ITEM
42, Avenue
de
Port. 06 80 71 71 01 ; e-mail : abbe_aulagnier@hotmail.com. Site : http://item.snoozland.com
Un
regard sur le monde politique et
religieux
Au 18 mai
2005
N°43
Le Testament
Comme indiqué dans
« Regard sur le monde » de la semaine dernière, je poursuis mon analyse critique de la pensée de
Jean-Paul II sur la « philosophie de Lumières ». Je vous redonne sa
pensée largement exprimée dans son chapitre 18 et tout particulièrement dans
cette phrase:
« Les Lumières
européennes n’ont pas seulement produit les atrocités de
Voilà un jugement d’une
importance formidable.
Nous l’avons démontré clairement en nous inspirant de la critique que, déjà en 1793, le Père de Clorivière faisait
d’une manière générale de la « Déclaration des droits de l’homme »de
1789. Nous avons vu combien grande est la différence. Oui ! Des épître de
Saint Paul, où l’on trouve cette trilogie, à la « Déclaration des droits
de l’homme », il y a un monde. L’esprit en est radicalement différent.
Je voudrais le montrer cette
semaine d’une manière plus spécifique en m’attachant essentiellement à la
notion de « liberté ».
La « liberté
révolutionnaire » est radicalement
différente de la liberté invoquée par Saint Paul, par Saint Thomas, par
l’Eglise.
L’étude de Jean-Marie
Vaissière sur la notion de liberté dans son livre « Les fondements de la
cité » nous permettra de le bien comprendre Ce sera l’objet de ce « Regard sur le Monde ».
Nous n’omettrons pas, non
plus, de citer Mgr Freppel et son étude sur la « Révolution
Française », publiée à l’occasion du centenaire de 1789. Un chapitre sur la
« Révolution et la liberté » est fort intéressant.
Mais commençons, aujourd’hui,
par montrer que
Rien ne me paraît plus faux
que ce jugement. Pour la bonne et simple raison, encore une fois, que les « Lumières » ont un principe fondamental : le
« rationalisme athée » qui est contradictoire à
Commençons par le lire. Nous
nous concentrerons ensuite sur la notion de liberté. l
« La révolution
française et le christianisme ».
de Mgr Freppel.
«
Il ne serait même pas exact
de vouloir réduire à une attaque
fondamentale contre l’Eglise catholique
l’œuvre commencée par
Non, ce n’est pas
seulement l’Eglise catholique , sa
hiérarchie et ses institutions, que
Lisez la « Déclaration
des droits de l’homme » soit de 89, soit de 93, voyez quelle idée l’on se
forme, à ce moment là, des pouvoirs publics, de la famille, du mariage, de
l’enseignement, de la justice et des lois : à lire tous ces documents, à
voir toutes ces institutions nouvelles, on dirait que pour cette nation
chrétienne depuis quatorze siècles, le christianisme n’a jamais existé et qu’il
n’y a pas lieu d’en tenir le moindre compte. Attributions du clergé en tant
que corps politique, privilèges à
restreindre ou à supprimer, tout cela est d’intérêt secondaire. C’est le règne social de Jésus-Christ qu’il s’agit
de détruire et d’effacer jusqu’au moindre vestige.
Or qu’est-ce que cela,
sinon le rationalisme appliqué à l’ordre social, rationalisme déiste ou athée ? Car, depuis son origine jusqu’au nos jours,
C’est en présence de l’Etre
suprême que les constituants de 1789 font leur déclaration de principes. Fort
bien ! mais cette mention de Dieu en tête de leur profession de foi
est-elle autre chose qu’un hors d’œuvre ? A-t-elle la moindre influence
sur l’ensemble de leurs doctrines politiques et sociales ? Est-ce en
Dieu qu’ils cherchent le principe et la source de l’autorité ?
Nullement : c’est dans l’homme, et dans l’homme seul. La loi est-elle pour
eux l’expression de la raison et de la volonté divines déterminant et ordonnant
ce qu’il faut faire et ce que l’on doit éviter ? Pas le moins du monde .
