A-Homélie.
« Chantez la gloire
de son nom »
« Rendez lui honneur et louange ».
Oui ! « Que la terre entière
t’adore –adoret te – et te chante. O mon Dieu
»
« Qu’elle chante ton nom. O Très Haut ».
« Jubilate Deo, omnis terra »
« Acclamez Dieu, terre entière ».
Tel est le chant de l’Introït
de cette messe du 2ème dimanche après l’Epiphanie.
Il nous donne le sens de cette messe.
Voilà ce que l’Eglise
veut que nous reconnaissions : la gloire de Dieu.
Voilà ce que l’Eglise veut que nous confessions :
« A Lui, A Dieu, gloire et honneur. A Lui, est du l’adoration.
A Lui est du la louange. « Que toute la terre l’adore,
le chante ». « Que son nom soit glorifié, acclamé,
loué »..
Soit ! Nous le voulons bien. Nous
comprenons volontiers que c’est, là, l’enseignement
de l’Eglise. Elle nous fait l’obligation de chanter
la gloire de Dieu.
Mais pourquoi donc ?
Quelles en sont les raisons ?
Pourquoi devons-nous vivre dans cette action de grâce ?
Pourquoi devons-nous honorer Dieu et le louer ?
Il me semble que le chant du Graduel
de cette messe, nous en donne toute la raison.
« Misit Dominus verbum suum
et sanavit eos et erupuit eos de interitu eorum »
« Le Seigneur envoya sa parole et les guérit et il
les arracha du tombeau ».
Voilà une belle raison qui
justifie d’honorer Dieu et de le louer.
Et de fait, tout naturellement, après
nous avoir rappelé le mystère de l’Incarnation
rédemptrice : « Misit Dominus verbum suum »,
le Graduel conclut : « qu’on loue le Seigneur pour
sa bonté ». « Confiteantur Domino misericordiam
eius », « pour ses merveilles », « ses
mirabilia », en faveur des hommes.
« Confiteor » veut dire
: « avouer », « reconnaître », mais
aussi : « montrer », « indiquer », «
révéler » et dans la langue ecclésiastique
: « confesser ».
Voilà un bel enseignement.
Le mystère de l’Incarnation qui est le mystère
de la miséricorde de Dieu, qui est la grande merveille
de Dieu, doit engendrer en notre âme, la louange, l’honneur,
le chant de gloire et d’adoration.
Ce fut, il est vrai, l’attitude
des Anges, la nuit de Noël, l’attitude des bergers,
la nuit de Noël, l’attitude des Mages, quelques jours
après : tous louent, adorent, et confessent.
Une adoration bruyante, extérieure,
manifestée, « tonitruante »…L’armée
des Anges chanta le « gloria » avec toutes les batteries
célestes…des trompettes, des tambours, des orgues.
Un peu comme dans notre liturgie à Noël avec notre
« divin enfant » ou lors de la Veillée pascale
avec notre « alleluia ».
Oui notre adoration, notre chant, notre action de grâce
doivent être telles.
Mais notre adoration doit être
aussi plus intérieure, être au fond de notre âme.
Comme nous le suggère l’Evangile contemplant Notre
Dame. « Elle méditait tout cela, ces merveilles,
en son cœur »
Notre adoration, à nous aussi, doit être intérieure,
à l’intérieur de nous-mêmes, au fond
de notre âme. Cette adoration doit être aussi méditative.
Il me semble que le verbe choisit
dans le Graduel nous le laisse entendre.
L’auteur inspiré a utilisé le verbe «
confiteri » qui veut dire, nous vous l’avons dit plus
haut : « avouer », « reconnaître »,
« montrer », « indiquer », « confesser
».
De fait, dans les mystères
de Dieu éclatent toujours sa miséricorde et ses
merveilles. Et cela doit être reconnu, avoué par
mon intelligence, par ma foi.
En observant le mystère de
l’Incarnation, en considérant le mode, mon âme
doit reconnaître la bonté de Dieu. La bonté
d’un Dieu qui cache sa transcendance pour ne pas effrayer
sa créature…pauvre créature…pour qu’elle
puisse, pour qu’elle ose approcher et déposer ses
présents. Devant l’enfant de la crèche…je
dois avouer cette bonté manifeste. Je dois la reconnaître.
