ITEM
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Un
regard sur l’actualité politique et religieuse
Au 8 mars 2006
N°81
Par Monsieur l’abbé Paul Aulagnier
Un mauvais esprit !
Les
« dominicains d’Avrillé du Père Innocent Marie ont publié dans le n° 55 (Hiver
2005-2006) de leur revue « Le Sel
de
Cet
article ne m’a pas plus. Je n’y ai pas
trouvé un bon esprit. J’y trouve même un mauvais esprit.
On sent
qu’ils sont mal disposés à l’égard du pape Benoît XVI. Et qu’ils veulent, en ce
sens, influencer leurs lecteurs. Ils disent
bien ne pas vouloir juger arbitrairement…Toutefois
ils affirment : « que ce serait
une naïveté d’imaginer que Benoît XVI n’a rien de commun avec le cardinal
Ratzinger. Le cardinal Ratzinger, devenu le pape Benoît XVI n’a pas changé sa
philosophie et sa théologie. L’élection d’un pape n’a pas l’effet
« magique » d’opérer la conversion intellectuelle de l’intéressé,
elle lui laisse ses manières habituelles de penser » (Sel de
Après
avoir donné ce jugement dans l’Editorial, ils nous renvoient, expressément, vous dis-je, à la partie « Lectures » de ce
numéro, et ils citent la conférence de Mgr Lefebvre : « Mgr Lefebvre
juge le Cardinal Ratzinger » comme pour fonder leur critique. Ils « accaparent »
la pensée de Mgr Lefebvre et semblent
comme vouloir la « figer », la « momifier ». C’est cela qui ne me plait pas.
Certes,
ils redonnent bien la totalité – ou presque - de cette conférence de Mgr
lefebvre. Ils en modifient seulement les titres
J’étais
parmi les auditeurs lorsque Mgr Lefebvre la prononça. Elle m’avait beaucoup plus à
l’époque. Il critique, de fait, très sévèrement
le cardinal Ratzinger, sa pensée sur le monde moderne et sur le jugement qu’il
portait sur le document conciliaire « Gaudium et Spes », l’Eglise
face au monde moderne. Le cardinal avait donné son point de vue sur ce sujet
capital dans son livre « Les Principes de
Voici le
passage essentiel où Mgr Lefebvre critique et le cardinal en le citant et le
pape Jean-Paul II :
« Voilà ce que le cardinal Ratzinger écrit
dans son livre à propos du texte de l'Église dans le monde (Gaudium et spes) sous le titre : «
L'Église et le monde à propos de la question de la réception du deuxième
Concile du Vatican. » Il développe ses arguments sur plusieurs pages et précise
: « Si l'on cherche un diagnostic global du texte, on pourrait dire qu'il
est (en liaison avec les textes sur la liberté religieuse et sur les religions
dans le monde) une révision du Syllabus de Pie IX, une sorte de contre-Syllabus
(Dignitatis Humanae) ».
Donc, il reconnaît que le texte de l'Église dans le
monde, celui de la liberté religieuse et celui sur les non-chrétiens (Nostra AÉtate) constituent une espèce
de « contre-Syllabus ». C'est ce que nous lui avons dit, mais maintenant, sans
que cela paraisse le gêner, il l'écrit explicitement.
Et le cardinal poursuit : « Harnack, on le sait, a interprété le Syllabus
comme un défi à son siècle ; ce qu'il y a de vrai, c'est qu'il a tracé une
ligne de séparation devant les forces déterminantes du XIXème
siècle. »
Quelles sont « les forces déterminantes du XIXème
siècle » ? C'est la révolution française bien sûr avec toute son entreprise de
destruction. Ces « forces déterminantes », le cardinal les définit lui-même comme
étant « les conceptions scientifiques et politiques du libéralisme ». Et il
poursuit « Dans la controverse
moderniste, cette double frontière a été encore une fois renforcée et fortifiée ».
« Depuis lors, sans
doute, bien des choses s'étaient modifiées. La nouvelle politique
ecclésiastique de Pie XI avait instauré une certaine ouverture à l'égard de la
conception libérale de l'État. L'exégèse et l'histoire de l'Église, dans un
combat silencieux et persévérant, avaient adopté de plus en plus les postulats
de la science libérale, et d'un autre côté le libéralisme s'était vu dans la
nécessité, au cours des grands retournements politiques du XXe siècle,
d'accepter des corrections notables ».
« C'est pourquoi,
d'abord en Europe centrale, l'attachement unilatéral, conditionné par la
situation, aux positions prises par l'Église à l'initiative de Pie IX et de Pie
X contre la nouvelle période de l'histoire ouverte par la révolution française,
avait été dans une large mesure corrigé via facti, mais une détermination
fondamentale nouvelle des rapports avec le monde tel qu'il se présentait depuis
1789 manquait encore ».
Cette détermination
fondamentale va être celle du Concile.
