ITEM
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Un regard sur l’actualité
politique et religieuse
Au 15 juin 2006
N°93
Par Monsieur l’abbé Paul Aulagnier
Le cardinal Ricard revient sur
le problème de « l’insertion » de
Le 31 mai, le cardinal Jean-Pierre Ricard,
membre de
Il sortait d’une séance de travail de la
« commission « Ecclesia Dei » qui avait eu lieu ce 31 mai.
Là, il répondait au problème de
l’ « intégration » de
Là, il s’exprimait dans le cadre de la
commission « Ecclesia Dei adflicta » dont il et membre.
Le 7 avril, il s’était déjà exprimé sur le
même sujet en France juste à la fin de l’assemblée de l’épiscopat français,
réuni à Lourdes, dans sa session de printemps.
Il nous faut regarder les deux textes.
Comme une solution est proche, disons
s’approche, il est important de regarder les choses de près.
Sont-ils identiques ?
Y-a-t-il des différences. Sont-elles importantes.
Voici tout d’abord le texte que nous livre
l’agence italienne Apcom, en date du 31 mai 2006. Nous le commenterons au fil
de la lecture du texte.
Selon le président de
Cité du Vatican, 31 mai.
(Apcom) – « Dans les prochains mois » on peut s’attendre à un « geste de bienveillance » de la part du pape
vis-à-vis des lefebvristes, pour montrer que la porte
n’est pas fermée. Ce n’est qu’après, probablement, qu’un geste de
réponse pourrait venir de la part de la communauté schismatique
traditionaliste ; il n’est pas envisageable que
cela arrive avant le ’chapitre’ de juillet, qui devra décider si Mgr
Bernard Fellay est confirmé à la tête de
Telle est la pensée du
président des évêques de France, le cardinal Jean-Pierre Ricard sur ce sujet
qui préoccupe l’Eglise et ses responsables.
Je suis de cet avis.
Il « faut » que
Rome fasse « un geste de bienveillance » vis-à-vis de
De plus, si un acte de
bienveillance vient de la part de Rome, il ne peut pas venir avant la tenue du
Chapitre Général de
Et au cas d’un nouveau Supérieur général, élu par le chapitre général du 3 juillet, il faudra également que Rome attende que le nouveau Supérieur ait le temps de s’initier un peu aux affaires…Ce qui nous rapproche encore, dans cette hypothèse de la fin de l’année 2006. Si le nouveau supérieur général est issu de l’actuel Conseil général… celui-ci se mettra vite aux affaires. ..Alors les choses pourraient aller plus vite … En tout état de cause, dans cette hypothèse, nous sommes reporté à la période de septembre octobre.
Aussi, tout en précisant ne pas
disposer de renseignements particuliers, le cardinal Ricard - archevêque
de Bordeaux et membre de la commission pontificale Ecclesia Dei, chargée
de l’affaire Lefebvre - interrogé au cours d’un séjour de travail à Rome
affirme: « Je pense que le pape veut faire
un geste pour montrer que la porte n’est pas fermée, un geste de bienveillance.
Dans les mois prochains, nous verrons quelle en sera l’expression concrète.
Puis il faudra voir si
Quel serait ce geste de
bienveillance de la part de Rome ?
Le cardinal laisse
entendre clairement qu’il n’en sait rien…Il laisse entendre qu’il ne
« dispose d’aucun renseignement particulier ». Toutefois, il suppose
que ce geste sera de nature à « réparer la déchirure » consommée en
1988 entre Mgr Lefebvre et Jean-Paul II. Qu’est-ce à dire sinon laisser
entendre qu’il pourrait s’agir de la levée de l’excommunication. C’est bien
cette levée d’excommunication qui « réparerait la déchirure ». Laisser
entendre cela…le supposer…le dire…ce n’est pas rien…tout de même !
Le cardinal revient sur
le temps de ce « rapprochement ». Quand pourrait arriver cette
« réparation de la déchirure » ?
Tout en disant qu’il ne dispose d’aucun renseignement précis, il parle
toutefois de «quelques mois ». Il dit même « dans les mois
prochains »…Le 7 avril 2006, dans son texte signé de lui, il parlait des « quelques
semaines ou de quelques mois ». Là, aujourd’hui, il exclut l’hypothèse de
« quelques semaines »…en raison de la tenue prochaine du Chapitre
général.
Le cardinal Ricard rappelle qu’il y a deux points sur lesquels pourrait se concentrer l’effort de dialogue: la confirmation de la possibilité de célébrer la messe selon le rite traditionnel dit de « Saint Pie V » et la suppression des excommunications qui frappèrent les quatre évêques consacrés par Mgr Lefebvre sans l’accord du Vatican.
