Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

06 80 71 71 01

 

Du 9 au 15 janvier

2iéme dimanche de l'Epiphanie

 


A-Homélie.

 

« Chantez la gloire de son nom »
« Rendez lui honneur et louange ».

 

Oui ! « Que la terre entière t’adore –adoret te – et te chante. O mon Dieu »
« Qu’elle chante ton nom. O Très Haut ».
« Jubilate Deo, omnis terra »
« Acclamez Dieu, terre entière ».

Tel est le chant de l’Introït de cette messe du 2ème dimanche après l’Epiphanie.
Il nous donne le sens de cette messe.

Voilà ce que l’Eglise veut que nous reconnaissions : la gloire de Dieu.
Voilà ce que l’Eglise veut que nous confessions : « A Lui, A Dieu, gloire et honneur. A Lui, est du l’adoration. A Lui est du la louange. « Que toute la terre l’adore, le chante ». « Que son nom soit glorifié, acclamé, loué »..

Soit ! Nous le voulons bien. Nous comprenons volontiers que c’est, là, l’enseignement de l’Eglise. Elle nous fait l’obligation de chanter la gloire de Dieu.

Mais pourquoi donc ?
Quelles en sont les raisons ?
Pourquoi devons-nous vivre dans cette action de grâce ?
Pourquoi devons-nous honorer Dieu et le louer ?

Il me semble que le chant du Graduel de cette messe, nous en donne toute la raison.

« Misit Dominus verbum suum et sanavit eos et erupuit eos de interitu eorum »
« Le Seigneur envoya sa parole et les guérit et il les arracha du tombeau ».

Voilà une belle raison qui justifie d’honorer Dieu et de le louer.

Et de fait, tout naturellement, après nous avoir rappelé le mystère de l’Incarnation rédemptrice : « Misit Dominus verbum suum », le Graduel conclut : « qu’on loue le Seigneur pour sa bonté ». « Confiteantur Domino misericordiam eius », « pour ses merveilles », « ses mirabilia », en faveur des hommes.

« Confiteor » veut dire : « avouer », « reconnaître », mais aussi : « montrer », « indiquer », « révéler » et dans la langue ecclésiastique : « confesser ».

Voilà un bel enseignement.
Le mystère de l’Incarnation qui est le mystère de la miséricorde de Dieu, qui est la grande merveille de Dieu, doit engendrer en notre âme, la louange, l’honneur, le chant de gloire et d’adoration.

Ce fut, il est vrai, l’attitude des Anges, la nuit de Noël, l’attitude des bergers, la nuit de Noël, l’attitude des Mages, quelques jours après : tous louent, adorent, et confessent.

Une adoration bruyante, extérieure, manifestée, « tonitruante »…L’armée des Anges chanta le « gloria » avec toutes les batteries célestes…des trompettes, des tambours, des orgues. Un peu comme dans notre liturgie à Noël avec notre « divin enfant » ou lors de la Veillée pascale avec notre « alleluia ».
Oui notre adoration, notre chant, notre action de grâce doivent être telles.

Mais notre adoration doit être aussi plus intérieure, être au fond de notre âme. Comme nous le suggère l’Evangile contemplant Notre Dame. « Elle méditait tout cela, ces merveilles, en son cœur »
Notre adoration, à nous aussi, doit être intérieure, à l’intérieur de nous-mêmes, au fond de notre âme. Cette adoration doit être aussi méditative.

Il me semble que le verbe choisit dans le Graduel nous le laisse entendre.
L’auteur inspiré a utilisé le verbe « confiteri » qui veut dire, nous vous l’avons dit plus haut : « avouer », « reconnaître », « montrer », « indiquer », « confesser ».

De fait, dans les mystères de Dieu éclatent toujours sa miséricorde et ses merveilles. Et cela doit être reconnu, avoué par mon intelligence, par ma foi.

