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Un regard sur le monde

politique et religieux

 

au 2 janvier 2009

 

N° 197

 

Par Monsieur l’abbé Paul Aulagnier

 

 

 

Benoît XVI et le rite de donner la communion sur les lèvres.

et non plus dans la main.

 

 

 

 

 

Tout le monde a vu que, lors de son voyage en France à la mi septembre, le pape Benoît XVI a distribué la sainte Eucharistie aux  fidèles agenouillés, sur les lèvres.  Cette pratique s’était perdue au lendemain du Concile Vatican II.

 

Aujourd’hui, le pape veut que l’on revienne, sur ce point,  à la pratique ancienne, plus respectueuse de la Sainte Eucharistie.

Certains évêques lui donne leur concours  dans ce difficile retour à la Tradition liturgique.

 

Mgr Athanasius Schneider est un de ceux-la.

 

Il est évêque auxiliaire de Karaganda, au Kazakhstan. Il vient de publier un petit livre dont le titre est «  Dominus est » aux éditions Tempora.

 

Ce petit livre est honoré d’une préface de Mgr Renjith.

 

Qui est Mgr Renjith ? Rien moins qu’un proche collaborateur du Pape, en matière liturgique. Il a 61 ans, évêque du Sri Lanka, ancien nonce apostolique en Indonésie, il est aujourd'hui Archevêque Secrétaire de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements. Sa fonction donne à ses paroles  toutes leurs importances.  Il ne donne pas son « opinion personnelle » mais bien au contraire, il dit ce que le Pape entend rappeler par son geste public  à l'ensemble de l'Eglise universelle.

 

Mgr Renjith reconnaît qu’à la forme ancienne s’est substituée une manière moins respectueuse de distribuer la communion : la communion dans la main. Il affirme : « Dans le même temps, il faut reconnaître, au sujet de la communion dans la main, que cette pratique a été introduite de manière abusive et à la hâte dans certains milieux de l’Église juste après le Concile, changeant la coutume séculaire qui avait précédé pour devenir désormais la pratique régulière dans toute l’Église ». C’est ce que nous avons toujours dit dans les milieux de la Tradition. Nous nous permettrons de le montrer pour la France en redonnant l’analyse tout à fait pertinente que Jean Madiran avait faite à l’époque dans Itinéraires. Il avait intitulé son article « le processus de la communion dans la main ». Ce texte est très éclairant de la subversion qui, à l’issue du Concile, agitait les milieux ecclésiastiques.

 

 

Nous reproduisons ci-après la préface rédigée par Mgr Malcom Ranjith de l'ouvrage « Dominus Est », préface que « Paix liturgique » vient de publier dans son dernier numéro.

 

A- Préface de Mgr Malcom Ranjith

 

« Dans le livre de l’Apocalypse, saint Jean raconte qu’après avoir vu et entendu ce qui lui avait été révélé, il s’était lui-même prosterné en adoration, au pied de l’ange de Dieu (cf. Ap 22, 8). Se prosterner ou se mettre à genoux, devant la majesté de la présence de Dieu, en une adoration humble, était déjà une habitude de respect que le peuple d’Israël manifestait en la présence du Seigneur.

 

Il est dit au Premier livre des Rois : « Quand Salomon eut achevé d’adresser au Seigneur cette prière et cette supplication, il se releva de devant l’autel du Seigneur, où il était agenouillé, les mains étendues vers le ciel, et s’étant mis debout, il bénit toute l’assemblée d’Israël » (1 R 8, 54-55). La position de supplication du roi est claire : il était à genoux devant l’autel.

 

 La même tradition est également visible dans le Nouveau Testament quand nous voyons Pierre se mettre à genoux devant Jésus (cf. Lc 5, 8), Jaïre lui demander de guérir sa fille (Lc 8, 41), le Samaritain revenir le remercier ou Marie, la sœur de Lazare, demander la vie de son frère (Jn 11, 32). C’est la même attitude de prosternation devant la stupeur que provoque la présence ou la révélation divine que l’on remarque généralement dans le livre de l’Apocalypse (Ap 5, 8, 14 et 19, 4).

