ITEM

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Un regard sur le monde  politique et religieux

Au 12 septembre 2006

 

N° 101

Par Monsieur l’abbé Paul Aulagnier

 

 

L’Institut

du

Bon Pasteur

 
 
 
 
 
On sait que Rome vient d’ériger une nouvelle société sacerdotale de vie apostolique de Droit Pontificale,  
l’institut du Bon Pasteur, le 8 septembre 2006. C’est Rome qui a souhaité cette date de fondation. 
 
Nombreux furent les fidèles de la Tradition qui ont voulu manifester leur joie dès l’annonce faite de cette nouvelle.
 Le site Item a connu un record de visite les 9, 10 et 11 septembre. 
Beaucoup  y allaient de leurs petits messages et de leurs félicitations. C’était très sympathique. 
Il y a des mouvements du peuple qui ne trompent pas….
J’y crois…plus qu’à toutes autres réflexions faites par des cerveaux brillants…dans leurs bureaux. 
Il serait bon que les autorités de la FSSPX en tiennent compte un tout petit peu…
La reconnaissance par Rome de l'Institut du Bon Pasteur est, certainement, 
« une grande nouvelle qui est une bonne nouvelle pour la Tradition » m’écrivait Yves Chiron. 
Il souhaitait de plus que je réponde à quatre questions. 
Je lui ai retourné mes réponses avec un peu de retard. Il n’a pu les mettre dans son numéro qu’il venait d’expédier.
 
Je pense que mes réponses pourront intéresser les lecteurs d’Item. 
 
 
 
 
1. "Le moment d'une collaboration franche et efficace" que Mgr Lefebvre estimait n'être pas encore arrivé
 en juin 1988, est donc arrivé ?
 
Oui, je le pense profondément. Les choses ont considérablement évolué depuis 1988. 
Elles changeaient même dès le lendemain des sacres, dès  le mois de Juillet, 
lors du discours du cardinal Ratzinger à l’épiscopat chilien. 
Elles changeaient surtout à Rome, en de nombreux domaines, en matière œcuménique, en matière liturgique, 
en matière catéchétique.
 En matière liturgique, le cardinal Ratzinger publiait de nombreux ouvrages de critique de la Nouvelle liturgique.
 Le cardinal Stickler aussi…
Sous leurs plumes, nous retrouvions les objections que nos « anciens » avaient résumées dans le « Bref Examen Critique ». 
Le combat demeurait mais l’opposition au courant « traditionaliste » n’était plus si totale. 
Le cardinal écrivait même qu’il fallait cesser ce conflit liturgique. 
On a eu l’Année Sainte. Les portes des basiliques romaines nous furent ouvertes. Chose remarquable.
 On a eu une  nouvelle ouverture de Rome. Le cardinal Castrillon Hoyos a voulu se rapprocher de nous. 
On a eu de nombreux documents romains comme « Ecclesia de Eucharistia » qui cherchaient à reprendre, 
répandre  la doctrine catholique sur l’Eucharistie. L’opposition à la liturgie « antique » n’était plus aussi formelle. 
Et cette évolution en matière liturgique, objet capital de la vie de l’Eglise et du peuple des fidèles, a eu un sommet.  
Il s’est exprimé dans les accords de Rome et de Mgr Rangel, évêque sacré par Mgr Tissier de Mallerais, à Campos, au Brésil. 
La création de l’Administration Apostolique avec droit d’usage de la messe tridentine en 2002 montrait bien  
que les choses changeaient dans la pensée de la hiérarchie… 
Je suis convaincu que Mgr Lefebvre aurait, sinon immédiatement emboîté le pas, 
du moins regardé avec sympathie ce « mouvement ». 
De toute façon, il  ne les aurait pas condamné comme le fit Mgr Williamson et Mgr Fellay. 
Mgr Lefebvre était pour un rapprochement avec Rome. 
Il en donna les grandes lignes dans un pli qu’il remit au Cardinal Gagnon en 1987 à l’issue de la visite canonique de la FSSPX. 
Et nul doute que la « solution de Campos » s’inspirait énormément de la pensée de Mgr Lefebvre. 
J’ai expliqué tout cela en long et en large dans mon site « Item » (http://la.revue.item.free.fr)…
C’est très important. La création du Bon Pasteur est une bonne chose…
Mais la création d’une Administration Apostolique, indispensable pour l’Europe, eut été bien mieux. 
Car la grande faiblesse de notre fondation se trouve au niveau missionnaire, apostolique. 
Mgr Fellay assume une responsabilité formidable dans cette faiblesse par son refus opiniâtre…. 
L’Histoire lui reprochera cet entêtement. 
Je veux du reste poursuivre cette étude et ce combat. 
Il faut que les prêtres de la FSSPX comprennent qu’ils ne peuvent pas se fermer plus longtemps  sur eux-mêmes. 
Ils vont à la « catastrophe ». Nous leur donnons l’exemple. 
Cet exemple va faire tache d’huile. Il ne les laissera pas tous  indifférents. 
Il faut que ceux-là fassent entendre leur préoccupation… 
 
