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Un regard sur l’actualité politique et religieuse

Au 14 février 2006

N°78

Par Monsieur l’abbé Paul Aulagnier

 

« Batailles catholiques »

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Sous ce titre « Batailles catholiques », au pluriel,  Danièle Masson fait, dans Présent « littéraire » de samedi 11 février 2006, une bonne présentation de deux livres, celui de Jean Madiran, « l’Histoire du catéchisme » et le mien, la « Bataille de la messe ». Pour ceux qui s’intéressent, « sans sectarisme » mais avec joie et espérance… - suivez mon regard -,   à la vie de l’Eglise, il faut  les lire, l’un et l’autre. Ce commentaire de Danièle Masson vous y invite et vous y encourage.

 

J’écris  « sans sectarisme » car je suis tout de même un peu surpris et même déçu qu’aucun de ceux qui furent mes amis de « combat » dans la FSSPX,  n’ait « osé » parler de mon livre dans les diverses revues qu’ils animent, ni le mettre sur les tables de presse ou encourager leurs fidèles  à le lire.  Je le leur ai pourtant adressé….  Seule  Mère générale de Fanjeaux a eu l’amabilité de m’en remercier en en reconnaissant l’intérêt tout en regrettant « nos » divisions…Elle oubliait peut-être, que je fus mis dehors de la FSSPX. A la vérité, je dois ajouter que M l’abbé de Cacqueray , lui, m’a adressé un aimable accusé de réception mais il n’avait pas encore lu le livre…Je ne connais pas encore sa réaction. ..Je trouve cela bien un peu « sectaire ». La vérité est la vérité et je dois la prendre où je la trouve et quelqu’en soit l’auteur. Je me souviens du beau geste de  Mgr Lefebvre félicitant Monsieur l’abbé Lucien qui l’avait pourtant quitté,  pour la rédaction d’un de ses  livres. Mais garde-t-on son « esprit » aujourd’hui?

 

Revenons au commentaire de Danièle Masson. Je l’apprécie surtout en sa conclusion qui attire l’attention sur l’espérance. Sa distinction entre  l’enseignement et le gouvernement est très juste. Autre l’enseignement, autre le gouvernement. Autre le cardinal Ratzinger, autre Benoît XVI, le gouvernement demandant plus de force que l’enseignement d’autant que les oppositions sont fortes et seront fortes.  J’apprécie ainsi son jugement sur le monde moderne : « Le monde moderne, il (Benoît XVI) en connaît assez la force et la perversité pour reprendre à son compte la définition qu’en donne Louis Begley, « un requiem satanique », et pour savoir qu’il y a en lui quelque chose d’irréversible ».  Ceci,  de fait, peut rendre le gouvernement bien difficile et la tache impossible…N’oublions pas que les « antéChrists » sont partout. Mgr Lefebvre nous le disait…

 

C’est une des raisons qui pourrait, dans une nouvelle stratégie, nécessaire,  pousser certains à normaliser leur situation avec la hiérarchie…Finalement n’y aurait-il pas beaucoup d’autosuffisance et d’égoïsme dans l’attitude actuelle des autorités de la FSSPX., refusant de se lancer dans le grand large ? « Duc in altum » disait notre Seigneur à Saint Pierre…

 

Nous reviendrons très prochainement sur ces sujets… La visite de Mgr Rifan nous y encouragera…certainement.
Bonne lecture !

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« REÇUS à quelques mois de distance, le livre de l’abbé Paul Aulagnier sur La Bataille de la messe (Editions de Paris) et celui de Jean Madiran sur L’Histoire du catéchisme (Consep) se complètent heureusement.

 

Historiques tous les deux, ils fourmillent de documents et de dates-repères qui permettent de mettre en perspective les combats et leurs enjeux. Leur structure se ressemble : ils commencent par la plénitude de la foi, dans la messe tridentine et dans le catéchisme tridentin, consacrent l’essentiel de leur étude aux ruptures et aux résistances ; achèvent leur livre par une espérance dont ils possèdent en quelque sorte les arrhes : honneur enfin rendu au rite traditionnel par la célébration, à Sainte-Marie- Majeure, d’une messe latine et grégorienne, le 24 mai 2003 ; publication du Compendium du Catéchisme de l’Eglise catholique, recentré sur « les quatre lois fondamentales de la vie du Christ » : lex credendi, celebrandi, vivendi, orandi.

