Portable : 06 80 71 71 01. Courriel : abbe_aulagnier@hotmail.com.
Site :
http://la.revue.item.free.fr
Un regard sur le monde
politique et religieux
au 2 mai 2008
N° 168
Par Monsieur l’abbé
Paul Aulagnier
« La question de la messe nouvelle »
(I)
Lorsque j’ai
écrit mon article, la semaine dernière, sur « Dom Gérard et la messe »
me permettant de donner quelques « nuances et précisions » sur
l’article de Jean Madiran dans Présent du jeudi 17 avril 2008 portant le
titre « Dom Gérard et la messe », je ne savais pas qu’il répondait à
un article de Christophe Geffroy, sur Dom
Gérard Calvet, du Barroux, publié dans
C’est
clair !
Mais au delà
même de la personne de Dom Gérard et de
son rôle historique, affirmer benoîtement, comme le fait Christophe Geffroy,
résumons, qu’ « il n’y aurait plus de
problème avec la nouvel messe de Paul VI », que « la mouvance traditionnelle elle-même a enfin
compris la nécessité de l’admettre telle quelle », (J M.
Présent. Jeudi 17 avril 2008), c’est un peu fort. C’est une contre vérité. C’est
aller contre la réalité. C’est se tromper ou vouloir tromper… Madiran a eu raison de
réagir sur ce sujet. Et de fait, il a toujours réagi. Il le fit,
encore, tout récemment dans un article
de Présent, du 11 avril 2008, en présentant le livre de Yves Chiron :
« la vie du Fr. Roger ». Je l’ai repris dans un Flash-Info. Il était intitulé : « La question de
Il le fait de
nouveau aujourd’hui en défendant l’œuvre
et la pensée de Dom Gérard.
Mais c’est aussi
et surtout toute son œuvre dans Itinéraires
avec la collaboration d’hommes éminents, prêtres ou laïcs.
Je m’élève, à mon tour, contre l’affirmation de Christophe Geffroy, à
savoir que « la
mouvance traditionnelle elle-même a enfin compris la nécessité d’admettre la
nouvelle messe telle quelle ». Dire qu’il n’y aurait plus de problème pour accepter cette réforme
liturgique, que tout serait idoine, ne correspond pas à la vérité. Pour le
prouver, je voudrais reprendre ici un
article de M l’abbé Dulac, intitulé : « La
nouvelle ordonnance de
Mais, qu’on se
le dise, les critiques de la réforme
liturgique ne viennent pas seulement de chez nous. Elles viennent aussi de la hiérarchie
elle-même. Le cardinal Ratzinger, à la fin du pontificat de Jean Paul II, a été
très clair sur ce sujet. Il faut le rappeler. Le cardinal Sticler a aussi
beaucoup soutenu le travail du cardinal Ratzinger. C’est pourquoi je suis
convaincu que sous le Pontificat même de Benoît XVI, le Bon Dieu nous fera la
grâce de voir cette réforme liturgique corrigée. Il l’a dit dans de nombreux
ouvrages, comme il a dit qu’il ne comprenait pas que la messe tridentine fut
interdite dans l’Eglise. Il la restaura dès qu’il le pût. De la même manière,
il procédera un jour à « la réforme de la réforme ». Il n’en restera
pas à son Motu Proprio Summorum
Pontificum, à son article I. Et
si ce n’est pas lui qui procède à cette réforme, ce sera son successeur. De
toute façon nous ne nous lasserons pas
de la demander. C’est pourquoi il est
faux de dire que « la mouvance traditionnelle
elle-même a enfin compris la nécessité d’admettre la nouvelle messe telle
quelle ». Nous ne
« désarmerons » pas. Les raisons de notre opposition sont
importantes. Nous rappelons aujourd’hui celles de M l’abbé Dulac. Demain,
celles du cardinal Stickler, puis du cardinal Ratzinger.Christophe Geffroy
devrait les relire…Il comprendrait mieux les choses… et ne sèmerait pas
l’erreur dans « la mouvance traditionnelle ». Ah ! Les
« faux frères » ! Méfiez vous en, disait déjà saint Paul.
VERS UNE MESSE
ŒCUMENIQUE
I – L’« EXPÉRIENCE » DU
REFUS
Comment, selon la mesure de nos faibles forces et
de nos pauvres moyens, pouvons-nous, dans ce Courrier, faire face à l’épouvantable
« autodémolition » de l’Église, dénoncée par
Paul VI, le 7 décembre 1968? Non seulement
Il s’agit de la perturbation de l’apostolat
catholique, dissimulée sous le masque de la suppression des paroisses et des
curés ou sous l’appellation fallacieuse de « la mission ». Il s’agit du
réformisme liturgique… Il s’agit… Il s’agit…
Comment répondre à tout et par où commencer? Eh
bien ! nous allons commencer par
SACERDOCE. L’opinion de la populace baptisée «
Peuple de Dieu », ne changera rien à cette donnée divine fondamentale :
les autres dogmes de leur foi ; ils verront qu’ils
sont, un par un, ébranlés par la moindre fissure faite au premier.
