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Un regard sur le monde
politique et religieux
au 18 juin 2008
N° 174
Par Monsieur l’abbé Paul
Aulagnier
« Par
fidélité à Mgr Lefebvre,
Une étude M. l’abbé
Celier, prêtre de
Cette étude de M l’abbé Celier est très volumineuse. Elle contient 55 pages. Il est difficile de la publier en une seule fois. Nous la publierons en deux fois. Et nous sauterons les réflexions préliminaires qui, pour intéressantes qu’elles soient, alourdissent l’étude et ne lui sont pas essentielles. Elles consistent à quelques règles d’herméneutique, d’interprétations de la pensée d’un auteur, en l’occurrence, de la pensée de Mgr Lefebvre. Il faut, certes, en tenir compte. C’est une question d’honnêteté intellectuelle.
Cette étude a pour titre :
« Par fidélité à
Mgr Lefebvre,
M l’abbé Celier étudie cette question sous ses deux aspects qui feront l’objet de deux parties :
- Par fidélité à Mgr Lefebvre, Mgr Bernard Fellay, actuel
Supérieur général de
- Est-il obligé de signer un accord dans les plus brefs délais avec cette même Rome ? C’est ce que lui conseillent d’autres prêtres, généralement ceux des communautés « ecclesia Dei ». M l’abbé Celier en réfute les raisons. C’est la deuxième partie. Nous la publierons la semaine prochaine. Et la semaine suivante, nous donnerons notre appréciation. Le sujet est lancé
Je reste, quant à moi, favorable à cette signature. Je l’ai
soutenue. Elle fut la raison de mon
éloignement de
Mgr Marcel Lefebvre refuserait-il aujourd’hui tout
contact avec Rome ?
Voici les idées exposées :
- Quelques règles de bon sens
- Pour nuancer certains propos…
• Il est absurde de croire qu’il y aurait à Rome des hommes plus traditionnels
• Il est ridicule d’attendre une « conversion » de
• Le retour de Rome à la vérité catholique ne peut se faire que d’un seul coup
• On ne peut rentrer dans une « Église officielle » moderniste
• Mgr Lefebvre n’accordait aucune importante à la question d’un accord
• Aucun rapprochement n’est possible avec les modernistes
• Le concile Vatican II est en tous points inacceptable
• Le problème de la crise actuelle est beaucoup plus doctrinal que liturgique
• On ne peut envisager une « réforme de la réforme » pour une liturgie en soi mauvaise
• La référence au missel de Jean XXIII est scandaleuse et inacceptable
• Une commission d’experts pour une discussion ave
• Avant toute discussion, il faut que les gens de Rome prêtent le serment antimoderniste
- Mgr Lefebvre et le sédévacantisme
(1) http://QIEN.free.fr/ :
Un site sédévacantiste a publié récemment un texte en l'attribuant à l'abbé Celier, prêtre de
Introduction
Malgré le fait évident que les relations de
Supérieur général de cette Fraternité, et à lui seul,
certaines personnes qui ne sont pas le Supérieur général, et même qui ne sont
ordinairement ni membres ni fidèles de
Certains le font de façon négative, prétendant que la fidélité à Mgr Marcel Lefebvre, fondateur de
possibilité de contact avec
D’autres, au contraire, affirment de façon positive que Mgr Bernard Fellay, actuel Supérieur
général de
En cette affaire, les avis des uns et des autres, les affirmations tranchantes et les vaticinations
incompétentes ne sont que de peu d’importance théorique, et de nulle poids pratique, dans la mesure où ceux qui en parlent ainsi ne connaissent qu’une très petite partie de la réalité.
Cependant, parce que les textes qui circulent ici ou là, parce que les affirmations des dîners en ville ou les contributions pseudonymes des sites internet peuvent impressionner ou troubler quelques personnes, il nous a semblé utile de revenir sur cette question.
Non pas pour trancher en un sens ou un autre. Non pas pour
déterminer si oui ou non
Saint-Pie X doit signer un accord avec
Le choix de signer éventuellement un accord avec Rome, ou de ne pas le signer, revient en effet
exclusivement au Supérieur général de
D’une façon générale, d’ailleurs, les relations (ou
l’absence de relations) entre
Pie X et Rome sont du seul ressort du Supérieur général : c’est lui qui décide souverainement si ces relations doivent être régulières ou intermittentes, chaleureuses ou méfiantes, par lettres ou par rencontres personnelles, etc.
Notre but est beaucoup plus limité, mais il nous semble néanmoins utile et éclairant. Il consiste à
essayer de montrer qu’en l’état actuel des choses, aucun argument probant ne contraint le Supérieur général d’agir d’une façon plutôt que d’une autre, et que sa prudente liberté de chef demeure entière.
