ITEM
80,
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Un
regard sur l’actualité politique et religieuse
Au 2 mars 2006
N°80
Par Monsieur l’abbé Paul Aulagnier
Les accords avec Rome
Mgr Lefebvre
un précurseur
Nous nous sommes réjouis, on
le sait, de la reprise de contacts de
Ce contact " nouveau
", en date du 29 août 2005, de
Nous nous souvenons des
contacts que Mgr Lefebvre eut avec Rome au temps du Pontificat de Paul VI. Nous
nous souvenons de la première visite canonique décidée par Rome et acceptée par
Mgr Lefebvre, en novembre 1974.
Nous nous souvenons des
contacts qu'il eut avec la fameuse commission composée de trois cardinaux
Garronne, Tabera et Wright. Mgr Lefebvre avait le chic de nous faire vivre tous
ces événements. Il nous livrait sa pensée. Il rédigeait même des articles que
Jean Madiran s'honorait de publier dans Itinéraires.
Nous nous souvenons de sa
rencontre fameuse, contre toute espérance, avec le Pape Paul VI, au palais
pontificale de Castel Gandolfo, en un fameux été chaud….
Nous nous souvenons de son
contact avec Jean-Paul II, juste après son élection sur le Siège de Pierre, en
1982. Nous nous souvenons surtout des contacts qui faillirent aboutir avec Rome
en 1987-1988, le 5 mai 1988. Nous étions au plus fort de l'agitation moderniste
dans l'Eglise avec la réunion œcuménique d'Assise, qui fit date. Et Mgr
Lefebvre, pourtant, en pareille circonstance, ne craignait de se rapprocher de
Rome, ou du moins, ne craignait pas d'envisager un tel rapprochement, pour
« normaliser » sa situation avec Rome.
Aussi ne faut-il pas non plus
nous étonner de voir ces contacts se renouveler…Des circonstances particulières
et nouvelles peuvent les favoriser. Les accepter, les vouloir, les rechercher,
c'est une excellente chose. C'est très " chrétien ". Voilà qui est
parfaitement " lefebvriste ".
Tous nous avons pu nous
réjouir des contacts qui eurent lieu, à l'issue de l'année Sainte, en l'an
2000. Le pèlerinage de la " Tradition " impressionna par son nombre
et son bon ordre. Le pape Jean-Paul II souhaitait régler le problème. Le
cardinal Castrillon Hoyos mena ces relations, au nom du Pape, avec énergie et
courage. Ce fut la belle période, pleine d'espérance, des six premiers mois de
l'année 2001. Ce fut malheureusement l'échec.
Mais de leur côté, nos amis
prêtres du diocèse de Campos poursuivirent les négociations et en l'an 2002, le
18 janvier 2002, Rome les recevait dans " son sein ", en pleine
communion, et créait l'Administration apostolique Saint Jean Marie Vianney,
avec à sa tête, un évêque ayant sur ses sujets désirant garder la "
tradition liturgique ancienne et latine ", pleine juridiction, juridiction
personnelle, propre, cumulative avec celle de l'évêque du lieu.
Ainsi, grâce à ces contacts
historiques, répétés et somme toute assez réguliers, nous avons en mains, sur
ce sujet, la pensée de Mgr lefebvre.
Je voudrais la rappeler..
Alors que les relations
reprennent – souhaitons qu’elles aboutissent- il est bon de se pencher sur
cette pensée
…
A- La pensée de Mgr
Lefebvre
1- Les circonstances historiques
Avançant en âge et préoccupé
très sérieusement et uniquement par l'avenir du sacerdoce catholique, bien plus
que par sa propre œuvre sacerdotale - son œuvre n'étant qu'une condition
circonstancielle pour assurer la pérennité du sacerdoce - Mgr Lefebvre annonça
lors du sermon des ordinations de juin 1987, à Ecône, son intention de se
donner des successeurs dans l'épiscopat. Il l'envisage comme nécessaire au
maintien du sacerdoce catholique et de
Cette annonce provoqua une
très intense et immédiate inquiétude du côté de Rome.
