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Un regard sur le monde

politique et religieux

 

au 16 janvier 2009

 

N° 199

 

Par Monsieur l’abbé Paul Aulagnier

 

 

Les mensonges de la presse

 

 

Dans le dernier « Sedcontra » de janvier 2009 d’Hugues Keraly, Emmanuel Rattier donne cette excellente analyse sur la presse et ses mensonges. C’est à lire.

 

 

Les trois degrés du mensonge journalistique

 

 

La grande presse – quels qu’en soient les supports – nous fait vivre dans un mensonge quasi permanent, et ceci même quand elle tombe, matériellement, sur quelque vérité. Elle nous ment, je m’empresse de le dire, sans intention explicite de tromper, du moins la plupart du temps. Car il ne s’agit pas d’abord dans son cas d’un complot.

 

La grande presse nous ment sereinement, machinalement, institutionnellement, comme on respire, c’est-à-dire pour des raisons ordinairement indépendantes de sa volonté : économiques, sociologiques, professionnelles. Elle nous ment, donc, à presque tous les moments et niveaux de son activité : objectivement, par omission, par sélection et par exagération ou minimisation systématiques des faits ; subjectivement, dans le choix habituel des sujets, la présentation générale des messages et l’inévitable avalanche des commentaires.

 

Elle nous ment enfin, et plus encore, sur la réalité de sa propre déontologie : son parti pris illusoire de “neutralité”, ses prétendues vertus “d’objectivité” et “d’impartialité”… Car l’information publique, comme l’enseignement du même nom, ni par sa matière – les faits et nouvelles à transmettre au public – ni par sa forme – la mise en mots ou en images –, ne s’accommode dans la pratique d’aucune neutralité.

 

Voici pourquoi. Le mensonge journalistique, en tant qu’il est plus souvent une abstraction ou une sollicitation de l’événement qu’un rejet pur et simple de la réalité, procède normalement par degrés, c’est-à-dire par modes successifs de distorsion, dont nous envisagerons ici les trois principaux. Aucun d’entre eux, cependant, ne doit être qualifié de souverain – le cumul des trois manières étant possible et même souhaitable dans les pratiques “informatives” les plus utilisées. Il y a là en effet une alchimie assez subtile, qui n’est pas à la portée du premier venu.

 

 

 

Premier degré : l’omission falsificatrice

 

 

Le premier mode, ou degré, consiste à falsifier au point de départ l’information elle-même, ou à en dissimuler quelque chose d’important, tout en laissant croire qu’on a fait le tour de la question. C’est le mensonge direct, à part entière ; le moins commode, en un sens, à mener sans faille jusqu’à son terme, mais aussi le plus difficile à récuser, puisqu’il suppose qu’on soit pratiquement le seul à disposer des sources nécessaires ou – ce qui revient au même – à pouvoir diriger l’information sur le grand public.

 

Exemple, dans l’ordre de la falsification intégrale, opérée au point de départ du circuit informant : à l’époque où Amnesty International luttait de toutes ses forces contre les régimes militaires qui avaient vaincu le terrorisme (et derrière lui le communisme) en Amérique latine, la presse française avait fait largement écho au cas de onze personnes “disparues” le même jour à Santiago du Chili, victimes de la police politique du régime au motif de leur simple “délit d’opinion”… Comme il y avait les noms, les dates, les lieux, j’ai pu enquêter moi-même à Santiago sur ces cas précis, et revenir avec les circonstances exactes de leur “disparition”. Le correspondant local d’Amnesty avait “omis” de dire ce que tous les Chiliens savaient : il s’agissait d’un réseau démantelé de type Action Directe, avec trois morts dans l’assaut donné par la police, et huit prisonniers dont j’ai rapporté les interviews en France… sans le moindre succès auprès de mes confrères journalistes !

