ITEM

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 Un regard sur le monde  politique et religieux

 Au 9 mars 2005

 

N°34

Par Monsieur l’abbé Paul Aulagnier

 

 

« En Lui était la vie

Et la vie était la lumière des hommes.

Et la lumière luit dans les ténèbres

Et les ténèbres ne l’ont pas reçue »

(Jn 1 5)

 

 

 

 

Notre « Regard », cette semaine se portera essentiellement sur l’Allemagne, à Cologne, avec l’homélie du cardinal Meisner(A), mais aussi en Italie, à Rome, avec la publication du nouveau livre du pape « Mémoires et Souvenirs »(E) ; en France, à  Paris, avec une manifestation à Notre Dame,(E) mais aussi au Canada, à Québec, avec les déclarations du cardinal Marc Ouellet et ses « opposants » (F)  

 

Le sermon du Cardinal Meisner a déclenché les foudres des « Medias ».

 

Le cardinal a su se défendre avec énergie et conviction. (B)

 

La communauté juive, en la personne du grand rabbin  Moïshe Arye Friedman de Vienne (Autriche)  sut également prendre position en faveur des affirmations du Cardinal.

 

Nous publions cette prise de position. (C)

 

Nous y  joindrons  le texte de la  protestation que la communauté juive a manifesté pour protester de la présence de Mme Veil au camp de la mort à Auschwitz. (D)

 

Voilà, enfin, des réactions et affirmations nobles, justes et vraies.

 

Nous nous en réjouissons.

 

Et applaudissons le courage du cardinal Meisner

 

Ces prises de positions claires et nobles déclenchent, mais il ne faut pas en être surpris, le contraire eut été  étonnant,  la « colère » des opposants.

 

C’est ainsi que pour manifester leurs oppositions  aux déclarations diverses de prélats, « rapprochant », sans « identifier » cependant  et pour cause… quatre  terribles événements du 20e siècle : la Shoah, Hitler et Staline et l’avortement, toute une « horde » a envahi, le 27 février dernier, l’Eglise Notre de Dame à Paris. Il fallut les expulser de force après trois provocations au cours du culte. (E)

 

C’est  une opposition du même genre…bien que plus noble, mais touchant les mêmes sujets  que le Cardinal Marc Ouellet, archevêque de Québec et primat du Canada, connaît, ces jours-ci.  Je suis sensible à ces événements du Québec, connaissant personnellement le Cardinal qui m’avait fait bon accueil, en 2003 lorsque je m’étais adressé à lui pour l’organisation du pèlerinage à Sainte Anne de Beaupré.( Voir le dossier en cliquant là).

 

Par suite de décisions diverses et heureuses concernant plusieurs sujets contemporains et, en particulier, sa décision touchant le sacrement de Pénitence ( F) se dresse contre lui tout un groupe de fidèles…qui les conteste et les refuse. L’attaque est d’autant plus sournoise et délicate qu’elle émane de fidèles du diocèse. Il va lui falloir de la force d’âme, du caractère pour résister avec prudence  à ce déclenchement de colère… peu raisonnable mais d’autant plus redoutable.(F)

 

Nous aurons fait ainsi un tour d’horizon utile en récoltant des informations précieuses…

 

« Et la Lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas reçue » (Jn 1 5).

 

 Mais aussi, a contrario,  lorsque la lumière se lève… les rayons de soleil éclairent la campagne…et réjouissent le cœur des hommes « de bonne volonté ».

 

 

 

 

A – L’homélie  du cardinal de Cologne, Mgr Meisner pour l’Epiphanie.

(traduit par Mr l’abbé Lotte et tiré de sa lettre)

 

 

« Chers frères et sœurs, aujourd’hui c’est l’Epiphanie ou aussi la Théophanie. Nous fêtons la splendeur de Dieu dans notre pauvreté humaine, qui s’est offerte dans cet enfant de Bethléem. A Noël nous avons fêté la venue de Dieu à la dérobée et dans la discrétion. Aujourd’hui nous expérimentons sa venue dans la pleine lumière de sa splendeur. Le ciel donne son étoile qui éclaire les trois rois d’Orient ; la terre donne toute la puissance lumineuse de son feu et en maints lieux jusqu’à aujourd’hui, l'Église bénit le feu de l’Epiphanie.

1. La lumière brille dans les ténèbres et ainsi elle met les ténèbres en crise, c'est-à-dire dans l’alternative de la clarté ou de l’obscurité. Les Mages d’Orient se montrent au roi de Jérusalem et s’enquièrent du roi nouveau-né. Par cette question, ils mettent le roi de Jérusalem en crise c’est-à-dire dans l’alternative du bien ou du mal. Il sait qu’il n’y a qu’un roi en Israël. Ainsi sa juridiction se relativise. Sa souveraineté se restreint. C’est ce que de tous temps Dieu réserve aux puissants de cette terre : Il relativise leurs prétentions absolues et il circonscrit leur autorité. Et il ne le fait pas que pour les puissants de cette terre ; Il le fait pour tout un chacun des hommes. Et Il nous met en crise, dans l’alternative du bien ou du mal. Ma vie, mon cœur, mon corps ne m’appartiennent pas. C’est Sa propriété. Je ne peux pas disposer de ma propre vie et de la vie d’autrui. Je peux seulement la recevoir en L’en remerciant. C'est caractéristique : quand l’homme ne s’accepte ni relatif ni limité, il rate sa vie : en premier lieu Hérode qui fait tuer les enfants de Bethléem, ensuite entre autres Hitler et Staline, qui ont anéanti des millions de gens, et aujourd'hui, à notre époque, les enfants à naître sont tués par millions. L’avortement et l’euthanasie sont les conséquences de cette rébellion présomptueuse à l'égard de Dieu. Ce ne sont pas des questions sociales, mais théologiques. Ici le premier Commandement entre en jeu : « Tu n’auras aucun dieu étranger à côté de moi » c’est-à-dire tu ne dois pas faire de toi-même un dieu qui s’arroge le droit de disposer de son corps et de la vie d’autrui. « La lumière brille dans les ténèbres » (Jean 1,15) : ce n’est pas un événement ingénu. Soit je l’accueille et ensuite j’avance à sa lumière dans le monde, soit je me ferme à lui et je m’enfonce encore plus dans les ténèbres.

