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Un regard sur le monde

politique et religieux

 

au 9 mai 2008

 

N° 169

 

Par Monsieur l’abbé Paul Aulagnier

 

 

« La question de la messe nouvelle »

 

(Ii)

 

Dans le numéro précédent de « Regard sur le monde » du 2 mai 2008, nous vous avons dit que nous protestions fort contre l’affirmation de Christophe Geffroy affirmant comme allant de soi,  que « la mouvance traditionnelle avait enfin compris la nécessité d’accepter la nouvelle messe telle quelle », l’influence de Dom Gérard n’étant pas mince en cette affaire. Cela ne correspond ni à la vérité d’hier ni à la vérité d’aujourd’hui. Nos « anciens » se sont dressés contre. Vous vous souvenez de la conclusion de M l’abbé Dulac. On  ne pouvait être plus clair : « Nous refusons de suivre le Nouvel Ordo Missae ». Nous poursuivons toujours ce « refus » Pour justifier notre réaction véhémente nous vous avons donner à lire l’étude de M l’abbé Dulac sur la Nouvelle Messe, étude savante montrant les imperfections de cette Nouvelle Messe issue du Concile Vatican II. Nous vous avions dit également que nous allions poursuivre cette réfutation en citant les études du cardinal Stickler et du cardinal Ratzinger. Nous avons la grâce, en effet,  de ne plus être isolés dans cette critique et cette résistance. Des cardinaux, à la fin du XXème siècle, autour des années 1995 pour le cardinal Stickler, encore plutôt pour le cardinal Ratzinger, sont venus conforter notre « réaction». Nous ne nous sommes plus trouvés « seuls». Des membres de la hiérarchie de l’Eglise nous ont appuyé dans nos « critiques ». C’est très important. Je vous ai annoncé de vous rappeler les études du cardinal Stickler. Je m’exécute.

Voici le résumé que l’on peut faire de sa longue conférence qu’il donna en Autriche, son pays d’origine en décembre 2001.  Vous verrez que ces observations ne sont pas tendres. Elles seront tôt ou tard prises en compte par l’autorité. Elles sont, du reste,  déjà prises en compte dans  une note importante de la Congrégation du culte divin concernant la modification de la forme de la consécration du vin. Tout comme Rome changera bientôt le mode de distribution de la sainte Eucharistie aux fidèles lors de la sainte messe. Les choses sont lentes à se faire. Mais elles se feront. Il faut prier et aider le Souverain Pontife dans son désir très exprimé de restaurer la liturgie et sa beauté dans l’Eglise.

 

 

Prise de position

du Cardinal STICKLER

Sa conférence en Autriche – en 2001.

 

Le Cardinal Stickler exprima sa pensée sur la réforme liturgique issue du concile Vatican II, dans une conférence, entre autres,  qu’il donna en Autriche, en Décembre 2001. Cette conférence fut connue en France grâce à la traduction que le C.I.E.L en fit et qu’il publia dans un petit « livret blanc », un recueil des conférences et homélies du Cardinal sur le sujet de la messe et sa réforme.  Son témoignage est tardif, certes. Il a du poids cependant vu l’autorité de son auteur à Rome. Ce n’est pas en effet le premier venu.

Pensez !

En poste à Rome depuis 1937, le Cardinal était canoniste, canoniste reconnu. Il fut professeur d’Université, puis recteur de l’Université salésienne, puis préfet de la Bibliothèque vaticane et des archives secrètes du Vatican. Il a été membre des commissions préparatoires du Concile Vatican II, puis expert auprès des différentes commissions conciliaires, en particulier, la Commission liturgique. Il est  décédé voilà seulement quelques mois.

On ne peut avoir meilleur témoin de la pensée conciliaire, surtout en matière liturgique.

Or voilà le jugement général qu’il donnait sur la réforme liturgique de la messe issue du Concile  «Ma stupéfaction (fut grande) lorsque, prenant connaissance de l’édition définitive du Nouveau Missel Romain, je fus bien obligé de constater que, sur bien des points, son contenu ne correspondait pas aux textes conciliaires qui m’étaient si familiers, que beaucoup de choses avaient été changées ou élargies, ou allaient même directement au rebours des instructions données par le Concile ».

Que s’était-il donc passé ?

Inquiet,  il demanda une audience au Cardinal Gut, alors préfet de la Congrégation des Rites. Lisons son témoignage

