ITEM

42, Avenue de la Marne.  03200 Vichy.  Tel. O4 70 97 95 02

Port. O6 80 71 71 01 ; e-mail : abbe_aulagnier@hotmail.com. Site : http://item.snoozland.com

 

 

 Un regard sur l’actualité politique et religieuse

 

au 17 octobre   2004

N°13

Par Monsieur l’abbé Paul Aulagnier

 

 

--------------------------------------------------------------------------

 

 

Jean Paul II  nous invite à la célébration d’ une « année eucharistique »

 

 

Dans sa Lettre Apostolique « Mane nobiscum Domine » rendue publique le 10 octobre 2004, le Pape Jean-Paul II nous invite à célébrer  « une année eucharistique ». Elle ira  d’octobre 2004 à octobre 2005.

 

 Trois événements la marqueront plus particulièrement au niveau  de l’Eglise universelle. Tout d’abord le Congrès eucharistique international qui se tient actuellement jusqu’au  17 octobre  2004 au Mexique, à Gaudalajara. Ensuite l’assemblée ordinaire du Synode des évêques qui aura lieu à Rome du 2 au 29 octobre 2005 ayant  pour thème : « l’Eucharistie ; source et sommet de la vie et de la mission de l’Eglise ».  Il y aura enfin la Journée mondiale de la jeunesse qui aura lieu cette même année  à Cologne du 16 au 21 août 2005.

 

Le but de cette année

 

Dans cette Lettre Apostolique, le pape précise le but de cette année. C’est un appel pressant du pape pour que les communautés chrétiennes  « approfondissent,  assimilent », en un mot « réfléchissent  » sur le sacrement de  l’Eucharistie. Mais aussi pour qu’elles  s’adonnent plus particulièrement à des actes d’adoration de la sainte Eucharistie.

 

Une initiative en  parfaite continuité avec tous les écrits et les actes du Pontife.

 

Le pape situe cette « année eucharistique» dans une parfaite continuité avec  tout son enseignement antérieure, et avec  tous les grands actes qu’il posa et qui ont comme « scander » tout son apostolat pétrinien. Je dois reconnaître que sa démonstration me « dépasse », n’ayant pas assez pénétré l’enseignement des documents que le Pontife cite pour justifier la  « continuité » de son action pontificale. (n° 6). J’en prends seulement acte me faisant  le simple « écho » de sa pensée. Il affirme que cette « année eucharistique » est en  parfaite continuité avec sa Lettre Apostolique « Tertio mellennio adviente » du 10 novembre 1994 et de l’annonce du Jubile de l’an 2000. Qu’elle se situe aussi dans la continuité de son encyclique « Redemptor hominis ». Déjà dans sa Lettre Apostolique « Dei Domini » ne mettait-il pas l’accent  sur le « Dimanche », et donc sur la célébration eucharistique qui en est comme le cœur (n° 7). Dans   « Novo millennio ineunte », le pape mettait aussi l’accent  sur « un engagement pastoral fondé sur la contemplation du visage du Christ » (n°8). Comment ne pas voir déjà le mystère eucharistique se dessiner  en filigrane ?

Puis vint l’ « année du Rosaire » et sa Lettre Apostolique « Rosarium Virginis Mariae ». Là aussi le saint Père insista particulièrement « sur le thème de la contemplation du visage du Christ »(n° 9). Et c’est pourquoi, dit-il,  au cœur même de l’année du Rosaire, j’ai  publié l’ encyclique « Ecclesia de Eucaharistia vivit ». Là,  il voulut « illustrer le mystère de l’Eucharistie dans son rapport unique et vital avec l’Eglise » (n° 10) et nous montrer Notre Dame « comme le modèle de la femme eucharistique » (n° 10), nous donnant un très bel exposé de théologie spirituelle.

 

Et c’est ainsi que  cette année « eucharistique » s’inscrit  «  heureusement, dit-il,  sur une toile de fond qui s’est enrichie d’année en année, tout en restant toujours parfaitement centrée sur le thème du Christ et de la contemplation de son visage » (n°10),  «  comme une année de synthèse, une sorte de sommet de tout le chemin parcouru »( n°10).

