Paroisse catholique Saint Michel

Dirigée par

 Monsieur l'abbé Paul Aulagnier

 

06 80 71 71 01

 

Du 13 au 19 février

Dimanche de la Sexagésime

 

 

A-Homélie : le semeur et sa semence.

 

« Et le semeur sortit pour semer sa semence et il en tomba dans la bonne terre ; et quand elle eut poussé, elle donna du fruit au centuple »…Et le Seigneur d’expliquer aux disciples : « Ce qui tombe dans la bonne terre, c’est ceux qui entendent, qui gardent la Parole dans un cœur bon et excellent et qui portent du fruit dans la persévérance ».

La Parole de Dieu est, de soi, efficace…Mais cette efficacité dépend aussi de celui qui l’écoute, qui l’entend et la reçoit. S’il a un cœur bon et excellent…La Parole de Dieu porte du fruit …dans la persévérance…du fruit au centuple.

Et l’Eglise le démontre, dans cette messe, l’illustre par l’exemple de saint Paul…D’où le choix de notre Epître où saint Paul fait son panégyrique…

Quelle fougue ! Quel enthousiasme ! Quelle chaleur dans le cœur de cet Apôtre ! Quelle charité ! Quel amour pour le Christ !
C’est certainement une des pages de l’Ecriture Sainte, les plus enflammées, les plus dynamiques, les plus enthousiasmantes !
Ce qu’il est…cet Apôtre, cette âme de feu qui l’anime, il le doit à la parole de Dieu, il le doit à la grâce qu’il a reçu gratuitement de Dieu et qui l’a fait ce qu’il est. Il était ennemi de l’Eglise…et quel adversaire…et sur le champ, sur le chemin de Damas, il fut fait « disciple du Christ »…Et quel disciple !

A l’occasion de querelles que les « hébreux-israélites » lui faisaient…il se défend.
Il veut bien être comme eux, hébreux, israélite ; de la « descendance d’Abraham », il l’est…mais dans son ministère ecclésial, comme ministre du Christ, il l’est plus que quiconque, plus qu’eux…Plus que ceux qui, judaïsants, lui cherchent des « noises », lui contestant la liberté qu’il prend à l’égard de la Loi…Alors, là ! Saint Paul s’anime…Ce qui va nous donner cette merveilleuse page de l’Ecriture : « Ils sont ministres du Christ ? Je vais dire une folie… « ut minus sapiens dico », je le suis plus encore… « Plus ego ».

La comparaison n’est même pas de mise !
Ecoutez :

« 23 Sont-ils ministres du Christ? — Ah ! je vais parler en homme hors de sens :
— je le suis plus qu'eux : bien plus qu'eux par les travaux, biens plus par les coups, infiniment plus par les emprisonnements; souvent j'ai vu de près la mort;
24 cinq fois j'ai reçu des Juifs quarante coups de fouet moins un; 25 trois fois, j'ai été battu de verges; une fois j'ai été lapidé; trois fois j'ai fait naufrage; j'ai passé un jour et une nuit dans l'abîme. 26 Et mes voyages sans nombre, les périls sur les fleuves, les périls de la part des brigands, les périls de la part de ceux de ma nation, les périls de la part des Gentils, les périls dans les villes, les périls dans les déserts, les périls sur la mer, les périls de la part des faux frères, 27 les labeurs et les peines, les nombreuses veilles, la faim, la soif, les jeûnes multipliés, le froid, la nudité ! 28 Et sans parler de tant d'autres choses, rappellerai-je mes soucis de chaque jour, la sollicitude de toutes les Eglises?
29 Qui est faible que je ne sois faible aussi? Qui vient à tomber sans qu'un feu me dévore?

30 S'il faut se glorifier, c'est de ma faiblesse que je me glorifierai. 31 Dieu, qui est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, et qui est béni éternellement, sait que je ne mens point.

32 A Damas, l'ethnarque du roi Arétas faisait garder la ville pour se saisir de moi;
33 mais on me descendit par une fenêtre, dans une corbeille, le long de la muraille, et j'échappai ainsi de ses mains.