 : « Comme j’avais précisément vécu tout le déroulement du Concile, les discussions souvent très vives et longues et toute l’évolution des modifications jusqu’aux votes répétés qui eurent lieu jusqu'à leur adoption définitive, et que je connaissais aussi très bien les textes contenant les prescriptions détaillées pour la réalisation de la réforme souhaitée, vous pouvez vous imaginer mon étonnement, mon malaise croissant et même ma fureur devant certaines contradictions particulières, surtout considérant les conséquences nécessairement graves que l’on pouvait en attendre. C’est ainsi que je décidais d’aller voir le Cardinal Gut qui, le 8 mai 1968, était devenu préfet de la Congrégation des Rites en remplacement du Cardinal Laraona, qui s’était retiré le 9 janvier précédent. « Je lui demandais une audience dans son logement au monastère bénédictin de l’Aventin, audience qu’il m’accorda le 19 novembre 1969. Je ferai remarquer en passant que, dans ses mémoires parus en 1983, Mgr Bugnini fait erreur sur la date de la mort de Mgr Gut, l’avançant d’un an : Mgr Gut est mort le 8 décembre 1970 et non 1969. « Mgr Gut me reçut très aimablement, bien qu’il fût visiblement malade et, comme l’on dit, j’ai pu déverser tout ce que j’avais sur le cœur. Il me laissa parler une demi-heure sans m’interrompre, puis il me dit qu’il partageait entièrement mes inquiétudes. Mais, ajouta-t-il, la faute n’en incombait pas à la Congrégation des Rites : en effet, toute la réforme était l’œuvre du « Consilium » constitué expressément à cette fin par le Pape, dont il avait nommé le Cardinal Lercaro, Président, et le père Bugnini, Secrétaire. Dans ses travaux, ce conseil n’avait eu de comptes à rendre qu’au Pape ».

Mais quel est donc ce Mgr Bugnini, sur lequel reposa toute la responsabilité de la réforme de la messe ? Le cardinal laisse planer une grande « suspicion » !

Ce préambule fait, le Cardinal donne le thème de sa conférence : il veut juger « de la concordance ou de la contradiction entre les dispositions conciliaires et la réforme effectivement appliquée » (p. 35).

Le thème est intéressant. Enfin, une « critique » qui ne vient pas de « chez nous ». Une critique hors «  sérail ».

Tout au début, le Cardinal rappelle quelques grands principes liturgiques heureusement soulignés par la Constitution Sacrosanctum Concilium. Il nous rappelle l’article 2 qui affirme que, dans la liturgie, « tout ce qui est humain doit être subordonné et soumis au divin, le visible à l’invisible, l’action à la contemplation, le présent à la cité divine future que nous recherchons ». (p35 du livret)

Qui ne serait d’accord avec ce principe ? C’est un  point fondamental. C’est la finalité de la liturgie : nous conduire à Dieu dans une adoration profonde : du visible à l’invisible.

Or les réformateurs, nous dit le cardinal,  ont manifestement échoué en cette affaire. Il dit vers la fin  de sa conférence: « Ma conférence, mes souvenirs et expériences, je pense, ont permis d’évaluer dans quelle mesure la réforme avait satisfait aux exigences d’ordre théologique et ecclésiastique énoncées par le Concile, en d’autres termes, de voir si, dans la Liturgie et surtout dans ce qui en constitue le centre, la Sainte Messe ce qui est humain a véritablement été ordonné et soumis au divin, ce qui est visible à l’invisible, ce qui relève de l’action à la contemplation et ce qui est présent à la cité future que nous recherchons. Et l’on arrive à se demander si, au contraire, la nouvelle liturgie n’a pas souvent ordonné et soumis le divin à l’humain, le mystère invisible au visible, la contemplation à l’activisme, l’éternité future au présent humain quotidien » (p. 64).

Ainsi l’échec serait total.

C’est pourquoi le cardinal forme des vœux pour lancer, comme le dit le cardinal Ratzinger, « la réforme de la réforme ». La première aurait donc échoué ? « C’est précisément parce que l’on se rend toujours plus clairement compte, dit le cardinal,  de la situation actuelle que se renforce l’espoir d’une éventuelle restauration que le Cardinal Ratzinger voit dans un nouveau mouvement liturgique qui éveillera à une vie nouvelle le véritable héritage du Concile Vatican II ».

Enfin, un Cardinal de l’Église romaine qui parlait et enseignait clairement.

Le Cardinal résume encore d’autres articles fondamentaux du Concile. Des rappels tout à fait évidents et traditionnels.

• L’article 21 et l’article 23 qui affirment qu’il ne faut rien changeren matière liturgique « avant que ne soit élaborée une soigneuse étude théologique, historique, pastorale, en s’assurant d’un développement organique harmonieux ».

Qui ne serait d’accord !

• L’article 33 rappelle la finalité de la liturgie : « La liturgie est principalement le culte de la majesté de Dieu ». À la bonne heure !

• L’article 34, l’article 54 sur la langue latine. Là, le Cardinal donne son témoignage. C’est fort instructif ! « Au bout de quelques jours de débats au cours desquels tous les arguments pour ou contre furent vivement discutés, on en est arrivé à la conclusion bien claire tout à fait en accord avec le Concile de Trente, qu’il fallait conserver le latin comme langue cultuelle du rite latin, mais que des exceptions étaient possibles et même souhaitables » (p. 38-39).

Sur le chant grégorien, sur les orgues, le Cardinal rappelle l’article 116 de la Constitution: « Le grégorien est le chant propre de la liturgie catholique romaine depuis l’époque de Grégoire le Grand et qu’en tant que tel, il doit être conservé » (p. 39).

