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Un regard sur le monde  politique et religieux

                       Au 5 juillet 2005

 

N°49

Par Monsieur l’abbé Paul Aulagnier

 

 

La République Islamique d’Iran.

Un nouveau défi pour l’Occident.

 

Par Houchang Nahavandi

 

 

Ancien  recteur des universités de Shiraz et de  Téhéran, Houchang Nahavandi  fut dans les gouvernements du Shah d’Iran, le ministre du développement ainsi que de l’enseignement supérieur et des sciences.
Courageusement et lucidement, il ne déguisait point au Shah d’Iran son inquiétude devant les menaces grandissantes que ne con jurait point un régime reculant devant les mesures et les réformes nécessaires.

Auteur de quatorze ouvrages de sciences économiques, il est docteur «  honoris causa » de prestigieuses universités américaines (Utah, George Washington). Il est un admirable illustrateur de la culture française : correspondant de l’Institut, lauréat de l’Académie française (grand prix du rayonnement de langue française en 1992)

Ses livres sur la révolution iranienne allient à la connaissance la plus précise de la politique, des idéologies, des hommes et des faits, la clarté de l’exposé et le don d’une narration captivante. Citons ici : « Iran, deux rêves brisés (Albin Michel ; « le dossier noir de l’intégrisme islamique (Nouvelles éditions Debredsse) ; « Carnets secréts : chute et mort du Shah (Editions Osmondes) ; Iran, anatomie d’une révolution publié par la Revue universelle des faits et des idées et enfin « La révolution iranienne, vérités et mensonges (Ed. L’Age  d’Homme)

 

Passionnément fidèle à sa patrie pour laquelle il souffre,  dans son exil, cet Iranien, héritier culturel de l’immense civilisation perse, est aussi simultanément un défenseur et un illustrateur de la culture française.

 

« Reconquète , la brillante revue de « Renaissance Catholique »,  dans son numéro de juin juillet 2005, vient de publier, de lui, un excellent article qu’avec l’autorisation  de la rédaction, je suis heureux de porter aujourd’hui à votre connaissance. La présentation de cet écrivain est de Bernard Antony.

Cet article est passionnant surtout par la justesse de ses arguments. Les récents événements depuis l’élection  présidentielle, avec Ahmadinejab,  le prouvent  à l’évidence.

 

 

« Le 12 mai dernier, la république islamique d’Iran a confirmé officiellement qu’elle entendait reprendre ses « activités nucléaires sensibles », autrement dit le processus d’enrichissement d’uranium à des fins militaires, donc sans contrôle international. Cette annonce  faites au moment même où se tenait à New York et sous l’égide des Nations Unis une conférence de 188 pays signataires du traité de non prolifération nucléaire afin d’en évaluer le bilan de l’application, semble devoir marquer une nette volonté de rupture ou tout au moins celle de faire monter les enchères de la part du régime de Téhéran Elle ne devrait guère être traitée, croyons-nous, comme une décision conjoncturelle, la recherche d’un effet d’annonce à des fins de politique intérieure, mais étudiée dans une perspective régionale et géopolitique et une opinion stratégique pour la survie du régime islamiste.

 

Cette annonce constitue aussi un revers, voire un camouflet, pour la « diplomatie européenne ». Il y a d’un an, en effet, Londres, Paris et Berlin avaient cru avoir réglé la question par un accord avec Téhéran. Cet accord évitait à ce dernier toute sanction pour la violation du traité de non prolifération et lui faisait surtout gagner quelques précieux mois. Gagner du temps et éviter des vagues constituent la technique préférée des dirigeants de la république islamique en la matière. Aujourd’hui, il ne fait plus de doute que cet accord présenté comme une première victoire de la « diplomatie communautaire européenne » n’était qu’une duperie. D’ailleurs beaucoup de ses artisans, côté européen l’admettent en privé.

 

 

Jeu de politique intérieure iranienne ?

 

En ce mois de mai et jusqu’au 17 juin, l’Iran, disent un certain nombre « d’observateurs » européens, est en « campagne électorale » pour la désignation du nouveau président de la République. La décision du 12 mai, ajoutent-ils, devrait être analysée dans ce contexte.