2. La lumière met les ténèbres en crise, dans l’alternative du bien ou du mal. Cet Enfant change nos critères. Les trois saints rois cherchent un roi et ils ne trouvent ni palais, ni dynastie, ni gardes armés – rien de cela mais beaucoup moins : une mauvaise maison, une famille simple, un petit enfant. Dans le « peu » de Dieu est toujours contenu le « plus ». « Ici il y a plus qu’Abraham » dira plus tard le Christ de lui-même. Ici il y a plus qu’Aristote, ici il y a plus que [César] Auguste. Dans l’Ecce Homo les trois rois ont vu l’Ecce Deus : dans l’homme Jésus ils ont vu le Fils de Dieu qui est apparu dans notre monde. Nous participons à sa Royauté comme le dit St Pierre : « vous êtes un sacerdoce royal » (1 P 2, 9). Il rejoint ce monde et ses éléments dans lesquels Il se plonge par son baptême dans l’eau du Jourdain. Ainsi toutes les eaux de ce monde ont été vraiment touchées de sa Présence et même lorsque les hommes sombrent dans les profondeurs des mers, ils tombent dans les mains de Dieu. Et les mains de Dieu sont toujours de bonnes mains. Le psalmiste le reconnaît clairement : « je prends les ailes de l’aurore et me pose au-delà des mers ; même là ta main me conduit, ta main droite me saisit » (Ps 139, 9-10)

On comprend que devant le terrible raz de marée en Asie du sud est, beaucoup de gens posent la question : « Où Dieu restait-il ? » et nous devons répondre « en plein milieu » - « En lui nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Ac 17, 28) dit l’apôtre. Où était Dieu au Golgotha ? Il était en plein milieu, dans la souffrance, car Il devenait lui-même le souffrant. Nous savons nos frères et sœurs péris dans l’océan Indien dans les mains de Dieu, et les survivants, dans nos mains, qui s’ouvriront maintenant à leur détresse.

3. La lumière met les ténèbres en crise, dans l’alternative du bien ou du mal. Dieu se fait homme et maintenant il se laisse trouver par nous, en descendant au niveau humain de Dieu. C’est ce que nous montrent les trois Mages d’Orient qui se mettent à genoux devant l’Enfant pour L’adorer. Les scribes de Jérusalem ont pu leur donner le renseignement exact sur le lieu où le roi nouveau-né devait venir au monde mais eux-même ne sont pas sortis, ne se sont pas mis à genoux, et ne L’ont pas adoré. Ce n’étaient que des savants, pas des hommes de Dieu comme le devinrent les trois Mages dans leur adoration. L’homme ne s’approche jamais tant de Dieu que lorsqu’il se prosterne devant Dieu et L’adore. L’adoration met en lumière que Dieu n’est pas considéré ni même déconsidéré comme un étranger et un être lointain parfaitement extérieur au monde, mais qu’Il est reconnu comme Père des hommes et des étoiles tout aussi bien que Père des plus petites choses de la terre, de chaque souffle, de chaque mouvement, de chaque petit fait. Tout est paternel pour ceux qui sont vraiment filiaux.

Le Pape Jean Paul II a invité à Cologne les jeunes du monde entier aux JMJ du 16 au 21 août de cette année et il en a énoncé le thème en rapport avec les trois Rois de la cathédrale de Cologne : « Nous sommes venus pour L’adorer ». L’homme n’est jamais aussi grand que lorsqu’il descend au niveau du Dieu fait homme et L’adore. Alors l’homme grandit au-delà de lui-même et l’on peut dire avec Marie dans le Magnificat : « Dieu fit pour moi des merveilles, Saint est son Nom » (Luc 1,49). Nous nous réjouissons des jeunes pèlerins du monde entier qui viennent chez nous sur les traces des trois Rois saints. Et nous prions qu’ils reviennent de Cologne meilleurs que lorsqu’ils y seront arrivés et qu’ils nous laissent à Cologne meilleurs que lorsque nous les y aurons accueillis.

4. L’Epiphanie de Dieu corrige les chemins des hommes. Les trois Mages d’Orient ont regagné leur patrie par un autre chemin. Qui rencontre Dieu est toujours poussé à corriger ses chemins. « Vos chemins ne sont pas mes chemins » (Isaïe 55,8) dit Dieu, mais « vos chemins doivent devenir Mes chemins ! »  « Vos pensées ne sont pas mes pensées » (Isaïe 55, 8), mais « vos pensées doivent devenir Mes pensées ! » - Voilà l’échéance de la conversion ! L’homme passe le temps de sa vie à aller de Dieu en correction, c’est  quelqu’un qui a besoin d’une instruction pour le chemin et d’un motif qui le mette en mouvement.

Mère Térésa partit comme directrice à Calcutta pour enseigner l’anglais et les mathématiques dans une grande école pour filles. Et Dieu a corrigé son chemin si bien qu’elle devint la Mère Térésa des mourants sur les trottoirs et la mère des enfants nouveaux-nés dans les poubelles. L’archevêque de Cracovie, Karol Wojtyla, prit un avion polonais pour aller au conclave à Rome en 1978 et il a dû ranger son billet de retour puisqu’il fut choisi comme Pape. Je crois que presque tous les hommes pourraient dire : « Dans ma vie tout s’est passé autrement que ce que j’avais pensé.