Sans vouloir
obliger le Supérieur général à avoir des relations avec
relations de telle
nature plutôt que de telle autre, nous voulons essayer de montrer que rien
ne lui interdit (et en tout cas pas les enseignements de Mgr Lefebvre)
d’avoir s’il le juge utile des relations avec cette Rome.
Sans vouloir
interdire au Supérieur général de signer un accord avec
Notre travail n’a donc que ce modeste objet : tenter de mettre en lumière que Mgr Bernard Fellay,
actuel Supérieur général de
Par la même occasion, nous serons amené à souligner
implicitement que Mgr Fellay n’est ni obligé d’avoir telles ou telles
relations avec Rome, ni empêché de signer un accord avec elle, si les
conditions en sont remplies. Et tout cela dans la parfaite fidélité à
l’héritage de Mgr Marcel Lefebvre.
Nous ne voulons pas
affirmer, toutefois, que les arguments évoqués par les uns et les autres sur ce
difficile problème des relations entre
Mais, à bien les
examiner, aucun de ces arguments n’est suffisant pour contraindre le
Supérieur général à prendre dans l’immédiat une décision dans un sens ou
dans un autre.
Première partie
Mgr Marcel Lefebvre refuserait-il aujourd’hui tout
contact avec Rome ?
Quelques règles de bon sens
Mgr Lefebvre, qui nous avait si sagement guidés dans cette
terrible crise de l’Église, nous a quittés le 25 mars 1991. Depuis ce temps-là,
des événements sont survenus, comme la mort de Jean-Paul II ou l’élection de
Benoît XVI, comme la fondation de l’Institut du Bon Pasteur ou le Motu Proprio Summorum
Pontificum, comme le discours du 22 décembre 2005 ou la visite à
Toutefois, Mgr
Lefebvre s’étant beaucoup exprimé, entre 1961 et 1991, sur la situation
présente de l’Église, le courant sédévacantiste (1), en particulier, a
entrepris, à partir de la masse considérable des textes conservés, de « faire
parler » l’évêque d’Écône dans le sens d’une opposition à tout contact avec
Ils cherchent par là
à empêcher Mgr Fellay, actuel Supérieur général de
Répondons d’abord qu’a priori, l’interprète authentique de la ligne de conduite de Mgr Lefebvre
est évidemment l’œuvre qu’il a lui-même fondée et dirigée,
qui se situe dans le droit fil de sa pensée, qui vit des Constitutions qu’il a
rédigées et souvent commentées, qui regroupe des centaines de prêtres qu’il a
lui-même ordonnés, directement ou par le biais d’évêques auxiliaires choisis
par lui. Les positions actuelles de cette seule héritière légitime,
Les interprètes authentiques de la pensée de Mgr Lefebvre ne sont certainement pas les
sédévacantistes, dont le fondateur d’Écône a constamment
condamné les positions fausses et ruineuses pour l’Église, et dont il a
systématiquement écarté et exclu de
Toutefois, la prétention absurde de ces sédévacantistes d’être les interprètes authentiques de Mgr
Lefebvre ne signifie pas qu’il soit illégitime, ou interdit, ou inutile, d’essayer de comprendre le
mouvement profond de la pensée et de l’action de Mgr Lefebvre, de chercher à exprimer les principes dont il s’inspirait, et d’en tirer quelques conclusions spéculatives sur la façon dont il aurait pu réagir aujourd’hui. Mais une telle recherche « académique », intéressante en soi, doit satisfaire à deux conditions essentielles. Tout d’abord, il lui convient de rester modeste dans les conséquences pratiques qu’elle prétend en déduire, car la liberté d’un homme ne peut être enclose même dans la totalité de ses paroles et actes antérieurs. Il est tout à fait indû de prétendre exposer de façon certaine, à partir de sa ligne de conduite antérieure, la réaction qu’aurait eue Mgr Lefebvre face aux événements actuels : seules des conjectures, des probabilités, de simples suppositions, sont acceptables en la matière.
Ensuite et surtout, ce travail de recherche doit satisfaire aux règles élémentaires de l’exégèse, de
l’interprétation, de l’herméneutique. Le commentaire d’une pensée ne peut relever de la simple
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(1) Courant très bigarré mais
qui se retrouve pour affirmer que, pour une raison ou pour une autre, le pape
actuel n’est pas réellement pape, qu’il est un imposteur, un intrus, un pape
seulement « matériel », etc. Les tenants de ce courant en concluent que les
catholiques
doivent agir comme dans le
cas de vacance du Siège apostolique (ce qui arrive, par exemple, entre la mort
d’un pape et l’élection de son successeur), situation que l’on qualifie
canoniquement de « Sede vacante » (en latin, « le siège étant vacant »).
