ITEM

42, Avenue de la Marne.  03200 Vichy.  Tel. O4 70 97 95 02

Port. O6 80 71 71 01 ; e-mail : abbe_aulagnier@hotmail.com. Site : http://item.snoozland.com

 

Animé par l’abbé Paul Aulagnier qui n’a d’autres ressources que ses honoraires de messe et l’aide  de ses fidèles lecteurs « internautes ». A votre bon cœur ! Merci d’avance ! Libellez les chèques à l’ordre d’Item. Adresse : voir plus haut.

 Un regard sur l’actualité politique et religieuse

 

au 3 octobre   2004

N°11

Par Monsieur l’abbé Paul Aulagnier

 

 

 

Réflexions

autour de l’interview de Mgr Bernard Fellay à   “ The Latin Mass “

 

 

 

Dimanche, 26 septembre 2004, dans l’après midi, je prenais connaissance de l’interview que donna Mgr Fellay à la revue « The Latin Mass », revue américaine. Elle fut diffusée en France et en français, par l’agence de presse de la FSSPX,  DICI. Les rédacteurs n’en donnent pas la date…Ils  manquent un peu de professionnalisme…Mais ça viendra. Je me suis permis de téléphoner à la Maison Générale de la FSSPX. J’ai eu Monsieur l’abbé Baudot, l’économe général. Il ne la connaissait pas, lui non plus. Mais m’a laissé entendre qu’elle  est toute récente. Je pense, quant à moi, qu’elle remonte au moins avant le mois d’août. Le ton est tellement serein…Quoi qu’il en soit, ce sont les  dernières réflexions de Mgr Fellay, supérieure général de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X. concernant les relations avec Rome. Elles méritent attention.

 

Y réfléchissant, je cherchais un titre de présentation. Le titre que j’ai en tête me paraît juste.. J’intitulerais volontiers cette interview

 

«Les principes d’une entente prochaine entre la FSSPX et « la partie saine »(1) de Rome »

« Une espérance ».

 

Les principes de cette « entente » se trouvent en effet exprimés dans ce texte  soit  explicitement soit implicitement.

 

A moi, maintenant, de le prouver et de justifier mon titre.

 

Je laisserai de côté certaines questions de cette interview, comme celles où le journaliste lui demande sa pensée sur le film de Mel Gibson, sur la situation des séminaires de la FSSPX et d’autres encore, pour ne m’intéresser qu’à l’idée essentielle : les relations avec Rome, et encore en me « focalisant » d’abord et avant tout :

           - sur le problème de la messe et les exigences qu’impose le Supérieur Générale de la FSSPX, exigences qui sont, on le sait, un préalable à tout « accord »

           - et sur la déclaration toujours demandée. Texte d’une importance capitale. On le comprend.

 

Sur le premier objet, je constate que les points de vue entre Rome et Mgr Fellay  se rapprochent. Ce qui  laisse espérer, de fait, une solution prochaine. Ce sera l’objet du grand A rouge.

 

Sur le second objet , à savoir,  la « déclaration de principes », je constate que ce qu’exige légitimement Mgr Fellay, la « Rome catholique », pour parler comme Mgr Lefebvre, en la personne du cardinal Castrillon Hoyos,  vient de me l’ accorder en acceptant le 6 septembre dernier , ma propre « déclaration ». Ce sera l’objet du grand B rouge.   -  Vous connaissez tous, je l’espère maintenant ,cette « déclaration ». Sinon vous pouvez la lire en page 12 d’ITEM n°10, ou  dans ce texte  in fine  -.

 

A moi de prouver tout cela.  Prenez le temps  d’une lecture attentive et du A et du B.

 

A – Le problème de la messe. Notre « face à face » avec la hiérarchie de l’Eglise catholique.

Vers une solution.

 

Voilà la première question que le journaliste pose à Mgr Fellay. Elle a pour objet la messe et sa libre célébration par tout prêtre.

 

 

__________________________

1. Cette expression se réfère à saint Bernard.

 

« The Latin Mass : Excellence, vous et vos confrères dans l’épiscopat de la Fraternité Saint-Pie X avez demandé au Vatican de reconnaître officiellement à tout prêtre de rite romain le droit de célébrer la messe traditionnelle en latin. Un observateur ordinaire pourrait s’interroger : Pourquoi les autorités de l’Eglise hésiteraient-elles devant une telle demande ? Après tout, qu’est-ce que l’Eglise risquerait de perdre en libérant l’ancienne messe ? »

 

Voilà la réponse de Mgr Fellay :

 

 

Mgr Fellay : « Il convient de se souvenir que l’ancien rite n’a jamais été abrogé, - ce fait avait été reconnu en 1986 par une commission de neuf cardinaux; il nous a été rappelé par le cardinal Castrillon Hoyos1 : "Fondamentalement, le pape admet que l’ancien rite n’a jamais été abrogé"; et il a encore été réaffirmé par le cardinal Medina assurant ses lecteurs qu’il n’avait trouvé nulle part que cette messe avait été interdite. Dès lors, nous devons conclure que la seule chose que l’Eglise perdrait en accordant la liberté de la messe, serait cet état d’injustice imposé par une tyrannie silencieuse exercée depuis 35 ans sur le rite latin. La façon odieuse de faire pression sur les fidèles et surtout sur les prêtres qui veulent user de leur droit strict de célébrer la messe selon le rite ancien disparaîtrait aussi en partie. La tranquillité de cette fausse paix, de cette prétendue paix censée régner aujourd’hui par l’unité du rite de la nouvelle messe disparaîtrait aussi partiellement. Pour ma part, je ne doute absolument pas que la liberté de la messe constituerait un défi salutaire à cette créativité devenue si souvent nécessaire aux progressistes pour obtenir que leurs fidèles continuent à venir à la messe tous les dimanches.
En bref, je dirais que l’Eglise n’a rien à perdre, mais au contraire tellement à gagner en réintroduisant la messe tridentine sur une large échelle, que quiconque aime vraiment l’Eglise et les âmes ne devrait pas hésiter une seule minute à accorder cette liberté. On entend des voix, même au Vatican, qui reconnaissent que l’Eglise ne sortira pas de la crise actuelle avant de revenir à la messe tridentine. Tant de prêtres trouveraient leur identité au contact de la messe qui est le premier but de leur ordination. »

 

 

Je me réjouis de cette réponse.  Les considérations de Mgr Fellay se rapprochent grandement des points de vue exprimés ces dernières années par certains cardinaux romains de la Curie Romaine, intéressés à ce dossier.

 

A )Tout d’abord Mgr Fellay reconnaît le fait que la messe traditionnelle ne fut jamais abrogée.