 

À cette tradition était étroitement liée la conviction que le Temple Saint de Jérusalem était la demeure de Dieu, et que, par conséquent, il fallait y disposer tout le corps dans une attitude exprimant un sentiment profond d’humilité et de respect à l’égard du Seigneur présent.

 

Même dans l’Église, la conviction profonde que, dans les espèces eucharistiques, le Seigneur est vraiment et réellement présent ainsi que la pratique croissante de conserver la Sainte Communion dans les tabernacles, ont contribué à l’habitude de s’agenouiller dans une attitude d’humble adoration du Seigneur, présent dans l’Eucharistie.

 

 De fait, en ce qui concerne la présence réelle du Christ dans les espèces eucharistiques, le Concile de Trente déclare : in almo sanctae Eucharistiae sacramento post panis et vini consecrationem Dominum nostrum Iesum Christum verum Deum atque hominem vere, realiter ac substantialiter sub specie illarum rerum sensibilium contineri, « dans le vénérable sacrement de la sainte Eucharistie, après la consécration du pain et du vin, notre Seigneur Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, est vraiment, réellement et substantiellement contenu sous l’apparence de ces réalités sensibles »(DS 1651).

 

Par ailleurs, saint Thomas d’Aquin avait déjà défini l’Eucharistie latens Deitas (Saint Thomas d’Aquin, Hymne Adoro Te devote). La foi dans la présence réelle du Christ sous les espèces eucharistiques appartenait déjà alors à l’essence de la foi de l’Église catholique et faisait partie intégrante de l’identité catholique. Il était clair qu’on ne pouvait édifier l’Église si une telle foi venait à peine à être ébranlée. Donc, l’Eucharistie, pain transsubstantié en Corps

du Christ et vin en Sang du Christ, Dieu parmi nous, devait être accueillie avec émerveillement, avec le plus grand respect et dans une attitude d’humble adoration.

 

Le Pape Benoît XVI, en se référant aux paroles de saint Augustin, nemo autem illam carnem manducat, nisi prius adoraverit; peccemus non adorando, « que personne ne mange cette chair sans d’abord l’adorer ; nous pécherions si nous ne l’adorions pas » (Enarrationes in Psalmos 98, 9 ; CCL 39, 1385), souligne le fait que « recevoir l’Eucharistie signifie se mettre en attitude d’adoration envers Celui que nous recevons. […] Ce n’est que dans l’adoration que peut mûrir un accueil profond et vrai » (Sacramentum Caritatis 66).

 

Selon cette tradition, il est évident qu’adopter des gestes et des attitudes du corps et de l’esprit qui facilitent le silence, le recueillement, l’humble acceptation de notre pauvreté face à la grandeur infinie et à la sainteté de Celui qui vient à notre rencontre sous les espèces eucharistiques, devenait cohérent et indispensable. La meilleure façon d’exprimer notre sentiment de révérence à l’égard du Seigneur-Eucharistie était de suivre l’exemple de Pierre qui, comme nous dit l’Évangile, se jeta à genoux devant le Seigneur en lui disant : « Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un pécheur » (Lc 5, 8).

 

Aujourd’hui, comme nous le voyons dans certaines églises, une telle pratique est tombée toujours plus en désuétude, et les responsables, non seulement exigent que les fidèles reçoivent la Sainte Eucharistie debout, mais ont même été jusqu’à supprimer les

 

 

agenouilloirs, obligeant les fidèles à s’asseoir ou à se tenir debout, même durant l’élévation des Espèces eucharistiques présentées pour être adorées. Le comble est de constater que de telles mesures ont été prises dans les diocèses, par les responsables de la liturgie, ou dans les églises, par les curés, sans même consulter le moins du monde les fidèles, alors qu’aujourd’hui, plus que jamais, on parle dans de nombreux milieux de démocratie dans l’Église.