Le cardinal Ratzinger se
chargea immédiatement du dossier. Il entre en contact avec Mgr Lefebvre et
l'invite à une rencontre à Rome. Cette rencontre a lieu le 14 juillet. C'est
avec égard et déférence que Mgr Lefebvre est reçu au siège de l'ex Saint
Office.
Un communiqué est signé. On peut y lire : " Les entretiens se sont
déroulés dans une atmosphère de dialogue ouvert et sincère. Ils ont eu pour
objet les problèmes concernant les rapports entre
Le 28 juillet 1987, le
cardinal adresse une lettre à Mgr Lefebvre. Elle contient, nous dira Mgr
Lefebvre, " des offres généreuses auxquelles on ne s'attendait plus
". En effet, sans plus parler d'obtenir de lui une signature préalable de
reconnaissance de ses torts comme on voulait l'y astreindre précédemment, -
encore que Mgr Lefebvre par deux fois, en deux lettres, l’une le 8 mars 1980 au
Souverain Pontife et l’autre, le 4 avril 1981 au cardinal Seper, l’admettait et
l’écrivait même - Rome offrait à
- la possibilité d'utiliser, sans entrave, le rite de la messe tridentine, les
livres liturgiques dits de Jean XXIII, de 1962,
- la possibilité, dans les cinq séminaires de
Le 1er octobre, Mgr Lefebvre
répond à la lettre du cardinal et donne son accord pour la visite, voit
quelques indices qui permettent d'espérer d'arriver à une solution mais affirme
ne pouvoir se départir de son autorité vis-à-vis des séminaristes, " ce
serait contraire au droit que vous avez l'intention de nous accorder "
(Fideliter, hors série, juin 1988). Rome accepte sur ce point de modifier son
exigence.
Le 29 octobre, le cardinal
Ratzinger informe les membres du Synode des évêques qui se tient à Rome, des
" pourparlers " avec Mgr Lefebvre. Il donne le communiqué suivant :
" En ce qui concerne le dialogue en cours entre le Saint Siège et Mgr
Lefebvre, je suis en mesure de fournir à l'assemblée synodale les informations
suivantes : Comme cela a déjà été annoncé par
La visite eut lieu, de fait,
fin novembre, pour se terminer le 8 décembre 1987. Le cardinal assista en
" habit de chœur " à la messe solennelle célébrée par Mgr Lefebvre en
cette fête et signa le livre d'or du séminaire. Il écrivait : " Que
A l'issue de cette visite
canonique, Mgr Lefebvre lui remit un pli. Il est daté du 21 novembre 1987. Il
comprend une lettre personnelle adressée au cardinal et un dossier intitulé :
" Proposition de Règlement apportant une solution au problème des Œuvres et
des Initiatives en faveur de la liturgie traditionnelle dans l'Eglise ".
Dans ces deux textes, Mgr Lefebvre précise sa pensée sur le règlement d’un
modus vivendi entre Rome et
Nous trouvons là ce que
j'appellerais volontiers la « jurisprudence » lefebvre. Si l'on veut
agir dans la fidélité à la pensée de notre fondateur, il faut les bien
connaître pour s'en inspirer. C'est ce que nous allons faire.
2- la lettre de Mgr Lefebvre au cardinal Gagnon.
Elle est une déclaration
claire d'intention. Mgr Lefebvre rappelle ce que nous sommes et rappelle notre
" idéal ".
" Nous formons une grande famille, vivant dans cette ambiance et cette
atmosphère catholique attachée à l'Eglise Romaine, attachée à Pierre et à ses
Successeurs, mais absolument et radicalement allergique à l'esprit conciliaire
de la liberté religieuse, de l'œcuménisme, de la collégialité, à l'esprit
d'Assise, fruits du modernisme, du libéralisme tant de fois condamnés par le
Saint Siège. Les conséquences de cet esprit sont désastreuses et nous les
fuyons comme la peste de nos esprits et de nos cœurs ; nous faisons tout pour
nous en protéger et en protéger la jeunesse de nos foyers catholiques.