 

 

 

 

Deuxième degré : la sélection orientée

 

 

Le second degré du mensonge journalistique surpasse le premier en importance, tant quantitative que qualitative, et il faudra bien en dénoncer un jour, par le menu, l’extraordinaire nocivité sociale. C’est le mensonge indirect – ou mensonge, non par omission plus ou moins volontaire, mais par élection systématique orientée : par accumulation de choix successifs et partiels. Cette pratique en effet ne devient mensonge qu’au terme d’un nombre suffisant de répétitions ; autrement dit, à condition d’en faire un usage constant, cohérent et assuré. Il ne consiste pas tant à falsifier la nature des événements eux-mêmes, qu’à choisir entre tous ceux qu’il conviendra de mentionner (ou au contraire de sacrifier) par priorité, en quels termes, en quelle page, et jusqu’à quel point. Le plus souvent. on se contentera donc ici de créer, à l’occasion d’un événement déterminé et indiscutable, une information qui dépasse (ou au contraire n’exprime pas) la portée réelle de cet événement.

 

Mais en réalité c’est déjà beaucoup, car de telles pratiques, érigées en piliers du système informant, entraînent des conséquences qui n’affectent pas seulement l’objectivité de l’information : elles suscitent, multiplient, propagent les conditions psychologiques et sociales favorables à la réapparition de ces événements retenus parmi tous les autres comme dignes de faire la “une” de l’actualité. – Phénomène que nous expérimentons chaque jour, en ouvrant le journal ou en captant les informations de notre récepteur. Je défie bien quiconque aujourd’hui de discerner sans équivoque, dans tel procès à sensation, telle manifestation syndicale, telle campagne politique, où finit concrètement la réalité, la situation bel et bien vécue sur le terrain par ses protagonistes, et où commence l’orchestration de la presse, l’événement journalistique, radiophonique ou télévisé : quel aura été “l’impact” du premier sur le second, et réciproquement ; ou, si l’on veut considérer les choses de plus haut, quelle a été l’influence des mythes et des phobies de l’intelligentsia contemporaine dans la formation du “prisme”, des préjugés monolithiques de la presse – et les répercussions de cette mentalité elle-même sur le corps social tout entier : sur les mœurs, sur les modes, sur le langage ; sur la violence, les rapts, la criminalité ; la vie des entreprises, les réformes “sociales”, les revendications lycéennes, paysannes ou syndicales…

 

Exemple. – En 2007 (dernière année connue), il y a eu en France 144 profanations de cimetières. 90% d’entre elles (130 cas) ont ravagé et souvent couvert de symboles démoniaques des sépultures chrétiennes. La presse nationale a focalisé tous ses articles importants, avec enquêtes locales et photographies, sur les 10% de cimetières juifs et musulmans également saccagés (14 cas), entraînant la Justice et les politiques à se mobiliser d’urgence sur le terrain de la lutte contre “l’antisémitisme” et “l’islamophobie”. De bonne foi, le Français moyen ne sait pas que le démon de l’antichristianisme est dix fois plus virulent en France que tous les autres sentiments racistes ou anti-religieux.

 

 

 

Troisième degré : l’habitus

 

 

Le troisième degré enfin du mensonge journalistique se présente comme la répercussion en quelque sorte inévitable d’une longue pratique des deux premiers modes, à la fois sur la mentalité du public et sur celle de la profession : quand le lecteur ou l’auditeur n’imagine même plus qu’un certain journalisme le fait vivre dans le mensonge d’un univers où l’on ne sait plus ce qui est réel, spontané, et ce qui relève des conditionnements ou des imaginations ; et quand le journaliste lui-même ne peut plus se souvenir qu’il porte la responsabilité, du moins instrumentale, de cette quotidienne mystification… Car le mensonge semble avoir atteint chez certains professionnels de l’information déformante le pouvoir désormais coercitif d’une seconde nature : d’une nouvelle manière permanente d’être et de penser. Non plus, en somme, d’une simple habitude vicieuse, mais d’un véritable habitus hautement spécialisé. L’instinct, que d’autres appelleront le “flair”, ou le “nez”, prend alors la place de la raison, du sens critique et de la volonté. C’est lui qui permet au rédacteur ou à l’agence de presse de reconnaître infailliblement, en fonction des sentiments de sympathie ou de répulsion en cours dans la profession :

 

1. – l’événement qu’il ne faut jamais voir, ou avec quelle réserve, afin de diminuer le risque de le revoir ;

 

2. – celui qu’il peut voir quelquefois, lorsque les circonstances rendent impossible de faire autrement, et la manière de le faire voir au moment opportun ;

 

3. – celui enfin qu’il devra toujours voir, au besoin sans avoir rien vu, et en quels termes, pour augmenter les chances de le revoir bientôt.