Si je scrute ce mystère de
l’Incarnation, je ne peux pas ne pas avouer, ne pas reconnaître
cette bonté de Dieu, sa délicatesse, sa prévenance.
Si je considère seulement le mode, j’en suis confondu.
Et si j’en considère,
en plus, la finalité…ce sont des sentiments intérieurs
d’adoration que je dois aussi ressentir, avouer, reconnaître.
Voyez !
Alors que nous étions encore
pécheurs, le Christ est mort, est venu ici bas pour, sur
la Croix, opérer notre salut par son sang…Là,
vraiment cette nativité, cette crucifixion montrent, indiquent,
révèlent la miséricorde de Dieu. Je ne peux
pas ne pas le reconnaître. Et le méditant, je ne
peux pas ne pas le « confesser ».
Enfin ! Tout de même ! J’étais voué
aux enfers, à la mort, à l’oubli…Né
et conçu dans l’iniquité, je ne pouvais être
que le rebus de Dieu et vivre à jamais dans l’éloignement
de Dieu. Et voilà, que par bonté, condescendance,
Dieu se fait humble, enfant pour venir chercher sa créature
et assumant sur Lui, le poids des péchés qu’il
n’a pas commis, satisfaisant ainsi, pour nous, à
notre place, à la justice de Dieu, nous ramener à
la maison du Père, au Royaume éternel et nous ouvrir
les portes du ciel. Il est ainsi pour nous et à jamais
notre espérance, notre espérance eschatologique.
Vraiment, quand je reconnais cela,
dans la foi…quand je médite cela, je ne peux pas
ne pas avouer la miséricorde de Dieu, les « mirabilia
Dei ».
Quoi ! Il a envoyé sa «
parole », son « Verbe », le « Verbe de
Dieu », le Fils bien aimé en qui Il se complait.
« Misit Dominus vervum suum ». C’est vrai !
Alors que nous étions abjectes, pleins de puanteur, comme
le lépreux dont on se tient à distance pour ne pas
se contaminer et sentir l’odeur…« Misit Dominus
verbum suum » Oui ! Oui ! C’est vrai…Etonnement.
Stupeur. Emerveillement.
Voilà les sentiments que je
reconnais devant le mystère.
« Le Seigneur a envoyé son Verbe. « Et Verbum
caro factum est »…
Oui ! Il s’est fait le Bon
Samaritain pour moi. .Il a quitté sa plénitude de
gloire. Il a quitté la Trinité Sainte pour être
le Bon Samaritain. Il a su s’arrêter, se pencher sur
la victime laissée à demi-morte, la panser, la mettre
sur sa monture, la soigner et payer à sa place, pour elle,
le logement de l’hôtel.
Oui ! Il s’est fait le Bon
Pasteur qui part chercher la brebis égarée et la
prend « sur son sein », la ramène au bercail…Alors
mon âme peut compter sur le Seigneur et confesser sa bonté…parce
que, vraiment, la bonté se trouve en Lui. « Quia
apud te propitiatio est » nous dit le Psaume 129 que l’on
chante aux vêpres de Noël… « Mon âme
peut espérer en Lui », « Sustinuit anima mea
in verbo eius ». Et mon âme insiste même : «
Speravit anima mea in Domine ». C’est toujours dans
le même psaume 129.
« Plus qu’un veilleur sur l’aurore, mon âme
compte sur le Seigneur », « A custodia matutina usque
ad noctem, speret Israel in Domino », car « auprès
du Seigneur est la miséricorde et auprès de Lui
abonde le salut », « Quia apud Dominum misericordia
et copiosa apud eum redemptio ». « Car c’est
lui qui délivrera Israël de toutes ses fautes »
« Et ipse redimet Israël ex omnibus iniquitatibus eius
».
Oui ! Gloire au Père, au Fils
et au Saint Esprit qui, dans cette œuvre ad extra, manifestent
une telle bonté.
C’est bien ce qu’enseigne
aussi notre « Graduel » d’aujourd’hui.
