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Un regard sur le monde
politique et religieux
au 7 novembre 2008
N° 189
Par Monsieur l’abbé Paul Aulagnier
Pie XII et le rabbin Cohen.
ou
L’honneur de Pie XII
bafoué
On sait que Benoît
XVI a invité pour participer au XII Synode des évêques, sur le thème « La
parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Eglise » qui vient de
s’achever le 26 octobre, le grand rabbin She’ar-Yashuv Cohen. Il devait prendre
la parole sur la manière dont les juifs interprètent l’Ecriture. D’entrée de
jeu, le rabbin octogénaire a rappelé la « longue, difficile et douloureuse
histoire entre notre peuple, notre foi et les responsables et fidèles de
l’Eglise catholique…une histoire de sang et de larmes ». Puis sortant de
son texte, - c’est M Hamiche qui le fait
remarquer dans son article de Monde et Vie du 3 novembre 2008 - , il
a improvisé : « Nous ne pouvons pas oublier le fait douloureux que de
grands dirigeants religieux ne se soient pas élevés pour sauver nos frères et
qu’ils aient choisi de garder le silence. Nous ne pouvons pas pardonner et
oublier cela et j’espère que vous comprenez notre peine »
Ce que Benoît XVI et
d’autres ont bien compris. Ils comprirent qu’il s’agissait là d’une sortie
déplacée contre l’attitude de Pie XII envers les juifs lors de
Le pape Benoît XVI a réagi fortement.
Il le fit, dans l’homélie
qu’il prononça, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort de Pie XII
en la basilique Saint-Pierre, en présence des cardinaux et des membres du
synode. Il fit remarquer, très heureusement, que la voix du pape Pie XII
« s'est élevée, à l’époque, en faveur des victimes ». C’était l’hommage même prononcé par Mme Golda
Meir, ministre des Affaires Etrangères d’Israël, à l’a mort de Pie XII.
Pour ce qui est des
paroles et de l'œuvre de Pie XII en faveur des juifs persécutés par la barbarie
nazie, Benoît XVI a cité le fameux message à Radio Vatican de Noël, en
1942 : « Avec une voix brisée par l'émotion, il déplora la situation
des « centaines de milliers de personnes qui, sans aucune culpabilité de
leur part, mais seulement pour des raisons de nationalité ou de race, sont
destinées à la mort ou à un progressif dépérissement » se référant très
clairement à la déportation et à l'extermination perpétrée contre les juifs ».
Rappelons que dans ce
message, Pie XII démontait alors le
projet d’Hitler pour la nouvelle Europe, point par point, d'où sa longueur,
parfois peu comprise, sauf par le principal intéressé.
Mais Benoît XVI a
aussi évoqué l'action cachée, surtout, au lendemain de la protestation
catastrophique des évêques de Hollande, du 26 juillet 1942, qui provoqua des
dizaines de milliers de déportations supplémentaires, au lieu de sauver des
vies.
« Souvent, a
souligné Benoît XVI, c'est dans le secret et le silence qu'il a agi parce que,
justement, à la lumière des situations concrètes de la complexité de ce moment
historique, il avait eu l'intuition que c'est seulement de cette manière que
l'on pouvait éviter le pire et sauver le plus grand nombre possible de juifs ».
Benoît XVI a rappelé
les hommages de la communauté juive : « Pour ses interventions, de
nombreuses et unanimes attestations de reconnaissances lui furent adressées à
la fin de la guerre, ainsi qu'au moment de sa mort, par les plus importantes
autorités du monde juif, comme par exemple, par le Ministre des Affaires
Extérieures d'Israël Golda Meir, qui lui écrivit : ‘Quand le martyre le plus
épouvantable a frappé notre peuple, durant les dix années de terreur du
nazisme, la voix du Souverain Pontife s'est élevée en faveur des victimes',
concluant avec émotion : ‘Nous pleurons la perte d'un grand serviteur de la
paix'. »
Benoît XVI a salué
son « long service de l'Église, commencé sous Léon XIII et poursuivi sous Pie
X, Benoît XV et Pie XI »,
A propos de sa
nonciature en Allemagne, le pape a dit son opposition précoce au
national-socialisme, « monstrueux »: « En Allemagne, où il
exerça les fonctions de Nonce Apostolique, d'abord à Munich puis à Berlin
jusqu'en 1929, il laissa derrière lui un souvenir emplit de gratitude, surtout
pour avoir collaboré avec Benoît XV à la tentative de mettre fin à l' ‘inutile
massacre' de
Benoît XVI a rappelé
que Pacelli a été « créé cardinal en décembre 1929 » puis nommé
Secrétaire d'État de Pie XI, pendant neuf ans, et à une époque caractérisée par
les totalitarismes : le fascisme, le nazisme et le communisme soviétique,
condamnés respectivement par les encycliques « Non abbiamo bisogno »,
« Mit Brennender Sorge » et « Divini Redemptoris ».