Ici l’agence de presse interroge
le cardinal sur la nature de « ce geste de bienveillance » de Rome. Le
cardinal confirma que ce geste pourrait bien avoir deux objets :
l’affirmation de la possibilité de célébrer selon le rite traditionnel, « dit de Saint Pie V » et la
suppression de l’excommunication. Ce sont les deux préalables que Mgr Fellay
n’a cessés de rappeler depuis le 13 janvier 2002. C’était M l’abbé Selegny qui,
au nom de Mgr Fellay, accompagné de M l’abbé Simoulin, le notifia clairement, pour
ne pas dire sèchement, au cardinal Castrillon Hoyos.
Il y a « un climat d’attente »,
affirme l’archevêque de Bordeaux.
Entre Rome et
Mais chaque décision, poursuit-il, sera prise par le pape seul et selon son style coutumier: « Le pape se renseigne, il écoute. Et puis il décide. »
Là, le cardinal parle du
mode de gouvernement de Benoît XVI C’est très important. Il gouverne dans
la consultation. Il gouverne dans ses conseils, comme on le disait pour le roi.
Il écoute Mais il décide « seul », nous dit le cardinal. C’est pourquoi finalement le cardinal, comme la commission « Ecclesia Dei »
ne sait pas trop ce que le pape va faire. C’était bien comme cela que
gouvernait Mgr Lefebvre. Il consultait. Il prenait seul sa décision. C’est ainsi
qu’il le fit pour les sacres de 88. Il
nous réunit au Pointet pour exposer son avis et consulter son entourage
et ses « combattants » de toujours… Mais nous sommes tous repartis
sans savoir très exactement ce que ferait Mgr Lefebvre. Il est vrai qu’il était
seul à pourvoir prendre cette décision….parce qu’il en avait seul le pouvoir…
Et qu’en est-il d’une lettre de la part d’Ecône - quartier général des lefebvristes, en Suisse – qui montrerait la volonté de dialoguer avec Rome? « Au vu des déclarations et homélies de Mgr Fellay – répond le président de l’Église catholique en France – je serais porté à penser qu’il y n’aura pas de lettre pour ouvrir le dialogue, si ce n’est après un premier geste d’ouverture de la part de Rome. »
Je pense que le cardinal
voit juste…dans le cas où Mgr Fellay se succède à lui-même…Il n’y aura pas de
lettre pour ouvrir le dialogue. Il pense qu’il a déjà fait cela en visitant le
pape à l’été dernier à Castel Gandolfo…Mais si il y a un autre Supérieur
général et une « autre équipe »…alors les choses pourraient bien
changer d’autant que les évêques, si on en croit la dernière déclaration de Mgr
Tissier de Mallerais sont près à se limiter à la fonction que leur a confié Mgr
Lefebvre, les confirmations et les ordinations tout en s’en remettant au
jugement du Supérieur général…Il est à noter que Mgr Ricard suit bien les
choses. Il dit lui-même connaître homélies et déclarations…de Mgr Felay. Il est
bon d’être bien informé.
« Il me semble que, même si c’est avec lenteur, les choses commencent aujourd’hui à bouger ; nous ne sommes plus dans une situation de distance hostile ; il y a des contacts », remarque le cardinal Ricard. « Il y a une dynamique qui voit le jour, mais il faut du temps pour qu’on puisse voir un véritable rapprochement. »
D’autant que le conflit a
été rude et long et qu’il porte essentiellement sur la doctrine…Une méfiance
s’est installé du côté de
Le différend entre Rome
et Econe est doctrinal. Le cardinal Ricard le sait et le dit « Le vrai problème – ponctue Mgr Ricard - n’est pas de nature
juridique, mais doctrinale: à savoir quelle autorité (les lefebvristes) sont
prêts à reconnaître au concile Vatican II et aux enseignements des papes après
le concile. » Le cardinal reste dans ce texte très vague, alors
qu’il était très précis dans le texte du 7 avril.
Ce différent doctrinal solutionné
…, le problème canonique trouvera vite une solution. C’est la pensée de tout le
monde. …de Mgr Fellay …de M l’abbé Schmiberger…Il l’a dit à la sortie de
l’entretien avec le pape Benoît XVI, dans l’été 2005….encore qu’ils faisaient,
l’un et l’autre, à l’époque de la
solution de Campos, toutes les objections possibles et imaginables les plus
invraisemblables les unes que les autres…sur les points canoniques. Il faudra,
un jour, reprendre les courriers…
Le cardinal parle ici
d’un « prélature personnel » du genre de celle de l’Opus Dei ».
