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Un regard
sur l’actualité politique et religieuse
au 17
octobre 2004
N°13
Par Monsieur l’abbé Paul Aulagnier
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Jean Paul II nous invite à la célébration d’ une « année eucharistique »
Dans sa Lettre Apostolique
« Mane nobiscum
Domine » rendue publique le 10 octobre 2004, le Pape Jean-Paul II nous
invite à célébrer « une année
eucharistique ». Elle ira d’octobre
2004 à octobre 2005.
Trois événements la marqueront plus particulièrement
au niveau de l’Eglise universelle. Tout
d’abord le Congrès eucharistique international qui se tient actuellement
jusqu’au 17 octobre 2004 au Mexique, à Gaudalajara.
Ensuite l’assemblée ordinaire du Synode des évêques qui aura lieu à Rome
du 2 au 29 octobre 2005 ayant pour
thème : « l’Eucharistie ; source et sommet de la vie et de la
mission de l’Eglise ». Il y aura
enfin
Dans cette Lettre
Apostolique, le pape précise le but de cette année. C’est un appel pressant du
pape pour que les communautés chrétiennes
« approfondissent,
assimilent », en un mot « réfléchissent »
sur le sacrement de l’Eucharistie. Mais
aussi pour qu’elles s’adonnent plus
particulièrement à des actes d’adoration de la
sainte Eucharistie.
Une initiative en parfaite continuité avec tous les écrits et les actes du Pontife.
Le pape situe cette
« année eucharistique» dans une parfaite continuité avec tout son enseignement antérieure, et
avec tous les grands actes qu’il posa et
qui ont comme « scander » tout son apostolat pétrinien. Je dois
reconnaître que sa démonstration me « dépasse », n’ayant pas assez
pénétré l’enseignement des documents que le Pontife cite pour justifier la « continuité » de son action
pontificale. (n° 6). J’en prends seulement acte me
faisant le simple « écho » de
sa pensée. Il affirme que cette « année eucharistique » est en parfaite continuité avec sa Lettre
Apostolique « Tertio mellennio adviente » du 10 novembre 1994 et de l’annonce du
Jubile de l’an 2000. Qu’elle se situe aussi dans la continuité de son
encyclique « Redemptor hominis ».
Déjà dans sa Lettre Apostolique « Dei Domini »
ne mettait-il pas l’accent sur le
« Dimanche », et donc sur la célébration eucharistique qui en est
comme le cœur (n° 7). Dans « Novo millennio ineunte », le pape
mettait aussi l’accent sur « un
engagement pastoral fondé sur la contemplation du visage du Christ »
(n°8). Comment ne pas voir déjà le mystère eucharistique se dessiner en filigrane ?
Puis vint
l’ « année du Rosaire » et sa Lettre Apostolique « Rosarium Virginis Mariae ». Là aussi le saint Père insista
particulièrement « sur le thème de la contemplation du visage du
Christ »(n° 9). Et c’est pourquoi, dit-il, au cœur même de l’année du Rosaire, j’ai publié l’ encyclique
« Ecclesia de Eucaharistia
vivit ». Là,
il voulut « illustrer le mystère de l’Eucharistie dans son rapport
unique et vital avec l’Eglise » (n° 10) et nous montrer Notre Dame
« comme le modèle de la femme eucharistique » (n° 10), nous donnant
un très bel exposé de théologie spirituelle.
Et c’est ainsi que cette année « eucharistique »
s’inscrit « heureusement,
dit-il, sur une toile de fond qui s’est
enrichie d’année en année, tout en restant toujours parfaitement centrée sur le
thème du Christ et de la contemplation de son visage » (n°10), « comme une année de synthèse,
une sorte de sommet de tout le chemin parcouru »(
n°10).
Et puisqu’il en est ainsi, ne pourrait-on pas dire que le
pape nous donne en cette Lettre Apostolique, comme en son encyclique « Ecclesia de Eucharistia »
qui fait corps, comme « son
testament ? Quoiqu’il en soit, c’est pour lui « une grande grâce …de
pouvoir inviter toute l’Eglise à contempler, à louer, à adorer de façon toutes
spéciales cet ineffable Sacrement ». (n° 29).
