ITEM
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de
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Un regard sur le monde
politique et religieux
Au 9 mars 2005
N°34
« En Lui
était la vie
Et la vie était la
lumière des hommes.
Et la lumière luit
dans les ténèbres
Et les ténèbres ne
l’ont pas reçue »
(Jn 1 5)
Notre
« Regard », cette semaine se portera essentiellement sur l’Allemagne,
à Cologne, avec l’homélie du cardinal Meisner(A), mais aussi en Italie, à Rome,
avec la publication du nouveau livre du pape « Mémoires et
Souvenirs »(E) ; en France, à
Paris, avec une manifestation à Notre Dame,(E) mais aussi au Canada, à
Québec, avec les déclarations du cardinal Marc Ouellet et ses
« opposants » (F)
Le sermon du Cardinal Meisner a
déclenché les foudres des « Medias ».
Le cardinal a su se défendre avec
énergie et conviction. (B)
La communauté juive, en la personne du
grand rabbin Moïshe Arye Friedman de
Vienne (Autriche) sut également prendre
position en faveur des affirmations du Cardinal.
Nous publions cette prise de position.
(C)
Nous y
joindrons le texte de la protestation que la communauté juive a
manifesté pour protester de la présence de Mme Veil au camp de la mort à
Auschwitz. (D)
Voilà, enfin, des réactions et affirmations nobles, justes et vraies.
Nous nous en réjouissons.
Et applaudissons le courage du cardinal Meisner
Ces prises de positions claires et nobles déclenchent, mais il ne faut pas en être surpris, le contraire eut été étonnant, la « colère » des opposants.
C’est ainsi que pour manifester leurs oppositions aux déclarations diverses de prélats,
« rapprochant », sans « identifier » cependant et pour cause… quatre terribles événements du 20e siècle :
C’est une opposition du même genre…bien que plus noble, mais touchant les mêmes sujets que le Cardinal Marc Ouellet, archevêque de Québec et primat du Canada, connaît, ces jours-ci. Je suis sensible à ces événements du Québec, connaissant personnellement le Cardinal qui m’avait fait bon accueil, en 2003 lorsque je m’étais adressé à lui pour l’organisation du pèlerinage à Sainte Anne de Beaupré.( Voir le dossier en cliquant là).
Par suite de décisions diverses et heureuses concernant plusieurs sujets contemporains et, en particulier, sa décision touchant le sacrement de Pénitence ( F) se dresse contre lui tout un groupe de fidèles…qui les conteste et les refuse. L’attaque est d’autant plus sournoise et délicate qu’elle émane de fidèles du diocèse. Il va lui falloir de la force d’âme, du caractère pour résister avec prudence à ce déclenchement de colère… peu raisonnable mais d’autant plus redoutable.(F)
Nous aurons fait ainsi un tour d’horizon utile en récoltant des informations précieuses…
« Et
Mais aussi, a contrario, lorsque la lumière se lève… les rayons de soleil éclairent la campagne…et réjouissent le cœur des hommes « de bonne volonté ».
A – L’homélie du cardinal de Cologne, Mgr Meisner pour l’Epiphanie.
(traduit par Mr l’abbé Lotte et tiré de sa lettre)
« Chers frères et sœurs, aujourd’hui c’est l’Epiphanie ou
aussi
1. La lumière brille dans les ténèbres et ainsi elle met les
ténèbres en crise, c'est-à-dire dans l’alternative de la clarté ou de
l’obscurité. Les Mages d’Orient se montrent au roi de Jérusalem et s’enquièrent
du roi nouveau-né. Par cette question, ils mettent le roi de Jérusalem en crise
c’est-à-dire dans l’alternative du bien ou du mal. Il sait qu’il n’y a qu’un
roi en Israël. Ainsi sa juridiction se relativise. Sa souveraineté se
restreint. C’est ce que de tous temps Dieu réserve aux puissants de cette
terre : Il relativise leurs prétentions absolues et il circonscrit leur
autorité. Et il ne le fait pas que pour les puissants de cette terre ; Il
le fait pour tout un chacun des hommes. Et Il nous met en crise, dans
l’alternative du bien ou du mal. Ma vie, mon cœur, mon corps ne m’appartiennent
pas. C’est Sa propriété. Je ne peux pas disposer de ma propre vie et de la vie
d’autrui. Je peux seulement la recevoir en L’en remerciant. C'est
caractéristique : quand l’homme ne s’accepte ni relatif ni limité, il rate
sa vie : en premier lieu Hérode qui fait tuer les enfants de Bethléem,
ensuite entre autres Hitler et Staline, qui ont anéanti des millions de gens,
et aujourd'hui, à notre époque, les enfants à naître sont tués par millions.