D’où le nom dont ce courant est couramment baptisé, « sédévacantisme ».
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divination, de la mauvaise poésie ou d’une fantaisie bardée de préjugés. La pensée humaine a
développé au cours de son histoire des outils intellectuels nécessaires, dont il n’est pas permis à une réflexion sérieuse de s’affranchir sans raison.
(NDLR : C’est à cet endroit que M l’abbé Celier développe les règles d’interprétation de la pensée d’un auteur, en l’occurrence ici, de Mgr Lefebvre.)
Commençons donc par rappeler certains des principes premiers de la compréhension et de
l’interprétation d’une pensée, quelle qu’elle soit. Ne pas respecter ces règles de base exposerait à créer de toutes pièces une chimère intellectuelle.
(Retenons ce conseil de bon sens :
…….
Il convient donc, face à des textes de Mgr Lefebvre, de préciser tout d’abord la nature et la portée exacte de ce texte ; de le replacer dans son contexte ; de le rapprocher d’autres textes, pour éviter de le taxer trop facilement d’incohérence ; de ne pas voir dans la démarche de Mgr Lefebvre quelque chose de trop systématique et a priori, qui ne correspond pas à son tempérament ; de distinguer dans ce texte ce qui appartient à son espérance surnaturelle, ce qui appartient à la réflexion à moyen terme et ce qui appartient à la réaction immédiate face à un événement. C’est seulement sur ces bases issues des règles générales de la pensée humaine qu’on pourra, prudemment et modestement, essayer de décrire qu’elle aurait pu être la réaction de Mgr Lefebvre dans telle circonstance.
…..
Pour nuancer certains propos…
Comme nous l’avons dit, les sédévacantistes que nous visons citent certains textes de Mgr
Lefebvre qui, pour la plupart, sont réels et exacts (même s’ils sont souvent habilement tronqués). Mais ils omettent volontairement d’autres textes, exprimés en d’autres circonstances ou en un temps différent, qui sont tout aussi réels et exacts, et qui méritent eux aussi d’être cités, si l’on veut exprimer de façon complète et nuancée la pensée de Mgr Lefebvre. Dans les lignes qui suivent, nous rappelons quelques textes qui ne prétendent pas exprimer la totalité de la pensée de Mgr Lefebvre, mais qui, incontestablement, en expriment au moins une partie… à ne pas omettre ou oublier !
Il est absurde
de penser, nous disent ces sédévacantistes, qu’il y aurait à Rome des hommes
plus traditionnels qui s’efforceraient de lutter contre des hommes totalement modernistes.
Or, dans plusieurs textes, Mgr Lefebvre exprime au contraire sa conviction que « Rome est
divisée » (« Nous voulons rester ce que nous sommes », Fideliter 62, mars 1988, p. 31). Par
exemple (6 ): « Il y a deux Rome. Même à l’intérieur, ces deux Rome se disputent. J’en suis certain,
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6 Voici d’autres textes allant dans le même sens.
« Nous avons appris à nos dépens et aux dépens de
l’Église ce dont sont capables les clercs progressistes. (…) Rien ne les arrête
pour arriver à dominer l’Église et à en occuper les postes-clés. Nul doute
qu’ils agiront de même dans ce conclave. (…) Pour déjouer leurs projets
sataniques, vous disposez sans doute de peu de moyens humains, mais vous avez
la toute-puissance de la vérité et de l’Esprit- Saint. (…) Certes, vous
paraissez peu nombreux décidés à barrer la route au progressisme, au
modernisme, au faux œcuménisme. Cependant, ces cardinaux que vous connaissez
mieux que moi sont des personnages de premier plan, bien dignes de porter la
tiare » (« Lettre de Mgr Lefebvre au cardinal X… du 8 août 1978 », Itinéraires
223, mai 1979, p. 126).
« Très Saint-Père (…), les entretiens avec le cardinal
Seper ont pu montrer que rien ne s’oppose de notre part à ce qu’une solution
soit trouvée. Ces quelques lignes voudraient vous manifester notre désir de
voir cette solution aboutir pour le bien de l’Église et des âmes. Par vos
discours, vous avez clairement montré votre attachement à Notre Seigneur
Jésus-Christ, seule solution de tous les problèmes, votre fidélité à la morale
catholique, votre volonté de restaurer la sainteté de la vie sacerdotale et de
la vie religieuse » (« Lettre de Mgr Lefebvre au Souverain Pontife du 18
novembre 1979 », Itinéraires 265 bis, août 1982, p. 17).