La loi est pour eux l’expression de la volonté générale, d’une collectivité
d’hommes qui décident en dernier ressort et sans recours possible à aucune autre autorité, de ce qui est juste
ou injuste. Existe-t-il, à leurs yeux, des vérités souveraines, des droits
antérieurs et supérieurs à toute convention positives, de telle sorte que tout
ce qui se ferait à l’encontre serait nul de plein droit et non avenu ? Ils n’ont même pas l’air
de soupçonner l’existence de ce
principe en dehors duquel tout est
livré à l’arbitraire et au caprice d’une majorité. Si le peuple est
souverain, y a-t-il au moins des limites à cette souveraineté dans des lois que
Dieu, législateur suprême, impose à la société ? Pas un mot indiquant
qu’une déclaration des droits de l’homme implique nécessairement une
déclaration corrélative de ses devoirs. Dans le système philosophique des constituants de 1789, qui
est la vraie doctrine de
Il ne s’agira donc plus
seulement pour
Car, on voudra bien le
remarquer, ce n’est pas dans les excès ni dans les crimes de 1793 que nous
cherchons le caractère doctrinal de
Sous l’excitation d’un
demi-siècle de diatribes furieuses et de calomnies atroces, on vit surgir en France une bande de scélérats tels qu’il
ne s’en était jamais vu sur la scène du monde. Auprès des forcenés dont je ne
veux même pas citer les noms , les Césars païens les plus cruels pouvaient
passer pour des hommes modérés ; et c’est avec raison que Macaulay a pu appeler ces massacres à froid
« le plus horrible événement que
raconte l’histoire ». Tant il est vrai que l’idée de Dieu une fois
disparue, il fait nuit dans l’âme humaine, et qu’on peut y prendre au hasard le
vice pour la vertu, et le crime pour la légalité ! Mais laissons là ces pages sanglantes pour
aller au fond des doctrines. Ce n’est pas en 1973, mais bien en 1789 que
Cette démonstration nous
montre combien peut être faux le jugement de Jean-paul II sur l’esprit de
Lumières tel qu’il l’exprime dans les premières lignes du chapitre 18 de son « Mémoire et Identité ».
De Jean- Marie Vaissière.
Dans « Fondements de
La liberté des libéraux et
anarchistes
« Contrairement à ce que
pense le grand nombre, l’erreur du libéralisme n’est point tant dans sa
méconnaissance, son rejet de l’autorité.
C’est parce que les libéraux, les libertaires se trompent d’abord sur le
« concept de liberté », sur cette liberté dont ils se disent et se croient les
théoriciens et les apôtres, que
libertaires et libéraux commencent par avoir tort. Et c’est parce qu’ils
commencent par avoir tort sur la liberté qu’ils sont amenés à se tromper non
moins lourdement sur l’autorité.
Ainsi le veut l’ordre des
choses.
Car il est dans l’ordre des
choses, dans les exigences les plus impérieuses de l’ordre humain, que le
problème de notre liberté soit résolu
avant tout autre.
L’homme est-il libre ou ne
l’est-il pas ?
Selon la réponse à cette
question, toutes les perspectives humaines peuvent changer. C’est la définition
de l’homme « animal raisonnable » qui est en jeu et, avec elle, toute
la morale, et, derrière la morale, toutes nos conceptions politiques, toutes
nos idées sur le bien public.
Si l’homme est libre, en
effet, et, si, vraiment, la liberté est une chose dont la privation détruit son
intégrité d’homme pour ne laisser subsister qu’une abjecte bestialité, on devra
tenir compte de cette liberté. L’autorité qui aura à s’exercer sur des êtres
humains ne pourra, ne devra pas être la même que celle de la fermière gardant
ses vaches ou le maquignon ses chevaux.
En clair, cet homme libre, on
ne pourra pas en disposer. On n’aura pas le droit de le manœuvrer comme on
déplace un fruit ou une pierre, comme on utilise une charrue ou un robot.
On voit, dès lors, combien le
problème de la liberté est fondamental.
Toute erreur en cet
endroit conduit à une fausse conception de l’ordre humain. Et c’est bien parce
que
Et puisqu’on ne peut
tourner, puisqu’on ne peut éviter ce problème de la liberté, il faut
s’appliquer à distinguer la vraie liberté
de la fausse, la vraie liberté de la liberté révolutionnaire.
Dans le trinôme maçonnique
« Liberté, Egalité, Fraternité , les catholiques pourraient abandonner, en
effet, sans trop de mal l’usage des deux derniers termes….
Le terme irremplaçable,
par contre - celui qu’on ne peut abandonner à
Dès lors, il n’y a pas deux
solutions. Ce mot de « lier té » dont l’ennemi a fait son mensonge
de base, il faut le reprendre. Il faut le ramener à son sens véritable. Il
faut l’arracher aux griffes des révolutionnaires, en démasquant, d’abord,
l’inconsistance, l’absurdité de l’idée qu’ils s’en font.
Refus libéral de tout
déterminisme : « Moi seul ».
Liberté essentiellement
conçue comme un rejet, un refus de tout ce qui peut, de l’extérieur, ordonner
l’action de l’homme…De tout ce qui
étant « autre » que lui risque
de s’imposer ou d’agir dans la détermination de son comportement.
Selon cette théorie, je ne
suis libre que dans la mesure où je puis faire « ce qui me plaît »,
le mot étant pris ici dans son sens le plus voisin de « caprice ».
Conception essentiellement
négative ; conception « nihiliste », au sens plein du terme.
Conception fausse, qui, dans
son principe, est aussi libérale que libertaire ou anarchiste, aucune
différence essentielle n’existant entre les deux, leur distinction étant
seulement d’ordre quantitatif. Simple question de degré dans le développement
d’une notion fondamentale commune.