L’avortement et l’euthanasie sont les conséquences de cette rébellion
présomptueuse à l'égard de Dieu. Ce ne sont pas des questions sociales, mais
théologiques. Ici le premier Commandement entre en jeu : « Tu
n’auras aucun dieu étranger à côté de moi » c’est-à-dire tu ne dois
pas faire de toi-même un dieu qui s’arroge le droit de disposer de son corps et
de la vie d’autrui. « La lumière brille dans les ténèbres »
(Jean 1,15) : ce n’est pas un événement ingénu. Soit je l’accueille et
ensuite j’avance à sa lumière dans le monde, soit je me ferme à lui et je
m’enfonce encore plus dans les ténèbres.
2. La lumière met les ténèbres en crise, dans l’alternative du
bien ou du mal. Cet Enfant change nos critères. Les trois saints rois cherchent
un roi et ils ne trouvent ni palais, ni dynastie, ni gardes armés – rien de
cela mais beaucoup moins : une mauvaise maison, une famille simple, un
petit enfant. Dans le « peu » de Dieu est toujours contenu le
« plus ». « Ici il y a plus qu’Abraham » dira plus
tard le Christ de lui-même. Ici il y a plus qu’Aristote, ici il y a plus que
[César] Auguste. Dans l’Ecce Homo les trois rois ont vu l’Ecce Deus : dans
l’homme Jésus ils ont vu le Fils de Dieu qui est apparu dans notre monde. Nous
participons à sa Royauté comme le dit St Pierre : « vous êtes un
sacerdoce royal » (1 P 2, 9). Il rejoint ce monde et ses éléments dans
lesquels Il se plonge par son baptême dans l’eau du Jourdain. Ainsi toutes les
eaux de ce monde ont été vraiment touchées de sa Présence et même lorsque les
hommes sombrent dans les profondeurs des mers, ils tombent dans les mains de
Dieu. Et les mains de Dieu sont toujours de bonnes mains. Le psalmiste le
reconnaît clairement : « je prends les ailes de l’aurore et me
pose au-delà des mers ; même là ta main me conduit, ta main droite me
saisit » (Ps 139, 9-10)
On comprend que devant le terrible raz de marée en Asie du sud est, beaucoup de gens posent la question : « Où Dieu restait-il ? » et nous devons répondre « en plein milieu » - « En lui nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Ac 17, 28) dit l’apôtre. Où était Dieu au Golgotha ? Il était en plein milieu, dans la souffrance, car Il devenait lui-même le souffrant. Nous savons nos frères et sœurs péris dans l’océan Indien dans les mains de Dieu, et les survivants, dans nos mains, qui s’ouvriront maintenant à leur détresse.
3. La lumière met les ténèbres en crise, dans l’alternative du bien ou du mal. Dieu se fait homme et maintenant il se laisse trouver par nous, en descendant au niveau humain de Dieu. C’est ce que nous montrent les trois Mages d’Orient qui se mettent à genoux devant l’Enfant pour L’adorer. Les scribes de Jérusalem ont pu leur donner le renseignement exact sur le lieu où le roi nouveau-né devait venir au monde mais eux-même ne sont pas sortis, ne se sont pas mis à genoux, et ne L’ont pas adoré. Ce n’étaient que des savants, pas des hommes de Dieu comme le devinrent les trois Mages dans leur adoration. L’homme ne s’approche jamais tant de Dieu que lorsqu’il se prosterne devant Dieu et L’adore. L’adoration met en lumière que Dieu n’est pas considéré ni même déconsidéré comme un étranger et un être lointain parfaitement extérieur au monde, mais qu’Il est reconnu comme Père des hommes et des étoiles tout aussi bien que Père des plus petites choses de la terre, de chaque souffle, de chaque mouvement, de chaque petit fait. Tout est paternel pour ceux qui sont vraiment filiaux.
Le Pape Jean Paul II a invité à Cologne les jeunes du monde entier aux JMJ du 16 au 21 août de cette année et il en a énoncé le thème en rapport avec les trois Rois de la cathédrale de Cologne : « Nous sommes venus pour L’adorer ». L’homme n’est jamais aussi grand que lorsqu’il descend au niveau du Dieu fait homme et L’adore. Alors l’homme grandit au-delà de lui-même et l’on peut dire avec Marie dans le Magnificat : « Dieu fit pour moi des merveilles, Saint est son Nom » (Luc 1,49). Nous nous réjouissons des jeunes pèlerins du monde entier qui viennent chez nous sur les traces des trois Rois saints. Et nous prions qu’ils reviennent de Cologne meilleurs que lorsqu’ils y seront arrivés et qu’ils nous laissent à Cologne meilleurs que lorsque nous les y aurons accueillis.