 

Exemple typique de la manière dont fonctionne ce prisme informant, la “campagne” pour la libéralisation de l’avortement, qui devait fournir le modèle utilisé depuis 1975 pour toutes les grandes évolutions législatives en matière de mœurs. L’information, ici, n’est plus le reflet, mais bien le creuset où l’événement lui-même vient prendre corps et se développer. “Lorsque trois cent trente médecins s’accusent de pratiquer des avortements, l’écho dure trois semaines à travers les quotidiens, les radios, les “chaînes” de télévision. Lorsque DOUZE MILLE médecins manifestent contre l’avortement, la nouvelle est enterrée en vingt-quatre heures. Et si DOUZE MILLE maires en font autant, les dictateurs des journaux radio-télévisés refusent de se déranger : à l’O.R.T.F., on pratique aussi l’avortement des nouvelles (…). Finalement, la France apparaît à l’analyse en profondeur comme un pays où la majorité ne peut plus faire entendre sa voix.” (L’Homme Nouveau du 17 mars 1974.)

 

La classe au pouvoir dans l’information, tout le monde le sait aujourd’hui, est massivement favorable à l’assassinat “thérapeutique” des enfants génétiquement indésirables (c’est pour demain) ou socialement indésirés (déjà dans la loi). Qu’est-ce donc qui leur prend aujourd’hui, à ces “journalistes”, de se montrer si chatouilleux sur le chapitre de l’impartialité ? N’y ont-ils pas mis tout le paquet, pour faire basculer de leur côté la France, et la loi ?

 

Voilà pourquoi il reste hors de question, pour le non-initié, d’accéder d’un seul coup, en fonction des nécessités de l’heure présente, à la maîtrise d’une rhétorique qui requiert l’expérience répétée d’un savant appareil de procédures logiques (la “logique” du mensonge), et jusqu’à l’acquisition de tout un complexe d’attitudes mentales… Même et surtout si ce non-initié est un personnage public.

 

Car le mensonge journalistique s’avance masqué sous son auréole de (pseudo) objectivité et d’anonymat (apparent) : celle dont seul bénéficie aux yeux du grand public le professionnel qui fait semblant de s’effacer, “parce-qu’il-vous-informe-avant-tout”. On n’est jamais mieux trahi que par les siens.

 

 

 

De la matière à la forme : l’impossible “neutralité”

 

 

Supposons maintenant, simple hypothèse, des informateurs d’une conscience et d’une vertu irréprochables. Accordons-leur (idéalement) l’innocence du regard, et la pureté des intentions, assorties d’une irréductible indifférence à l’égard de toutes les modes ou idéologies en cours. Comment ces journalistes vont-ils faire leur métier, c’est-à-dire transmettre des informations au public, s’ils veulent continuer d’appartenir à la “grande” presse ? Et d’abord, professionnellement, qu’est-ce cela, informer ? Pour partir du plus simple, toute information de presse se présente comme un ensemble de signes, sonores ou visuels, destinés à véhiculer une nouvelle dans les meilleures conditions d’intelligibilité ; autrement dit, l’information est l’acte par lequel le journaliste “donne forme” au contenu de cette nouvelle dans l’esprit du public. Le mot même dit la chose : in-formare. Dans le contexte des diffusions de “masse”, l’information consistera donc à modeler les faits bruts de l’actualité dans une forme qui les rendent compréhensibles, appétissants et digestes pour le plus grand nombre. Et il va falloir choisir, présenter, commenter toute chose en fonction de cet impératif fondamental, pour une entreprise de presse : être écouté (ou vendu) dans le grand public.