• Il rappelle l’article 108 qui souligne spécialement l’importance des fêtes du Seigneur, et surtout celles du « propre du Temps », lequel doit avoir la priorité sur les fêtes des saints pour ne pas affaiblir la pleine efficacité de la célébration des mystères du salut (p. 39). Mais c’est l’enseignement que Dom Guillou, professeur de liturgie à Ecône, dispensait aux séminaristes avec énergie et conviction – pour toujours.

La critique de la réforme liturgique.

Ces principes liturgiques – et d’autres encore – rappelés, le Cardinal passe à la critique de la réforme liturgique, l’œuvre conciliaire par excellence. C’est la deuxième partie de la conférence.

Sans vouloir être exhaustif en cette affaire, le Cardinal aborde cette critique avec énergie et fraîcheur. Sur sa bouche,  on retrouve l’enseignement de toujours. Il rappelle que la liturgie doit exprimer la foi catholique « Legem credendi, lex statuit supplicandi » ou plus simplement dit : « Lex orandi, lex credendi ». Le Cardinal dit : « La liturgie contient et exprime la foi de façon juste et compréhensible » (p. 40). De sorte que « la pérennité de la liturgie participe de la pérennité de la foi, elle contribue même à la préserver ». Et comme la foi est immuable, la liturgie qui l’exprime l’est aussi. « C’est pourquoi il n’y a jamais eu de rupture, de recréation radicale dans aucun des rites chrétiens, catholiques, y compris dans le rite romain latin » (p 40-41). L’évolution liturgique, dès lors, est lente, nécessairement organique. « Dans tous les rites, la liturgie est quelque chose qui s’est développée et continue de croître lentement ; partie du Christ et repris par les Apôtres, elle a été organiquement développée par leurs successeurs, en particulier par les figures les plus marquantes tels les Pères de l’Église, tout cela en préservant consciencieusement la substance, i.e. le corpus de la Liturgie en tant que tel ».

L’Esprit Saint est un et véridique, dit le Cardinal, ce qu’Il inspire ne peut-être qu’un et véridique, le même à travers le temps: « C’est pourquoi, il n’y a jamais eu de rupture, de recréation radicale… dans le rite latin romain ».

Il poursuit : « Il n’y a jamais eu rupture dans le rite romain latin à l’exception de la liturgie post-conciliaire actuelle, en application de la réforme… bien que le Concile… ait toujours réaffirmé que cette réforme devait préserver absolument la tradition » (p. 40-41).

Jamais de rupture… à l’exception de la liturgie postconcilaire actuelle !

Mais c’est le jugement que le  Cardinal Ottaviani portait à l’attention du Pape Paul VI lors de  la publication du nouveau rite : « Le Nouvel Ordo Missae, si l’on considère les éléments nouveaux, susceptibles d’appréciations fort diverses qui y paraissent sous-entendues ou impliquées, s’éloignent de façon impressionnante, dans l’ensemble comme dans le détail, de la théologie catholique de la sainte Messe, telle qu’elle a été formulée à la 22e Session du Concile de Trente ».

C’est donc bien à une «  rupture » que l’on assiste avec le Nouvel Ordo Missae. Cet éloignement est une véritable rupture avec la Tradition. C’était le mot même du cardinal Ottaviani: « Les raisons pastorales avancées pour justifier une si grave rupture».

Le Cardinal Stickler a la même analyse. Avec le Nouvel Ordo Missae, on assiste à une véritable rupture avec la Tradition, « à une véritable et radicale nouveauté ». Il l’affirme tout de go : « L’ordo Missae (est) radicalement nouveau ». Mais ce n’est pas ce qu’ont voulu les pères conciliaires !

Et ceci est une véritable nouveauté, la nouveauté par excellence, dans l’Eglise car « toutes les réformes antérieures adoptées par les Papes et, tout particulièrement, celle entreprise sous l’impulsion du Concile de Trente et mis en œuvre par le Pape Pie V et jusqu’à celles de Pie X, de Pie XII et de Jean XXIII, ne furent pas des révolutions, mais uniquement des corrections qui ne touchaient pas l’essentiel, des ajustements et des enrichissements » (p. 41).

C’est ce que demande, du reste, le Concile en son article 23: « Le Concile a expressément dit, à propos de la restauration souhaitée par les Pères, qu’aucune innovation ne devait être faite qui ne fût vraiment exigée par l’utilité de l’Église ».

Non! Nous n’avons rien de tel avec le Nouvel Ordo de Paul VI. Nous avons un Novus Ordo Missae. Rien de comparable.

Une « petite » remarque, au passage !

Le Pape Jean-Paul II lui-même, alors qu’il recevait les communautés relevant du Motu Proprio Ecclesia Dei, le 26 octobre 1998 – venues à Rome en action de grâces –, leur tenait ce langage : « Les derniers Conciles œcuméniques (Trente, Vatican I, Vatican II) se sont particulièrement attachés à éclairer le mystère de la Foi et ont entrepris des réformes nécessaires pour le bien de l’Église, dans le souci de la continuité avec la Tradition apostolique déjà recueillie par saint Hippolyte ». (La Nef, n° 89. déc. 1998).

Que les choses sont bizarres ! Même au plus haut niveau du gouvernement ecclésial… les jugements des autorités divergent fondamentalement sur le même objet : la réforme liturgique.

