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Un regard sur le monde

politique et religieux

 

au 14 novembre  2008

 

N° 190

 

Par Monsieur l’abbé Paul Aulagnier

 

Mgr Dagens

chez les Franc-maçons

le 15 novembre 2008

On pouvait lire dans « Faits et Documents » d’Emmanuel Ratier, cette information surprenante, reprise le 2 novembre 2008 par « le Salon Beige »

« Du 13 au 22 novembre, le Grand Orient de France organise une série de manifestations à Angoulême pour fêter les 250 ans de la franc-maçonnerie angoumoise. A remarquer l’étonnante présence de Mgr Claude Dagens, évêque d’Angoulême (et académicien), le 15 novembre, à la table ronde “Désenchantement et espérance” (…) Il est exceptionnel qu’un évêque participe ès-qualités à une réunion de ce type".

Cette information est l’occasion pour nous de nous rappeler l’enseignement de l’Eglise sur la Franc-Maçonnerie.

Cet enseignement a été, le 26 novembre 1983, rappelé par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi alors présidée par le Cardinal Ratzinger.

En voici le texte officiel :

Par la Congrégation pour la doctrine de la foi.

DÉCLARATION SUR L’INCOMPATIBILITÉ ENTRE L’APPARTENANCE À L’ÉGLISE ET LA FRANC-MAÇONNERIE

 

 

On a demandé si le jugement de l’Eglise sur les associations maçonniques était changé, étant donné que dans le nouveau Code de droit canonique il n’en est pas fait mention expresse, comme dans le Code antérieur.

 

Cette Congrégation est en mesure de répondre qu’une telle circonstance est due au critère adopté dans la rédaction, qui a été suivi aussi pour d’autres associations également passées sous silence parce qu’elles sont inclues dans des catégories plus larges.

 

Le jugement négatif de l’Eglise sur les associations maçonniques demeure donc inchangé, parce que leurs principes ont toujours été considérés comme inconciliables avec la doctrine de l’Eglise, et l’inscription à ces associations reste interdite par l’Eglise. Les fidèles qui appartiennent aux associations maçonniques sont en état de péché grave et ne peuvent accéder à la sainte communion.

 

Les autorités ecclésiastiques locales n’ont pas compétence pour se prononcer sur la nature des associations maçonniques par un jugement qui impliquerait une dérogation à ce qui a été affirmé ci dessus, dans la ligne de la déclaration de cette Congrégation du 17 février 1981 (cf. AAS 73, 1981, p. 240-241: DC 1981, n° 1805, p. 349. Voir aussi la déclaration de l’épiscopat allemand du 12 mai 1980, DC 1981, n° 1807, p. 444-448).

 

Le Souverain Pontife Jean-Paul II, dans l’audience accordée au cardinal préfet soussigné, a approuvé cette déclaration, qui avait été délibérée en réunion ordinaire de la Congrégation, et en a ordonné la publication.

 

A Rome, au siège de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, le 26 novembre 1983.

 

 

Joseph, card. RATZINGER

Préfet

 

+ Fr. Jérôme Hamer, O.P.

Secrétaire

 

La déclaration de l’épiscopat allemand du 12 mai 1980,

 

La Déclaration du Cardinal Ratzinger parle d’une déclaration de l’épiscopat allemend.Mais quelle est donc cette déclaration?

 

L’épiscopat allemand, à l’issue du Concile de Vatican II, avait organisé des colloques avec les instances maçonniques pour voir s’il était possible d’envisager « une double appartenance à l’Eglise et à la Franc-Maçonnerie ».

 

Voilà leur conclusion :

« Pour parvenir à un examen vraiment adéquat des problèmes il était nécessaire d’étudier l’essence de la Franc-Maçonnerie.

Voilà ce qu’on a découvert : le fait que la Franc-maçonnerie mette en question l’Eglise de manière fondamentale n’a pas changé. Il suffit de lire le programme maçonnique Thèse pour l’an 2000, publié cette année peu après la conclusion du colloque. On y nie par principe la valeur de la vérité révélée (donc on nie le dogme) et au moyen de cette indifférentisme, se trouve écartée dès le départ toute religion révélée »

 

Alors après le témoignage de ses confrères dans l’épiscopat, que va faire dans cette galère, Mgr Dagens, ?  dans cette officine maçonnique d’Angoulême ?