 

Au sujet de la communion dans la main

 

Dans le même temps, il faut reconnaître, au sujet de la communion dans la main, que cette pratique a été introduite de manière abusive et à la hâte dans certains milieux de l’Église juste après le Concile, changeant la coutume séculaire qui avait précédé pour devenir désormais la pratique régulière dans toute l’Église. On a justifié un tel changement en affirmant qu’il reflétait mieux l’Évangile ou l’antique pratique de l’Église. Il est vrai que si l’on peut recevoir sur la langue, l’on peut aussi recevoir sur la main, ces deux organes du corps étant d’une égale dignité. Certains, pour justifier cette pratique, font référence aux paroles de Jésus : « Prenez et mangez » (Mc 14, 22 ; Mt 26, 26). Quelles que soient les raisons favorables à cette pratique, nous ne pouvons ignorer ce qui se passe au niveau mondial, quand une telle pratique vient à se réaliser. Ce geste contribue à un affaiblissement graduel et croissant de l’attitude de respect envers les saintes Espèces eucharistiques. À l’inverse, la pratique précédente avait mieux préservé ce sentiment de vénération. Au lieu de cela, se sont glissés un manque alarmant de recueillement et un esprit de générale insouciance. Il arrive désormais de voir des personnes ayant communié qui retournent à leur place comme si rien d’extraordinaire ne s’était produit. Dans la grande majorité, ce sont les enfants et les adolescents qui sont distraits. Dans de nombreux cas, on ne remarque pas ce sens de gravité et ce silence intérieur qui doivent être les signes de la présence de Dieu dans l’âme. Et puis il y a toutes sortes d’abus : ceux qui emportent les saintes espèces pour les garder comme souvenirs ; ceux qui les vendent, ou pire encore, ceux qui les emmènent afin de les profaner dans des rites sataniques. On a pu faire le constat de telles situations : jusque dans les grandes concélébrations, même à Rome, on a pu trouver à plusieurs reprises les Saintes Espèces jetées par terre. Cette situation nous amène à réfléchir non seulement sur cette grave perte de la foi, mais aussi sur ces outrages et offenses faites au Seigneur, Lui qui daigne venir à notre rencontre en voulant nous rendre semblables à Lui, afin que se reflète en nous la sainteté de Dieu.

 

Le Pape parle de la nécessité non seulement de comprendre le sens véritable et profond de l’Eucharistie, mais aussi de la célébrer avec dignité et respect. Il dit que nous devons être conscients « de l’importance des gestes et des postures, comme le fait de s’agenouiller pendant les moments centraux de la prière eucharistique » (Sacramentum Caritatis, 65). De plus, en parlant de la réception de la Sainte Communion, il invite tout le monde à « faire [son] possible pour que le geste, dans sa simplicité, corresponde à sa valeur de rencontre personnelle avec le Seigneur Jésus dans le Sacrement » (Sacramentum Caritatis, 50).

 

Dans cette perspective, il faut apprécier le petit livre écrit par S. E. Mgr Athanasius Schneider, évêque auxiliaire de Karaganda, au Kazakhstan, dont le titre Dominus est est tout à fait significatif. Ce livret veut apporter sa contribution dans la discussion actuelle sur l’Eucharistie, comme présence réelle et substantielle du Christ dans les espèces consacrées du pain et du vin. Il est à noter que Mgr Schneider commence sa présentation par une note personnelle qui rappelle la profonde foi eucharistique de sa mère et de deux autres femmes, foi

 

 

 

 

conservée au milieu de tant de souffrances et de sacrifices, que la petite communauté catholique de ce pays a supportés durant les années de persécution soviétique.

 

En partant de sa propre expérience qui a éveillé en lui une grande foi, de l’émerveillement et de la dévotion à l’égard du Seigneur présent dans l’Eucharistie, il nous présente un excursus historico-théologique qui explique bien comment la pratique de recevoir la Sainte Communion dans la bouche et à genoux a été accueillie et pratiquée dans l’Église durant de nombreux siècles.

 

Aujourd’hui, je crois que le moment est arrivé de bien évaluer cette pratique, de revoir et, si nécessaire, d’abandonner la pratique actuelle qui, en réalité, ne se trouve indiquée ni dans Sacrosanctum Concilium lui-même, ni par les Pères Conciliaires, mais qui fut acceptée après avoir été introduite abusivement dans certains pays.