On sait maintenant
que le futur Pie XII, germanophone et lucide anti-nazi de la première heure, a
été l'un des principaux rédacteurs de « Mit Brennender Sorge »
(1937).
Benoît XVI a aussi
rappelé comment Pie XII a essayé d'arrêter la guerre
Et pendant la guerre,
il déploya une « intense oeuvre de charité qu'il accomplissait en faveur
des persécutés, sans tenir compte d'aucune distinction de religion, d'ethnie,
de nationalité, d'appartenance politique ».
Des historiens - le
pape cite le journaliste italien Andrea Tornielli - ont mis en lumière par
exemple son aide - en or - à la communauté juive de Rome menacée, mais aussi
comment sa secrétaire - Sr Pascalina Lenhert, une religieuse bavaroise, ce qui
peut-être facilitait les déplacements - accompagnait la camionnette apportant
de la farine aux couvents qui cachaient des familles juives, comme au couvent
des Dames de Sion, au Janicule. Les sœurs en ont témoigné lorsque leurs
supérieures ont reçu à titre posthume la médaille des Justes parmi les Nations.
On conseilla
cependant au pape de quitter le Vatican, Rome étant occupée, et « sa
réponse fut toujours la même, identique et décisive : ‘Je ne laisserai pas Rome
et mon poste, même si je devais en mourir' (cf. Summarium, p. 186). Ses
familiers et autres témoins firent, en outre, part de ses privations de
nourriture, de chauffage, de vêtements, de commodités, qu'il s'imposait
volontairement pour partager la condition de la population durement éprouvée
par les bombardements et par les conséquences de la guerre (cf. A. Tornielli,
Pie XII, Un uomo sul trono di Pietro) », a rappelé Benoît XVI.
« Malheureusement,
a relevé Benoît XVI, le débat historique, qui n'a pas toujours été serein, sur
la figure du Serviteur de Dieu Pie XII, a oublié de mettre en lumière tous les
aspects de son polyédrique pontificat ».
Révélation du cardinal
Bertone : Une circulaire de Pie XII aux religieux :Accueillez les juifs
persécutés !
ROME, Jeudi 19 avril
2007 (Zénit) – Une circulaire de Pie XII aux instituts religieux, en date du 25
octobre
Le pape Eugenio Pacelli, disait-il, a en effet adressé cette « circulaire de la
secrétairerie d’Etat » dans laquelle il demandait d’offrir « l’hospitalité aux
juifs persécutés par les nazis dans tous les instituts religieux et d’ouvrir
les instituts et aussi les catacombes ».
C’est à l’occasion de la présentation du livre de Maria Franca Mellano intitulé
« L’œuvre salésienne de Pie XI sur l’Appio Tusculano à Rome », à l’institut Pie
XI, que le cardinal salésien a commenté la crise suscitée à Jérusalem par une
légende placée sous une photo de Pie XII au Mémorial de
Le
« Mais, ajoutait-il, cette œuvre a été rendue possible, non seulement ici mais
partout, par une circulaire de la secrétairerie d’Etat avec le sceau de Pie XII
».
« Il est impossible, précisait le secrétaire d’Etat, que Pie XII, qui a signé
cette circulaire, n’ait pas approuvé une telle décision ».
A la suite de la protestation du nonce en Israël, Mgr Antonio Franco, le
président du Mémorial, M. Avner Shalev, a promis de reconsidérer la façon dont
le pape Pie XII y est présenté.
