment qu’ils n’ont pas hésité à refuser voire se sont carrément opposés à des enseignements, même provenant de certains papes. Et de grands théologiens ont justifié cette attitude. Alors, encore une fois, il faut le faire avec beaucoup de
prudence et surtout beaucoup de charité envers les personnes, en respectant toujours l’autorité de ces clercs qui n’est en rien diminuée, même lorsqu’ils leur arrivent d’errer.

—Que reprochez-vous au juste à ce nouvel enseignement de l’Eglise ?
— Là encore, je ne cherche pas à faire des reproches à qui que ce soit en particulier. Je constate simplement trois choses :
1) Ce nouvel enseignement omet de parler de l’union des deux pouvoirs : à l’occasion, il fait simplement mention d’une coopération à rechercher.
2) La distinction à faire entre les religions n’est jamais rappelée, ni que la religion catholique est la seule vraie.
3) Le culte officiel dû par l’Etat à Dieu, les devoirs de l’Etat envers l’Eglise, la soumission de l’Etat à la morale définie par l’Eglise et de nombreux autres points sont totalement occultés, points sur lesquels les prédécesseurs de Jean XXIII, Paul VI et Jean- Paul II avaient tant insisté. Vous constaterez qu’il s’agit surtout d’omissions. Il est vrai que, dans de nombreux cas, ce nouvel enseignement ne fait qu’occulter certains points de la doctrine traditionnelle. Or, il est très difficile de juger de l’intention des auteurs lorsqu’ils omettent de rappeler ces points. Il faudrait pour cela connaître les intentions profondes des personnes, ce qui est bien évidemment impossible. C’est pourquoi, seul Dieu peut être juge en la matière. Mais lorsque nous constatons ces omissions, le devoir de tout catholique est de rappeler l’enseignement
de l’Eglise. C’est le seul but visé par l’AFS en publiant cette brochure ; en aucune manière, elle ne cherche à juger tel ou tel clerc. Malheureusement, il n’y a pas que des omissions dans ce nouvel enseignement : dans plusieurs cas, certains prélats ont enseigné formellement le contraire de la doctrine traditionnelle, par exemple le Cardinal Hammer dans une déclaration au journal 30 jours en 1993 : « Il est normal que, devant les lois de l’État, toutes les religions aient les mêmes droits et soient soumises aux mêmes obligations. L’Etat doit accorder un statut socio-politique égal à toutes les religions. » N’est-ce pas très exactement le contraire de ce que disait Léon XIII dans son encyclique Libertas praestantissimum : « Non, de par la justice, non de par la raison, l’Etat ne peut être athée, ou, ce qui reviendrait à l’athéisme, être animé à l’égard de toutes les religions, comme on dit, des mêmes dispositions, et leur accorder indistinctement les mêmes droits » ?
Il serait hélas possible de multiplier les exemples. On peut trouver un tel constat profondément navrant, ce n’est pas une raison pour cacher la vérité : il ne faut pas avoir peur de regarder la réalité en face, aussi déplaisante soit-elle.

—Mais n’y a-t-il pas tout de même une forme acceptable de laïcité ?

— Dieu ne change pas, donc la doctrine ne peut pas changer. Certes, il peut y avoir des modalités contingentes dans la façon d’exercer l’union entre les deux pouvoirs. Mais le principe de l’union de ces deux pouvoirs et de la subordination du temporel au spirituel dans les domaines de la morale et de la foi restera, quelles que soient ces contingences, une constante. La laïcité définie comme le refus de toute subordination de l’Etat à l’Eglise dans
ces domaines de la morale et de la foi, ou comme l’obligation de ne faire aucune différence entre les religions, cette laïcité-là ne pourra jamais être un concept chrétien.

— Que proposez-vous pour rétablir la situation ?