Chapitre 12 1 Faut-il se glorifier? Cela n'est pas utile; j'en viendrai néanmoins à des
visions et à des révélations du Seigneur. 2 Je connais un homme dans le Christ qui, il y a quatorze ans, fut ravi jusqu'au troisième ciel (si ce fut dans son corps, je ne sais; si ce fut hors de son corps, je ne sais : Dieu le sait). 3 Et je sais que cet homme (si ce fut dans son corps ou sans son corps, je ne sais, Dieu le sait) 4 fut enlevé dans le paradis, et qu'il a entendu des paroles ineffables qu'il n'est pas permis à un homme de révéler.

5 C'est pour cet homme-là que je me glorifierai; mais pour ce qui est de ma personne, je ne me ferai gloire que de mes faiblesses. 6 Certes, si je voulais me glorifier, je ne serais pas un insensé, car je dirais la vérité; mais je m'en abstiens afin que personne ne se fasse de moi une idée supérieure à ce qu'il voit en moi ou à ce qu'il entend de moi.

7 Et de crainte que l'excellence de ces révélations ne vînt à m'enfler d'orgueil, il m'a été mis une écharde dans ma chair, un ange de Satan pour me souffleter, [afin que je m'enorgueillisse point].

8 A son sujet, trois fois j'ai prié le Seigneur de l'écarter de moi, 9 et il m'a dit : " Ma grâce te suffit, car c'est dans la faiblesse que ma puissance se montre tout entière. "

Je préfère donc bien volontiers me glorifier de mes faiblesses, afin que la puissance du Christ habite en moi. 10 C'est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les opprobres, dans les
nécessités, dans les persécutions, dans les détresses, pour le Christ; car lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort. »

Quel souffle, Mes Bien chers frères.
Quel amour du Christ !

Mais ce qui est encore plus beau, me semble-t-il, c’est l’humilité qui l’anime. Cela aussi est le fruit de la Parole de Dieu qui, en lui, n’a pas été vaine tant il est vrai que cette Parole est vie…Humilité qu’il confesse à la fin de cette exaltation de sa propre personne. Nul orgueil ! Nulle prétention ! Nulle fanfaronnade ne l’anime…mais, bien au contraire, l’humilité, d’humbles sentiments de lui-même : « Et de crainte que l'excellence de ces révélations ne vînt à m'enfler d'orgueil, il m'a été mis une écharde dans ma chair, un ange de Satan pour me souffleter, [afin que je m'enorgueillisse point]. A son sujet, trois fois j'ai prié le Seigneur de l'écarter de moi, et il m'a dit : " Ma grâce te suffit, car c'est dans la faiblesse que ma puissance se montre tout entière. »

Retenons cette conclusion : « Ma grâce te suffit » - « Sufficit tibi gratia mea »- « car ma puissance atteint sa plénitude dans la faiblesse ». « nam virtus in infirmitate perficitur ».

Tel est le principe de la vie surnaturelle.

Et voilà la conclusion que tire finalement saint Paul : « de grand cœur -libenter – donc, je me glorifierai plutôt de mes faiblesses afin que demeure en moi la puissance du Christ »

Oh ! Que tout cela est beau !

Et c’est ce qui nous permet aussi de comprendre le choix du psaume 43 dans l’Introït ce cette messe…Le psalmiste confesse, lui aussi, comme saint Paul, sa misère et attend tout de la Puissance de Dieu -« de virtute Dei » - qui le sauvera de sa propre misère mais aussi des ennemis qui l’entourent et le menacent : « Réveille toi ! Pourquoi dors-tu, Seigneur. Sors… ». « Exsurge, Domine, adjuva nos et libera nos », « Dresse-toi, Seigneur, viens à notre aide, délivre nous…Car tu es le seul Très Haut », « Tu solus Altissimus super omnem terram »

Cette misère est aussi la raison du choix du psaume 82 utilisé dans le Graduel : « Oui, tu es le seul Très Haut ». Tout devant toi n’est qu’ « herbes folles », ou « fétu qu’emporte le vent ». « Devant toi, tout chancelle » parce que possédé par la crainte.
Mais grâce à ta Parole, semence de Vie, « tes élus échappent à l’arc », « à sa flèche ». Ils sont ainsi préservés et libérés « ut liberentur electi tui ».