«Yad Vashem » promet de
changer la légende sous une photo de Pie XII
Le nonce apostolique en Israël participa aux célébrations
de la « Journée de la mémoire »
ROME, Lundi 16 avril
2007 (Zénit) – Dans une déclaration rendue publique jeudi 12 avril par le Service
italien d’information religieuse (SIR), l’agence de presse de
Son refus d’assister aux cérémonies était dû à la légende d’une photographie du
pape Pie XII, exposée dans la septième salle du Mémorial de Yad Vashem,
évoquant son prétendu « silence » et son « absence de directives » pour
dénoncer
Mgr
Cette photo de Pie XII est exposée au mémorial de Yad Vashem depuis son
ouverture en 2005. Le nonce apostolique de l’époque, Mgr Pietro Sambi, avait
déjà demandé à ce qu’elle soit changée.
Les déclarations du nonce ont suscité un large écho dans la presse
internationale. Toutefois, dimanche, Mgr Antonio Franco, a annoncé être revenu
sur sa décision après avoir reçu une lettre du président de « Yad Vashem »,
Avner Shalev, lui promettant de reconsidérer la manière dont Pie XII est
présenté par le Mémorial.
»Etant donné que mon intention n’était pas de me dissocier des célébrations (de
commémoration de
Dans un entretien à Zenit, le père Peter Gumpel, sj, postulateur de la cause de
béatification de Pie XII et considéré comme l’un des plus grands experts de
l’histoire des relations entre le Saint-Siège et l’Allemagne entre 1930-
« En outre – a précisé le père jésuite – , au Mémorial de Yad Vashem la grande
majorité des Justes est de religion catholique. Parmi les nombreux prêtres,
religieuses et religieux qui y sont représentés, beaucoup ont perdu la vie en
sauvant des juifs ».
« Les institutions juives, a poursuivi le Père Gumpel, ont d’ailleurs
elles-mêmes démontré que c’est le cardinal Eugenio Pacelli, le futur pape Pie
XII, qui a mis sur pied un réseau d’assistance pour protéger et sauver les
juifs de la persécution. La bibliographie publiée à ce sujet est très vaste ».
Selon le Père Gumpel, qui connaît bien les évènements de l’époque pour avoir
passé de très nombreuses années à les étudier, « tout ce qui est dit dans cette
légende ne correspond pas à la vérité ».
Les critiques de Pie XII affirment que les partisans du pape sont des
apologètes et non des historiens. Une accusation à laquelle le Père Gumpel
répond : « Tant d’historiens de renom, dont beaucoup de juifs, ont démontré la
bonté de tout ce que le pape Pie XII avait fait. Pour n’en citer que quelques
uns : Sir Marin Gilbert, Michael Burleigh, David Dalin, qui ne me semblent pas
être des apologètes ».
« Et que dire de Golda Meir, d’Albert Einstein, d’Israel Zolli, de tous ces
dirigeants des grandes institutions juives mondiales qui ont remercié Pie XII à
la fin de la seconde guerre mondiale. Etaient-ils des apologètes ? », a-t-il
encore précisé.
« Sans parler des directeurs de ces grands journaux juifs, publiés durant la
seconde guerre mondiale, qui affirment eux aussi que le pape Pie XII était un
ennemi du nazisme. Des apologètes eux aussi ? », interroge l’historien.
A propos des accusations contre Pie XII, le père jésuite relève que « les
arguments sont toujours les mêmes, sans rien de nouveau à l’appui. Les
critiques contre Pie XII se citent mutuellement, évitant systématiquement toute
la partie juive des sources historiques qui sont en faveur du pape ».
Quant au prétendu silence du pape Pie XII face à la rafle nazie du ghetto de
Rome le 16 octobre 1943, le père Gumpel a déclaré à Zenit qu’ « il est
désormais évident, même pour les plus sceptiques, que le pape était arrivé à la
conclusion que toute dénonciation publique aurait risqué d’entraîner plus de
souffrances et de morts. Et il avait décidé de sauver le plus grand nombre de juifs
possible, décidant secrètement de leur ouvrir la porte des couvents et de leur
porter assistance ».
« Quoiqu’il en soit – a poursuivi l’historien – comme l’a raconté également
Michael Tagliacozzo, le pape et le Saint-Siège ont été les seuls à essayer
d’arrêter les nazis et à tenter de sauver le plus grand nombre de juifs
possible ».
Le Père Gumpel a évoqué le récit d’Enzo Forcella, un militant de
En ce qui concerne les accusations selon lesquelles le Saint-Siège aurait caché
des criminels nazis et les aurait aidés à fuir, le père Gumpel déclare sans
ambages: « On sait bien, et les documents en parlent de façon claire, que les
nazis considéraient le pape comme leur ennemi numéro un. Tant il est vrai que
Pie XII a lui-même fourni personnellement d’importants documents au procès
contre les criminels nazis à Nuremberg ».