 

Voilà ce que nous affirmions depuis toujours avec, entre autres, Monsieur l’abbé Dulac qui avait particulièrement bien  étudié, comme canoniste, le problème. Toutefois la hiérarchie catholique n’a jamais voulu le reconnaître officiellement. Non seulement elle ne le  reconnaissait pas , mais  elle affirmait tout également le contraire. On  s’appuyait sur les paroles de Paul VI exprimant publiquement dans le Consistoire du 24 mai 1976 sa volonté « apostolique » de voir toutes les communautés user du Nouveau Missel à l’exclusion de tout autre rite.  Le Cardinal Medina, alors préfet de la Congrégation du culte divin, affirmait encore la chose en 1999, le 18 octobre 1999 pour être précis. Il n’y avait plus qu’un rite romain : celui du « Novus Ordo Missae » de Paul VI du 3 avril 1969 :  « Le missel romain, approuvé et promulgué sous l’autorité du pape Paul VI par la constitution apostolique Missale Romanum du 3 avril 1969, est l’unique forme actuellement en vigueur de la célébration du saint sacrifice de la messe dans le rite romain, selon le droit liturgique général ».

 

Pourtant,  comme le dit Mgr Fellay, en 1986, déjà, une commission de 9 cardinaux nommés par le Pape Jean-Paul II , à la question « la messe tridentine a-t-elle été abrogé ? »,  8 cardinaux sur 9 répondaient  « Non ! La messe de Saint Pie V n’a jamais été abolie ». Nous l’avons appris en 1995 par le Cardinal Stickler donnant une conférence de presse en Amérique du Nord, précisément dans le cadre de la revue « The Latin Mass ».

 

Le temps passa  et petit à petit les choses changèrent à Rome, au milieu, j’imagine, de bien des  « conversations » et « débats » et peut-être de « conflits » et « oppositions »…J’ai cru en déceler une entre le Cardinal Ratzinger et le cardinal Ré, à l’époque « substitut de la Secrétairerie d’Etat » chargé des affaires générales, dans le discours qu’il dut préparer pour le pape recevant les prêtres et fidèles relevant de la commission « Ecclesia Dei », le 26 octobre 1998. Mais c’est ainsi que se construit sans cesse le « Corps mystique » du Seigneur…

 

Est-ce sous la pression du cardinal Stickler, est-ce à la lumière de ces conférences et homélies ? Est-ce sous la pression des nombreuses publications et livres du cardinal Ratzinger ?  -  ce que nous avons analysé au fil du temps dans nos différentes revues, surtout à partir de 1995 -  je ne sais,  Dieu le sait.  Est-ce aussi du fait de  notre » résolution » ?  Peu importe, on commençait à  dire à Rome, de plus en plus clairement, que la messe de Saint Pie V ne fut jamais « abolie ».  Déjà en 1986, nous dit le cardinal Stickler, l’affirmation circulait. En 1998, les choses deviennent encore plus claires. On se souvient de la magistrale conférence du Cardinal Ratzinger, le 24 octobre 1998 alors qu’ils recevait les communautés « Ecclesia Dei » : « Il est bon de rappeler ici, disait-il au congressistes,  ce qu’ a constaté le cardinal Newman qui disait que l’Eglise, dans toute son histoire, n’avait jamais aboli ou défendu des formes liturgies orthodoxes, ce qui serait tout à fait étranger à l’esprit de l’Eglise. Une liturgie orthodoxe, c’est-à-dire qui exprime la vraie foi, n’est jamais une compilation faite selon des critères pragmatiques de diverses cérémonies, dont on pourrait disposer de manière positiviste et arbitraire  - aujourd’hui comme ça et demain autrement. Les formes orthodoxes d’un rite sont des réalités vivantes, nées du dialogue d’amour entre l’Eglise et son Seigneur, - sont des expressions de la vie de l’Eglise, où se sont condensées la foi, la prière et la vie même de générations et où se sont incarnées dans une forme concrète en même temps l’action de Dieu et la réponses de l’homme. De tels rites peuvent mourir, si le sujet qui les a portés historiquement disparaît, ou si ce sujet s’est inséré dans un autre cadre de vie. L’autorité de l’Eglise peut définir et limiter l’usage des rites dans des situations historiques diverses,  - mais jamais elle ne les défend purement et simplement !Ainsi, le Concile a ordonné une  réforme des livres liturgiques, mais il n’a pas interdit les livres antérieurs. Le critère que le Concile a exprimé, est à la fois plus vaste et plus exigeant : il invite tous à l’autocritique ! » ( La Nef  n° 89 décembre 1998).

 

Cette pensée devenait  chaque jour plus évidente.  Même le cardinal Médina a fini par accepter cette vérité. Il me l’a dit lui-même, deux  fois dans son bureau, alors que je le visitais après avoir été chassé de la FSSPX. Nous étions en 2003 et  2004.  Et il utilisa l’autorité de cardinal Stickler pour fonder sa propre argumentation. Je suis un témoin véridique et je dis le vrai.  Le cardinal m’a dit, par deux fois, que la messe de saint Pie V n’était pas abolie, n’a pas été abrogé. Mgr Fellay le dit lui-même.

 

Et c’est alors qu’arriva la « réconciliation » de nos amis de Campos avec Rome,  Rome – « la Rome catholique » leur reconnaissait expressément le « droit »de la messe Saint Pie V, la « facultas ». En cette affaire, il faut citer surtout la lettre du pape Jean-Paul II,  du 25 décembre 2001 et le décret d’érection de « l’Administration Apostolique Saint Jean Marie Vianney », du 19 janvier 2002 qui reconnaissaient à nos confrères,  pratiquement et juridiquement, la jouissance, non d’une « concession », comme on la dit dans nos « milieux », mais du  « droit » de la messe dites de Saint Pie V, la constituant comme « rite propre » de leur administration.

 

Aussi ne faut-il plus s’étonner des déclaration du Cardinal Castrillon Hoyos affirmant, le 24 mai 2003, au nom du pape Jean-Paul II, à Sainte Marie Majeure, Basilique Pontificale, que la messe tridentine a « droit de cité » dans l’Eglise.

 

C’est, bien évidemment, reconnaître que la messe de Saint Pie V n’est nullement abrogé dans l’Eglise Latine. La chose  peut surprendre si on  se souvient des paroles de Paul VI, le 24 mai 1976.

 

Ainsi cette messe dite de Saint Pie V  a toute liberté d’être célébrée par les prêtres et communautés catholiques. De fait, la déclaration d’un droit ne va pas sans la liberté d’exercer ce droit. On dit que celui qui ne respecte pas un droit reconnu est un « sectaire » ou qu’il agit « arbitrairement ». 

 

Je conclus : il y a donc aujourd’hui parfaite unité de pensée entre Rome et Mgr Fellay, sur ce sujet de la messe. Les uns et les autres reconnaissent que « l’ancien rite n’a jamais été abrogé ». C’est nouveau. Il faut en prendre acte. C’est fort important. Hier ce sujet était un sujet de discorde grave. Aujourd’hui, l’unité est faite entre Rome et la FSSPX. Je précise ici : « entre la « Rome catholique » et Mgr Fellay ». Car, j’ai bien des raisons de croire que « tous les membres » de l’Eglise enseignante font encore la sourde oreille…pour ne pas dire plus.