« En réalité,
continue le cardinal, dans les pays à forte majorité catholique, régnait encore
largement l'optique d'avant la révolution : presque personne ne conteste plus
aujourd'hui que les concordats espagnol et italien cherchaient à conserver
beaucoup trop de choses d'une conception du monde qui depuis longtemps ne
correspondait plus aux données réelles. De même presque plus personne ne peut
contester qu'à cet attachement à une conception périmée des rapports entre
l'Église et l'État correspondaient des anachronismes semblables dans le domaine
de l'éducation, et de l'attitude à prendre à l'égard de la méthode historique
critique moderne. »
Ainsi se précise le véritable
esprit du cardinal Ratzinger qui ajoute : « Seule une recherche
minutieuse des manières diverses dont les différentes parties de l'Église ont
accompli leur accueil du monde moderne pouvait débrouiller le réseau compliqué
de causes qui ont contribué à donner sa forme à la constitution pastorale, et
ce n'est que de cette manière que pourrait s'éclairer le drame de l'histoire de
son influence ».
« Contentons-nous
ici de constater que le texte joue le rôle d'un contre-Syllabus dans la mesure
où il représente une tentative pour la réconciliation officielle de l'Église
avec le monde tel qu'il était devenu depuis 1789 ».
Tout cela est clair et
correspond à tout ce que nous n'avons cessé d'affirmer. Nous refusons, nous ne
voulons pas être les héritiers de 1789 !
« D'un côté, cette
vue seule, éclaire le complexe de ghetto dont nous avons parlé au début ;
(l'Église un ghetto !) et d'un autre côté, elle seule permet de comprendre
le sens de cet étrange vis-à-vis de l'Église et du monde: par « monde » on
entend, au fond, l'esprit des temps modernes, en face duquel la conscience de
groupe dans l'Église se ressentait comme un sujet séparé qui, après une guerre
tantôt chaude et tantôt froide, recherchait le dialogue et la coopération.
»
Force est bien de constater, poursuit Mgr Lefebvre, que le cardinal a perdu totalement de vue
l'idée de l'Apocalypse de la lutte entre le vrai et l'erreur, entre le bien et
le mal. Désormais, on recherche le dialogue entre le vrai et
l'erreur. On ne peut pas comprendre l'étrangeté de ce vis-à-vis entre l'Église
et le monde.
Plus loin, le cardinal définit ainsi sa pensée : « L'Église et le monde, c'est comme le corps et
l'âme. » - « Bien entendu, il faut ajouter que le climat de tout le
processus était marqué de façon décisive par « Gaudium et spes ». Le
sentiment qu’il ne devait vraiment plus y avoir de mur entre l’Église et le
monde, que tout « dualisme » : corps-âme, Église-monde, grâce-nature
et même, en fin de compte, Dieu-monde était nuisible : ce sentiment devint
de plus en plus une force destructrice pour l’ensemble ».
Le cardinal Ratzinger est à la tête de
Quant au Pape, d'une autre façon, il a
le même esprit. Sans doute est-il polonais, mais le fondement des idées est le
même. Ce sont les mêmes principes, la même formation qui
l'animent. C'est la raison pour laquelle ils n'éprouvent ni honte, ni horreur
en faisant ce qu'ils font alors que nous, nous en sommes épouvantés. La
religion, comme nous l'avons vu dans le libéralisme, dans le modernisme, c'est
un sentiment interne».
A la lecture de ce passage, je
comprends parfaitement le jugement de Mgr Lefebvre…Je partage toujours le même
sentiment.
Mais là où je vois le mauvais esprit
des dominicains, c’est lorsqu’ils semblent comme vouloir arrêter le temps. Ils
oublient de préciser les circonstances. Ils oublient de dire que cette
conférence, prononcée en 1986, était prononcée en pleine affaire de la réunion
d’Assise. Réunion particulièrement choquante pour la foi catholique. Voir le
pape, successeur de Pierre, vicaire du Christ, mis physiquement au niveau des représentants
des fausses religions, tout cela a surpris la chrétienté. Nous nous souvenons
toujours des critiques qu’à l’époque SiSi NoNo donnait de cette journée
douloureuse. Elles restent vraies. Une telle journée mettait en danger bien des
dogmes de notre sainte religion, sur l’Eglise, sur son rôle, sur la fonction pétrinienne, sur la nécessité de
la foi pour le salut éternelle, sur la mission de l’Eglise d’aller enseigner la
vérité révélée, cette vérité... Tout est
vrai. Et l’on sait que c’est une telle journée qui décida Mgr Lefebvre à passer
aux actes et à se donner des successeurs dans l’épiscopat pour assurer la
pérennité du sacerdoce et de la messe
catholique.
Mais les choses n’en sont pas
restées là. Elles ne se sont pas arrêtées à 1986 ni à 1988.
Bien au contraire. Elles ont
considérablement évoluées… précisément à partir de cette date et peut-être même
à cause de cette date et des sacres faits par Mgr Lefebvre. Le discours du
cardinal Ratzinger qu’il prononça au Chili devant tout l’épiscopat chilien, le
prouve, me semble-t-il, sûrement. Nous
étions en juillet 1988, je crois même le 9 juillet.
Mais depuis lors, les choses, les faits, les réflexions, les
pensées du cardinal Ratzinger, du Pape Jean-Paul II, de Benoît XVI n’ont cessé
d’évoluer.