Ainsi le libéral cossu, type
Louis-Philippe, admet sans peine que la liberté s’arrête où commence la liberté
d’autrui, et que l’éducation, les institutions, une certaine contrainte social,
ne la menacent pas sérieusement.
Libertaires et anarchistes,
au contraire, jugent inadmissibles et odieuses ces pressions, ces influences,
ces contraintes, plus ou moins subtiles, de l’éducation, des institutions, du
climat social. Autant de forces qui, à les croire ( et qui pourrait dire qu’ils
ne sont pas dans la logique du système ?), autant de forces qui
menacent ou détruisent cette exclusive disposition de soi qu’ils nomment
liberté.
Sus, donc, à l’ordre
social ! Sus au cadre modeleur et « influence », si l’on peut
dire, des institutions ! Sus à tout ordre objectif, tout ordre non
spécifiquement issu de soi ! Sus à toute autorité !
Sus à ce qu’on appelle
préjugés, routines, le « qu’en dira-t-on », l’esprit
bourgeois !Sus à toute morale !
Sus à toute supériorité,
toute domination, fut-ce celle de la gloire. Car la gloire, la renommée,
agissent comme une invitation tentatrice à ordonner nos actes, selon une
hiérarchie de valeurs exaltées par d’autres que nous et qui, par conséquent, tendent à s’imposer à nous !
Autant dire, sus à
tout…sauf à soi-même !
Et encore !
Sus à cette partie de
nous-même qui est fort logiquement considérée par l’anarchie comme n’étant pas
pleinement nous-même, dans la mesure où elle est un reflet et comme la présence en nous de l’ordre
universel ! Nous voulons parler de la raison, de l’intelligence, qui sont
en nous la voix de l’ordre naturel et divin.
Conception libertaire de la
liberté : conception romantique.
Pour l’une comme pour
l’autre, la raison et l’intelligence ont un caractère trop objectif, trop
distinct du « sujet », trop universel. Elles tendent trop à nous
arracher à nous-mêmes, pour n’être point
suspectes au regard de ceux pour lesquels liberté signifie refus de toute
influence extérieur à soi.
Sus donc à la raison et à
l’intelligence qui tendent à nous diriger selon des normes non issues de
« nous-mêmes », en ce que ce
« nous-même » a de plus fermé, de plus farouchement replié !
Sus autrement dit, à tout ce
qui ne nous est pas exclusivement propre…
Pratiquement sus à tout ce
qui n’est point élan brut de nos sens, obscur mouvement de nos passions !
Critique : Absurdité
radicale du libéralisme : animalité.
Voici l’abîme !
De quelque nom que le
romantisme décore une aussi pitoyable fin, il est clair que nous sommes ici aux
confins de l’animalité.
Et cela n’est pas seulement
la conclusion, logique, certes, d’un raisonnement dont on pourrait quand même
se demander s’il n’a jamais conduit un libéral authentique à pareille
extrémité. Cette référence à l’animal, comme modèle de liberté, on la trouve
explicitement formulée en mains passages d’auteurs révolutionnaires.
Soit quelques lignes de
Voltaire, extraites de ses « Recherches sur le droit de propriété et sur
le vol » : « les animaux , y lisons-nous, ont, naturellement,
au-dessous de nous, l’avantage de l’indépendance …Dans cet état naturel dont
jouissent les quadrupèdes non domptés, les oiseaux et le reptiles , l’homme
serait aussi heureux qu’eux ».
Idéal d’un bipède
indompté ! Voilà un sommet de la perfection que le catholicisme n’a pas su
entrevoir ! Accordons à
« Parmi les animaux, il
n’y a ni rois, ni sujets, lit-on encore dans une feuille maçonnique ; tous
se gouvernent eux-mêmes dans la pleine possession de leur liberté ».
Oui, tel est bien ce que l’on
doit enseigner dès qu’on admet la conception libérale ou libertaire de la
liberté. Mais conception dont il faut dire qu’elle mène droit à l’absurde, au
sens strict du mot (lequel signifie : contradiction).
Absurde, disons-nous, parce
qu’il est, en effet, contradictoire que le développement logique d’une notion
aussi spécifiquement humaine que la notion de liberté mène droit à quelque
chose de non-humain et de spécification animal.
Négation de la liberté
Cette conception est absurde.
Elle l’est tellement qu’il
s’en trouve bien peu qui n’aient pas songé à mettre en doute l’existence d’une
pareille liberté. Le danger tient à ce que, prenant cette fausse liberté pour la
liberté véritable, certains se persuadent que l’homme n’est point libre du tout.
Que refusent-ils d’admettre,
en effet, sinon cette prétention d’indépendance et d’indétermination
quasi-absolues qui est au fond du concept révolutionnaire de liberté ?
D’où la force incontestable
de ces arguments au regard de ceux qui ignorent qu’il est deux conceptions de
la liberté : une fausse et une vraie, la conception libérale et la
conception catholique. Le tout est de ne pas confondre. Et n’est-il point navrant
de voir les nôtres si souvent troublés
par des objections qui n’ont valeur et sens qu’à l’endroit du
libéralisme ; le concept catholique de liberté se trouvant rigoureusement
hors d’atteinte ?