 

 

Alors fort de ces considérations, vous imaginez  combien j’apprécie les réflexions suivantes, pleines de réalisme, de Mgr Fellay à propos du « droit de la messe » traditionnelle, pour tous les prêtres.   Ce principe  devait être appliqué avec beaucoup de nuance, compte tenu des circonstances.  Mgr Fellay me semble parfaitement l’avoir saisi.. Lisez vous même . Le journaliste lui, pose la question sur cette fameuse condition concernant le droit de la messe ancienne pour tous, comme condition préalable à tout accord avec Rome :

 

 « T.L.M. Nous savons que la position de la FSSPX est qu’avant tout "accord", il faut que la messe traditionnelle soit "libérée", et, pour être précis, qu’à chaque prêtre qui le désire on donne la liberté de célébrer la messe de S. Pie V. Mais pour le moment, cela ne semble pas possible. La FSSPX va-t-elle donc fermer la porte à d’autres conversations avec le Saint-Siège ou bien va-t-elle faire d’autres propositions ? 

 

Il répond :  «  Tout d’abord, j’aimerais affirmer que la liberté pour la messe n’est pas une hypothèse impossible. Ce qui serait impossible ce serait d’obliger tous les prêtres de l’Eglise catholique à célébrer demain la messe Saint Pie V. Mais la laisser accessible, et simplement reconnaître ce rite qui n’a jamais été abandonné, n’est pas une hypothèse impossible, c’est une simple exigence de justice. Nous pourrions demander davantage ; nous ne le faisons pas. Nous attendons certainement qu’une telle liberté engendre un mouvement croissant de retour à la messe de Saint Pie V et à la Tradition. »

 

Mais Monseigneur !  Votre désir légitime et dans  l’esprit qu’ici vous formulez très heureusement et très justement, et, à ma connaissance pour la première fois,   est exaucé. La réalité dans l’Eglise, aujourd’hui,  concernant la messe et son droit, est celle –là même que vous décrivez…Nous venons de le montrer. Alors…

 

Mgr : « Plus tard, nous demanderons même à Rome, poursuit-il,  de prendre position en faveur de l’ancien rite, contre le nouveau. Peut-être devrions-nous le faire dès maintenant, mais alors on pourrait nous accuser de demander quelque chose d’impossible. »

 

A la bonne heure ! Dites cela au cardinal Castrillon Hoyos, insister sur ces remarques, le cardinal y prêtera une oreille attentive. Les autorités romaines, chargées du dossier, y seront sensibles. M’est avis, qu’ainsi comprise et expliqué, ce préalable est déjà accepté par Rome. Alors il faut aller maintenant de l’avant !

 

 

« Affirmer le droit à la messe ancienne pour tous », en le comprenant de cette manière,  ne va pas cependant  de soi.  La « chose » fait  encore grincer des dents, certains.  Et sur le terrain, des épiscopats font bien  quelques difficultés. C’est vrai. Mais c’est une autre affaire d’ordre pratique et circonstanciel.  Sur le principe et c’est cela qui importe,  la chose est entendue. Et l’on peut dire que, lorsque  les circonstances sont idoines, tout prêtre peut dire la messe tridentine. Rome en reconnaît le droit. Et même l’épiscopat français !  J’ai vu de mes yeux, Mgr Ricard, archevêque de Bordeaux, conférer les ordres sacrés au Monastère du Barroux dans la plus stricte fidélité aux rites anciens au cours de la célébration d’une messe tridentine. C’en est donc  la preuve !  Et Mgr Eric Aumonier, évêque de Versailles, fit de même le 29 juin dernier au Monastère de Fontgombault. Tous les évêques de France ne le feraient peut-être pas encore…Mais ceux-là n’en  pourraient pas pour autant  nier le droit. Ainsi, par exemple, de Mgr Simon, archevêque de Clermont.

 

Les pères de Campos bénéficient et exercent aujourd’hui ce droit. Et la Congrégation du Clergé, le 10 juillet 2002, par la plume de son secrétaire, écrivait comme pour enfoncer le clou: « Conformément à la lettre autographe « Eclessiae unitas » du Saint Père Jean-Paul II du 25 décembre 2001 et au décret « Animarum bonum » du 19 janvier 2002 de la Congrégation pour les évêques, le rit liturgique codifié par saint Pie V avec les adaptations introduites par ses successeurs jusqu’au bienheureux Jean XXIII, est devenu le rit propre de l’Administration apostolique, de telle sorte que tout prêtre légitimement admis à célébrer dans les églises propres de l’Administration apostolique personnelle Saint Jean Marie Vianney n’a besoin d’aucune autre autorisation pour utiliser le Missel romain selon l’édition typique de 1962 ». C’est clair.

 

A une plus petite échelle, mais dans le même sens essentiel,  le cardinal Castrillon Hoyos me  reconnaît aujourd’hui ce droit, ce droit, de dire exclusivement la messe de saint Pie V conformément à ma déclaration du 4 juillet 2004. J’y déclare, en effet, au sujet de la messe, : « Quant à la défense de la messe dite de saint Pie V à laquelle je me suis consacré et que je célèbre uniquement selon le droit…. ». Le cardinal a accepté cela. J’en ai eu confirmation par Mgr Simon, archevêque de Clermont, le 6 septembre 2004. Les principes sont les principes. Et lorsque les principes sont acceptés, tout finit par s’organiser selon les principes. Tôt ou tard. L’épiscopat français, accepte, à petits pas,  pas de gaieté de cœur, certes, j’en sais quelque chose, mais accepte cependant la chose. Mgr Simon m’a délivré le celebret qui reconnaît canoniquement la chose, même si, dans une lettre, il me demande de ne la célébrer, dans les églises de son diocèse,  que « privatim », avec quelques amis ou membres de ma famille. L’ essentiel est acquis : le droit. Le reste, la foule, arrivera plus tard.

 

Et c’est ainsi aussi que les statuts de la FSSP viennent d’être reconnus par Rome, le 29 juin 2003. Ses prêtres jouissent ainsi du « droit » à la célébration de la messe dans le rite tridentin. On sait que,  pour eux,  la célébration du rite de Saint Pie V  est « statutaire ». Ergo. 

 

Et c’est  à cette lumière  - du droit reconnu de la messe Saint Pie V  - que la situation de Monsieur l’abbé Laguérie et de Monsieur l’abbé Hery, à Bordeaux , à Saint Eloi, est particulièrement intéressante.  La solution qui va naturellement jaillir sera, de toute façon, au bénéfice de la messe Saint Pie V en France. J’attends la publication de cette solution avec « gourmandise…et déjà admiratif…. Cette solution ne peut pas ne pas être favorable au droit de la messe. C’est à cette lumière qu’il serait bon de remettre à Bordeaux les « pendules à l’heure ». A l’heure de la victoire de la messe…grâce à l’action des trois abbés bordelais. C’est ce que dirait Mgr Lefebvre…J’en suis sur. Jadis, une partie importante du  corps professoral à Ecône avait pris position contre « l’occupation de Saint Nicolas du Chardonnet ». Malgré cela, Mgr Lefebvre n’a pas hésité à adresser personnellement ces compliments à Monsieur l’abbé Coache et à Mgr Ducaux Bourget. L’aurait-on mis à la porte pour avoir osé prendre position contre le corps professoral, si digne ?. Pourtant, quelle mauvais exemple il donnait. Aller contre  l’obéissance sacro-sainte au corps professoral et à son directeur ! N’oublions pas que l’obéissance est une vertu morale qui tient le juste milieu entre la désobéissance et la servilité….