 

« Dès lors, poursuivent les évêques allemands,  quel que soit le ton employé, même si l’on n’en est plus aux outrages, même si l’Eglise sait aujourd’hui qu’elle est tenue de collaborer avec d’autres communautés religieuses, il ne doit pas en résulter l’impression que l’Eglise n’aurait aucun motif de tenir pour dépassée son attitude de mise en garde et de refus vis-à-vis de la Franc-maçonnerie ».

 

Mais que va donc faire dans cette « galère » Mgr Dagens ?

 

L’épiscopat allemand continue : « Donc, dès que l’Eglise catholique s’est mise à examiner la teneur des trois premiers grades maçonniques, elle a du constater des oppositions fondamentales et insurmontables ; la Franc-maçonnerie n’a pas changé dans son essence. D’ailleurs la vision que les Francs-maçons ont du monde est une vision relativiste ».

 

Mais, lui, évêque, témoin du Christ et de sa Parole de Vie, que va-t-il faire dans ce groupe qui, du monde, a une vision relativiste ?

 

« Le lexique international des Francs-maçons reconnu comme une source objective affirme à ce sujet : la Franc-maçonnerie est vraiment la seule institution qui ait réussi à se maintenir dans le temps, dans une large mesure, libre de dogmes, idéologies et praxis. La Franc-maçonnerie peut être considérée comme un mouvement qui vise à recueillir les hommes d’orientation relativiste pour la promotion de l’idéal humaniste. Un tel subjectivisme ne peut s’harmoniser avec la foi dans la parole de Dieu, révélée ».

 

Les évêques d’Allemagne mettent en garde leur confrère dans l’épiscopat. Même évêque, il risque de s’y perdre lui-même. Evêque, lui disent-ils « prends garde de tomber ».

 

« Au cours des colloques, on a notamment rappelé la sentence du franc-maçon Lessing : « Si Dieu tenait renfermée dans sa main droite toute la vérité et dans sa main gauche la seule quête vivante de la vérité, même en ajoutant que je me suis toujours éternellement trompé, et qu’il me dise : choisis, je me jetterais avec humilité à sa gauche ».

 

Et toi, évêque d’Angoulême, tu prétends être plus fort que tes confrères dans l’épiscopat allemand effrayés de cette déclaration…Mais que vas-tu faire dans cette galère ?

 

« Et je lui dirais, à Dieu, Père damne-moi, la pure vérité est pour toi seul…moi je veux toujours être en recherche de vérité. Je choisis la recherche de la vérité ».

 

Evêque, ne crains-tu pas de perdre ton temps. Ton troupeau attend ta visite ainsi que tes prêtres !

 

« La relativité de toute vérité représente la base de la Franc-maçonnerie, poursuivent les évêques allemands (il n’y a donc pas de vérité objective), ce qui entraîne un refus par principe de  toutes les positions dogmatiques. Un tel concept de la vérité n’est pas compatible avec le concept catholique de la vérité, ni du point de vue de la théologie naturelle, ni de celui de la théologie de révélation »

« La conception de la religion chez les Francs-maçons est relativiste, toutes les religions sont des tentatives concurrentes d’exprimer la vérité divine ».

 

Voilà qui est clair !

 

Mais d’autres évêques, en France, se sont poncés dans la même ligne que les évêques allemands. Deux évêques, principalement, Mgr Rey, évêque de Toulon, dans un article de la Nef et dans un libre et Mgr Brincard, évêque du Puy.

Voyons la déclaration de  l’Evêque du Puy.. Déclaration courageuse !

 

 

Mgr Brincard, évêque du Puy en Vellay,

 

Mgr Brincard, a été interrogé sur la franc-maçonnerie par la radio RCF-Le Puy. Ses réponses s'affichent aussi sur le site internet du diocèse. Il rappelle, non seulement cette condamnation de Rome, - il la cite expressément -mais il en donne surtout les raisons essentielles. La Franc-Maçonnerie est  telle, dit-il,  qu’il est impossible à un catholique de s’y inscrire, à plus forte raison à un ecclésiastique.

 

Cela existe, malheureusement !