Pour les uns, nous aurions « une nouveauté radicale ». Pour les autres, « une continuité parfaite ». Le magistère est vraiment divisé. C’est un des éléments de la crise de l’Église. Qui croire ?

Mais poursuivons la pensée de notre Cardinal. Il nous dit : « Nous allons maintenant présenter quelques exemples marquants (sans vouloir être exhaustif) de ce qui a été créé dans la réforme postconciliaire et en particulier dans son cœur : l’Ordo Missae est radicalement nouveau » (p. 41).

Le nouvel offertoire.

Alors le Cardinal passe en revue le Nouvel Ordo. Il feuillette le Nouvel Ordo. Il n’insiste pas sur l’introduction de la Messe. Elle est « nouvelle », dit-il, page 42 et surtout comporte de « multiples variantes » (id), ce qui souvent aboutit à une diversité presque illimitée. Il en vient, tout de suite, à l’Offertoire. Là, il parle à ce sujet de « révolution ». « L’offertoire, dans sa forme et sur le fond, constitue une révolution : il n’est, en effet, plus prévu d’offrande préalable des dons mais simplement une préparation des oblats avec une teneur nettement humaniste mais qui, en fin de compte, donne tout de suite une impression de dépassé » (p. 42). Il parle même de symbolisme « malheureux ». L’industrialisation a envahi l’agriculture et la culture des céréales…M l’abbé Dulac avait même langage !

Il poursuit : « Quant aux signes hautement loués par le Concile de Trente et exigés par le Concile de Vatican II, tels que les nombreux signes de croix qui renvoient à la Très Sainte Trinité, les baisers de l’autel et les génuflexions, de tout cela, on a fait table rase » (p. 42).

La Messe, Sacrifice.

Il parle ensuite du Sacrifice qui est l’essence de la Messe. Il écrit: « Le centre essentiel de la Messe qui était précisément l’action sacrificielle elle-même, a été déplacé au profit de la communion, (…) le Sacrifice de la Messe a été transformé en un repas eucharistique. Ce faisant, si l’on considère les termes utilisés, la communion est devenue, dans la conscience des fidèles, la seule partie de la Messe ayant un effet intégrateur en lieu et place de la partie essentielle qui est l’action sacrificielle de la transsubstantiation »… « Il est faux de faire de l’Eucharistie un repas, ce qui se produit presque toujours dans la nouvelle liturgie » (p. 43).

C’est ce que faisaient remarquer à Paul VI les auteurs du  Bref Examen Critique: « La définition de la Messe est réduite à celle de la Cène et cela apparaît continuellement (aux n° 8 – 48-55- 56). Cette Cène est, en outre, caractérisée comme étant celle de l’Assemblée présidée par le prêtre, celle de l’assemblée réunie afin de réaliser « le mémorial du Seigneur », qui rappelle ce qu’Il fit le Jeudi-Saint ». « Tout cela n’implique ni la Présence réelle, ni la réalité du Sacrifice, ni le caractère sacramentel du prêtre qui consacre, ni la valeur intrinsèque du sacrifice eucharistique indépendamment de la présence de l’Assemblée ». « En un mot, cette nouvelle définition ne contient aucune des données dogmatiques qui sont essentielles à la Messe et qui en constituent la véritable définition. L’omission, en un tel endroit de ces données dogmatiques, ne peut qu’être volontaire. Une telle omission volontaire signifie leur dépassement et, au moins en pratique, leur négation » (Bref examen critique).

Le Cardinal Stickler est catégorique : au paragraphe 2 de la page 43 du livret, on lit ces paroles fulgurantes : « Ainsi, sont posés les fondements d’un autre détournement de fonction : à la place du Sacrifice présenté à Dieu par le prêtre ordonné en tant qu’un « alter Christus », s’instaure la communauté de repas des fidèles assemblés sous la présidence du prêtre » (p. 43).

Mais, attention, le Cardinal poursuit : « La définition de la Messe qui, dans la première édition du N.O.M. confirmait cette conception, a pu être supprimée au dernier moment, grâce à la lettre écrite à Paul VI par les Cardinaux Ottaviani et Bacci : cette édition fut mise au pilon sur ordre du Pape. Pourtant, la concession de cette définition n’a entraîné aucune modification de l’Ordo Missae en lui-même » (p. 43).

C’est la remarque même de Monsieur Louis Salleron. Sous  la plume d’un Cardinal, l’affirmation a encore plus de valeur ! C’est cinglant, court, bref, les mots choisis particulièrement exemplaires.

On comprend que le Cardinal Stickler puisse, lui aussi, parler « de bouleversement du cœur même du Sacrifice de la Messe ».

La messe versus populum

Il insiste. Il veut enfoncer le clou : « Ce bouleversement du cœur même du Sacrifice de la Messe fut confirmé et accentué par la célébration, « versus populum », pratique autrefois interdite et renversement de toute la tradition de la célébration vers l'Orient et dans laquelle le prêtre n'était pas l'interlocuteur du peuple mais se tenait à sa tête pour le guider vers le Christ avec le symbole du soleil levant à l'est » (p. 43).