Ces « observateurs » très écoutés par les  chancelleries, mais surtout proches de quelques grandes sociétés multinationales engagées dans des opérations plus ou moins opaques avec Téhéran, se trompent, et trompent  surtout l’opinion :

 

1-     Ce scrutin présidentiel n’est pas libre comme on l’entend habituellement en Occident. Parmi ceux qui se présentent actuellement comme candidats un nombre restreint (trois en principe) sera sélectionné par le pouvoir. Seuls les « élus » auront le droit de participer au scrutin. L’opinion politique n’existe pas dans  le régime islamiste. Les opposants, les vrais, sont en prison, en exil ou ont tout simplement été liquidés. La « bataille » entre « réformateurs » et « conservateurs » est surtout une fiction destinée à l’opinion internationale. Des rivalités à l’intérieur du pouvoir ne devraient pas être prises pour une authentique confrontation politique sur des options différentes.

2-      Quelle que soit l’issue du « jeu de rôles » du 17 juin, l’ « élu » n’aura aucun pouvoir réel. Le pouvoir est en fait, et constitutionnellement, exercé par le « guide de la révolution », Ali Khaménéi, entouré d’un nombre restreint de personnes. Les options stratégiques du pouvoir islamiste ne dépendent  guère des résultats d’une élection assez fictive. Depuis un quart de siècle, l’Iran post-révolutionnaire a connu des élections tous les quatre ans, rien n’a changé fondamentalement en ce qui concerne la nature du régime et ses méthodes. Il en sera de même cette fois.

Il faudra donc pousser l’analyse plus loin.

 

La politique nucléaire de la Monarchie.

 

Le regroupement des informations disponibles et des témoignages venus de l’intérieur de l’Iran ne laisse aucun doute : le processus de fabrication des engins nucléaires opérationnels est très avancé.

 

Les pays européens ont fait preuve d’une déconcertante naïveté en faisant semblant de croire à la bonne volonté du régime de Téhéran et à sa renonciation de circonstance destinée à empêcher une condamnation internationale.

La République islamique y travaille depuis plus de quinze ans.

 

Déjà, sous la Monarchie, cette option avait été envisagée. Quatre grandes centrales  nucléaires civiles étaient en construction. Elles devaient permettre le début d’une grande indépendance énergétique de l’Iran par rapport au pétrole. C’était l’objectif recherché. Les moyens techniques et financiers de notre pays et surtout la qualité exceptionnelle de ses élites le permettaient. Mais après mûres réflexions, le Shah Mohamed Reza Pahlavi avait pris la décision d’écarter l’option de l’utilisation militaire de l’énergie nucléaire. Et la diplomatie iranienne avait, dès lors, proposé avec insistance la dénucléarisation de la région, ce à quoi les Etats-Unis et Israël étaient t opposés.

 

Le Shah avait néanmoins demandé que l’Iran se préparât à envisager cette option militaire, si l’intérêt national et la sécurité du pays l’exigeaient et les choses en étaient restées là. C’était la voie de la sagesse.

 

L’exemple de la Corée du nord.

 

Sur le plan des principes, les Iraniens seraient en droit de dire pourquoi l’Inde, le Pakistan et Israël, pour ne parler que des pays de la région, pourraient en posséder et non leur pays. La fierté nationale en serait flattée.

 

Si l’Iran était un pays « normal », un Etat responsable, respectueux du Droit international et de ses règles fondamentales, je serais le premier à approuver cette volonté. La France et la Grande Bretagne possèdent bien des armes nucléaires et elles ne menacent guère la paix dans le monde ni aucun pays voisin. Tel n’est malheureusement pas le cas pour le régime de Téhéran.

 

C’est là que réside la naïveté, ou l’hypocrisie de certaines puissances occidentales. Il n’a y a pas de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Des intérêts commerciaux à court terme et, parfois, un anti-américanisme primaire, expliquent cette attitude qui serait suicidaire à long terme.