Cette misère est aussi la raison du choix du psaume 59 dans le Trait.

Finalement - et saint Paul en est le plus bel exemple – tout dépend de la puissance divine, de sa Parole efficace…Tout dépend de sa puissance…Tout…Et la gloire de saint Paul, preuve de la Puissance de Dieu et sa faiblesse et sa misère…que la Parole de Dieu peut alors combler de sa présence toute puissante.

C’est le beau chant de l’Offertoire qui est tiré du beau psaume 16 en ses versets 5 et 7 :

« Soutiens mes pas dans tes sentiers
De peur que mes pieds ne chancellent
Incline vers moi ton oreille
Ecoute ma parole
Fais éclater ta miséricorde.
Seigneur, tu sauves ceux qui s’abritent en toi »

C’est qu’en effet, Mes Bien Chers Frères, la Parole de Dieu est efficace.
Elle est créatrice. Et pour le prouver, nous avons le beau texte de la Genèse : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. La terre était informe et vide ; les ténèbres couvraient l’abîme et l’Esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux. Dieu dit : « Que le lumière soit et la lumière fut… » C’est ce que confirme le Ps 32 6 : « Par la parole de Dieu, les cieux ont été fait et toute leur armé par le souffle de sa bouche ». Et l’Ecclésiastique le chante aussi : « C’est par la parole du Seigneur que ses œuvres ont été faites. Le soleil qui les éclaire les contemple toutes, ouvrage du Seigneur, il est rempli de sa gloire ».

Elle est, cette parole, éternellement efficace : « elle demeure éternellement » nous dit Saint Pierre dans sa Ier Epître.

Elle est porteuse de vie pour ceux qui la reçoivent. Saint Jean est formel. Il enseigne : « En vérité , en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et croit à celui qui m’a envoyé a la vie éternelle, et n’encourt point la condamnation, mais il est passé de la mort à la vie. En vérité, en vérité je vous le dis, l’heure vient et elle est déjà venue, où les morts entendront la voix du fils de Dieu, et ceux qui l’auront entendu, vivront. Car comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils de l’avoir en lui-même » (Jn 5 24 25). Elle est porteuse de mort pour ceux qui la rejettent. Elle est « Principe de contradiction »

Cette parole, c’est le Christ lui-même, parole créatrice. Et nous avons tout le prologue de Saint Jean, de son évangile :

« 1.Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu. 2.Il était au commencement en Dieu. 3.Tout par lui a été fait, et sans lui n'a été fait rien de ce qui existe. 4.En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes, 5.Et la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point reçue. 6.Il y eut un homme, envoyé de Dieu; son nom était Jean. 7.Celui-ci vint en témoignage, pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui: 8.non que celui-ci fût la lumière, mais il avait à rendre témoignage à la lumière. 9.La lumière, la vraie, celle qui éclaire tout homme, venait dans le monde. 10.Il (le Verbe) était dans le monde, et le monde par lui a été fait, et le monde ne l'a pas connu. 11.Il vint chez lui, et les siens ne l'ont pas reçu. 12.Mais quant à tous ceux qui l'ont reçu, Il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom, 13.Qui non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l'homme, mais de Dieu sont nés. 14.Et le Verbe s'est fait chair, et il a habité parmi nous, (et nous avons vu sa gloire, gloire comme celle qu'un fils unique tient de son Père) tout plein de grâce et de vérité ».