2. L'Institut du Bon Pasteur est une "société de vie apostolique". Quels seront ses buts premiers ?
 
Oui, l’Institut du Bon Pasteur est « une société de vie apostolique de droit pontifical ». 
Il a été érigé directement par le Souverain Pontife. 
Mais il a son siège à Bordeaux et plus particulièrement dans l’église saint Eloi. 
Ce qui laisse entendre qu’il a été fondé aussi avec l’aimable autorisation de l’archevêque de Bordeaux. 
Ce qui a été expressément confirmé dans le décret d’érection signé, le 8 septembre, par le cardinal Castrillon Hoyos, 
Préfet de la Congrégation du Clergé. 
On peut y lire : «  Récemment, dans l’archidiocèse de Bordeaux, 
est apparu un groupe de quelques prêtres sous le patronage du Bon Pasteur. 
Les membres de ce groupe s’efforcent d’aider son Éminence révérendissime Jean-Pierre Cardinal Ricard dans le travail paroissial
, tout d’abord à destination des fidèles résolus à célébrer l’antique liturgie romaine. 
L’archevêque lui-même, convaincu de la grande utilité de tels coopérateurs, reçoit dans son diocèse cette communauté, 
en lui confiant l’église Saint-Éloi située dans sa ville épiscopale, avec la charge pastorale de ses fidèles ». 
Quand on sait que le cardinal Ricard est  également le président de la Conférence épiscopale française 
et membre de la Commission « Ecclesia Dei »,
 on peut juger du chemin parcouru depuis 1974 où Ecône avait été   déclaré « séminaire sauvage », 
et M l’abbé Laguérie en faisait parti…. 
Les temps changent. Il faut en prendre acte. Il n’y a plus cette opposition radicale, 
systématique de l’épiscopat français vis-à-vis des « traditionalistes »… mais bien une ouverture, une volonté de dialogue. 
Le cardinal l’a nettement dit dans son communiqué lors de la dernière cession de printemps à Lourdes. 
 
Le but premier de cet Institut c’est le sacerdoce catholique tel qu’il nous est donné par Notre Seigneur Jésus-Christ 
et gardé jalousement par l’Eglise et dans l’Eglise... Voilà pourquoi, on a pris le Bon Pasteur comme titre et modèle. 
Les séminaires auront alors la première place dans l’Institut. 
Mais le prêtre est ordonné pour la « gloire de Dieu » et le « service des âmes ». 
Aussi il est clair qu’une des  caractéristiques de cet Institut c’est la paroisse. 
La paroisse est vraiment le lieu privilégié pour l’exercice du Sacerdoce, aussi aurons-nous à cœur, 
comme on le dit dans les statuts, « de les servir, de les faire vivre, de les faire aimer des fidèles pour le salut de leurs âmes ». 
Ce qui n’exclut nullement la vie commune qui est un point fort de la réforme du sacerdoce inauguré en 1969 par Mgr Lefebvre,
 mais la vie commune est comprise comme toute « ordonnée à l’apostolat ». Ce qui est important.
 
 
3. Le rite dit de saint Pie V sera "le rite propre" de l'Institut. Cela
signifie-t-il qu'en aucun cas, il n'y aura de célébration ou de
concélébration selon le nouveau rite, en certaines circonstances ?
 
 
 
Il faut noter que l’Institut reste attaché, comme à la prunelle de ses yeux à la liturgie romaine de 1962. 
C’est expressément dit dans les statuts, et cela à deux reprises : au chapitre I verset 2 : 
« Le rite propre de l’Institut, dans tous ses actes liturgiques, est le rite romain traditionnel, 
contenu dans les quatre livres liturgiques en vigueur en 1962 ». 
On revient sur cette idée dans le chapitre II verset 2 où l’on écrit :
 « l’exercice complet du sacerdoce suppose une fidélité entière au Magistère infaillible de l’Eglise 
et l’usage exclusif de la liturgie grégorienne dans la digne célébration des Saints Mystères ». 
Ce qui exclut même la simple possibilité de concélébrer selon le rite nouveau, les membres n’en ont même pas la possibilité. 
Et cela a été approuvé par Rome…
 