L’Iran n’est actuellement menacé par aucun de ses voisins. A l’inverse de ce qui se dit parfois, le régime actuel n’a aucune intention de se servir de son éventuel arsenal nucléaire pour frapper Israël. Les déclarations faites dans ce sens par tel ou tel responsable du régime sont uniquement destinées à l’opinion des pays musulmans irritée, à juste titre, par la situation actuelle en Palestine.

 

D’ailleurs pour des raisons historiques et culturelles, l’antisémitisme et même le sentiment d’hostilité à l’égard d’Israël, pays dans lequel la communauté d’origine iranienne est exceptionnellement prospère, sont des sentiments totalement étrangers à nos traditions et seraient inacceptables pour l’opinion. L’Iran n’a aucun contentieux propre avec Israël. Ceux qui dirigent actuellement l’Iran ont beaucoup de défauts, sont souvent des criminels contre l’humanité, mais ne sont pas fous au point de se lancer dans une inconvenable aventure nucléaire.

 

Les efforts actuels en vue de posséder un arsenal nucléaire sont exclusivement destinés à acquérir une assurance de pérennité ou au moins de durée. C’est une politique de sanctuarisation, un moyen de pouvoir faire durer, dans l’impunité, le régime actuel qui est honni par les Iraniens et constitue un danger pour la région. L’objectif est de rendre le régime islamiste intouchable, comme la Corée du Nord.

C’est là que réside le vrai danger.

 

Alors que faire ?

 

Une intervention militaire ?

 

L’Iran n’est ni l’Irak, ni l’Afghanistan. Et même dans ces deux pays, surtout le dernier, le recours aux armes est loin d’avoir été un succès.

 

Une  guerre contre l’Iran nécessiterait des moyens colossaux, sans  commune mesure avec ceux engagés contre l’Irak avec les résultats que l’on constate chaque jour.

Une telle aventure unifierait les Iraniens contre l’envahisseur quel qu’il  soit. Cela serait un désastre et heureusement personne n’y songe.

 

Aux Etats-Unis de nombreux responsables sont  conscient que beaucoup d’Iraniens, surtout les jeunes, ont oublié la néfaste politique de l’administration Carter qui a propulsé Khomeyni et promu la révolution islamiste.

 

L’Amérique bénéficie actuellement  d’un grand capital de sympathie chez de nombreux Iraniens de l’intérieur, ce qui n’est pas le cas dans les pays voisins. Une intervention militaire contre l’Iran, inconcevable, ferait perdre ce capital que Washington ne devrait pas, et ne voudrait sans doute pas perdre.

La position d’opposition actuelle des Etats-Unis contre le régime de Téhéran est pour les américains la plus rentable. Elle constitue un véritable atout pour leur diplomatie.

 

Une « frappe chirurgicale » préventive contre certaines installations nucléaires ?

 

Selon la presse, on l’envisagerait parfois à Washington et on y penserait plus sérieusement en Israël.

 

Ces installations sont disséminées dans les tissus urbains parfois à proximité relative de certains monuments historiques protégés par la communauté internationale. Les dégâts collatéraux seront ruineux.

 

D’ailleurs, l’Iran possède des moyens d’éviter la surprise et de se défendre même si son armée n’est pas ce qu’elle était sous la Monarchie.

Dans ce cas aussi, l’unanimité nationale sera immédiate contre l’agresseur, le régime s’en trouverait renforcé et l’opération serait hautement contre-productive.

 

Une condamnation politique, des sanctions économiques, un blocus ?

 

Si un arrangement rapide avec le régime de Téhéran, dont la seule tactique est de tergiverser, n’intervient pas, l’affaire pourrait être portée devant le conseil de sécurité des Nations Unies.

 

Une condamnation politique du régime, assortie de quelques mesures ponctuelles  - restriction de crédits à l’Etat islamiste, limitation des contrats d’Eta  - pourrait constituer un sérieux avertissement au pouvoir et un message envoyé à l’opinion iranienne signifiant que la Communauté internationale la soutient, enfin, face à un régime liberticide et totalitaire.