Cette parole, elle est non seulement créatrice, elle est aussi parole de vie :
« 1 Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et ce que nos mains ont touché, du Verbe de vie,
2 - car la Vie a été manifestée, et nous l'avons vue, et nous lui rendons témoignage, et nous vous annonçons la Vie éternelle, qui était dans le sein du Père et qui nous a été manifestée » (I Jn 1 1-3)
Mais elle est aussi parole de mort :
« Puis je vis le ciel ouvert, et il parut un cheval blanc; celui qui le montait s'appelle Fidèle et Véritable; il juge et combat avec justice. 12 Ses yeux étaient comme une flamme ardente; Il avait sur la tête plusieurs diadèmes, et portait un nom écrit que nul ne connaît que lui-même ; 13 il était revêtu d'un vêtement teint de sang : son nom est le Verbe de Dieu. 14 Les armées du ciel le suivaient sur des chevaux blancs, vêtues de fin lin, blanc et pur. 15 De sa bouche sortait un glaive affilé [à deux tranchants], pour en frapper les nations ; c'est lui qui les gouvernera avec un sceptre de fer, et c'est lui qui foulera la cuve du vin de l'ardente colère du Dieu tout-puissant. 16 Sur son vêtement et sur sa cuisse, il portait écrit ce nom : Roi des rois et Seigneur des seigneurs. »
A nous tous de nous laisser prendre par cette Parole divine, elle est créatrice et vivante pour ceux qui craignent le Seigneur.
C’est ce que nous voyons en saint Paul.
C’est ce que nous voyons en la Reine Marie Antoinette.
Lisez sa dernière lettre, celle qu’elle adressa à sa belle sœur, Madame Elisabeth.

B- Lettre de Marie Antoinette à Madame Elisabeth.

Ce 16 octobre 1793, à 4h30 du matin.
C’est à vous, ma sœur, que j’écris pour la dernière fois. Je viens d’être condamnée, non pas à une mort honteuse, elle ne l’est que pour les criminels, mais à aller rejoindre votre frère. Comme lui innocente, j’espère montrer la même fermeté que lui dans ses derniers moments. Je suis calme comme on l’est quand la conscience ne reproche rien. J’ai un profond regret d’abandonner mes pauvres enfants. Vous savez que je n’existais que pour eux et vous, ma bonne et tendre sœur. Vous qui aviez par votre amitié tout sacrifié pour être avec nous, dans quelle position je vous laisse ! J’ai appris, par le plaidoyer même du procès, que ma fille était séparée de vous. Hélas ! la pauvre enfant, je n’ose pas lui écrire, elle ne recevrait pas ma lettre. Je ne sais pas même si celle-ci vous parviendra. Recevez pour eux deux ici ma bénédiction. J’espère qu’un jour, lorsqu’ils seront plus grands, ils pourront se réunir avec vous et jouir en entier de vos tendres soins. Qu’ils pensent tous deux à ce que je n’ai cessé de leur inspirer : que les principes et l’exécution exactes de ses devoirs sont la première base de la vie, que leur amitié et leur confiance mutuelles en fera le bonheur. Que ma fille sente qu’à l’âge qu’elle a, elle doit toujours aider son frère par les conseils que l’expérience qu’elle aura de plus que lui et son amitié pourront lui inspirer ; que mon fils à son tour, rende à sa sœur tous les soins, les services que l’amitié peuvent inspirer ; qu’ils sentent enfin tous deux que, dans quelque position où ils pourront se trouver, ils ne seront vraiment heureux que par leur union, qu’ils prennent exemple de nous. Combien, dans nos malheurs, notre amitié nous a donné de consolation ! Et, dans le bonheur, on jouit doublement quand on peut le partager avec un ami ; et où en trouver de plus tendre, de plus uni que dans sa propre famille ? Que mon fils n’oublie jamais les derniers mots de son père, que je lui répète expressément : qu’il ne cherche jamais à venger sa mort !
J’ai à vous parler d’une chose bien pénible à mon cœur. Je sais combien cet enfant doit vous avoir fait de la peine. Pardonnez-lui, ma chère soeur. Pensez à l’âge qu’il a, et combien il est facile de faire dire à un enfant ce qu’on veut, et même ce qu’il ne comprend pas. Un jour viendra, j’espère, où il ne sentira que mieux tout le prix de vos bontés et de votre tendresse pour tous deux
Il me reste à vous confier encore mes dernières pensées. J’aurais voulu les écrire dès le commencement du procès ; mais outre qu’on ne me laissait pas écrire, la marche a été si rapide que je n’en aurais réellement pas eu le temps.
Je meurs dans la religion catholique, apostolique et romaine, dans celles de mes pères, dans celle où j’ai été élevée, et que j’ai toujours professée. N’ayant aucune consolation spirituelle à attendre, ne sachant pas si il existe encore ici des prêtres de cette religion, et même le lieu où je suis les exposerait trop si ils y entraient une fois. Je demande sincèrement pardon à Dieu de toutes les fautes que j’ai pu commettre depuis que j’existe ; j’espère que, dans sa bonté, Il voudra bien recevoir mes derniers vœux, ainsi que ceux que je fais depuis longtemps pour qu’Il veuille recevoir mon âme dans sa miséricorde et sa bonté.
Je demande pardon à tous ceux que je connais, et à vous ma sœur, en particulier, de toutes les peines que, sans le vouloir, j’aurais pu lui causer. Je pardonne à tous mes ennemis le mal qu’ils m’ont fait. Je dis ici adieu à mes tantes et à tous mes frères et sœurs. J’avais des amis ; l’idée d’en être séparée pour jamais et leurs peines sont un des plus grands regrets que j’emporte en mourant ; qu’ils sachent du moins que jusqu’à mon dernier moment j’ai pensé à eux.
Adieu ma bonne et tendre sœur ; puisse cette lettre vous arriver ! Pensez toujours à moi. Je vous embrasse de tout mon coeur, ainsi que ces pauvres et chers enfants. Mon Dieu qu’il est déchirant de les quitter pour toujours ! Adieu, adieu ; je ne vais plus m’occuper que de mes devoirs spirituels. Comme je ne suis pas libre dans mes actions, on m’amènera peut-être un prêtre ; mais je proteste ici que je ne lui dirai pas un mot, et que je le traiterai comme un être absolument étranger(1).

