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Un regard sur le monde
politique et religieux
au 6 mars 2009
N° 206
Par Monsieur l’abbé Paul Aulagnier
De la « judaïsation » de l’Eglise catholique
Richard Prasquier, le président du Conseil représentatif des
institutions juives de France (le CRIF) fut interviewé, le matin du 2 mars 2009
, sur France-Info, vers 8h15, à l’occasion de la tenue, ce jour, de leur grand repas annuel où toutes les
personnalités politiques de France, de Droite ou de Gauche, et religieuses sont
invitées. Toutes se font « honneur » d’y assister. Il affirma que le Président de
Ce qui est sur, c’est que le CRIF et son président attachent une importance considérable à cette
« déclaration »
conciliaire Nostra aetate. La refuser c’est refuser l’évolution qu’a voulu le
Concile. Ce qui est absolument condamnable et condamné, je vous prie, par M Richard
Prasquier.
Ces propos m’ont donnait envie de relire le texte.
Le Judaïsme est l’objet du 4éme
chapitre de
Fixons notre attention sur le chapitre 4, sur le Judaïsme.
En voici le texte. On ne pourra pas dire que les fidèles de
Rolleboise ne connaissent pas les textes du Concile et qu’ils critiquent sans
savoir.
« Scrutant le mystère de l'Eglise, le
Concile rappelle le lien qui relie spirituellement le peuple du Nouveau
Testament avec la lignée Abraham.
L'Eglise du Christ, en effet,
reconnaît que les prémices de sa foi et de son élection se trouvent, selon le
mystère divin du salut, dans les patriarches, Moïse et les prophètes. Elle
confesse que tous les fidèles du Christ, fils d'Abraham selon la foi (6), sont
inclus dans la vocation de ce patriarche et que le salut de l'Eglise est
mystérieusement préfiguré dans la sortie du peuple élu hors de la terre de
servitude. C'est pourquoi l'Eglise ne peut oublier qu'elle a reçu la révélation
de l'Ancien Testament par ce peuple avec lequel Dieu, dans sa miséricorde
indicible, a daigné conclure l'antique Alliance, et qu'elle se nourrit de la
racine de l'olivier franc sur lequel ont été greffés les rameaux de l'olivier
sauvage que sont les Gentils (7). L'Eglise croit, en effet, que le Christ,
notre paix, a réconcilié les Juifs et les Gentils par sa croix et en lui-même
des deux a fait un seul (8).
L'Eglise a toujours devant les yeux
les paroles de l'apôtre Paul sur ceux de sa race "à qui appartiennent
l'adoption filiale, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les
promesses et les patriarches, et de qui est né, selon la chair, le Christ"
(Romains, 9, 4-5), le fils de
Au témoignage de l'Ecriture sainte,
Jérusalem n'a pas reconnu le temps où elle fut visitée (9); les Juifs, en
grande partie, n'acceptèrent pas l'Evangile, et même nombreux furent ceux qui
s'opposèrent à sa diffusion (10). Néanmoins, selon l'Apôtre, les Juifs restent
encore, à cause de leurs pères, très chers à Dieu, dont les dons et l'appel
sont sans repentance(11). Avec les prophètes et le même Apôtre, l'Eglise attend
le jour, connu de Dieu seul, où tous les peuples invoqueront le Seigneur d'une
seule voix et "le serviront sous un même joug" (Sophonie, 3,
9) (12).
Du fait d'un si grand patrimoine
spirituel, commun aux chrétiens et aux Juifs, le Concile veut encourager et
recommander entre eux la connaissance et l'estime mutuelles, qui naîtront
surtout d'études bibliques et théologiques, ainsi que d'un dialogue fraternel.