En observant le mystère de l’Incarnation, en considérant le mode, mon âme doit reconnaître la bonté de Dieu. La bonté d’un Dieu qui cache sa transcendance pour ne pas effrayer sa créature…pauvre créature…pour qu’elle puisse, pour qu’elle ose approcher et déposer ses présents. Devant l’enfant de la crèche…je dois avouer cette bonté manifeste. Je dois la reconnaître.

Si je scrute ce mystère de l’Incarnation, je ne peux pas ne pas avouer, ne pas reconnaître cette bonté de Dieu, sa délicatesse, sa prévenance. Si je considère seulement le mode, j’en suis confondu.

Et si j’en considère, en plus, la finalité…ce sont des sentiments intérieurs d’adoration que je dois aussi ressentir, avouer, reconnaître.

Voyez !

Alors que nous étions encore pécheurs, le Christ est mort, est venu ici bas pour, sur la Croix, opérer notre salut par son sang…Là, vraiment cette nativité, cette crucifixion montrent, indiquent, révèlent la miséricorde de Dieu. Je ne peux pas ne pas le reconnaître. Et le méditant, je ne peux pas ne pas le « confesser ».
Enfin ! Tout de même ! J’étais voué aux enfers, à la mort, à l’oubli…Né et conçu dans l’iniquité, je ne pouvais être que le rebus de Dieu et vivre à jamais dans l’éloignement de Dieu. Et voilà, que par bonté, condescendance, Dieu se fait humble, enfant pour venir chercher sa créature et assumant sur Lui, le poids des péchés qu’il n’a pas commis, satisfaisant ainsi, pour nous, à notre place, à la justice de Dieu, nous ramener à la maison du Père, au Royaume éternel et nous ouvrir les portes du ciel. Il est ainsi pour nous et à jamais notre espérance, notre espérance eschatologique.

Vraiment, quand je reconnais cela, dans la foi…quand je médite cela, je ne peux pas ne pas avouer la miséricorde de Dieu, les « mirabilia Dei ».

Quoi ! Il a envoyé sa « parole », son « Verbe », le « Verbe de Dieu », le Fils bien aimé en qui Il se complait. « Misit Dominus vervum suum ». C’est vrai ! Alors que nous étions abjectes, pleins de puanteur, comme le lépreux dont on se tient à distance pour ne pas se contaminer et sentir l’odeur…« Misit Dominus verbum suum » Oui ! Oui ! C’est vrai…Etonnement. Stupeur. Emerveillement.

Voilà les sentiments que je reconnais devant le mystère.
« Le Seigneur a envoyé son Verbe. « Et Verbum caro factum est »…

Oui ! Il s’est fait le Bon Samaritain pour moi. .Il a quitté sa plénitude de gloire. Il a quitté la Trinité Sainte pour être le Bon Samaritain. Il a su s’arrêter, se pencher sur la victime laissée à demi-morte, la panser, la mettre sur sa monture, la soigner et payer à sa place, pour elle, le logement de l’hôtel.

Oui ! Il s’est fait le Bon Pasteur qui part chercher la brebis égarée et la prend « sur son sein », la ramène au bercail…Alors mon âme peut compter sur le Seigneur et confesser sa bonté…parce que, vraiment, la bonté se trouve en Lui. « Quia apud te propitiatio est » nous dit le Psaume 129 que l’on chante aux vêpres de Noël… « Mon âme peut espérer en Lui », « Sustinuit anima mea in verbo eius ». Et mon âme insiste même : « Speravit anima mea in Domine ». C’est toujours dans le même psaume 129.
« Plus qu’un veilleur sur l’aurore, mon âme compte sur le Seigneur », « A custodia matutina usque ad noctem, speret Israel in Domino », car « auprès du Seigneur est la miséricorde et auprès de Lui abonde le salut », « Quia apud Dominum misericordia et copiosa apud eum redemptio ». « Car c’est lui qui délivrera Israël de toutes ses fautes » « Et ipse redimet Israël ex omnibus iniquitatibus eius ».

Oui ! Gloire au Père, au Fils et au Saint Esprit qui, dans cette œuvre ad extra, manifestent une telle bonté.

C’est bien ce qu’enseigne aussi notre « Graduel » d’aujourd’hui.