Ce serait pourtant l’occasion
de lancer le fameux « Suave mari magno ». Qu’avons-nous à craindre, en effet, et
comment se peut-il que nous n’ayons point l’humeur de trouver suave ( si l’on
veut nous passer cette traduction un libre du célèbre vers de Lucrèce)… oui,
suave d’avoir le pieds au sec pendant que l’ennemi est dans le lac ? Car
telle est bien la situation en pareille aventure. Qu’avons-nous à voir dans ces
conflits où rien n’est engagé de ce qui est nôtre ?
Si la liberté est, comme
l’implique la notion libertaire, la faculté d’agir sans détermination extérieure,
pourquoi nous étonnerions-nous qu’on la dise illusoire, puisque c’est
l’évidence même qui le crie ? Autrement dit, si l’on admet qu’une action
n’est plus libre dès qu’on y est poussé par une raison quelconque, il devient
clair comme la lumière du jour que l’homme n’est point libre du tout.
Il n’est pas libre de boire,
parce que, s’il boit, c’est qu’il est poussé par la soif, l’amour du vin ;
l’amicale insistance de qui lui offre l’apéritif
Il n’est pas libre de choisir
un métier, parce que, s’il en choisit un, c’est qu’il y est conduit par son
éducation, les circonstances, des motifs d’intérêt, d’agrément ou de commodité.
Il n’est pas libre de sauter
d’un train en marche, parce que l’instinct de conservation l’empêche de
chercher à se rompre le cou, à moins qu’étant serré de près par quelque fou
furieux, ce même instinct de conservation ne le pousse à enjamber la portière
pour échapper au poignard dont on le menace. Mais, dans l’un ou l’autre cas,
point de liberté, une raison plus forte le déterminant soit à sauter, soit à ne
pas sauter.
Et caetera.
Autant d’arguments dont il
faut convenir qu’ils prouvent la non-liberté de l’homme, si l’on conçoit sa
liberté selon le schème libéral. Aussi les libéraux eux-mêmes arrivent-ils à
douter de cette liberté. La preuve en est qu’ils éprouvent parfois le besoin de
se la manifester d’une façon plus sensible par ce qu’un « gidien »
par exemple, appelle « acte gratuit », c’est-à-dire un acte sans autre raison que celle d’une manifestation
qui, voulant prouver sa liberté, crut péremptoire de s’embarquer pour
l’Indochine pour cette seule raison qu’il n’en
avait aucune de s’y rendre. Du moins le croyait-il, car il avait bien
celle de n’en pas avoir, raison qui, pour l’existentialiste qu’il était, ne
pouvait pas ne pas être la raison
péremptoire, comme la suite l’a prouvé. De telle sorte que ce pauvre garçon, qui voulut payer
si cher la preuve de sa liberté, ne s’est même pas rendu compte du féroce
déterminisme dont il fut victime en s’embarquant.
Voilà jusqu’où peut mener
la sottise de la notion libérale de liberté.
Pauvre madame Roland, qui ne
croyait pas si bien dire en lançant son fameux : « Liberté, que de
crimes se commetten,t en ton nom ».
Certes, ce n’est pas cela, ce n’est pas cette liberté aux conséquences
sanglantes et grotesques que le Seigneur avait en vue en créant l’homme libre.
Non ! là n’est point
cette liberté dont
Non ! là n’est point, là
ne peut pas être ce qu’avec l’Eglise nous devons appeler « la sainte
liberté des enfants de Dieu ».
La vraie liberté des
« enfants de Dieu ».
Liberté des enfants de dieu.
La formule est plus
rigoureuse qu’on ne pense. Elle n’est pas là pour une facilité de transition.
Elle contient tout ce qui
nous reste à dire.
Dans le langage de
l’Ecriture, comme dans celui des peuples anciens, la condition libre par
excellence, à l’opposé de la condition d’esclave, n’est-ce point la condition
filiale ? Etre le fils ou être
libre, observe le cardinal Pie, c’est tout un :
« liber ». Or la condition de fils est aussi une condition
d’obéissance et e subordination…devenir libre, ce n’est donc pas
nécessairement, sortir du rang des esclaves pour passer dans le rang des
rebelles ; c’est être soustrait au joug du maître pour être placé sous la
puissance du père, c’est être transféré du domaine des choses dans le domaine
des personnes, c’est quitter la servitude pour être agrégé à la famille ».
Disons que c’est tout à la
fois le devoir d’être soumis au père autant que l’assurance de régner avec lui.
Don libre de l’âme à
Dieu », « notre père ».
Mais, « liberté des
enfants de Dieu », qu’est-ce à dire encore si ce n’est que Dieu est
père ? « Notre Père »
Et nul n’est plus père que
lui. « Nemo tam pater », enseigne Tertullien.