(1) Marie Antoinette refusa, en effet, de parler au curé de saint Landry, qui se présenta à la Conciergerie pour entendre sa confession et l’assister dans ses derniers moments. Elle ne dit pas mot à l’abbé Girard qui l’accompagna dans la charrette qui devait la mener au supplice. Il est fort possible qu’un prêtre réfractaire, l’abbé Magnin, ait pu être introduit dans sa cellule, quelques semaines plus tôt, afin de lui donner la communion.

C- Face aux outrances de l’islam modéré

par Jean Madiran.

Ce papier de Jean Madiran dans Présent de samedi dernier, 11 février 2006 est à lire attentivement.


« Le journal danois Jyllands Posten qui avait publié le 30 septembre les 12 caricatures intitulées « les visages de Mahomet » vient à nouveau de présenter ses excuses.

Il l’avait déjà fait le 30 janvier. Depuis lors il n’a pas cessé de les renouveler. Dans la dernière version, il va jusqu’à adresser maintenant une prière à Allah : « Qu’Allah agrée notre démarche. »

Cela ne suffit pourtant pas. L’exigence est désormais que les parlements européens votent des lois faisant de l’anti-islamisme un délit analogue à l’antisémitisme.

_ La chronologie de l’affaire est accablante pour ce que l’on appelle « l’islam modéré ».

Les caricatures de Mahomet dans le quotidien danois avaient donc paru le 30 septembre. C’est seulement le 20 octobre que les onze ambassadeurs de pays musulmans en poste à Copenhague protestent auprès du Premier ministre.

Ces onze pays représentent l’islam responsable, officiel et modéré.

Le 29 décembre, les ministres des affaires étrangères arabes se réunissent au Caire pour condamner l’offense à Mahomet et pour exiger des excuses du Danemark.

Ces pays ont de paisibles relations diplomatiques et commerciales avec les pays occidentaux, dont ils sont pour la plupart des alliés. Si l’on cherche un islam qui soit civilisé, responsable, modéré, c’est avant tout parmi eux qu’on peut
espérer le trouver.

Leur modération et leur sens des responsabilités s’incarne, nous dit-on, dans l’Arabie saoudite. Celle-ci, le 26 janvier, rappelle son ambassadeur à Copenhague et lance contre le groupe laitier danosuédois Arla Foods une campagne de boycott qui gagne rapidement le Koweït, les Emirats, la Jordanie, ,le Maghreb.

Face à cette agressivité officielle et croissante de l’islam responsable et modéré, le 30 janvier le journal danois présente ses (premières) excuses aux musulmans offensés.