4. L’Epiphanie de Dieu corrige les chemins des hommes. Les trois Mages d’Orient ont regagné leur patrie par un autre chemin. Qui rencontre Dieu est toujours poussé à corriger ses chemins. « Vos chemins ne sont pas mes chemins » (Isaïe 55,8) dit Dieu, mais « vos chemins doivent devenir Mes chemins ! » « Vos pensées ne sont pas mes pensées » (Isaïe 55, 8), mais « vos pensées doivent devenir Mes pensées ! » - Voilà l’échéance de la conversion ! L’homme passe le temps de sa vie à aller de Dieu en correction, c’est quelqu’un qui a besoin d’une instruction pour le chemin et d’un motif qui le mette en mouvement.
Mère Térésa partit comme directrice à Calcutta pour enseigner
l’anglais et les mathématiques dans une grande école pour filles. Et Dieu a
corrigé son chemin si bien qu’elle devint
La veille de mon ordination sacerdotale j’ai donné à Dieu un chèque en blanc où j’ai écrit : « J’irai partout où Tu m’enverras » . Naturellement je pensais seulement aux trois régions de notre diocèse d’Erfurt. Et je ne pensais à rien d’autre. Dieu ne nous mène jamais nulle part mais près de Lui – comme les trois rois saints.
5. La lumière met les ténèbres en crise, dans l’alternative du bien ou du mal. Ou nous accueillons la lumière et nous devenons meilleurs ou nous nous fermons à elle et nous ratons une chance, et nous éclairons moins et nous devenons plus opaques. Cette heure nous met pareillement en crise c’est-à-dire devant la décision. Cela je le sais avec la certitude de la foi. Personne ne doit revenir de notre cathédrale comme il y est entré mais soit plus lumineux, soit plus sombre. L’Epiphanie n’est pas [une fête] bénigne mais une injonction à changer en positif. Demandons à Dieu qu’il nous accorde la grâce de ce jour : « la lumière brille dans les ténèbres » Et dans cette lumière nous L’avons reconnu si bien qu’avec les mages nous nous agenouillons devant Lui pour L’adorer et lui offrir nos présents. Amen.
+ Joachim, Cardinal Meisner Archevêque de Cologne
B- le cardinal se défend contre des attaques
aussi peu fondées qu’injustes.
Suite à cette homélie une polémique artificielle a eu lieu dans les médias, l’Episcopat sut défendre publiquement ses positions et les amis de l'Église, publiquement, surent t aussi la soutenir Trad. Ab. Lotte
Du Service de Presse de l’Archevêché de
Cologne :
Le 7 janvier, le SPIEGEL a titré : « le cardinal Meisner compare les avortements avec le crime de Hitler ». De manière typiquement conforme aux centres d’intérêts du « Spiegel », sa citation du sermon du cardinal Meisner du 6 janvier est si brève qu’on pourrait avoir l’impression que le Cardinal entendait comparer entre eux des actes criminels. En réalité, le cardinal Meisner a mis en lumière par quelques exemples que : « lorsque les hommes se ferment au Seigneur dans la vie, d’autres perdent la vie. ». Et la citation, coupée de son contexte, est pourtant liée à ce contexte. L’Archevêque de Cologne a dit :
« Ma vie, mon cœur, mon corps ne m’appartiennent pas. C’est sa propriété [= de Dieu]. Je ne peux pas plus disposer de ma vie que de la vie d’autrui. Je ne peux que toujours l’accueillir avec reconnaissance. C'est caractéristique : quand l’homme ne s’accepte ni relatif ni limité, il rate sa vie : en premier lieu Hérode qui fait tuer les enfants de Bethléem, ensuite entre autres Hitler et Staline, qui ont anéanti des millions de gens, et aujourd'hui, à notre époque, les enfants à naître sont tués par millions. L'avortement et l'euthanasie sont les conséquences de cette rébellion présomptueuse à l'égard de Dieu. Ce ne sont pas des problèmes sociaux, mais théologiques. Ici le premier Commandement entre en jeu : Tu n’auras aucun dieu étranger à côté de moi ». [Le passage souligné est la citation faite par le SPIEGEL]
Ce texte critique passe simplement par dessus le fait que le cardinal n’a prononcé aucun mot qui relativiserait le caractère unique du génocide des juifs sous Hitler. La comparaison entre aujourd'hui et les temps d’Hérode, de Hitler et de Staline a uniquement trait à ceci : des fautes contre la vie humaine ont eu lieu, et peuvent revenir lorsque les hommes ferment leur vie à Dieu.