 

Et puisqu’il  en est ainsi, ne pourrait-on pas dire que le pape nous donne en cette Lettre Apostolique, comme en son encyclique « Ecclesia de Eucharistia » qui fait corps,  comme « son testament ? Quoiqu’il en soit, c’est pour lui « une grande grâce …de pouvoir inviter toute l’Eglise à contempler, à louer, à adorer de façon toutes spéciales cet ineffable Sacrement ». (n° 29).

 

 

 

 

 

 

Les idées développées. Le plan de la Lettre

 

S’inspirant, comme il le fait souvent, d’un récit évangélique, ici,   de la scène des disciples d’Emmaüs telle que rapportée par Saint Luc, le pape développe quelques idées qui font la structure même de la Lettre : 

 

a- l’Eucharistie comme « enseignement »,

b- l’Eucharistie comme  « sacrifice », le sacrifice du Christ,

      c-  l’Eucharistie comme   « mystère » de la présence réelle de NSJC,

      d- l’Eucharistie comme  « communion » 

       e- l’Eucharistie comme « unité »

 f- l’Eucharistie comme « évangélisation ».

g- l’Eucharistie comme « service ». 

 

l’Eucharistie comme « enseignement »

 

 

Ainsi le pape  contemple-t-il  l’Eucharistie  comme « Mystère lumineux ». Là, il s’inspire de la phrase « Il leur expliqua, dans toute l’Ecriture, ce qui le concernait » (Lc 24 27). Il dit  que Notre Seigneur éclaire l’intelligence des disciples sur le sens des Ecritures : « dans ce récit des disciples d’Emmaüs, le Christ lui-même intervient pour montrer, en partant de Moïse et de tous les prophètes » que « toute l’Ecriture » conduit au mystère de sa personne ». Il éclaire aussi leur cœur « les soustrait à l’obscurité de la tristesse et du désespoir et suscitent en eux le désir de demeurer avec Lui : « Reste avec nous, Seigneur ». (n° 11 et 12)

 

Le pape en profite pour parler de l’attention qu’il faut porter dans la liturgie eucharistie à l’enseignement biblique.  « Quarante ans après le Concile, l’Année de l’Eucharistie peut être une occasion importante pour les communautés chrétiennes de vérifier où elles en sont sur ce point. Il ne suffit pas en effet que les passages bibliques soient proclamés dans une langue compréhensible si la proclamation n’est pas faite avec le soin, la préparation préalable, l’écoute recueillie, le silence méditatif, qui sont nécessaires pour que la Parole de Dieu touche la vie et l’éclaire » (n° 13).

 

L’Eucharistie  comme « sacrifice », le sacrifice du Christ.

 

Puis s’inspirant de la phrase : « Ils le reconnurent à la fraction du pain » (Lc 24 35) ; le pape rappelle bien naturellement  que si, l’Eucharistie est « sans aucun doute un repas » (n° 15) elle est aussi « sacrifice ». Il faut bien retenir sa formulation : « La dimension la plus évidente de l’Eucharistie est sans aucun doute celle du repasOn ne peut toutefois oublier que le repas eucharistique a aussi, et c’est primordial, un sens profondément et avant tout sacrificiel. »

Le pape insiste aussi sur l’aspect eschatologique de l’Eucharistie si bien mit en évidence dans la liturgie romaine, celle de saint Pie V. Nous aurions aimé trouvé cette précision. Malheureusement, le pape ne parle encore que du seul « missel romain », celui de Paul VI. Il faudrait bien qu’on précise un jour ce point. Ne pourrait-on pas le faire  à l’occasion du Synode ordinaire des évêques. Il serait heureux , du moins, qu’on  en prenne occasion….