 

 

La bataille de la messe

 

Habile compilateur, l’abbé Aulagnier dessine aussi l’itinéraire d’une pensée où l’on peut discerner trois étapes.

 

Supérieur pendant près de vingt ans du District de France pour la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, il fut en plein accord avec le combat de monseigneur Lefebvre, légitimé par la violence faite à l’Eglise : définition quasi protestante de la nouvelle messe, interdiction pratique de l’ancienne.

 

Les camps étaient alors clairement définis, et tranchés. Face à l’intransigeance de Paul VI, le Père Calmel refuse le nouvel ordo, Madiran déclare que l’interdiction « est la signature du diable ». On ne pactise pas avec le diable.

 

L’avènement de Jean-Paul II modifie le paysage religieux. On passe de l’interdiction au régime des indults, que sans doute le Pape, s’il n’avait cédé aux pressions des épiscopats, aurait transformés en égalité de droit entre les deux rites. Son préfet de la Congrégation de la doctrine de la foi avait, quant à lui, mesuré l’importance de l’enjeu liturgique : « Je suis convaincu que la crise de l’Eglise que nous vivons aujourd’hui repose largement sur la désintégration de la liturgie. »

 

Les volontés n’étant plus arc-boutées les unes contre les autres, vint inévitablement le temps des compromis, des réconciliations… et des divisions internes. L’abbé oppose les laïcs qui contestent (et qu’il approuve) aux clercs qui, concédant l’orthodoxie du nouveau rite, obtiennent que soit reconnue la légitimité de l’ancien. Opposition peu fondée, me semble-t-il, si l’on songe que les laïcs n’ont pas, dans l’Eglise, charge de gouvernement, et que, l’abbé le dit lui-même, « le gouvernement est l’art du possible ».

 

D’où la troisième étape de sa pensée : l’approbation des Pères de Campos. Alors que la Fraternité Saint-Pie X exige, avant toute solution pratique, que soient résolus les problèmes doctrinaux, ils acceptent de Rome un modus vivendi : l’Union sacerdotale Saint-Jean-Marie-Vianney se voit érigée en administration apostolique personnelle. L’abbé s’engage et remarque : « Il me semble que les pères de Campos ont gagné une bataille… mais c’est ainsi et ainsi seulement que les guerres se gagnent. »

 

Le bon droit ne suffit pas à gagner les guerres, il y faut aussi la stratégie. Et la stratégie peut avoir par surcroît des incidences doctrinales, comme l’a pressenti l’abbé Barthe : « L’affaire a un intérêt stratégique non négligeable car dans un système idéologique il ne peut pas y avoir pluralisme entre partisans de l’édifice ancien (rituel en l’espèce) et, de diverses tendances de la construction nouvelle. A cet égard, la reconnaissance de Campos crée un équilibre instable qui ébranle l’ensemble conciliaire. »

 

 

L’histoire du catéchisme

 

Avec l’Histoire du catéchisme, Madiran fait œuvre historique et militante. A la nouvelle messe, anthropocentrique, correspond le catéchisme puérocentrique, dit « progressif », qu’ont voulu, à la fin des années 1950, imposer les évêques de France. La révolution pédagogique pénètre l’instruction religieuse comme elle pénètre l’école.

 

A l’école, elle met l’enfant, ses besoins du moment, ses capacités actuelles, au centre du système ; « chaque fois qu’on explique quelque chose à l’enfant, on l’empêche de l’inventer », dit l’ineffable Meirieu, qui propose « l’auto- socio-construction des savoirs » à la place de leur transmission. De même, les nouveaux catéchismes prétendent correspondre chez l’enfant à un « besoin vital » et une « expérience religieuse » déjà là, bien illusoires pour qui n’est pas Thérèse Martin.