« Le pape a certainement beaucoup plus de désir [que
Paul VI] de revenir à
« L’occupation de l’Église par des clercs imbus des
erreurs modernes condamnées par tout le magistère de l’Église a des
conséquences religieuses, sociales, politiques désastreuses. On voudrait croire
que le pape et que certains cardinaux ne font pas partie de ces clercs, et cela
nous fait garder une lueur d’espérance ! » (« Préface », Itinéraires 265
bis, août 1982, pp. 1-2).
« L’année précédente, j’avais eu l’occasion de
déjeuner avec [le cardinal Ratzinger] à Rome. Il m’avait paru assez anxieux
quant à la situation de l’Église, jugeant qu’elle était très grave et admettant
que les réformes post-conciliaires n’étaient tout de même pas pour rien dans
tout cela. Il avait paru assez bien disposé, s’intéressant à ce que nous
faisions » (« Monseigneur, où en êtes-vous avec Rome ? », Fideliter 29,
septembre 1982, p. 43).
« Lorsque j’ai rencontré le cardinal Ratzinger au
début de cette année, je l’ai félicité d’avoir dressé un tableau de la
situation angoissante de l’Église, mais je me suis permis aussi de lui faire
remarquer la gravité des propos qu’il avait tenus en affirmant en réponse à une
question d’un journaliste : “Oui, il y a quelque chose de changé dans l’Église
depuis 1960. Les valeurs qui ne sont pas d’Église, qui ne viennent pas de
l’Église ont désormais été acceptées par l’Église” » (« Que penser de Rome ? »,
conférence à l’Institut Saint-Pie X le 17 mars 1985, Fideliter 45, mai
1985, p. 23).
« Nous sommes à une époque dans l’Église où la
situation évolue rapidement. Il y a seulement cinq ou six ans, il n’aurait pas
été imaginable que le cardinal Ratzinger ait publié son livre (…). Cela
n’aurait certainement pas été accepté, même par le Saint-Siège. C’est un
événement qu’un membre éminent de
membre de
« Peut-on avoir un grand espoir dans ce synode, ou y
a-t-il des raisons d’être encore plus inquiet ? Je ne suis pas prophète et je
ne sais pas ce qui se passera. Il y surviendra peut-être des faits inattendus.
Il suffit que l’un des membres un peu courageux se lève pour constater que
l’Église est vraiment en danger, pour que d’autres se groupent avec lui » (« De
la pertinacité dans l’erreur », conférence à Nantes le 13 octobre 1985, Fideliter
48, novembre 1985, p. 19).
« Qui sait, ce furent peut-être les hommes de
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absolument certain, il y a une division profonde. Il faut prier beaucoup, parce que le pape se trouve pris dans ce tourbillon de gens qui l’entourent et il n’arrive plus à gouverner. C’est très grave. Il y a des Congrégations qui commandent une chose, les autres commandent le contraire. Nous sommes dans une situation très pénible » (« Le faux œcuménisme n’est pas missionnaire », conférence à Nantes le 5 février 1983, Fideliter 35, septembre 1983, p. 50).
Ou aussi : « En allant à Rome, on a de plus en plus
l’impression que le pape ne commande plus. Les cardinaux plus ou moins teintés
de traditionalisme sont mis de côté, et tout le reste finit par être au service
de la franc-maçonnerie » (« L’Église conduite au tombeau par
Ou encore : « Jean-Paul II est entouré et surveillé par une maffia qu’il a lui-même
installée. Ils connaissent son état d’esprit et ils veillent surtout à ce qu’il ne revienne pas à des
positions traditionnelles. Certaines personnes ont bien
tenté de favoriser un rapprochement pour que “les choses s’arrangent”, leur
bonne foi est certes entière et louable leur tentative. Mais ceux-là mêmes qui
sont opposés à un retour à
Il est également
ridicule de croire, nous disent ces sédévacantistes, à une « conversion » de
Dans plusieurs textes, Mgr Lefebvre redit au contraire sa
certitude que
revenir à
« Il semble que par une circonstance particulière, à
la suite, je pense, d’instances qui ont été faites par certains cardinaux,
certains évêques auprès du Saint-Père disant : “Il faut quand même en finir
avec cette histoire de
‘(7)« J’ai très peur que nous ne retombions de nouveau
dans la même situation qu’auparavant, à causes des influences qui jouent à
Rome, parce que Rome est divisée » (« Nous voulons rester ce que nous sommes »,
Fideliter 62, mars 1988, p. 31).
7 Voici d’autres textes allant dans le même sens.
« Il nous reste à prier pour supplier le Saint-Esprit
de l’éclairer [Paul VI] et de lui donner le courage de faire un acte qui,
évidemment, serait peut-être très dur pour lui. Je ne vois pas d’autre solution
» (« Conférence de Mgr Lefebvre aux séminaristes, le 18 septembre 1976 », Itinéraires
hors série « La condamnation sauvage de Mgr Lefebvre », huitième édition,
avril 1977, p. 263).