Encore que des autorités juives,
avec leurs partisans, aient poussé (en
latin : urserunt)à la mort du Christ (13), ce qui a été commis durant
sa passion ne peut être imputé ni indistinctement à tous les Juifs vivant
alors, ni aux Juifs de notre temps. S'il est vrai que l'Eglise est le nouveau
peuple de Dieu, les Juifs ne doivent pas, pour autant, être présentés comme réprouvés
par Dieu ni maudits, comme si cela découlait de
En outre, l'Eglise qui réprouve
toutes les persécutions contre tous les hommes, quels qu'ils soient, ne pouvant
oublier le patrimoine qu'elle a en commun avec les Juifs, et poussée, non pas
par des motifs politiques, mais par la charité religieuse de l'Evangile,
déplore les haines, les persécutions et toutes les manifestations
d'antisémitisme, qui, quels que soient leur époque et leurs auteurs, ont été
dirigées contre les Juifs.
D'ailleurs, comme l'Eglise l'a
toujours tenu et comme elle le tient, le Christ, en vertu de son immense amour,
s'est soumis volontairement à la passion et à la mort, à cause des péchés de
tous les hommes et pour que tous les hommes obtiennent le salut. Le devoir de
l'Eglise, dans sa prédication, est donc d'annoncer la croix du Christ comme
signe de l'amour universel de Dieu et comme source de toute grâce. »
Rome,
près Saint-Pierre, le 28 octobre 1965.
(6) Cf. Gal.,
3, 7. ; (7) Cf.
Il faut savoir l’histoire de ce texte.
A- De
l’influence des Organisations Juives sur le Concile
Ralph M. Wiltgen, S.V.D, nous l’explique dans son ouvrage traduit
par M Louis Salleron : « Le Rhin se jette dans le Tibre » (Ed du
Cèdes). Les considérations qui suivent sont tirées de ce livre : p164-172.
Il eut une première déclaration sur les Juifs votées par les Pères
conciliaires, le 20 novembre 1964. 1650 Pères conciliaires votèrent
« oui », 242 votèrent « oui » avec réserves, contre 99
« non ». Mais ce texte ne fut pas ratifié par le pape Paul VI à la
suite de la réaction des Etats musulmans. Le président indonésien Soekarno vint rendre visite au Pape et
attira son attention sur les conséquences très graves que ce vote aurait pour
l’Eglise catholique en pays musulmans en ce qui concerne ses missions et œuvres
d’enseignement, etc.
La déclaration fut de nouveau révisée entre la troisième et la
quatrième session par suite des interventions du Cardinal Bea, d’origine juive.
Pendant la quatrième session, à la mi
octobre 1965, 1763 Pères conciliaires exprimèrent leur satisfaction pour la
façon dont les « modi »
avaient été incorporés dans le texte et 250 se déclarèrent insatisfaits. Le
texte fut alors renvoyé au Souverain Pontife qui décida qu’il serait
définitivement mis aux voix, le 26 octobre, en séance publique. Le résultat du
vote donna 2221 voix pour et 88 contre. Le Pape promulgua aussitôt la
déclaration.
Il faut noter que
Parmi ces propositions et ces interventions juives,
rappelons notamment celles-ci :
1) Ralph Wiltgen, fondateur et directeur d'une agence de
presse du Concile rapporte que le 12 novembre 1963, il organisa une conférence
de presse pour M. Schuster,
directeur pour l'Europe de « l'American Jewish Committee » (le comité juif
américain).
Ce dernier affirma que la distribution du projet ayant donné
lieu à la déclaration du 20 novembre 1964, qui finalement ne fut pas adoptée
par Paul VI (comme nous venons de le dire) sur les relations entre Catholiques
et Juifs était « sans conteste l'un des plus grands moments de l'histoire juive ».
Il ne doutait pas que « les Juifs de cette génération s'estimeraient heureux d'avoir été les
témoins de cette mesure historique prise par l'Église ». Il
était spécialement satisfait de ce que le document comportât «
un rejet catégorique du mythe de la culpabilité des Juifs dans
2) Ralph Wiltgen rapporte également (op. cit., p. 169)
que le 31 août 1964, deux semaines avant l'ouverture de la troisième session du
Concile, il reçut la visite de M.