La veille de mon ordination sacerdotale j’ai donné à Dieu un chèque en blanc où j’ai écrit : « J’irai partout où Tu m’enverras » . Naturellement je pensais seulement aux trois régions de notre diocèse d’Erfurt. Et je ne pensais à rien d’autre. Dieu ne nous mène jamais nulle part mais près de Lui – comme les trois rois saints.

5. La lumière met les ténèbres en crise, dans l’alternative du bien ou du mal. Ou nous accueillons la lumière et nous devenons meilleurs ou nous nous fermons à elle et nous ratons une chance, et nous éclairons moins et nous devenons plus opaques. Cette heure nous met pareillement en crise c’est-à-dire devant la décision. Cela je le sais avec la certitude de la foi. Personne ne doit revenir de notre cathédrale comme il y est entré mais soit plus lumineux, soit plus sombre. L’Epiphanie n’est pas [une fête] bénigne mais une injonction à changer en positif. Demandons à Dieu qu’il nous accorde la grâce de ce jour : « la lumière brille dans les ténèbres » Et dans cette lumière nous L’avons reconnu si bien qu’avec les mages nous nous agenouillons devant Lui pour L’adorer et lui offrir nos présents. Amen.

+ Joachim, Cardinal Meisner Archevêque de Cologne

 

B-  le cardinal se défend contre des attaques aussi peu fondées qu’injustes.

 

Suite à cette homélie une polémique artificielle a eu lieu dans les médias, l’Episcopat sut défendre publiquement ses positions et les amis de l'Église, publiquement, surent t aussi la soutenir  Trad. Ab. Lotte

 

 

 

Du Service de Presse de l’Archevêché de Cologne :

 

 

Le 7 janvier, le SPIEGEL a titré : « le cardinal Meisner compare les avortements avec le crime de Hitler ». De manière typiquement conforme aux centres d’intérêts du « Spiegel », sa citation du sermon du cardinal Meisner du 6 janvier est si brève qu’on pourrait avoir l’impression que le Cardinal entendait comparer entre eux des actes criminels. En réalité, le cardinal Meisner a mis en lumière par quelques exemples que : « lorsque les hommes se ferment au Seigneur dans la vie, d’autres perdent la vie. ». Et la citation, coupée de son contexte, est pourtant liée à ce contexte. L’Archevêque de Cologne a dit :

« Ma vie, mon cœur, mon corps ne m’appartiennent pas. C’est sa propriété [= de Dieu]. Je ne peux pas plus disposer de ma vie que de la vie d’autrui. Je ne peux que toujours l’accueillir avec reconnaissance. C'est caractéristique : quand l’homme ne s’accepte ni relatif ni limité, il rate sa vie : en premier lieu Hérode qui fait tuer les enfants de Bethléem, ensuite entre autres Hitler et Staline, qui ont anéanti des millions de gens, et aujourd'hui, à notre époque, les enfants à naître sont tués par millions. L'avortement et l'euthanasie sont les conséquences de cette rébellion présomptueuse à l'égard de Dieu. Ce ne sont pas des problèmes sociaux, mais théologiques. Ici le premier Commandement entre en jeu : Tu n’auras aucun dieu étranger à côté de moi ». [Le passage souligné est la citation faite par le SPIEGEL]

Ce texte critique passe simplement par dessus le fait que le cardinal n’a prononcé aucun mot qui relativiserait le caractère unique du génocide des juifs sous Hitler. La comparaison entre aujourd'hui et les temps d’Hérode, de Hitler et de Staline a uniquement trait à ceci : des fautes contre la vie humaine ont eu lieu, et peuvent revenir lorsque les hommes ferment leur vie à Dieu.

Aujourd’hui on constate une réception quasi collective de l’idée que l’homme avant tout peut décider du droit à vivre des enfants à naître.

« Si j’avais pressenti que mon allusion à Hitler pouvait être comprise de travers, je n’en aurais pas fait mention. Ce qui me fait pitié, c’est que cela soit arrivé. Dans l’archivage officiel de mon sermon, je ferai retirer la mention de Hitler », a déclaré l'archevêque de Cologne le soir du 7 janvier, « ainsi l’intention du texte se trouvera entièrement maintenue : Quand l’homme se prend pour Dieu, il rate sa vie. »

 

 

C

 Lorsque le grand Rabbin Moïshe Arye Friedman de Vienne (Autriche) soutient le cardinal…

 

 

 

 

 

Le grand rabbin Moïshe Arye Friedman de Vienne (Autriche) a publié dans la presse un commentaire courageux des propos du Cardinal Meisner (Kath.net. 19/01/05)

 

 

 

Les athées ont provoqué l’holocauste.

 

« En tant que Grand Rabbin de la communauté juive orthodoxe anti-sioniste de Vienne et en tant que rabbin aux racines multiséculaires en Allemagne, je suis très touché des vérités historiques et théologiques exprimées par le cardinal Meisner dans ses sermons de ces jours fériés et de son courage à les exprimer en termes fermes. Permettez-moi, comme ami véritable de l’Allemagne, de souhaiter au peuple allemand et à l’église catholique bonne chance pour la nouvelle année 2005. Pour un avenir couronné de succès pour chacun, et dont j’espère en particulier la paix et la justice pour ma Terre Sainte, une Jérusalem libérée du sionisme et le retour de tous les réfugiés palestiniens dans leur pays natal.