Comparez-nous à Israël au milieu des nations perverses, aux Macchabées et
encore à tous ces saints réformateurs du clergé : Saint Charles Borromée, Saint
Vincent de Paul, Saint Jean Eudes, Monsieur Olier. Voilà la réalité, nous
formons une armada décidée à tout prix à demeurer catholique face à la
déchristianisation qui s'opère à l'extérieur et à l'intérieur de l'Eglise
"
Il affirme, en plus, être disposé à
" apporter (sa) collaboration au renouveau de l'Eglise " dès lors que
nous serions " reconnus par le Pape tels que nous sommes ". Nous
désirons avoir un siège dans
Se protéger des erreurs, rester indemne de toutes influences " modernistes
" exprime bien la pensée de Mgr Lefebvre.
Toutefois, avant même le
règlement des problèmes doctrinaux existant réellement dans le sein de
l'Eglise, Mgr Lefebvre envisageait comme possible d' " apporter sa
collaboration au renouveau de l'Eglise ", in sinu Eccleisae, dès lors que
nous serions acceptés tels que " nous sommes " et qu'on nous en
laisse les moyens. Se protéger de toutes influences pernicieuses était la
préoccupation majeure de Mgr Lefebvre. Attendre le règlement des problèmes
doctrinaux pour œuvrer " au renouveau de l'Eglise " dans le sein même
de l'Eglise ne me paraît pas être la position de Mgr Lefebvre. On peut penser
différemment et vouloir surtout régler ce problème doctrinal pour aller plus
avant. Mais il faut savoir que cette opinion n'est certainement pas la pensée
de Mgr Lefebvre… Cette condition n'entre pas dans la " jurisprudence
lefebvre ". Son intention est autre. Se garder du mal est très
certainement sa pensée. Mais une fois cette garde assurée, ne pas craindre
d'aller au front, dans la mêlée pour aider au renouveau de l'Eglise. Participer
à ce renouveau de l'Eglise doit se faire ou peut se faire à l'intérieur de
l'Eglise dès lors que l'on a les garanties suffisantes de garder notre "
idéal ". On peut, encore une fois, ne pas partager ce point de vue…Mais
alors qu'on ne parle pas au nom de Mgr Lefebvre…
Dans ce but clairement affirmé et pour permettre de l'atteindre sûrement, Mgr
Lefebvre remet au cardinal et soumet à son attention un projet, un projet de
réintégration et de normalisation de nos rapports avec Rome : " Nous vous
soumettons un projet de réintégration et de normalisation de nos rapports avec
Rome ".
Je vous prie de noter les termes. Tous les mots ont du être pesés par Mgr
Lefebvre avant d'être couchés sur le papier…
B- Les propositions de Règlement
1- sa
finalité.
J'attire votre attention sur
le titre même de ces propositions: " Proposition de règlement apportant
une solution au problème des Œuvres et des Initiatives en faveur de la liturgie
traditionnelle dans l'Eglise ".
Vous remarquerez la finalité
des deux différentes propositions. Mgr Lefebvre considère les choses sous
l'angle de leur finalité. ".
1- La finalité du " règlement " est d'apporter une solution au
problème de " ces Oeuvres et Initiatives ".
2- La finalité de ces " Œuvres elles-mêmes et de leurs Initiatives "
est d'être centrées " sur la liturgie traditionnel dans l'Eglise ".
Ces œuvres ont toutes pour particularité d'être " en faveur de la liturgie
traditionnelle dans l'Eglise ". C'est vrai pour toutes les œuvres. Quelles
soient féminines, masculines, contemplatives, éducatives, apostoliques,
missionnaires…
Je peux conclure que la
finalité essentielle de ce règlement doit être lui aussi en " faveur de la
liturgie traditionnelle dans l'Eglise ", pour la protéger certainement,
pour qu'elle reste bien la propriété de ces Œuvres, ce sacrifice dans le rite
ancestral les constituant dans ce qu'elles sont toutes. Qu'on veuille bien nous
prendre " tels que nous sommes " répétera Mgr Lefebvre. Mais la messe
tridentine est notre " être ", dit ce que nous sommes.