Lichten, directeur du département des affaires interculturelles de « l'Anti-Defamation League of B'nai B'rith ».
« Celui-ci était fort inquiet de ce que la phrase qui disculpait les Juifs de
Ces demandes
prouvent l'importance que les groupements juifs internationaux attachaient au
Concile Vatican II. Les déclarations
de M. Richard Prasquier, le
président du Conseil représentatif des institutions juives de France (le Crif)
le confirme amplement, quelques années
après. C’était le 2 mars 2009.
B- De la
« purification de l’Eglise par
(1) les considérations qui suivent sont tirées du livre
« Dieu est-il antisémite » de Le Caron de Choqueuse que j’ai publié
lorsque j’étais aux affaires de Fideliter.
Dans son excellente brochure publiée en 1965: « Le
problème juif face au Concile », M. Léon de Poncins a démontré que le
vote des Pères conciliaires, « sous une apparence innocente d'unité
œcuménique, de charité chrétienne, de filiation spirituelle commune, de
réconciliation des Églises avait une portée très grave car il revient à dire
que depuis deux mille ans, l'Église s'est trompée, qu'elle doit faire amende
honorable et réviser son attitude à l'égard des Juifs ».
Ce vote, précise
M. de Poncins, donnait satisfaction aux campagnes tenaces menées ces dernières
années par les porte-parole de grandes organisations internationales juives
(les B'nai B'rith, le Congrès juif mondial, etc..) en vue « du
redressement et de la purification de l'enseignement chrétien vis-à-vis du
Judaïsme ».
Cette prétendue « purification » de l'Église catholique par
1- Un
syncrétisme religieux
Cette tentative ne date pas d'aujourd'hui, mais nous ne
citerons que des textes importants qui remontent au xixème et au xxème
siècle.
« L'Alliance
israélite universelle, écrivait Benjamin Crémieux, son fondateur, commence
à peine (1861) et déjà son influence salutaire se fait sentir au loin... Elle
ne s'arrête pas à notre culte seul, elle s'adresse à tous les cultes. Elle
veut pénétrer toutes les religions, comme elle pénètre dans toutes les
contrées. Que les hommes éclairés, sans distinction de culte, s'unissent
dans cette association israélite universelle, dont le but est si noble, si
largement civilisateur. Donner une main amie à tous ces hommes qui nés dans une
autre religion que la nôtre nous tendent leur main fraternelle, reconnaissent
que toutes les religions dont la morale est la base, dont Dieu est le sommet,
doivent être amies entre elles, faire ainsi tomber les barrières qui séparent ce
qui doit se réunir un jour, voilà, messieurs, la belle, la grande mission de notre Alliance Israélite
Universelle » ([1]).
Dans ce programme de syncrétisme religieux, qui date de 1861, on retrouve la même idée que celle énoncée par les Loges maçonniques.
« Il y a une religion universelle, professait déjà le Grand
Orient au milieu du xix° siècle, qui
renferme toutes les religions particulières
du Globe, c'est celle que nous professons » ([2]).
2- Une
domination de l’Eglise
Mais ce syncrétisme religieux dissimule en réalité la
volonté du Judaïsme de dominer l'Église universelle.
Léon de Poncins cite à ce sujet des textes qui sont sans
équivoque, émanant de grands penseurs juifs contemporains.
« Le Christianisme, écrit Jéhouda ([3]),
refuse obstinément de considérer Israël comme son égal sur le plan spirituel...
Croire que le Christianisme présente « la plénitude du Judaïsme, qu'il forme
son point culminant, que le Judaïsme a été achevé par le Christianisme, c'est
vicier à sa base même le monothéisme universel... L'heure arrive où il devient
nécessaire d'opérer l'indispensable assainissement de la conscience chrétienne
par la doctrine du monothéisme universel ([4]).
Ailleurs (op. cit., p.