Le système protestant tout entier s’est construit à
partir de la négation de la « Messe romanisque », comme disaient ses premiers
sectateurs. Leur idée, pourtant fondamentale, de « la justification par la
seule Foi » est, en effet, suspendue elle-même à une autre, préalable : que
l’œuvre de notre rédemption n’est point exercée, perpétuée, renouvelée, à
D’un mot: le Protestantisme, autant que peuvent
être réduites à l’unité ses formes innombrables, est une religion (?) LAÏQUE.
Et, si nous voulons être objectifs, au risque de paraître cruels, nous devons
ajouter : cette religion laïque a été, à l’origine, une religion de défroqués,
conçue à la mesure de leur désertion, pour se donner à eux-mêmes et au monde,
une justification honorable de leur apostasie. Ils changeaient
médiévaux.
Dans un précédent numéro, nous disions :
- Quand tous les recours à l’autorité légitime se
sont avérés inutiles et vains, il ne reste plus qu’un moyen au fidèle de se
manifester : un moyen extrême, grave, déplorable : le REFUS.
Puisque la règle de M. Annibal Bugnini et de ses
carthaginois est de faire des « expériences », pourquoi ne pas leur offrir une
expérience qu’ils n’ont jamais faite jusqu’ici : celle de la résistance des
dociles ?
Ces messieurs veillaient soigneusement à se couvrir
uniquement sur leur GAUCHE, persuadés que « les fidèles de
pour ceux qui veulent se placer au-dessus du temps.
II – VERS UNE MESSE POLYVALENTE
Ce qui nous décide, aujourd’hui, à parler, c’est la
publication, ces jours-ci, du nouvel ORDO MISSAE : c’est-à-dire de la nouvelle
ordonnance de
Pape Paul VI, le 3 avril de cette année, dans une
Constitution Apostolique qui commence par ces mots : Missale Romanum.
C’est bien, en effet, un nouveau « missel » qui est
ainsi promulgué, mais il faut savoir et dire que les nouveautés de ce missel ne
touchent pas seulement un choix nouveau des « lectures », encore sur le
chantier. Les nouveautés portent sur ce que nous appellerons pour aller vite :
la partie fixe de
En la comparant à la précédente ordonnance,
promulguée par le Pape saint Pie V, le 14 juillet 1570 (mais qui consacrait, en
les unifiant, des textes ou des rites vieux de 400, 600, 1 000 ans), on
constate que l’Ordo de Paul VI apporte, sur des points capitaux, les quatre
nouveautés suivantes :
- des suppressions,
- des modifications,
- des additions,
- des rites laissés au choix du célébrant.
Nous décrirons en détail ces innovations dans
quelques prochains courriers.
Aujourd’hui, nous nous bornerons à dire,
respectueusement, les sentiments que ces innovations, prises dans leur
généralité, nous inspirent. Ce faisant, nous ne nous hausserons pas au-dessus
de notre rang dans l’Église. Nous parlerons comme peuvent parler les prêtres et
les fidèles A L’INTENTION DE QUI, précisément, cette Nouvelle Messe a été
fabriquée. Puisque nous devons prier sur ces prières, offrir selon ces rites,
le Saint Sacrifice, il est naturel, n’est-ce pas, que nous fassions connaître
notre… goût ? Ah ! Il eût été, certes, préférable de le manifester AVANT plutôt
qu’APRÈS, mais on ne nous a pas consultés !… Bien plus, ce nouvel Ordo, tel
qu’il arrive, CONTREDIT des vœux, des instances, presque des supplications, que
des milliers de fidèles n’ont cessés de porter au Siège de Pierre, dès qu’ils
ont eu le soupçon du BUT où on voulait les mener, en considérant les ÉTAPES
qu’on les forçait, insensiblement, à parcourir. Ce BUT de la réforme du Missel,
nous allons le laisser déclarer par un protestant. Un protestant « modéré »,
Monsieur Max Thurian, « frère de Taizé ». Dans un article (nous disons bien :
un article) paru dans
offertoire simplifié – dit Max Thurian – n’apparaît
plus comme un doublet de la prière eucharistique (le Canon), ni comme un acte
sacrificiel anticipé ; ainsi s’atténuent les difficultés que créait l’ancien
offertoire, dans la recherche œcuménique ». Voilà qui est dit, assurément, avec
la délicatesse d’un séparé qui veut rester un frère et d’un frère qui veut
rester un séparé.