« Misit Dominus verbum suum
et sanavit eos ». Et il ajoute « et eripuit eos de
interitu eorum », « et il les arracha, énergiquement,
de interitu eorum, il les arracha du tombeau. « Interitus
», littéralement veut dire « ruine »,
« destruction », « mort ».
Telle est bien la finalité
de l’Incarnation. Elle est rédemptrice.
Comment, dès lors, ne pas
méditer tout cela, le confesser dans son cœur, pour
l’acclamer ensuite dans son chant.
Je constate, dans ce Graduel, deux
finalités de cette Incarnation, deux finalités exprimées
par deux verbes : « sanare » puis « eripere
», « guérir », « soigner »
et « arracher ». Par cette Incarnation, nous le confessons,
nous sommes « guéris » et « rachetés
». « Sanavit eos et eripuit eos ».
Or cette « sanatio »
est exprimée, explicitée dans l’Epître
de la messe, celle de saint Paul aux Romains. Cette sanatio est
finalement décrite comme une « donation ».
« Habentes donationes quae data est nobis… »
Cette sanatio est une grâce
de Dieu. Elle est une « donation de tous les talents »,
de tous les mérites. Et la prophétie est un talent
et le ministère est un talent et l’enseignement et
le gouvernement zélé et la miséricorde et
la charité sont des « talents ». Et l’horreur
du mal et le zèle et la ferveur de l’esprit et l’amour
de servir, l’amour du service de Dieu sont des talents.
Et l’espérance et la joie que donne l’espérance
et la patience dans l’affliction et la persévérance
dans la prière et l’hospitalité et «
l’humanitas » et la force dans l’adversité
et la cordialité et la sagesse et l’humilité
sont des talents. Tout est don et tous ces dons de Dieu sont véritablement
la « sanatio » de notre âme. « Misit Dominus
verbum suum et sanavit eos ».
« Et eripuit eos de interitu
eorum ». Il les guérit et les arrache de la mort,
de la ruine, de la destruction, de l’enfer éternel.
Il le peut…Il le peut car ce
verbum est Dieu lui-même. La liturgie nous le prouve, l’affirme
en citant ce beau miracle de Cana, ce premier miracle du changement
de l’eau en vin.
Il peut tout. Il est Dieu.
Il peut changer ces pierres en enfants d’Abraham, Lui qui
changea l’eau en vin.
Il peut guérir nos plaies, notre mort, Lui qui changea
l’eau en vin.
Il peut nous arracher des griffes de Satan, Lui, le Fort, qui
changea l’eau en vin.
Oui ! Vraiment « qu’on
loue le Seigneur pour sa bonté, pour ses merveilles en
faveur des enfants des hommes ».
Voilà exposé le pourquoi
et justifiée la raison de notre action de grâce,
de nos louanges de notre adoration du Seigneur.
« Acclamez Dieu terre entière
Chantez la gloire de son nom.
Venez, écoutez, vous tous qui craignez Dieu et je vous
conterai tout ce qu’il fit pour mon âme. Alleluia
».
C’est le chant de l’offertoire.
Quelle belle unité dans cette messe ». Un chef-d’œuvre
!
B- Benoît XVI et
le « sens de la vie »
L’enseignement de Benoît
XVI sur le sacrement de baptême
Le dimanche 8 janvier, Benoît XVI baptisa, comme à
l’accoutumée, dix nouveau-nés, dans la Chapelle
Sixtine, à l’occasion de la solennité du Baptême
de Notre Seigneur. Il prononça une homélie spontanée.
Vous en trouverez, ci-dessous, le texte intégral.
Il nous donne un beau commentaire du sacrement de baptême.
J’intitulerais volontiers ce commentaire : le Baptême
ou le sens de la vie chrétienne. Le baptême et son
rite donnent vraiment le sens de la « nouvelle vie »
puisée dans la Vie du Seigneur. Je trouve cet enseignement
très beau. Il porte vraiment à la réflexion
sur le sens de la vie. Je remarque toutefois qu’il ne fait
aucune allusion aux exorcismes contre Satan. C’est dommage,
très dommage. La vie est aussi une lutte contre Satan qui
cherche à nous dévorer.
« Chers parents, parrains et marraines,
Chers frères et sœurs!