 

La situation aujourd’hui est claire : le droit de  la messe ancienne est  reconnu ! Il y a  35 ans , tout cela était absolument  impensable, impossible.  Comme le dit le cardinal Stickler : les choses vont dans le bon sens. Deo Et elles ont bien changé…du moins en ce domaine.  Deo Gratias.

 

 

B- « Sursum corda ».

 

Mais,  à la lumière de ce survol de l’histoire de la messe, je regrette un peu la réponse que  Mgr Fellay fit à la question du  journaliste  de « The Latin Mass » : « Comment jugez-vous l’attitude actuelle du Vatican à l’égard de la Tradition ? ». Sa réponse me paraît un peu contradictoire…Jugez sur pièce. Je me permettrais ces quelques réflexions, conforté par la pensée même de Mgr Fellay, disant , dans ce même interview : « il n’est pas défendu parfois de rappeler ses devoirs à son supérieur »

 

Après avoir remercié le cardinal Castrillon Hoyos pour son dévouement, c’est le moins qu’on puisse dire, il affirme

 
 « Cela dit, nous observons une volonté constante de donner la prééminence aux réformes issues de Vatican II,  et à la nouvelle messe, ne serait-ce qu’en affirmant et en maintenant que la célébration de l’ancienne messe est seulement une concession de la part du Saint-Père, 

 

Ceci  ne me paraît plus très juste. Je pense qu’il faut que Mgr Fellay revoit les chose d’un peu plus près…C’est une affaire de réalisme : coller au réel, au plus prés…

 

« qu’il faudrait faire la paix entre les rites liturgiques. »  

 

Sur ce sujet, il faudrait faire bien des distinctions. J’y reviendrai un jour plus tard.

 

 « Tout cela amène à conclure que la Tradition reste une exception dans l’Eglise et que la loi générale et universelle - qui sera et restera la norme -, demeure la nouvelle messe et les réformes post-conciliaires. Tout cela maintient la Tradition dans un statut très précaire. »

 

Là aussi, je trouve ce jugement trop hardi et rapide… Et puis la situation « normalisée », ne seraient-ils  pas plus fort pour lutter contre cette précarité, si précarité, il y a…

 

« L’état actuel de la Fraternité Saint-Pierre est une des meilleures illustrations des fruits de la Commission Ecclesia Dei sous la présidence du cardinal Castrillón Hoyos : après avoir été privée de son supérieur l’abbé Bisig qui essayait de conserver la messe ancienne exclusivement, la Fraternité Saint-Pierre est maintenant dirigée par une minorité prête à presque tous les compromis liturgiques et perdant de sa crédibilité chaque jour davantage. Comme il n’y a pas, chez elle, de ligne clairement tracée au sujet de la crise, et pas de possibilité d’en avoir une, il y a un grand potentiel de division au sein même de ses membres.

 

Moi qui fréquente, de nouveau, de près, bien des disciples de la FSSP, je ne parlerais pas de cette manière ou je mettrais bien des nuances. Car si les « 16 », qui occupent le gouvernement de la Société Saint Pierre, il est vrai,  sont « dangereux » parce que « laxistes », ils n’auront pas toujours le pouvoir…Et il n’en est pas de même de tous les  prêtres et de tous les séminaristes. J’ai trouvé auprès d’eux bien du courage, bien de la clairvoyance, une admiration vraie pour Mgr Lefebvre, - c’est à la fois étonnant et heureux -, un vrai goût de l’apostolat.  Aussi, au lieu de continuer à lancer l’ « anathème », je pense qu’il serait plus heureux de renouer des contacts, de refaire des amitiés, d’entretenir un plus grand respect. Chez eux, comme chez « nous », je vois les mêmes familles , les mêmes résolutions d’éducation des enfants, le même héroïsme que réclame ce monde moderne…Dans le respect de l’histoire, dans la réflexion des « querelles graves de hier », eu égard à la situation « politique » de notre pays, menacé par l’islam et sa cruauté et  peut-être plus encore, par une prochaine législation « homophobe »,  réunissons les forces par un « pacte de paix  et d’amitié retrouvée ». Alors nous aurons plus de chance de « sortir (la Tradition) de ce statut très précaire » où elle se trouve encore. Rome, j’en suis sur,  nous en saurait gré. Voilà un « programme merveilleux » à l’intention de tous les cœurs et aussi pour ceux qui, depuis des lustres, répètent  qu’ « il n’y a plus rien à faire » ou «que faire ? ». « Gindre » perpétuellement, n’est pas la meilleure manière de rester fidèle à l’esprit de Mgr Lefebvre.

Sursum Corda, vous dis-je.

 

C – La messe tridentine, un bien pour l’Eglise.

 

Mgr Fellay poursuit sa réponse et affirme que le retour de la Messe Saint Pie V serait un bien pour l’Eglise. «  En bref, je dirais que l’Eglise n’a rien à perdre, mais au contraire tellement à gagner en réintroduisant la messe tridentine sur une large échelle. ..»

 

Oh combien il a raison ! Cela fut tout le combat de Mgr Lefebvre pendant des années et des années : la fidélité à la messe « de toujours » et tout faire pour son retour normal dans la sainte Eglise. Ce fut même son testament à la porte de Versailles. Et avec quelle émotion nous l’a-t-il confié.  Souvenez-vous : « Je terminerai, mes bien chers frères, par ce que j’appellerai, un peu, mon testament. Mon testament, c’est un bien grand mot, je voudrais que ce soit l’écho du testament de Notre Seigneur : « Novi et aeterni testamenti. Novi et aeterni testamenti, c’est le prêtre qui récite ces paroles à la Consécration du Précieux Sang « Hic est calix sanguinis mei, novi et aeterni testamenti », l’héritage que Jésus-Christ nous a donné, c’est son sacrifice, c’est son Sang, c’est sa Croix. Et cela est le ferment de toute la civilisation chrétienne et de ce qui doit nous mener au ciel.

Aussi je vous dis : Pour la gloire de la Très Sainte Trinité, pour l’amour de Notre Seigneur Jésus-Christ, pour la dévotion à la Très Sainte Vierge Marie, pour l’amour de l’Eglise, pour l’amour du pape, pour l’amour des évêques, des prêtres, de tous les fidèles, pour le salut du monde, pour le salut des âmes, gardez ce testament de Notre Seigneur Jésus-Christ !

Gardez le Sacrifice de Notre Seigneur Jésus-Christ ! Gardez la messe de toujours ! Et vous verrez la civilisation chrétienne refleurir, civilisation qui n’est pas pour ce monde, mais civilisation qui mène à la cité catholique, et cette cité catholique c’est la cité catholique du Ciel que cette civilisation prépare. Elle n’est pas faite pour autre chose, la cité catholique d’ici-bas, elle n’est pas faite pour autre chose que pour la cité catholique du Ciel. »

 

C’est évidemment confesser le grand bien qu’est la messe tridentine pour l’Eglise et les âmes.

 

Oui, vraiment on comprend que Mgr Fellay  puisse dire . «  que l’Eglise n’a rien à perdre, mais au contraire tellement à gagner en réintroduisant la messe tridentine sur une large échelle. ..»