 

Mais, lorsqu’il s’agit de se partager un marché aussi vaste, aussi mobile, aussi peu motivé, “informer son public” c’est, équivalemment, chercher à l’influencer. Aucun homme d’affaires n’oserait le nier. La grande presse, qui tire 60 à 90 % de ses ressources de contrats de publicité établis sur la base des diffusions contrôlées par un organisme ad hoc, n’échappe pas aux lois du marketing et de la concurrence. Cette circonstance nous force à distinguer avec soin, dans chaque information, la matière fournie aux agences de presse, et la forme, presque toujours sensationnelle ou orientée, qui lui est donnée par le rédacteur, afin de répondre à l’attente supposée de son public, ou de la susciter.

 

Par conséquent, même en deçà de toute considération politique, l’information ne saurait passer pour un acte “neutre”. Elle reste une entreprise publicitaire au sens propre du terme ; c’est-à-dire qu’elle s’inspire d’un ensemble de critères établis par l’étude ou l’expérience de la “cible” visée, et lui fabrique des produits sur mesure, qui font toute l’équivoque, tout le paradoxe du mythe de l’information “o-b-jec-tive”. Dans la presse à grand tirage, et a fortiori dans l’audiovisuel, la seule “objectivité” inébranlable est celle de son audience, de son assise commerciale, et elle doit être prête à lui sacrifier tout le reste. Qu’on réfléchisse seulement aux qualités très particulières que doit revêtir une “nouvelle”, quel que soit son sujet, pour devenir matière à information démocratique…

 

 

 

Premier paradoxe : la nouveauté à tout prix

 

 

Premièrement, ce n’est pas une tautologie, l’information doit être nouvelle, ou du moins le paraître. “AUJOURD’HUI, RIEN DE NOUVEAU” ne fera jamais manchette, sur un grand quotidien. Et si néanmoins, ce jour-là, c’était l’information principale, la vérité crue de l’événement ? Tout ne peut pas être inédit chaque matin, ou sinistre, hyper-crapuleux, dément, pathologique. Pourtant, neuf fois sur dix, c’est bien cela – la catastrophe toute chaude, le jamais vu, la prophétie d’Apocalypse – qui fait la “bonne” information. Comme écrit Jean Madiran : “Un journal a besoin de titrer sur le thème Tout est changé, ou : Tout est nouveau. Cette simple nécessité technique est la racine du caractère fondamentalement subversif de ce qu’on appelle “l’information”. Elle ne fonctionne avec quelque réalité psychologique et quelque efficacité commerciale qu’en fonctionnant dans le sens du changement, de la mutation permanente, du cinéma universel, de la Révolution. Ce qui est solide, ce qui est stable, ce qui demeure n’est pas matière à information.” (« Après la Révolution de mai 1968 », revue Itinéraires, juin 1968).

 

 

 

Deuxième paradoxe : la réponse à une attente (fabriquée)

 

 

La nouvelle, “reflet” théorique de l’actualité, doit aussi répondre à l’attente supposée du public, tenir compte de la subjectivité de ses désirs ou de ses répulsions, sous peine de n’être pas reçue. Que cette attente soit elle-même le fruit des actions informantes ne change rien à l’impasse, mais tendrait plutôt à la resserrer : un journal, une radio ne peut communiquer efficacement à son public une autre actualité, ou d’autres certitudes, que celles dont le terrain aura déjà été préparé. Il importe, en effet, de fournir le client avec la marchandise qui retient habituellement son attention. Et, en cas de rupture de stock, on n’hésitera pas à falsifier les étiquettes (en l’occurrence, les gros titres…). Il suffit de puiser ici dans la ressource généralisatrice des articles indéfinis : “Les services publics d’urgence en accusation”, “Les banlieues s’enflamment”, “Les lycéens sont dans la rue”…

 

 

 