On entendait plutôt parler, jusqu’ici,
d’une « Administration Apostolique universelle », une sorte de
diocèse universel , ayant ses propres évêques avec juridiction cumulative avec
les ordinaires des lieux…jouissant d’ une sorte d’exemption de la juridiction
des ordinaires…Ce serait, à mon avis,
une meilleure idée…De toute façon, un
cadre juridique propre est nécessaire pour assurer au culte traditionaliste,
latin, grégorien, dit de saint Pie V sa juste liberté…Il a été trop malmené par
les évêques pour qu’il en puisse être autrement…
Le point important, selon le cardinal, n’est pas
juridique: « S’il devait y avoir un rapprochement avec
Monseigneur Fellay a plusieurs fois confirmé, tout récemment encore, que c’est l’Église qui a le devoir de corriger la « grave crise » qui est née avec le concile Vatican II et l’ouverture de l’Église à la modernité. C’est là, selon le cardinal Ricard, que pourrait naître une équivoque. Les lefebvristes « apprécient la personne de Benoît XVI. Ils se trompent peut-être un peu, parce que si le Pape dénonce, lui aussi, un faux esprit du concile, il considère cependant le texte du concile comme une source de lumière pour l’Église. Il peut y avoir ici une entente (entre les lefebvristes et le pape Ratzinger, ndlr Apcom) sur la critique des dérives (de l’esprit conciliaire, ndlr Apcom) - conclut Mgr Ricard - mais ensuite les appréciations divergent. »
date : 10/6/2006
Le Cardinal Ricard, à la
fin de son entretien, revient sur le différend doctrinal entre Rome et
B- le texte du 7 avril 2006
Je le commente
dans « Regard sur le Monde » n°87
« L’accueil des
groupes « traditionalistes » au sein de nos diocèses
Nous avons voulu
faire le point sur l’accueil et la place des groupes « traditionalistes » dans
nos diocèses. Dans son motu proprio Ecclesia Dei adflicta de 1988, le pape
Jean-Paul II demandait aux évêques de répondre « largement et généreusement »
aux demandes de fidèles et de groupes de fidèles souhaitant une célébration de
la messe selon le missel de 1962, appelée plus communément « messe de saint Pie
V ». Or, depuis plus de 15 ans, la situation a beaucoup évolué. Des demandes
nouvelles sont apparues, des sociétés de prêtres nouvelles se sont présentées
pour se mettre au service de ces groupes, des jeunes sont entrés dans leurs
séminaires, des écoles privées prises en charge directement par des parents se
sont créées. Chaque évêque a du faire face pastoralement à cette situation en
constante évolution. Notre échange a montré que beaucoup portaient la
préoccupation de bien articuler l’accueil de la diversité avec la sauvegarde de
l’unité de l’Eglise diocésaine : comment reconnaître la place dans l’Eglise
d’une diversité de sensibilités liturgiques et d’animations ecclésiales, sans
pour autant contribuer à faire naître des Eglises parallèles qui n’auraient pas
de liens entre elles ? Nous sentons qu’il y a là un enjeu ecclésiologique et
pastoral important. Nous sommes prêts, comme évêques, à nous engager dans ce
vrai travail de communion. C’est pourquoi
la mise en place d’une structure juridique qui risquerait de distendre les
liens de ces fidèles avec leur pleine appartenance à leur Eglise diocésaine ne
nous paraît pas opportune.
Nous avons émis le
désir de poursuivre notre réflexion et de chercher quel pourrait être, au
niveau de notre Conférence, le cadre général et les points de recommandation
qu’il serait bon de retenir pour cet accueil des groupes traditionalistes.
Pour donner une suite
à cette réflexion, le Conseil permanent a demandé à un petit groupe de travail
de présenter à notre Assemblée du mois de novembre un texte sur cette question.
La question des
relations avec la Fraternité Saint Pie X mérite un traitement particulier. Nous
savons que le pape Benoît XVI en porte le souci. Dans les semaines ou les mois
qui viennent, il devrait donner des directives pour faciliter le chemin vers un
retour possible à une pleine communion. Nous les accueillerons dans la foi et
les mettrons en œuvre fidèlement. Evangéliquement, tout doit être fait pour que
se réalise la parole du Seigneur : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es
en moi et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde
croie que tu m’as envoyé » (Jn 17, 21).
Cette communion doit
être recherchée dans la charité et la vérité. La charité implique qu’on cherche
à se connaître, à se comprendre, à faire disparaître les images fausses que
l’on peut avoir les uns des autres. Elle implique également l’abandon de toute
polémique systématique et de toute volonté de confrontation sur le terrain. La
vérité implique qu’on soit au clair sur nos points de dissension. Ceux-ci
portent moins d’ailleurs sur les questions de liturgie que sur celle de
l’accueil du magistère, tout particulièrement de celui du concile Vatican II et
des papes de ces dernières décennies. La communion peut s’accompagner de
questions, de demandes de précision ou d’approfondissement. Elle ne saurait
tolérer un refus systématique du Concile, une critique de son enseignement et
un dénigrement de la réforme liturgique que le Concile a décrétée.
Certes, des abus ont
pu voir le jour dans les années qui ont suivi le Concile ; certains ont pu se
réclamer d’un « esprit du Concile » qui n’avait pas grand chose à voir avec
lui, comme l’a souligné le pape Benoît XVI dans son discours à
+ Jean-Pierre
Cardinal RICARD
Archevêque de
Bordeaux
Président de