S’inspirant, comme il le fait
souvent, d’un récit évangélique, ici,
de la scène des disciples d’Emmaüs telle que rapportée par Saint
Luc, le pape développe quelques idées qui font la structure même de
a-
l’Eucharistie comme « enseignement »,
b-
l’Eucharistie comme
« sacrifice », le sacrifice du Christ,
c-
l’Eucharistie comme
« mystère » de la présence réelle de NSJC,
d- l’Eucharistie comme « communion »
e- l’Eucharistie comme
« unité »
f- l’Eucharistie comme
« évangélisation ».
g-
l’Eucharistie comme « service ».
l’Eucharistie comme
« enseignement »
Ainsi le pape contemple-t-il l’Eucharistie comme « Mystère
lumineux ». Là, il s’inspire de la phrase « Il leur expliqua, dans
toute l’Ecriture, ce qui le concernait » (Lc 24 27). Il dit que
Notre Seigneur éclaire l’intelligence des disciples sur le sens des
Ecritures : « dans ce récit des disciples d’Emmaüs, le Christ
lui-même intervient pour montrer, en partant de Moïse et de tous les
prophètes » que « toute l’Ecriture » conduit au mystère de sa
personne ». Il éclaire aussi leur cœur « les soustrait à
l’obscurité de la tristesse et du désespoir et suscitent en eux le désir de
demeurer avec Lui : « Reste avec nous, Seigneur ». (n° 11 et 12)
Le pape en profite pour
parler de l’attention qu’il faut porter dans la liturgie eucharistie à
l’enseignement biblique. « Quarante ans après le Concile,
l’Année de l’Eucharistie peut être une occasion importante pour les communautés
chrétiennes de vérifier où elles en sont sur ce point. Il ne suffit pas en
effet que les passages bibliques soient proclamés dans une langue compréhensible
si la proclamation n’est pas faite avec le soin, la préparation préalable,
l’écoute recueillie, le silence méditatif, qui sont nécessaires pour que
L’Eucharistie comme
« sacrifice », le sacrifice du Christ.
Puis s’inspirant de la
phrase : « Ils le reconnurent à la fraction du pain » (Lc
24 35) ; le pape rappelle bien naturellement que si, l’Eucharistie est « sans
aucun doute un repas » (n° 15) elle est aussi « sacrifice ».
Il faut bien retenir sa formulation : « La dimension la plus
évidente de l’Eucharistie est sans aucun doute celle du repas…On
ne peut toutefois oublier que le repas eucharistique a aussi, et c’est
primordial, un sens profondément et avant tout sacrificiel. »
Le pape insiste aussi sur l’aspect
eschatologique de l’Eucharistie si bien mit en évidence dans la liturgie
romaine, celle de saint Pie V. Nous aurions aimé trouvé
cette précision. Malheureusement, le pape ne parle encore que du seul
« missel romain », celui de Paul VI. Il faudrait bien qu’on précise
un jour ce point. Ne pourrait-on pas le faire
à l’occasion du Synode ordinaire des évêques. Il serait heureux , du moins, qu’on
en prenne occasion….
Alors qu’il commente la phrase
qu’il prend, cette fois, en Saint Mathieu « Je suis avec vous tous
les jours », le Pape parle aussi de la « présence réelle »
de NSJC dans la sainte Eucharistie ». Ce sera l’objet du numéro 16. Là , il rappelle l’enseignement très fort de Paul VI
dans son encyclique « Mysterium fidei ». Il écrit : « . Avec
toute la tradition de l’Église, nous croyons que, sous les espèces
eucharistiques, Jésus est réellement présent. Il s’agit d’une présence qui -
comme l’a si bien expliqué le Pape Paul VI - est dite «réelle» non par
exclusion, comme si les autres formes de présence n’étaient pas réelles, mais
par antonomase, car, en vertu de cette présence, le Christ tout entier se
rend substantiellement présent dans la réalité de son corps et de son sang.
C’est pourquoi la foi nous demande de nous tenir devant l’Eucharistie avec la
conscience que nous sommes devant le Christ lui-même. C’est sa présence même
qui donne à toutes les autres dimensions - repas, mémorial de
Il est amené, ensuite, tout
naturellement, à rappeler que la
célébration eucharistie doit être « digne ». C’est le thème si
souvent abordé de son encyclique « Ecclesia de Eucharistia ».