Or, si Dieu peut être ainsi
déclaré le père par excellence n’est-ce
point parce qu’il est amour ? « Deux caritas est » nous dit
saint Jean (I Jn 4 9)
Tout est là !
Et rien n’existerait sans
cela !
Voici, dans le principe comme
dans la fin, la raison de tout et, donc la raison de notre liberté.
Mais raison qui va nous
apparaître d’une force extraordinaire. Car, si l’amour de Dieu est cause
universelle, en ce qui concerne notre liberté, cette causalité divine va se
faire, si l’on peut dire, plus adorablement délicate, plus ineffablement
tendre, et telle que nous ne pourrions certainement pas la découvrir si
nous avions à parler de ce qu’univers
minéral, végétal ou animal compte de plus exquis ou de plus précieux.
Il y a au chapitre de la
liberté, ce qu’on ne trouve nulle part ailleurs…. : la convenance exacte
de la liberté à l’amour. Autrement dit, l’amour de Dieu, pour se complaire dans
une créature, devait la rendre libre. Car l’amour, en effet, selon le mot de
sainte Thérèse de Lisieux, « ne se payant que par l’amour », il est
clair que l’amour postule la liberté. Parce qu’il n’y a pas, parce qu’il ne
peut pas y avoir d’amour directement contraint.
Pas d’échange d’amour
possible avec des robots.
Donc, pour que son Amour pût
être effectivement payé par de l’amour, Dieu ne pouvait faire autrement que de
créer des êtres libres, des êtres qui ne le paieraient ni avec de l’or, ni avec
de l’argent, mais par le libre élan vers Lui de tout leur être.
« ce qui compte c’est le
don libre de l’âme à Dieu » a fort bien dit le P. de Montcheuil.
Test suprême de
l’amour !
Pour qu’il pût être
réellement payé par de l’amour, il était impossible que Dieu nous contraignît à
l’aimer directement. M. Jean Daujat l’a fort bien dit : « Si Dieu
nous a créés pour se donner entièrement à nous dans un échange d’amour, il a
fallu pour cela qu’il nous crée libres, pour que nous choisissions librement de
l’aimer ». Bien loin, donc, de se présenter à nous dans l’éclat d’une
toute puissance qui ne pourrait que s’imposer, ce Dieu d’amour, tout au
contraire, tendra à s’effacer ; il se fera « Deus absconditus » -Dieu caché », un Dieu qui tient surtout
à ne laisser parler, d’abord, que les merveilles qu’il nous offre dans sa
création, dans sa Rédemption, dans son Eglise…
Il se fera
« mendiant d’amour », comme ces soupirants qui se consument et
ne savent trop comment s’y prendre pour obtenir, dans le charme de sa
spontanéité, la libre réponse d’amour de l’être aimé.
Et c’est un fait que le P.
Romagnan excelle à présenter. Toute la création, observe-t-il, proclame
On sait jusqu’où est allé le
paradoxe adorable… : jusqu’à l’humiliation d’un Dieu s’abaissant et
souffrant . Jusqu’à Sa mort ! Et « mortem autem crucis » s’étonne saint Paul éperdu et « jusqu’à
Sa mort sur la croix ».
Oui ! telle est la force
de notre liberté qu’on a pu voir Dieu s’abaisser devant elle ; mais parce
que telle est la loi de l’amour.
Amour et liberté :
mot-clés de l’ordre humain.
Amour et liberté : les
deux mots clés de l’ordre humain ! Deux mots qui expriment tellement ce
qu’il y a en nous de plus fondamental, de plus divin, qu’il est impossible que
l’homme les entende sans être comme remué dans ses fibres les plus secrètes.
Même quand il en a perdu le sens exact, un certain charme ne laisse pas d’agir, indiquant par là, jusque dans nos
plus sinistres désordres que la loi profonde de notre être est celle de la liberté et de l’amour.
Aussi est-il possible de dire
que tout le bien, tout le bonheur de l’homme, consistent en ce que sa liberté
et, donc, son amour soient vraiment ce qu’ils doivent être. Tout
son malheur, tout le désordre, toute l’immoralité, toute
C’est au nom de la vraie
liberté et du véritable amour que les saints sont devenus et deviennent ce
qu’ils sont. Comme c’est au nom de la liberté, mais de la fausse, au nom de
l’amour, mais de l’amour menteur, que se font toutes les turpitudes
individuelles et sociales.
Telle est
l’alternative : le meilleur ou le pire.
L’amour seule raison
d’être de notre liberté.
La liberté est loi d’amour,
avons-nous dit, parce qu’il n’ a pas, parce que ‘il ne peut pas y avoir d’amour
directement contraint.
Directement contraint.
Tout est là
L’amour ne serait point
l’amour, en effet, s’il ne cherchait à conquérir, à forcer le cœur de l’être
aimé, comme pour le contraindre à aimer à son tour.
Quelque logicien borné pourra
crier au paradoxe.