 

Vous vous souvenez, peut-être de l’abbé Desbrosse, un abbé du diocèse d’Autun. Le carnet mondain du Figaro annonçait le 8 décembre 1999, le décès de cet abbé, en ces termes : « Autun- On nous prie d’annoncer le retour à l’orient éternel de l’abbé J.C. Desbrosse ». L’abbé Desbrosse y était dit « prêtre du diocèse d’Autun, Chalon, Macon ». Il était né en 1948. Il était avocat à l’Officialité d’Autun et même responsable des pèlerinages diocésains. Le texte du Figaro nous disait qu’ « une messe de funérailles a été célébrée le 4 décembre à la cathédrale d’Autun ». On pouvait lire ensuite qu’il était affilié depuis 1980 à la Franc-maçonnerie et tout particulièrement à la Grande Loge Nationale Française, « avec l’autorisation ecclésiastique » (sic). Le journal La Croix, nous apprenait même que c’était Mgr Le Bourgeois, à l’époque évêque d’Autun, qui lui avait donné cette autorisation. Les évêques, après le Concile, se permettaient t beaucoup d’initiatives ! Vous voyez pourquoi le cardinal Ratzinger rappelait que les évêques devaient eux aussi respecter les directives romaines : On ne peut appartenir et à l’Eglise et à la Franc-maçonnerie, en même temps ! C’était même le journaliste, Bernard George qui était allé interroger l’évêque. Qui confirma ! Sur le papier du Figaro, on pouvait lire même les loges que ce « bon » père fréquenta : « Il fut membre plus spécialement des respectables des loges suivantes :

Atlas 171(Neuilly), Gislebertus 478(Autun)…..(suit le nom d’un grands nombres de Loges) et le papier concluait “ Cependant c’est dans l’ordre Royal d’Ecosse qu’il trouva ses plus grandes joies maçonniques. Il se recommande à la prières de ses frrères, compagnons et chevaliers »

 

Ce faire-part fit du bruit. Et le successeur de l’Evêque du siège d’Autun, Mgr Séguy dut faire une mise au point importante dans le Figaro du samedi 18 décembre 1999.

 

Dites, Mgr Claude Dagens, cela fait un troisième évêque français qui se dresse contre la Franc-maçonnerie. Il transmettait la note suivante  sous le titre : « L’Eglise et la Franc-maçonnerie.  Ce texte dont j’ignore l’origine ou la provenance présente l’abbé JC Desbrosse comme membre de la Grande Loge Nationale Française. Il est question de l’autorité ecclésiastique. En ce qui me concerne, je me permets de vous faire savoir que j’ai toujours dissuadé tout catholique et particulièrement l’abbé Desbrosse, d’adhérer à une association maçonnique, conformément à l’enseignement constant et actuel de l’Eglise catholique. En effet l’Eglise, notre Mère dans la foi, enseigne que « les principes de ces associations maçonniques ont toujours été considérés comme inconciliables avec la doctrine de l’Eglise et l’inscription à ces associations reste interdite par l’Eglise.

D’autre part, « les autorités ecclésiastiques locales n’ont pas compétence pour se prononcer sur la nature des associations maçonniques, par un jugement qui impliquerait une dérogation » (Déclaration approuvée parle pape Jean-paul II et publiée le 26 novmebre 1983) Raymond Séguy Ev^que d’Autun.

 

Cette dernière phrase, tirée de l’enseignement romain, est à l’adresse de feu Mgr le Bourgeois… Mais elle vaut également pour vous, Mgr Claude Dagens. !

 

Oui ! Vraiment il est troublant de voir un évêque prendre place à « une table ronde », sans plus d’explication. Sa présence donne  caution à cet organisme dès plus opposé à l’Eglise et à sa doctrine. Elle peut être la raison de relativiser la position de l’Eglise sur la Fanc-maçonnerie et encourager ses « fidèles » en ne plus voir en elle un danger pour l’Eglise, pour son enseignement et pour la société.  Cette présence de cet évêque est donc une raison de scandale. Des fidèles pourraient limiter, voire même des évêques..

 

L’exposé de Mgr Brincard en fera comprendre  tout à fait l’inconvenance.

Voici l’entretien qu’il eut avec la Radio locale du Puy en Velay sur la Franc-Maçonnerie.

 

 

« Au cours des dernières décennies, la Congrégation pour la doctrine de la foi a rappelé aux catholiques que l'appartenance à un mouvement maçonnique était contraire à la foi chrétienne. J'aimerais savoir pourquoi toutes ces réserves face à la Franc-maçonnerie. ?