Aujourd’hui on constate une réception quasi collective de l’idée que l’homme avant tout peut décider du droit à vivre des enfants à naître.
« Si j’avais pressenti que mon allusion à Hitler pouvait être comprise de travers, je n’en aurais pas fait mention. Ce qui me fait pitié, c’est que cela soit arrivé. Dans l’archivage officiel de mon sermon, je ferai retirer la mention de Hitler », a déclaré l'archevêque de Cologne le soir du 7 janvier, « ainsi l’intention du texte se trouvera entièrement maintenue : Quand l’homme se prend pour Dieu, il rate sa vie. »
C |
Lorsque le grand Rabbin Moïshe Arye Friedman
de Vienne (Autriche) soutient le cardinal… |
Le grand rabbin Moïshe Arye Friedman de Vienne (Autriche) a publié dans la presse un commentaire courageux des propos du Cardinal Meisner (Kath.net. 19/01/05)
« En tant que Grand Rabbin de la communauté juive orthodoxe anti-sioniste de Vienne et en tant que rabbin aux racines multiséculaires en Allemagne, je suis très touché des vérités historiques et théologiques exprimées par le cardinal Meisner dans ses sermons de ces jours fériés et de son courage à les exprimer en termes fermes. Permettez-moi, comme ami véritable de l’Allemagne, de souhaiter au peuple allemand et à l’église catholique bonne chance pour la nouvelle année 2005. Pour un avenir couronné de succès pour chacun, et dont j’espère en particulier la paix et la justice pour ma Terre Sainte, une Jérusalem libérée du sionisme et le retour de tous les réfugiés palestiniens dans leur pays natal.
D’autre part, je suis fort indigné et horrifié par les
attaques verbales contre le cardinal Meisner et tous les Allemands à l’occasion
de son sermon de l’Epiphanie. Là dessus je voudrais mettre en évidence ce qui
suit : ceux qui ont provoqué ce qu’on appelle « l’holocauste »
étaient précisément les athées, c’est pourquoi il est particulièrement
important de mettre en rapport la considération de Dieu avec
L’affirmation que les grand-pères et les arrière-grand-pères des jeunes Allemands d’aujourd'hui étaient tous sans exception des criminels, conduit au déracinement et à la sous-estimation de soi-même et finalement à la tentation de se détourner de sa propre identité nationale. Ce développement est un grand danger pour l’avenir de l'Allemagne. Si le cardinal Meisner établit un lien entre Hérode, Staline, Hitler et les avortements d’aujourd'hui, c’est au contraire, de notre point de vue religieux, parfaitement légitime et juste. Les attaques verbales opposées et les méthodes énormes avec lesquelles on a essayé de faire taire le prédicateur courageux constituent une grossière violation de la convention des droits de l’homme de l’Union européenne aux articles 9 (libertés des cultes) et 10 (libertés d’opinion) ! J’ai honte qu’une telle injustice soit commise au nom du judaïsme et par des gens qui portent un nom égal au mien.
En outre, il est grand temps que le peuple allemand redécouvre une fierté nationale bien comprise, qu’il se reconnaisse dans l’histoire si riche, bonne et magnifique de l’Allemagne et qu’il retrouve le chemin de sa foi traditionnelle. Ce n’est que sur cette voie qu’apparaîtra de nouveau ce climat spirituel qui est nécessaire aux générations montantes. Comme père de sept enfants, je souhaite cordialement aussi au peuple allemand qu’il puisse retrouver un tel climat spirituel pour se protéger de [toute] aliénation, préserver aussi sa propre identité dans le futur et permettre à sa propre jeunesse une perspective d’avenir sans hypothèque et pleine d’espérance » n
D – Déclaration de Rabbi Yehuda Levin au nom de l’ « Union des Rabbins orthodoxes des USA et du Canada : le 23 janvier 2005
UNION DES RABBINS ORTHODOXES DES USA ET
DU CANADA
235 EAST BROADWAY
13 Shvat 5765 / 23 janvier 2005
Au
Président de
Cher Monsieur,
Le
27 janvier 2005, des chefs de gouvernements et des survivants de camps de
concentration venus du monde entier doivent se réunir sur le site du tristement
célèbre camp de concentration d’Auschwitz pour commémorer le 60° anniversaire
de sa libération.