— D’abord il faut bien connaître les doctrines en cause et les conditions dans lesquelles elles sont apparues. Pour cela, il faut commencer par lire la plaquette de l’AFS. Il ne s’agit pas de faire de la publicité pour notre boutique : il s’agit simplement de donner à notre prochain les éléments nécessaires pour qu’il puisse exercer son jugement. Ensuite prions avec ferveur et charité pour tous ces clercs dont nous ne partageons pas les idées afin que le Saint-Esprit les éclaire et
qu’ils nous redonnent le véritable enseignement de l’Eglise. Là aussi, il ne s’agit pas de les juger ou de les critiquer. Prier pour que ces clercs retrouvent le chemin de la vérité est au contraire la seule attitude vraiment catholique.
Mais ce n’est pas leur manquer de charité ou refuser de reconnaître leur autorité que de dire que leur enseignement n’est plus conforme à l’enseignement traditionnel, enseignement qui, rappelons-le, a été cautionné par six grands
papes, dont un bienheureux et un saint. Enfin, la prière et la formation ne peuvent suffire pour rétablir une situation : il faut aussi agir. Que peut-on faire ? Le remède est simple : dans tous les espaces qui dépendent de nous, réaffirmer la royauté sociale de Notre Seigneur, clé de voûte de la doctrine sociale de l’Eglise et anti-thèse parfaite de la laïcité. Remède à appliquer d’abord à soi-même, bien sûr ! Que notre attitude personnelle soit en tous points conforme à cette doctrine. Qu’il n’y ait pas d’un côté le chrétien et de l’autre le mondain. En tout temps et en tout lieu, agissons en
chrétien ! Ensuite, pour affirmer clairement ce règne social de Notre Seigneur, accomplissons la demande adressée par le Christ à sainte Marguerite- Marie : consacrons-nous à son Sacré- Cœur. Ce moyen est particulièrement efficace,
car c’est à la France que Notre Seigneur a confié cette dévotion en lui promettant, si elle acceptait de Le reconnaître pour roi, de la « rendre victorieuse de tous ses ennemis, en abattant à ses pieds ces têtes orgueilleuses, et
pour la rendre triomphante de tous les ennemis de la Sainte Eglise ». Notre Seigneur Luimême est venu à Paray-le-Monial nous indiquer la voie à suivre ; alors que partout en France, les catholiques se lèvent et répondent au matraquage laïciste en consacrant au Sacré- Cœur leur personne, leur foyer, leur paroisse, leurs associations, etc. Et nous ferions bien d’y associer aussi une consécration au cœur Immaculé de Marie dont la dévotion est également
très liée à l’histoire de France. Ces deux consécrations peuvent constituer un véritable rempart contre la contagion laïciste qui nous menace. Il y a à peine cinquante ans, en Autriche en 1955, puis au Brésil en 1964, la Sainte Vierge
repoussait le communisme. Si elle a pu repousser un tel fléau, elle peut tout autant repousser le laïcisme en France. Mais il faut le lui demander. Une action aussi simple peut-elle suffire ? La réponse se trouve dans l’histoire des habitants de Ninive qui firent un jeûne à l’appel du prophète Jonas et éloignèrent ainsi la colère divine. Elle est surtout dans l’histoire récente de l’Autriche et du Brésil.

— Une telle étude sur un sujet tout de même très vaste ne peut pas tout dire. Pour ceux qui voudraient approfondir la question, quels livres conseilleriez-vous après la lecture de votre étude ?

— Vous avez parfaitement raison de dire que ce travail est limité. Il ne se veut pas une « somme » mais tente simplement d’apporter une « connaissance élémentaire ». Nous espérons simplement que la lecture de ce petit ouvrage donnera au lecteur le désir d’approfondir cette question si importante de nos jours. Pour cela, sur le plan historique, je recommande particulièrement deux livre : Christianisme et Révolution de Jean de Viguerie qui décrit la première période de persécutions des catholiques en France, suite à l’introduction de cette laïcité ; et le tout récent livre de Jean Sévillia Quand les catholiques étaient hors la loi, qui décrit remarquablement la deuxième persécution des
années de la fin du XIXe, début du XXe siècle. Sur l’époque actuelle, je recommande La laïcité dans tous ses états de Rémi Fontaine qui, à travers dix exemples très bien choisis, montre toute la contradiction qu’il y a entre le discours laïciste et la réalité des faits. Et enfin, je recommande le dernier livre de Jean Madiran La laïcité dans l’Eglise. Outre le plaisir inaltéré de lire Jean Madiran, ce dernier livre apporte d’autres témoignages sur le discours actuel de
beaucoup d’hommes d’Eglise, discours hélas très souvent aux antipodes de la doctrine traditionnelle.
Avec ces quatre livres, très faciles à lire, chacun des points abordés dans la plaquette de l’AFS sera complété et étayé.

— Où peut-on se procurer le livre de l’AFS ?

—L’AFS, où il est possible de se procurer non seulement le livre Connaissance élémentaire sur la laïcité, mais aussi les autres livres que j’ai mentionnés. On peut les commander par téléphone (01 46 22 33 32), par fax (01 46 22 65 61),
par Internet (a.afs@libertysurf.fr) ou par courrier (AFS, 31 rue Rennequin, 75017 Paris).

Propos recueillis
par François Franc
PRÉSENT — Mercredi 14 décembre 2005