Pour répondre, il suffit
d’évoquer la formule de tout ceux qui partent à la conquête d’une belle par trop
lointaine au début : « Oh ! je vous aimerai tant, que je saurai
bien vous forcer à m’aimer », Et, à n’en point douter, il s’agit bien,
ici, de se « efforcer » à aimer librement ».
Car, s’il ne peut être
d’amour directement contraint, puisque l’amour veut être payé en amour libre,
il reste que cette contrainte peut s’exercer indirectement.
Pense-t-on qu’en parlant de
« forcer »à aimer », notre amoureux ait songé à quelque
contrainte directe, comme le seraient, par exemple, la menace d’un couteau ou
d’un revolver, voire une bastonnade jusqu’à ce qu’amour s’ensuive ?
Non ! C’est par un
ensemble de causes secondes susceptibles de provoquer l’amour chez celle qu’il
aime que l’amoureux s’efforce de la conquérir. Causes secondes qui peuvent
aller d’un plus grand soin apporté à la toilette, coup de peigne et surcroît de
cosmétique, offrande de bijoux, à l’exquise délicatesse d’innombrables
attentions : corrections apportées, peut-être, à une conduite douteuse jusque-là, parfois même
transformation complète de soi pour se rendre ainsi plus digne d’affection.
Tout est fait, autrement dit,
pour que, devant la généreuse magnificence de cette gerbe de mille biens
offerts au regard de la belle, celle-ci ne puisse rester insensible et sente
vraiment naître au fond de son cœur ce libre élan d’amour qui seul peut être le
prix de l’amour.
Tactique de l’amoureux de
Magali, popularisée par la chanson de Mireille ; tactique de tous les
amoureux de la terre. Mais tactique qui est aussi celle de Dieu.
Lui non plus ne cherche pas,
ne peut pas et ne veut pas chercher à contraindre directement nos cœurs. Mais
quelle folie ce serait de croire qu’IL se désintéresse de nous contraindre à
l’aimer. Il met tout en œuvre, au contraire, pour y parvenir, mais
indirectement.
Dans un jaillissement
d’inépuisable Bonté, Il nous comblera, nous préviendra, pour que, finalement
touché par tant de grâces, notre cœur réponde librement à Son Amour.
Et donc voici que nous
entrevoyons la solution du problème. Elle découle de la double constatation que
nous venons de faire.
La liberté est condition
de l’amour.
Et l’amour seule raison
d’être de notre liberté.
Tout le mystère de l‘homme
est dans le nœud de cette relation.
Qu’un des aspects soit oublié, l’harmonie disparaît.
Nous sommes aux antipodes
du libéralisme et de l’anarchisme libertaire.
Non ! la vraie liberté
ne peut pas être celle qu’ils proposent ! Et cela, parce que la vraie
liberté est condition de l’amour, n’a de sens
qu’en fonction de l’amour, qu’ordonnée
à l’amour…Alors que, tout au contraire, la liberté libérale n’ a rien à voir
avec l’amour, qu’elle en est la négation, puisqu’elle est, par essence, liberté
de l’indifférence à tout ce qui n’est pas soi, liberté qu’aucune affection ne
détermine, liberté qui refuse de se laisser amoureusement contraindre, liberté
qui rien n’émeut et que rien ne doit émouvoir sous peine de n’être plus
réellement liberté.
Liberté libérale ;
liberté non de l’amour, mais liberté du repli égoïste, liberté du « moi
seul » et du « chacun pour soi et par soi ». loi de la jungle
considérée comme principe d’ordre humain.
Telle n’est point la
liberté des enfants de Dieu, seule vraie liberté.
Elle ne peut pas
être…disons plus : il serait insensé qu’elle fût la liberté de faire
n’importe quoi, et comme la permission de ne pas aimer Dieu, puisque c’est tout
au contraire, pour que nous L’aimions et puissions l’aimer réellement
(librement) que Dieu nous a faits libres.
Et non seulement la vraie
liberté ne peut être celle de faire n’importe quoi (puisque c’est pour l’aimer
que Dieu nous faits libres) nazis c’est aussi parce qu’Il nous aime, parce
qu’Il veut réellement notre plus grand bien, parce qu’Il veut pour nous un
bonheur infini, que ce Dieu ne pouvait vouloir que la liberté pût être liberté
de s’engager en des voies dont Il ne serait pas le terme.
Si Dieu nous a faits libres,
au sens libéral du mot, c’est-à-dire libres
de cette liberté de tout faire et d’aller n’importe où, ce serait la
preuve qu’IL ne nous aime pas : père qui n’aurait aucun souci de ses enfants et qui se
moquerait de les voir s’éloigner de lui.
Tout au contraire, c’est par
amour, parce que Dieu, qui est Dieu par nature, tient à faire de nous des Dieux
par participation, comme le dit saint Jean de
Ce n’est que par et dans
l’exercice de notre liberté, en effet, que peut se manifester notre mérite.
« Une créature
raisonnable, enseigne saint Thomas, se détermine elle-même à agir, en vertu de
son libre arbitre ; c’est pourquoi son action est une action méritoire ».