Il
est prévu que Mme Simone Veil, ancien ministre français de
Mme
Veil est bien connue pour avoir amené la légalisation de l’avortement en
France.
Ainsi,
elle fait partie des principaux responsables d’une destruction contemporaine de
vies humaines dépassant de beaucoup celle des Nazis.
Dans
ses activités pro-avortement, elle a agi d’une manière diamétralement opposée
aux préceptes du Judaïsme.
En
conséquence de tout cela, il est excessivement inapproprié que Mme Veil prenne
la parole lors de la commémoration de la libération d’Auschwitz et nous y
opposons une protestation énergique.
Respectueusement,
Rabbi
Yehuda Levin
Porte-parole
de l'Union des Rabbins Orthodoxes des Etats-Unis et du Canada et de l'Alliance
Rabbinique d'Amérique. / Copies à Rada Ochrony Pamiêci, Walk
i Mêczeñstwa
et à la presse
http://www.orthodoxrabbis.org/uor_veil050123.htm
E-
le pape et son dernier livre: « Mémoire et identité » et la
manifestation à Notre Dame.
On sait que le pape vient de
publier un nouveau livre de Souvenirs intitulé : « Mémoire et
Identité ».
Il a été présenté à Rome, le
mardi 22 février et devrait sortir dans les librairies en France le 3 mars
prochain.
Henri Tincq, du journal « le
Monde », a fait, de ce livre, une présentation. Cette présentation a
suscité pour ne pas dire provoqué une violente réaction, le dimanche 27
février, à Paris.
Tout cela
est à lire.
a-
présentation du livre « Mémoire et identité » du pape Jean-paul II
par Henri Tincq.
« Mémoire et identité »
Dans
un nouveau livre de souvenirs, le pape met en garde contre les "idéologies
du mal".
Mémoire et identité, Jean Paul II. Flammarion,
218 p., 17 €. Trad. François Donzy.
« Au soir de sa vie, le pape publie une réflexion, poignante et
personnelle, sur la question du mal. Il le fait dans un quatrième livre de
souvenirs, intitulé « Mémoire et identité », qui a été présenté à
Rome mardi 22 février et sortira le 3 mars dans les librairies françaises.
Le "mal" d'hier : Karol Wojtyla tire
les leçons des tragiques expériences du nazisme et du communisme, dont il a été
le témoin direct en Pologne. Et le "mal" d'aujourd'hui : dans un
amalgame contestable avec le passé, il condamne à nouveau l'avortement et les
unions homosexuelles.
Juste après avoir évoqué, au début du livre, l'extermination des juifs par les
nazis, le pape dénonce "l'extermination légale des êtres humains conçus et
non encore nés". Il s'agit "encore une fois", explique t-il,
d'"une extermination décidée par des Parlements élus
démocratiquement". Dans la foulée, il s'en prend au Parlement européen,
qui "fait pression" pour que soient reconnues les unions
homosexuelles "comme une forme alternative de la famille, à laquelle
reviendrait aussi le droit d'adopter". C'est, pour Wojtyla, une autre
"idéologie du mal, insidieuse, occulte, qui tente d'exploiter contre
l'homme, et contre la famille même, les droits de l'homme".
Déjà, dans le discours de Radom (Pologne, 1991) ou l'encyclique « Evangile
de la vie » (1995), qui avaient soulevé des polémiques dans les milieux
juifs et progressistes, le pape s'en était pris au génocide nazi, en même temps
qu'à l'avortement, au terrorisme, à la guerre, à la toxicomanie, traités comme
autant de symptômes de la "culture de mort" qui, selon lui,
fascinerait l'homme moderne.
Dans
ce dernier livre, il répète que les "idéologies du mal", anciennes et
contemporaines, ont leurs racines dans une même philosophie européenne de rupture
avec Dieu.
LE "LIBÉRALISME PRIMITIF"
C'est le livre d'un intellectuel polonais pétri de l'histoire et de la culture
de son pays, mais blessé de l'avoir vu disparaître de la conscience européenne
à cause de l'occupation nazie et de la nuit communiste. Ce livre a d'ailleurs
été écrit, en 1993, avec deux autres philosophes polonais, Krysztof Michalski
et Jozef Tischner, revu, corrigé, actualisé depuis par l'entourage de Jean Paul
II. Un livre de réfutation, plus que de combat, de la philosophie européenne
des Lumières.
Le pape ne méconnaît pas l'apport des Lumières et de
Après Descartes ("Je pense, donc je suis"), l'individu se fait juge
du bien et du mal. Dieu n'est plus qu'un "contenu de la conscience"
autonome. Dieu, le bien cessent de s'imposer comme des catégories objectives.