Qu’on en juge par l’affaire
liturgique, par l’affaire de la messe. Voyez mon livre : « La
bataille de la messe » où j’exprime clairement cette évolution des
autorités de l’Eglise en cette matière. Nous n’en sommes plus au discours
que Paul VI tenait lors du Consistoire
de mai 1976, interdisant pour toute l’Eglise et les communautés la
célébration de la sainte messe dans le
rite tridentin. Nous entendons, tout de même, d’autres considérations…Même
si la victoire n’est pas encore gagnée…
Il en est de même en d’autres
domaines… En particulier, du jugement sur le monde moderne du pape Jean-Paul II
et du cardinal Ratzinger, aujourd’hui Benoît
XVI.
La pensée de Jean-Paul II, sur ce
sujet, a évolué comme celle du cardinal
Ratzinger.
A-Le jugement du Pape
Jean-Paul II.
Mgr Lefebvre, dans sa conférence de
1986 affirme que le pape et le cardinal Ratzinger ne comprennent pas l’hostilité du monde moderne contre l’Eglise, le combat
des deux cités. Il l’écrit du cardinal Ratzinger, mais il le dit aussi de
la pensée de Jean-Paul II :
« Force est bien de constater que
le cardinal a perdu totalement de vue l'idée de l'Apocalypse de la lutte entre
le vrai et l'erreur, entre le bien et le mal »
A l’époque, peut-être. Tel qu’il s’exprimait dans « Les
Principes de
Mais après… pas nécessairement ni
certainement. Un jugement à priori n’est jamais bon. Il faut tenir compte des
autres textes que les auteurs « incriminés » nous laissent.
Or je me souviens de la finale de
De ces paroles, Mgr Lefebvre s’en
serait réjoui, me semble-t-il. Il n’aurait certainement pas arrêté sa critique
à 1986. Il aurait poursuivi son examen, son analyse. Il se serait réjoui de ce
texte écrit le 28 juin 2003.
Voyez ! C’est la conclusion du
document :
« Un
signe grandiose apparut dans le ciel:
une Femme, ayant le soleil pour manteau »
(Ap 12, 1)
La femme, le dragon et l'enfant
La femme ayant le soleil pour manteau, qui est en train d'accoucher dans
la souffrance (cf. Ap 12, 1-2),
peut désigner l'Israël des prophètes qui enfante le Messie, « celui qui sera le
berger de toutes les nations, les menant avec un sceptre de fer » (Ap 12, 5; cf. Ps 2, 9). Mais elle représente aussi l'Église, peuple de la
nouvelle Alliance, en proie à la persécution, mais protégée par Dieu. Le dragon est « le serpent des origines,
celui qu'on nomme Démon ou Satan, celui qui égarait le monde entier » (Ap 12, 9). Le combat est inégal: le dragon semble avoir l'avantage, tant est
grande son outrecuidance face à la femme sans défense et souffrante. En
réalité, le vainqueur, c'est le fils
que la femme vient de mettre au monde. Dans ce combat, une chose est
certaine: le grand dragon a déjà été vaincu, « il fut jeté sur la terre, et ses
anges avec lui » (Ap 12, 9). Ceux
qui l'ont vaincu, ce sont le Christ, Dieu fait homme, par sa mort et sa
résurrection, et les martyrs, « par le sang de l'Agneau et le témoignage de
leur parole » (Ap 12, 11). Et
même si le dragon persiste dans son opposition, il n'y a rien à craindre, car
sa défaite est déjà consommée.
123. Telle est la certitude qui anime l'Église au long
de son chemin, tandis qu'elle relit son histoire de toujours à partir de la
femme et du dragon. La femme qui met au monde un enfant mâle nous
rappelle aussi
De plus,
comment penser un instant que Mgr
Lefebvre n’aurait pas pris acte du constat que le pape Jean-Paul II faisait,
dans ce même document, de l’Europe contemporaine. Là, le pape, en 2003,
s’élevait contre ce profond « obscurcissement de l’espérance »
qui touche l’Europe, de « sa perte
de la mémoire et de l’héritage chrétiens », « de sa peur d’affronter l’avenir ».
Il aurait aimé ce paragraphe où le pape parle de la « tentative de faire prévaloir une anthropologie sans Dieu et sans le
Christ ».
Relisez le texte :
« 7.