« Misit Dominus verbum suum et sanavit eos ». Et il ajoute « et eripuit eos de interitu eorum », « et il les arracha, énergiquement, de interitu eorum, il les arracha du tombeau. « Interitus », littéralement veut dire « ruine », « destruction », « mort ».

Telle est bien la finalité de l’Incarnation. Elle est rédemptrice.

Comment, dès lors, ne pas méditer tout cela, le confesser dans son cœur, pour l’acclamer ensuite dans son chant.

Je constate, dans ce Graduel, deux finalités de cette Incarnation, deux finalités exprimées par deux verbes : « sanare » puis « eripere », « guérir », « soigner » et « arracher ». Par cette Incarnation, nous le confessons, nous sommes « guéris » et « rachetés ». « Sanavit eos et eripuit eos ».

Or cette « sanatio » est exprimée, explicitée dans l’Epître de la messe, celle de saint Paul aux Romains. Cette sanatio est finalement décrite comme une « donation ». « Habentes donationes quae data est nobis… »

Cette sanatio est une grâce de Dieu. Elle est une « donation de tous les talents », de tous les mérites. Et la prophétie est un talent et le ministère est un talent et l’enseignement et le gouvernement zélé et la miséricorde et la charité sont des « talents ». Et l’horreur du mal et le zèle et la ferveur de l’esprit et l’amour de servir, l’amour du service de Dieu sont des talents. Et l’espérance et la joie que donne l’espérance et la patience dans l’affliction et la persévérance dans la prière et l’hospitalité et « l’humanitas » et la force dans l’adversité et la cordialité et la sagesse et l’humilité sont des talents. Tout est don et tous ces dons de Dieu sont véritablement la « sanatio » de notre âme. « Misit Dominus verbum suum et sanavit eos ».

« Et eripuit eos de interitu eorum ». Il les guérit et les arrache de la mort, de la ruine, de la destruction, de l’enfer éternel.

Il le peut…Il le peut car ce verbum est Dieu lui-même. La liturgie nous le prouve, l’affirme en citant ce beau miracle de Cana, ce premier miracle du changement de l’eau en vin.
Il peut tout. Il est Dieu.
Il peut changer ces pierres en enfants d’Abraham, Lui qui changea l’eau en vin.
Il peut guérir nos plaies, notre mort, Lui qui changea l’eau en vin.
Il peut nous arracher des griffes de Satan, Lui, le Fort, qui changea l’eau en vin.

Oui ! Vraiment « qu’on loue le Seigneur pour sa bonté, pour ses merveilles en faveur des enfants des hommes ».

Voilà exposé le pourquoi et justifiée la raison de notre action de grâce, de nos louanges de notre adoration du Seigneur.
« Acclamez Dieu terre entière
Chantez la gloire de son nom.
Venez, écoutez, vous tous qui craignez Dieu et je vous conterai tout ce qu’il fit pour mon âme. Alleluia ».

C’est le chant de l’offertoire.
Quelle belle unité dans cette messe ». Un chef-d’œuvre !

B- Benoît XVI et le « sens de la vie »

L’enseignement de Benoît XVI sur le sacrement de baptême
Le dimanche 8 janvier, Benoît XVI baptisa, comme à l’accoutumée, dix nouveau-nés, dans la Chapelle Sixtine, à l’occasion de la solennité du Baptême de Notre Seigneur. Il prononça une homélie spontanée. Vous en trouverez, ci-dessous, le texte intégral.
Il nous donne un beau commentaire du sacrement de baptême. J’intitulerais volontiers ce commentaire : le Baptême ou le sens de la vie chrétienne. Le baptême et son rite donnent vraiment le sens de la « nouvelle vie » puisée dans la Vie du Seigneur. Je trouve cet enseignement très beau. Il porte vraiment à la réflexion sur le sens de la vie. Je remarque toutefois qu’il ne fait aucune allusion aux exorcismes contre Satan. C’est dommage, très dommage. La vie est aussi une lutte contre Satan qui cherche à nous dévorer.
« Chers parents, parrains et marraines,
Chers frères et sœurs!