 

Or sur ce point encore, la  pensée de Mgr Fellay rejoint la pensée de Rome qui,  par la bouche du Cardinal Ratzinger, reconnaît les bienfaits immenses de la sainte messe tridentine pour l’Eglise.  Le cardinal Ratzinger, lui, s’exprime d’une manière négative, il affirme que l’abandon de la messe saint Pie V a été pour l’Eglise très dommageable. Il l’affirme, en particulier, dans son livre « Ma vie » et lui aussi, comme Mgr Lefebvre, s’exprime d’une manière pathétique. Il invoque d’autres raisons que Mgr Lefebvre, mais l’idée est la même ; le bien reconnu de la messe Saint Pie V pour l’Eglise : « Le deuxième grand événement au début de mes années à Ratisbonne, écrit-il, fut la publication du missel de Paul VI, assortie de l’interdiction quasi totale du missel traditionnelle, après une phase de transition de six mois seulement…Les choses allèrent plus loin que prévu ; on démolit le vieil édifice pour en construire un  autre…de l’avoir opposé en tant que construction nouvelle à l’histoire telle qu’elle s’était développée, d’avoir interdit cette dernière, en faisant ainsi passer la liturgie non plus comme un organisme vivant, mais comme le produit de travaux érudits et de compétences juridiques ; voilà ce qui nous a porté un immense préjudice » … Il continue et écrit : « Je suis convaincu que la crise de l’Eglise que nous vivons aujourd’hui repose largement sur la désintégration de la liturgie… ».(Ma Vie, Souvenirs. Ed. Fayard. P.134-135)

 

La pensée est identique. D’un coté comme de l’autre, on affirme les immenses bienfaits de la messe tridentine, l’un de façon positive, l’autre de façon négative. Mais vraiment le constat est la même. Si donc le constat est le même, du bienfait de la messe tridentine pour l’Eglise, même si les considérations  sont différentes de l’un à l’autre, - c’est une richesse-,  alors la réconciliation est possible Il est urgent de s’asseoir à une table pour envisager la meilleure forme possible de la «  normalisation » de cette société sacerdotale au cœur de l’Eglise.

 

C’est la deuxième idée.  Il y a plein accord…La messe dite de Saint Pie V et son respect serait un grand bien pour l’Eglise.

 

Le Pape, lui-même, tout récemment encore, faisait l’éloge du Missel Saint Pie V et de ses belles prières. Souvenez-vous ! C’était le 21 septembre 2001. Le saint Père présentait, dans une allocution à la Congrégation pour le Culte divin, le « Missel romain dit de Saint Pie V » , à l’égal des « diverses liturgies orientales », comme un point de référence, pour les « très belles prières par lesquelles le prêtre exprime les plus profonds sentiments d’humilité et de révérence en présence des saints mystères : celles-ci révèlent la substance même de toute liturgie » (Texte reproduit dans la Nef, n° 121, p.6)  Comment mieux exprimer le bien de cette belle liturgie tridentine.

 

Nous confessons aujourd’hui ce que confesse le Pape lui-même. Alors ! Pourquoi attendre et différer plus longtemps un « rapprochement » tant désiré par le pape, le peuple, les prêtres !

 

 

Mais poursuivons notre réflexion et enquête.

 

D – la messe tridentine et l’unité de l’Eglise.

 

Certes l’Eglise reconnaît aujourd’hui la non-abrogation de  la messe de Saint Pie V. Elle fut toujours un droit, elle est aujourd’hui de nouveau reconnu comme un droit pour tout prêtre. - - - Les circonstances, pour l’application de ce droit doivent  être pris cependant en compte. On ne bouscule  pas, en un jour et par une simple affirmation, même vraie, 35 ans  de « totalitarisme liturgique. Du réalisme, je vous prie. 

 

Elle est un bien pour l’Eglise, le Pape parle, lui, de « référence ».

Mais son retour ne risque-t-il pas de nuire à l’unité du troupeau, habitué à la Nouvelle Messe ?. Certains le pensent surtout dans le monde épiscopal ?

 

C’est  un grave problème, un problème que l’on ne peut ignorer et qu’il faut raisonnablement se poser.

C’est, du reste, la question que le journaliste pose à Mgr Fellay : «  Est-il vrai, comme certains le prétendent, qu’un retour en masse à l’ancienne messe mettrait en danger l’unité pastorale ? »

 

Mgr Fellay répond :

 «  Avant de parler d’unité pastorale, il faudrait parler de l’unité elle-même. La messe de St Pie V possédait de nombreux éléments qui étaient de sûrs gardiens de l’unité ; tous ces éléments ont été mis de côté dans la nouvelle messe, créant la possibilité d’un immense désordre. Les ouvertures en faveur de la liberté sont tellement nombreuses dans la nouvelle messe ; prenez par exemple l’inculturation, les innovations laissées à l’arbitraire des différentes conférences épiscopales, et ainsi de suite… pour ne rien dire de l’énorme brèche causée dans l’unité par l’introduction de la langue vernaculaire. Sans aucun doute la liberté accordée à la messe de Saint Pie V changerait quelque chose et causerait des problèmes à la nouvelle messe, une pauvre messe qui serait totalement dépassée par son ancêtre. Mais, parlons franchement, où est le vrai danger pour l’unité ? »

 

Voyons d’abord la conclusion : « Mais, parlons franchement, où est le vrai danger pour l’unité ? »

 

 Mgr Fellay, franchement, ne pense pas que le retour de la messe Saint Pie V soit un danger pour l’unité de l’Eglise et des diocèses.

 

Mais avant lui, le cardinal Ratzinger, sur ce problème important, s’est prononcé avec clarté. Je l’ai entendu de mes oreilles, à Rome. Nous étions le 24 octobre 1998, le cardinal recevait les fidèles et les prêtres des « communautés « Ecclesia Dei ». Il souleva le problème : « «En maintes endroits, dit-il,  les difficultés persistent et continuent à persister, parce que tant les évêques que les prêtres et les fidèles considèrent cet attachement à la liturgie ancienne comme un élément de division, qui ne fait que troubler la communauté ecclésiale et qui fait naître des soupçons sur une acceptation du concile « sous réserve seulement », et plus généralement sur l’obéissance envers les pasteurs légitimes de l’Eglise ».

 

Voilà le problème bien posé.