L’Europe (est) souvent tentée par
l'obscurcissement de l'espérance. En effet, le temps que nous vivons,
avec les défis qui lui sont propres, apparaît comme une époque d'égarement. Beaucoup
d'hommes et de femmes semblent désorientés, incertains, sans espérance, et de
nombreux chrétiens partagent ces états d'âme. Nombreux sont les signes préoccupants qui, au début du
troisième millénaire, troublent l'horizon du continent européen, lequel, « tout
en étant riche d'immenses signes de foi et de témoignage, et dans le cadre
d'une vie commune certainement plus libre et plus unie, ressent toute l'usure
que l'histoire ancienne et récente a provoquée dans les fibres les plus
profondes de ses populations, entraînant souvent la déception ».14
Parmi
les nombreux aspects, amplement rappelés aussi à l'occasion du Synode,15
je voudrais mentionner la perte de la mémoire et de l'héritage
chrétiens, accompagnée d'une sorte d'agnosticisme
pratique et d'indifférentisme religieux, qui fait que beaucoup d'Européens
donnent l'impression de vivre sans terreau spirituel et comme des héritiers qui
ont dilapidé le patrimoine qui leur a été légué par l'histoire. On n'est donc
plus tellement étonné par les tentatives de donner à l'Europe un visage qui
exclut son héritage religieux, en particulier son âme profondément chrétienne,
fondant les droits des peuples qui la composent sans les greffer sur le tronc
irrigué par la sève vitale du christianisme.
Certes, les prestigieux symboles de la présence
chrétienne ne manquent pas dans le continent européen, mais avec l'expansion
lente et progressive de la sécularisation, ils risquent de devenir un pur
vestige du passé. Beaucoup n'arrivent plus à intégrer le message
évangélique dans l'expérience quotidienne; il est de plus en plus difficile de
vivre la foi en Jésus dans un contexte social et culturel où le projet chrétien
de vie est continuellement mis au défi et menacé; dans de nombreux milieux de
vie, il est plus facile de se dire athée
que croyant; on a l'impression que la non-croyance va de soi tandis que la
croyance a besoin d'une légitimation sociale qui n'est ni évidente ni escomptée.
8.
Cette perte de la mémoire chrétienne s'accompagne d'une sorte de peur d'affronter l'avenir. L'image du
lendemain qui est cultivée s'avère souvent pâle et incertaine. Face à l'avenir,
on ressent plus de peur que de désir. On en trouve des signes préoccupants,
entre autres, dans le vide intérieur qui
tenaille de nombreuses personnes et dans la perte du sens de la vie. Parmi les
expressions et les conséquences de cette angoisse existentielle, il faut
compter en particulier la dramatique diminution de la natalité, la baisse des
vocations au sacerdoce et à la vie consacrée, la difficulté, sinon le refus, de
faire des choix définitifs de vie, même dans le mariage.
On
assiste à une fragmentation diffuse de l'existence; ce qui prévaut,
c'est une sensation de solitude; les divisions et les oppositions se
multiplient. Parmi les autres symptômes de cet état de fait, la situation
actuelle de l'Europe connaît le grave phénomène des crises de la famille et de
la disparition du concept même de famille, la persistance ou la réactivation de
conflits ethniques, la résurgence de certaines attitudes racistes, les tensions
interreligieuses elles-mêmes, l'attitude égocentrique qui enferme les personnes
et les groupes sur eux-mêmes, la croissance d'une indifférence éthique générale
et de la crispation excessive sur ses propres intérêts et privilèges. Pour
beaucoup de personnes, au lieu d'orienter vers une plus grande unité du genre
humain, la mondialisation en cours risque de suivre une logique qui marginalise
les plus faibles et qui accroît le nombre des pauvres sur la terre.
Parallèlement
à l'expansion de l'individualisme, on note un affaiblissement croissant de la solidarité entre les personnes:
alors que les institutions d'assistance accomplissent un travail louable, on
observe une disparition du sens de la solidarité, de sorte que, même si elles
ne manquent pas du nécessaire matériel, beaucoup de personnes se sentent plus
seules, livrées à elles-mêmes, sans réseau de soutien affectif.
9. À la racine de la perte de l'espérance se trouve la tentative de faire prévaloir une
anthropologie sans Dieu et sans le Christ. Cette manière de penser a
conduit à considérer l'homme comme « le centre absolu de la réalité, lui
faisant occuper faussement la place de Dieu. On oublie alors que ce n'est pas
l'homme qui fait Dieu, mais Dieu qui fait l'homme. L'oubli de Dieu a conduit à
l'abandon de l'homme », et c'est pourquoi, « dans ce contexte, il n'est pas
surprenant que se soient largement développés le nihilisme en philosophie, le
relativisme en gnoséologie et en morale, et le pragmatisme, voire un hédonisme
cynique, dans la manière d'aborder la vie quotidienne ».16 La
culture européenne donne l'impression d'une « apostasie silencieuse » de la
part de l'homme comblé qui vit comme si Dieu n'existait pas.
Dans une telle perspective prennent corps les
tentatives, renouvelées tout récemment encore, de présenter la culture
européenne en faisant abstraction de l'apport du christianisme qui a marqué son
développement historique et sa diffusion universelle. Nous sommes là devant
l'apparition d'une nouvelle culture,
pour une large part influencée par les médias, dont les caractéristiques et le
contenu sont souvent contraires à l'Évangile et à la dignité de la personne
humaine. De cette
culture fait partie aussi un agnosticisme religieux toujours plus répandu, lié
à un relativisme moral et juridique plus profond, qui prend racine dans la
perte de la vérité de l'homme comme fondement des droits inaliénables de
chacun. Les signes de la disparition de l'espérance se manifestent parfois à
travers des formes préoccupantes de ce que l'on peut appeler une « culture de
mort ».