La voie est alors ouverte à tous les abîmes. "Si l'homme peut décider par
lui-même, sans Dieu, de ce qui est bon et de ce qui est mauvais, il peut aussi
disposer qu'un groupe d'hommes soit anéanti." En tuant le "Dieu de
Les équivalences qu'il fait entre
l'extermination des juifs et celle des enfants avortés, entre la démocratie de
Weimar (qui a conduit Hitler au pouvoir) et les Parlements qui légalisent l'IVG
et les unions homosexuelles sont choquantes. Mais, pour Wojtyla, elles ont la
même source dans le rejet de l'ordre naturel voulu par le Créateur.
Elles sont d'égales conséquences de la même "violation de
Une fois de plus, ce livre suscitera des polémiques et ne sera pas compris pour
ce qu'il veut être d'abord : un acte de défense de l'homme, rappelé ici au bon
usage de sa liberté. Car la "dangerosité" du monde actuel, comme
celui du XXe siècle, écrit Jean Paul II, vient de ce que l'homme ne sait plus
distinguer entre le bien et le mal. Il "fait abstraction de toute
responsabilité éthique". La revendication à la "liberté
seule", délivrée "de tout frein et de tout lien", n'a d'autres
noms, selon lui, que le "caprice", le "libéralisme
primitif", dont l'influence est "potentiellement dévastatrice".
Ce livre condense vingt-cinq ans d'enseignement. Il puise dans les textes du
concile Vatican II (1962-1965), et dans les propres ouvrages et discours de
Wojtyla, quand il rappelle que
Henri Tincq
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 24.02.05
b-la manifestation
Voilà comment certains ont réagi à l’annonce de la
publication du livre de Jean-Paul II
Pour dénoncer les propos du Pape, les militantEs
ont interrompu la messe à trois reprises. Avant de se faire expulser violemment
par des vigiles, elles ont brandi des pancartes en criant les slogans :
« En comparant
« L’IVG c’est un droit, le Vatican n’y touchera
pas »
« Nous sommes le diable, nous en sommes fières, gouines et pédés en
colère ».
En effet, dans
Mémoire et identité, présenté à
Rome le mardi 22 février par le cardinal Ratzinger, un parallèle plus que
douteux est fait entre
En outre, ces
déclarations bafouent le droit des femmes à disposer de leur corps. Il y
a dans ces propos la volonté de culpabiliser toutes les femmes qui font le
choix de l’IVG, et bien entendu la prétention de peser dans le débat politique
sur l’IVG. C’est au nom de ces principes que plusieurs pays européens refusent
aux femmes le droit à l’IVG (notamment l’Irlande, le Portugal et
Enfin, l’église
catholique y décrit la légalisation du mariage des couples homosexuels comme un
instrument du diable menaçant la société : « Il est légitime
et nécessaire de se demander s’il ne s’agit pas d’une composante d’une nouvelle
idéologie du mal, peut-être plus insidieuse et plus secrète, qui tente
d’opposer les droits humains à la famille et à l’homme. »
Ainsi désignés comme le diable, nous sommes en
droit de nous demander si l’église nous promet à nouveau les bûchers jadis
réservés aux hérétiques ! Ces propos d’incitation à la haine pourraient
avoir des conséquences dramatiques dans les régions du monde où l’idéologie de
l’Eglise est toute puissante.
Cette diatribe sexiste,
homophobe, lesbophobe et qui tend à minimiser
En
avril 2004, le Vatican fait pression à l’ONU pour qu’une résolution condamnant
les discriminations fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre
ne soit pas discutée.
Au
niveau européen, l’idéologie réactionnaire du Vatican a des représentants hors
pairs ! Anna Zaborska, présidente de la commission des droits de la femme
et de l’égalité des genres est opposée à l’IVG et souhaite l’internement des
homosexuelLEs. Rocco Buttiglione, prétendant au poste de commissaire européen à
la justice, avait affirmé en octobre 2004 : « l’homosexualité est un
péché »
En
France, le 18 novembre 2004
Les tentatives répétées d’intrusion de l’église
catholique dans le débat politique constituent des menaces graves pour nos
libertés, le droit de choisir et l’égalité des droits de toutEs, quels que
soient le sexe, l’identité de genre, les préférences sexuelles et l’origine.
Que les catholiques se
cantonnent à leurs bénitiers et ne s’occupent pas de nos vies et de nos choix !
Nous ne laisserons pas l’église catholique pénétrer le politique !