Mais nous avons, nous, le droit et le devoir de
parler avec plus de clarté, sinon de franchise. Et d’abord, de poser des
questions de grammaire, qui se prolongent dans des questions de philosophie,
puis de théologie :
1°)
Qu’est-ce qu’une unité ouverte ? Il
n’est pas absolument nécessaire d’être thomiste et aristotélicien pour définir
l’UN: ce qui est indivis en soi et qui est divisé de tout autre : car c’est le
sens commun qui nous le dit. Mais nous aimerions ajouter à cette définition, la
réponse que saint Thomas fait à la question : l’Unité ajoute-t-elle quelque
chose à l’Être ? (Ia, XI, 1) : « L’Unité ne surajoute à l’être aucune réalité,
mais uniquement la négation de la division. Car l’un ne signifie rien d’autre
que l’être indivis. D’où il résulte avec évidence que l’un et l’être sont
interchangeables (convertitur)… »
Et voici la conclusion qui s’applique directement à
notre sujet : « De là vient que toute chose, comme elle défend son ÊTRE, défend
aussi son UNITÉ ». Et réciproquement ! Donc, parler comme Max Thurian, d’une «
unité OUVERTE », c’est, du même coup, parler d’un ÊTRE ouvert. Un être ouvert, qu’est-ce
donc ? C’est ou bien un être en devenir, ou bien un être composé ; composé de
parties hétérogènes, en voie de dissolutions et de transformations
perpétuelles. Nous tenons ainsi, de la bouche d’un Protestant qui le proclame tranquillement
dans
Dans les deux cas, comment peut-on continuer à
nommer
Et puis, que devient l’article du Symbole que «
l’Unité » est le signe de reconnaissance (la nota) de l’Église véritable de
Jésus- Christ, distinguée ainsi des fausses ?
Enfin, que devient la formule (attribuée au Pape
Célestin I) et devenue un « lieu commun théologique » : « Que la règle de
L’acte le plus sublime de l’homme religieux
n’apparaît-il pas ainsi, par le fait de cette indétermination, avilie au niveau
d’une convention diplomatique, rendue assez vague pour que les deux parties
contractantes puissent, à tout moment, se dégager ?
Mais alors, et c’est la question qui résume et
domine toutes les autres :
donne la réponse (au numéro 7) : «
2°) Quant
à
III – PAS DE MESSE CATHOLIQUE VERITABLE SANS UNE OFFRANDE
PREALABLE DU PAIN ET DU VIN
Nous n’avançons cette proposition qu’à la manière
d’une pierre d’attente. Nous la prouverons dans un autre courrier. Mais il
convenait de poser, dès aujourd’hui, le principe.
Comme une borne : la borne qui marque la frontière
irréductible du monde catholique et du protestant. On sait que, dès l’origine,
les Protestants, quels qu’ils fussent, se sont acharnés contre les prières et
les cérémonies de l’Offertoire. Pourquoi ? Parce qu’elles exprimaient, sans
laisser de doute possible, le Sacrifice de l’Église : elles indiquaient un ACTE
sacerdotal personnel, réel, actuel, et pas seulement la commémoraison purement
NARRATIVE de
Or, le
Nouvel Ordo anéantit l’Offertoire et le fait expressément
:
1° - Les nouvelles rubriques qui se rapportent à cet
endroit (n° 49 à 53 de l’Institutio generalis)
portent comme titre : « Préparation des dons ». Il n’y est dit, en aucune
façon, que ces « dons » sont OFFERTS, offerts dans un acte d’OBLATION proprement
sacerdotal ; ils sont apportés (afferuntur) ; présentés (praesentantur – quel
latin !) ; puis ils sont déposés (deponuntur) sur l’autel (soit par le prêtre,
soit par le diacre). On peut, ensuite, les encenser (au cours de ce qu’on
appelait jusqu’ici la grand-messe), mais ce n’est pas obligatoire.
Suit le lavement des mains par le prêtre ; l’Orate
fratres ; l’ex Secrète ;
2° - Les trois prières qui exprimaient l’OBLATION, faite par le prêtre, du pain et du vin (Suscipe…
hanc, immaculatam hostiam… Offerimus tibi calicem salutaris… veni,
sanctificator…) sont supprimées. On leur substitue une formule ambiguë, qui peut
exprimer à égalité, une OBLATION et une simple OFFRANDE : comme serait celle
des premiers fruits de la saison ou un cierge. Exemple (pour le pain) : « Béni
sois-tu, Seigneur, Dieu de l’Univers, parce que nous avons, de ta largesse,
reçu le pain : nous te l’offrons, comme le fruit de la terre et de l’ouvrage
des mains humaines. Il deviendra pour nous, un pain de vie ».