Que se passe-t-il lors du Baptême ? Qu'attend-on du Baptême ? Vous avez donné une réponse au seuil de cette Chapelle: nous attendons pour nos enfants la vie éternelle. Tel est le but du Baptême. Mais comment peut-il être réalisé ? Comment le Baptême peut-il donner la vie éternelle ? Qu'est-ce que la vie éternelle ?

On pourrait dire avec des paroles plus simples : nous attendons pour nos enfants une vie bonne ; la vraie vie ; le bonheur même dans un avenir encore inconnu. Nous ne sommes pas en mesure d\'assurer ce don pour tout le temps de cet avenir inconnu et, par conséquent, nous nous tournons vers le Seigneur pour obtenir ce don de Lui.

A la question: « Comment cela adviendra-t-il ? » nous pouvons apporter deux réponses. La première : dans le Baptême chaque enfant est introduit dans une compagnie d'amis qui ne l'abandonnera jamais dans la vie ni dans la mort, parce que cette compagnie d'amis est la famille de Dieu, qui porte en elle la promesse de l'éternité. Cette compagnie d'amis, cette famille de Dieu, dans laquelle à présent l’enfant est introduit, l'accompagnera toujours même aux jours de la souffrance, dans les nuits obscures de la vie ; elle lui donnera consolation, réconfort, lumière. Cette compagnie, cette famille lui donnera la parole de vie éternelle. Paroles de lumière qui répondent aux grands défis de la vie et donnent l'indication juste sur la route à prendre. Cette compagnie offre à l'enfant consolation et réconfort, l'amour de Dieu même au seuil de la mort, dans la vallée obscure de la mort. Elle lui donnera l'amitié, elle lui donnera la vie. Et cette compagnie, absolument fiable, ne disparaîtra jamais. Personne d'entre nous ne sait ce qui adviendra sur notre planète, dans notre Europe, dans les cinquante, soixante, soixante-dix années à venir. Mais nous sommes sûrs d\'une chose : la famille de Dieu sera toujours présente et celui qui appartient à cette famille ne sera jamais seul, il aura toujours l'amitié sûre de Celui qui est la vie.

Et nous sommes ainsi arrivés à la seconde réponse. Cette famille de Dieu, cette compagnie d'amis est éternelle, parce qu'elle est communion avec Celui qui a vaincu la mort, qui a entre les mains les clés de la vie. Etre dans la compagnie, dans la famille de Dieu, signifie être en communion avec le Christ, qui est vie et donne l'amour éternel au-delà de la mort. Et si nous pouvons dire qu\'amour et vérité sont source de vie, qu'ils sont la vie – et une vie sans amour n'est pas la vie – nous pouvons dire que cette compagnie avec Celui qui est réellement la vie, avec Celui qui est le Sacrement de la vie, répondra à votre attente, à votre espérance.

Oui, le Baptême introduit dans la communion avec le Christ et ainsi donne vie, donne la vie. Nous avons ainsi interprété le premier dialogue que nous avons eu ici, sur le seuil de la Chapelle Sixtine. A présent, après la bénédiction de l'eau, suivra un second dialogue d'une grande importance. Son contenu est celui-ci: le Baptême – comme nous l'avons vu – est un don ; le don de la vie. Mais un don doit être accueilli, doit être vécu. Un don d'amitié implique un « oui » à l'ami et implique un « non » à ce qui n'est pas compatible avec cette amitié, à ce qui est incompatible avec la vie de la famille de Dieu, avec la vraie vie dans le Christ. Et ainsi, dans ce second dialogue, sont prononcés trois « non » et trois « oui ». On dit « non » et on renonce aux tentations, au péché, au diable. Ces choses, nous les connaissons bien, mais peut-être justement pour les avoir entendues trop souvent, ces paroles ne nous disent pas grand chose. Alors, nous devons un peu approfondir les contenus de ces « non ». A quoi disons-nous « non » ? C’est le seul moyen de comprendre à quoi nous voulons dire « oui ».