Mgr Lefebvre aurait pris bonne note de ces jugements du pape
en 2003.
B- Le jugement de Benoît XVI.
Mgr Lefebvre a été très sévère, nous l’avons vu, sur le Cardinal
Ratzinger alors qu’il critiquait, en 1986, son livre « Les principes
de
Voyez
Le cardinal cite de
nouveau le texte de
« Il est prédit qu'au cours de toute l'histoire,
la lutte entre l'homme et le serpent se poursuivra, c'est-à-dire entre l'homme
et les puissances du mal et de la mort. Cependant, il est également préannoncé
que "la lignée" de la femme vaincra un jour et écrasera la tête du
serpent, de la mort; il est préannoncé que la lignée de la femme - et en elle
la femme et la mère elle-même - vaincra et qu'ainsi, à travers l'homme, Dieu
vaincra. Si nous nous mettons à l'écoute de ce texte avec l'Eglise croyante et
en prière, alors nous pouvons commencer à comprendre ce qu'est le péché
originel, le péché héréditaire, et aussi ce que signifie être sauvergardé de ce
péché héréditaire, ce qu'est la rédemption »
C’est tout de même notable. Mgr Lefebvre l’aurait noté.
Aurait-il dit en 2003, ou en 2005 : « Force est bien de constater que le cardinal
a perdu totalement de vue l'idée de l'Apocalypse de la lutte entre le vrai et
l'erreur, entre le bien et le mal ». J’en doute. Il aurait modifié son jugement selon la réalité. La vérité
est bien la conformité de la pensée à la « res »…Ce n’est pas Mgr Lefebvre
qui aurait évolué et changé, qui serait devenu libéral…Mais c’est bien la
réalité qui change : la pensée de Benoît XVI. C’est la « res » qui
change, à laquelle l’esprit doit se
conformer.
Le pape poursuit :
« Quelle
est la situation qui nous est présentée dans cette page? L'homme n'a pas
confiance en Dieu. Tenté par les paroles du serpent, il nourrit le soupçon que
Dieu, en fin de compte, ôte quelque chose à sa vie, que Dieu est un concurrent
qui limite notre liberté et que nous ne serons pleinement des êtres humains que
lorsque nous l'aurons mis de côté; en somme, que ce n'est que de cette façon
que nous pouvons réaliser en plénitude notre liberté. L'homme vit avec le
soupçon que l'amour de Dieu crée une dépendance et qu'il lui est nécessaire de
se débarasser de cette dépendance pour être pleinement lui-même. L'homme ne veut pas recevoir de Dieu son
existence et la plénitude de sa vie. Il veut puiser lui-même à l'arbre de la
connaissance le pouvoir de façonner le monde, de se transformer en un dieu en
s'élevant à Son niveau, et de vaincre avec ses propres forces la mort et les
ténèbres. Il ne veut pas compter sur l'amour qui ne lui semble pas fiable; il
compte uniquement sur la connaissance, dans la mesure où celle-ci confère le
pouvoir. Plutôt que sur l'amour, il mise sur le pouvoir, avec lequel il veut
prendre en main de manière autonome sa propre vie. Et en agissant ainsi, il
se fie au mensonge plutôt qu'à la vérité et cela fait sombrer sa vie dans le
vide, dans la mort. L'amour n'est pas une dépendance, mais un don qui nous fait
vivre. La liberté d'un être humain est la liberté d'un être limité et elle est
donc elle-même limitée. Nous ne pouvons la posséder que comme liberté partagée,
dans la communion des libertés: ce n'est que si nous vivons d'une juste
manière, l'un avec l'autre et l'un pour l'autre, que la liberté peut se
développer. Nous vivons d'une juste
manière, si nous vivons selon la vérité de notre être, c'est-à-dire selon la
volonté de Dieu. Car la volonté de
Dieu ne constitue pas pour l'homme une loi imposée de l'extérieur qui le force,
mais la mesure intrinsèque de sa nature, une mesure qui est inscrite en lui et
fait de lui l'image de Dieu, et donc une créature libre. Si nous vivons contre
l'amour et contre la vérité - contre Dieu -, alors nous nous détruisons
réciproquement et nous détruisons le monde. Alors nous ne trouvons pas la vie,
mais nous faisons le jeu de la mort. Tout cela est raconté à travers des images
immortelles dans l'histoire de la chute originelle et de l'homme chassé du
Paradis terrestre.