Et de même, pour le vin. Quel dévot de Cérès et de
Bacchus ne serait prêt à souscrire à
de pareilles formules ? Que dis-je ! Quel adepte du
« Grand Architecte de l’Univers » ? Où donc se trouve exprimé, non seulement,
le sacrifice « d’action de grâces », mais le sacrifice
propitiatoire pour les péchés, qui renouvelle,
mystiquement, mais réellement, sur l’autel de l’Église, le SACRIFICE de
Vous dites : on l’exprimera plus loin, avant
Et puis, pourquoi ne dirait-on pas deux fois, et
trois, et quatre, une vérité qui faisait fondre d’émotion l’âme des saints ? Parlant
des Ave Maria du Rosaire, dits et redits des dizaines de fois, Lacordaire a
cette parole : « L’amour n’a qu’un mot et, en le redisant toujours, il ne le
répète jamais ». Allons ! Qu’on ne fasse pas les hypocrites ! On a volatilisé l’Offertoire
pour faire plaisir aux Protestants ! On a fabriqué une liturgie comme
La réponse ? Le Pape l’a eue, l’autre jour, en
traversant les rues de Genève : un silence glacé d’indifférence, comme s’il
s’était agi du Négus ou du Grand Lama. Nous en avons rougi pour le Pape d’un
jour, nous en avons pleuré pour
Car, pour le vrai Catholique, « tout sacrifice est
une oblation, mais ce n’est pas réciproque » ; pour que l’offrande devienne vraiment
sacrificielle, il faut que « quelque chose soit fait sur les choses qui sont
offertes » ; ainsi, dans les sacrifices antiques, l’animal offert devait être
tué et brûlé ; le pain devait être béni, rompu, dévoré. C’est saint Thomas qui
parle ainsi avec la tradition de l’humanité tout entière (2-2ae, 85, 3 ad 3). Mais,
comme « le Christ ressuscité ne meurt plus », il ne peut l’être que «
mystiquement », sous les espèces du pain et du vin. Ce pain et ce vin entrent
DONC comme parties intégrantes dans le sacrifice. C’est là l’expression du
Cardinal Bellarmin : « L’oblation du pain et du vin qui précède la consécration,
appartient à l’INTEGRITE et à la plénitude du sacrifice, quoique non pas à son
ESSENCE » (De sacrif. Missae, c. 27, Ed. Vivès 1872, p. 365).
L’essence de
Mais comme d’autre, il n’y a de sacrifice véritable
que SENSIBLE, l’oblation du Corps et du Sang de Jésus-Christ doit être exprimée
dans une oblation visible préalable, claire et formelle, celle du pain et du
vin. Nous n’ignorons pas les bavardages des « historiens » sur cet article.
Mais nous tenons les historiens comme de simples manœuvres au service du
Théologien. Celui-ci est instruit par une révélation qui est inscrite dans des
livres sacrés, expliquée ensuite par une tradition séculaire qui ne peut plus
changer dans ses énoncés essentiels. Sur l’ancienneté plus ou moins grande des
prières de l’Offertoire, sur les « remaniements » du Canon et autres questions curieuses,
nous laissons d’abord les « historiens » se mettre d’accord entre eux. Puis,
nous interprèterons leurs « certitudes » d’après la certitude supérieure de
IV –
Nous reprenons, dans le titre de ce paragraphe,
l’expression de saint Paul dans son Épître aux Galates, que nous avions
rapportée et commentée dans un précédent courrier.
Ce que Max Thurian déclare joyeusement, nous le
redisons avec lui mais douloureusement et la mort dans l’âme : « Le Nouvel Ordo
Missae va dans un sensœcuménique ». Et puisque le Frère de Taizé ajoute : « Des
communautés non catholiques pourront célébrer
C’est d’abord l’honneur de Dieu qui nous le demande
: le Dieu UN qui veut être servi dans l’Église UNE. C’est la fidélité à
Jésus-Christ qui nous a commandé, la veille de Sa Passion, de faire, en
souvenir de Lui, la même chose qu’Il avait faite : une OBLATION sacerdotale de
Son Corps et de Son Sang sous les espèces sensibles du pain et du vin. C’est
l’obéissance à
C’est la soumission aux engagements de notre
baptême ou de notre sacerdoce.
C’est la charité envers nos frères que notre
DUPLICITE scandaliserait.
(Vous avez bien lu…)
C’est notre dévotion envers le Pape actuellement
régnant : car en approuvant ce « nouveau Missel » :
a) Paul VI n’a pas pu, il n’a pas voulu l’imposer
sans conditions et enlever
b) Paul VI a voulu servir l’intérêt de l’Église comme
un chef le veut pour toute loi nouvelle. Or, il dépend désormais de notre
réponse que le Pape soit objectivement instruit des effets de sa loi.
NOUS REFUSONS DE SUIVRE LE NOUVEL ORDO MISSAE.
Abbé
DULAC