Il suggère, au n° 17, comme le faisait du reste Mgr Le Gall, lors
de la publication de l’encyclique « Ecclesia de Eucharistia » que les « communautés paroissiale
étudient « de manière approfondie
C’est l’étude de ce texte,
entre autres, qui fit conclure au cardoinal Ottaviani que la nouvelle messe s’éloignait, d’une façon
impressionnante dans l’ensemble comme dans le détail, de la doctrine
catholique définie à tout jamais par le Concile de Trente.
C’est l’analyse de ce texte
qui faisait conclure au cardinal Stickler, le 20 mai
1995 : « Pour résumer nos réflexions, nous pouvons dire que les
bienfaits théologiques de la messe tridentine correspondent aux déficiences
théologiques de la messe issue de Vatican II. Pour cette raison, les
« fidèles du Christ » de la tradition théologique doivent continuer à
faire part, dans un esprit d’obéissance aux supérieurs légitimes, de leur désir
fondé et de leur préférence pastorale pour la messe tridentine » (
Témoignage d’un expert au Concile » p.
Fort de ce conseil, nous
poursuivons notre « requête ». puisqu’il le
faut encore…
Le pape parle du
« missel romain ». Il n’y en aurait donc qu’un : celui
« reformé » par le « Concilium ».
Mais je croyais que la cardinal Castrillon
Hoyos avait déclaré, le 24 mai 2003, à
Nous arrivons enfin au
magnifique n° 18 où le pape nous
encourage à l’adoration du « Très Saint Sacrement » en
réparation des « outrages que Notre Seigneur doit subir dans de nombreuses
parties du monde »(n° 18). Il est à lire en son
entier.
L’Eucharistie comme
« communion ».
Profitant de la phrase
« Demeurez en moi comme moi en vous » qu’il prend en l’Evangile de
saint Jean, (Jn 15 4), le pape parle de l’Eucharistie comme
« communion ». Il utilise cette très belle expression : l’Eucharistie est « source et épiphanie de
communion ». C’est le
paragraphe 19 qu’il faut citer dans son entier : « Aux disciples d’Emmaüs qui demandaient à Jésus de
rester «avec» eux, ce dernier répondit par un don beaucoup plus grand: il
trouva le moyen de demeurer «en» eux par le sacrement de l’Eucharistie.
Recevoir l’Eucharistie, c’est entrer en communion
profonde avec Jésus. «Demeurez en moi, comme moi en vous» (Jn
15, 4). Cette relation d’union intime et mutuelle nous permet d’anticiper, en
quelque manière, le ciel sur la terre. N’est-ce pas là le plus grand désir de
l’homme ? N’est-ce pas cela que Dieu s’est proposé en réalisant dans l’histoire
son dessein de salut ? Il a mis dans le cœur de l’homme la «faim» de sa Parole
(cf. Am 8, 11), une faim qui sera assouvie uniquement
dans l’union totale avec Lui. La communion eucharistique nous est donnée pour
«nous rassasier» de Dieu sur cette terre, dans l’attente que cette faim soit
totalement comblée au ciel. » (n°19)
Mais l’Eucharistie n’est pas seulement
« source et épiphanie de
communion », elle est aussi
« union », Elle est aussi « unité », « source
d’unité ecclésiale ». Et si
elle en est la source, elle est aussi la « manifestation » de cette
unité ecclésiale. Le Pape, dans quatre
numéros (n° 20 à 23) parlera de cette
« unité » avec la hiérarchie, tellement manifestée « par les
mentions du Pape et de l’évêque diocésain », mais aussi par la « messe chrismale »
qu’il appelle ici « messe stationale »
qu’il encourage particulièrement. « Là, dit-il, réside la principale
manifestation de l’Eglise ». C’est bien juste !
C’est aussi l’occasion
pour le pape de rappeler l’importance du « Dimanche, comme Jour du
Seigneur ». Il insiste : le dimanche est l’occasion de favoriser
l’unité d’une paroisse. « Durant cette année de grâce,dit
le pape, les prêtres, dans leur
engagement pastoral, auront une attention encore plus grande pour
L’Eucharistie
comme évangélisation
« A l’instant même,
ils se levèrent » poursuit saint Luc dans son récit sur les disciples
d’Emmaüs. Le pape en profite pour considérer alors l’Eucharistie « comme
principe et projet de mission ».
a- Comme
« principe » de mission ». L’Eucharistie nourrit en effet la nécessité de
« communiquer », d’annoncer
b- Comme
« projet » de mission. Ce terme est finalement très heureux. Celui
qui médite l’Eucharistie en comprendra, chaque jour davantage, l’ensemble des
« valeurs ». Et ces valeurs pourront donner un sens à la
« mission ». Voilà ce que veut dire le pape lorsqu’il parle de l’Eucharistie
comme « projet » de mission. Et parmi ces valeurs de l’Eucharistie,
le pape va insister sur « l’action de grâce ». Il va dire aux
fidèles : « n’oubliez pas de parler autour de vous, dans votre
apostolat, de la nécessaire « action de grâce ». Le monde ne sait
plus rendre « grâce à Dieu ».