Des Juifs témoignent avoir
été sauvés par Pie XII : Parmi eux, le fils du rabbin de Gênes, durant la
guerre
Sur le site de Zénit,
a la date du Lundi 13 octobre 2008 , on peut lire ce beau témoignage en faveur
de Pie XII :
« Plusieurs
juifs italiens témoignent devant les caméras avoir été sauvés par des membres
de l'Eglise, avec le soutien de Pie XII, lors des persécutions nazies.
Parmi eux, Emanuele
Pacifici, fils de Riccardo, qui était le grand rabbin de Gênes durant la
seconde guerre mondiale. Un reportage vidéo produit par le mensuel Inside the Vatican
et par l'agence H2onews.org,
recueille son témoignage et celle d'autres survivants.
Emmanuele Pacifici
était un enfant durant la guerre. Il se souvient du jour où les nazis ont
réclamé
« Réunir
« Mais la
promesse de nous épargner n'a pas été tenue, ajoute-t-il, et les juifs ont dû
aller se cacher pour essayer d'échapper à une mort certaine. L'action du pape
Pie XII fut décisive dans ces durs moments ».
Un autre des
survivants, Settimio Di Porto, se souvient : « Nous avions perdu nos
droits civils. Nous ne pouvions rien faire. Nous n'avions même pas de carte de
rationnement pour manger ».
« La matinée du
16 octobre a été terrible. Je vois encore la scène. Ils ont tous été emportés
dans des camions... il y a eu une grande razzia. Ils entraient dans les maisons
et emmenaient les familles : femmes, vieillards, enfants, malades... ».
« Ici à Rome,
tous les couvents ont ouvert leurs portes », souligne Settimio Di Porto.
Et Emmanuelle
Pacifici ajoute : « Le Vatican était plein. Il y avait même des gens qui
dormaient dans les couloirs ».
Claudio Della Sera se
souvient d'avoir été sauvé par les Frères Maristes du Collège Saint-Léon-le-Grand.
Le Yad Vashem, musée
et archives de l'holocauste à Jérusalem, conserve la mémoire de nombreux hommes
et femmes qui, comme eux, ont arraché tant de juifs à la mort, et que l'on
honore sous le nom de « Justes parmi les Nations ».
Le journaliste du
quotidien italien « Il Giornale », Andrea Tornelli, souligne que ces
personnes « ont agi pour sauver les juifs, à un moment où l'on ne savait
pas quelle aurait été l'issue de la guerre, et donc, dans un geste totalement
désintéressé ».
Matteo Luigi Napolitano,
professeur d'histoire à l'Université de Molise (Italie), témoigne que «
les documents des services secrets américains nous disent aussi la raison pour
laquelle Hitler haïssait le pape : parce qu'il cachait des juifs, parce qu'il
donnait des ordres aux couvents, aux sanctuaires, en cachaient au Vatican
même ».
Les religieuses, se
souvient encore Emmanuele Pacifici, tentèrent de sauver les femmes juives en
les cachant dans les couvents.
Il raconte que les
Allemands sont entrés à l'intérieur d'un couvent et déportait 33 femmes, dont
sa mère, qui se trouvait là.
«
« Il faut
comprendre le risque que c'était ... le risque qu'avait couru Pie XII en
sauvant 8.000 personnes », souligne-t-il.
Le cardinal José Saraiva
martins s’exprime sur le silence de Pie XII sur
Selon le cardinal Saraiva Martins, préfet de
« Le fameux silence de Pie XII sur la
condamnation du nazisme n'est pas une vérité historique », a affirmé le
lundi, 18 fevrier 2008, le cardinal José
Saraiva Martins, préfet de
« Plus que de
silence, je parlerais de prudence » pour ne pas rendre la situation
des juifs encore « plus grave et plus intolérable », a déclaré le
cardinal portugais, qui présentait aujourd'hui à la salle de presse du Vatican
l'Instruction « Sanctorum Mater » (l'Eglise, Mère des saints), un vademecum
pour les évêques du monde, concernant les procès de béatification.