 

Cette condamnation et ces mesures fortes mais ponctuelles, et non un blocus économique qui gênerait davantage la majorité de la population que les dirigeants du régime, devraient surtout précéder et accompagner la seule politique vraiment rationnelle et efficace : aider à l’évolution du régime et surtout appuyer ceux  qui, à l’intérieur comme à l’extérieur, le combattent.

 

Certaines puissances européennes font actuellement beaucoup d’efforts sous prétexte qu’une telle attitude contribuerait à son évolution. Des milliards et des milliards prodigués aux nazis et aux communistes ont-ils contribué à l’évolution de ces régimes criminels et totalitaires ? On invoquerait les mêmes prétextes.
On sait, pourtant, en Occident, que ce régime est indéfendable, que l’islamisme radical n’est pas plus réformable que ne l’était le bolchevisme. On l’avoue en privé. Mais on continue de vendre la corde avec laquelle…

 

Les Américains ont, pour le moment, une attitude différente, mais agissent avec une déconcertante méconnaissance de l’histoire de l’Iran et de la psychologie des Iraniens. Après presque  deux siècles de relations parfois très  proches et amicales, et malgré la masse de « renseignements » qu’ils possèdent, sans doute, sur ce pays, ils ne « connaissent » pas l’Iran.

 

L’Iran, j’en suis convaincu, pourrait rapidement évoluer, et les Iraniens reprendre leur destin en main. Jamais depuis plus d’un quart de siècle, la situation n’a été aussi mûre. Guéris de l’islamisme, dégoûtés de la théocratie et du totalitarisme clérical, les Iraniens, dans leur immense majorité, aspirent à une société laïque ; donc une véritable séparation de l’Islam et de l’Etat, à l’instauration d’un régime politique adapté à leurs traditions et à leur histoire millénaires où les libertés fondamentales et les droits humains seraient garantis et respectés.

L’appui politique et moral de la communauté internationale, et non point une ingérence qui ne sera pas tolérée, confortera et accélérera cette évolution.

L’Iran redeviendra, dès lors, une puissance responsable et pacifique. Dans son propre intérêt, il renoncera aux armes nucléaires, dont il n’a guère besoin dans la situation internationale actuelle puisqu’il n’est l’objet d’aucune menace extérieure.

Le jour où l’Iran redeviendra iranien, la principale base de terrorisme islamiste et du prosélytisme révolutionnaire disparaîtra. Les Iraniens reprendront le chemin du progrès et le monde respirera mieux.

Ce n’est pas un vœu pieux. C’est une opportunité qui s’offre sérieusement au monde et qu’il faudrait saisir d’urgence.

 

Houchang Nahavandi.

 

 

B- Au sujet du nouveau président de l’Iran, 

Ahmadinejab

 

Au fil de notre lecture, nous aurons remarqué le jugement de Houchang Nahavandi sur ls hommes politiques qui ont le pouvoir politique dans ce pays.
Je me permets de les reprendre ici.

 

Notre auteur a fait  remarquer :

 

- premièrement :

« Ce scrutin présidentiel n’est pas libre comme on l’entend habituellement en Occident. Parmi ceux qui se présentent actuellement comme candidats un nombre restreint (trois en principe) sera sélectionné par le pouvoir. Seuls les « élus » auront le droit de participer au scrutin. L’opinion politique n’existe pas dans  le régime islamiste. Les opposants, les vrais, sont en prison, en exil ou ont tout simplement été liquidés. La « bataille » entre « réformateurs » et « conservateurs » est surtout une fiction destinée à l’opinion internationale. Des rivalités à l’intérieur du pouvoir ne devraient pas être prises pour une authentique confrontation politique sur des options différentes »

 

- deuxièmement :

 

« Quelle que soit l’issue du « jeu de rôles » du 17 juin, l’ « élu » n’aura aucun pouvoir réel. Le pouvoir est en fait, et constitutionnellement, exercé par le « guide de la révolution », Ali Khaménéi, entouré d’un nombre restreint de personnes. Les options stratégiques du pouvoir islamiste ne dépendent  guère des résultats d’une élection assez fictive. Depuis un quart de siècle, l’Iran post-révolutionnaire a connu des élections tous les quatre ans, rien n’a changé fondamentalement en ce qui concerne la nature du régime et ses méthodes. Il en sera de même cette fois »

 

- troisièmement :

 

« Ceux qui dirigent actuellement l’Iran ont beaucoup de défauts, sont souvent des criminels contre l’humanité, mais ne sont pas fous au point de se lancer dans une inconvenable aventure nucléaire ».