Je tiens à souligner que l’usage exclusif de la messe « antique » est le droit propre de l’Institut. 
C’est statutaire. Et c’est bien ainsi que la « chose » est reçue par la hiérarchie de l’Eglise et interprétée par elle puisque, 
dans le décret d’érection, 
le cardinal Castrillon Hoyos écrit explicitement : 
« aux membres de cet Institut, elle (l’Eglise) confère le droit de célébrer la liturgie sacrée, en utilisant, et vraiment comme leur rite
 propre, les livres liturgiques en vigueur en 1962, 
à savoir le missel romain, le rituel romain et le pontifical romain pour conférer les ordres, et aussi le droit de réciter l’office divin 
selon le bréviaire romain édité la même année ». 
N’est-ce pas déclarer que cette messe est un droit, le droit de tout prêtre…Il suffit aujourd’hui de le demander…
 
 
4. A propos du concile Vatican II, peut-on dire que l'Institut a accepté ce que Mgr Lefebvre avait accepté dans 
le protocole d'accord du 5 mai 1988, c'est-à-dire "une attitude positive d'étude et de communication avec 
le Siège apostolique, en évitant toute polémique" ? 
 
 

Oui ! On peut dire cela. Mes confrères l’ont reconnu aussi. Il suffit de se reporter à leur communiqué…

Mais si vous le permettez, je vais vous donner connaissance de la lettre que j’écrivais, en 2004,  au cardinal Castrillon Hoyos lorsque, chassé indûment, injustement et illégalement de la FSSPX, par Mgr Fellay,  je cherchais à normaliser ma situation canonique et à obtenir une paroisse personnelle de Mgr H. Simon, archevêque de Clermont. J’ai du, moi aussi me prononcer sur le Concile Vatican II. Voilà ce que je lui ai écrit. Je n’ai fait aucune compromission…A moins que l’on puisse déjà dire que Mgr Lefebvre,  le 5 mai 1988,  avait déjà « trahi »…s’était déjà compromis…

 

 

 

 

 

 

Eminence,

 

 

« Puisque vous voulez bien donner un cadre juridique à mon ministère et sachant les incompréhensions accumulées de part et d’autre entre les catholiques « traditionnels » et les catholiques « conciliaires », il me semble nécessaire :

 

1-Que je vous précise que vous recevez avec moi un de ces prêtres dont la force ou la faiblesse, selon les points de vue, est d’avoir réagi aux secousses de l’Eglise en se voulant fidèle à la Tradition dans l’esprit du « Communitorium » de Lérins.

De sorte que je vous demande de ne pas douter que je reconnais, si j’ose dire plus que quiconque, la charge que le Pape Jean-Paul II a reçu, par mandat du Souverain Pasteur, de paître toutes les brebis et tous les pasteurs. Et que je lui dois, dès lors respect et l’assurance de ma prière.

Lorsque je discute d’un certain nombre d’options théologiques, fussent-elles prises par le Concile Œcuménisme Vatican II, c’est avec et je dirais en raison d’un sur-respect, si vous m’accordez l’expression, de l’autorité légitimement engagée ».

 

Cela a donné satisfaction au cardinal qui me le notifiait par écrit, par l’intermédiaire de l’archevêque de Clermont.

 

Et je poursuivais sur la messe nouvelle de la manière suivante :

 

« Quant à la défense de la messe dite de Saint Pie V à laquelle je me suis consacré et que je célèbre uniquement selon le droit, elle ne m’empêche nullement de reconnaître la validité du Novus Ordo Missae promulgué par le Pape Paul VI. Et pour dire précisément et théologiquement sur quoi repose ce qu’on a pu m’imputer : le NOM me parait offrir moins de « garde fous » au fait que certains célébrants aient pu le célébrer sans avoir l’intention de faire ce que fait l’Eglise ».

Voilà des positions claires bien dans la ligne de Mgr Lefebre… Je vais, du reste, continuer mon travail auprès de mes confrères de la FSSPX. Il faut qu’ils quittent eux aussi la « politique » que Mgr Fellay mène depuis trop longtemps et qui va dans le mur. Pour  que la FSSPX vive et retrouve sa joie, il faut qu’elle change. Je reste toujours membre de la FSSPX, jusqu’à ma mort. Je ne peux me résoudre à quitter ce que j’ai aimé. Follement. L’Eglise a besoin d’elle. Elle a besoin de tous ses prêtres

 

Paul Aulagnier.

 
 
Voici l’article d’Yves Chiron, dans Aletheia, (lettre d’informations religieuses, 16 rue du Berry 36250 Niherne) 
où aurait du paraître cette interview.
 