Votre question est courageuse. Avant d'y répondre, je voudrais faire, en guise de préliminaire, les remarques suivantes :
1) Il arrive que les hommes soient bien meilleurs que les doctrines auxquelles ils adhèrent. Il faut s'en souvenir lorsque nous rencontrons des francs-maçons. En revanche, c'est toujours le contraire qui se produit lorsqu'il s'agit de l'Evangile. L'Evangile est plus grand que celui qui le professe. Nous comprenons dès lors pourquoi la première vertu chrétienne est celle de l'humilité.

2) Au cours d'un dialogue, il convient de rejoindre le cœur profond de son interlocuteur. Dans ce cœur, en effet, il y a des aspirations qu'une fausse doctrine ignorera. C'est encore le cas des francs-maçons.

3) Les origines historiques de la franc-maçonnerie sont obscures. Dans le cadre de notre émission, je ne puis m'attarder sur elles. Pour éclairer mon propos, il suffit de dire que la franc-maçonnerie, telle qu'elle apparaît au début du 18ème siècle, ne peut revendiquer sérieusement une filiation avec certaines corporations médiévales, par exemple, avec celle des tailleurs de pierres. De telles corporations, en effet, étaient d'inspiration chrétienne. Or les constitutions d'Anderson de 1723, texte de référence pour tous les francs-maçons, ne comportent plus la moindre référence au Dieu révélé en Jésus Christ, révélation reçue, gardée et transmise par l'Eglise fondée sur les apôtres envoyés par le Ressuscité prêcher au monde l'Evangile du Salut. Un orfèvre en la matière, Jacques Mitterrand - qu'il ne faut pas confondre avec son homonyme célèbre, François Mitterrand, l'affirme nettement dans un livre où il explique les principes fondamentaux de la franc-maçonnerie.

Et maintenant, j'en viens à la question souvent posée : "Peut-on être catholique et franc-maçon?" Je réponds clairement : non ! La déclaration de la Congrégation pour la doctrine de la foi, déclaration engageant fortement l'autorité de l'Eglise, est sans ambiguïtés sur ce point. Elle est du 26 novembre 1983, signée par le cardinal Ratzinger, préfet de cette Congrégation et dit ceci : "On a demandé si le jugement de l'Eglise sur les associations maçonniques était changé étant donné que dans le nouveau code canonique, il n'en est pas fait mention expresse comme dans le Code antérieur. Cette Congrégation est en mesure de répondre qu'une telle circonstance est due aux critères adoptés dans la rédaction qui a été suivie aussi pour d'autres associations également passées sous silence parce qu'elles sont incluses dans des catégories plus larges. Le jugement négatif de l'Eglise sur les associations maçonniques demeure inchangé parce que leurs principes ont toujours été considérés comme inconciliables avec la doctrine de l'Eglise et l'inscription à ces associations reste interdite par l'Eglise. Les fidèles qui appartiennent aux associations maçonniques sont en état de péché grave et ne peuvent accéder à la sainte communion. Les autorités ecclésiastiques locales n'ont pas compétence pour se prononcer sur la nature de ces associations maçonniques par un jugement qui impliquerait une dérogation à ce qui a été affirmé ci-dessus. Le Souverain Pontife Jean-Paul II, dans l'audience accordée au cardinal Préfet a approuvé cette déclaration". Cette déclaration a été précédée par une autre, non moins claire, cette fois de la conférence épiscopale allemande. Faite en 1981, elle est cependant peu connue. C'est pourquoi j'invite mes auditeurs à la lire dans " la Documentation catholique " (n°18O7). On y développe longuement l'incompatibilité fondamentale entre la doctrine de la maçonnerie et les enseignements de l'Evangile.

Et qu'en disent les francs-maçons ?