 

L’élection  du nouveau président Ahmadinejab semble bien confirmer cette analyse : « Ceux qui dirigent actuellement l’Iran …sont souvent des criminels contre l’humanité… »

 

 

Deux articles de la grande presse, un de « Présent » et l’autre  du « Figaro » semblent justifier une telle affirmation.

 

1- Voici l’article de « Présent » du  Samedi 2 juillet :

 

« Le nouveau président Ahmadinejab serait un ancien preneur d’otages !

 

« Dès que j’ai vu sa photo dans le journal, j’ai su que c’était bien lui le salaud (…) C’était lui l’un des deux ou trois chefs. » Aujourd’hui à la retraite et âgé de 73 ans, le colonel Charles Scott est formel : « Le nouveau président est un terroriste. »

 

Elu il y a une semaine à la tête de l’Iran, le maire de Téhéran, Mahmoud Ahmadinejab a ainsi été formellement reconnu par plusieurs anciens otages de l’ambassade américaine de Téhéran qui, à compter du 4 novembre 1979, avait vécu un calvaire de 444 jours aux mains des étudiants islamiques et des « Pasdarans », les sinistres « Gardiens de la Révolution », voulant faire payer au « Grand Satan » son soutien passé au régime du Shah.

 

« C’était un personnage dur et cruel. C’était l’un de ceux qui menaient les interrogatoires », a renchéri Donald Sharer, un officier de marine à la retraite, à 64 ans, qui explique : « Quand vous êtes dans une telle situation avec votre vie en danger, vous vous rappelez parfaitement d’avoir  été traités de cochons et de chiens méritant d’être enfermés pour toujours ».

Si ces témoignages recueillis et publiés jeudi par Washington Times puis par CNN devaient s’avérer exacts, ils constitueraient un véritable « casus belli » supplémentaire entre l’Iran et les Etats-Unis, où personne n’a oublié l’humiliation alors subie et l’on peut compter sur la détermination des  Etats-Unis pour traquer cet ancien preneur d’otages partout sur la scène internationale.

Ces révélations ont été cependant aussitôt démentis, à Téhéran, par les autorités iraniennes passées maîtres dans l’art du double langage. Mais ce scandale ne fait sans doute que commencer. Ces accusations « soulèvent de nombreuses questions sur le passé » du président Ahmadinejab, a observé le président W. Bush en annonçant que les autorités américaines s’évertuaient de vérifier ces informations gravissimes, avant de conclure : « Pour l’heure, je n’ai pas  d’information » pour confirmer ou démentir, « mais je suis sûr que l’on saura ».

 

Plusieurs autres ex-otages américains ont en effet confirmé les premières accusations lancées contre Ahmadinejab, le nouveau chef de l’Etat qui n’a jamais caché avoir été membre  - au lendemain de la Révolution islamique de février 1979  - des unités spéciales des « Gardiens de la Révolution » qui faisaient alors régner la terreur à Téhéran.

William Daugherty se dit ainsi « sûr à 99% » que le nouvel homme fort  de l’Iran a bel et bien participé à cette odieuse prise d’otages, dont il fut même l’un des organisateurs. « Pendant les eux premières semaines de notre captivité, a-t-il raconté sur CNN, c’était un responsable. Il était là au début. Il venait interroger les gardes et contrôlait nos geôliers ».

 

« C’était l’un de ceux qui m’ont personnellement interrogé le jour où nous avons été capturés », se souvient même Kevin Hermening, un des marines qui gardaient l’ambassade américaine et fut le plus jeune des otages.