 

Le cardinal y répondait  bien simplement en invoquant l’histoire liturgique de l’Eglise :

« Il faut constater que plusieurs formes du rite latin ont toujours existé, et qu’elles se sont retirées seulement lentement suite à l’unification de l’espace de vie en Europe. Jusqu’au Concile existaient, à coté du rite romain, le rite ambrosien, le rite mozarabe de Tolède, le rite de Braga, le rite des chartreux et des carmes et le plus connu :le rite des dominicains, - et peut-être d’autres rites encore que je ne connais pas. Personne ne s’est jamais scandalisé que les dominicains, souvent présents dans nos paroisses, ne célébrassent pas comme les curés, mais avaient leur rite propre. Nous avions aucun doute, que leur rite fut catholique autant que le rite romain, et nous étions fiers de cette richesse d’avoir plusieurs traditions diverses »(La Nef  N° 89 decembre  1998)

 

Mais avant même ces paroles du cardinal, il faut invoquer le désir de pape exprimé bien souvent, et tout particulièrement dans son Motu Proprio « Ecclesia Dei Adflicta » de 1988 et puis dans son discours très appuyé prononcé le 26 octobre 1998,  de voir respecter l’ attachement de nombreux  fidèles au rite « ancien ». Le pape n’encouragerait pas, tout de même,  cet attachement s’il était de nature à mettre la division dans les rangs des fidèles et des diocèses. Et l’on sait que le pape ne reviendra pas sur ces décisions prises,  quelles que soient les difficultés rencontrées et l’incompréhension exprimée ou ressenti par certains, fussent-ils cardinaux ou évêques. Le cardinal Stickler nous la dit. Je l’ai déjà cité. Je veux le répéter ici. Il tombe à pic  : «   Ce texte (Ecclesia Dei Adflicta) adressé aux évêques, beaucoup plus libéral, nous permet de penser avec une confiance justifiée que, dans ses efforts pour rétablir l’unité de la paix, le pape ne reviendra pas sur ce qu’il a déjà fait mais qu’au contraire, il ira plus loin encore dans la voie amorcée, en particulier aux paragraphes 5 et 6 du Motu Proprio de 1988, pour instaurer une juste réconciliation entre la tradition inaliénable et un développement justifié par le temps ».

 

Vous le voyez le cardinal parle  de mesures prises par le pape « pour  rétablir l’unité de la paix ».

 

Je constate, là encore, que Mgr Fellay exprime la même pensée  que la cardinal Ratzinger,  que le cardinal Stickler et surtout que le pape.  Ne serait-ce pas alors grand temps de reconnaître cette identité de vue et de permettre à la FSSPX  de « normaliser » sa situation canonique… d’autant que le pape le souhaite vivement, veut même accueillir ces prêtres et qu’il est prêt à leur  laisser faire dans l’Eglise «  l’expérience de la Tradition ». Mais je crois me souvenir que c’était aussi le vœu le plus cher de Mgr Lefebvre. Que de fois a-t-il demandé instamment : « Très Saint Père, laissez nous faire l’expérience de la Tradition ».  Aujourd’hui, le pape le permet. Alors pourquoi attendre ?

 

 

E – la crainte d’une normalisation

 

Certains pourraient s’émouvoir à cette perspective de « normalisation ». « Nous ne pourrons plus  parler ». « Nous ne pourrons plus exprimer nos objections ». « Voyez comment s’exprime Mgr Fellay sur la nouvelle liturgie. Alors il ne  pourra plus le faire! »

 

Comment cela ! Je vois bien qu’il affirme que la célébration du nouveau rite a bien souvent nui à l’unité de l’Eglise. Qui pourrait le nier.

Il écrit : « . La messe de St Pie V possédait de nombreux éléments qui étaient de sûrs gardiens de l’unité ; tous ces éléments ont été mis de côté dans la nouvelle messe, créant la possibilité d’un immense désordre. Les ouvertures en faveur de la liberté sont tellement nombreuses dans la nouvelle messe ; prenez par exemple l’inculturation, les innovations laissées à l’arbitraire des différentes conférences épiscopales, et ainsi de suite… pour ne rien dire de l’énorme brèche causée dans l’unité par l’introduction de la langue vernaculaire. 

 

Et bien avec « le retour » dans le sein de l’Eglise, ( je mets le mot « retour » entre guillemet car c’est une façon très incorrecte de parler : nous n’avons jamais quitter l’Eglise. Les pères de Campos, à juste titre,  y ont fort insistés)  un tel langage serait impossible », disent certains !

 

Comment impossible ! Point du tout.

 

Là encore, sur ce problème de l’unité bien souvent « bafoué » par la célébration liturgique de la Nouvelle Messe,  je constate une identité de pensée entre le cardinal Ratzinger et Mgr Fellay.

 

Voyez !

 

Nous sommes toujours à Rome, toujours dans la même conférence du 24 octobre 1998, le cardinal Ratzinger aborde le même thème qu’ici Mgr Fellay. Il fait le même constat. Pas plus. Pas moins. Ses expressions sont peut être moins dures que celle de Mgr Fellay. – Il y a certainement un ton qu’il faudrait changer. Ce serait même heureux ! -  Mais c’est le même constat.  « Il faut dire ceci, dit le cardinal : l’espace libre, que le nouvel Ordo Missae donnes à la créativité est souvent élargi excessivement ; la différence entre la liturgie selon les livres nouveaux, comme elle est pratiquée en fait, célébrée en des endroits divers, est souvent plus grande que celle entre une liturgie ancienne et une liturgie nouvelle, célébrées toutes les deux selon les livres liturgiques prescrits. Un chrétien moyen sans  formation liturgique spéciale a du mal à distinguer une messe chantée en latin selon l’ancien Missel d’une messe chantée en latin selon le nouveau Missel ; par contre, la différence entre une liturgie célébrée fidèlement selon le Missel de Paul VI et les formes et les célébrations concrètes en langue vulgaire avec toutes les libertés et créativités possibles, - cette différence peut être énorme ».

 

Alors ce que le cardinal dit pour s’en plaindre et éventuellement le corriger, pourquoi je ne pourrais moi aussi le dire, « dans le cœur de l’Eglise ». La vérité peut toujours être dite. Avec bonté. Dans le salon de l’archevêché de Clermont la devise d’un des évêques de ce diocèse était : « Veritas in caritate ».  Encore une fois ce que dit Mgr Fellay, le cardinal Ratzinger l’a déjà dit. Pour qu’elle raison alors ce qui s’est dit sur « les marches » du palais,  ne pourrait pas se dire à « l’intérieur » ? (Pour s’exprimer un peu, comme les alsaciens qui parlent de « l’intérieur », pour parler de la France).  Où se trouverait l’impossibilité de le dire à « l’intérieur » ? Je ne vois pas !

 

F- Ma position dans ma « normalisation » : ma critique doctrinale du Concile reste identique.  

 

 

Enfin si ils  insistent  et si ils  continuent  toujours  à craindre de ne plus pouvoir parler en cas de  « normalisation » de leur  situation, je peux alors invoquer « ma déclaration » acceptée tout récemment par le cardinal Castrillon Hoyos, le 6 septembre 2004. Voilà ce que je dis au sujet de la messe :

 

« Quant à la défense la messe dite de saint Pie V à laquelle je me suis consacré et que le célèbre uniquement selon le droit  ( …selon le droit   cette expression est très importante pour moi  ) elle ne m’empêche nullement de reconnaître la validité du Novus Ordo Missae promulgué par le Pape Paul VI. Et pour dire précisément et théologiquement sur quoi repose ce qu’on a pu m’imputer : le NOM me paraît offrir moins de « garde-fous » au fait que certains célébrants aient pu le célébrer sans avoir l’intention de faire ce que fait l’Eglise ». 