Le 8 septembre, la Commission Ecclesia Dei, par un décret canonique, a érigé un nouvel Institut de droit pontifical, c’est-à-dire qui relève directement du Saint-Siège. Ce nouvel Institut, « société de vie apostolique », s’est placé sous le patronage du Bon Pasteur. Il regroupe, selon ses statuts, des prêtres appelés à « servir les paroisses (avec mission canonique de l’Ordinaire »), qui auront comme « rite propre » la liturgie traditionnelle, avec faculté d’ouvrir un séminaire.

Les fondateurs de cet Institut sont cinq prêtres qui ont été exclus de la Fraternité Saint-Pie X, ces dernières années, ou qui s’en sont séparés : les abbés Philippe Laguérie (nommé premier supérieur du nouvel Institut), Paul Aulagnier, Guillaume de Tanoüarn, Christophe Héry et Henri Forestier. Sans doute espèrent-ils que d’autres prêtres de la FSSPX les rejoindront.

Le siège de ce nouvel Institut sera à Bordeaux, où certains de ces prêtres exercent, depuis 2002, leur ministère dans l’église Saint-Eloi, avec l’accord du conseil municipal mais contre la volonté des autorités diocésaines. Le cardinal Ricard, archevêque de Bordeaux, s’est déclaré, dans un communiqué, prêt à signer une « convention » avec ce nouvel Institut. Il ne cache pas que des « conditions » seront posées. Mais il est disposé aussi à rétablir une communion fraternelle : « Tout un travail de pacification, de réconciliation et de communion est encore à faire car la violence a marqué jusqu’à ces derniers mois les relations de plusieurs membres de cet Institut avec l’Eglise diocésaine. Il faudra que chacun y mette du sien. »

Que le cardinal Ricard soit, depuis le « schisme » de Mgr Lefebvre, le premier évêque français à favoriser la création d’un Institut traditionaliste, n’est pas un hasard. Il s’est voulu, depuis le début de son épiscopat, un « tisserand d’unité ». Cette belle formule n’a pas été un vain mot. Quand il avait été élu président de la Conférence épiscopale de France, le portrait que j’avais fait de lui (Aletheia, n° 20, 7 novembre 2001) avait fait sourire certains et avait laissé sceptiques nombre de lecteurs. Quand, quelques mois plus tard, il avait été nommé membre de la Commission Ecclesia Dei, j’avais écrit : « Les traditionalistes français devraient trouver auprès de lui un accueil attentif et non prévenu » (Aletheia, n° 29, 30 juillet 2002). La formule avait irrité à Bordeaux – à Saint-Eloi, pas à l’Archevêché –, et voilà que c’est de Bordeaux que jaillit, en accord avec le cardinal Ricard et par la volonté de Benoît XVI, une société de vie apostolique composée de prêtres qui veulent « exercer leur sacerdoce dans la tradition doctrinale et liturgique de la Sainte Eglise ».


Cet accord pratique – qui en rappelle d’autres – peut surprendre de la part de prêtres (les abbés Laguérie et Tanoüarn) qui ont eu, sur l’opportunité et la possibilité de tels accords, des positions successives contradictoires. En revanche, un autre des fondateurs, l’abbé Aulagnier, n’a jamais varié sur la nécessité et l’utilité d’accords pratiques, cela avait même été le motif de son exclusion de la FSSPX.

La
Fraternité Saint-Pie X, elle, n’a pas varié sur son refus de tels « accords pratiques » immédiats. Elle pose toujours deux préalables (liberté universelle de la messe tridentine et retrait officiel du décret d’excommunication), elle demande aussi que des discussions doctrinales aient lieu sur les questions controversées (liberté religieuse, œcuménisme, etc.), ce n’est qu’ensuite qu’un accord canonique pourrait intervenir.

Les fondateurs de l’Institut du Bon Pasteur ont, eux, vu dans l’élection de Benoît XVI, un kairos (un « moment favorable »). Aujourd’hui, le supérieur du nouvel Institut, l’abbé Philippe Laguérie, va jusqu’à qualifier Benoît XVI de « pape traditionaliste » : « On a un nouveau pape qui a compris la tradition, on n’a pas encore remis la tradition complètement dans ses droits, mais le chemin se fait. »