« Pourquoi avoir des relations avec Rome s’il n’y a
pas de moyens de s’entendre ? Parce que l’on espère toujours avoir une
influence sur Rome et faire retourner au bon sens de la foi ceux qui ont des
responsabilités et leur dire : Vous faites fausse route depuis le Concile,
revenez à
1986, pp. 14).
« Le jour où le bon Dieu permettra qu’à Rome la
lumière remplace les ténèbres qui y règnent maintenant,
« Alors je pense qu’un dialogue nouveau peut
s’instaurer. Priez, mes bien chers frères, pour que ce dialogue aboutisse à une
solution qui soit pour le bien de l’Église. Nous ne cherchons pas autre chose.
Nous ne cherchons pas le bien de
« Demandons [à la sainte Vierge] tout particulièrement
en ce temps de l’Avent, qu’elle vienne à notre secours et qu’elle fasse ce
miracle, ce miracle extraordinaire que Rome nous donne la possibilité de
continuer à multiplier le nombre des catholiques et à les défendre, à multiplier
nos séminaires, nos couvents, nos monastères, nos familles chrétiennes » («
Nous voulons rester catholiques », sermon du 13 décembre 1987 à Saint-Nicolas
du Chardonnet, Fideliter 61, janvier 1988, p. 9).
« Supplions la très sainte Vierge d’intervenir auprès
de ceux qui sont responsables de l’Église, auprès du pape, auprès des évêques,
pour qu’ils reviennent à la dévotion à
« Je pense que nous devons remercier le bon Dieu et
continuer à garder fidèlement les trésors de l’Église, en espérant qu’un jour
ces trésors retrouveront la place qui leur est due à Rome et qu’ils n’auraient
jamais dû perdre » (« Entretien avec Mgr Lefebvre », Fideliter 79,
janvier 1991, p. 13).
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reviendront,
un pape vraiment comme un saint Pie X, il n’y aura plus de problème ! La sainte
Église nous retrouvera dans la vérité et nous communierons à cent pour cent
avec le pape qui aura retrouvé
Ou
aussi : « Quand
Ou
encore : « Mes bien chers frères, n’ayons nulle crainte. Prions pour ceux qui
nous persécutent. Demandons à Dieu de leur ouvrir les yeux sur la réalité de la
subversion qui règne aujourd’hui dans l’Église, afin qu’eux aussi ils
retrouvent le chemin de
Ou
également : « Dans quelques années (je ne sais pas combien, le bon Dieu seul
sait le nombre d’années qu’il faudra pour qu’un jour
Ou de même : « Nous n’avons pas fini de lutter. Moi disparu, mes successeurs auront encore à combattre. Mais le bon Dieu peut tout. Au plan politique, il aurait été difficile de prévoir il y a un an ou deux ce qui se passe actuellement. On n’imaginait pas que le rideau de fer serait levé, que l’Allemagne se réunifierait. Maintenant, on dit que l’éclatement de l’empire soviétique est proche » (« Entretien avec Mgr Lefebvre », Fideliter 79, janvier 1991, p. 12).
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En tout cas,
nous disent ces sédévacantistes, l’éventuel retour de Rome à
Dans plusieurs textes, Mgr Lefebvre souligne au contraire
qu’à son avis le retour de
actuelle à
Ou encore : « Nous sommes, je le crois, dans une situation très grave. Je prie le bon Dieu de nous
éclairer. Que
l’Église revienne à
Ou aussi : « Question : Est-ce que vous voyez le pape, un
dimanche matin, se montrer place Saint-Pierre et annoncer aux fidèles qu’après
plus de vingt ans, il s’est avisé que le Concile s’est trompé (…) ? Réponse de
Mgr Lefebvre : Allons donc ! A Rome, on saurait bien trouver une modalité plus
discrète… Le pape pourrait affirmer avec autorité que quelques textes de
Vatican II ont besoin d’être mieux interprétés à la lumière de
Contrairement à
Mgr Fellay, nous disent ces sédévacantistes, Mgr Lefebvre n’aurait jamais
envisagé de rentrer dans « l’Église officielle », dans « l’Église conciliaire
», il n’aurait jamais toléré d’être « reconnu » par
Dans plusieurs textes, Mgr Lefebvre affirme au contraire son désir d’être reconnu canoniquement
par
l’Église officielle, sa détermination à respecter les autorités légitimes,
pourvu qu’il puisse le faire sans danger pour la foi. Par exemple (8) : «
Alors j’ai dit : “Saint-Père, si vous permettez que je continue. Vous avez la
solution du problème dans les mains. Vous n’avez qu’un seul mot à dire aux évêques
: accueillez fraternellement, accueillez avec compréhension, avec charité tous
ces groupes de traditionalistes, tous ceux qui veulent garder la prière
d’autrefois, les sacrements comme autrefois, le catéchisme comme autrefois.