D’autre part, je suis fort indigné et horrifié par les attaques verbales contre le cardinal Meisner et tous les Allemands à l’occasion de son sermon de l’Epiphanie. Là dessus je voudrais mettre en évidence ce qui suit : ceux qui ont provoqué ce qu’on appelle « l’holocauste » étaient précisément les athées, c’est pourquoi il est particulièrement important de mettre en rapport la considération de Dieu avec la Constitution européenne. Aujourd’hui presque personne ne semble plus se soucier sérieusement des leçons des crimes du passé. Le bolchevisme et Staline qui ont tué beaucoup plus de personnes innocentes et de Juifs que Hitler dans la deuxième guerre mondiale, semblent presque oubliés, peut-être parce qu’on peut seulement mal utiliser ces crimes pour faire des affaires avec eux. Quant aux aspects problématiques du passé allemand on ne devrait pas non plus se focaliser seulement sur les buts louches, mais apprendre à en tirer correctement des conclusions droites - et cela ne peut que relever d’un retour véritable et intensif aux bonnes traditions nationales de la nationalité allemande et d’une franche et profonde foi en Dieu. Mais la propagande solennelle d’aujourd'hui vise à abaisser le peuple allemand, provoquant ainsi le contraire de ce qu’elle proclame - avec ses conséquences désastreuses.

L’affirmation que les grand-pères et les arrière-grand-pères des jeunes Allemands d’aujourd'hui étaient tous sans exception des criminels, conduit au déracinement et à la sous-estimation de soi-même et finalement à la tentation de se détourner de sa propre identité nationale. Ce développement est un grand danger pour l’avenir de l'Allemagne. Si le cardinal Meisner établit un lien entre Hérode, Staline, Hitler et les avortements d’aujourd'hui, c’est au contraire, de notre point de vue religieux, parfaitement légitime et juste. Les attaques verbales opposées et les méthodes énormes avec lesquelles on a essayé de faire taire le prédicateur courageux constituent une grossière violation de la convention des droits de l’homme de l’Union européenne aux articles 9 (libertés des cultes) et 10 (libertés d’opinion) ! J’ai honte qu’une telle injustice soit commise au nom du judaïsme et par des gens qui portent un nom égal au mien.

En outre, il est grand temps que le peuple allemand redécouvre une fierté nationale bien comprise, qu’il se reconnaisse dans l’histoire si riche, bonne et magnifique de l’Allemagne et qu’il retrouve le chemin de sa foi traditionnelle. Ce n’est que sur cette voie qu’apparaîtra de nouveau ce climat spirituel qui est nécessaire aux générations montantes. Comme père de sept enfants, je souhaite cordialement aussi au peuple allemand qu’il puisse retrouver un tel climat spirituel pour se protéger de [toute] aliénation, préserver aussi sa propre identité dans le futur et permettre à sa propre jeunesse une perspective d’avenir sans hypothèque et pleine d’espérance » n

 

D – Déclaration de Rabbi Yehuda Levin au nom de l’ « Union des Rabbins orthodoxes des USA et du Canada : le 23  janvier 2005

 

 

UNION DES RABBINS ORTHODOXES DES USA ET DU CANADA

235 EAST BROADWAY NEW YORK, N.Y. 10002 w 212 964-6337

13 Shvat 5765 / 23 janvier 2005

Au Président de la République de Pologne Aleksander Kwasniewski

 

Cher Monsieur,

 

Le 27 janvier 2005, des chefs de gouvernements et des survivants de camps de concentration venus du monde entier doivent se réunir sur le site du tristement célèbre camp de concentration d’Auschwitz pour commémorer le 60° anniversaire de sa libération.

Il est prévu que Mme Simone Veil, ancien ministre français de la Santé, qui fut déportée comme juive à Auschwitz, prenne la parole lors de ce rassemblement.

Mme Veil est bien connue pour avoir amené la légalisation de l’avortement en France.

Ainsi, elle fait partie des principaux responsables d’une destruction contemporaine de vies humaines dépassant de beaucoup celle des Nazis.

Dans ses activités pro-avortement, elle a agi d’une manière diamétralement opposée aux préceptes du Judaïsme.

En conséquence de tout cela, il est excessivement inapproprié que Mme Veil prenne la parole lors de la commémoration de la libération d’Auschwitz et nous y opposons une protestation énergique.

Respectueusement,

Rabbi Yehuda Levin

Porte-parole de l'Union des Rabbins Orthodoxes des Etats-Unis et du Canada et de l'Alliance Rabbinique d'Amérique. / Copies à Rada Ochrony Pamiêci, Walk i Mêczeñstwa et à la presse

http://www.orthodoxrabbis.org/uor_veil050123.htm

 

 

E- le pape et son dernier livre: « Mémoire et identité » et la manifestation à Notre Dame.

 

On sait que le pape vient de publier un nouveau livre de Souvenirs intitulé : « Mémoire et Identité ».

Il a été présenté à Rome, le mardi 22 février et devrait sortir dans les librairies en France le 3 mars prochain.

Henri Tincq, du journal « le Monde », a fait, de ce livre, une présentation. Cette présentation a suscité pour ne pas dire provoqué une violente réaction, le dimanche 27 février, à Paris.

Tout cela est à lire.

 

a- présentation du livre « Mémoire et identité » du pape Jean-paul II par Henri Tincq.

 

« Mémoire et identité »

Dans un nouveau livre de souvenirs, le pape met en garde contre les "idéologies du mal".

Mémoire et identité, Jean Paul II. Flammarion, 218 p., 17 €. Trad. François Donzy.

 « Au soir de sa vie, le pape publie une réflexion, poignante et personnelle, sur la question du mal. Il le fait dans un quatrième livre de souvenirs, intitulé « Mémoire et identité », qui a été présenté à Rome mardi 22 février et sortira le 3 mars dans les librairies françaises.

 

 Le "mal" d'hier : Karol Wojtyla tire les leçons des tragiques expériences du nazisme et du communisme, dont il a été le témoin direct en Pologne. Et le "mal" d'aujourd'hui : dans un amalgame contestable avec le passé, il condamne à nouveau l'avortement et les unions homosexuelles.