Le cardinal Saraiva
Martins a précisé que la cause de Pie XII « n'a certainement pas été
reportée et encore moins mise de côté ». Il a expliqué que, cette année,
c'est le 50ème anniversaire de la mort du pape Pacelli et que l'on a jugé
opportun d'en profiter pour promouvoir un certain nombre d'initiatives -
notamment un congrès et une exposition sur son pontificat - contribuant à mieux
faire connaître la personne de Pie XII ainsi que sa spiritualité.
Cette exposition se
déroule ces jours-ci (du 4 novembre 2008
au début janvier 2009) dans le « Bras de Charlemagne », soit le côté
gauche de la colonnade du Bernin, lorsque l'on regarde la basilique
Saint-Pierre.
L’exposition retrace simplement l’itinéraire du pape Pie
XII. Et parmi les pièces nombreuses à voir, on peut lire :
Un rabbin français,
le rabbin Zaoui, remercia Pie XII et des
prêtres catholiques de l'aide apportée aux juifs persécutés pendant
Cette lettre du
rabbin André Zaoui, aumônier capitaine du Corps expéditionnaire français,
adressée à Pie XII le 22 juin 1944, se trouve parmi les pièces les plus
intéressantes de l'exposition sur la biographie de Pie XII présentée
aujourd'hui au Vatican.
Une pièce d'autant
plus intéressante que l'exposition ne cherche pas à faire le point sur les
faits et gestes et les paroles de Pie XII en faveur des juifs persécutés, mais
à retracer l'itinéraire du pape Pacelli de son enfance à sa mort en 1958, il y
a cinquante ans.
Elle met en évidence
les facettes de sa personnalité, depuis son amour des animaux (on le voit
photographié avec un canari ou des agneaux), sa fascination pour toutes les
inventions modernes (son rasoir électrique et sa machine à écrire, sa présence
sur les ondes de Radio Vatican), son souci constant des plus démunis (les
matelas installés jusque dans les escaliers du Palais apostolique ou à Castel
Gandolfo pour accueillir les réfugiés, sans distinction), son amour des arts
(et son sauvetage des œuvres d'art pendant la guerre, ou le concert de
l'orchestre philharmonique d'Israël, le 25 mai 1955, en signe de
« gratitude pour son œuvre en faveur des juifs persécutés pendant la
guerre »), ses interventions répétées contre la guerre, et son activité
diplomatique, etc .
Le rabbin Zaoui
rappelle qu'il a pu assister à une audience publique du pape « le 6 juin
1944 (sic !) à 12 h 20 », avec de « nombreux officiers et
soldats alliés ».
Il mentionne aussi sa
visite à l'Institut Pie XI « qui a protégé pendant plus de six mois une
soixantaine d'enfants juifs dont quelques petits réfugiés de
France ».
Il dit avoir été
frappé par la « sollicitude paternelle de tous les maîtres » et il
cite cette phrase du préfet d'étude : « Nous n'avons fait que notre
devoir ».
Le 8 juin 1944, le
rabbin Zaoui rapporte un autre événement auquel il a participé : la
réouverture de la synagogue de Rome fermée par les nazis en octobre 1943.
Il signale la
présence d'un prêtre français, le P. Benoît « évadé de France » et
qui s'est dévoué « au service des familles juives de Rome ». Le
rabbin rapporte ces paroles du prêtre et l'impression forte qu'elles ont eues
sur l'assemblée qui l'a reconnu et acclamé : « J'aime les juifs de
tout mon cœur ». Cette parole rappelle au rabbin celle de Pie XI, qu'il
rapporte ainsi : « Nous sommes spirituellement des
sémites ».
André Zaoui dit sa
reconnaissance en ces termes: « Israël n'oubliera jamais ».
La lettre se trouve
aussi reproduite dans le très beau et très complet catalogue de l'exposition
publié sous l'autorité du Comité pontifical des sciences historiques
(« L'Uomo e il pontificato 1876-1958 », « L'homme et le
pontificat 1876-1958 », 238 pages, Libreria Editrice Vaticana,
p. 157).
Une lettre du
cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d'Etat, reproduite en fac similé (pp.
13-14) souligne l'importance de ce catalogue et de l'exposition qui aide à
« faire mieux connaître un Pontife qui est reconnu à juste titre comme
l'un des plus grands personnages du XXe siècle ».
Il remercie vivement
tous ceux qui ont participé à cette entreprise et souhaite qu'elle contribuera
« à faire apprécier, spécialement des nouvelles générations,
l'extraordinaire figure de ce pape, qui a su préparer, avec une intuition
prophétique des signes des temps, le chemin de l'Eglise à l'époque
contemporaine ».