 

 

L’Eucharistie  comme « présence réelle de NSJC

 

Alors qu’il commente la phrase qu’il prend,  cette fois, en  Saint Mathieu « Je suis avec vous tous les jours », le Pape parle aussi de la « présence réelle » de NSJC dans la sainte Eucharistie ». Ce sera l’objet du numéro 16. Là , il rappelle l’enseignement très fort de Paul VI dans son encyclique « Mysterium fidei ». Il écrit : « . Avec toute la tradition de l’Église, nous croyons que, sous les espèces eucharistiques, Jésus est réellement présent. Il s’agit d’une présence qui - comme l’a si bien expliqué le Pape Paul VI - est dite «réelle» non par exclusion, comme si les autres formes de présence n’étaient pas réelles, mais par antonomase, car, en vertu de cette présence, le Christ tout entier se rend substantiellement présent dans la réalité de son corps et de son sang. C’est pourquoi la foi nous demande de nous tenir devant l’Eucharistie avec la conscience que nous sommes devant le Christ lui-même. C’est sa présence même qui donne à toutes les autres dimensions - repas, mémorial de la Pâque, anticipation eschatologique - une signification qui va bien au-delà d’un pur symbolisme. L’Eucharistie est mystère de présence, par lequel se réalise de manière éminente la promesse de Jésus de rester avec nous jusqu’à la fin du monde ».

 

Il est amené, ensuite, tout naturellement,  à rappeler que la célébration eucharistie doit être « digne ». C’est le thème si souvent abordé de son encyclique « Ecclesia de Eucharistia ».

 

Un suggestion du Pape

 

Il suggère, au n° 17,  comme le faisait du reste Mgr Le Gall, lors de la publication de l’encyclique « Ecclesia de Eucharistia » que les « communautés paroissiale étudient « de manière approfondie la Présentation générale du Missel romain » (n° 17) .

C’est l’étude de ce texte, entre autres, qui fit conclure au cardoinal Ottaviani que la nouvelle messe s’éloignait, d’une façon impressionnante dans l’ensemble comme dans le détail, de la  doctrine  catholique définie à tout jamais par le Concile de Trente.

C’est l’analyse de ce texte qui faisait conclure au cardinal Stickler, le 20 mai 1995 : « Pour résumer nos réflexions, nous pouvons dire que les bienfaits théologiques de la messe tridentine correspondent aux déficiences théologiques de la messe issue de Vatican II. Pour cette raison, les « fidèles du Christ » de la tradition théologique doivent continuer à faire part, dans un esprit d’obéissance aux supérieurs légitimes, de leur désir fondé et de leur préférence pastorale pour la messe tridentine » ( Témoignage d’un expert au Concile » p. 22 C.I.E.L).

Fort de ce conseil, nous poursuivons notre « requête ». puisqu’il le faut encore…

 

Le pape parle du « missel romain ». Il n’y en aurait donc qu’un : celui « reformé » par le « Concilium ». Mais je croyais que la cardinal Castrillon Hoyos avait déclaré, le 24 mai 2003, à la Basilique Sainte Marie Majeure que la « messe saint Pie V avait « droit de cité » dans l’Eglise. Il est donc aussi  « missel romain ». Il débute, en ces premières pages,  par la Bulle « Quo Primum Tempore » du Pape saint Pie V. Elle a été particulièrement étudiée dans les milieux de la « tradition ». Je la ferai encore connaître  à mes « paroissiens de saint Michel ».

 

Nous arrivons enfin au magnifique n° 18  où le pape nous encourage à l’adoration du « Très Saint Sacrement » en réparation des « outrages que Notre Seigneur doit subir dans de nombreuses parties du monde »(n° 18). Il est à lire en son entier. 

 

 

 

L’Eucharistie  comme « communion ».