Chers
frères et soeurs! Si nous réfléchissons sincèrement sur nous et sur notre sur
histoire, nous constatons qu'à travers ce récit est non seulement décrite
l'histoire du début, mais l'histoire de tous les temps, et que nous portons
tous en nous une goutte du venin de cette façon de penser illustrée par les
images du Livre de
Cependant, en regardant le monde autour de nous, nous
pouvons voir qu'il n'en est pas ainsi, c'est-à-dire que le mal empoisonne
toujours, il n'élève pas l'homme, mais l'abaisse et l'humilie, il ne le rend
pas plus grand, plus pur et plus riche, mais il lui cause du mal et le fait
devenir plus petit. C'est plutôt cela que nous devons apprendre le jour
de l'Immaculée: l'homme qui s'abandonne totalement entre les mains de Dieu ne
devient pas une marionnette de Dieu, une personne consentante ennuyeuse; il ne
perd pas sa liberté. Seul l'homme qui se remet totalement à Dieu trouve la
liberté véritable, l'ampleur vaste et créative de la liberté du bien. L'homme
qui se tourne vers Dieu ne devient pas plus petit, mais plus grand, car grâce à
Dieu et avec Lui, il devient grand, il devient divin, il devient vraiment
lui-même. L'homme qui se remet entre les mains de Dieu ne s'éloigne pas des
autres en se retirant dans sa rédemption en privé; au contraire, ce n'est
qu'alors que son coeur s'éveille vraiment et qu'il devient une personne
sensible et donc bienveillante et ouverte.
Plus
l'homme est proche de Dieu et plus il est proche des hommes. Nous le voyons en
Marie. Le fait qu'elle soit totalement auprès de Dieu est la raison pour
laquelle elle est également si proche de tous les hommes. C'est pourquoi elle
peut être
En ce
jour de fête, nous voulons rendre grâce au Seigneur pour le grand signe de sa
bonté qu'il nous a donné en Marie, sa Mère et Mère de l'Eglise. Nous voulons le
prier de placer Marie sur notre chemin comme une lumière qui nous aide à
devenir nous aussi lumière et à porter cette lumière dans les nuits de
l'histoire. Amen ».
Croyez-vous
que Mgr Lefebvre n’aurait pas partagé cette analyse ? Allons donc !
On ne
peut objectivement arrêter le temps et l’évolution possible d’une pensée…Certes,
comme le disent les dominicains « l’élection d’un Pape n’a pas l’effet
« magique » d’opérer la conversion intellectuelle de l’intéressé; elle lui laisse sa manière
habituelle de penser », mais une pensée peut évoluer selon d’autres
circonstances. Et puis sont-ils bien sûr qu’une élection au Souverain
Pontificat ne peut pas donner quelques grâces d’état ? Mgr
Lefebvre aurait pris acte de ces changements et s’en serait réjouis.
Et, comme pour enfoncer définitivement le clou,
nos dominicains citent pour justifier leur critique du pape, le jugement que
Benoît XVI prononça au nouvel ambassadeur près le Saint Siège, M Bernard
Kessedjian, le 19 décembre 2005. Ils en donnent des extraits à la page 304 et
311 du n° 55 de leur revue. Nous l’avons analysé, nous aussi. (Voir :
Les Nouvelles de Chrétienté. N° 34 sur notre site Item). Nous avons
exprimé, avec Jean Madiran, notre étonnement, notre opposition. J’ai avancé l’hypothèse que ce discours n‘était
pas de la plume du pape mais d’un « scribouillard » de
Oui
l’esprit de dominicains d’Avrillé ne me plait pas…Il n’est pas bon. C’est un
mauvais esprit. Qu’on y prenne garde !
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Pour
ceux qui veulent lire le texte in extenso de la conférence de Mgr Lefebvre,
cliquez ici : Texte de
« Il y a désormais
trois erreurs fondamentales, qui, d'origine maçonnique, sont professées
publiquement par les modernistes qui occupent l'Église.
- Le remplacement du
Décalogue par les Droits de l'Homme.
C'est désormais le leitmotiv pour rappeler la morale : ce sont les Droits de
l'Homme qui se sont pratiquement substitués au Décalogue. Car l'article
principal des Droits de l'Homme, c'est surtout la liberté religieuse, qui a été
voulue d'une manière particulière par les francs-maçons. Jusque là c'était la
religion catholique qui était LA religion, les autres religions étant fausses.
Les francs-maçons ne voulaient plus de cette exclusive. Il fallait la supprimer.
Alors on a décrété la liberté religieuse.
- Ce faux œcuménisme
qui établit en fait l'égalité des religions. C'est ce que manifeste le Pape
d'une manière concrète en toutes occasions. Il a dit lui-même que l’œcuménisme
était l'un des objectifs principaux de son pontificat. Il a agi là contre le
premier article du Credo et contre le premier commandement de l'Église.
C'est d'une gravité exceptionnelle.
- Enfin, le
troisième acte qui est maintenant courant, c'est la négation du règne social de
Notre-Seigneur Jésus-Christ par la laïcisation des États. Le Pape a voulu
et est arrivé pratiquement à laïciser les Sociétés, donc à supprimer le règne
de Notre-Seigneur sur les Nations.
Si l'on réunit ces
trois changements fondamentaux et qui en vérité n'en font qu'un, c'est vraiment
la négation de l'unicité de la religion de Notre-Seigneur Jésus-Christ et par
conséquent de son règne. Et pourquoi
cela. En faveur de quoi. Probablement d'un sentiment religieux universel, d'une
sorte de syncrétisme qui vise à réunir toutes les religions.