154-160), Jéhouda
précise :« L'anti-sémitisme chrétien, tout en se disant messianique, prétend
remplacer le messianisme d'Israël par la foi en un Dieu crucifié qui assurerait
à chaque fidèle le salut personnel. Ravalant le messianisme juif à une position
païenne, le Christianisme tend à convertir tous les Juifs à un messianisme
réduit... Mais tant que le messianisme monothéiste d'Israël persiste, même à
l'état virtuel, le messianisme chrétien apparaît ce qu'il est en réalité, une
imitation qui s'effondre à la lumière du messianisme authentique... L'antisémitisme persistera tant que
Jéhouda a encore dit: « Votre monothéisme est un faux
monothéisme ; une imitation bâtarde et falsifiée du seul monothéisme, le
monothéisme hébreu, et si le Christianisme ne revient pas aux sources juives,
il est condamné sans appel ».
Selon Jéhouda (et c'est intéressant parce que c'est la
preuve des liens étroits qui existent entre la politique et la religion), il y
a eu trois tentatives de « redressement du Christianisme visant à épurer la
conscience chrétienne des miasmes de la haine », trois tentatives de
redressement de la théologie chrétienne devenue étouffante et paralysante, « trois brèches opérées dans la forteresse
vétuste de l'obscurantisme chrétien », en fait trois étapes importantes
dans l'œuvre de destruction du Christianisme traditionnel:
- la Renaissance ;
- la Réforme ;
- la Révolution de 1789.
Il précise: «
Josué Jéhouda constate également (p. 170-172) que
Nous pourrions citer encore d'autres penseurs juifs par
exemple Rabi :« La conversion du Juif au
Christianisme est trahison et idolâtrie car elle implique le blasphème
suprême, la croyance en la divinité d'un homme » ([6]).
Ou bien Benamozegh qui est une des gloires de la pensée
juive contemporaine: « La religion
chrétienne est une fausse religion, soi-disant divine. II n'y a pour elle et le
monde qu'une voie de salut, revenir à Israël » ([7]).
Comme l'indique très justement Léon de Poncins (op. cit.,
p. 35), « le rêve messianique peut
prendre les formes les plus diverses, le but final reste invariable : c'est le
triomphe du Judaïsme, de la loi juive et du peuple juif. Sous couleur
d'universalisme, il s'agit en fait d'un impérialisme juif qui prétend régir et
asservir le monde ».
« Au yeux de ces
penseurs juifs, la réforme conciliaire doit être une nouvelle étape dans la
voie de l'abandon, de la démission, de la destruction du traditionalisme
catholique qui est ainsi, peu à peu, vidé de sa substance. »
La déclaration
conciliaire concernant les Juifs a bien constitué une nouvelle étape dans la
voie de la démission de l'Église et dans la destruction du traditionalisme
catholique.
Et c’est pourquoi j’ai été particulièrement intéressé
d’entendre le 2 mars 2009, le président du CRIF déclarer, sans ambages, l’intérêt
qu’il portait au Concile Vatican II et à sa Déclaration sur les Juifs : « Nostra Aetate ». Elle est pour lui historique. Elle l’est aussi pour nous. Nous
ne devons pas lui donner le même sens. Il la loue. Nous, nous la critiquons. (Voir LNDC du 6 mars 2009)
C- Le Rôle particulier
de Jules Isaac.
Parmi les diverses personnalités qui sont à l'origine des
réformes proposées au Concile en vue de modifier l'attitude et la doctrine de
l'Église à l'égard du Judaïsme (Jules Isaac, Lazel Katz, président des B'nai
B'rith, Nahum Goldmann), Léon de Poncins estime que l'écrivain Jules Isaac a
joué un rôle essentiel.
Cet écrivain, Juif, d'Aix-en-Provence, auteur des manuels
classiques d'Histoire de France
Malet et Isaac, a été le principal théoricien et promoteur de la campagne menée
contre l'enseignement traditionnel de l'Église. A la suite de la disparition de
sa femme et de sa fille, mortes en déportation, il consacra les vingt dernières
années de sa vie à l'étude critique des rapports entre le Judaïsme et le
Christianisme.
