La «  réforme liturgique du Concile »

 

 

 

Et pourtant, il y a un petit doute…

 

 

 

 

L’Encyclique du jeudi saint sur l’eucharistie, à peine parue, a rencontré une opposition frontale.

 

C’est normal.

 

Il l’est moins que ce soit, dés le vendredi-saint, dans le journal  La Croix ; non point dans sa rubrique « forum » mais dans sa page officielle « Religion » ; et, ès, qualités, par un « théologien professeur à l’Institut catholique de Paris ». Il a dénoncé la « crispation » du Pape et le fait que « l’encyclique oublie de se situer dans une perspective historique » : ainsi « les idées neuves (y) sont entravées par le recours à la théologie eucharistique du moyen Age » ; saint Thomas d’Aquin « répondait aux besoins théologiques et aux préoccupations d’une époque ». Si bien que cette encyclique Ecclésia de Eucharistia, prétend-il, contredit par deux fois « ce que dit le catéchisme de l’Eglise catholique ».

 

Il est vrai que l’encyclique  (Présent du 19 avril) rappelle avec force le miraculeux changement par lequel, après la consécration par « un prêtre ordonné » (paragraphe 28 et 29), et le pain et le vin ont cessé d’exister, il n’en reste que les apparences, ils sont devenus le Corps et Sang, l’Ame et la divinité de NSJC, vrai Dieu et vrai homme. Ce changement miraculeux, « l’Eglise catholique l’a justement et exactement appelé transsubstantiation » ‘paragraphe 15). Cette transsubstantiation n’est pas une métaphore mais une réalité, selon la doctrine, « toujours valable », des « exposés doctrinaux des décrets sur la sainte eucharistie et sur le saint Sacrifice de la Messe promulgués par le Concile de trente ».

 

On a lu aussi, au paragraphe 10 :

« Il n’y a pas de doute que le réforme liturgique du Concile a produit de grands bénéfices de participation plus consciente, plus active et plus fructueuse des fidèles au Saint Sacrifice de l’autel. » Pas de doute ? C’est une négation catégorique, particulièrement inattendues après quarante années de désastres liturgiques, d’ailleurs inities  avant même le Concile. Assurément, l’Esprit de Dieu souffle quand même où il veut. Et comme le dit l’abbé Claude Barthe dans son dernier livre, qui vient de paraître aux éditions F. X de  Guibert, Le ciel  sur la terre, « essai sur l’essence de la liturgie » :

« Je ne nie pas que l’eau de la grâce ne suinte ou ruisselle à travers les décombres de la liturgie détruite, comme l’écrivait François Mauriac ».

 

Mais c’est bien à travers les décombres de la liturgie détruite. D’ailleurs, dès la suite de ce même paragraphe 10, l’encyclique aborde « les ombres (qui) ne manquent pas », et qui peuvent fonder un doute sur la « réforme liturgique du Concile ». Un petit doute. Un grand doute. Un doute majeur. Le livre de l’abbé Barthe note que les signes multiples d’ « atténuation », d’ « amoindrissement », d’ « exténuation » sont de moins en moins contestables, de plus en plus reconnus, nous subissons un « affadissement de la liturgie inédit dans le catholicisme », « fade est devenu le catholicisme, tiède son témoignage, plate sa liturgie ».

L’Encyclique du jeudi-saint s’en prend surtout aux causes doctrinales de la décomposition  liturgique ; à partir du paragraphe 49 elle aborde cependant « la réglementation de la liturgie eucharistique » et « le respect des diverses traditions ecclésiales légitimement constituées », apparemment sans tirer encore la première conséquence de la restauration éventuelle d’un tel « respect ». Et au paragraphe 52, nous lisons qu’ « il faut malheureusement déplorer que, surtout à partir des années de la réforme liturgique post-conciliaire (…) les abus n’ont pas manqué », et qu’à ce sujet le pape a « demandé aux dicastères compétents de la Curie romaine de préparer un document plus spécifique ».

A force de réclamer à la succession apostolique :

-        Rendez-nous l’Ecriture, le catéchisme et la messe,

… on finira, c’est inévitable, par l’obtenir peu à peu du Saint-Siège.

Car ce nous est dû.

 

 

                                                                                          Jean Madiran  (Présent)

 

 

 

Ce commentaire a été retapé par les soins d’Item. Merci de le signaler.