La situation est donc
extrêmement grave, car il semble bien que la réalisation de l'idéal maçonnique
soit accomplie par Rome même, par le Pape et les cardinaux. Les
francs-maçons ont toujours désiré cela et ils y parviennent non plus par eux
mais par les hommes d'Église eux-mêmes.
Il suffit de lire les
articles écrits par certains d'entre eux, ou qui leur sont proches, pour voir
avec quelle satisfaction ils saluent toute cette transformation de l'Église, ce
changement radical qu'a opéré l'Église depuis le Concile et qui, pour
eux-mêmes, était difficilement concevable.
La vérité évoluerait avec
le temps!
Ce n'est pas seulement le
Pape qui est en cause. Le cardinal Ratzinger, qui passe dans la presse pour
être plus ou moins traditionnel, est en fait un moderniste. Il suffit pour s'en convaincre de lire son livre «
Les principes de la théologie catholique » pour connaître sa pensée, alors
qu'il éprouve une certaine estime pour la théorie de Hegel quand il écrit : « A
partir de lui, être et temps se compénètrent de plus en plus dans la pensée
philosophique. L'être même répond désormais à la notion de temps... la
vérité devient fonction du temps ; le vrai n'est pas purement et simplement et
c'est vrai pour un temps parce qu'il appartient au devenir de la vérité,
laquelle est en tant qu'elle devient. »
Que voulez-vous que nous
fassions ? Comment discuter avec qui tient semblable raisonnement ?
Aussi sa réaction n'est-elle
pas surprenante quand je lui ai demandé : « Mais enfin, Éminence, il
y a quand même contradiction entre la liberté religieuse et ce que dit le
Syllabus. » « Mais, Monseigneur, m'a-t-il répondu, nous ne sommes plus
au temps du Syllabus! » Toute discussion devient impossible.
Voilà
ce que le cardinal Ratzinger écrit dans son livre à propos du texte de l'Église
dans le monde (Gaudium et spes) sous le titre : « L'Église et le monde à
propos de la question de la réception du deuxième Concile du Vatican. » Il
développe ses arguments sur plusieurs pages et précise : « Si l'on cherche
un diagnostic global du texte, on pourrait dire qu'il est (en liaison avec les
textes sur la liberté religieuse et sur les religions dans le monde) une
révision du Syllabus de Pie IX, une sorte de contre-Syllabus (Dignitatis
Humanae) ».
Donc, il reconnaît que le
texte de l'Église dans le monde, celui de la liberté religieuse et celui
sur les non-chrétiens (Nostra AÉtate) constituent une espèce de «
contre-Syllabus ». C'est ce que nous lui avons dit, mais maintenant, sans que
cela paraisse le gêner, il l'écrit explicitement.
Et le cardinal poursuit : «
Harnack, on le sait, a interprété le Syllabus comme un défi à son siècle ; ce
qu'il y a de vrai, c'est qu'il a tracé une ligne de séparation devant les
forces déterminantes du XIXème siècle. »
Quelles sont « les forces
déterminantes du XIXème siècle » ? C'est la révolution française
bien sûr avec toute son entreprise de destruction. Ces « forces déterminantes
», le cardinal les définit lui-même comme étant « les conceptions scientifiques
et politiques du libéralisme ». Et il poursuit « Dans la controverse
moderniste, cette double frontière a été encore une fois renforcée et fortifiée ».
« Depuis lors, sans
doute, bien des choses s'étaient modifiées. La nouvelle politique
ecclésiastique de Pie XI avait instauré une certaine ouverture à l'égard de la
conception libérale de l'État. L'exégèse et l'histoire de l'Église, dans un
combat silencieux et persévérant, avaient adopté de plus en plus les postulats
de la science libérale, et d'un autre côté le libéralisme s'était vu dans la
nécessité, au cours des grands retournements politiques du XXe siècle, d'accepter
des corrections notables ».
« C'est pourquoi,
d'abord en Europe centrale, l'attachement unilatéral, conditionné par la
situation, aux positions prises par l'Église à l'initiative de Pie IX et de Pie
X contre la nouvelle période de l'histoire ouverte par la révolution française,
avait été dans une large mesure corrigé via facti, mais une détermination
fondamentale nouvelle des rapports avec le monde tel qu'il se présentait depuis
1789 manquait encore ».
Cette détermination
fondamentale va être celle du Concile.
« En réalité,
continue le cardinal, dans les pays à forte majorité catholique, régnait
encore largement l'optique d'avant la révolution : presque personne ne conteste
plus aujourd'hui que les concordats espagnol et italien cherchaient à conserver
beaucoup trop de choses d'une conception du monde qui depuis longtemps ne
correspondait plus aux données réelles. De même presque plus personne ne peut
contester qu'à cet attachement à une conception périmée des rapports entre
l'Église et l'État correspondaient des anachronismes semblables dans le domaine
de l'éducation, et de l'attitude à prendre à l'égard de la méthode historique
critique moderne. »
Ainsi se précise le véritable
esprit du cardinal Ratzinger qui ajoute : « Seule une recherche
minutieuse des manières diverses dont les différentes parties de l'Église ont
accompli leur accueil du monde moderne pouvait débrouiller le réseau compliqué
de causes qui ont contribué à donner sa forme à la constitution pastorale, et
ce n'est que de cette manière que pourrait s'éclairer le drame de l'histoire de
son influence ».