 

Dés lors, je garde toute liberté de continuer, comme par le passé, à faire haut et fort  - c’est mon caractère  - mes critiques de fond contre la réforme liturgique, issue du Concile Vatican II., même contre certains enseignements du Concile lui-même. Je le précisais encore, hier, 27 septembre à Mgr Simon, dans son bureau de l’archevêché, alors qu’il me lisait la lettre d’approbation du cardinal... Je ne « retrouve » pas ma  chère Eglise  bien aimée, comme un chien « muet ». Je suis dans l’Eglise, comme je l’ai toujours été et Rome le reconnaît. Mgr Simon a même posé la question à « l’Officialité » de Lyon pour la question d’éventuels « censures » à mon endroit. Voilà bien trois ou quatre  mois déjà. Il n’a pas reçu de réponse sinon que l’acceptation de ma « déclaration » par le cardinal réglait « l’affaire ». Je répète les propos de mon archevêque entendus dans son bureau.  Rome, non plus,  ne m’a rien demandé de ce genre sinon  de reconnaître  la « validité » de la Nouvelle Messe. Voilà. Ce que nul d’entre « nous », fidèles à la pensée de Mgr Lefebvre, n’a jamais refusé de confesser. Comment, du reste, m’aurait-on, imposer le silence alors que les autorités ecclésiales elles-mêmes ne se gênent pas pour critiquer cette réforme liturgique ? Voyez sur mon site les critiques du cardinal Stickler ! Voyez les critiques du cardinal Ratzinger ! Voyez les critiques de Mgr Gamber, dont le livre « la Réforme liturgique en question », si critique, fut pourtant préfacé et par le cardinal Ratzinger et le cardinal Stickler. C’est bien la « Rome catholique » qui s’expriment en leurs enseignements.

Comment enfin serais-je tenu au silence alors que le pape lui-même vient de donner son aval au document de la Congrégation du culte divin « Redemptionis Sacramentum ». Non ! Je me suis engagé au respect, à  la courtoisie,  à la politesse, à la déférence. « In omnibus caritas » (St Augustin). Confesser la vérité, sans crainte et sans reproche,  réjouit mon âme. Mais être ou devenir le « Censeur de la Chrétienté », je craindrais de m’éloigner de la pensée de Mgr Lefebvre

 

G- l’unité de l’Eglise et la langue vernaculaire.  Le  latin. 

 

Mgr Fellay aborde le problème de la langue liturgique. Il affirme que le la langue vernaculaire n’ a nullement facilité l’unité, ni pastorale ni  l’unité tout court. Il affirme : « …pour ne rien dire de l’énorme brèche causée dans l’unité par l’introduction de la langue vernaculaire. « 

 

Mais le cardinal Stickler, - donnons lui la parole, il a tant fait  -, confesse la même plainte dans  la conférence qu’il donnait  en Autriche, en 1997 et avec quelle force d’argumentation et de conviction :  « Il faut bien voir que la raison (du maintien de la langue latine comme langue liturgique) n’est pas uniquement d’ordre cultuel, même si cet aspect est toujours mis en avant. C’est aussi une question de révérence, de crainte respectueuse : comme le voile  recouvre les vases sacrés, le latin sert de protection contre la profanation  - à la manière de l’iconostase des Eglises orientales derrière laquelle s’accomplit l’anaphore  - et aussi contre le danger de vulgariser, en utilisant la langue vernaculaire, toute l’action liée au mystère, ce qui se produit effectivement souvent de nos jours. Mais cela tient aussi à la précision du latin, qui sert comme nulle autre langue la doctrine dogmatiquement claire ; au danger d’obscurcir ou de fausser la vérité dans les traductions, ce qui d’ailleurs pourrait aussi porter gravement préjudice à l’élément pastoral, si important ; et aussi à l’unité qui est ainsi manifestée et renforcée dans toute l’Eglise ».

 

« Toujours du point de vue pastoral, l’abandon du latin comme langue liturgique, à l’encontre de la volonté expresse du Concile, engendre une deuxième source d’erreurs, plus grave encore : je veux parler de la fonction de langue universelle qu’assume le latin qui unit toute l’Eglise, justement dans le culte public, sans déprécier aucune langue vernaculaire vivante. Et précisément à notre époque où le concept d’Eglise qu’on voit se développer met l’accent sur l’ensemble du peuple de Dieu considéré comme Corps mystique, un, du Christ, aspect d’ailleurs toujours souligné  dans la réforme, il se fait  que, par l’introduction de l’usage exclusif des langues vernaculaires, et même de dialectes, l’unité de l’Eglise universelle est remplacée par une diversité d’innombrables chapelles populaires, jusqu’au niveau des communautés villageoises et églises paroissiales qui sont séparées les unes des autres par une véritable différence de tension naturelle qui, entre elles, est et ne peut qu’être insurmontable. D’un point de vue pastoral, comment alors un catholique peut-il retrouver sa messe dans le monde entier, et comment peut-on abolir les différences entre races et peuples dans  un culte commun, grâce à une langue liturgique sacrée commune, ainsi que l’a expressément souhaité le Concile, alors qu’il y a tant d’occasions, dans un monde devenu si petit, de prier ensemble ? Dans quelle mesure alors chaque prêtre a-t-il la possibilité pastorale d’exercer le sacerdoce suprême de la sainte messe n’importe où, surtout dans ce monde où les prêtres sont devenus si rares ? ».

 

Si donc des prélats comme le cardinal Stickler, comme le cardinal Ratzinger  - et je pourrais donner de nombreuses autres citations prises chez le cardinal Ratzinger., par exemple dans u n de ses derniers livres « Voici quel est notre Dieu »  édité chez Plon/Mame, il a tout un chapitre sur la liturgie. C’est dans le chapitre  III de la III partie, à la page 292-293. que vous  trouverez  cette question : « Faut-il de nouveau célébrer la messe en latin » -  regrettent la perte du latin comme langue exprimant et signifiant l’unité de l’Eglise , je ne peux qu’être conforté et m’approcher vers eux  pour leur dire : « je pense comme vous. Je peux vous aider à retrouver ce sens de l’unité de l’Eglise. Toutes nos « communautés traditionalistes »  y sont habituées ».  N’est-ce pas ce qui est contenu aussi dans la remarque de Mgr Fellay.

 

 

B -Alors finalement « accord » ou pas « accord » ?

 

Alors « accord » ou pas « accord » ?  On sent bien que Mgr Fellay  hésite encore. La chose, il est vrai, n’est pas facile à décider. Il n’y aura pas de cession de rattrapage me dit l’abbé Philppe Laguérie…C’est vrai  Et beaucoup apprécient cette « male » lenteur qui est « sagesse ».

Je m’unis à cette sagesse. Pour autant, il est connu de tous que je pousse pour aller de l’avant et  pour qu’un accord  soit au plutôt conclu. Je dis « sans trahison ».  Je veux dire : dans la mesure où « nous » ne cédons rien de notre critique doctrinale de l’œuvre conciliaire. - Je reste toujours fils de Mgr Lefebvre. J’ai du le préciser à Mgr Simon dans notre conversation du 27 septembre -.  Dans mon esprit, il s’agit pour moi, d’êtres reconnu comme « catholique » alors que je me  définis comme prêtres du « Syllabus ». C’est ainsi, du reste, que je présentais les prêtres du district de France au cardinal Gagnon, lors de sa visite apostolique en 1987. Ce qui semble enrager Henri Tincq. Dans son dernier papier du « Monde » sur l’affaire  « Saint Eloi », il a du prendre un coup de sang. Il devait avoir lu le site ITEM ! Mais il n’est pas le Magistère de l’Eglise. Je reste «  taquin », même au « sein » de l’Eglise. 