Dans l'Eglise antique, ces « non» étaient résumés en une parole qui pour les hommes de ce temps était bien compréhensible : on renonce – disait-on – à la « pompa diabuli », c'est-à-dire à la promesse de vie en abondance, à cette apparence de vie qui semblait venir du monde païen, de ses libertés, de sa manière de vivre uniquement selon son bon plaisir. C'était donc un « non » à une culture apparemment d'abondance de la vie, mais qui en réalité était une « anticulture » de la mort. C'était un « non » à ces spectacles où la mort, la cruauté, la violence étaient devenus divertissement. Pensons à ce qui était organisé au Colisée ou ici, dans les jardins de Néron, où les hommes étaient brûlés comme des torches vivantes. La cruauté et la violence étaient devenues un motif de divertissement, une vraie perversion de la joie, du vrai sens de la vie. Cette « pompa diabuli », cette « anticulture » de la mort était une perversion de la joie, était amour du mensonge, de la tromperie, était un abus du corps comme marchandise et comme commerce.

Et si nous réfléchissons à présent, nous pouvons dire qu'à notre époque aussi il est nécessaire de dire « non » à la culture largement dominante de la mort. Une « anticulture » qui se manifeste, par exemple, dans la drogue, dans la fuite de la réalité au profit de l'illusion, dans un bonheur faux qui s'exprime dans le mensonge, dans la tromperie, dans l'injustice, dans le mépris de l'autre, de la solidarité, de la responsabilité envers les pauvres et les personnes qui souffrent; qui s'exprime dans une sexualité qui devient un pur divertissement sans responsabilité, qui devient une « chosification » – pour ainsi dire – de l'homme, qui n'est plus considéré comme une personne, digne d'un amour personnel qui exige fidélité, mais devient une marchandise, un simple objet. A cette promesse de bonheur apparent, à cette « pompa » d'une vie apparente qui en réalité est seulement un instrument de mort, à cette « anticulture », nous disons « non », pour cultiver la culture de la vie. C'est pourquoi le « oui » chrétien, des temps antiques jusqu'à aujourd'hui, est un grand « oui » à la vie. C'est notre « oui » au Christ, le « oui » au vainqueur de la mort et le « oui » à la vie dans le temps et dans l'éternité.

Comme dans ce dialogue baptismal, le « non » est articulé autour de trois renonciations, de même le « oui » s'articule autour de trois adhésions: « oui » au Dieu vivant, c'est-à-dire au Dieu créateur, à une raison créatrice qui donne sens au cosmos et à notre vie; « oui » au Christ, c'est-à-dire à un Dieu qui n'est pas resté caché mais qui a un nom, qui a des paroles, qui est fait de corps et de sang; à un Dieu concret qui nous donne la vie et nous montre le chemin de la vie; « oui » à la communion de l'Eglise, dans laquelle le Christ est le Dieu vivant, qui entre dans notre temps, entre dans notre profession, entre dans la vie de chaque jour.

Nous pourrions également dire que le visage de Dieu, le contenu de cette culture de la vie, le contenu de notre grand « oui », s'exprime dans les dix commandements, qui ne sont pas un ensemble d'interdits, de « non », mais qui représentent en réalité une grande vision de vie. Ils sont un « oui » à un Dieu qui donne sens à l'existence (les trois premiers commandements); « oui » à la famille (quatrième commandement); « oui » à la vie (cinquième commandement); « oui » à l'amour responsable (sixième commandement); « oui » à la solidarité, à la responsabilité sociale, à la justice (septième commandement); « oui » à la vérité (huitième commandement); « oui » au respect de l'autre et de ce qui lui est propre (neuvième et dixième commandements). Telle est la philosophie de la vie, telle est la culture de la vie, qui devient concrète, praticable et belle dans la communion avec le Christ, le Dieu vivant, qui marche avec nous dans la compagnie de ses amis, dans la grande famille de l'Eglise. Le Baptême est don de vie. C'est un « oui » au défi de vivre vraiment la vie, en disant « non » à l'attachement de la mort qui se présente sous le masque de la vie; et c'est un « oui » au grand don de la vraie vie qui est présente dans le visage du Christ, qui se donne à nous dans le Baptême, puis dans l'Eucharistie.