Que se passe-t-il lors du Baptême
? Qu'attend-on du Baptême ? Vous avez donné une réponse
au seuil de cette Chapelle: nous attendons pour nos enfants la
vie éternelle. Tel est le but du Baptême. Mais comment
peut-il être réalisé ? Comment le Baptême
peut-il donner la vie éternelle ? Qu'est-ce que la vie
éternelle ?
On pourrait dire avec des paroles
plus simples : nous attendons pour nos enfants une vie bonne ;
la vraie vie ; le bonheur même dans un avenir encore inconnu.
Nous ne sommes pas en mesure d\'assurer ce don pour tout le temps
de cet avenir inconnu et, par conséquent, nous nous tournons
vers le Seigneur pour obtenir ce don de Lui.
A la question: « Comment cela
adviendra-t-il ? » nous pouvons apporter deux réponses.
La première : dans le Baptême chaque enfant est introduit
dans une compagnie d'amis qui ne l'abandonnera jamais dans la
vie ni dans la mort, parce que cette compagnie d'amis est la famille
de Dieu, qui porte en elle la promesse de l'éternité.
Cette compagnie d'amis, cette famille de Dieu, dans laquelle à
présent l’enfant est introduit, l'accompagnera toujours
même aux jours de la souffrance, dans les nuits obscures
de la vie ; elle lui donnera consolation, réconfort, lumière.
Cette compagnie, cette famille lui donnera la parole de vie éternelle.
Paroles de lumière qui répondent aux grands défis
de la vie et donnent l'indication juste sur la route à
prendre. Cette compagnie offre à l'enfant consolation et
réconfort, l'amour de Dieu même au seuil de la mort,
dans la vallée obscure de la mort. Elle lui donnera l'amitié,
elle lui donnera la vie. Et cette compagnie, absolument fiable,
ne disparaîtra jamais. Personne d'entre nous ne sait ce
qui adviendra sur notre planète, dans notre Europe, dans
les cinquante, soixante, soixante-dix années à venir.
Mais nous sommes sûrs d\'une chose : la famille de Dieu
sera toujours présente et celui qui appartient à
cette famille ne sera jamais seul, il aura toujours l'amitié
sûre de Celui qui est la vie.
Et nous sommes ainsi arrivés
à la seconde réponse. Cette famille de Dieu, cette
compagnie d'amis est éternelle, parce qu'elle est communion
avec Celui qui a vaincu la mort, qui a entre les mains les clés
de la vie. Etre dans la compagnie, dans la famille de Dieu, signifie
être en communion avec le Christ, qui est vie et donne l'amour
éternel au-delà de la mort. Et si nous pouvons dire
qu\'amour et vérité sont source de vie, qu'ils sont
la vie – et une vie sans amour n'est pas la vie –
nous pouvons dire que cette compagnie avec Celui qui est réellement
la vie, avec Celui qui est le Sacrement de la vie, répondra
à votre attente, à votre espérance.
Oui, le Baptême introduit dans
la communion avec le Christ et ainsi donne vie, donne la vie.
Nous avons ainsi interprété le premier dialogue
que nous avons eu ici, sur le seuil de la Chapelle Sixtine. A
présent, après la bénédiction de l'eau,
suivra un second dialogue d'une grande importance. Son contenu
est celui-ci: le Baptême – comme nous l'avons vu –
est un don ; le don de la vie. Mais un don doit être accueilli,
doit être vécu. Un don d'amitié implique un
« oui » à l'ami et implique un « non
» à ce qui n'est pas compatible avec cette amitié,
à ce qui est incompatible avec la vie de la famille de
Dieu, avec la vraie vie dans le Christ. Et ainsi, dans ce second
dialogue, sont prononcés trois « non » et trois
« oui ». On dit « non » et on renonce
aux tentations, au péché, au diable. Ces choses,
nous les connaissons bien, mais peut-être justement pour
les avoir entendues trop souvent, ces paroles ne nous disent pas
grand chose. Alors, nous devons un peu approfondir les contenus
de ces « non ». A quoi disons-nous « non »
? C’est le seul moyen de comprendre à quoi nous voulons
dire « oui ».