Juste après avoir évoqué, au début du livre, l'extermination des juifs par les nazis, le pape dénonce "l'extermination légale des êtres humains conçus et non encore nés". Il s'agit "encore une fois", explique t-il, d'"une extermination décidée par des Parlements élus démocratiquement". Dans la foulée, il s'en prend au Parlement européen, qui "fait pression" pour que soient reconnues les unions homosexuelles "comme une forme alternative de la famille, à laquelle reviendrait aussi le droit d'adopter". C'est, pour Wojtyla, une autre "idéologie du mal, insidieuse, occulte, qui tente d'exploiter contre l'homme, et contre la famille même, les droits de l'homme".

Déjà, dans le discours de Radom (Pologne, 1991) ou l'encyclique « Evangile de la vie » (1995), qui avaient soulevé des polémiques dans les milieux juifs et progressistes, le pape s'en était pris au génocide nazi, en même temps qu'à l'avortement, au terrorisme, à la guerre, à la toxicomanie, traités comme autant de symptômes de la "culture de mort" qui, selon lui, fascinerait l'homme moderne.

 

Dans ce dernier livre, il répète que les "idéologies du mal", anciennes et contemporaines, ont leurs racines dans une même philosophie européenne de rupture avec Dieu.

 
LE "LIBÉRALISME PRIMITIF"

C'est le livre d'un intellectuel polonais pétri de l'histoire et de la culture de son pays, mais blessé de l'avoir vu disparaître de la conscience européenne à cause de l'occupation nazie et de la nuit communiste. Ce livre a d'ailleurs été écrit, en 1993, avec deux autres philosophes polonais, Krysztof Michalski et Jozef Tischner, revu, corrigé, actualisé depuis par l'entourage de Jean Paul II. Un livre de réfutation, plus que de combat, de la philosophie européenne des Lumières.

Le pape ne méconnaît pas l'apport des Lumières et de la Révolution française aux luttes pour les droits de l'homme et de la nation, tout en rappelant que "liberté, égalité et fraternité" sont des valeurs chrétiennes. Mais ce sont les Lumières, démontre-t-il, qui ont fait le lit des "idéologies du mal".

Après Descartes ("Je pense, donc je suis"), l'individu se fait juge du bien et du mal. Dieu n'est plus qu'un "contenu de la conscience" autonome. Dieu, le bien cessent de s'imposer comme des catégories objectives.

La voie est alors ouverte à tous les abîmes. "Si l'homme peut décider par lui-même, sans Dieu, de ce qui est bon et de ce qui est mauvais, il peut aussi disposer qu'un groupe d'hommes soit anéanti." En tuant le "Dieu de la Révélation", les Lumières ont failli tuer l'homme, dans les camps de concentration et au goulag.


Les équivalences qu'il fait entre l'extermination des juifs et celle des enfants avortés, entre la démocratie de Weimar (qui a conduit Hitler au pouvoir) et les Parlements qui légalisent l'IVG et les unions homosexuelles sont choquantes. Mais, pour Wojtyla, elles ont la même source dans le rejet de l'ordre naturel voulu par le Créateur.

Elles sont d'égales conséquences de la même "violation de la Loi de Dieu". C'est le même cri que Jean Paul II aura poussé toute sa vie : tout ce qui est "légal", dans l'ordre des gouvernements démocratiques, n'est pas forcément "légitime" au plan moral.


Une fois de plus, ce livre suscitera des polémiques et ne sera pas compris pour ce qu'il veut être d'abord : un acte de défense de l'homme, rappelé ici au bon usage de sa liberté. Car la "dangerosité" du monde actuel, comme celui du XXe siècle, écrit Jean Paul II, vient de ce que l'homme ne sait plus distinguer entre le bien et le mal. Il "fait abstraction de toute responsabilité éthique". La revendication à la "liberté seule", délivrée "de tout frein et de tout lien", n'a d'autres noms, selon lui, que le "caprice", le "libéralisme primitif", dont l'influence est "potentiellement dévastatrice".

Ce livre condense vingt-cinq ans d'enseignement. Il puise dans les textes du concile Vatican II (1962-1965), et dans les propres ouvrages et discours de Wojtyla, quand il rappelle que la Pologne a pu survivre à ses tragédies grâce à sa foi et à sa culture. Cette "culture" dont il fait encore le modèle du développement des "nations", contre tout nationalisme, et d'un légitime "patriotisme", face à la dissolution des identités dans un monde globalisé.

Henri Tincq
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 24.02.05

b-la manifestation
                                                                                                                           

Voilà comment certains ont réagi à l’annonce de la publication du livre de Jean-Paul II

 

Le Vatican a encore frappé - Action des Panthères roses et des Furieuses Fallopes –

Gouines, pédés et féministes s’invitent à la messe de Notre Dame de Paris
Communiqué de presse - 27/02/05

Dimanche 27 février, les Panthères roses et les Furieuses Fallopes se sont invitées à la messe de 11h30 à la cathédrale Notre-Dame de Paris, pour protester contre la sortie du dernier livre de Jean Paul II, "Mémoire et identité".

Pour dénoncer les propos du Pape, les militantEs ont interrompu la messe à trois reprises. Avant de se faire expulser violemment par des vigiles, elles ont brandi des pancartes en criant les slogans :
« En comparant la Shoah à l’IVG le Vatican minimise un crime contre l’humanité »
« L’IVG c’est un droit, le Vatican n’y touchera pas »
« Nous sommes le diable, nous en sommes fières, gouines et pédés en colère »
.

En effet, dans Mémoire et identité, présenté à Rome le mardi 22 février par le cardinal Ratzinger, un parallèle plus que douteux est fait entre la Shoah et les législations autorisant l’IVG (1) . Par ses propos, le Vatican minimise le génocide du peuple Juif par le régime nazi, en comparant une politique d’assassinat systématique ayant tué 6 millions de personnes, et le libre choix de disposer de son corps. Cette rhétorique n’est pas nouvelle, elle est celle des groupuscules catholiques intégristes (notamment SOS tout petit) qui font régulièrement ce rapprochement. Le 15 janvier 2005 lors de la manifestation de soutien à l’IVG, une poignée d’opposants issus d’associations catholiques intégristes a distribué des tracts présentant Hitler tendant la main à Simone Veil (Libération du 17 janvier).