Oh, merveille!

La formule de la consécration du vin au sang du Christ.

Puis le Cardinal en arrive à la formule de la consécration du pain et du vin. Là, sur ce sujet, il était également très sévère.

Jugez vous-même !

Il parle de la très grave atteinte à la formule de consécration du vin en le Sang du Christ en raison de la suppression des mots « Mysterium fidei ». « Les mots ‘’Mysterium fidei’’, en ont été supprimés pour être ajoutés à l'appel du peuple à la prière, après la consécration, ce qui fut présenté comme un gain majeur du point de vue de la « participatio actuosa » » (p. 44 ).

Là, le Cardinal part en guerre. C'est le Cardinal, recteur d'Université, archiviste, qui parle. Il enseigne. Il cite ses sources. Il démontre que « Mysterium fidei » – ces deux mots – sont d'origine apostolique. Il ne fallait en rien y toucher. Saint Basile l’enseigne. Saint Augustin aussi. Le « Sacramentarium Gelasianum » également. « Le ‘’Sacramentarium Gelasianum’’ qui est le livre de Messe le plus ancien de l'Église romaine, dans le Codex Vaticanus, Reg. Lat. 316, in folio 181v, dans le texte original (il ne s'agit donc pas d'une addition postérieure) inclut clairement le mysterium fidei » (p. 45). Il poursuit on sent le Cardinal en colère, sainte colère il cite la lettre de Jean de Lyon, en l202, au Pape Innocent III et donne la réponse du Pape avec les références. C'est argumenté : « En décembre de la même année, dans une longue lettre, le Pape répondait que ces paroles et d'autres encore du Canon que l'on ne trouvait pas dans les Évangiles, devaient être crues en tant que paroles transmises par le Christ aux Apôtres et par ceux-ci, à leurs successeurs » (p. 45).

Il donne les références historiques. C'est le professeur qui enseigne. Son affirmation est incontournable. Elle est scientifique. « Vous la trouverez là, dit-il : X, III, 41, 6; Friedberg III, p. 636, sq ». C'est net.

Il continue : « Le fait que cette décrétale qui fait partie du recueil de décrétales d'Innocent III dans le grand recueil du liber X, établi par Raymond de Pennafort à la demande de Grégoire IX, n'ait pas été abandonnée comme dépassée, ce qui fut le cas de bien d'autres, mais ait continué à être transmise par la Tradition, prouve qu'une valeur durable était attribuée à cette déclaration de ce grand Pape » (p. 45).

Nul doute que l'on ne pouvait toucher à ces deux mots dans la forme de la consécration du vin, les supprimer, les déplacer en en changeant le sens. On ne le pouvait pas sans être infidèle à la Tradition catholique et, de toute évidence, en rupture avec elle.

C'est la pensée du Cardinal.

Il invoque aussi l'autorité de saint Thomas d’Aquin : « Saint Thomas s'exprime clairement sur cette question dans sa ‘’Somme théologique’’ (III, 78, 3 ad nonum) à propos des paroles de consécration du vin, rappelant la nécessaire discipline secrète de l'Église ancienne dont parle aussi Denys l'Aréopagite: ‘’les paroles ajoutées éternelle et mystère de foi viennent de la tradition du Seigneur qui est parvenue à l'Église par l'intermédiaire des Apôtres’’; il renvoie lui-même à 1 Cor., 10, 23 et 1 Tim, 3, 4. En note de ce texte de saint Thomas, le commentateur, se référant à DD Gousset dans l'édition Marietti de 1939 (V. p. 155),ajoute « sarebbe un grandissimo errore sustituire un altra forma eucharistiea a quella del Missale Romano… Si sopprimere ad esempio la parola aeterni et quella mysterium fidei che abbiamodella tradizione » (p. 46).

Et puis, il invoque l’autorité du Concile de Florence le XVIIe Concile œcuménique « Dans la bulle d’union avec les Coptes, le Concile œcuménique de Florence complète expressément les formules de consécration de la Sainte Messe qui n’avaient pas été incluses en tant que telles dans la Bulle d’union avec les Arméniens et que l’Église romaine avait toujours utilisées sur la base de l’enseignement et de la doctrine des Apôtres Pierre et Paul (conc. oeucu. decreta, ed Herder, 1962, p. 557) » (p. 46).

On peut le vérifier.  C’est bien exact. Le Concile de Florence, dans le décret pour les Grecs qui suit celui d'avec les Arméniens cite bien expressément le mysterium fidei dans la formule de consécration. Il y est dit : « mais parce que dans le décret des Arméniens rapporté ci-dessus, n'a pas été expliquée la formule qu'a toujours eu coutume d'employer, dans la consécration du Corps et du Sang du Seigneur, la sacro-sainte Église romaine, affermie par la doctrine et l'autorité des apôtres Pierre et Paul, nous pensons qu'il faut l'introduire dans les présentes » – en latin – « illam praesentibus duximus inserendam ». « Duximus », c'est le parfait du verbe « ducere ». Il vaudrait mieux traduire : nous estimons, nous commandons. « Nous pensons » me paraît un peu faible. « Ducere », c'est le commandement, c'est le chef qui affirme.