La franc-maçonnerie reconnaît elle-même cette incompatibilité. J'en veux pour preuve ce que dit à ce sujet Paul Gourdeau, ancien grand maître du Grand Orient de France. Ecoutons son message : "Ce qu'il est aujourd'hui important de comprendre c'est que le combat qui se livre actuellement conditionne l'avenir, plus encore le devenir de la société. Il repose sur l'équilibre de deux cultures : l'une fondée sur l'Evangile et l'autre sur la tradition historique d'un humanisme républicain. Et ces deux cultures sont fondamentalement opposées : ou la vérité est révélée et intangible d'un Dieu à l'origine de toute chose ou elle trouve son fondement dans les constructions de l'Homme toujours remises en question parce que perfectibles à l'infini. De cette bataille perpétuelle recommencée avec vigueur depuis quelques temps, Malraux disait hier que le 21ème siècle serait religieux ou ne serait pas. C'est à cette affirmation, c'est à ce défi qu'il nous appartient de répondre." (" Humanisme " n°193, octobre 1990). Faire dire à la franc-maçonnerie ce qu'elle n'a jamais pensé, c'est à l'évidence faire preuve d'une naïveté nourrie d'ignorance, c'est confondre sentimentalisme et générosité. Mais Gustave Le Bon ne disait-il pas déjà : " Beaucoup d'hommes sont doués de raison, très peu de bon sens

Sur quels points s'opposent l'Eglise catholique et la Franc-maçonnerie ?

J'en vois trois principaux :
A) La franc-maçonnerie prône le relativisme doctrinal. Autrement dit les vérités profondes concernant l'homme et sa destinée ne peuvent être connues avec certitude. A ce sujet, il n'y a donc ni vérité définitive ni vérité universelle. Le croyant, au contraire, affirme : " Jésus Christ est le Chemin, la Vérité et la Vie." Mais le croyant authentique ajoutera aussitôt : " Si en Jésus Christ, j'atteins la vérité, cette vérité, je la reçois ; ensuite je suis appelé à la connaître toujours plus ; enfin, ce que j'en connais, je ne le mets pas suffisamment en pratique. C'est pourquoi connaître la Vérité ne signifie pas la posséder, c'est bien plutôt Elle qui me possède ! "
Voici quelques conséquences de ce relativisme doctrinal :

a) La connaissance de l'Etre suprême est une connaissance si générale que tout homme peut se faire un dieu selon son idée. " Le grand architecte de l'univers " - comme on appelle Dieu dans la tradition maçonnique - est quelque chose d'indéfini, ouvert à toute compréhension. Autrement dit, chacun peut y introduire sa représentation de Dieu, le chrétien comme le musulman, le confucianiste comme l'animiste ou le fidèle de n'importe quelle religion. Pour le franc-maçon, " le grand architecte de l'univers " n'est pas un être au sens d'un Dieu personnel. C'est pourquoi, il suffit d'une " vive sensibilité religieuse " pour reconnaître son existence. Cette conception d'un Etre suprême, trônant dans un éloignement déiste, veut, bien entendu, saper à la base la foi catholique en Dieu et rendre vaine toute réponse de l'homme à Celui qui se révèle comme un Père plein d'amour et de miséricorde.

b) La franc-maçonnerie, d'une manière générale, refuse jusqu'à la possibilité d'une révélation divine. Certaines obédiences soutiennent que l'intelligence humaine peut affirmer l'existence de l'Etre suprême. Mais aucun franc-maçon n'acceptera jamais que Dieu ait parlé aux hommes, leur donnant une lumière venant des profondeurs de son Amour, une lumière confiée à l'Eglise pour être transmise fidèlement à tous les hommes. Ajoutons que lorsque une révélation divine est considérée comme acceptable, une telle révélation ne passe en aucun cas par un magistère ecclésial. Elle est livrée à l'appréciation subjective de chacun. Il faut surtout souligner que la franc-maçonnerie verse dans un rationalisme typique du " Siècle des Lumières. " Un tel rationalisme est une infirmité intellectuelle. En effet, quiconque cherche la vérité, l'aime pour elle-même, sans jamais prétendre qu'elle provient de la seule raison humaine. Si la vérité attire seulement en tant que mesurée par l'homme, cette attraction ne cache-t-elle pas un grand orgueil ?

c) La franc-maçonnerie n'admet aucune morale objective et donc universelle. Selon un franc-maçon que je cite : "La morale est essentiellement contingente. Elle évolue". Nous saisissons mieux aujourd'hui les conséquences funestes d'un tel scepticisme.

B) La franc-maçonnerie refuse toute idée de salut.