Et encore « l’homme mérite en tant que c’est par sa volonté propre qu’il
fait ce qu’il doit » (I II 114 1)
« Il faut que l’homme
ait la vie de l’Infini, mais qu’il y entre sans y confondre, écrit Blanc de
Saint Bonnet. Il semble que le but de la
création, par rapport à l’(homme, est d’éviter que sa nature ne s’absorbe dans
l’Infini, ce qu’on obtient par le mérite ; puis de rendre cette nature
capable de goûter l’Infini, ce qu’on obtient par l’amour…
« Dès lors, tout ce qui
pourra purifier et déployer la personnalité, ou augmenter la vie de l’amour,
conduira l’âme à ses destinées absolues… ».
tel est le plan dont la
liberté est la condition, parce que la liberté, dit encore Blanc de saint
Bonnet « c’est la faculté d’être cause…et , dès lors, d’être responsable ».
« Voici le fait. Dieu
impose sa loi à la nature et il la propose à l’homme. La liberté est, donc, au
fond, le pouvoir qu’à l’homme d’accomplir lui-même sa loi. Pouvoir qui le rend
semblable à Dieu… (Mais) il faut y prendre garde, le pouvoir d’accomplir, se
rencontre (la possibilité pratique) de ne pas accomplir. Interprétation qui
serait digne du néant, d’où nous sommes, et non de l’être que Dieu (par amour)
veut en faire sortir… ».
la liberté, pouvoir de
choix entre des biens
Dieu nous aimant et, par
amour pour nous (pour notre bien, pour notre bonheur), tenant à ce que nous
l’aimions, il est faux de dire que la liberté réside essentiellement dans la
possibilité d’un choix entre le bien et
le mal. La possibilité pratiquée de mal faire, bien loin d’être comme telle une
manifestation de notre liberté, en est une imperfection et, par le fait même,
ne saurait être appelée liberté. Ce qui permet à saint Thomas d’affirmer que
« la faculté de pécher n’est pas une liberté, mais une servitude ».
Cette possibilité pratique de
pécher est bien, sans doute, une particularité de notre liberté et la prouve
même, si l’ont veut, mais comme la mort peut être dite une preuve de la vie
qu’elle présuppose.
Aussi le Père Grou fait-il
observer : « La vrai liberté ne consiste pas dans le pouvoir de mal
agir. Ce pouvoir est , au contraire, un défaut inhérent à la créature. Un tel
pouvoir est si peu un attribut de la liberté que Dieu, pourtant souverainement
libre, est dans l’impossibilité absolue de faire le mal. Il s’ensuivrait donc
que l’homme est plus libre que Dieu si la liberté consistait dans le pouvoir de
se livrer au bien ou au mal. »
Au reste, quand on dit que la
liberté serait un pouvoir de choisir entre les deux, a-t-on pris garde à ce que
une telle formule peut offrir de
difficultés ? N’est-ce pas oublier que la volonté ne saurait être
déterminée que par son objet propre et que, cet objet, il est métaphysiquement
impossible de le voir ailleurs que dans le bien, l bon, ce qui convient ?
Aussi saint Thomas, pour
définir le péché, se garde-t-il de le présenter comme le choix d’un mal. Ce qui
serait parler pour ne rien dire, attendu qu’il resterait à expliquer en quoi
consiste ce mal qui constitue le péché. Saint Thomas le définit, beaucoup plus
sagement, comme le fait de détourner de Dieu pour lui préférer la
créature . Préférence insensée et qui constitue le péché aussi bien que le
mal. Reste que cette créature injustement préférée, dans la mesure même où elle
nous séduit, n’y parvient que par l’éclat du bien qui est en elle, du bien que
nous en attendons et qui seul détermine notre choix.
Ainsi l’ivrogne qui s’enivre
préfère le vin au respect du plan de Dieu, qui a fait l’homme raisonnable et
non cet être privé de raison (« moins qu’une bête »), comme est effectivement
l’homme saoul. Donc il est mal de s’enivrer. Mais le fait est que la volonté de
celui qui s’enivre n’ a pas « été déterminée par ce mal voulu pour tel.
Tout au contraire, c’et par amour pour ce bien qu’est, en lui-même, le vin, que
l’ivrogne commet son péché.
Et ainsi de tout.
Notre volonté ne pouvant se porter qu’à des
biens, notre liberté ne peut s’exercer quà choisir entre plusieurs biens, non
entre le bien et le mal. On comprend dès lors qu’un saint Thomas se plaise à
voir dans un jugement droit comme le nerf de la sagesse. « recta sapere », lisons-nous dans l’Oraison
au Saint Esprit. Autrement dit : avoir le sens de la hiérarchie des êtres
et des biens et donc le sens de Dieu, pour que nous puissions, certes, faire
usage de tout, puisque « tout est à nous » mais autant que… pas plus
que… »
Est-il liberté plus parfaite,
en effet, que cette totale maîtrise de disposition de soi exprimée dans
l’admirable prière de saint Ignace à la fin des Exercices : « Suscipe
universam meam libertatem… » :
« Emparez-vous,
Seigneur, de ma liberté tout entière. Recevez ma mémoire, mon intelligence,
toute ma volonté. Tout ce que j’ai, tout ce que je possède, vous me l’avez
donné. Je vous le rends et l’abandonne à votre gré. Donnez moi seulement votre
amour et votre grâce. Et je suis assez riche. Et je n’ai rien de plus à vous
demander ».