 

Aujourd’hui plus que jamais, il est nécessaire d’aider les fidèles à retrouver une foi vive en la présence réelle du Christ dans les espèces eucharistiques, dans le but de renforcer la vie même de l’Église et de la préserver au milieu des dangereuses déviations de la foi que de telles situations continuent à provoquer. Les raisons d’une telle orientation ne doivent pas être tant théoriques que pastorales – autant spirituelles que liturgiques : elles doivent contribuer à une meilleure édification de la foi. En ce sens, Mgr Schneider fait preuve d’un courage louable parce qu’il a su saisir la vraie signification de la parole de saint Paul : « Que tout se passe de manière à édifier » (1 Co 14, 26).

 

 

Malcolm Ranjith

Évêque Secrétaire de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements

 

NB : Ces propos viennent d’être confirmés par le nouveau préfet de la Congrégations du culte divin et de la disciplines des sacrements. Cardinal Antonio Cañizares Llovera. Il vient de s’exprimer dans le journal espagnol : « La razon »

 « Que signifie recevoir la communion dans la bouche ? Que signifie se mettre à genoux devant le Saint-Sacrement ? Que signifie l’agenouillement à la messe ? Cela signifie adorer, cela signifie reconnaître la présence réelle de Jésus-Christ dans l’Eucharistie. C’est une attitude de respect et un témoignage de foi de l’homme qui s’abaisse devant Dieu parce qu’il sait que tout vient de Lui ; nous restons sans voix devant la gloire de Dieu, devant sa bonté et sa miséricorde. Voilà pourquoi recevoir la communion dans la main en restant debout, ce n’est pas la même chose que de la recevoir dans la bouche en s’agenouillant. Ici, l’attitude a une grande importance. Nous devons parvenir à retrouver une attitude qui témoigne du respect que nous avons lorsque nous recevons le Seigneur qui se donne en nourriture. C’est ce que souhaite le pape. »

Cardinal Antonio Cañizares Llovera

Nouveau préfet de la congrégation pour le culte divin,

au quotidien espagnol La Razón.

 

B- Le processus de la communion dans la main.

Par « processus » de la communion dans la main, nous entendons celui qui a été engagé par le mouvement interne de l'Instruction Memoriale Domini et par le mouvement analogue qui va de cette Instruction à la Lettre et de la Lettre à la Note.

Ces trois documents ont paru dans La Documentation Catholique du 20 juillet 1969, pages 669 à 674.

Les deux premiers proviennent de la Congrégation romaine maintenant dite Pour le Culte Divin, le troisième émane de l'organisation dénommé Conseil permanent de l'Episcopat français.

I-        L'Instruction

L'Instruction Memoriale Domini de la Congrégation pour le Culte divin, en date du 29 mai 1969, « rédigée par mandat spécial du Souverain Pontife Paul VI » et « approuvée par lui-même » porte les signatures de Benno card. Gut, préfet et d'Annibal Bugnini, secrétaire.

 

 

Ce document y déclare que « de nos jours des changements importants et nombreux ont été introduits dans le rite de la célébration de l'Eucharistie, afin qu'il réponde mieux aux besoins spirituels et psychologiques des hommes d'aujourd'hui ». De plus « a été rétabli, dans certaines circonstances, l'usage de la communion sous les deux espèces du pain et du vin ». « Par ces éléments de renouveau ( ?) le signe du banquet eucharistique et l'accomplissement fidèle du mandat du Christ sont devenus plus manifeste( ? ) et vivants( ?) »

« Mais en même temps, ces dernières années, la participation plus complète ( ?) à la célébration eucharistique, exprimée par la communion sacramentelle, a suscité ça et là le désir de revenir à l'ancien usage de déposer le pain eucharistique dans la main du fidèle, lequel se communie lui-même en le portant à sa bouche. »

Et même, « dans certains endroits et dans certaines communautés, cette façon de faire est pratiquée, bien que le Saint Siège n'ait pas encore donné l'autorisation demandée ».