2- L'analyse
du texte : " Proposition de règlement "
Ce texte " Proposition
" qui expose la " jurisprudence lefebvre ", comprend 24 articles
en trois sections précédées d'une introduction. L'introduction fait les six
premiers articles. La 1er section concerne le " secrétariat romain "
à créer. C'est l'objet des articles 7 à 11. La 2ème section concerne le statut
canonique des diverses sociétés attachées à la messe traditionnelles. Il
s'intitule exactement : " Statut canonique des diverses sociétés des
prêtres, religieux, religieuses isolés. Relation avec le Secrétariat romain
". Il va de l'article 12 à 18. La 3ème section traite de l'incardination
et de la juridiction des prêtres de ces Œuvres. " Incardination et Juridiction
vis-à-vis des fidèles ". Il comprend trois articles : du numéro 19 au
numéro 22. Puis le texte se termine par un conclusion : les numéros 23 et 24.
Voilà la présentation " matérielle " de ce texte : "
jurisprudence lefebvre ".
Il convient de l'analyser.
a- le N°10 de
Presbyterorum ordinis.
Dans le premier paragraphe,
Mgr Lefebvre cite un texte du Concile Vatican II, celui de " Presbyterorum
ordinis ", le n° 10.
Ce texte semble être pour Mgr
Lefebvre très important. Il le cite en effet deux fois à des moments
particulièrement solennels de son action apostolique : lors de la fondation du
séminaire de Fribourg et de
Que dit cet article 10 :
" Là où les conditions de l'apostolat la réclameront, on facilitera non
seulement la répartition des prêtres, mais encore les œuvres pastorales
adaptées aux différents milieux sociaux à l'échelle d'une région, d'une nation
ou de divers endroits dans le monde. Il pourra être utile de créer à cette fin
des séminaires internationaux, diocèses particuliers, prélatures personnelles,
et autres institutions auxquelles les prêtres pourront être affectés ou
incardinés pour le bien commun de toute l'Eglise, suivants des modalités à
établir pour chaque cas et toujours dans le respect des droits des ordinaires
locaux ".
Voilà une déclaration de
principe du Concile particulièrement souple, tout à fait pastoral permettant de
prendre en compte facilement la richesse de la vie faite de particularités, de
circonstances propres…pour leur donner cependant un cadre juridique nécessaire
dans une société hiérarchisée qu'est l'Eglise.
Je résumerai volontiers cet
article en disant que l'Eglise aime l'ordre mais aussi les initiatives. Elles
ne doivent pas être étouffées, mais, bien au contraire, aidées. Ce principe est
à l'opposé de tout centralisme, centralisme qui est le fait de tout esprit
" jacobin et socialiste ".
Là, dans cet article
C'est ce principe vrai, nullement laxiste que Mgr Lefebvre va invoquer pour
présenter ses initiatives à la hiérarchie catholique, hier, la création de son
séminaire à Fribourg, de sa Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, aujourd'hui,
cette réintégration et cette normalisation des " forces de
Il prend en compte cette
réalité : face au progressisme, s'est dressé, se dresse un courant
traditionaliste. C'est un fait qu'on ne peut nier. Ce courant perdure,
s'intensifie. On a tout fait pour le faire disparaître. Rien n'y a fait. Il
demeure et s'est développé. C'est une condition particulière dans l'apostolat
d'après le Concile. Les autorités ne peuvent éternellement nier la réalité. De
guerre lasse, peut être, mais c'est ainsi. Il faut la prendre en compte. Des
fidèles sont attachés, restent attachés à la messe latine et grégorienne,
ancienne, dite de saint Pie V. Il faut les prendre en compte. Voilà une
condition particulière de l'après concile. C'est incontournable. On peut le
regretter. Ce regret ne facilitera pas le règlement du problème…On en sait
quelque chose. On peut le tolérer, la situation s'améliorera alors. On peut le
justifier, on finit par reconnaître la légitimité de cette réaction, une
solution sera alors facilement trouvée. Cette " condition nouvelle ",
ce courant de la tradition fut, de fait, pris en compte dans le discours du
cardinal Ratzinger au Chili alors qu'il s'adressait à l'épiscopat chilien,
juste après les sacres. C'est très important de le noter ici au passage… Mgr
Ricard de Bordeaux nous a dit, samedi, 18 février, que l’épiscopat français allait se réunir à
Lourdes en mars prochain et allait examiner cette réalité…Il faut prier…
Ils pourraient se fonder alors sur
l'article 10 de " Presbyterorum ordinis ". Cet article prévoît que,
les circonstances le réclamant, on puisse faciliter " les œuvres
pastorales adaptées aux différents milieux sociaux à l'échelle d'une région, -
si la " condition nouvelle" touche une région- , d'une nation - s'il
en est de même pour une nation - ou de divers endroits dans le monde - si le
problème est planétaire. C'est alors que l'on pourra faciliter la création de
séminaires internationaux, séminaires qui permettront une répartition plus
aisée des prêtres de part le monde ; la création mêmes de diocèses
particuliers, même de prélatures personnelles ou toutes autres institutions.