Dans l'Eglise antique, ces «
non» étaient résumés en une parole
qui pour les hommes de ce temps était bien compréhensible
: on renonce – disait-on – à la « pompa
diabuli », c'est-à-dire à la promesse de vie
en abondance, à cette apparence de vie qui semblait venir
du monde païen, de ses libertés, de sa manière
de vivre uniquement selon son bon plaisir. C'était donc
un « non » à une culture apparemment d'abondance
de la vie, mais qui en réalité était une
« anticulture » de la mort. C'était un «
non » à ces spectacles où la mort, la cruauté,
la violence étaient devenus divertissement. Pensons à
ce qui était organisé au Colisée ou ici,
dans les jardins de Néron, où les hommes étaient
brûlés comme des torches vivantes. La cruauté
et la violence étaient devenues un motif de divertissement,
une vraie perversion de la joie, du vrai sens de la vie. Cette
« pompa diabuli », cette « anticulture »
de la mort était une perversion de la joie, était
amour du mensonge, de la tromperie, était un abus du corps
comme marchandise et comme commerce.
Et si nous réfléchissons
à présent, nous pouvons dire qu'à notre époque
aussi il est nécessaire de dire « non » à
la culture largement dominante de la mort. Une « anticulture
» qui se manifeste, par exemple, dans la drogue, dans la
fuite de la réalité au profit de l'illusion, dans
un bonheur faux qui s'exprime dans le mensonge, dans la tromperie,
dans l'injustice, dans le mépris de l'autre, de la solidarité,
de la responsabilité envers les pauvres et les personnes
qui souffrent; qui s'exprime dans une sexualité qui devient
un pur divertissement sans responsabilité, qui devient
une « chosification » – pour ainsi dire –
de l'homme, qui n'est plus considéré comme une personne,
digne d'un amour personnel qui exige fidélité, mais
devient une marchandise, un simple objet. A cette promesse de
bonheur apparent, à cette « pompa » d'une vie
apparente qui en réalité est seulement un instrument
de mort, à cette « anticulture », nous disons
« non », pour cultiver la culture de la vie. C'est
pourquoi le « oui » chrétien, des temps antiques
jusqu'à aujourd'hui, est un grand « oui » à
la vie. C'est notre « oui » au Christ, le «
oui » au vainqueur de la mort et le « oui »
à la vie dans le temps et dans l'éternité.
Comme dans ce dialogue baptismal,
le « non » est articulé autour de trois renonciations,
de même le « oui » s'articule autour de trois
adhésions: « oui » au Dieu vivant, c'est-à-dire
au Dieu créateur, à une raison créatrice
qui donne sens au cosmos et à notre vie; « oui »
au Christ, c'est-à-dire à un Dieu qui n'est pas
resté caché mais qui a un nom, qui a des paroles,
qui est fait de corps et de sang; à un Dieu concret qui
nous donne la vie et nous montre le chemin de la vie; «
oui » à la communion de l'Eglise, dans laquelle le
Christ est le Dieu vivant, qui entre dans notre temps, entre dans
notre profession, entre dans la vie de chaque jour.
Nous pourrions également dire
que le visage de Dieu, le contenu de cette culture de la vie,
le contenu de notre grand « oui », s'exprime dans
les dix commandements, qui ne sont pas un ensemble d'interdits,
de « non », mais qui représentent en réalité
une grande vision de vie. Ils sont un « oui » à
un Dieu qui donne sens à l'existence (les trois premiers
commandements); « oui » à la famille (quatrième
commandement); « oui » à la vie (cinquième
commandement); « oui » à l'amour responsable
(sixième commandement); « oui » à la
solidarité, à la responsabilité sociale,
à la justice (septième commandement); « oui
» à la vérité (huitième commandement);
« oui » au respect de l'autre et de ce qui lui est
propre (neuvième et dixième commandements). Telle
est la philosophie de la vie, telle est la culture de la vie,
qui devient concrète, praticable et belle dans la communion
avec le Christ, le Dieu vivant, qui marche avec nous dans la compagnie
de ses amis, dans la grande famille de l'Eglise. Le Baptême
est don de vie. C'est un « oui » au défi de
vivre vraiment la vie, en disant « non » à
l'attachement de la mort qui se présente sous le masque
de la vie; et c'est un « oui » au grand don de la
vraie vie qui est présente dans le visage du Christ, qui
se donne à nous dans le Baptême, puis dans l'Eucharistie.