Mais ce n’est pas tout. Le Cardinal ne s'en tient  pas pour satisfait… Il poursuit sa démonstration de théologie positive.

Là, pour le coup, il est exhaustif.

Il invoque, cette fois, le catéchisme – le catéchisme « de référence », ce sont ses mots. Est-ce le nouveau catéchisme de l'Église catholique. ? Point du tout ! Il cite le « catéchisme du Concile de Trente ». À la bonne heure! Il donne toutes les références. Manifestement, quand il préparait sa conférence, le Cardinal est allé chercher dans sa bibliothèque, ce catéchisme. Il vous dit qu'au chapitre IX, au n° 21, à propos de l'Eucharistie… « le catéchisme enseigne que « les mots « mysterium fidei » et « aeterna » viennent de la Sainte Tradition qui est l’interprète et la gardienne de la vérité catholique » (p. 46).

Le Cardinal aurait pu poursuivi sa lecture. Il aurait alors rappelé qu'en changeant de place cette expression très traditionnelle, les auteurs de la réforme liturgique en ont changé le sens. Alors que le « mysterium fidei » placé dans la formule de la consécration porte sur la Présence réelle qui vient d'être réalisée par l'énonciation de la formule consécratoire, le « mysterium fidei » mis après la consécration – comme acclamation populaire – dirige l'attention du peuple, non plus sur le mystère de la Transsubstantiation réalisée « hic et nunc », mais bien sur le retour en gloire du Seigneur qui est aussi l’objet de notre foi : « donec veniat ». Il y a là, dans ce changement de place, une équivoque. La foi ici affirmée ne porte plus sur la Transsubstantiation mais sur le retour en gloire du Seigneur. Ainsi, l'attention des fidèles, et leur « participatio actuosa » sont détournées de la présence du Christ réalisée par la Transsubstantiation. Ils devraient adorer la Présence réelle de Notre Seigneur Jésus-Christ sur l’autel, on leur fait acclamer le retour en gloire du Seigneur. Voyez l’enseignement du catéchisme du Concile de Trente, p. 216 de l’édition d’Itinéraires.

Fort de cet exposé très savant, le Cardinal conclue et parle de « légèreté souveraine » d’un Lercaro, d’un Bugnini et de leurs collaborateurs. « On peut à juste titre s’interroger sur la légèreté dont ont fait preuve, ici, les collaborateurs du Cardinal Lercaro et du Père Bugnini, avec nécessairement leur accord » (p. 46).

« Ils ont purement et simplement « ignoré », non seulement ignoré mais aussi « méprisé », l’obligation de procéder à une recherche historique et théologique exacte » (p. 46). C’est ce que réclamait expressément le Concile Vatican II dans son article 23 de la Constitution liturgique, nous l’avons rappelé (cf. p. 36). Mais rien de tel n’a été fait, et le Cardinal de conclure et de lancer la suspicion sur l’ensemble de l’œuvre réformée : « Si cela s’est produit dans ce cas qu’en aura-t-il été de cette importante obligation pour les autres modifications » (p. 46).. Cette suspicion touche également les « réformateurs »: « seul l’avenir nous expliquera pourquoi les deux principaux acteurs sont visiblement tombés en disgrâce : le Cardinal Lercaro dut renoncer à son siège épiscopal, et le Père Bugnini, nommé Archevêque dès 1968 et nouveau Secrétaire de la Congrégation des Rites, ne reçut pas la pourpre Cardinalice qui accompagne une telle fonction : il avait été nommé nonce à Téhéran lorsque, suite à une opération, la mort vint interrompre son activité terrestre, le 3 juillet 1982 ».

C’est terriblement grave ! Nous nous trouvons devant une réforme infidèle à la Tradition

Enfin, laissant la théologie positive, le Cardinal s’élève à une considération doctrinale et pastorale tout à la fois qu’on pourrait résumer ainsi : cet oubli du « mysterium fidei » de la forme eucharistique, loin de favoriser et de développer le sens de la piété et de la vie théologale chez le peuple fidèle, favorise, au contraire, la « démystification » constatée aujourd’hui ainsi que l’« anthropomorphisation ». Rien ne vaut. Rien n’est vrai que ce qui est rationnel. L’Eucharistie n’est pas à la portée de la raison. Elle est peut-être un simple symbole: « Mais c’est aussi la raison pour laquelle l’exclusion du « mysterium fidei » de la formule eucharistique devient, elle aussi, le symbole de la démystification et donc de l’anthropomorphisation de ce qui constitue le centre du culte divin : la Sainte Messe » (p. 47).

Ce retrait du « mysterium fidei » est pour le moins malheureux.

Le Cardinal en arrive enfin aux décisions des réformateurs quant à « la participation vivante et active des fidèles à la célébration de la Messe » (p. 47).