Les circonstances justifieront de telles créations. Ces créations permettront
ainsi plus facilement l'affectation et l'incardination des prêtres pour le bien
commun de toute l'Eglise, sans faire fi des droits légitimes des ordinaires
locaux.
Quelle sagesse dans cet article.
Il permettait la création de
séminaires internationaux. Il permit la création, avec l’autorisation de Mgr
Charrière, du séminaire de Fribourg,
celui d’Ecône, avec l’autorisation de Mgr Adam..
Il permettrait la création
même de " diocèses particuliers ".
Voilà tout un diocèse sans
dessus dessous, dans la division, des églises qui restent attachées à
l'ordinaire du lieu. Des églises " sauvages " créées tout à côté. Des
fidèles voulaient garder la messe " tridentine ". Un nombre important
de prêtres du diocèse soutient cette réaction. Le nouvel évêque fait tout pour
contrer cette réaction. Rien n'a faire. Des prêtres de son clergé veulent
continuer à célébrer la messe de leur ordination. Ils ne lâchent pas, bien au
contraire. La situation est vraiment pénible. Rome trouve là une
"situation particulière ", une condition nouvelle. Elle finit par
trouver cette fidélité à la messe tridentine bien légitime. Elle veut régler le
problème. Les circonstances le permettent. Un nouvel évêque est nommé dans le
diocèse. Il se trouve qu'il a des amis dans ce clergé " rebelle ",
des amis de " coeur ". Les vraies amitiés sont éternelles… Une
solution est trouvée. Et les prêtres de Campos au Brésil sont organisés en
véritable " diocèse " par la création d'une Administration
apostolique. Un évêque est nommé à sa tête avec juridiction cumulative, l'un
sur le territoire, l'autre sur les fidèles qui veulent
L'article 10 de "
Presbyterorum ordinis " permet de prendre en compte de telles
circonstances. L'Eglise s'est même engagée solennellement, dans un Concile,
d'en prendre acte et de faciliter la création d'œuvres pastorales adaptées à de
légitimes désirs. Dans cette création, le droit est respecté, celui prévu par
l'article 10 de Presbyterorum ordinis, le droit des fidèles et des prêtres à
garder la " tradition latine ", le droit de l'ordinaire du lieu.
Vraiment cet article 10 est la preuve que l'Eglise sait garder grand amour du
respect de la vie.
Quelle sagesse
dans cet article.
Voilà tout un ensemble de
fidèles de par le monde qui résiste à « l'esprit faussement
conciliaire » une grande famille attachée à l'Eglise Romaine, attachés à
Pierre et à ses Successeurs, mais absolument et radicalement allergique à
l'esprit conciliaire de la liberté religieuse, de l'œcuménisme tel que pratiqué
à Assise, de la collégialité comprise en dehors de la " nota brevia " de Paul VI… Voilà
" une armada décidée à tout prix à demeurer catholique face à la
déchristianisation qui s'opère à l'extérieur et à l'intérieur de l'Eglise
"…L'Eglise doit en prendre compte Ces circonstances sont aujourd'hui
considérées, peu ou prou, comme légitimes par le Vatican. Alors l'Eglise
pourrait envisager d'organiser une structure particulière pour gérer ce
problème pastoral nouveau à l'échelon du monde entier. Cela est prévu par le n°
10 : " On facilitera… les œuvres pastorales adaptées aux différents
milieux sociaux à l'échelle d'une région, d'une nation, ou de divers endroits
dans le monde. Il pourra être utile de créer à cette fin des séminaires
internationaux, diocèses particuliers, prélatures personnelles et autres
institutions ".