Troisième paradoxe : la fascination du “chiffré”

 

 

Toute nouvelle destinée au grand public doit rester brève, et s’exprimer dans son langage. Elle ne peut véhiculer que des données brutes, claires, précises, jusque dans les domaines où celles-ci n’existent pas, sinon par abus de langage et artifice de présentation. C’est cet impératif de schématisation qui fait le triomphe de la statistique et du sondage en matière démographique, économique, et même politique. M. Dupont ignore tout de la manière dont l’informateur lui fabrique ces chiffres, mais il n’est jamais aussi content que devant un tableau avec des pourcentages… Les chiffres ont sur lui d’étranges pouvoirs. Plus ils excèdent les capacités du calcul individuel, plus il leur prête “d’objectivité”. Au-delà d’un certain ordre de grandeur, les statistiques s’imposent si fort à son imagination, comme le produit d’appareils mathématiques hautement élaborés, qu’il perd devant eux toute faculté critique : le chiffre, quoi qu’il lui dise, passe pour l’expression la plus “scientifique” du fait.

 

Plus que toute autre, la prévision démographique bénéficie de ce préjugé. Ses prophéties systématiquement alarmistes sont reçues sur parole, sans aucun examen préalable des hypothèses. Pourtant, chaque fois qu’il nous est donné de comparer l’évolution effective d’une population aux prévisions d’hier, quelles distances ! L’ordinateur paraît aussi incapable de dessiner l’avenir démographique de nos sociétés qu’il reste efficace dans l’exploration quantitative du présent – à condition toutefois de n’y totaliser que des valeurs égales : naissances, mariages, décès, accidents de la route, bulletins électoraux, etc.

 

En elle-même, l’information chiffrée reste une abstraction du réel, sans autre certitude que celle du terrain d’origine, du “champ d’observation” dont on l’a tirée. Or, par le choix de la base ou de l’échantillon statistique, choix déterminant mais qu’on se gardera bien de nous préciser, et dans la présentation des résultats eux-mêmes, il est facile de faire dire aux chiffres à peu près n’importe quoi.

 

 

 

Un pouvoir discrétionnaire et moralisateur quasiment surhumain

 

 

Il serait vain de vouloir conclure, sur ce “prisme” mensonger de l’information qui semble se confondre avec l’histoire contemporaine de l’Occident chrétien. Une entreprise de cette sorte exigerait deux mille pages, et sans doute encore quelques années d’observation. Par le choix des sujets traités, ou maltraités, la présentation inévitablement polémique des messages, et les pratiques insidieuses du commentaire noyé dans l’exposé des faits, l’information est devenue le plus puissant moyen de propagande du siècle. D’une propagande malhonnête dès le départ, parce qu’elle ne dit pas son nom. Nous n’y changerons rien, sans doute, en la dénonçant. Mais c’est notre droit de la refuser.

 

“Un journal informe honnêtement, écrivait Louis Salleron, quels que soient les idées ou les intérêts qu’il défend, quand l’observateur neutre qui le lit y reconnaît des tendances, mais n’y découvre pas de faits faux.” Nous croyons avoir montré que cette distinction des tendances et des faits, possible et sans doute nécessaire au niveau de l’analyse des textes, reste impraticable pour le plus grand nombre dans sa sur-consommation quotidienne des messages informants. En matière de presse, le fait objectif, brut, n’existe pas : sous sa forme la plus simple, toute nouvelle destinée au grand public est encore le produit conjugué d’une sélection, d’un vocabulaire et d’une orientation, eux-mêmes fonction d’une certaine philosophie de l’homme, axée vers une modification collective des comportements.

 

La presse se trouve ainsi investie par sa fonction même d’un pouvoir discrétionnaire et moralisateur quasiment surhumain. Si bien que la religion dominante véhiculée par les médias tend à devenir en effet celle du groupe tout entier, avec d’énormes moyens de pression psychologique et sociale pour disqualifier ses opposants.

 

                                                         ©Emmanuel Barbier/Sedcontra.fr, janvier 2009