On sait qu’on se plaignait beaucoup, avant le Concile, du manque de participation des fidèles à la Messe. Aussi le Concile Vatican II a-t-il abordé le sujet dans deux articles importants : l’article 30 et l’article 48. Il en a donné les principes : « Le Concile a insisté particulièrement, disait le Cardinal, sur la participation intérieure qui seule permet de rendre fructueux le culte » (p. 38).

Le Cardinal donne alors son jugement sur cette fameuse participation active telle qu’aménagée par nos réformateurs. Il est terrible. Il s’exprime avec une pointe d’humour sarcastique et légèrement méprisante… Le pauvre Bugnini n’a vraiment pas fait une œuvre excellente… On comprend pourquoi il est resté sur le carreau…

Lisez ! On ne peut résumer tant ce témoignage est succulent :  « Nous en arrivons ainsi au mandat donné aux réformateurs de promouvoir la participation vivante et active des fidèles à la célébration de la Messe, un mandat qui, trop souvent, a été mal interprété et adapté à la mentalité actuelle. Comme toute la liturgie, ainsi que le dit expressément le Concile, le but principal de la Messe est le culte de la Divine Majesté. Aussi le cœur et l’âme des participants doivent-ils en premier lieu être élevés et s’élever vers Dieu. Cela n’exclut pas que la participation se manifeste concrètement à l’intérieur de la communauté et vis-à-vis d’elle. Et c’est la raison pour laquelle, pour pallier l’absence de participation des fidèles dont on se plaignait si souvent avant le Concile, ce dernier a instamment demandé cette « actuosa participatio ». Mais si celle-ci dégénère en un enchaînement ininterrompu de paroles et d’actions, avec une distribution des rôles aussi large que possible afin que tous aient leur part à l’action, lorsque l’on en arrive à un activisme qui relève plutôt d’un rassemblement humain purement externe et qui, pire encore, juste avant le moment le plus sacré pour les participants : dans la rencontre individuelle de chaque fidèle avec le Dieu-homme eucharistique, est plus bavarde et distrayante que jamais, la mystique contemplative de la rencontre avec Dieu, le culte qui lui est rendu avec la crainte respectueuse, la révérence qui doit l’accompagner toujours — tout cela ne peut que mourir : alors l’humain tue le divin et emplit le cœur de vide et de désolation. Ce moment appartient au silence, qui est expressément prévu, et qui n’a gardé — difficilement — sa place qu’après l’action que constitue la distribution de la communion, comme une petite feuille de vigne sur un grand corps nu. C’est ainsi que, reflétant la tendance actuelle de la conscience du monde à se limiter aux apparences, on voit se développer dans l’Église un agir cultuel de conception humaine et projeté vers l’extérieur ».

Voilà donc un jugement général du Cardinal sur la réforme liturgique « bugninienne ».

Le latin, le grégorien, l’orgue.

Et après ce jugement général qui est une vraie condamnation de la réforme, le Cardinal aborde des points plus particuliers : le latin, le grégorien, l’orgue…

Le Cardinal exprime sur ce sujet – du latin comme langue liturgique – son étonnement. Il ne comprend pas comment, après ce que demandèrent les Pères conciliaires sur ce point, on en soit arrivé à la suppression générale et au triomphe des langues vernaculaires. Il pourrait le demander à Paul VI !  Ce passage de la conférence est fort intéressant. Je me permets de vous renvoyer à mon libre : « l’Enjeu de l’Eglise : la messe ». aux éditions Héligoland. Vous pouvez me le commander directement, au 80 rue de Normandie 92400 Courbevoie.

Enfin, le Cardinal critique« l’introduction d'un cycle liturgique de 3 ans. C'est là un péché contre nature » dit le Cardinal. « Il ne fallait pas abolir le déroulement d’un cycle annuel naturel » (p. 53). Toutes ces modifications, ces changements « ont condamné les remarquables mélodies grégoriennes valables à une mort lente ». Ce qu'il déplore : « Au mandat donné par le Concile de préserver et promouvoir le chant liturgique romain typique, très ancien, a répondu une épidémie pratiquement mortelle » (p. 53).

Comme il déplore la disparition de l’orgue « remplacé par une multitude d'instruments (qui) ont favorisé l’introduction dans la musique religieuse d'éléments reconnus comme diaboliques » (p. 55).

Les variantes autorisées du Nouveau rite.

Comme il déplore enfin les nombreuses « variantes autorisées » – vrai principe constitutif de la réforme liturgique et pourtant anarchique. Le cardinal est formel : ce qui risque «  de mener à l’anarchie qu'avait toujours si bien maîtrisé l'ancien ordo latin » (p. 56). « C'est ainsi que le nouveau garant de l'ordre – le Cardinal veut dire : le Nouvel Ordo Missae – devient, de soi, facteur de désordre. Aussi ne faut-il pas s'étonner que chaque paroisse, pour ne pas dire chaque église, semble avoir adopté un ordo différent. C’est là une constatation que l'on peut faire partout » (p. 55). Et qui entraîne l'irrévérence actuelle, la perte du sens du sacré et la superficialité. Tout cela étant grandement dommageable à la dignité de la liturgie.