C’est un terrible manque qu’il faut combler. Citons ce beau paragraphe
de cette Lettre : « Un élément fondamental de ce projet provient de la
signification même du mot « eucharistie »: action de grâce…L’Église est invitée
à rappeler cette grande vérité aux hommes. Il est urgent que cela soit réalisé
surtout dans notre culture sécularisée, qui est imprégnée de l’oubli de Dieu et
qui favorise la vaine autosuffisance de l’homme. Incarner le projet
eucharistique dans la vie quotidienne, dans les milieux de travail et de vie -
en famille, à l’école, à l’usine, dans les conditions de vie les plus diverses
- signifie, entre autre chose, témoigner que la réalité humaine ne se justifie
pas sans la référence au Créateur: « La créature sans son Créateur s’évanouit
». Cette référence transcendante, qui nous engage à un « merci »permanent, à
une attitude eucharistique précisément, pour ce que nous avons et pour ce que
nous sommes, ne porte pas préjudice à la légitime autonomie des réalités
terrestres, mais elle la fonde au sens le plus authentique, en lui assignant,
dans le même temps, ses justes limites.
En cette Année de l’Eucharistie, puissent les chrétiens s’engager avec plus de
force pour témoigner de la présence de Dieu dans le monde ! N’ayons pas peur de
parler de Dieu et de porter la tête haute les signes de la foi. La « culture de
l’Eucharistie » promeut une culture du dialogue et donne à cette dernière force
et nourriture. On se trompe lorsqu’on pense que la référence publique à la foi
peut porter atteinte à la juste autonomie de l’État et des Institutions
civiles, ou bien que cela peut même encourager des
attitudes d’intolérance. Si historiquement des erreurs en la matière n’ont pas
manqué, même chez les croyants, comme j’ai eu l’occasion de le reconnaître lors
du Jubilé, cela ne doit pas être porté au compte des «racines chrétiennes»,
mais de l’incohérence des chrétiens en ce qui a trait à leurs racines. Celui
qui apprend à dire «merci» à la manière du Christ crucifié pourra être un
martyr, mais il ne sera jamais un bourreau ».
Ce dernier paragraphe
pourrait bien être une belle réponse à
la nouvelle loi sur la laïcité issue du rapport Stasi !
L’Eucharistie
comme service
Le pape termine sa
« méditation » sur l’Eucharistie
en la considérant comme « service », service au prochain,
service du plus petit, du faible et du pauvre.
Ne fut-elle pas en effet, dit le pape, institué par le Christ Seigneur
après le plus bel acte d’humilité et de service, le Christ s’étant levé pour
« laver » les pieds de ses disciples.
Là, dit le pape, « le Christ explique sans équivoque le sens de
l’Eucharistie ».
Conclusion
Dans sa conclusion, le
pape lance un appel à tous et à chacun
pour que cette année eucharistique soit vraiment une réussite : « une
année de grâces ». Il s’adresse avec un amour senti et aux évêques,
et aux prêtres, aux diacres, aux séminaristes, aux religieux et religieuses,
aux fidèles et plus particulièrement aux jeunes. Il lance ce vœu pour
tous : « Puisse l’Année de l’Eucharistie être pour tous une
précieuse occasion pour devenir toujours plus conscients du trésor incomparable
que le Christ a confié à son Église. Qu’elle soit un stimulant pour que la
célébration de l’Eucharistie soit plus vivante et plus fervente, d’où naîtra
une existence chrétienne transformée par l’amour ».
Oui ! « Cette
« Année de l’Eucharistie » naît de l’émerveillement de l’Eglise face
à ce grand Mystère ». « Je
ressens, conclut le pape, comme une
grande grâce …de pouvoir maintenant inviter toute l’Eglise à contempler, à
louer, à adorer de façon toute spéciale cet ineffable Sacrement »(n° 29)
Vraiment ! Ne
serait-ce pas son testament ?