 

Profitant de la phrase « Demeurez en moi comme moi en vous » qu’il prend en l’Evangile de saint Jean, (Jn 15 4),  le pape parle de l’Eucharistie comme « communion ». Il utilise cette très belle expression :  l’Eucharistie  est «  source et épiphanie de communion ».   C’est le paragraphe 19 qu’il faut citer dans son entier :  « Aux disciples d’Emmaüs qui demandaient à Jésus de rester «avec» eux, ce dernier répondit par un don beaucoup plus grand: il trouva le moyen de demeurer «en» eux par le sacrement de l’Eucharistie. Recevoir l’Eucharistie, c’est entrer en communion profonde avec Jésus. «Demeurez en moi, comme moi en vous» (Jn 15, 4). Cette relation d’union intime et mutuelle nous permet d’anticiper, en quelque manière, le ciel sur la terre. N’est-ce pas là le plus grand désir de l’homme ? N’est-ce pas cela que Dieu s’est proposé en réalisant dans l’histoire son dessein de salut ? Il a mis dans le cœur de l’homme la «faim» de sa Parole (cf. Am 8, 11), une faim qui sera assouvie uniquement dans l’union totale avec Lui. La communion eucharistique nous est donnée pour «nous rassasier» de Dieu sur cette terre, dans l’attente que cette faim soit totalement comblée au ciel. » (n°19)

 

L’Eucharistie comme « principe d’unité »

 

Mais  l’Eucharistie n’est pas seulement « source et épiphanie de  communion », elle est aussi  « union », Elle est aussi « unité », « source d’unité ecclésiale ».  Et si elle en est la source, elle est aussi la « manifestation » de cette unité ecclésiale. Le Pape, dans  quatre numéros (n° 20 à 23)   parlera de cette « unité » avec la hiérarchie, tellement manifestée « par les mentions du Pape et de l’évêque diocésain »,  mais aussi par la « messe chrismale » qu’il appelle ici « messe stationale » qu’il encourage particulièrement. « Là, dit-il, réside la principale manifestation de l’Eglise ». C’est bien juste !

C’est aussi l’occasion pour le pape de rappeler l’importance du « Dimanche, comme Jour du Seigneur ». Il insiste : le dimanche est l’occasion de favoriser l’unité d’une paroisse. « Durant cette année de grâce,dit le pape,  les prêtres, dans leur engagement pastoral, auront une attention encore plus grande pour la Messe dominicale, en tant que célébration au cours de laquelle la communauté paroissiale se retrouve d’un seul cœur, y voyant aussi la participation habituelle des divers groupes, mouvements, associations, qui y sont présents. »(n° 23)  

 

L’Eucharistie comme évangélisation

 

« A l’instant même, ils se levèrent » poursuit saint Luc dans son récit sur les disciples d’Emmaüs.  Le pape en profite pour  considérer alors l’Eucharistie « comme principe et projet de mission ».

a- Comme « principe » de mission ». L’Eucharistie nourrit en effet la nécessité de « communiquer », d’annoncer la Bonne Nouvelle. Il fonde cela sur la phrase de Saint Paul aux Corinthiens : « Chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez à cette coupe, vous proclamez ma mort du seigneur jusqu’à ce qu’il vienne » (1 Cor 11, 26,) Mais aussi sur «  l’envoi à la fin de la messe ». Cette « envoi constitue une consigne qui pousse le chrétien à s’engager pour la diffusion de l’Evangile et pour l’animation chrétienne de la société ». (n° 24)