Recevez-les, donnez-leur des lieux de culte, arrangez-vous avec eux de façon
qu’ils puissent prier et qu’ils restent en relation avec vous, en relation
intime avec leurs évêques. Vous n’avez qu’un mot à dire aux évêques, et tout
rentre dans l’ordre et nous n’avons plus de problèmes à ce moment-là. Les
choses rentreront dans l’ordre. Et puis, pour le séminaire, je n’aurai pas de
difficultés non plus, pour aller trouver les évêques et leur demander
l’implantation de mes prêtres dans leurs diocèses et les choses se feront
normalement. Et moi, je veux bien rentrer en relation avec une commission que
vous pourriez nommer de
Ou encore : « Demain, eh bien ! si le bon Dieu le veut, je pense qu’il le voudra, si le bon Dieu le
veut,
il nous intégrera dans l’Église officielle, tels que nous sommes. Il n’est pas
question de changer, d’aller ni à droite, ni à gauche, nous voulons rester
l’Église et nous voulons rester ce que nous avons été depuis le début de
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(8) Voici d’autres textes allant dans le même sens.
« Nous prierons donc ensemble pour que le bon Dieu
nous donne les moyens de résoudre le problème. Ce serait si simple si chaque
évêque dans son diocèse mettait à notre disposition, à la disposition des
catholiques fidèles, une église en leur disant : voilà l’église qui est la
vôtre. (…) Et, en définitive, toute la question serait résolue. C’est ce que je
demanderai au Saint-Père, si le Saint-Père veut bien me recevoir : Laissez-nous
faire, très Saint-Père, l’expérience de
« Très Saint-Père, je crois que vous avez dans vos
mains la solution du problème. Vous n’avez qu’un mot à dire aux évêques :
Accueillez fraternellement et pacifiquement les traditionalistes qui veulent
garder et faire l’expérience de
« Y a-t-il une possibilité d’entente, d’accord ? Je le
souhaite et je l’espère de tout cœur. Je pense véritablement que si le feu vert
nous était donné et que le pape par un mot de sa part disait aux évêques de
bien vouloir accueillir avec bienveillance et avec charité ceux qui sont
attachés aux traditions de toujours et de leur faciliter le culte d’autrefois
et les sacrements d’autrefois et l’enseignement du catéchisme d’autrefois, tout
rentrerait dans l’ordre immédiatement. Il n’y aurait aucune difficulté » («
Deuxième conférence de presse de Mgr Lefebvre du 15 septembre 1976 », Itinéraires
hors série « La condamnation sauvage de Mgr Lefebvre », huitième édition,
avril 1977, p. 227).
« Pourquoi cette situation d’Écône ? qui, espérons-le,
se résoudra bientôt pour le plus grand bien de l’Église. (…) Le bon Dieu
permettra, nous n’en doutons pas, un jour, que nous soyons reconnus, non
seulement reconnus mais remerciés pour avoir défendu
« Au cours de mes visites, vous m’avez fait part à
plusieurs reprises d’un document qui devait mettre fin à l’ostracisme dont est
l’objet la liturgie d’avant 1969. Nous l’attendions avec un grand espoir. Il
causerait un soulagement considérable dans l’Église et serait l’occasion d’un
grand renouveau de ferveur et de foi. Le document serait l’occasion de
normaliser à nouveau les relations entre
« Une lettre reçue du cardinal Ratzinger, en date du
23 décembre dernier, me parle de la restauration éventuelle de la messe de
saint Pie V. Ce n’est donc pas impossible qu’un jour (bientôt, je ne sais pas),
notre combat finisse par être entendu et aboutisse à un bon résultat » (« Le
faux œcuménisme n’est pas missionnaire », conférence à Nantes le 5 février
1983, Fideliter 35, septembre 1983, p. 49).
« Un jour, il faudra bien que Rome reconnaisse ce que
nous faisons, que Rome se serve de nous. On ne peut pas changer la foi
catholique, et Rome devra bien un jour s’appuyer sur ceux qui la conservent
intacte et la propagent » (« L’accueillante Amérique du Sud », Fideliter 44,
mars 1985, p. 11).