J'ai dit cela en guise de bref commentaire aux paroles qui, dans le dialogue baptismal, interprètent ce qui se réalise dans ce Sacrement. Au-delà des paroles, nous avons les gestes et les symboles, mais je serai très bref dans ma présentation. Le premier geste, nous l'avons déjà accompli: c'est le signe de la croix, qui nous est donné comme bouclier qui doit protéger cet enfant dans sa vie ; c'est comme un « indicateur » pour le chemin de la vie, parce que la croix est le résumé de la vie de Jésus. Puis il y a les éléments : l'eau, l'onction avec l'huile, le vêtement blanc et la flamme du cierge. L'eau est le symbole de la vie : le Baptême est une vie nouvelle dans le Christ. L'huile est le symbole de la force, de la santé, de la beauté, parce qu\'il est vraiment beau de vivre en communion avec le Christ. Puis le vêtement blanc, comme expression de la culture de la beauté, de la culture de la vie. Et enfin, la flamme du cierge, comme expression de la vérité qui resplendit dans les ténèbres de l'histoire et nous indique qui nous sommes, d'où nous venons et où nous devons aller.

Chers parrains et marraines, chers parents, chers frères, rendons grâce en ce jour au Seigneur, parce que Dieu ne se cache pas derrière les nuages du mystère impénétrable, mais comme l'a dit l'Evangile d'aujourd'hui, il a ouvert les cieux, il s'est montré, il parle avec nous et il est avec nous; il vit avec nous et il nous guide dans notre vie. Rendons grâce au Seigneur pour ce don et prions pour nos enfants, pour qu\'ils aient réellement la vie, la vraie vie, la vie éternelle. Amen.


C- « Benoît XVI et le sens de l’Histoire »

La « catéchèse de Benoît XVI », au cours de l’audience générale, le 4 janvier 2006 :

Benoît XVI nous rappelle un enseignement des plus important sur le « sens de l’histoire » et son véritable « progrès », sur « l’humanisme intégral ». Son objet, c’est le Christ.


Dans son commentaire sur l’hymne de saint Paul, au chapitre I des Colosiens, Benoît XVI nous donne un enseignement important sur le « sens de l’histoire ». L’histoire a un sens. Benoît XVI parle d’ « objectif », de « direction ». Il parle même de « progrès ». Certains pourraient trembler à ces seuls mots. Mais il ne laisse pas son auditoire dans l’équivoque. Il précise et définit ce qu’il veut dire par « progrès ». Ce progrès est spécifié par son objet. Et cet objet c’est le Christ. Et il va même jusqu’à dire que le vrai progrès est essentiellement christologique. C’est la conclusion de ce paragraphe. Il écrit : « Ainsi, dans ces indications, se cache également un impératif pour nous: travailler pour le progrès, une chose que nous voulons tous; nous pouvons le faire en travaillant pour le rapprochement des hommes au Christ; nous pouvons le faire en nous conformant personnellement au Christ, en allant ainsi dans la direction du véritable progrès ».

Je pense que ces paroles feront plaisir à Jean Madiran. Hier, au téléphone, nous conversions précisément sur ce sujet. Il s’interrogeait sur la pensée du pape sur ce sujet du sens de l’histoire. « Le pape, ne serait-il pas persuadé que l’histoire a un sens qui va nécessairement vers le progrès » ? Il est vrai le pape pense que l’histoire a un sens, connaît un progrès. Mais ce progrès, pour lui, est « christique ». Il est dans le Christ ou il n’est pas. C’est cela le véritable humanisme, « l’humanisme intégral ». Maritain, le philosophe du Concile, est ainsi corrigé. C’est tout « Gaudium et spes » qui est ainsi corrigé.