b- Comme « projet » de mission.  Ce terme est finalement très heureux. Celui qui médite l’Eucharistie en comprendra, chaque jour davantage, l’ensemble des « valeurs ». Et ces valeurs pourront donner un sens à la « mission ». Voilà ce que veut dire le pape lorsqu’il parle de l’Eucharistie comme « projet » de mission. Et parmi ces valeurs de l’Eucharistie, le pape va insister sur « l’action de grâce ». Il va dire aux fidèles : « n’oubliez pas de parler autour de vous, dans votre apostolat, de la nécessaire « action de grâce ». Le monde ne sait plus rendre « grâce à Dieu ».  C’est un terrible manque qu’il faut combler. Citons ce beau paragraphe de cette Lettre : « Un élément fondamental de ce projet provient de la signification même du mot « eucharistie »: action de grâce…L’Église est invitée à rappeler cette grande vérité aux hommes. Il est urgent que cela soit réalisé surtout dans notre culture sécularisée, qui est imprégnée de l’oubli de Dieu et qui favorise la vaine autosuffisance de l’homme. Incarner le projet eucharistique dans la vie quotidienne, dans les milieux de travail et de vie - en famille, à l’école, à l’usine, dans les conditions de vie les plus diverses - signifie, entre autre chose, témoigner que la réalité humaine ne se justifie pas sans la référence au Créateur: « La créature sans son Créateur s’évanouit ». Cette référence transcendante, qui nous engage à un « merci »permanent, à une attitude eucharistique précisément, pour ce que nous avons et pour ce que nous sommes, ne porte pas préjudice à la légitime autonomie des réalités terrestres, mais elle la fonde au sens le plus authentique, en lui assignant, dans le même temps, ses justes limites.
En cette Année de l’Eucharistie, puissent les chrétiens s’engager avec plus de force pour témoigner de la présence de Dieu dans le monde ! N’ayons pas peur de parler de Dieu et de porter la tête haute les signes de la foi. La « culture de l’Eucharistie » promeut une culture du dialogue et donne à cette dernière force et nourriture. On se trompe lorsqu’on pense que la référence publique à la foi peut porter atteinte à la juste autonomie de l’État et des Institutions civiles, ou bien que cela peut même encourager des attitudes d’intolérance. Si historiquement des erreurs en la matière n’ont pas manqué, même chez les croyants, comme j’ai eu l’occasion de le reconnaître lors du Jubilé, cela ne doit pas être porté au compte des «racines chrétiennes», mais de l’incohérence des chrétiens en ce qui a trait à leurs racines. Celui qui apprend à dire «merci» à la manière du Christ crucifié pourra être un martyr, mais il ne sera jamais un bourreau ».

 

Ce dernier paragraphe pourrait bien être  une belle réponse à la nouvelle loi sur la laïcité issue du rapport Stasi !

 

L’Eucharistie comme service

 

Le pape termine sa « méditation » sur l’Eucharistie  en la considérant comme « service », service au prochain, service du plus petit, du faible et du pauvre.  Ne fut-elle pas en effet, dit le pape, institué par le Christ Seigneur après le plus bel acte d’humilité et de service, le Christ s’étant levé pour « laver » les pieds de ses disciples.  Là, dit le pape, « le Christ explique sans équivoque le sens de l’Eucharistie ».

 

Conclusion

 

Dans sa conclusion, le pape lance un  appel à tous et à chacun pour que cette année eucharistique soit vraiment une réussite : « une année de grâces ».  Il  s’adresse avec un amour senti et aux évêques, et aux prêtres, aux diacres, aux séminaristes, aux religieux et religieuses, aux fidèles et plus particulièrement aux jeunes. Il lance ce vœu pour tous : « Puisse l’Année de l’Eucharistie être pour tous une précieuse occasion pour devenir toujours plus conscients du trésor incomparable que le Christ a confié à son Église. Qu’elle soit un stimulant pour que la célébration de l’Eucharistie soit plus vivante et plus fervente, d’où naîtra une existence chrétienne transformée par l’amour ». 

 

Oui ! « Cette « Année de l’Eucharistie » naît de l’émerveillement de l’Eglise face à ce grand Mystère ».  « Je ressens, conclut le pape,  comme une grande grâce …de pouvoir maintenant inviter toute l’Eglise à contempler, à louer, à adorer de façon toute spéciale cet ineffable Sacrement »(n° 29)

 

Vraiment ! Ne serait-ce pas son testament ?

 

 

 

 

 

L’Islam.

Sa réalité

 

« Correspondance européenne », dans son numéro du 31 août,  donne le texte d’un entretien qu’un évêque missionnaire au Soudan, Mgr Cesare Mazzolari, a eu, le 23 mai 2004 avec le quotidien italien « Il Giornale ».  Cet entretien illustre bien la gravité des événements que nous connaissons actuellement. Il me plait de vous le transcrire dans sa totalité.