L'avantage évident de ces créations " possibles ", " légitimes
", est de prendre en compte non seulement des circonstances particulières,
mais aussi d'assurer " l'affectation et l'incardination des prêtres pour
le bien commun de toute l'Eglise ".
Ainsi, fort de ce principe
reconnu, déclaré solennellement par l'Eglise au Concile Vatican II, Mgr
Lefebvre donne, dans son pli du 21 novembre 1987, " sa " solution,
une jurisprudence et précise les " modalités " à établir pour une
telle fondation. Il le fait dans le respect et l'amour de l'Eglise et du Bien
commun.
b- la condition « sine qua
non ».
Mgr Lefebvre précise dès le
départ une condition qui est pour lui " sine qua non " pour aboutir à
une solution souhaitée : " Il nous semble indispensable avant d'aller plus
avant dans les entretiens avec le Saint Siège d'exprimer une condition "
sine qua non " nous faisant l'écho de tous les prêtres et fidèles attachés
à
Quelle est donc cette
condition dite " sine qua non " ?
" Si le Saint Siège
désire sincèrement que nous devenions officiellement des collaborateurs
efficaces pour le renouveau de l'Eglise, sous son autorité, il est de toute
nécessité que nous soyons reçus comme nous sommes, qu'on ne nous demande pas de
modifier notre enseignement, ni nos moyens de sanctification, qui sont ceux de
l'Eglise de toujours ". (n°4)
Or l'application de cette
condition " sine qua non ", - et là on voit le réalisme pratique,
pastoral de Mgr Lefebvre - suppose que ces relations, ces entretiens, ces
contacts qui aboutiront à cette " œuvre " à créer selon l'article 10
de Presbyterorum ordinis soient confiées à des personnes jouissant de deux
qualités : " à la fois très respectueuses et attachées au Saint Siège,
mais aussi convaincues de l'urgente nécessité pour l'Eglise de favoriser les
initiatives qui maintienne
Ce sont donc de telles personnes, animées et de l'amour du Saint Siège et de
l'amour de
c- Le " secrétariat romain "
1-son but :
Le premier but
Il existera pour « le
maintien et le développement de la liturgie latine selon les prescriptions de
Jean XXIII ". (n°7)
Ce secrétariat va tirer, de sa finalité, sa raison d'être, son existence. Ce
secrétariat existera " pour le maintien et le développement de la liturgie
latine selon les prescriptions de Jean XXIII ".
Je ne vois pas ici que Mgr
Lefebvre ait réclamé, comme on le fit plus tard, en 2001, la déclaration du
" droit pour tout prêtre de célébrer la messe ancienne ". Il savait
bien que cela était un droit….Mais il savait aussi que les circonstances de
l’Eglise ne permettrait pas de déclarer la chose possible. Dans une négociation, il faut aussi
avoir le sens du relatif…Et Mgr Lefebvre l’avait et bigrement.
Ainsi il est juste de
reconnaître que cette réclamation du " droit pour tout prêtre de dire la
messe saint Pie V " ne fait pas partie de la " jurisprudence » de
Mgr Lefebvre.
Il lui suffisait, - mais c'était là une condition sine qua non, - que " ce
droit à la liturgie latine selon les prescriptions de Jean XXIII " soit
reconnu, maintenu, et permis – en attendant mieux - au niveau des " Œuvres " entrant
dans cette structure juridique à créer.
On peut être contre une telle
demande. On peut la juger trop minimaliste ou tout autre chose. On peut de fait
demander "comme condition préalable à toute " négociation " le
droit de tout prêtre à dire la messe saint Pie V…Mais qu'on ne prétende pas
alors la demander au nom de Mgr Lefebvre et dans sa fidélité..
Dans une " négociation
", il faut aussi avoir le sens du " relatif ". Et Mgr Lefebvre
l'avait et bigrement.