Voilà un cardinal, jeune, qui
a belle allure et veut redonner un peu de fierté à ses diocésains, et y
réussit… Il faut voir l’accueil qu’il reçut des jeunes étudiants lors de son retour de Rome et de la remise de la barrette par le pape. Une véritable
ovation ! On le lui reproche… J’ai
suivi à la télévision la conférence de presse qu’il donna à son retour de Rome,
en 2003. Il décrivait ces trois journées
à Rome, avec beaucoup de grâce, d’élégance et d’humilité. C’était très heureux
de l’entendre. Son élégance était
simple, comme celle d’un véritable « homme d’Eglise. » Les jeunes
canadiens peuvent être fiers d’avoir un
tel prince.
Depuis votre
nomination comme archevêque de Québec, plusieurs de vos prises de position,
répercutées par les médias, nous indisposent. Elles donnent en effet à
notre Église un visage que nous refusons. Membres à part entière et de plein
droit de l'Église catholique au Québec, nous jugeons nécessaire d'intervenir
publiquement pour manifester notre désaccord avec le modèle ecclésial
que vous mettez en avant. Nous le faisons sur la base du «sens de la foi» que
nous confère notre baptême.
Ce modèle d'Église dont nous ne voulons pas est d'abord celui que vous
incarniez déjà lors de la pompeuse célébration d'inauguration de votre
cardinalat (diffusée sur les ondes du RDI en novembre 2003). Vous dressiez
alors, dans votre homélie, un portrait excessivement noir de la situation
actuelle du Québec. De tels propos -- que vous avez repris à maintes occasions
-- offrent le visage d'une Église qui se pose «en surplomb» d'un monde qu'elle
réduit, dans son discours, à un champ de décadence.
Bien que conscients des nombreux défis auxquels doit faire face notre nation,
il nous apparaît partial de dénoncer ainsi les limites de la société présente
sans reconnaître du même souffle ce qu'il y a de bon, de juste, de vrai et de
typiquement évangélique en elle. Cette lecture sans nuances de la réalité
entretient le fossé d'incompréhension et d'indifférence entre l'Église et une
part sans cesse grandissante de nos concitoyens.
À titre de croyants, nous rejetons ce ton condescendant et pessimiste
qui n'est ni celui de l'épiscopat québécois ni celui de la majorité des
chrétiens d'ici. Nous voulons plutôt une Église capable d'interpeller notre
collectivité avec humilité et bienveillance tout en se reconnaissant solidaire
et partie prenante de la recherche commune de voies d'avenir, une Église qui se
compromet pour les droits de la personne, comme vous l'avez fait -- à la suite de
l'Église unie -- dans le dossier de Mohamed Cherfi.
Une véritable
vision de l'école
Ce modèle d'Église dont nous ne voulons pas, c'est aussi celui que vous
incarnez par vos multiples déclarations sur la religion à l'école (entre
autres dans votre lettre pastorale sur la formation à la vie chrétienne). Votre
obstination à promouvoir le renouvellement des clauses dérogatoires -- qui
maintiennent indûment des privilèges scolaires pour les catholiques et les
protestants -- relève de l'aveuglement.
Vous pourriez vous associer aux acteurs les plus éclairés de notre société qui,
au nom d'une laïcité ouverte, recommandent l'implantation d'un programme
novateur d'éducation à la citoyenneté, à l'éthique et aux religions tenant
compte de nos racines chrétiennes tout en rassemblant les jeunes de toutes
convictions au sein d'une école publique commune. Au contraire, en défendant
le statu quo, vous vous faites le porte-parole de la frange la plus
conservatrice du catholicisme d'ici.
Si nous considérons l'évolution récente du dossier confessionnel et le
pluralisme irréversible de notre société, votre position ne peut conduire
qu'à l'impasse. Comme le soulignait dernièrement Michel Venne dans Le
Devoir, vous risquez ainsi de devenir complice de la disparition, à brève
échéance, de toute référence à la dimension religieuse dans notre cursus
scolaire.
À titre de croyants, nous rejetons ce type d'Église qui, pour défendre ses
droits acquis, se campe dans des combats d'arrière-garde. Nous voulons
plutôt une Église soucieuse du bien commun et capable de contribuer, avec
vision et générosité, à l'évolution et à la cohésion sociale du Québec.