L'exposition qui est
organisée dans le « Bras de Charlemagne », soit le côté gauche de la
colonnade du Bernin, lorsque l'on regarde la basilique Saint-Pierre, ouvre à
partir de demain, 4 novembre 2008, et ce jusqu'au 6 janvier 2009. Elle
doit ensuite partir à Berlin et à Munich.
Elle a été présentée
par le président du Comité pontifical des sciences historique, le prof. Mgr
Walter Brandmüller, par M. Giovanni Morello (de
Radio Moscou a créé la «
légende noire » contre Pie XII
Des révélations de «
« La légende noire contre le pape Pie XII fut
lancée par Radio Moscou à la fin de la deuxième guerre mondiale, conclut une
enquête publiée par la revue italienne «
Pie XII, qui à sa mort reçut l’hommage des chefs d’Etats démocratiques et des
plus hauts représentants juifs, a été présenté par certaines publications lors
des décennies qui suivirent, comme un allié des régimes totalitaires, mettant
en particulier en accusation son « silence » face aux crimes du nazisme.
L’article du bi-mensuel, signé par Giovanni Sale, s.j., analyse la réaction de
la radio communiste à l’allocution prononcée par le pape Eugenio Pacelli, le 2
juin 1945, fête de saint Eugène.
Le 7 juin 1945, la radio diffusa une émission qui « prit une valeur, pour ainsi
dire, paradigmatique, dans le sens où elle résumait bien le point de vue de la
gauche radicale sur l’activité du Saint-Siège pendant la période de la guerre
».
« Qui a entendu le discours du pape à l’occasion de la fête de saint Eugène –
disait Radio Moscou – a été extrêmement étonné d’apprendre que le Vatican,
pendant les années de la domination d’Hitler en Europe, a agi avec courage et
audace contre les délinquants nazis. En revanche, les faits et actions
véritables du Vatican disent le contraire ».
« Du reste, si le Vatican a agi de cette manière, il l’a fait pour poursuivre
la politique vigilante de protection d’Hitler et de Mussolini » ajoutait la
radio communiste.
« Aucune des atrocités commises par les hommes d’Hitler n’a suscité le mépris
et l’indignation du Vatican. Il s’est tu alors qu’oeuvraient les machines de
mort allemandes, quand fumaient les cheminées des fours crématoires, quand
étaient lancées sur la population pacifique de Londres des centaines de bombes,
quand la doctrine hitlérienne d’élimination et d’extermination des nations et
des peuples se transformait en une dure réalité ».
« Maintenant en revanche – poursuivait-elle – le pape remplissait son discours
d’allusions contre l’Union soviétique et le communisme international pour
provoquer des divergences et semer la méfiance parmi les alliés ».
L’auteur de l’article constate que « la presse communiste internationale, et
pas seulement elle, s’était alignée passivement sur les directives de Moscou, à
ce sujet ».
« Ainsi commença la légende noire d’un Pie XII ami et allié des nazis, qui est
d’une certaine façon arrivée jusqu’à nos jours ; un pape qui soutenait, pour
des raisons d’intérêt politique, des régimes totalitaires fascistes et ennemi
juré de la démocratie populaire ». (Dimanche
19 juin 2005. Zénit)
L’encyclique anti-nazie a
70 ans : un enseignement encore actuel. Brève histoire de « Mit brennender
Sorge »
ROME, Dimanche 1er
avril 2007 (Zénit) – L’encyclique anti-nazie de Pie XI, « Mit brennender Sorge
» (« Avec un souci brûlant ») rédigée en allemand, avec pour cheville ouvrière
le futur Pie XII, Eugenio Pacelli, a 70 ans : un enseignement encore actuel,
estime le père Peter Gumpel, sj, spécialiste des relations entre le Saint-Siège
et l’Allemagne à cette période, et témoin des événements.
« J’avais 14 ans, raconte le P. Gumpel. J’étais dans la cathédrale de Berlin
lorsque le texte de l’encyclique a été lu ».
Le dimanche des Rameaux 1937 en effet, un 21 mars cette année là, l’encyclique
était lue dans toutes les églises d’Allemagne : elle apparaît comme la critique
la plus dure jamais exprimée par le Saint-Siège contre un régime en place.