Qualifier Benoît XVI de « traditionaliste » est une formule simplificatrice et fausse. Ni la pensée ni l’action de Benoît XVI ne peuvent se laisser enfermer dans l’étiquette du « traditionalisme ». L’Institut du Bon Pasteur a obtenu que la liturgie traditionnelle soit reconnue comme son « rite propre », mais ce serait se tromper que de croire que Benoît XVI ait la volonté de restaurer la liturgie traditionnelle dans toute l’Eglise. C’est lors des
rencontres de Fontgombault, pas loin d’ici, il y a cinq ans, que celui qui était encore Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a exprimé de manière la plus développée et, très clairement, sa position sur le sujet[1]. Il se prononçait pour « une réforme de la réforme » (du Missel de 1969) mais il envisageait aussi une évolution du Missel de 1962 (en introduisant de nouveaux saints, des préfaces supplémentaires, etc.). Ailleurs, il a évoqué, pour l’avenir, la nécessité, pour l’Eglise, d’avoir « un seul rite » (cf. Aletheia, n° 89, 19 février 2006). Certains fidèles devraient avoir cette pensée lorsqu’ils assistent à la messe, dans l’un ou l’autre rite, et leurs pasteurs devraient y songer aussi en célébrant, dans l’un ou l’autre rite.

 

 

 

 Voici également le commentaire du Bulletin d’André Noël dans son n° 2015, sous le titre :

 

ROME ET LA FRATERNITE SAINT PIE X : UN GRAND PAS VERS LA RECONCILIATION

 

Le pontificat de Benoît XVI verra-t-il s’instaurer la réconciliation avec les lefebvristes ? Jusqu’ici, on ne pouvait que l’espérer ; mais on peut désormais aller plus loin et y croire vraiment. En effet, le cardinal Castrillon Hoyos, chargé par le pape du dossier de la Fraternité St.Pie X, a signé vendredi un décret érigeant un institut religieux de droit pontifical, le Bon Pasteur, dont le supérieur n’est autre que l’abbé Laguérie, jadis curé de S.Nicolas du Chardonnet, qui s’est ensuite replié à Bordeaux après avoir été exclu de la Fraternité S. Pie X pour cause de divergence avec son supérieur, évêque

consacré, dans les conditions que l’on sait, par Mgr Marcel Lefebvre.

 

« Nous ne renions rien de notre passé ou de notre formation. Aucune concession n’a été faite », a commenté l’abbé Laguérie qui a ajouté : « Aujourd’hui, c’est la réconciliation autour de cet Institut du bon Pasteur qui vient de naître. On a un nouveau pape qui a compris la tradition, on n’a pas encore remis la tradition complètement dans ses droits, mais le chemin se fait. Le pape Benoît XVI est un pape traditionaliste. Ca, c’est tout à fait nouveau, et ça donne de grandes espérances à l’Eglise. Pour l’institut, c’est le gage d’une entrée en France par la grande porte, par la porte du président de la conférence épiscopale, le cardinal-archevêque de Bordeaux. Il a donné son accord explicite », a-t-il indiqué. Mais, manifestement, l’archevêque de Bordeaux l’a fait sans enthousiasme, ayant déclaré, selon Le Figaro : « Il s’agit d’une expérience de réconciliation et de communion qui devra encore s’affermir et s’approfondir dans les faits » rappelant « la violence qui a marqué jusqu’à ces derniers mois les relations » avec ceux qui ont retrouvé la pleine communion avec Rome.

 

Il est exact que le contentieux est lourd avec l’abbé Laguérie, l’occupation par celui-ci de l’église sainte Thérèse ayant donné lieu à un développement judiciaire.

A l’évidence, c’est Rome qui a fait le plus gros des concessions sur les sujets qui l’opposaient à la Fraternité. Les membres de celle-ci peuvent désormais célébrer la messe selon le rite de S.Pie V exclusivement et peuvent émettre « une critique constructive » de Vatican II.

 

On ne voit pas ce qui empêcherait la totalité des lefebvristes, désormais, de rejoindre Benoît XVI. Finalement, les plus désappointés peuvent être les traditionalistes qui ont quitté Mgr Lefebvre à la suite des sacres d’évêques, valides certes mais illicites, et qui avaient obtenu de pouvoir célébrer la messe suivant le rit de St. Pie V, mais pas exclusivement puisqu’il leur fallait, au moins une fois l’an, le Jeudi saint, célébrer autour de l’évêque du lieu, selon le rituel de Paul VI. Et loin de pouvoir émettre une critique, fût-elle « constructive », il leur était uniquement permis d’interpréter le Concile Vatican II « à la lumière de la tradition ». Ils doivent se sentir aujourd’hui sinon un peu floués, du moins peu récompensés. Toutefois, nul doute que le pape accordera bientôt aux ouvriers de la première heure dans le « ralliement » à Rome, les mêmes droits que ceux consentis à ceux de la dernière.

P.R.

 

N° 2015 4