L'homme se construit par lui-même. Il n'a pas besoin de Dieu pour changer son cœur et trouver le bonheur. Il en va autrement pour le croyant. La foi lui découvre qu'en Jésus Christ, Dieu est venu parmi les hommes pour les sauver. " Dieu a tellement aimé le monde qu'il lui a envoyé son Fils". Ce salut consiste en une délivrance. C'est un salut de tout l'homme, proposé à tout homme. Jésus Christ sauve en particulier la liberté humaine, abîmée par le péché. Mais en Jésus Christ, la vie divine est aussi communiquée : c'est une vie de lumière et d'amour que "l'œil n'a pas vue et que l'oreille n'a pas entendu". L'homme est appelé à entrer en communion avec la Trinité divine. Autrement dit Jésus comble et même dépasse les aspirations les plus profondes du cœur humain. L'opposition farouche de la maçonnerie au salut apporté en Jésus Christ, me fait penser à cette réflexion d'un grand écrivain de notre temps : "Le plus impressionnant aujourd'hui n'est pas que l'homme fasse le mal, c'est-à-dire se détruise et détruise les autres. Le plus effrayant est que l'homme veuille se passer de Dieu pour faire le bien". Pierre Simon, ancien Grand Maître de la Grande loge, le dit à sa manière : " L'homme est le point de départ de tout chose et de toute connaissance, il est sa propre référence. Seul aujourd'hui, il peut dire ce qui est bon pour l'homme."

C) Le secret maçonnique est quelque chose que l'Eglise n'a jamais accepté.

Sur ce point, il n'est pas nécessaire d'affabuler : l'existence de ce secret, reconnue par les francs-maçons eux-mêmes, porte gravement atteinte à la dignité de la personne humaine. Le secret maçonnique, en effet, empêche l'homme de s'engager consciemment et librement. Evoquons brièvement quelques aspects de ce secret : un maçon n'a pas le droit de révéler à un " profane " l'identité de ses frères; tout au plus peut-t-il - s'il le juge utile - déclarer son appartenance à la franc-maçonnerie. Il ne peut pas non plus divulguer le contenu de certains travaux auxquels il a pris part au sein de son atelier ni faire connaître aux frères de grades inférieurs les mots de passe, signes ou symboles propres à son grade. Enfin, il existe un secret spécial, fruit d'une initiation aux formes douteuses. L'initiation est censée conduire à une révélation intérieure illuminant celui qui en est l'objet au fur et à mesure qu'il avance sur la voie de la connaissance. A sa manière la franc-maçonnerie est donc une gnose " au nom menteur " (saint Irénée) avec une dimension occultiste très inquiétante. Ajoutons que les hauts gradés de la franc-maçonnerie présents dans une loge de la base ne révèleront jamais aux membres de cette loge leur " dignité". On a pu dire à juste titre que la franc-maçonnerie est une " superposition de loges secrètes ".

Pourtant, certains se revendiquent d'une double appartenance : à l'Eglise et à la Franc-maçonnerie ?

Je suis bien conscient que ce que je viens de dire ne plait pas à tout le monde. Je n'ignore pas non plus qu'un illustre jésuite, le père Riquet - pour ne pas le nommer - a défendu une position différente de celle de l'Eglise. Il l'a même fait connaître dans un livre publié peu de temps avant son décès. A titre personnel, j'ai de l'estime pour le père Riquet. Je rends hommage à son courage pendant la deuxième guerre mondiale. C'est sans doute, un religieux exemplaire sous beaucoup de rapports. Mais à propos de la franc-maçonnerie, il s'est gravement trompé, probablement abusé par des amitiés nouées en des circonstances difficiles et par une bonne dose de naïveté. A ce propos, il est salutaire de se souvenir que si instruits que nous soyons, nous demeurons fragiles, exposés à de nombreuses erreurs. Un lecteur attentif découvre sans peine que le père Riquet fait preuve de beaucoup de crédulité, par exemple, lorsqu'il affirme que le symbolisme de la franc-maçonnerie peut conduire à la découverte de Jésus Christ ! En revenant à votre question initiale, je tiens à ajouter que les évêques, et moi le premier, nous sommes la voix de l'Eglise dans la mesure où nous agissons en communion les uns avec les autres autour du " serviteur des serviteurs " qu'est le pape. La déclaration de la Congrégation pour la doctrine de la foi est une déclaration qui doit éclairer notre action pastorale.