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et, par conséquent, nous avons toujours pensé qu’un jour, quand le bon Dieu le voudra, quand il le décidera, eh bien ! nous rentrerons dans l’Église officielle puisqu’on nous a jetés hors de cette Église officielle qui n’est pas l’Église réelle, une Église officielle qui a été infestée de modernisme. (…) Nous demeurons fidèles au serment anti-moderniste, serment que saint Pie X nous demande de prononcer, nous demeurons fidèles à cela et on nous recevra avec le serment dans les mains, ou alors nous resterons ce que nous sommes. Et nous sommes persuadés, nous l’espérons, nous prions pour cela et peut-être, mes biens chers frères, les choses s’arrangeront bientôt. Cette chose qui paraît impossible, d’être reçus comme nous sommes, avec ce que nous faisons, avec ce que nous réalisons, avec notre foi, cela paraît presque impossible, eh bien ! le bon Dieu peut faire l’impossible et nous avons plus d’espoir que jamais, nous sommes peut-être plus près que jamais de cette solution de pouvoir être reconnus officiellement dans la sainte Église, comme Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, et avec tout ce que nous sommes, tout ce que nous pensons, tout ce que nous croyons, tout ce que nous faisons » (« Sermon du 27 juin 1980 », Fideliter 16, juillet 1980, pp. 9-10).
Ou aussi : « Ma solution, [ai-je dit au cardinal Ratzinger], elle est très simple : acceptez ce que
nous demandons depuis des années. Laissez-nous continuer avec les quatre livres édités par
Jean XXIII, qui sont les livres de l’ancienne messe, des anciens sacrements, des anciens rites, de
l’ancien rituel. Donnez-nous ce que nous désirons. C’est tout. (…) Si vous accordez publiquement et pour le monde entier la liberté d’user des livres de Jean XXIII, ai-je ajouté, les fidèles pourront demander à leurs évêques de recevoir les sacrements dans le rite ancien. Nous le demandons, pourraient-ils dire, le pape l’a accordé, vous devez nous donner les sacrements selon l’ancien rituel. C’est aussi simple que cela. Pour nous, si nous avons le pouvoir de continuer nos séminaires, nos prieurés, comme nous le faisons actuellement, si notre Société est de nouveau reconnue par Rome,
comme elle l’a été de droit diocésain pendant cinq ans, nous l’acceptons. Nous pourrons très bien
dépendre d’une société ou Congrégation romaine. Nous n’y voyons pas d’inconvénient. La question canonique serait immédiatement et totalement réglée » (« Monseigneur, où en êtes-vous avec Rome ? », Fideliter 29, septembre 1982, pp. 45-46).
Ou également : « Si les événements apportaient un changement
en faveur d’un retour à
Mgr Lefebvre s’est même adressé directement à un évêque (très hostile aux traditionalistes, au
demeurant), Mgr Elchinger, pour lui demander d’intervenir
personnellement en faveur de l’apostolat de
De toute façon,
prétendent ces sédévacantistes, si Mgr Lefebvre a envisagé quelquefois la
possibilité d’un accord, cela ne le préoccupait guère, il n’y consacrait guère
de son temps et de son énergie.
C’est exactement le contraire qui est vrai. Mgr Lefebvre a toujours consacré une énergie
considérable à essayer d’obtenir de
140).
« Je souhaiterais obtenir que cette Fraternité soit reconnue comme une société de vie commune
sans vœux, de droit pontifical, en dépendance de
« N’est-il pas possible de nous accorder le statut qui est
déjà en vigueur dans les prélatures nullius comme les chanoines de
Saint-Maurice en Suisse, qui ont à leur tête un évêque ? (…) Mon successeur
désigné selon les statuts de
« Vous me demandez avec insistance la procédure que je souhaitais pour la solution de notre
problème : en définitive nous demandons tout simplement de
reconnaître la légalité qui a été la nôtre pendant cinq années de 1970 à 1975
et de légaliser ce que nous avons continué depuis, en nous assurant de pouvoir
garder dans la formation sacerdotale et dans l’apostolat les moyens que
l’Église a toujours employés, en particulier la liturgie, le catéchisme et
« Je suis très heureux de ce que Votre Éminence me dit au sujet d’une solution définitive. Je la souhaite de tout cœur et crois avoir prouvé depuis bientôt cinq ans la sincérité de ce désir par la disponibilité à accepter tous les interrogatoires, tous les entretiens, toutes les invitations à me rendre à Rome. Et je demeure toujours disponible » (« Lettre de Mgr Lefebvre au cardinal Seper du 9 juin 1979 », Itinéraires 265 bis, août 1982, p. 13).
Mais, objectent
ces sédévacantistes, si par hasard Mgr Lefebvre a envisagé autrefois un certain
accord, il a finalement clairement exclu cette possibilité, lorsqu’il a dit au
cardinal Ratzinger que, même celui-ci accordait tout, aucun rapprochement ne
serait possible, aucun accord ne serait signable, tant les principes et les
objectifs étaient opposés.