Condamner l'homophobie et le sexisme
Ce modèle d'Église dont nous
ne voulons pas, c'est également celui que vous incarnez dans votre lettre
intitulée «Mariage et société», publiée en janvier dernier. Vous vous y
opposez au projet de loi du gouvernement fédéral sur la redéfinition du mariage
civil, un projet pourtant issu de l'avis positif de
Votre zèle intempestif, sur cet enjeu, «heurte le sens moral et la sensibilité
religieuse d'un grand nombre de citoyens, catholiques ou non catholiques». En
effet, le respect des droits des minorités, la promotion d'une société ouverte
et tolérante ainsi que la recherche de la justice et de l'égalité -- sans égard
au sexe, aux origines, aux croyances et à l'orientation sexuelle des personnes
-- sont, pour nous, des valeurs fondamentales qui trouvent leurs racines dans l'Évangile.
Nous sommes donc scandalisés par cette croisade que vous menez contre
l'élargissement de la définition du mariage civil.
À titre de croyants, nous rejetons ce type d'Église qui s'associe, sans la
moindre pudeur, au programme réactionnaire du Parti conservateur du Canada et
aux factions les plus activistes de la droite religieuse états-unienne. Nous
voulons plutôt une Église qui ne manque pas une occasion de condamner --
d'abord en son propre sein -- l'homophobie, le sexisme et la xénophobie sous toutes
leurs formes.
Nous représentons un visage du catholicisme qui veut cesser d'entretenir
l'ostracisme à l'endroit des personnes homosexuelles et surtout soutenir, au
lieu d'accabler, les jeunes qui se découvrent de cette orientation affective.
Nous voulons une Église qui leur offre -- ainsi qu'à leurs proches -- une
authentique sollicitude au lieu des condamnations cruelles qui attisent la
violence et le mépris.
Diversité et liberté dans
l'Église
Ce modèle d'Église dont nous ne voulons pas, enfin, c'est celui que vous
incarnez dans votre dernière lettre pastorale sur la pratique du sacrement de
la pénitence et de la réconciliation.
Contre une opinion largement partagée, vous mettez fin aux célébrations avec
absolution collective qui s'étaient développées dans votre diocèse. Ces
dernières avaient redonné pertinence et signification à un sacrement depuis
longtemps déserté par une majorité. Cette décision -- prise pour vous conformer
à un diktat de Rome -- est reçue, par nombre de vos prêtres et de vos
fidèles, comme un recul et un coup de force. Nous espérons que de nombreuses
communautés chrétiennes, après avoir procédé à leur propre discernement,
décideront de passer outre à cette directive romaine et poursuivront, avec
liberté et courage, les expériences fécondes de renouvellement pastoral dont
elles sont les riches détentrices.
À titre de croyants, nous rejetons ce type d'Église où les communautés
chrétiennes doivent se soumettre servilement aux décrets brutaux d'une
administration centrale, exactement à la manière des succursales de Wal-Mart
par rapport au siège social de la multinationale.
Nous refusons ce centralisme et ce fonctionnement unilatéral qui dénaturent le
ministère des évêques tel qu'il a été défini au dernier concile. Nous croyons
en une catholicité qui, loin d'annihiler la légitime diversité et la capacité
d'initiative des Églises locales, en fait plutôt la promotion, conformément à
une vision dynamique et vivante de la communion ecclésiale.
Bref, à titre de catholiques québécois, nous disons non à une Église qui
s'abaisse au niveau d'un vulgaire lobby de droite en s'associant publiquement
aux positions les plus réactionnaires et les plus conservatrices de notre
société. Comme le disait Fernand Dumont, «nous sommes devenus un objet de
risée» et nous le refusons. Ce catholicisme de la citadelle assiégée est une
trahison de Vatican II, de la commission Dumont et des synodes tenus dans de
nombreux diocèses du Québec au cours des récentes années. Sachez que les
baptisés que nous sommes ne laisseront pas le catholicisme québécois se faire
kidnapper par l'intégrisme.
***
Ghislain Bédard, L'Ancienne-Lorette; Normand Breault, Montréal; Lorraine
Bélanger, Sainte-Françoise; Sylvie Bélanger, Sainte-Françoise; Guy Bonin,
Montréal; Hélène Chénier, Montréal; Jean Clermont-Drolet, Québec; Réjane
Cliche, Stoneham; Louis Cornellier, Joliette; Louise Dallaire, Saint-Antonin;
Diane Falardeau, Québec; Lise Gosselin, Québec; Marie Laberge, Boucherville;
Julie Landry, Maria; Anne-Marie Larose, Cap-Rouge; Gaétan Nadeau, Montréal;
Martin Parent, Québec; Stéphane Proulx, Boucherville; Jean-Philippe Perreault,
Saint-Augustin-de-Desmaures; Marco Veilleux, Montréal; Nicole Villeneuve,
Québec.