En outre, ces déclarations bafouent le droit des femmes à disposer de leur corps. Il y a dans ces propos la volonté de culpabiliser toutes les femmes qui font le choix de l’IVG, et bien entendu la prétention de peser dans le débat politique sur l’IVG. C’est au nom de ces principes que plusieurs pays européens refusent aux femmes le droit à l’IVG (notamment l’Irlande, le Portugal et la Pologne)

Enfin, l’église catholique y décrit la légalisation du mariage des couples homosexuels comme un instrument du diable menaçant la société : « Il est légitime et nécessaire de se demander s’il ne s’agit pas d’une composante d’une nouvelle idéologie du mal, peut-être plus insidieuse et plus secrète, qui tente d’opposer les droits humains à la famille et à l’homme. »

Ainsi désignés comme le diable, nous sommes en droit de nous demander si l’église nous promet à nouveau les bûchers jadis réservés aux hérétiques ! Ces propos d’incitation à la haine pourraient avoir des conséquences dramatiques dans les régions du monde où l’idéologie de l’Eglise est toute puissante.

Cette diatribe sexiste, homophobe, lesbophobe et qui tend à minimiser la Shoah, s’inscrit dans une politique systématique du Vatican de peser dans la vie politique, à l’ONU, en Europe et en France :
-  En avril 2004, le Vatican fait pression à l’ONU pour qu’une résolution condamnant les discriminations fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre ne soit pas discutée.
-  Au niveau européen, l’idéologie réactionnaire du Vatican a des représentants hors pairs ! Anna Zaborska, présidente de la commission des droits de la femme et de l’égalité des genres est opposée à l’IVG et souhaite l’internement des homosexuelLEs. Rocco Buttiglione, prétendant au poste de commissaire européen à la justice, avait affirmé en octobre 2004 : « l’homosexualité est un péché »
-  En France, le 18 novembre 2004 la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme justifiait son opposition à la loi pénalisant les propos sexistes et homophobes au nom de la liberté d’expression, et, fait exceptionnel, cet avis s’appuyait sur une lettre du Cardinal Jean-Marie Lustiger.

Les tentatives répétées d’intrusion de l’église catholique dans le débat politique constituent des menaces graves pour nos libertés, le droit de choisir et l’égalité des droits de toutEs, quels que soient le sexe, l’identité de genre, les préférences sexuelles et l’origine.

Que les catholiques se cantonnent à leurs bénitiers et ne s’occupent pas de nos vies et de nos choix ! Nous ne laisserons pas l’église catholique pénétrer le politique !

(1)  Article du Monde, 24 février 2005 : « Juste après avoir évoqué (...) l’extermination des juifs par les nazis le pape dénonce "l’extermination légale des êtres humains conçus et non encore nés". Il s’agit encore une fois, explique-t-il "d’une extermination décidée par des parlements élus démocratiquement". »

 

 

F-                 Le cardinal Marc Ouellet, primat du Canada.

 

Voilà un cardinal, jeune, qui a belle allure et veut redonner un peu de fierté à ses diocésains, et y réussit… Il faut voir l’accueil qu’il reçut des jeunes étudiants  lors de son retour de Rome et de  la remise de la  barrette par le pape. Une véritable ovation ! On le lui reproche… J’ai suivi à la télévision la conférence de presse qu’il donna à son retour de Rome, en 2003.  Il décrivait ces trois journées à Rome, avec beaucoup de grâce, d’élégance et d’humilité. C’était très heureux de l’entendre. Son  élégance était simple, comme celle d’un véritable « homme d’Eglise. » Les jeunes canadiens peuvent être fiers d’avoir un  tel prince.

Voilà ce prince de l’Eglise qui veut remettre petit à petit de l’ordre dans son Eglise et sauver ses écoles « catholiques »  ne voulant pas les perdre dans un unique grand service d’une seule « école publique ». Nous avons connu même bataille en France…Voilà un prélat qui veut maintenir le sens de la famille et en conséquence ne craint pas de s’opposer au programme politique, fut-il fédéral, voulant  « élargir la définition du mariage » et n’y voir plus l’union exclusive d’un homme et d’une femme… Il publie alors une « lettre pastorale » pour défendre la famille et la doctrine catholique. Quoi de plus normal ? 

Voilà un prélat qui s’oppose légitimement à toute dérive morale des mœurs, et qui ne voit pas dans l’homosexualité et autres « qualités » de ce genre, un progrès à encourager, bien au contraire.

Voilà un archevêque qui tient compte de l’enseignement de Rome et du pape et qui veut, par conséquent, le suivre et le transmettre. Aussi cherche-t-il à  promouvoir le sacrement de pénitence en permettant et en voulant le retour à la confession individuelle. Ce fut son dernier mandement de Carême publié le « mercredi  des cendres 2005». Et avec quelle délicatesse, prudence, connaissance des âmes et respect des personnes…Oui c’est avec grande charité qu’il procède à ce retour et l’organise pratiquement. Ceux qui voudront lire ce document et les autres documents   pourront les trouver sur le site du diocèse (http://www.diocesequebec.qc.ca).

Je retiendrai ici uniquement la conclusion de ce dernier document qui a déclenché la colère et un vent de révolte et peut-être de schisme….

a- « Conclusion : Un appel à la conversion

Les défis, nous le savons, ne manqueront pas pour vivre ensemble une conversion plus profonde et un ajustement aux orientations contenues dans le Motu proprio Misericordia Dei du Saint-Père Jean Paul II. La prière à l’Esprit Saint nous aidera à réaliser ensemble, pasteurs et fidèles, un nouveau développement de la confession sacramentelle dans sa forme ordinaire. Si nous accueillons de bon cœur cet appel, l’Esprit nous fera goûter encore davantage « ce lien privilégié de paternité spirituelle et de croissance filiale » qui s’exprime dans ce sacrement.