Cri d’amour, comble de
liberté, que cette suprême disposition de soi qui identifie notre volonté à
celle de Dieu.
Justification du titre des Exercices… » « Exercices spirituels
pour se vaincre soi-même et régler sa vie sans se déterminer par aucune
affection désordonnée ».
Se vaincre soi-même pour être
libre. Et être libre parce que débarrassé de toute affection indigne de la
sagesse d’un être raisonnable.
…
Liberté vraie et
intelligence de l’ordre divin.
Dès lors, bien loin de
considérer, à la façon du libertaire que l’intelligence, la raison nous
asservissent et qu’il n’est de liberté que dans l’élan brut de nos passions et
de nos snes, nous ne nous étonnerions
plus que ce soit dans l’intelligence , la raison, qu’il faille chercher la
justification de tout libre comportement. Et d’abord la réponse à cette
question posée dès le début de cette étude : comment déterminer des actes
libres ?
L’explication est facile.
Ce que, dans la science de la
matière, on entend par détermination, ne saurait convenir aux actes
humains ? ces derniers sont libres ( quand ils le sont, et ceux là seuls
qui le sont) parce que non déterminés par cette nécessité physique et aveugle qui
préside à la plupart des phénomènes matériels.
C’et parce qu’ils sont (et dans la mesure où
ils le sont) intelligents que nos actes sont libres. C’est parce qu’ils sont (
et dans la mesure où ils sont) commandés par la raison que les actes humains
peuvent être tout à la fois libres et déterminé. Mais déterminés par un acte de
réflexion, un choix raisonnable.
Au contraire, dans la mesure
où ils obéissent à des $ressorts plus obscurs ( passions, instincts..) nos
actes sont moins libres et par là-même, moins moraux…L’intelligence seule,
parce qu’elle nous est donnée pour comprendre les dispositions de l’ordre divin
(naturel et surnaturel) peut éclaircir notre choix et notre conduite selon la
sagesse de ce divin vouloir.
Puisque notre volonté est
ordonnée à ne poursuivre que des biens, l’intelligence seule peut indiquer à
cette volonté le programme de ses affections ou l’itinéraire de son amour. Et cela parce qu’il est donné à
l’intelligence de comprendre que tel bien choisi entelle circonstance ou dans
telle démesure est péché, alors que tel autre, moins agréable, peut-être, sera
progrès, sera vertu, sera preuve d’amour à l’adresse de Celui qui ne veut être payé qu’en amour.
« Que chacun de nous
s’écoute et se consulte soi-même » , écrit Bossuet dans son « Traité
du libre arbitre », « il sentira qu’il est libre comme il sentira
qu’il est raisonnable ».
Entendez qu’il se sentira
libre parce que raisonnable et dans la mesure où il l’est ; autant dire
dans la mesure où ses actes seront plus conformes au jugement moral de la
raison, seule capable de donner à l’homme une véritable maîtrise de ses actes.
Telle est la liberté.
« Dieu a crée l’homme
libre, écrit saint Thomas, non qu’il soit permis de faire ce qu’il veut ;
mais parce qu’au lieu d’être obligé de faire ce qu’il doit par la nécessité de
sa nature, comme les créatures sans raison, il agit en vertu d’un libre choix
procédant de son propre conseil ».
La vraie liberté consiste
donc à ce soumettre, à obéir, mais à obéir à la droite raison, à
l’intelligence, en sachant pour quels motifs il faut, pour quels motifs il est
bon d’agir de telle sorte.
C’est pourquoi l’on peut dire
que l’homme « agit » au vrai sens du terme, alors que l’animal,
plutôt, est « agi », soumis qu’il est sans réflexion aux lois de son
instinct.
Nous sommes loin de cet idéal
de « quadrupèdes non domptés » que Voltaire proposait tout à
l’heur ! Rousseau, n’a-t-il point dit que « l’homme qui pense est un
animal dépravé » ? Conclusion logique des théories libérales et libertaires.
Tout au contraire, l’homme
est libre dans la mesure où il « pense » son action, comprend l’ordre
des choses qu’il lui faut combiner ou auquel il doit obéir.
Ainsi disparaît l’antinomie
que les libéraux ou libertaires s’acharnent à désigner entre l’idée de
gouvernement, d’autorité et l’idée de liberté ».
Tout ceci nous permet de
comprendre combien ce sont trompés les philosophes de Lumières. Et que leur
liberté est loin de plonger ses racines dans
.