Voilà donc, à la date du 28 mai 1969, quelle était la situation, telle du moins qu'elle était vue du Vatican : le renouveau continuait de grandir admirablement, le « signe du banquet eucharistique » était devenu plus manifeste et plus vivant, et cette participation plus complète avait suscité (spontanément) le désir de communion dans la main. Celle-ci était déjà pratiquée par certaines communautés qui en avaient demandé l'autorisation et ne l'avait pas « encore » reçue.

Désobéissance grave qui, dans l'Instruction Memoriale Domini n'est a aucun moment qualifiée de désobéissance, et qui à aucun endroit n'est ni condamnée, ni blâmée, ni déplorée, ni même regrettée. Dans la présentation vaticane qui en est ainsi faite, cette désobéissance devient une simple anticipation, parfaitement normale : anticipation d'une évolution ultérieure et d'une autorisation à venir. Telle est la manière aujourd'hui habituelle qu'à l'Autorité de détruire elle-même son autorité.

 

De toute façon, à la lecture de la première partie du document, la communion dans la main apparaît comme un fruit logique du « renouveau » dont nous jouissons depuis le Concile (lequel cependant n'est ni allégué ni nommé).

Mais, parvenu à ce point, le document change brusquement de ton, de style, de contenu : comme s'il changeait de rédacteur et même de pensée. Avec une soudaine fermeté et un ample exposé de motifs précis, il se met, en sens contraire, à établir qu'il est meilleur « que ce soit le ministre lui-même qui dépose sur la langue du communiant une parcelle de pain consacré », et que « rien » ne doit être changé à cette manière de faire.

Les principales considérations invoquées sont les suivantes :

- « Cette façon de distribuer la sainte communion » (sur la langue) a « derrière elle une tradition multiséculaire. »

-« Elle exprime le respect des fidèles envers l'Eucharistie »

-Elle « ne blesse en rien la dignité personnelle de ceux qui s'approchent de ce sacrement »

 

 

Elle « assure plus efficacement... que soit écarté tout danger de profanation ». -Elle est conforme à la volonté des évêques : sans doute « un petit nombre de Conférences épiscopales » et « certains évêques » avaient demandé la communion dans la main. Le Souverain Pontife a consulté « tous les évêques de l'Eglise latine ».


Trois questions leur ont été posées. Voici les questions et les réponses :

« 1-       Pensez-vous qu'il faille exaucer le voeu que outre la manière traditionnelle, soit également autorisé le rite de la réception de la communion dans la main ?

Placet 567

Non Placet 1233 ;

Placet juxta modum 315 Réponses non valides 20

« 2-     Aimeriez-vous que ce nouveau rite soit expérimenté d'abord dans de petites communautés avec l'autorisation de l'Ordinaire du lieu

-Placet 751

-Non placet : 1215

Réponses non valides : 70

« 3-     Pensez-vous qu'après une bon ne préparation catéchétique, les fidèyles accepteraient volontiers ce nouveau rite ?

Placet 835

Non Placet 1185

Réponses non valides 128.

« Ces réponses montrent donc qu'une forte majorité d'évêques estiment que rien ne doit être changé à la discipline actuelle ; et que si on la changeait cela offenserait le sentiment et la sensibilité spirituelle de ces évêques et de nombreux fidèles. »

« C'est pourquoi... eu égard à la gravité du sujet et à la valeur des arguments invoqués, le Souverain Pontife n'a pas pensé devoir changer la façon traditionnelle de distribuer la sainte communion aux fidèles ».

Conclusion : «Aussi le Saint Siège exhorte-t-il vivement les évêques, les prêtres et les fidèles à respecter attentivement la loi toujours en vigueur et qui se trouve confirmée de nouveau, en prenant en considération tan t le jugement émis par la majorité de l'épiscopat catholique que la forme utilisée actuellement dans la sainte liturgie, et enfin le bien commun de l'Eglise ».

Cette conclusion rejette avec autorité, sans laisser subsister aucune équivoque ni aucune possibilité d'échappatoire, ce que semblait admettre l'introduction du même document.

Seulement, l'Instruction Memoriale Domini comporte encore quelque s lignes : un petit ajout, presque un postscriptum, dont la longueur est inférieure au septième de la longueur total du document.