Alors Mgr Claude Dagens !

Après tout ce que vous venez de nous dire, Père évêque, quelle attitude avoir à l'égard des francs-maçons ?

Ma réponse est celle-ci : la franc-maçonnerie constitue un défi qu'il faut relever sereinement et courageusement. Certes, il ne faut pas exagérer l'influence de la franc-maçonnerie ; il ne faut pas, non plus, la sous-estimer. L'attitude d'un catholique agissant en cohérence avec sa foi, doit, me semble-t-il, être la suivante : d'abord la clairvoyance. Cela signifie connaître avec exactitude les véritables objectifs que poursuit la franc-maçonnerie. Ensuite, le désir d'approfondir sans cesse la foi chrétienne. L'ignorance est le grand ennemi de la foi. Enfin, la résolution de suivre de plus en plus fidèlement Jésus Christ.
L'exemple est plus convaincant que la seule parole.
Et voici le mot de la fin : notre vraie force est de prendre appui sur Jésus Christ. Lui seul peut changer les cœurs. C'est pourquoi, autant il faut combattre la franc-maçonnerie en rappelant qu'elle est une forme particulièrement nocive de " gnose ", autant il faut poser sur les francs-maçons un regard d'espérance, regard né d'une authentique charité, car " rien n'est impossible à Dieu " !

+ Henri BRINCARD
Evêque du Puy-en-Velay
Interview par Claire Henrot (RCF-Le Puy) et le service communication du diocèse

Le discours de Jacques Chirac prononcé le 23 juin 2003.

 

A l’occasion de la visite de Claude Dagens à la loge maçonnique d’Angoulême, il est bon aussi de se souvenir du discours que prononça Jacques Chirac devant les loges  des Francs-maçons, réunies à l’Elysée,  à l’occasion du 275è  anniversaire de la fondations des loges en France. Nous étions le 23 juin 2003.

 

 

Mesdames et Messieurs les Grands Maîtres, Mesdames, Messieurs,

 

Je suis heureux de recevoir aujourd’hui les représentants d’une tradition philosophique qui a pris une part si importante, en France et dans le monde, à l’élaboration et à la diffusion des idées républicaines.  Il est des histoires qui contribuent à forger l’histoire, des événements qui font avancer la cause de la liberté.  La création, en 1728, de la première loge française est de ceux-là.  Vous avez choisi de fêter ensemble cet événement.  Et vous avez voulu y associer les maçonneries étrangères.  À toutes et à tous, je souhaite la plus chaleureuse des bienvenues.  En vous recevant aujourd’hui, j’ai souhaité rendre hommage au rôle civique de vos sociétés de pensée.  Un rôle actif de défense et de réaffirmation des principes républicains, un rôle de vigilance, un rôle de réflexion.  Cet anniversaire est aussi pour vous l’occasion de donner une idée juste de la franc-maçonnerie, au delà des clichés et des idées reçues.

 

Vous inscrivez votre engagement dans l’héritage des Lumières.  Lumières de la raison, de la tolérance, de la solidarité humaine, lumières de la liberté, la liberté absolue de conscience, la liberté de douter, parce que le doute est moteur de progrès.  Une liberté que résume bien le tryptique : « provoquer et non imposer, suggérer sans proclamer, interroger plutôt que répondre ».  Bref, la vraie liberté de l’homme parvenu à s’affranchir tant des passions que des carcans sociaux.  Alain Bauer, dont je salue l’initiative qui nous réunit aujourd’hui, a évoqué la naissance de la maçonnerie en France à l’aube du XVIII siècle, avec cette belle formule que je lui emprunte : « C’est le peuple de l’Encyclopédie qui essaie de devenir celui  des Lumières ».  Né dans les spasmes des guerres civiles et religieuses anglaises, l’idéal maçonnique, celui d’Isaac Newton, rêvait de substituer aux dogmatismes le débat sur le progrès scientifique, de desserrer l’étreinte, de casser les rigidités, pour instaurer un espace de liberté, hors des tabous et des index de l’époque.