Vous retiendrez tout particulièrement, la fin du 1 paragraphe :

« Et ainsi saint Paul nous indique une vérité très importante: l'histoire a un objectif, une direction. L'histoire va vers l'humanité unie dans le Christ, elle va ainsi vers l'homme parfait, vers l'humanisme parfait. En d'autres termes, saint Paul nous dit: oui, il y a un progrès dans l'histoire. Il y a – si nous le voulons – une évolution de l'histoire. Le progrès est tout ce qui nous rapproche du Christ et qui nous rapproche ainsi de l'humanité unie, du véritable humanisme. Ainsi, dans ces indications, se cache également un impératif pour nous: travailler pour le progrès, une chose que nous voulons tous; nous pouvons le faire en travaillant pour le rapprochement des hommes au Christ; nous pouvons le faire en nous conformant personnellement au Christ, en allant ainsi dans la direction du véritable progrès ».


Lisez avec attention !
Nous voilà avec un pape qui parle brièvement et dans un style clair et vrai

Lecture: Col 1, 3.12.18-20

3. Nous rendons grâce à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ, en priant pour vous à tout instant.
(…)

12. Avec joie, vous rendrez grâce à Dieu le Père, qui vous a rendus capables d\'avoir part, dans la lumière, à l\'héritage du peuple saint.

13. Il nous a arrachés au pouvoir des ténèbres, il nous a fait entrer dans le royaume de son Fils bien-aimé,

14. par qui nous sommes rachetés et par qui nos péchés sont pardonnés.

15. Il est l\'image du Dieu invisible,
le premier-né par rapport à toute créature,

16. car c’est en lui que tout a été créé
dans les cieux et sur la terre,
les êtres visibles
et les puissances invisibles :
tout est créé par lui et pour lui.

17. est avant tous les êtres,
et tout subsiste en lui.

18. Il est aussi la tête du corps,
c 'est-à-dire de l\'Église.
Il est le commencement,
le premier-né d\'entre les morts,
puisqu\'il devait avoir en tout la primauté.

19. Car Dieu a voulu que dans le Christ
toute chose ait son accomplissement total.

20. Il a voulu tout réconcilier par lui et pour lui,
sur la terre et dans les cieux,
en faisant la paix par le sang de sa croix.


1. En cette première audience générale de la nouvelle année, nous nous arrêtons pour méditer sur le célèbre hymne christologique contenu dans la Lettre aux Colossiens, qui est comme le solennel portail d'entrée de ce riche texte paulinien et également un portail d'entrée pour cette année. L'Hymne proposé à notre réflexion est encadré par une longue formule de remerciement (cf. vv. 3.12-14). Celle-ci nous aide à créer l'atmosphère spirituelle pour bien vivre ces premiers jours de 2006, ainsi que notre chemin tout au long de la nouvelle année (cf. vv. 15-20).

La louange s'élève vers « Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ » (v. 3), source de ce salut qui est décrit du point de vue négatif comme arrachement « au pouvoir des ténèbres » (cf. v. 13), c'est-à-dire comme « rédemption et rémission des péchés » (cf. v. 14). Il est ensuite proposé de manière positive comme « participation à l’héritage des saints dans la lumière » (cf. v. 12) et comme entrée « dans le Royaume de son Fils bien-aimé » (v. 13).

2. C'est là que s'ouvre l'Hymne, profond et intense, qui a comme centre le Christ, dont on exalte le primat et l'œuvre, que ce soit dans la création ou dans l'histoire de la rédemption (cf. vv. 15-20). On trouve donc deux mouvements dans le chant. Dans le premier est présenté le premier-né de toute la création, le Christ, « Premier-né de toute créature » (cf. v. 15). Il est, en effet, l'« image du Dieu invisible », et cette expression est chargée de toute la signification que l'« icône » possède dans la culture de l'Orient: on ne souligne pas tant la ressemblance, mais l\'intimité profonde avec le sujet représenté.