 

L’école s’ouvre à la société et se dissout en elle ; les nouveaux catéchismes, désormais sans Pater ni Credo, sont amputés de tout ce qui pourrait traumatiser ou même étonner l’enfant moderne : exeunt le péché, le diable, l’Enfer, la virginité mariale. Effet pervers ou but de la pédagogie ? elle dissout son objet. « Les méthodes deviennent critères du contenu et n’en sont plus le véhicule », dit le cardinal Ratzinger, qui stigmatise la raison profonde de la crise du catéchisme : « Dans le monde de la technique… la question du salut ne se pose pas en fonction de Dieu, qui ne paraît nulle part, mais en fonction du pouvoir de l’homme qui veut devenir son propre constructeur et celui de son histoire. »

 

La bataille s’engage entre la papauté et les évêques français, depuis « le coup d’arrêt de 1957 », le Saint-Siège (on était sous Pie XII) obtenant une condamnation publique du catéchisme progressif par l’épiscopat français, jusqu’à la démarche, en 1983, après la

publication de Pierres vivantes, du cardinal Ratzinger qui vient à Lyon, en simple docteur privé, faire une conférence sur la crise du catéchisme. « Il fallait trancher ? Il essaya de le faire à l’amiable, c’est-à-dire par la persuasion. » Tentative de coup d’arrêt ou de persuasion, la bataille n’est pas gagnée, la situation demeure « insurrectionnelle », selon Itinéraires, où les laïcs exercent leur fonction vicariante en rééditant le catéchisme de saint Pie X et celui du concile de Trente ; tandis que Salleron obtient au Monde une tribune libre (heureux temps où la parole n’était pas confisquée) pour y tempêter contre les nouveaux catéchismes. La publication du Catéchisme de l’Eglise catholique, dont le cardinal Ratzinger fut le maître d’œuvre, fit renaître l’espérance. Et l’espérance, perdue et retrouvée, est au cœur du livre de Madiran. Si le catéchisme a d’abord perdu le Pater, c’est parce que l’essence de la modernité est de dévoyer l’espérance en faisant jouer par la révolution le rôle que joua naguère la vie éternelle : la perte du Pater « correspond à la crise essentielle commencée au XXe siècle, qui est une méconnaissance de la vertu théologique d’espérance : crise de finalité, la modernité est anti finaliste, ainsi s’est ouverte la voie à un détournement de la capacité humaine d’espérance ».

 

L’épilogue de Madiran est un vibrant « Germinal », antithèse de celui de Zola, car il ne puise pas dans la révolution la promesse des lendemains enchanteurs, mais l’espérance dans l’irrépressible germination : « Ce qui germe, ce qui résiste, ce qui, avec la puissance indomptée d’une végétation vivante, finit par soulever la pierre des ruines et par grandir au milieu d’elles, c’est le catéchisme catholique. »

 

Quelle espérance ?

 

Il me semble que ces deux livres n’auraient pas été écrits de la même manière, n’auraient pas eu la même fin ouverte, s’il n’y avait eu, en avril 2005, l’élection de Benoît XVI.

 

Comme le dit l’abbé de Tarnoüarn, dans sa nouvelle revue Objections, cette élection « a suscité une immense espérance ». Si vive qu’il accepte désormais d’avoir « une attitude de critique constructive du concile Vatican II », alors qu’il avait, dans le numéro 11 de Certitudes, affirmé, à propos du Concile, que « les fruits de cette assemblée sont des fruits amers, pour une doctrine qui en elle-même, en tout ce qu’elle a de formel et de novateur, est sans rapport avec la doctrine catholique » ; et que le Symposium international de Paris des 4-5 octobre 2002, auquel il avait participé, déclarait dans sa conclusion : « Vatican II apparaît en rupture radicale avec la Tradition catholique. »

 