 

Cette histoire, ces convictions, la franc-maçonnerie peut les assumer avec fierté.  Elles fondent son engagement.  Elle marquent ses traditions.  Trois siècles ont passé et vous tenez à ce que vos travaux continuent de s’accomplir dans la liberté, le refus des certitudes, l’ouverture internationale, en recherchant toujours l’indispensable sérénité dans laquelle doit être menée la réflexion, loin de l’agitation du monde.  Sa fidélité aux traditions, son engagement au service de l’homme, la franc-maçonnerie les a chèrement payés, persécutée par tous les totalitarismes.  Les heures noires de l’Occupation et de la collaboration l’ont douloureusement marquée.  Dès août 1940, une législation anti-maçonnique était promulguée.  Les obédiences étaient dissoutes, leurs locaux occupés, leurs temples dévastés, leurs archives détruites, leurs collections pillées.  Les francs-maçons ont été dénoncés, leurs noms livrés à l’occupant nazi.  Beaucoup d’entre eux furent déportés et trouvèrent la mort dans les camps.  Jamais dans son histoire, la franc-maçonnerie française, qui s’était toujours développée dans le plus grand respect des institutions et des lois, n’avait eu à subir un tel déchaînement de violence et de haine.

 

Cet acharnement ne peut s’expliquer que par l’indéfectible attachement des francs-maçons à la République.  La République, ils l’ont aidée à naître, répandant les idées de raison et progrès.  Ils l’ont veillée lorsqu’elle était fragile et attaquée.  Ils l’ont nourrie de leur exigence et de leur réflexion.  Ils ont toujours été au premier rang de ses défenseurs.  Au XVIIIe et au XIXe siècles, ils furent naturellement de tous les combats contre l’autoritarisme.  Dans les tavernes des origines, ils ont contribué à diffuser les valeurs qui furent celle de la Révolution française et que proclame la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen.  Dans le grand élan de 1848, ils militent pour les libertés politiques et syndicales, la liberté de la presse, la liberté d’association, l’abolition de l’esclavage.  Après avoir contribué à faire naître la IIIe République, ils sont nombreux à s’engager dans la Ligue des droits de l’homme, pour que triomphe l’innocence du capitaine Dreyfus.  Quelques années auparavant, ils avaient préparé, pour une très large part et ardemment soutenu la loi de 1882, loi capitale pour la République, qui créait un enseignement primaire obligatoire, laïque et gratuit.  Avec la même fermeté, le même enthousiasme, ils appuient la loi de 1901, qui garantit la liberté d’association, puis celle de 1905, qui sépare les églises et l’État.  Le Combat pour la laïcité doit beaucoup à leur engagement.  Combat de chaque instant, combat qui reste toujours d’actualité.  Combat pour la tolérance et pour une fraternité fondée sur le respect de l’autre et qui ne s’arrête pas aux différences, aux origines, aux religions.  Au fil du temps, à mesure que s’est enracinée la République, que se sont imposées les valeurs universelles qu’elle défend, la franc-maçonnerie française a su attirer des femmes et des hommes engagés dans la vie sociale et représentatifs de la France dans toute sa diversité.  Il n’est pas de grandes questions sociales, touchant à la condition humaine, que les francs-maçons n’aient abordée.  Récemment, individuellement ou de manière concertée, ils sont intervenus dans les débats sur la place des femmes dans notre vie publique, sur la bioéthique, l’accueil et la place des handicapés, l’avenir de l’école, la construction européenne, le développement durable, la mondialisation, la diversité culturelle, la question aussi du choc démographique et de l’adaptation nécessaire de la société française et de ses structures.  Parce que les francs-maçons ont d’abord à cœur l’exigence d’humanisme, ils sont aux avant-postes de la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie, contre les discriminations et tout simplement contre la violence.  Il n’est pour vous, de progrès individuel et collectif, de véritable vivre ensemble, qu’affranchis des passions et des intérêts particuliers, des communautarismes et des intégrismes, des ignorances et des antagonismes qu’elles engendrent.

 

Mesdames, Messieurs, cet anniversaire qui nous rassemble aujourd’hui, vous le vivez, j’imagine, comme un engagement renouvelé pour l’avenir, pour d’autres progrès, d’autres libertés.  Aujourd’hui, je veux saluer votre action qui a joué un rôle essentiel dans l’enracinement de l’idéal républicain en France.  En vous recevant toutes et tous, je souhaite vous témoigner le respect de la Nation pour ce que vous êtes et pour ce que vous faites.  Je vous en remercie. »