Certes, le cardinal Stickler ne conclut nullement à l’invalidité de cette réforme de la messe. Mais l’ensemble des ces réformes sont peut-être pires qu’un rite proprement « hérétique » :elles sont « équivoque ».  C’est ce que craignait M l’abbé Dulac qui écrivait :

 « L’hérésie formelle et claire agit à la manière d’un coup de poignard. L'équivoque agit à la manière d'un poison lent.

« L’hérésie attaque un article précis du dogme. L'équivoque, en lésant l' « habitus » lui-même de la foi, blesse ainsi tous les dogmes.

« On ne devient formellement hérétique qu’en le voulant. L'équivoque peut ruiner la foi d'un homme à son insu.

« L’hérésie affirme ce que nie le dogme ou nie ce qu'il affirme. L'équivoque détruit la foi aussi radicalement en s'abstenant d'affirmer et de nier : en faisant de la certitude révélée, une opinion libre.

« L’hérésie est ordinairement un jugement contradictoire à l’article de la foi. L'équivoque est dans l'ordre de ce que les logiciens appellent « le disparate ». Elle est à côté de la foi. A côté même de la raison, de la logique.

« Eh bien, nous oserons le dire : il y a pire encore peut-être que l'équivoque. Il y a le substitut de la foi théologale, sa contrefaçon, son ersatz : son succédané sentimental ».

 « Et le plus détestable de ces succédanés, c'est celui qui dissimulerait l'artifice sous le vernis mystique, celui qui, dans le cas de la Messe, masquerait l’indigence théologique ou sa carence formelle sous le sucre d'un mystère frelaté ».

Appliquez ces principes au nouvel Ordo Missae, conclut notre bon abbé Dulac, vous le condamnez d'une façon irrémédiable (Courrier de Rome, n° 47).

Le Cardinal conclue enfin son exposé en évoquant quelques  « réactions officielles négatives, quoique dans une mesure limitée, à la réforme de la Messe telle que publiée » (p. 57).

Il reconnaît que certains ont reproché « la hâte incompréhensible » dans laquelle cette réforme a été « expédiée et rendue obligatoire ».

Il cite le témoignage du Cardinal Döpfner, Archevêque de Munich (p. 57). Il invoquait l'autorité du Cardinal Ratzinger et tout spécialement ses jugements exprimés dans son dernier livre : Ma vie (Fayard, 1998) et Le Sel de la Terre .Nous y reviendrons la semaine prochaine.

Il évoque également l'épiscopat allemand et surtout « le responsable des questions liturgiques auprès de la Conférence épiscopale d'Autriche – il ne donne pas son nom – qui aurait déclaré, déjà en 1995, dans une conférence donnée à Cracovie, « que le Concile avait voulu, non pas une révolution, mais une restauration dans la liturgie qui fût fidèle à la tradition. Au lieu de quoi – ajoute-t-il – nous avons eu un culte de la spontanéité et de l'improvisation qui a sans aucun doute, contribué à la diminution du nombre des participants à la Messe » » (p. 60).

Il évoque le Cardinal Danneels. En Italie, il évoque aussi l'auteur de la Tunique déchirée ( 1967), Tito Casini. Et aussi la réaction des laïcs d'Una voce. Des laïcs canadiens. Il cite une revue canadienne Precious Blood Banner. On y lit : « Il apparaît toujours plus clairement que l'extrémisme des réformateurs postconciliaires a consisté, non pas à réformer la liturgie catholique depuis ses racines mais à la déraciner de son sol traditionnel ; selon cet article, ils n'ont pas restauré le rite romain, ce que leur demandait le Concile Vatican II, ils l'ont déraciné » (p. 61).

Il évoque le témoignage de Max Thurian « ancien prieur calviniste de Taizé, passé au Catholicisme et ordonné prêtre » (p. 61). Celui-là même qui, au temps de la réforme, avait déclaré que les Protestants pourraient bien célébrer la Cène avec ces nouvelles prières. Il citait et résumait son article critique paru dans L'Osservatore Romano quelque temps avant sa mort.

Il avait bien évolué !

Il évoque le témoignage de Mgr Gamber. Vous en connaissez beaucoup de lui. Nous y reviendrons la semaine prochaine.

Puis, il termine évoquant l'attitude pratique du Pape en cette affaire liturgique.

Il y a une évolution de l'autorité indéniablement en faveur de l'ancienne Messe. Le Cardinal pensait le voir dans les textes récents du Pontife : la Lettre Quattuor abhinc annos de 1984 et le Motu proprio Ecclesia Dei de 1988 : « Ce texte (Ecclesia Dei adflicta) adressé aux évêques, beaucoup plus libéral, nous permet de penser avec une confiance justifiée que, dans ses efforts pour rétablir l’unité de la paix, le Pape ne reviendra pas sur ce qu'il a déjà fait mais qu'au contraire, il ira plus loin encore dans la voie amorcée, en particulier aux paragraphes 5 et 6 du motu proprio de 1988, pour instaurer une juste réconciliation entre la tradition inaliénable et un développement justifié par le temps » (p. 66).

Le Motu Proprio Sommorum Pontificum de Benoît XVI en est la preuve. Mais on n’en restera pas là. Ce n’est pas possible !