J'ai dit cela en guise de bref commentaire
aux paroles qui, dans le dialogue baptismal, interprètent
ce qui se réalise dans ce Sacrement. Au-delà des
paroles, nous avons les gestes et les symboles, mais je serai
très bref dans ma présentation. Le premier geste,
nous l'avons déjà accompli: c'est le signe de la
croix, qui nous est donné comme bouclier qui doit protéger
cet enfant dans sa vie ; c'est comme un « indicateur »
pour le chemin de la vie, parce que la croix est le résumé
de la vie de Jésus. Puis il y a les éléments
: l'eau, l'onction avec l'huile, le vêtement blanc et la
flamme du cierge. L'eau est le symbole de la vie : le Baptême
est une vie nouvelle dans le Christ. L'huile est le symbole de
la force, de la santé, de la beauté, parce qu\'il
est vraiment beau de vivre en communion avec le Christ. Puis le
vêtement blanc, comme expression de la culture de la beauté,
de la culture de la vie. Et enfin, la flamme du cierge, comme
expression de la vérité qui resplendit dans les
ténèbres de l'histoire et nous indique qui nous
sommes, d'où nous venons et où nous devons aller.
Chers parrains et marraines, chers
parents, chers frères, rendons grâce en ce jour au
Seigneur, parce que Dieu ne se cache pas derrière les nuages
du mystère impénétrable, mais comme l'a dit
l'Evangile d'aujourd'hui, il a ouvert les cieux, il s'est montré,
il parle avec nous et il est avec nous; il vit avec nous et il
nous guide dans notre vie. Rendons grâce au Seigneur pour
ce don et prions pour nos enfants, pour qu\'ils aient réellement
la vie, la vraie vie, la vie éternelle. Amen.
C- « Benoît XVI et le sens de l’Histoire »
La « catéchèse
de Benoît XVI », au cours de l’audience générale,
le 4 janvier 2006 :
Benoît XVI nous rappelle un
enseignement des plus important sur le « sens de l’histoire
» et son véritable « progrès »,
sur « l’humanisme intégral ». Son objet,
c’est le Christ.
Dans son commentaire sur l’hymne de saint Paul, au chapitre
I des Colosiens, Benoît XVI nous donne un enseignement important
sur le « sens de l’histoire ». L’histoire
a un sens. Benoît XVI parle d’ « objectif »,
de « direction ». Il parle même de « progrès
». Certains pourraient trembler à ces seuls mots.
Mais il ne laisse pas son auditoire dans l’équivoque.
Il précise et définit ce qu’il veut dire par
« progrès ». Ce progrès est spécifié
par son objet. Et cet objet c’est le Christ. Et il va même
jusqu’à dire que le vrai progrès est essentiellement
christologique. C’est la conclusion de ce paragraphe. Il
écrit : « Ainsi, dans ces indications, se cache également
un impératif pour nous: travailler pour le progrès,
une chose que nous voulons tous; nous pouvons le faire en travaillant
pour le rapprochement des hommes au Christ; nous pouvons le faire
en nous conformant personnellement au Christ, en allant ainsi
dans la direction du véritable progrès ».
Je pense que ces paroles feront plaisir
à Jean Madiran. Hier, au téléphone, nous
conversions précisément sur ce sujet. Il s’interrogeait
sur la pensée du pape sur ce sujet du sens de l’histoire.
« Le pape, ne serait-il pas persuadé que l’histoire
a un sens qui va nécessairement vers le progrès
» ? Il est vrai le pape pense que l’histoire a un
sens, connaît un progrès. Mais ce progrès,
pour lui, est « christique ». Il est dans le Christ
ou il n’est pas. C’est cela le véritable humanisme,
« l’humanisme intégral ». Maritain, le
philosophe du Concile, est ainsi corrigé. C’est tout
« Gaudium et spes » qui est ainsi corrigé.