 

 

«  Mgr Cesare Mazzolari, 67 ans, évêque combonien missionnaire au Soudan depuis 1981, opère dans une zone pas encore complètement contrôlée par les musulmans, ce qui lui permet de bénéficier d’une certaine liberté d’action. Il a donné récemment une interview au quotidien italien « Il Giornale » (23 mai 2000) dont nous publions ci-dessous d’amples extraits.

 

 

« Mgr Cesare Mazzolari : « Voici que s’approche le moment du martyre. J’espère que le Seigneur nous donnera la grâce d’affronter cette effusion de sang. La purification est nécessaire. De nombreux chrétiens seront tués en raison de leur foi. Mais du sang des martyrs naîtra une nouvelle chrétienté (…) Ou Dieu nous enverra une personne charismatique capable d’ouvrir une voie nouvelle ou bien il permettra un châtiment, une épreuve mesurée qui nous portera la sagesse. Nous nous trouvons dans un monde aveugle et sourd. Nous avons besoin d’une secousse effroyable ».

 

Il Giornale : « Vous convertissez beaucoup de musulmans ?

 

Mgr Cesare Mazzolari : «  Absolument pas. Approcher un musulman signifierait le condamner à mort. Ceux qui se convertissent  spontanément sont contraints de fuir. Mais ils sont rejoints et punis même à des milliers de kilomètres de distance ».

 

Il Giornale : « Et des catholiques qui adhèrent à l’Islam, y en a-t-il ?

 

Mgr Cesare Mazzolari : « Malheureusement oui. Au moins trois millions se sont transférés au Nord poussés par la faim et ont dû prononcer la shahada, la profession de foi publique, pour avoir un travail. Les convertis sont marqués au feu. Ils se trouvent « timbrés » sur un flanc, comme les vaches, afin d’être distingués des infidèles ».

 

Il Giornale : Le Dieu des chrétiens est-il l’Allah des musulmans ?

 

Mgr Cesare Mazzolari : « Nooon ! Le concept de Trinité qu’en faisons-nous ? Le plus grand de leurs prophètes n’est certes pas le Christ ! »

 

Il Giornale : Ceux qui parlent d’affrontement entre civilisation opposant l’Occident et l’Islam exagèrent-ils ?

 

Mgr Cesare Mazzolari : Non, et nous n’en sommes qu’au début. L’Eglise a renversé le communisme mais elle commence seulement à percevoir le défi lancé par l’islamisme, qui est bien pire. Le Saint-Père ne pouvait pas relevé ce défi à cause de son âge. Le prochain Pape devra l’affronter. La porte de sortie n’est pas que nous ayons raison et qu’ils aient tort. Nous nous vantons d’une tradition chrétienne que nous ne vivons pas dans les faits. Le musulman a une constance en matière de pratique et de prosélytisme qui est supérieure à la nôtre ».

 

 Il Giornale : Malgré tout, nombre de vos confrères ont prêté des oratoires pour qu’ils servent de mosquées »

 

Mgr Cesare Mazzolari : «  Ce seront les musulmans qui nous convertiront et non l’inverse. Où qu’ils s’installent, ils deviennent, plus ou moins rapidement, une force politique hégémonique. Les italiens entendent l’accueil sur le mode « tout le monde est beau, tout le monde est gentil ». Ils s’apercevront vite que les musulmans ont abusé de cette bonté, en faisant arriver un nombre de personnes dix fois supérieur à ce qui leur était permis. Ils sont beaucoup plus malins que nous. Ils me détruisent des écoles (au Soudan NDT) et vous leur ouvrez grandes les portes des églises ».

 

Il Giornale : « Au Soudan, ce qui est appliqué est la sharia intégrale ?

 

Mgr Cesare Mazzolari : « Le gouvernement fondamentaliste prétend qu’il ne l’appliquera qu’aux musulmans. Qu’en sera-t-il d’un chrétien inculpé, nul ne le sait, vu que le droit à la défense légale n’existe pas ? »

 

Il Giornale : «  Roberto Hamza Piccardo, secrétaire de l’Union des communautés musulmanes en Italie, m’a déclaré qu’au Soudan, les flagellations sont symboliques parce que « le flagellateur tient le Coram sous le bras, ce qui allège les coups de fouet ».