Les célébrations communautaires du pardon qui ont permis le développement d’un riche enseignement inspiré de la Parole de Dieu et concrétisé par des gestes appropriés, se
poursuivront en ajoutant une démarche de confession à un prêtre avec l’absolution individuelle.

Cette démarche pourra se faire pendant la célébration elle-même ou après.
Comme ministres ordonnés au service de ce ministère de la réconciliation, sacramentelle, nous veillerons à offrir un éventail plus large de possibilités de rencontres individuelles pour le sacrement du pardon. Dans chaque région, des lieux seront désignés pour faciliter l’accès des pénitents à ce sacrement dans une atmosphère accueillante. J’ai commencé personnellement à recevoir périodiquement à la cathédrale les personnes désireuses de me rencontrer brièvement, pour le sacrement du pardon ou pour un autre motif. D’autres initiatives sont à encourager, entre autres des catéchèses sur la bonne nouvelle de la miséricorde de Dieu.

Le Carême, après le geste d’humilité des Cendres, est un temps de grâce propice à la conversion personnelle, à la marche à la suite du Seigneur dans le désert. Les efforts de chaque jour nous détournent des ténèbres de nos fautes et nous tournent vers la lumière du Christ Miséricordieux. Que l’année de l’Eucharistie nous aide à vivre cette démarche de transformation intérieure qui nous fera communier plus profondément au mystère de Son Corps livré et de Son Sang versé pour la rémission de nos péchés ! Nous répondrons ainsi plus vivement à l’invitation à la communion : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du
monde », par une adhésion toujours plus vraie et plus personnelle au Christ, le Seigneur de la Nouvelle Alliance : «Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une Parole et je serai guéri».

                                                                                      Marc Cardinal Ouellet
                                                                                Archevêque de Québec et Primat du Canada
                                           Donné au Québec, le mercredi des Cendres, 9 février de l’An 2005.

Voilà des choses que Rome bénit. Que le pape bénit. Que le Pape veut. Qui sont bien conformes à la doctrine catholique, qu’il est bien légitime d’encourager.

Et bien non ! Un tel prélat est pris à partie publiquement, méchamment, par une « frange » de ses diocésains. Les voilà qui  se dressent contre lui publiquement, de la même manière que se sont dressés les « manifestants » de Notre Dame contre le pape et son légitime enseignement.  De part et d’autre, ces « manifestants »  s’élèvent  contre les dangers de l’ « intégrisme ». Pensez ! Le pape et le cardinal Ouellet veulent tout simplement défendre et « les droits de l’enfant à naître », et la définition du mariage, et les droits d’une école confessionnelle, et les droits de Dieu comme normes de l’ordre social et politique. C’est tout. Cela suffit pour être « taxé » d’intégriste.

Il faut lire ce document. Il est de la même veine que celui des « chahuteurs » de Notre Dame. .

 

b- Lettre ouverte à Mgr Marc Ouellet, archevêque de Québec - L'Église ne doit pas devenir un vulgaire lobby de droite
«Nous sommes devenus un objet de risée et nous le refusons»


Collectif


Édition du vendredi 25 février 2005

 »Monsieur le cardinal,

 

Depuis votre nomination comme archevêque de Québec, plusieurs de vos prises de position, répercutées par les médias, nous indisposent. Elles donnent en effet à notre Église un visage que nous refusons. Membres à part entière et de plein droit de l'Église catholique au Québec, nous jugeons nécessaire d'intervenir publiquement pour manifester notre désaccord avec le modèle ecclésial que vous mettez en avant. Nous le faisons sur la base du «sens de la foi» que nous confère notre baptême.



Ce modèle d'Église dont nous ne voulons pas est d'abord celui que vous incarniez déjà lors de la pompeuse célébration d'inauguration de votre cardinalat (diffusée sur les ondes du RDI en novembre 2003). Vous dressiez alors, dans votre homélie, un portrait excessivement noir de la situation actuelle du Québec. De tels propos -- que vous avez repris à maintes occasions -- offrent le visage d'une Église qui se pose «en surplomb» d'un monde qu'elle réduit, dans son discours, à un champ de décadence.

Bien que conscients des nombreux défis auxquels doit faire face notre nation, il nous apparaît partial de dénoncer ainsi les limites de la société présente sans reconnaître du même souffle ce qu'il y a de bon, de juste, de vrai et de typiquement évangélique en elle. Cette lecture sans nuances de la réalité entretient le fossé d'incompréhension et d'indifférence entre l'Église et une part sans cesse grandissante de nos concitoyens.

À titre de croyants, nous rejetons ce ton condescendant et pessimiste qui n'est ni celui de l'épiscopat québécois ni celui de la majorité des chrétiens d'ici. Nous voulons plutôt une Église capable d'interpeller notre collectivité avec humilité et bienveillance tout en se reconnaissant solidaire et partie prenante de la recherche commune de voies d'avenir, une Église qui se compromet pour les droits de la personne, comme vous l'avez fait -- à la suite de l'Église unie -- dans le dossier de Mohamed Cherfi.


Une véritable vision de l'école

Ce modèle d'Église dont nous ne voulons pas, c'est aussi celui que vous incarnez par vos multiples déclarations sur la religion à l'école (entre autres dans votre lettre pastorale sur la formation à la vie chrétienne). Votre obstination à promouvoir le renouvellement des clauses dérogatoires -- qui maintiennent indûment des privilèges scolaires pour les catholiques et les protestants -- relève de l'aveuglement.