L’Islam.
« Correspondance
européenne », dans son numéro du 31 août,
donne le texte d’un entretien qu’un évêque missionnaire au Soudan, Mgr
Cesare Mazzolari, a eu, le 23 mai 2004 avec le
quotidien italien « Il Giornale ». Cet entretien illustre bien la gravité des
événements que nous connaissons actuellement. Il me plait de vous le transcrire
dans sa totalité.
« Mgr
Cesare Mazzolari, 67 ans, évêque combonien
missionnaire au Soudan depuis 1981, opère dans une zone pas encore complètement
contrôlée par les musulmans, ce qui lui permet de bénéficier d’une certaine
liberté d’action. Il a donné récemment une interview au quotidien italien
« Il Giornale » (23 mai 2000) dont nous
publions ci-dessous d’amples extraits.
« Mgr
Cesare Mazzolari : « Voici que s’approche le
moment du martyre. J’espère que le Seigneur nous donnera la grâce d’affronter
cette effusion de sang. La purification est nécessaire. De nombreux chrétiens
seront tués en raison de leur foi. Mais du sang des martyrs naîtra une nouvelle
chrétienté (…) Ou Dieu nous enverra une personne charismatique capable d’ouvrir
une voie nouvelle ou bien il permettra un châtiment, une épreuve mesurée qui
nous portera la sagesse. Nous nous trouvons dans un monde aveugle et sourd.
Nous avons besoin d’une secousse effroyable ».
Il Giornale : « Vous convertissez beaucoup de musulmans ?
Mgr Cesare Mazzolari : « Absolument pas. Approcher un musulman
signifierait le condamner à mort. Ceux qui se convertissent spontanément sont contraints de fuir. Mais
ils sont rejoints et punis même à des milliers de kilomètres de
distance ».
Il Giornale : « Et des catholiques qui adhèrent à l’Islam, y en
a-t-il ?
Mgr Cesare Mazzolari : « Malheureusement oui. Au moins trois millions
se sont transférés au Nord poussés par la faim et ont dû prononcer la shahada, la profession de foi publique, pour avoir
un travail. Les convertis sont marqués au feu. Ils se trouvent
« timbrés » sur un flanc, comme les vaches, afin d’être distingués
des infidèles ».
Il Giornale : Le Dieu des chrétiens est-il l’Allah des musulmans ?
Mgr Cesare Mazzolari : « Nooon ! Le concept de
Trinité qu’en faisons-nous ? Le plus grand de leurs prophètes n’est certes
pas le Christ ! »
Il Giornale : Ceux qui parlent d’affrontement entre civilisation
opposant l’Occident et l’Islam exagèrent-ils ?
Mgr Cesare Mazzolari : Non, et nous n’en sommes qu’au début. L’Eglise a
renversé le communisme mais elle commence seulement à percevoir le défi lancé
par l’islamisme, qui est bien pire. Le Saint-Père ne pouvait pas relevé ce défi
à cause de son âge. Le prochain Pape devra l’affronter. La porte de sortie n’est
pas que nous ayons raison et qu’ils aient tort. Nous nous vantons d’une
tradition chrétienne que nous ne vivons pas dans les faits. Le musulman a une
constance en matière de pratique et de prosélytisme qui est supérieure à la
nôtre ».
Il Giornale : Malgré tout, nombre de vos confrères ont prêté des
oratoires pour qu’ils servent de mosquées »
Mgr Cesare Mazzolari : « Ce seront les musulmans qui nous convertiront et non
l’inverse. Où qu’ils s’installent, ils deviennent, plus ou moins rapidement,
une force politique hégémonique. Les italiens entendent l’accueil sur le
mode « tout le monde est beau, tout le monde est gentil ». Ils
s’apercevront vite que les musulmans ont abusé de cette bonté, en faisant
arriver un nombre de personnes dix fois supérieur à ce qui leur était permis.
Ils sont beaucoup plus malins que nous. Ils me détruisent des écoles (au Soudan
NDT) et vous leur ouvrez grandes les portes des églises ».
Il Giornale :
« Au Soudan, ce qui est appliqué est la sharia
intégrale ?