Ne nous disait-il pas un jour, j’y insiste, c'était le 3 avril 1977, je le cite
intégralement tellement ce passage me parait important… pour bien connaître
l'esprit de Mgr Lefebvre, (le garde-t-on, dans
Ah que cette phrase est importante. Elle exprime une pensée, un mode
d'être…Gardons le, de grâce !
Retenez ces expressions de " situation hybride ", " ce serait
peut être une solution.. .Je dirai.. .une étape ". Là se trouve le
véritable esprit de Mgr Lefebvre, un esprit de prudence pastorale, fait
d'absolu mais aussi de relatif. Voilà la vraie prudence pastorale. Qu'on se le
dise.
le deuxième but
Ce " secrétariat "
romain aurait pour but aussi " de veiller au développement harmonieux et
dans la paix vis-à-vis des évêques diocésains et de la part de ceux-ci ".
Sur ce sujet très important,
le cardinal Ratzinger avait fait des réflexions très heureuses alors qu'il
recevait les " communautés Ecclesia Dei Adflicta ", venues à Rome, le
24 octobre 1998, en pèlerinage d'action de grâces pour le " Motu Proprio
" du même nom de juillet 1988. Il indiquait quelques conditions pour
assurer la paix liturgique dans un diocèse acceptant le bi ritualisme. J'ai
repris cette analyse dans le chapitre 7 de mon livre "
Voilà la pensée de Mgr Lefebvre sur ce " Secrétariat Romain ".
C- Les exigences de Mgr Lefebvre :
1- La levée
des « suspens et interdits »
Avant tout, il demande la levée des suspens et interdits : " Avant de
procéder à l'étude et à la normalisation de toutes ces sociétés et personnes
adonnées à
2- La reconnaissance des statuts de la
FSSPX
Ensuite, Mgr Lefebvre demande
que soit reconnu, de nouveau, les statuts de
Je ferais remarquer que Mgr
Lefebvre utilise le verbe " reconnaître ". Il demande une
reconnaissance des statuts….alors qu'il a toujours affirmé que les statuts de
3- Assurer la pérennité de l’œuvre par
l’octroi de l’épiscopat.
Il est encore urgent, dit-il,
d'assurer la pérennité de l'œuvre en prévoyant la succession épiscopale de Mgr
Lefebvre. C'est le troisième point du n° 12 : " Il est urgent de modifier
quelques articles de ses statuts afin de pourvoir à la succession épiscopale de
Mgr Lefebvre ".
Le principe fut accepté dans
le protocole du 5 mai 1888 mais aucune date ne fut prévue et Rome resta sur ce
sujet dans le vague, ce qui inquiéta Mgr lefebvre et lui fit retirer sa
signature du protocole du 5 mai 1988.
C'est ce qui fut prévu et là
obtenu - le temps passe et les
circonstances aussi - lors du règlement
de l'affaire de Campos. Le pape, le 25 décembre 2001, écrivait à Mgr Rangel :
" …Après avoir considéré toutes ces choses et ayant devant les yeux la
gloire de Dieu, le bien de la sainte Eglise, ainsi que cette loi suprême qu'est
la salut des âmes, et étant d'accord sincèrement avec votre requête de pouvoir
être admis à l'entière communion avec l'Eglise catholique, nous reconnaissons
que vous lui appartenez canoniquement.
En même temps, nous vous informons, Vénérable frère, qu'un document législatif
va être préparé, document qui établira la forme juridique de la confirmation de
vos biens ecclésiastiques et par lequel, le respect de vos biens sera garanti.
Par ce document, l'Union sera érigée canoniquement en une Administration
apostolique personnelle qui sera directement soumise au Siège apostolique et
aura son territoire dans le diocèse de Campos. La question de la juridiction
cumulative avec l'ordinaire du lieu sera traitée. Son gouvernement vous sera
confié, Vénérable Frère, et votre succession sera prévue ".