Vous pourriez vous associer aux acteurs les plus éclairés de notre société qui, au nom d'une laïcité ouverte, recommandent l'implantation d'un programme novateur d'éducation à la citoyenneté, à l'éthique et aux religions tenant compte de nos racines chrétiennes tout en rassemblant les jeunes de toutes convictions au sein d'une école publique commune. Au contraire, en défendant le statu quo, vous vous faites le porte-parole de la frange la plus conservatrice du catholicisme d'ici.

Si nous considérons l'évolution récente du dossier confessionnel et le pluralisme irréversible de notre société, votre position ne peut conduire qu'à l'impasse. Comme le soulignait dernièrement Michel Venne dans Le Devoir, vous risquez ainsi de devenir complice de la disparition, à brève échéance, de toute référence à la dimension religieuse dans notre cursus scolaire.

À titre de croyants, nous rejetons ce type d'Église qui, pour défendre ses droits acquis, se campe dans des combats d'arrière-garde. Nous voulons plutôt une Église soucieuse du bien commun et capable de contribuer, avec vision et générosité, à l'évolution et à la cohésion sociale du Québec.


Condamner l'homophobie et le sexisme


Ce modèle d'Église dont nous ne voulons pas, c'est également celui que vous incarnez dans votre lettre intitulée «Mariage et société», publiée en janvier dernier. Vous vous y opposez au projet de loi du gouvernement fédéral sur la redéfinition du mariage civil, un projet pourtant issu de l'avis positif de la Cour suprême du Canada et fondé sur la Charte des droits et libertés.

Votre zèle intempestif, sur cet enjeu, «heurte le sens moral et la sensibilité religieuse d'un grand nombre de citoyens, catholiques ou non catholiques». En effet, le respect des droits des minorités, la promotion d'une société ouverte et tolérante ainsi que la recherche de la justice et de l'égalité -- sans égard au sexe, aux origines, aux croyances et à l'orientation sexuelle des personnes -- sont, pour nous, des valeurs fondamentales qui trouvent leurs racines dans l'Évangile. Nous sommes donc scandalisés par cette croisade que vous menez contre l'élargissement de la définition du mariage civil.

À titre de croyants, nous rejetons ce type d'Église qui s'associe, sans la moindre pudeur, au programme réactionnaire du Parti conservateur du Canada et aux factions les plus activistes de la droite religieuse états-unienne. Nous voulons plutôt une Église qui ne manque pas une occasion de condamner -- d'abord en son propre sein -- l'homophobie, le sexisme et la xénophobie sous toutes leurs formes.

Nous représentons un visage du catholicisme qui veut cesser d'entretenir l'ostracisme à l'endroit des personnes homosexuelles et surtout soutenir, au lieu d'accabler, les jeunes qui se découvrent de cette orientation affective. Nous voulons une Église qui leur offre -- ainsi qu'à leurs proches -- une authentique sollicitude au lieu des condamnations cruelles qui attisent la violence et le mépris.

Diversité et liberté dans l'Église

Ce modèle d'Église dont nous ne voulons pas, enfin, c'est celui que vous incarnez dans votre dernière lettre pastorale sur la pratique du sacrement de la pénitence et de la réconciliation.

Contre une opinion largement partagée, vous mettez fin aux célébrations avec absolution collective qui s'étaient développées dans votre diocèse. Ces dernières avaient redonné pertinence et signification à un sacrement depuis longtemps déserté par une majorité. Cette décision -- prise pour vous conformer à un diktat de Rome -- est reçue, par nombre de vos prêtres et de vos fidèles, comme un recul et un coup de force. Nous espérons que de nombreuses communautés chrétiennes, après avoir procédé à leur propre discernement, décideront de passer outre à cette directive romaine et poursuivront, avec liberté et courage, les expériences fécondes de renouvellement pastoral dont elles sont les riches détentrices.

À titre de croyants, nous rejetons ce type d'Église où les communautés chrétiennes doivent se soumettre servilement aux décrets brutaux d'une administration centrale, exactement à la manière des succursales de Wal-Mart par rapport au siège social de la multinationale.

Nous refusons ce centralisme et ce fonctionnement unilatéral qui dénaturent le ministère des évêques tel qu'il a été défini au dernier concile. Nous croyons en une catholicité qui, loin d'annihiler la légitime diversité et la capacité d'initiative des Églises locales, en fait plutôt la promotion, conformément à une vision dynamique et vivante de la communion ecclésiale.

Bref, à titre de catholiques québécois, nous disons non à une Église qui s'abaisse au niveau d'un vulgaire lobby de droite en s'associant publiquement aux positions les plus réactionnaires et les plus conservatrices de notre société. Comme le disait Fernand Dumont, «nous sommes devenus un objet de risée» et nous le refusons. Ce catholicisme de la citadelle assiégée est une trahison de Vatican II, de la commission Dumont et des synodes tenus dans de nombreux diocèses du Québec au cours des récentes années. Sachez que les baptisés que nous sommes ne laisseront pas le catholicisme québécois se faire kidnapper par l'intégrisme.

***

Ghislain Bédard, L'Ancienne-Lorette; Normand Breault, Montréal; Lorraine Bélanger, Sainte-Françoise; Sylvie Bélanger, Sainte-Françoise; Guy Bonin, Montréal; Hélène Chénier, Montréal; Jean Clermont-Drolet, Québec; Réjane Cliche, Stoneham; Louis Cornellier, Joliette; Louise Dallaire, Saint-Antonin; Diane Falardeau, Québec; Lise Gosselin, Québec; Marie Laberge, Boucherville; Julie Landry, Maria; Anne-Marie Larose, Cap-Rouge; Gaétan Nadeau, Montréal; Martin Parent, Québec; Stéphane Proulx, Boucherville; Jean-Philippe Perreault, Saint-Augustin-de-Desmaures; Marco Veilleux, Montréal; Nicole Villeneuve, Québec.