Le Christ propose à nouveau parmi nous le « Dieu invisible », de manière visible. En Lui nous voyons le visage de Dieu, à travers la nature commune qui les unit. Le Christ, en raison de sa très haute dignité, précède « toutes les choses » non seulement à cause de son éternité, mais également et surtout à travers son œuvre créatrice et providentielle: « car c\'est en lui que tout a été créé dans les cieux et sur la terre, les êtres visibles et les puissances invisibles... et tout subsiste en lui » (vv. 16-17). Elles ont même également été créées « pour lui » (v. 16). Et ainsi saint Paul nous indique une vérité très importante: l'histoire a un objectif, une direction. L'histoire va vers l'humanité unie dans le Christ, elle va ainsi vers l'homme parfait, vers l'humanisme parfait. En d\'autres termes, saint Paul nous dit: oui, il y a un progrès dans l'histoire. Il y a – si nous le voulons – une évolution de l'histoire. Le progrès est tout ce qui nous rapproche du Christ et qui nous rapproche ainsi de l'humanité unie, du véritable humanisme. Ainsi, dans ces indications, se cache également un impératif pour nous: travailler pour le progrès, une chose que nous voulons tous; nous pouvons le faire en travaillant pour le rapprochement des hommes au Christ; nous pouvons le faire en nous conformant personnellement au Christ, en allant ainsi dans la direction du véritable progrès.

3. Le deuxième mouvement de l'Hymne (cf. Col 1, 18-20) est dominé par la figure du Christ sauveur au sein même de l'histoire du salut. Son œuvre se révèle tout d\'abord dans le fait d'être « Tête du corps, c'est-à-dire de l\'Eglise » (v. 18): tel est l'horizon salvifique privilégié dans lequel se manifestent en plénitude la libération et la rédemption, la communion vitale qui existe entre la tête et les membres du corps, c'est-à-dire entre le Christ et les chrétiens. Le regard de l'Apôtre se tourne vers l'objectif ultime vers lequel converge l'histoire: le Christ est le « premier-né d'entre les morts » (v. 18), il est celui qui ouvre les portes à la vie éternelle, en nous arrachant aux limites de la mort et du mal.

Voilà, en effet, ce pleroma, cette « plénitude » de vie et de grâce qui est dans le Christ lui-même et qui nous est donnée et communiquée (cf. v. 19). Avec cette présence vitale, qui nous fait participer à la divinité, nous sommes transformés intérieurement, réconciliés, pacifiés: il s'agit là d'une harmonie de tout l\'être racheté, dans lequel Dieu est désormais « tout en tous » (1 Co 15, 28), et vivre en chrétien signifie se laisser ainsi transformer intérieurement vers la forme du Christ. C'est alors que se réalise la réconciliation, la pacification.

4. Nous consacrons à présent un regard contemplatif à ce mystère grandiose de la rédemption, en reprenant les paroles de saint Proclus de Constantinople, mort en 446. Dans sa première homélie sur Marie, la Mère de Dieu, il propose à nouveau le mystère de la Rédemption comme une conséquence de l\'Incarnation.

En effet, Dieu, rappelle l\'évêque, s'est fait homme pour nous sauver et nous arracher ainsi au pouvoir des ténèbres et nous reconduire dans le royaume du Fils bien-aimé, comme le rappelle précisément l'hymne de la Lettre aux Colossiens. « Celui qui nous a rachetés n'est pas un pur homme – observe Proclus – : en effet, tout le genre humain était asservi au péché; il n'était pas non plus un Dieu privé de nature humaine: il avait en effet un corps qui, s'il ne s'était pas revêtu de moi, ne m'aurait pas sauvé. Apparu dans le sein de la Vierge, Il revêtit l'habit du condamné. C'est là qu'eut lieu le terrible échange, il rendit l'esprit et prit la chair » (8: Textes mariaux du premier millénaire, I Rome 1988, p. 561).

Nous nous trouvons donc devant l'œuvre de Dieu, qui a accompli la Rédemption précisément parce qu'il était également un homme. Il est à la fois le Fils de Dieu, sauveur, mais également notre frère et c'est grâce à cette proximité qu'Il diffuse en nous le don divin.

Il est réellement le Dieu avec nous. Amen » !