A nouveau changent le ton, le contenu (et peut-être le rédacteur) ; et ce qui avait été rejeté se trouve maintenant accepté :

« Mais là où s'est déjà introduit un usage différent — celui de déposer la sainte communion dans la main — le Sain t Siège, afin d'aider les Conférences épiscopales à accomplir leur tache pastorale, devenue souvent plus difficile dans les circonstances actuelles, confie à ces

 

 

 

mêmes Conférences la charge et le devoir de peser avec soin les circonstances particulières qui pourraient exister, à condition cependant d'écarter tout risque de manque de respect ou d'opinions fausses qui pourraient s'insinuer dans les esprits au sujet de la très Sainte Eucharistie, et d'éviter soigneusement tous autres inconvénients ».

« De plus, en pareils cas, pour que cet usage s'établisse comme il faut, les Conférences épiscopales prendront, après prudent examen, les décisions opportunes, par vote secret et à la majorité des deux tiers. Ces décisions seront ensuite soumises au Saint Siège, pour en recevoir la nécessaire confirmation ».

Ainsi l'Instruction Memoriale Domini est un champ de bataille.

Le oui et le non y coexistent, comme si l'on enregistrait avec impartialité les pensées opposées de deux papes concurrents.

 

Cette Instruction, en effet, maintient d'une part la communion traditionnelle comme rite unique exigé par le bien commun de l'Eglise, le « Souverain Pontife », une « forte majorité d'évêques », « la valeur des arguments » et cetera.

 

Mais d'autre part, elle permet en fait ce qu'elle a déclaré contraire à la « valeur des arguments », « à une forte majorité d'évêques » , au « Souverain Pontife », et au bien commun de l'Eglise ».

 

Cette contradiction dramatique inhérente à l'Instruction romaine Memoriale Domini, son caractère intrinsèquement « autodestructeur », et la singulière révélation qui s'en dégage, ont été tenus absolument cachés par l'épiscopat français et la presse française, dans la

présentation qu'ils nous ont faite du « nouveau » rite de la communion.


2 La Lettre

En date du 6 juin 1969, également signé par Benno card. Gut préfet et Annibal Bugnini, une Lettre de la Congrégation pour le Culte divin au Président de la Conférence épiscopale française, en se référant explicitement à l'Instruction précédente, autorise la communion dans la main : plus précisément, elle « accorde que chaque évêque (de France), selon sa prudence et sa conscience, puise autoriser l'introduction du nouveau rite ».

 

Cette Lettre de la Congrégation est une « réponse à la demande présentée par votre Conférence épiscopale sur la permission de distribuer la communion en déposant l'hostie dans la main des fidèles ».

La Lettre déclare que « la possibilité offerte au fidèle de recevoir dans la main et de porter à la bouche le pain eucharistique » doit « accroître sa foi en la grande réalité du corps et du sang du Seigneur qu'il touche de ses mains ». Mais il n'est aucunement précisé en quoi le fait de toucher l'hostie avec les mains pourrait être de nature à accroître la foi. C'est une simple affirmation gratuite jetée en l'air.

Les rédacteurs de cette Lettre se réclament de leur Instruction précédente et s'y réfèrent. Mais ils l'enfreignent (ou la dépassent », si l'on préfère) sur deux points qui aggravent encore l'auto-destruction » :

1-La porte ouverte par l'Instruction à la communion dans la main était limitée très explicitement : « là où s'est déjà introduit un usage différent : celui de déposer la sainte communion dans la main ». Il est de notoriété publique et incontestable, qu'à la date du 6 juin 1969, l'usage de la communion dans la main ne s'était point introduit dans l'ensemble du territoire français. Mais la clause de l'Instruction : « là où s'est déjà introduit », est traitée, au bout de huit jours seulement, comme une astuce déjà périmée, par les mêmes rédacteurs Benno card. Gut, prefet, et Annibal Bugnini, secrétaire.