 

Des témoignages pour le moins troublant et qui, en dépit des dénégations de son entourage, éclairent d’un jour nouveau les déclarations à l’emporte-pièce faites dès le week-end dernier par l’ancien maître de Téhéran qui, avant de faire une carrière politique, a fait une carrière de « révolutionnaire professionnel  et de preneur d’otages ».

 

Le nouveau président Ahmadinejab ne déclarait-il pas dimanche dernier : « Nous n’avons pas besoin de relations avec les Etats-Unis » Avant d’ajouter dès le lendemain que son élection à la tête de l’Etat équivalait à « une nouvelle Révolution islamique » en Iran. L’ancien maire de Téhéran ayant fait campagne en faveur des pauvres et des déshérités ne croyait pas si bien dire… avant d’être démasqué comme preneur d’otages ».   Yves Brunaud Présent 2 juillet 2005)

 

 

2- Voici maintenant l’article du Figaro.

 

Le président iranien accusé d'avoir participé à des assassinats d'opposants
Nouvelles révélations embarrassantes pour Ahmadinejad

 

 

Mahmoud Ahmadinejad n'aura guère eu le temps de célébrer son accession à la présidence iranienne, le 24 juin dernier. A peine élu, l'ancien maire conservateur de Téhéran doit faire face à une avalanche d'accusations sur son passé. Déjà cité à propos de la prise d'otages de l'ambassade américaine à Téhéran en 1979-1980, son nom apparaît aujourd'hui dans une sombre affaire de meurtres d'opposants, commis à Vienne le 13 juillet 1989.


Ce jour-là, des tueurs encagoulés assassinent trois opposants kurdes, dont Abdul Rahman Ghassemlou, alors dirigeant du Parti démocratique du Kurdistan d'Iran (PDF-I) et professeur d'économie à Prague. Les services secrets iraniens sont soupçonnés, mais l'affaire est étouffée. Du moins jusqu'à l'arrivée au pouvoir la semaine passée de Mahmoud Ahmadinejad, et les révélations en série sur son passé sulfureux de jeune pasdaran (gardien de la révolution).


Samedi, le ministère autrichien de l'Intérieur a annoncé détenir des documents remis par le porte-parole du mouvement écologiste autrichien, Peter Pilz. Ce dernier aurait obtenu d'un informateur «absolument digne de foi» des informations compromettantes sur Ahmadinejad. D'après cette mystérieuse source, baptisée «témoin D», mais qui serait en fait un journaliste iranien établi à Paris, Ahmadinejad était le chef d'un des deux commandos envoyés à Vienne pour éliminer Ghassemlou. Il aurait récupéré des armes auprès de l'ambassade iranienne en Autriche, puis s'y serait réfugié, avant d'être tranquillement exfiltré grâce aux pressions exercées par Téhéran sur le gouvernement du chancelier social-démocrate Frantz Vranitsky.


Selon Peter Pilz, «D» aurait recueilli en 2001 les confidences d'un ancien membre du commando, sans doute désireux de négocier un sauf-conduit en Occident. «Ahmadinejad est soupçonné de meurtre et devrait faire l'objet d'un mandat d'arrêt international», martèle le porte-parole des Verts, au grand embarras des autorités autrichiennes, désireuses de normaliser leurs relations avec l'Iran après la visite, ce printemps, du président sortant Mohamad Khatami à Vienne.


A la lumière de ces nouveaux éléments, le parquet de Vienne pourrait rouvrir l'enquête close en 1989. «Jusqu'à présent, nous n'avons pas reçu de demande officielle (en ce sens), précise le porte-parole du ministère, le major Rudolf Gollia. Mais cela ne signifie pas que ce ne pourrait pas être le cas à l'avenir.» Vendredi, le quotidien tchèque Pravo citait un autre opposant kurde, Hossein Yazdan Panah, selon lequel Ahmadinejad, au sein des gardiens de la révolution, était particulièrement chargé des opérations coups de poing à l'étranger. Démenties par les mollahs, ces accusations ont pour effet d'accroître la pression sur le nouveau président Iranien, alors que diplomates européens et iraniens doivent se retrouver à la fin du mois pour reprendre de délicates négociations au sujet du programme nucléaire de Téhéran ».