Ce premier signe de faiblesse est promptement suivi, le 4 février, par l’incendie à Damas des ambassades du Danemark et de la Norvège ; et le 5 février, par l’incendie du consulat du Danemark à Beyrouth et par les émeutes qui ravagent le quartier chrétien, à Achrafieh ; et toute la suite…

Le mobilisateur, le détonateur, ce fut bien la spectaculaire campagne d’opinion et de boycott menée officiellement pendant trois mois par les gouvernements de l’islam responsable et modéré.

_ On comprend que le Vatican manifeste une attitude diplomatique cherchant à sauvegarder la paix. Tel est bien son rôle. On le comprendrait encore mieux si c’était le fait de la Secrétairerie d’Etat, dont c’est en somme la fonction, et qu’on ne vienne pas mettre en avant dans cette affaire le « dialogue interreligieux » et son spécialiste Mgr Fitzgerald qui déplore à Rome que des médias puissent reproduire les 12 caricatures « alors que des vies sont en danger ». Ce ne sont tout de même pas les caricaturistes danois, d’ailleurs repentants, qui dans cette affaire mettent en danger des vies humaines.

_ Le président du conseil pontifical Justice et Paix n’est pas plus roboratif, il est aussi désolant que celui du dialogue interreligieux. Le cardinal Martino, en effet, déclare de son côté, selon l’AFP du 9 février : « Il faut développer dans l’islam une laïcité que l’Europe a mis des siècles à atteindre. » Et il ajoute : « L’Eglise catholique veut être une voix de paix, de dialogue, de disponibilité et de service. »

Aimable philanthropie, mais que l’on croyait subsidiaire. Avant de faire entendre une voix de dialogue,
de disponibilité, de service (et de laïcité...), on croyait pouvoir attendre de l’Eglise qu’elle fasse entendre une parole de vérité.
Mais c’est bien la vérité qui est relativisée, estompée, écartée par une philanthropie laïque et hypertrophiée.

_ Rappelé par le président Chirac, et d’ailleurs par la plupart des autorités morales, religieuses et politiques, le principe républicain du « respect de toutes les religions » conduit à les considérer comme toutes également respectables. Mais il n’est pas possible que ce soit parce qu’elles seraient toutes également vraies. Elles ne peuvent être considérées comme
également respectables que si toutes elles sont sans autre fondement que purement subjectif, comme la croyance au Père Noël ou à Croquemitaine. Les nations européennes sont engagées dans cette voie. Mais pas l’islam.

JEAN MADIRAN
Présent su 11 février 2006

D- L’enseignement du pape

Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse que le pape Benoît XVI a prononcée au cours de l’audience générale du mercredi 8 février 2006 ?.

Lecture : Psaume 144, 14.17-18.21

14. Le Seigneur soutient tous ceux qui tombent,
il redresse tous les accablés.

15. Les yeux sur toi, tous, ils espèrent :
tu leur donnes la nourriture au temps voulu ;

16. tu ouvres ta main :
tu rassasies avec bonté tout ce qui vit.

17. Le Seigneur est juste en toutes ses voies,
fidèle en tout ce qu'il fait.

18. Il est proche de ceux qui l'invoquent,
de tous ceux qui l'invoquent en vérité.

19. Il répond au désir de ceux qui le craignent ;
il écoute leur cri : il les sauve.

20. Le Seigneur gardera tous ceux qui l'aiment,
mais il détruira tous les impies.

21. Que ma bouche proclame les louanges du Seigneur !
Son nom très saint, que toute chair le bénisse
toujours et à jamais !


1. Dans le sillage de la liturgie qui le divise en deux parties, nous revenons sur le Psaume 144, un chant admirable en l'honneur du Seigneur, roi aimant et attentif à ses créatures. Nous voulons à présent méditer sur la deuxième des sections qui constituent le Psaume: il s'agit des versets 14-21 qui reprennent le thème fondamental du premier mouvement de l'hymne.

Dans celui-ci, on exaltait la piété, la tendresse, la fidélité et la bonté divine qui s'étendent à toute l'humanité, touchant chaque créature. A présent, le psalmiste porte toute son attention sur l'amour que le Seigneur réserve de manière particulière au pauvre et au faible. La royauté divine n'est donc pas détachée et hautaine, comme cela peut parfois se produire dans l'exercice du pouvoir humain. Dieu exprime sa royauté en s'inclinant sur les créatures les plus fragiles et sans défense.