 Dans sa belle supplique à Benoît XVI, il reprend à sa manière la conclusion optimiste de l’abbé Aulagnier : « Comment ne pourrait-il réaliser ce qu’il a enseigné des années durant ? » Peut-être, monsieur l’abbé, parce que enseigner et gouverner, ce n’est pas du tout la même chose, et qu’il est plus difficile d’être pape que d’être théologien. Assurément, ni la lucidité ni le courage n’ont manqué à Jopseh Ratzinger. Il a stigmatisé la cause commune de la crise du catéchisme et de la liturgie : l’autoglorification de l’homme moderne. Il a condamné « l’inculturation de la liturgie dans le monde moderne » (Le Sel de la terre) et « l’esprit de bricolage » qui y préside, alors que la liturgie doit être « l’organisme vivant par lequel nous participons à la liturgie céleste » (Voici quel est notre Dieu). Le monde moderne, il en connaît assez la force et la perversité pour reprendre à son compte la définition qu’en donne Louis Begley, « un requiem satanique », et pour savoir qu’il y a en lui quelque chose d’irréversible.

 

Comme Pape, il a demandé, contre les loups qui menacent la bergerie, la prière d’intercession des fidèles. Lui qui a si étrangement commenté le Vendredi saint : « Souvent, Seigneur, ton Eglise nous semble une barque prête à couler, une barque qui prend eau de toutes parts… par notre chute, nous te traînons à terre, et Satan s’en réjouit », se sait-il à l’heure de Gethsemani ? Lui qui préfère la persuasion à l’affrontement, est-il de ces doux auxquels les Béatitudes promettent « la possession de la terre » ?

 

C’est sur un fond très sombre que se détache aujourd’hui l’espérance chrétienne ; elle sera d’autant plus vigoureuse qu’elle aura été dépouillée de ses illusions.

 

 

                                                                                                 Danièle Masson

 

                                                                                                

                                                                                                 PRÉSENT — Samedi 11 février 2006

 

 

 

 

Divers jugements sur le livre de Jeaqn Madiran : « L’histoire du catéchisme ».

 

 « Une histoire trop peu connue dont Madiran se fait le chroniqueur. » (Christophe Geffroy, La Nef.)

 

« C’est on ne peut plus opportunément qu’est publié ce livre de Jean Madiran… Tout est rapporté avec dates, citations, rappel des réactions de tous ordres. » (Claude Barthe, Catholica.)

 

« Jean Madiran met le doigt sur l’une des causes majeures de la rupture de la Tradition. Et il désigne les responsables. Sous la plume de ce disciple de Péguy, cette histoire ne renvoie pas seulement à un chapitre de l’histoire religieuse de la France. C’est quelque chose comme la chronique impitoyable de la mort annoncée d’une civilisation. » (Joël Prieur, Minute.)

 

« Ecrivain incisif, Madiran agace et dérange, c’est vrai. Raison de plus pour le lire, c’est instructif, c’est roboratif. Son dernier ouvrage abonde de documents, il est aussi, tout au long, une méditation pleine de nuances (Fr. L.-M. de Blignières, Sedes sapientiae).

 

« Par-delà l’histoire d’un meurtre programmé, il y a toute l’intelligence fervente de Jean Madiran, et même sa tendresse, pour dire que l’espoir d’évangéliser ce monde sans Dieu passe par la restauration du catéchisme catholique. » (Alain Sanders, Présent.)

 

« Ce livre est à mon sens le plus important des cinq que Madiran a publiés depuis trois ans chez Consep. » (J.-M. Urvoy, Rivarol.)

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Un volume de 160 pages (Editions Consep, 13, rue Saint-Honoré, 78000 Versailles). 20 euros.

 

Jugement sur le livre de l’abbé Aulagnier : « La bataille de la messe »

 

« La Bataille de la Messe. 1969-2005, Un beau travail de référence sur le nœud de la crise de l’Eglise…C’est l’histoire bien écrite et référencée d’une résistance nécessaire et légitime face à la subversion de la messe…au nom du trop fameux esprit du Concile. » (B Antony Reconquête)

 

Un volume de 180 pages (Editions de paris, 13 rue Saint-Honoré, 78000 Versailles) 19 euros.