2-Le rite nouveau dont parlait l'Instruction était très clairement décrit et délimité : « déposer le pain eucharistique dans la main », « déposer la sainte communion dans la main ». Ce n'était pas assez : la Lettre de la Congrégation en rajoute encore. Elle invente, sans autre explication, un rite dont l'Instruction n'avait pas soufflé mot : « On pourra, dit-elle, adopter aussi une manière plus simple en laissant le fidèle prendre directement l'hostie dans le vase sacré ».

En attendant le prochain document et la prochaine innovation.


3- La Note.

Non datée, cette Note a été publiée par le Conseil permanent de l'épiscopat français « au terme de sa réunion qui s'est tenue à Paris du 17 au 19 juin 1969 ».

Elle ne fait aucune allusion à l'instruction Memoriale Domini : considérant sans doute cette Instruction pour ce qu'elle a été en fait, un masque, un faux-nez, une étape déjà « dépassée », huit jours après par ses propres rédacteurs Gut et Bugnini.

«La majorité des évêques, déclare la Note, n'est pas favorable à ce que d'une manière générale, la communion dans la main soit substituée à l'actuelle manière de faire ». C'est nous qui soulignons. Cette incise « d'une manière générale », jointe au terme

« substituée », insinue très exactement le contraire de la vérité. La Note donne à entendre que la majorité des évêques s'est opposée seulement à cette substitution générale, et donc qu'elle n'était pas opposée à une introduction facultative. Mais c'est bien l'introduction facultative qui a été rejetée par la majorité des évêques. Ce qu'ils ont refusé, c'est bien d'exaucer le voeu que, outre la manière traditionnelle, « soit également autorisé le rite de la réception de la communion dans la main »..

 

 

La Note du Conseil permanent poursuivait en ces termes :

« Le Saint Père a pris en considération le fait que des désirs très nets s'expriment dans certaines régions pour que les fidèles puissent recevoir la sainte communion dans la main ». Le fait que de tels « désirs » se soient « exprimés » a été pris en considération pour être catégoriquement rejeté et non pour être accepté, ainsi que le montre clairement la lecture de l'instruction Memoriale Domini. Autrement dit, il a été pris en considération... négative.

Ce qui a été pris en considération positive, c'est un autre fait : le fait qu'en certains lieux, la communion dans la main était effectivement pratiquée par désobéissance aux lois en vigueur et aux volontés du Saint Siège. On sait que depuis 1958, la ferme désobéissance est une nouvelle source de droit et de la loi dans l'Eglise ( à condition toutefois que cette désobéissance aille dans un certain sens et non dans un autre).

Nous avons là une nouvelle confirmation de cet état d'anarchie et de subversion où sont tombées les lois et les moeurs ecclésiastiques. Nous y voyons aussi, une fois de plus, qu'elles n'y sont pas tombées spontanément : elles y sont poussées par le comportement de l'autorité.

Mais les évêques français voulaient cacher que la vraie cause, attestée par l'Instruction, de l'autorisation de la communion dans la main, est la désobéissance prise en considération positive et respectueuse par le Saint-Siège. D'ailleurs cette fois, ils n'avaient pas eux-


mêmes désobéi ou guère : point assez en tous cas pour fonder un droit selon les nouvelles procédures ecclésiastiques. L'usage de la communion dans la main n'avait pas été introduit sur l'ensemble du territoire français ; notre épiscopat avait manqué ce train-là. Les évêques n'auraient pas pu dire aux français : -Parce que vous communiez déjà dans la main et seulement « là où » vous avez eu le mérite de cette désobéissance, le Saint Siège vous autorise à continuer. » Alors ils inventent autre chose dans leur Note.

Le Conseil permanent fait allusion aux « motifs pastoraux exposés par la conférence épiscopale française » : exposés au Saint Siège, dans le secret, derrière le dos des fidèles. Ce fameux exposé de motifs pastoraux n'a pas été publié.

L'examen de ces trois documents, chacun en lui-même et tous comparés à chacun, fait donc apercevoir une cascade d'incohérence, d'inexactitudes et de truquages successifs. Nous ignorons dans quelle mesure une telle constatation atteint leur éventuelle valeur juridique : mais nous n'avons même plus envie de le savoir. Nous constatons que l'on nous trompe à jet continu et cela nous suffit.