N'oublions pas que Mgr Rangel
fut sacré évêque par Mgr Tissier de Mallerais…
Ainsi le Pape prévoyait-il dans cette lettre, comme le suggérait Mgr Lefebvre
dans son rapport à cardinal Gagnon, d'assurer la pérennité de l'œuvre des pères
de Campos, par la création de cette Administration, ayant à sa tête un évêque
qui préside à son gouvernement. Ici comme là, il était nécessaire de "
pourvoir à la succession épiscopale " et de Mgr Lefebvre et Mgr Rangel. Si
cette succession épiscopale était difficilement acceptable par Rome en 1988,
pour
4-comme un « ordin ariat aux
armées ».
Enfin et c'est le quatrième
point, il est urgent que l'on s'inspire pour l'organisation canonique de ces
œuvres désirant garder la liturgie traditionnelle, du document daté du 21 avril
1986, créant ce qu'on appelle aujourd'hui, l'Ordinariat aux armées, publié par
Jean Paul II dans sa constitution apostolique : " Spirituali militum curae
".
C'est un document très simple
de 14 articles qui prévoit l'organisation de ce qu'on appelait jadis les "
Vicariats militaires ". J'ai publié ce texte dans le n° 37 de DICI en date
du 11 janvier 2002. Ce problème canonique, de fait, n'est pas un problème
difficile dès lors que l'on veut bien respecter l'entité de ces œuvres
attachées à
" Respecter l'entité de
ces œuvres attachées à la liturgie latine "… mais c'est ce qu'a demandé à
plusieurs reprises le cardinal Ratzinger. Une seule citation, celle d'un des
ses derniers livres, " Voici quel est notre Dieu ". Il écrivait :
" Pour la formation de la conscience dans le domaine de la liturgie,, il
est important aussi de cesser de bannir la forme de la liturgie en vigueur
jusqu'en 1970. Celui qui, à l'heure actuelle, intervient pour la validité de
cette liturgie, ou qui la pratique, est traité comme un lépreux : c'est la fin
de toute tolérance. Elle est telle qu'on n'en a pas connu durant toute
l'histoire de l'Eglise. On méprise par là tout le passé de l'Eglise. Comment
pourrait-on avoir confiance en elle au présent, s'il en est ainsi. J'avoue
aussi que je ne comprends pas pourquoi beaucoup de mes confrères évêques se
soumettent à cette loi d'intolérance, qui s'oppose aux réconciliations
nécessaires dans l'Eglise sans raison valable ". (p. 291) Tout cela me
donne personnellement bon espoir !
5- la juridiction
Mgr Lefebvre attire
l'attention sur le problème de la juridiction de cet ordinariat. C'est le § 4
de " Spirituali militum curae " qui dit : " La juridiction de
l'Ordinariat militaire est :
-personnelle, de sorte qu'elle s'exerce sur les personnes qui appartiennent à
l'Ordinariat, même si elles se trouvent parfois en dehors des frontières
nationales ;
-ordinaire, tant au for interne qu'au for externe,
-propre, mais cumulative avec la juridiction de l'évêque diocésain, car les
personnes appartenant à l'Ordinariat continuent à être des fidèles de cette
église particulière dont ils sont une partie du peuple en raison du domicile ou
du rite ".
L'intérêt de cet article sur la juridiction cumulative n'a pas échappée à Mgr
Lefebvre. Lui-même écrit dans son texte : " … Viendra alors une étude plus
approfondie des applications à faire de l'exemple de l'Ordinariat aux armées à
la situation de
6- des relations des différentes œuvre appartenant
à cet « ordinariat ».
Enfin dans son article 18,
Mgr Lefebvre parle des relations entre les différentes œuvres amies qui
appartiendraient à cette " Ordinariat pour la liturgie latine " :
" Les relations entre les diverses Œuvres et initiatives d'une part et
Ainsi, j'y insiste, rien ne serait changé, par suite de la création de ce cadre
juridique légitime, dans nos relations avec ce que nous avons connu jusque là…
…sinon que les choses se feraient dans l'ordre et légitimement. La forme
canonique aurait bien son intérêt…Ne pas le voir m'étonna, m'étonnera toujours.
Je l'ai dit…On m'a mis dehors…On aurait bien pu le prendre un peu plus en
compte…La situation ne serait pas aujourd'hui aussi dégradée…Elle va, du reste,
éclater bientôt, dans les mains de son supérieur…s’il ne prend pas une franche
décision..