 

Mgr Cesare Mazzolari : « J’ai connu ce monsieur. Si vous l’écoutez, il vous racontera mille autres mensonges de ce genre ».

 

Il Giornale : «  Piccardo m’a déclaré que certains passages de la sharia sont appliqués au Soudan, tels que l’amputation de la main, pour les «  cas très rares de boss locaux qui agissent mal vis-à-vis de pauvres gens ».

 

Mgr Cesare Mazzolari : « Ce n’est pas vrai. C’est l’Etat qui applique le plus la loi coranique, qui ampute mains et pieds même à des non-musulmans et procède à des arrestations sans preuves ».

 

Il Giornale : « Le leader soudanais Hassan El-Tourabi, « grand juriste, m’a également affirmé être contre l’application de la peine de mort aux apostats, c’est-à-dire aux musulmans qui passent aux infidèles, contrairement à ce que prescrit le Coram.

 

Mgr Cesare Mazzolari : « El-Tourabi est la personne la plus habile au monde. Il est très intelligent. Il est avocat, parle mieux l’anglais que les anglais et mieux le français que les français. Il a la langue fourchue. Il arrivera toujours à nous tromper. Je vous fais un exemple concret. Dans la version en langue anglaise de la Constitution soudanaise, on affirme que la religion d’Etat est l’Islam et que les autres cultes sont tolérés. Dans la version en arabe, il n’y a aucune trace de cette garantie ».

 

Il Giornale : « En novembre dernier, vous êtes allé féliciter Gabriel Zubeir Wako, archévêque de Khartoum, premier cardinal soudanais. Vous même vous vous trouvez au Soudan depuis 23 ans et jamais personne ne vous a touché ne serait-ce qu’un cheveu.

 

Mgr Cesare Mazzolari : « Je fais observer que les cheveux en question sont devenus blancs. La punition la plus grande que l’arable sait infliger est l’oppression, le sens de fausseté. S’il peut te tromper, il le fait de tout son cœur. Il se vante de sa capacité à t’entourlouper et le traiter de menteur est pour lui un compliment. Une personne comme Bush, El- Tourabi le mène par le bout du nez où et quand il veut, pour ne pas dire pire. Pour ma part, je préfère, plutôt que d’être tourné en dérision et pris pour un imbécile, prendre un soufflet. Les musulmans te font peur, ils te tiennent dans un  état d’insécurité permanente. C’est une affliction psychique continuelle, pire que la tortue ».

 

Il Giornale : « L’esclavagisme existe-t-il au Soudan ?

 

Mgr Cesare Mazzolari : « Eux prétendent que non. Ils sont même allés le dire à Genève. Et pourtant, les missions sont pleines d’anciens esclaves. En 1990, j’en ai recueilli personnellement 150, en les payant moins cher qu’un chien de race : 40 dollars pour une femme et 100 dollars pour un homme. Puis, je ne l’ai plus fait parce que je me suis aperçu que cela pouvait devenir un cercle vicieux. Ils s’en servent comme bergers ou encore ils les envoient au service de familles arabes aisées de Khartoum. Ils les obligent à fréquenter les écoles coraniques ».

 

 Il Giornale : « Vous avez peur ?

 

Mgr Cesare Mazzolari : « Je ne ferais pas le métier que je fais si j’avais peur. Avec la peur, on ne survit pas. Quand je m’aperçois qu’un de mes prêtres a peur, je le retire de la mission. C’est une maladie contagieuse. Le jour où je deviendrai peureux, je prie Dieu de venir me prendre. »

 

Il Giornale : « Retournerez-vous un jour en Italie ?

 

Mgr Cesare Mazzolari : « Ma patrie est le Soudan. J’ai promis à mes fidèles que je ne les abandonnerai pas, même mort. Il savent déjà où m’ensevelir ».

 

Il Giornale : « Y a-t-il quelque chose que mes lecteurs et moi-même puissions faire pour vous, Monseigneur ?

 

Mgr Cesare Mazzolari : « Priez beaucoup ».