« Contentons-nous
ici de constater que le texte joue le rôle d'un contre-Syllabus dans la mesure
où il représente une tentative pour la réconciliation officielle de l'Église
avec le monde tel qu'il était devenu depuis 1789 ».
Tout cela est clair et
correspond à tout ce que nous n'avons cessé d'affirmer. Nous refusons, nous ne
voulons pas être les héritiers de 1789 !
« D'un côté, cette
vue seule, éclaire le complexe de ghetto dont nous avons parlé au début ;
(l'Église un ghetto !) et d'un autre côté, elle seule permet de comprendre
le sens de cet étrange vis-à-vis de l'Église et du monde: par « monde » on
entend, au fond, l'esprit des temps modernes, en face duquel la conscience de
groupe dans l'Église se ressentait comme un sujet séparé qui, après une guerre
tantôt chaude et tantôt froide, recherchait le dialogue et la coopération.
»
Force est bien de
constater que le cardinal a perdu totalement de vue l'idée de l'Apocalypse de
la lutte entre le vrai et l'erreur, entre le bien et le mal. Désormais, on recherche le dialogue entre le vrai et
l'erreur. On ne peut pas comprendre l'étrangeté de ce vis-à-vis entre l'Église
et le monde.
Plus loin, le cardinal
définit ainsi sa pensée : « L'Église et le monde, c'est comme le corps et
l'âme. » - « Bien entendu, il faut ajouter que le climat de tout le
processus était marqué de façon décisive par « Gaudium et spes ». Le
sentiment qu’il ne devait vraiment plus y avoir de mur entre l’Église et le
monde, que tout « dualisme » : corps-âme, Église-monde,
grâce-nature et même, en fin de compte, Dieu-monde était nuisible : ce
sentiment devint de plus en plus une force destructrice pour l’ensemble ».
Le cardinal Ratzinger est à
la tête de
Quant au Pape, d'une
autre façon, il a le même esprit. Sans doute est-il polonais, mais le fondement
des idées est le même. Ce sont les mêmes principes, la même formation qui
l'animent. C'est la raison pour laquelle ils n'éprouvent ni honte, ni horreur
en faisant ce qu'ils font alors que nous, nous en sommes épouvantés. La
religion, comme nous l'avons vu dans le libéralisme, dans le modernisme, c'est
un sentiment interne.
Ainsi dès le jour où, au
mépris du droit, nous avons été frappé par Mgr Mamie, soutenu par Rome, nous
n'en avons pas tenu compte et apparemment nous avons désobéi. Mais, c'était
notre devoir de désobéir, parce que l'on voulait nous placer dans l'esprit de
Nous avons refusé cette
condamnation car nous la considérions comme nulle et inspirée de l'esprit
moderniste. Ce que nous faisions et que nous continuons de faire n'est autre
que d’œuvrer au maintien de
Ce n'est pas nous qui
créons la situation de l'Église et celle-ci s'aggrave toujours davantage dans
des conditions stupéfiantes. Personne
n'aurait pu imaginer il y a dix ans, avant l'avènement du pape Jean-Paul II,
qu'un Souverain Pontife aurait un jour fait cette cérémonie à Assise. L'idée
même n'en serait jamais venue. Nul n'aurait pensé qu'il aurait été à
w Nous voulons continuer
l'Église
Alors, nous qui sommes
entés sur l'Église, nous qui avons reçu les approbations officielles de
l'Église, nous voulons continuer l'Église, continuer le Sacerdoce, sauver les
âmes.
Que l'on me comprenne
bien, je ne dis pas que
Il n'y a qu'une Église,
dont nous sommes un rameau puissant, plein de sève, approuvé par l'Église absolument comme les autres Sociétés l'ont été
autrefois et qui sont maintenant - hélas - en grande majorité en train de
mourir de leur belle mort.
Le Bon Dieu m'a presque
contraint à fonder
Beaucoup d'entre nos prêtres
ont maintenant plus de huit ans, plus de dix ans de Sacerdoce et le nombre des
catholiques qui gravitent autour d'eux et qui sont heureux de les avoir est
considérable. Combien de fois je reçois des lettres ou des compliments quand je
passe dans les prieurés : « Ah, Monseigneur, vos prêtres ! Heureusement
que nous avons vos prêtres ! Quel bien ils nous font. Ils nous aident, ainsi
que nos familles, à demeurer catholiques. Combien nous vous remercions ! ».
Comment ne pas constater
l'action de
Soyons unis, courageux,
soyons fermes, continuons. Le Bon Dieu nous bénira certainement. Nous ne devons
pas craindre et trembler, mais demeurer résolus à défendre et à transmettre
notre Foi.
Louis Veuillot disait : «
Deux puissances vivent et sont en lutte dans le monde :
Nous avons choisi de
garder
La raison de nos vingt années
de combat est dans ce choix.
Prions, demandons à
Mgr Marcel LEFEBVRE