Vous retiendrez tout particulièrement, la fin du 1 paragraphe
:
« Et ainsi saint Paul nous
indique une vérité très importante: l'histoire
a un objectif, une direction. L'histoire va vers l'humanité
unie dans le Christ, elle va ainsi vers l'homme parfait, vers
l'humanisme parfait. En d'autres termes, saint Paul nous dit:
oui, il y a un progrès dans l'histoire. Il y a –
si nous le voulons – une évolution de l'histoire.
Le progrès est tout ce qui nous rapproche du Christ et
qui nous rapproche ainsi de l'humanité unie, du véritable
humanisme. Ainsi, dans ces indications, se cache également
un impératif pour nous: travailler pour le progrès,
une chose que nous voulons tous; nous pouvons le faire en travaillant
pour le rapprochement des hommes au Christ; nous pouvons le faire
en nous conformant personnellement au Christ, en allant ainsi
dans la direction du véritable progrès ».
Lisez avec attention !
Nous voilà avec un pape qui parle brièvement et
dans un style clair et vrai
Lecture: Col 1, 3.12.18-20
3. Nous rendons grâce à
Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ, en
priant pour vous à tout instant.
(…)
12. Avec joie, vous rendrez grâce
à Dieu le Père, qui vous a rendus capables d\'avoir
part, dans la lumière, à l\'héritage du peuple
saint.
13. Il nous a arrachés au
pouvoir des ténèbres, il nous a fait entrer dans
le royaume de son Fils bien-aimé,
14. par qui nous sommes rachetés
et par qui nos péchés sont pardonnés.
15. Il est l\'image du Dieu invisible,
le premier-né par rapport à toute créature,
16. car c’est en lui que tout
a été créé
dans les cieux et sur la terre,
les êtres visibles
et les puissances invisibles :
tout est créé par lui et pour lui.
17. est avant tous les êtres,
et tout subsiste en lui.
18. Il est aussi la tête du
corps,
c 'est-à-dire de l\'Église.
Il est le commencement,
le premier-né d\'entre les morts,
puisqu\'il devait avoir en tout la primauté.
19. Car Dieu a voulu que dans le
Christ
toute chose ait son accomplissement total.
20. Il a voulu tout réconcilier
par lui et pour lui,
sur la terre et dans les cieux,
en faisant la paix par le sang de sa croix.
1. En cette première audience générale de
la nouvelle année, nous nous arrêtons pour méditer
sur le célèbre hymne christologique contenu dans
la Lettre aux Colossiens, qui est comme le solennel portail d'entrée
de ce riche texte paulinien et également un portail d'entrée
pour cette année. L'Hymne proposé à notre
réflexion est encadré par une longue formule de
remerciement (cf. vv. 3.12-14). Celle-ci nous aide à créer
l'atmosphère spirituelle pour bien vivre ces premiers jours
de 2006, ainsi que notre chemin tout au long de la nouvelle année
(cf. vv. 15-20).
La louange s'élève
vers « Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus
Christ » (v. 3), source de ce salut qui est décrit
du point de vue négatif comme arrachement « au pouvoir
des ténèbres » (cf. v. 13), c'est-à-dire
comme « rédemption et rémission des péchés
» (cf. v. 14). Il est ensuite proposé de manière
positive comme « participation à l’héritage
des saints dans la lumière » (cf. v. 12) et comme
entrée « dans le Royaume de son Fils bien-aimé
» (v. 13).
2. C'est là que s'ouvre l'Hymne,
profond et intense, qui a comme centre le Christ, dont on exalte
le primat et l'œuvre, que ce soit dans la création
ou dans l'histoire de la rédemption (cf. vv. 15-20). On
trouve donc deux mouvements dans le chant. Dans le premier est
présenté le premier-né de toute la création,
le Christ, « Premier-né de toute créature
» (cf. v. 15). Il est, en effet, l'« image du Dieu
invisible », et cette expression est chargée de toute
la signification que l'« icône » possède
dans la culture de l'Orient: on ne souligne pas tant la ressemblance,
mais l\'intimité profonde avec le sujet représenté.