 

 Mgr Fellay reconnaît aussi « que ceux qui traitent avec nous au Vatican et qui aimeraient que nous signions un accord », sont «  emplis de bonne volonté à notre égard. ».

 

Mais les clauses de cet accord font reculer encore Mgr Fellay. Il le dit clairement et,  comme à son habitude, prend une image . cette fois l’image d’une soupe où l’on a mis un poison ». La mangerait-on ? Non point. Le Père Barbara, à l’époque, parlait de «  la barre de chocolat empoisonnée ». 

 

Mgr Fellay, après avoir posé le problème  à savoir que , pour lui :« cette crise a pour cause le Concile et les réformes post-conciliaires », et avoir dit que cette conviction très forte chez « eux », « n’est pas partagée au Vatican », il poursuit :

 

« ce qu’ils exigent de nous est une déclaration selon laquelle la nouvelle messe est valide, que le concile est un vrai concile de l’Eglise catholique, et ainsi de suite. Ces déclarations ne sont pas fausses en elles-mêmes, mais elles sont terriblement trompeuses. C’est comme si on nous présentait une soupe dans laquelle il y a une goutte de poison. Nous refusons de l’absorber. Rome insiste et nous dit : "Faisons la paix, mais vous devez au moins reconnaître que c’est bien de la soupe". Et nous répondons : "Nous savons que c’est de la soupe, mais que nous importe puisqu’elle est empoisonnée."
Si nous reconnaissions que c’est de la soupe, on pourrait en tirer demain la conclusion que nous devons néanmoins en manger, et c’est précisément ce que nous ne voulons pas faire. Nous ne voulons pas de compromis trompeur. Peu nous importe ce que les progressistes pensent de nous. Nous voulons plaire à Dieu et être fidèles à la foi de notre baptême. Nous voulons bien obéir à l’Eglise, mais évidemment avec une obéissance vraie qui nous mènera au ciel et non pas en enfer ».

 

Ainsi expliqué, on comprend naturellement la sagesse de la prudence épiscopale.

 

Mais je me permettrais de répondre si, dans l’accord, on prend les précautions pour se protéger de cette « goutte de poison », toutes les conditions de sagesse vue plus haut, (en A),  étant satisfaites, pourquoi ne pas conclure ? Ils nous demandent tous d’entrer. Ce pourrait être une « brèche » dans l’Eglise « conciliaire » !

 

Image pour image, si vous mettez le filtre pour ne pas avaler le moucheron, vous pouvez bien boire la soupe. Vous prenez des forces nécessaires pour poursuivre la route sans avaler le moucheron.

 

Or il me semble que dans la « déclaration » que j’ai proposée à la Congrégation du clergé et que le cardinal a accepté, se  trouve, en ce qui me concerne, le « filtre » du moucheron  ou le remède qui va annihiler la « perversité du poison ».  J’accepte les quatre points sur lesquels Rome insiste depuis toujours : l’autorité du pape, le concile œcuménique,  la validité de la messe nouvelle, une attitude respectueuse dans les conversations théologiques. Mais en même temps, je donne  le « sens » de mon acceptation. Et ces explications,   me semble-t-il,  me mettent à l’abri et du « moucheron » ou du « poison ».

 

Je  livre à la réflexion de mes  « confrères » et  à leurs autorités supérieures,  cette « déclaration ». .

 

 

 « Eminence

 

« Puisque vous voulez bien donner un cadre juridique à mon ministère et sachant les incompréhensions accumulées de part et d’autre entre les catholiques « traditionnels » et les « catholiques « conciliaires », il me semble nécessaire :

 

1° / Que je vous précise que vous recevez avec moi un de ces prêtres dont la force ou la faiblesse, selon les points de vue, est d’avoir réagi aux secousses de l’Eglise en se voulant fidèles à la Tradition, dans l’esprit du « Communitorium » de Lérins » 

 

C’est clair. Ceci pour préciser qu’il ne s’agit pas de la Tradition « vivante » dans la pensée du Père  de Lubac. Le communitorium de Lérins enseigne, en effet, qu’est de foi catholique ce qui  a été cru toujours, partout et par tous.

 

« De sorte que je vous demande de ne pas douter que je reconnais, si j’ose dire plus que quiconque, la charge que le Pape Jean-Paul II a reçu par mandat du Souverain Pasteur, de paître toutes les brebis et tous les pasteurs. Et que je lui dois, dès lors, respect et l’assurance de mes prières.

Lorsque je discute d’un certain nombre d’options théologiques, fussent-elles prises par le Concile œcuménique Vatican II, c’est avec et je dirais en raison d’un sur-respect, si vous m’accordez l’expression, de l’autorité légitimement engagée ».

 

Voilà pour le pape et le Concile œcuménique. Je crois que c’est clair.

 

« Quant à la défense la messe dite de saint Pie V à laquelle je me suis consacré et que le célèbre uniquement selon le droit  ( …selon le droit   cette expression est très importante pour moi  ) elle ne m’empêche nullement de reconnaître la validité du Novus Ordo Missae promulgué par le Pape Paul VI. Et pour dire précisément et théologiquement sur quoi repose ce qu’on a pu m’imputer : le NOM me paraît offrir moins de « garde-fous » au fait que certains célébrants aient pu le célébrer sans avoir l’intention de faire ce que fait l’Eglise ». 

 

Voilà pour la messe. Qui pourrait affirmer, ici, que je me suis réduit au silence et que, dès lors, je serais comme une « carpe muette »

 

« 2°/ Que dans les circonstances ecclésiales présentes, très préoccupantes pour tous les pasteurs et  tous les catholiques de l’Eglise de France du fait notamment de la pénurie extrême de prêtres, je m’engage spécialement à favoriser humblement un esprit de respect des personnes, de charité chrétienne et sacerdotale, de souci réel du bien commun pastoral, ayant très présent à l’esprit, pour ce qui concerne les légitimes discussions, l’adage de Saint Augustin : « In principiis unitas, in dubiis libertas, in omnibus caritas ».

 

Voilà pour les discussions théologiques. Ne trouvez-vous pas que ce principe augustinien est la règle de la sagesse ? C’est Rome qui me l’a proposé.

 

Je pense que tout prêtre de la FSSPX  aurait pu signer le texte présent que j’ai signé. C’est une étape. Mais bien sur, comme catholique, il est clair que  je n’ai qu’une déclaration à faire : celle de ma profession de foi, celle du Credo de Nicée, que depuis mon baptême, grâce à mes parents et mes parrain et marraine, j’ai toujours confessé.  Mgr Simon était d’accord.

 

En tout cas, à titre d’étape, voilà la déclaration que j’ai signée et qui fut adressée au cardinal et dont je viens d’avoir confirmation de son acceptation par lettre du 6 septembre 2004 de Mgr Simon. : « il me dit accueillir favorablement l’envoi de votre « déclaration ».