Avec soixante-dix ans de recul, on comprend en effet que le Saint-Siège avec
compris la nature du régime national-socialiste instauré par Hitler alors
depuis quatre ans et ses dangers. Le développement sur la séparation entre la
foi et la morale, qui conduit à la décadence et à la guerre n’a rien perdu de
sa force, estime le P. Gumpel.
Le P. Gumpel a én effet expliqué à Zenit qu’après
Avec l’accession au pouvoir d’Adolf Hitler, qui devient chancelier le 30
janvier 1933, le Saint-Siège se voit offrir un concordat avec des articles
favorables. Mais Rome se méfiait de Hiltler, l’ancien nonce à Berlin, Eugenio
Pacelli avait confié à sa secrétaire, sr Pasqualina Lenhert, que cet homme
serait capable de « marcher sur des cadavres » pour arriver à ses fins.
Il était cependant difficile au Saint-Siège de refuser : Pacelli, alors
secrétaire d’Etat de Pie XI, estimait que le régime n’allait « absolument pas
respecter » le concordat, mais qu’il restait à « espérer qu’il ne viole pas
tous les articles à la fois », comme il le confiait à l’époque à un diplomate
britannique.
Rappelons qu’un concordat n’est pas un « traité l’alliance » avec un régime,
mais une forme de contrat qui règle les rapports entre l’Eglise et l’Etat dans
une Nation donnée de façon à assurer le libre exercice de sa mission.
La signature du concordat fut suivie d’une persécution systématique des
catholiques dans tous les domaines de leur activité. Pour défendre les
catholiques, le Saint-Siège adressa par voie diplomatique plus de 50
protestations, naguère rassemblées dans un livre intitulé « L’échange de notes
diplomatiques entre le Saint-Siège et le gouvernement du Reich – de la
ratification du concordat à l’encyclique « Mit brennender Sorge » (“Der
Notenwechsel zwischen dem Heiligen Stuhl und der Deutchen Reichsregierung”, Ed.
Matthias Grunewald, Mayence, 1965).
Mais les protestations du Saint-Siège n’avaient d’autre effet que de durcir les
vexations imposées par le régime aux écoles et à la presse catholiques, avec
l’emprisonnement et la déportation de prêtres, au point qu’en 1936 l’Eglise
allemande avait réclamé une intervention publique de Rome.
Les évêques allemands étaient attendus en visite ad limina en 1938. La
date fut anticipée d’un an : ils vinrent à Rome en 1937. Les évêques
demandèrent au Saint-Siège un document condamnant publiquement le nazisme.
« Le cardinal archevêque de Munich, Michael von Faulhaber, écrivit en secret un
texte pour l’encyclique, à la main, pour ne pas le dicter à qui que ce soit, et
maintenir le secret », a expliqué à Zenit le P. Gumpel.
« Ce texte, continuait l’expert, servit de base à l’encyclique, et s’y
ajoutèrent les interventions du secrétaire d’Etat, Eugenio Pacelli : au cours
d’un travail de sept semaines, fut rédigé un texte comportant des passages
encore plus forts et plus explicites que les protestations du cardinal von
Faulhaber ».
A ce sujet, le P. Gumple renvoie au livre de Heinz Albert Raem sur l’histoire
de cette encyclique : « Pie XI et le national-socialisme » (« Pius XI un der
Nazionalsozialismus », (éd. Ferdinand Schöningh, Paderborn-München-Wien-Zürich,
1979).
Le texte définitif de l’encyclique fut signé par le pape Pie XI le 14 mars
1937. Des exemplaires transitèrent par la valise diplomatique et arrivèrent au
nonce apostolique à Berlin, qui le transmit à l’archevêque de Berlin, puis par
courriers secrets, ils furent remis à tous les évêques allemands.
A l’insu de la police secrète d’Etat,
Puis, toujours en secret, les textes furent distribués à tous les curés, aux
aumôniers, aux couvents, et l’encyclique fut proclamée dans toutes les églises
catholiques allemandes le 21 mars 1937, Dimanche des Rameaux.
« J’avais 14 ans, raconte le P. Gumpel. J’étais dans la cathédrale de Berlin
lorsque le texte de l’encyclique a été lu en guise d’homélie. La cathédrale
était comble. Et la réaction générale fut une approbation convaincue ».
Il souligne que le langage employé par l’encyclique était « clair et explicite
» : Hitler trompait les Allemands et la communauté internationale, il était
perfide, dangereux, voulait se substituer à Dieu.