Le Christ propose à nouveau
parmi nous le « Dieu invisible », de manière
visible. En Lui nous voyons le visage de Dieu, à travers
la nature commune qui les unit. Le Christ, en raison de sa très
haute dignité, précède « toutes les
choses » non seulement à cause de son éternité,
mais également et surtout à travers son œuvre
créatrice et providentielle: « car c\'est en lui
que tout a été créé dans les cieux
et sur la terre, les êtres visibles et les puissances invisibles...
et tout subsiste en lui » (vv. 16-17). Elles ont même
également été créées «
pour lui » (v. 16). Et ainsi saint Paul nous indique une
vérité très importante: l'histoire a un objectif,
une direction. L'histoire va vers l'humanité unie dans
le Christ, elle va ainsi vers l'homme parfait, vers l'humanisme
parfait. En d\'autres termes, saint Paul nous dit: oui, il y a
un progrès dans l'histoire. Il y a – si nous le voulons
– une évolution de l'histoire. Le progrès
est tout ce qui nous rapproche du Christ et qui nous rapproche
ainsi de l'humanité unie, du véritable humanisme.
Ainsi, dans ces indications, se cache également un impératif
pour nous: travailler pour le progrès, une chose que nous
voulons tous; nous pouvons le faire en travaillant pour le rapprochement
des hommes au Christ; nous pouvons le faire en nous conformant
personnellement au Christ, en allant ainsi dans la direction du
véritable progrès.
3. Le deuxième mouvement de
l'Hymne (cf. Col 1, 18-20) est dominé par la figure du
Christ sauveur au sein même de l'histoire du salut. Son
œuvre se révèle tout d\'abord dans le fait
d'être « Tête du corps, c'est-à-dire
de l\'Eglise » (v. 18): tel est l'horizon salvifique privilégié
dans lequel se manifestent en plénitude la libération
et la rédemption, la communion vitale qui existe entre
la tête et les membres du corps, c'est-à-dire entre
le Christ et les chrétiens. Le regard de l'Apôtre
se tourne vers l'objectif ultime vers lequel converge l'histoire:
le Christ est le « premier-né d'entre les morts »
(v. 18), il est celui qui ouvre les portes à la vie éternelle,
en nous arrachant aux limites de la mort et du mal.
Voilà, en effet, ce pleroma,
cette « plénitude » de vie et de grâce
qui est dans le Christ lui-même et qui nous est donnée
et communiquée (cf. v. 19). Avec cette présence
vitale, qui nous fait participer à la divinité,
nous sommes transformés intérieurement, réconciliés,
pacifiés: il s'agit là d'une harmonie de tout l\'être
racheté, dans lequel Dieu est désormais «
tout en tous » (1 Co 15, 28), et vivre en chrétien
signifie se laisser ainsi transformer intérieurement vers
la forme du Christ. C'est alors que se réalise la réconciliation,
la pacification.
4. Nous consacrons à présent
un regard contemplatif à ce mystère grandiose de
la rédemption, en reprenant les paroles de saint Proclus
de Constantinople, mort en 446. Dans sa première homélie
sur Marie, la Mère de Dieu, il propose à nouveau
le mystère de la Rédemption comme une conséquence
de l\'Incarnation.
En effet, Dieu, rappelle l\'évêque,
s'est fait homme pour nous sauver et nous arracher ainsi au pouvoir
des ténèbres et nous reconduire dans le royaume
du Fils bien-aimé, comme le rappelle précisément
l'hymne de la Lettre aux Colossiens. « Celui qui nous a
rachetés n'est pas un pur homme – observe Proclus
– : en effet, tout le genre humain était asservi
au péché; il n'était pas non plus un Dieu
privé de nature humaine: il avait en effet un corps qui,
s'il ne s'était pas revêtu de moi, ne m'aurait pas
sauvé. Apparu dans le sein de la Vierge, Il revêtit
l'habit du condamné. C'est là qu'eut lieu le terrible
échange, il rendit l'esprit et prit la chair » (8:
Textes mariaux du premier millénaire, I Rome 1988, p. 561).
Nous nous trouvons donc devant l'œuvre
de Dieu, qui a accompli la Rédemption précisément
parce qu'il était également un homme. Il est à
la fois le Fils de Dieu, sauveur, mais également notre
frère et c'est grâce à cette proximité
qu'Il diffuse en nous le don divin.
Il est réellement le Dieu
avec nous. Amen » !