2. En effet, Il est tout d\'abord un père qui «soutient tous ceux qui tombent» et qui relève ceux qui sont tombés dans la poussière de l'humiliation (cf. v. 14). Les êtres vivants sont, en conséquence, tendus vers le Seigneur presque comme des mendiants affamés et Il offre, comme un père attentif, la nourriture qui leur est nécessaire pour vivre (cf. v. 15).

A ce point, fleurit sur les lèvres de l'orant, la profession de foi dans les deux qualités divines par excellence: la justice et la sainteté. « Le Seigneur est juste en toutes ses voies, fidèle en tout ce qu'il fait » (v. 17). Il existe en hébreu deux adjectifs typiques pour illustrer l\'alliance qui existe entre Dieu et son peuple: saadiq et hasid. Ils expriment la justice qui veut sauver et libérer du mal et la fidélité qui est signe de la grandeur pleine d\'amour du Seigneur.

3. Le psalmiste se place du côté de ceux qui en bénéficient, qui sont définis par diverses expressions, en pratique, ce sont des termes qui constituent une représentation du véritable croyant. Celui-ci « invoque » le Seigneur dans une prière confiante, il le « cherche » dans la vie « avec un cœur sincère » (cf. v. 18), il « craint » son Dieu, respectant sa volonté et obéissant à sa parole (cf. v. 19), mais surtout il l'« aime », assuré d'être accueilli sous le manteau de sa protection et de son intimité (cf. v. 20).

La dernière parole du psalmiste est, alors, celle par laquelle il avait ouvert son hymne: c'est une invitation à louer et à bénir le Seigneur et son « nom », c'est-à-dire sa personne vivante et sainte qui œuvre et sauve dans le monde et dans l'histoire. Plus encore, son appel est un appel à faire en sorte qu\'à la louange orante du fidèle s'associe chaque créature marquée par le don de la vie: « Son nom très saint, que toute chair le bénisse toujours et à jamais ! » (v. 21). C'est une sorte de chant éternel qui doit s'élever de la terre au ciel, c'est la célébration communautaire de l'amour universel de Dieu, source de paix, de joie et de salut.

4. Pour conclure notre réflexion, revenons sur ce doux verset qui dit: « Il [le Seigneur] est proche de ceux qui l\'invoquent, de tous ceux qui l'invoquent en vérité » (v. 18). Cette phrase était particulièrement chère à Barsanuphe de Gaza, un ascète mort autour de la moitié du VIe siècle, souvent interpellé par des moines, des ecclésiastiques et des laïcs pour la sagesse de son discernement.

C\'est ainsi, par exemple, qu'à un disciple qui exprimait le désir « de rechercher les causes des diverses tentations qui l'avaient assailli », Barsanuphe répondait: « Frère Jean, ne crains rien des tentations qui sont apparues contre toi pour te mettre à l'épreuve, car le Seigneur ne te laisse pas en proie à celles-ci. Lorsque l'une de ces tentations te vient, ne prends donc pas la peine d'examiner ce dont il s'agit, mais crie le nom de Jésus: « Jésus, aide-moi ». Et il t'écoutera car « il est proche de ceux qui l'invoquent ». Ne te décourage pas, mais cours avec ardeur et tu rejoindras l'objectif, dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Barsanuphe et Jean de Gaza, Epistolario, 39: Collection de Textes patristiques, XCIII, Rome 1991, p. 109).

Et ces paroles du Père de l'Antiquité valent également pour nous. Dans nos difficultés, problèmes et tentations, nous ne devons pas uniquement accomplir une réflexion théorique — d'où venons-nous ? — mais nous devons réagir de façon positive, invoquer le Seigneur, maintenir un contact vivant avec le Seigneur. Nous devons même crier le nom de Jésus: « Jésus, aide-moi ! ». Et nous sommes certains qu'il nous écoute, parce qu'il est proche de celui qui le cherche. Ne nous décourageons pas, mais courons avec ardeur — comme le dit ce Père — et nous atteindrons nous aussi l'objectif de la vie, Jésus, le Seigneur. »