Il est l'auteur de deux ouvrages importants : « Jésus et Israël » paru en 1946 et « Genèse de l'Antisémitisme » paru en
1948.
Léon de Poncins résume l'essentiel de la thèse de Jules
Isaac : « Il faut en finir une fois pour toutes avec l'antisémitisme dont
l'aboutissement a été le massacre des Juifs européens à Auschwitz et autres
camps de la mort.
« Le plus redoutable antisémitisme est
l'antisémitisme chrétien à base théologique. En effet, l'attitude des
Chrétiens face au Judaïsme a toujours été fondée sur le récit de
C'est donc cette base théologique fondamentale que Jules
Isaac a cherché à détruire en contestant la valeur historique des récits
évangéliques et en discréditant les arguments avancés par les Pères de l'Église
pour préserver les Chrétiens de l'influence des Juifs accusés de nourrir en
permanence des desseins subversifs contre l'ordre chrétien. Nous ne pouvons
commenter ici les deux ouvrages de Jules Isaac. Notons seulement que saint Jean
et saint Matthieu y sont particulièrement attaqués.
Dès la fin de la guerre, il commença à tenir des réunions
nationales et internationales avec des personnalités catholiques favorables à
sa thèse (Henri Marrou, le père Daniélou, futur cardinal, l'abbé Vieillard du
Secrétariat de l'Épiscopat).
En 1947, il rédigea un mémoire en dix-huit points sur le «
Redressement de l'enseignement chrétien concernant Israël ».
La même année, il fut invité à
Puis, avec des personnalités juives et catholiques, il fonda
la première « Amitié Judéo-Chrétienne », suivie
de la fondation d'autres « Amitiés » à Aix, Marseille, Nîmes, Montpellier,
Lyon, enfin à Lille, où il obtint le patronage du cardinal Liénart. Il en fonda plus tard en Afrique du Nord. Léon de Poncins estime que ces « Amitiés »
ont constitué un piège pour ces Chrétiens candides qui se sont précipités avec
enthousiasme en leur sein et que ceux-ci ont été finalement, une fois de plus,
« les victimes inconscientes de la duplicité talmudique ». Ces Chrétiens n'ont pas compris que les
sentiments d'amitié qui les faisaient agir réciproquement masquaient en réalité
la volonté juive de faire disparaître l'exclusivisme dogmatique de l'Église et
de promouvoir une religion universelle.
A partir de 1949, Jules Isaac entre en relations avec Rome.
Il eut une audience privée avec Pie XII auprès duquel il plaida la cause du
Judaïsme ; il lui demanda de faire examiner les « Dix huit points de Seelisberg ».
Mais, c'est sous son successeur, le pape
Jean XXIII, qu'il obtint satisfaction. Lors d'un entretien avec le Saint Père,
le 13 juin 1960, il demanda la condamnation de « l'enseignement du mépris » et
suggéra la création d'une sous-commission chargée d'étudier ce problème.
Quelque temps après, Jules Isaac « avait la joie d'apprendre que ses
propositions avaient été retenues par le Pape et transmises au cardinal Béa
pour étude ». Celui-ci, d'origine juive, créa un groupe de travail spécialement
chargé d'examiner les rapports entre l'Église et Israël. On connaît la suite.
Monseigneur de
Provenchères, évêque d'Aix, dans une conférence faite à « l'Amitié
Judéo-Chrétienne », à l'occasion de l'inauguration de l'avenue Jules-Isaac
qui avait eu lieu le matin même, a reconnu que l'origine du schéma sur les
Juifs provenait d'une demande de celui-ci au Vatican et que la rencontre de
Jules Isaac et de Jean XXIII avait été le signe de l'Amitié judéo-chrétienne ([9]).
« Mgr de Provenchères donna ensuite un récit détaillé du
rôle joué par Jules Isaac, à Rome, dans la préparation du Concile. »
Voici, d'après Léon de Poncins, ce que Jules Isaac exigea du
Concile. (Notons que la brochure de M. de Poncins date de 1965.)