Mgr Cesare Mazzolari : « Le gouvernement fondamentaliste prétend qu’il ne
l’appliquera qu’aux musulmans. Qu’en sera-t-il d’un chrétien inculpé, nul ne le
sait, vu que le droit à la défense légale n’existe pas ? »
Il Giornale :
« Roberto Hamza Piccardo, secrétaire de l’Union
des communautés musulmanes en Italie, m’a déclaré qu’au Soudan, les
flagellations sont symboliques parce que « le flagellateur tient le Coram
sous le bras, ce qui allège les coups de fouet ».
Mgr Cesare Mazzolari : « J’ai connu ce monsieur. Si vous l’écoutez, il vous
racontera mille autres mensonges de ce genre ».
Il Giornale : «
Piccardo m’a déclaré que certains passages de la sharia sont appliqués au Soudan, tels que l’amputation
de la main, pour les « cas très rares de boss locaux qui agissent mal
vis-à-vis de pauvres gens ».
Mgr Cesare Mazzolari : « Ce n’est pas vrai. C’est l’Etat qui applique le plus
la loi coranique, qui ampute mains et pieds même à des non-musulmans et procède
à des arrestations sans preuves ».
Il Giornale :
« Le leader soudanais Hassan El-Tourabi,
« grand juriste, m’a également affirmé être contre l’application de la
peine de mort aux apostats, c’est-à-dire aux musulmans qui passent aux
infidèles, contrairement à ce que prescrit le Coram.
Mgr Cesare Mazzolari : « El-Tourabi est la personne
la plus habile au monde. Il est très intelligent. Il est avocat, parle mieux
l’anglais que les anglais et mieux le français que les français. Il a la langue
fourchue. Il arrivera toujours à nous tromper. Je vous fais un exemple concret.
Dans la version en langue anglaise de
Il Giornale : « En novembre dernier, vous êtes allé féliciter
Gabriel Zubeir Wako, archévêque de Khartoum, premier cardinal soudanais. Vous
même vous vous trouvez au Soudan depuis 23 ans et jamais personne ne vous a
touché ne serait-ce qu’un cheveu.
Mgr Cesare Mazzolari : « Je fais observer que les cheveux en
question sont devenus blancs. La punition la plus grande que l’arable sait
infliger est l’oppression, le sens de fausseté. S’il peut te tromper, il le
fait de tout son cœur. Il se vante de sa capacité à t’entourlouper et le traiter
de menteur est pour lui un compliment. Une personne comme Bush, El- Tourabi le mène par le bout du nez où et quand il veut,
pour ne pas dire pire. Pour ma part, je préfère, plutôt que d’être tourné en
dérision et pris pour un imbécile, prendre un soufflet. Les musulmans te font
peur, ils te tiennent dans un état
d’insécurité permanente. C’est une affliction psychique continuelle, pire que
la tortue ».
Il Giornale : « L’esclavagisme existe-t-il au Soudan ?
Mgr Cesare Mazzolari : « Eux prétendent que non. Ils sont même allés le
dire à Genève. Et pourtant, les missions sont pleines d’anciens esclaves. En
1990, j’en ai recueilli personnellement 150, en les payant moins cher qu’un
chien de race : 40 dollars pour une femme et 100 dollars pour un homme. Puis,
je ne l’ai plus fait parce que je me suis aperçu que cela pouvait devenir un
cercle vicieux. Ils s’en servent comme bergers ou encore ils les envoient au
service de familles arabes aisées de Khartoum. Ils les obligent à fréquenter
les écoles coraniques ».
Il Giornale : « Vous avez peur ?
Mgr Cesare Mazzolari : « Je ne ferais pas le métier que je fais si
j’avais peur. Avec la peur, on ne survit pas. Quand je m’aperçois qu’un de mes
prêtres a peur, je le retire de la mission. C’est une maladie contagieuse. Le
jour où je deviendrai peureux, je prie Dieu de venir me prendre. »
Il Giornale : « Retournerez-vous un jour en Italie ?
Mgr Cesare Mazzolari : « Ma patrie est le Soudan. J’ai promis à mes
fidèles que je ne les abandonnerai pas, même mort. Il savent déjà où
m’ensevelir ».
Il Giornale : « Y a-t-il quelque chose que mes lecteurs et
moi-même puissions faire pour vous, Monseigneur ?
Mgr Cesare Mazzolari : « Priez beaucoup ».