« La réaction des catholiques fut enthousiaste », raconte le P. Gumpel, mais
l’encyclique mit « Hitler hors de lui » : pendant trois jours, il refusa de
voir et de recevoir qui que ce fût.
La veille de la lecture publique,
Pourtant
La communauté internationale réagit positivement au courage de l’Eglise. Les
communautés juives se réjouirent de cette condamnation explicite du racisme. La
presse juive accueillit avec une grande satisfaction la protestation du pape,
du Saint-Siège et de l’Eglise d’Allemagne.
« Mais, déplore, le P. Gumpel, alors que le pape avait explicitement dit que
Hitler n’était pas fiable, cela n’a pas empêché qu’en 1938, l’Angleterre,
Pour ce qui est des passages les plus significatifs de l’encyclique, le P.
Gumpel précise qu’il s’agit « d’un dcocument dont la valeur dépasse la
contingence historique » et que « certains passages revêtent une signification
prophétique de grande actualité ».
« ‘Mit brennender Sorge’ n’a pas seulement une importance symbolique,
précise l’expert. Elle est fondée sur les principes de la loi morale naturelle
et de la foi. Elle est prophétique aussi pour aujourd’hui : elle a une valeur
permanente. Si l’on ne se réfère ni à la loi naturelle ni à la foi, on tombe
dans la décadence, et l’histoire a amplement démontré que c’est la source
permanente de troubles au niveau international ».
La première partie de l’encyclique présente l’histoire du concordat et souligne
les violations continuelles du régime par ses attaques contre l’Eglise
catholique et les fidèles.
« Mit brennender Sorge » dénonce également le néo paganisme nazi en affirmant :
« Qui, par une confusion panthéiste, identifie Dieu avec l’univers, en
matérialisant Dieu dans le monde, et en déifiant le monde en Dieu, n’appartient
pas aux vrais croyants ».
L’encyclique condamne sans ambages la conception raciale du nazisme qui «
divinise dans un culte idolâtre » la terre et le sang, et « pervertit et
falsifie l’ordre créé et imposé par Dieu ».
Elle dénonce « l’erreur de parler d’un dieu national, d’une religion nationale,
et la tentative d’emprisonner dans les limites d’un seul peuple, de réduire
ethniquement à une seule race, le Dieu créateur du monde devant la grandeur
face à laquelle les nations sont petites comme des gouttes d’eau ».
Du point de vue de l’Ecriture Sainte, l’encyclique défend la valeur de l’Ancien
Testament et condamne qui voudrait « bannir l’histoire biblique de l’église et
de l’école et les sages enseignements de l’Ancien Testament » comme «
blasphamatoire » contre la « parole de Dieu » et contre « le dessein de salut
du Tout puissant ». Elle dénonce la prétention du Führer de se présenter comme
le dieu de l’Allemagne.
Mais l’encyclique évoque aussi les victimes du régime parmi les catholiques
qui, pour défendre la foi, « subissent une violence illégale autant
qu’inhumaine » et dénonce ouvertement des « tentations sataniques de faire
sortir les fidèles de l’Eglise », et la tentative d’imposer une « Eglise
allemande nationale ».
Du point de vue moral, l’encyclique s’oppose ouvertement aux « tentatives de
détacher la doctrine de l’ordre moral », une voie, qui « conduit à la décadence
morale individuelle et des Nations ».
Le principe nazi selon lequel est « juste ce qui est utile à
L’encyclique met enfin en garde la jeunesse contre qui est « anathème » en «
voulant annoncer un Evangile différent » de celui qu’ils ont reçu.
Le P. Gumpel souligne que « les formules les plus dures contre le nazisme
sont de Pacelli, et Hitler le savait ». D’où sa fureur contre le secrétaire
d’Etat de Pie XI, et futur Pie XII : Hitler le considérait comme son adversaire
numéro un.
Un quotidien italien, «
A ce propos, le P. Gumpel fait observer que « ces révélations n’ajoutent rien à
ce que le Saint-Siège sait déjà, mais qu’elles sont utiles à ceux qui ont été
jusqu’à penser ou même écrire que Pacelli a été « le pape de Hitler ». On a
maintenant d’autres documents qui prouvent combien de fausses accusations ont
été lancées contre Pie XII. La responsabilité des soviétiques dans la campagne
de calomnies contre le pape Pacelli est également évidente ».