L'Église, dit Jules Isaac, est seule coupable; les Juifs
sont totalement innocents et purs de toute responsabilité; celle-ci incombe à
l'Église dont l'enseignement est la source profonde et durable de
l'antisémitisme qui a bouillonné pendant des siècles pour aboutir à ce lieu
maudit : Auschwitz ([10]). (
NB Mais c’est Hitler et son National-Socialisme qui en est responsable avec sa
doctrine sur le « racisme » et nullement l’Eglise qui, même en cette
période difficile, protégea autant qu’elle le put tous les juifs. Voir le rôle
de Pie XII).
C'est donc à l'Église seule qu'il appartient de faire acte
de réparation en purifiant et en rectifiant son enseignement millénaire et
Jules Isaac en vient aux réalisations pratiques.
Il demande, ou plutôt il exige du Concile :
- la
condamnation ou la suppression de toute discrimination raciale, religieuse ou
nationale à l'égard des Juifs ;
-
la modification ou la suppression des prières liturgiques concernant les Juifs,
celles du Vendredi Saint en particulier;
-
l'affirmation que les Juifs ne sont aucunement responsables de la mort du
Christ dont la faute incombe à l'humanité tout entière ; (Voir LNDC du 6 mars
2009)
-
la mise en sommeil ou l'annulation des passages évangéliques relatant cet
épisode crucial de la Passion, celui de saint Matthieu principalement, que
Jules Isaac traite de menteur et de faussaire;
- l'aveu que l'Église porte tous
les torts dans cet état de guerre latente qui persiste depuis deux mille ans
entre les Juifs, les Chrétiens et le reste du monde ;
-
la promesse que l'Église modifiera définitivement son attitude dans un sens
d'humilité, de contrition et de pardon à l'égard des Juifs ; enfin qu'elle fera
tous ses efforts pour réparer le tort qu'elle leur a causé, en rectifiant et en
purifiant son enseignement traditionnel selon les directives de M. Jules Isaac.
L’Eglise, malgré la crise qu’Elle traverse, n’a quand même
pas accepté toutes les suggestions de Jules Isaac.
Mais on a vu, cependant, un pape, ce que l'on n'avait jamais vu
auparavant, se rendre à
Vous voyez qu’il faut bien connaître le judaïsme. Nous
allons nous y employer dans les prochains numéros.
Voici maintenant les « dix huit points de Seelisberg
»
Un
enseignement chrétien digne de ce nom devrait :
Il faut déjà une bonne connaissance du Judaïsme et du Catholicisme
pour pouvoir répondre à toutes ses questions très intéressantes. Nous allons
nous y employer.
Et nous répondrons aujourd’hui, dans ce numéro d’Item sur la
question fondamentale de la responsabilité des Juifs dans
[1] Archives israélites universelles,
+ XXV, p. 514. J. Ploncard d'Assac « L'Église occupée ».
[2] Bulletin du G.O. de France,
juillet 1956. « L'Action française », 15 août 1907.
[3] José Jéhouda : « L'Antisémitisme,
miroir du monde », p. 10-11.
[4] ibid.
[5] C'est un Juif doctrinaire qui le
constate. D'où la nécessité pour les catholiques de demeurer attachés à leurs
dogmes, sans donner dans une religion sentimentale. Voir « De Rome et
d'Ailleurs », n° 71.
[6] Rabi :. Anatomie du Judaïsme
français », Éditions de Minuit, 1962.
[7] « Israël et l'humanité », Albin
Michel, 1961 (réédition de celle de 1914).
9
A noter que l'antisémitisme de Hitler et des nazis n'était pas fondé sur la
religion à laquelle ils ne croyaient pas, mais sur la croyance en l'existence
d'une race supérieure. Cette race supérieure devait anéantir les races
inférieures parmi lesquelles figuraient les Juifs.
[9] Le compte rendu de la conférence
de Mgr de Provenchères a été reproduit par l'hebdomadaire « Terre de Provence
», 23 janvier 1965.