Il est parfaitement exact que Mgr Lefebvre a fait de telles déclarations, à plusieurs reprises,
déclarations
que nous reproduisons en note (9). Mais, tout d’abord, les dates des
déclarations de
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(9) « J’ai dit au cardinal Ratzinger : “Éminence, même
si vous nous accordiez tout ce que nous demandons, il reste que vous êtes
attaché à des valeurs, précisément comme vous l’avez dit, qui viennent de deux
siècles de culture libérale. Et cela nous le refusons, nous ne l’acceptons pas.
Nous n’accepterons jamais ces erreurs qui ont été condamnées par les papes
pendant vingt siècles”. Et puis je dis quelquefois : nous ne voulons pas de mariage
mixte. Nous ne voulons pas être mariés avec des gens qui n’ont pas notre
religion. Si j’acceptais tout ce que le cardinal Ratzinger me demande, mais lui
conservant toutes ses erreurs et même disons presque ses hérésies, eh bien ! je
me marierais avec une Église qui n’est pas l’Église catholique » (« Que penser
de Rome ? », conférence à l’Institut Saint-Pie X le 17 mars 1985, Fideliter 45,
mai 1985, pp. 27-28).
« Quand on leur dit quelque chose, ils ont toujours
cette idée que la vérité est vivante, donc qu’elle évolue, qu’elle évolue
toujours. C’est pourquoi le cardinal Ratzinger dit que Vatican II c’est
l’Église d’aujourd’hui, mais alors ce n’est plus l’Église d’aujourd’hui puisque
Vatican II c’est déjà dépassé. C’est absurde, mais pour eux il s’agit d’une
évolution continuelle, la discussion devient impossible. (…)
On en arrive à des absurdités qui rendent inutiles
toute discussion. C’est pourquoi, quand je vais passer à Rome avant de partir
en…(NDLR : le texte Qui m’a été
transmis s’arrête là…)
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Mgr Lefebvre manifestent qu’il a répété cette pensée au cardinal Ratzinger à plusieurs reprises, sur plusieurs années (au moins entre 1985 et 1987), tout en continuant à le rencontrer et à correspondre avec lui. Ensuite et surtout, il faut rappeler que Mgr Lefebvre a entamé, juste après la dernière de ces déclarations, des négociations avec le cardinal Ratzinger, qui l’ont conduit le 5 mai 1988 à signer un « Protocole d’accord ». Ce qui manifeste que, dans l’esprit de Mgr Lefebvre, de telles déclarations (et d’autres du même style) n’excluaient nullement et définitivement toute possibilité de négociations et d’accords, malgré ce que proclament à tort ces sédévacantistes.
En tout cas,
affirment ces sédévacantistes, en publiant en août 1976 son ouvrage J’accuse
le Concile, Mgr Lefebvre posait que le Concile était en tous points
inacceptable, et qu’il était absurde de dire que certaines parties de ce
concile étaient éventuellement bonnes ou acceptables.
Mgr Lefebvre, c’est un fait public massif, était opposé au concile Vatican II. Il s’est exprimé à de
nombreuses reprises sur le sujet, avec des nuances et des
inflexions différentes selon les circonstances. Or, parmi les textes de sa
plume ou de sa bouche, certains envisagent nettement qu’une partie de ce
concile soit éventuellement bonne ou acceptable. Voici deux de ces textes,
publiés à dix ans de distance. « J’accepte tout ce qui, dans le Concile et les
réformes, est en pleine concordance avec
« Il y a quelques textes conciliaires, évidemment, conformes
à
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Amérique, je me bornerai à
déposer les Dubia que nous avons préparés sur la liberté religieuse » («
Mes trois guerres », conférence à Écône le 27 octobre 1985, Fideliter
49, janvier 1986, pp. 19).
« Voilà où je me trouve au
temps de ma quarantième année d’épiscopat, devant deux orientations qui
pratiquement sont incompatibles. C’est ce que je disais au cardinal Ratzinger
le 14 juillet dernier : “Éminence, voyez-vous, il est très difficile que nous
puissions nous entendre parce que vous, vous êtes pour la réduction du règne de
Notre Seigneur Jésus-Christ, pour que l’on fasse silence et que dans la société
civile on ne parle plus du règne de Notre-Seigneur, afin que toutes les
religions puissent se trouver à l’aise dans nos sociétés et qu’il n’y ait pas
seulement Notre Seigneur Jésus-Christ et la religion catholique. (…) Pour nous,
c’est exactement le contraire. Nous voulons que Notre Seigneur Jésus-Christ
règne parce qu’il est le seul Dieu, qu’il n’y a pas d’autre dieu. (…) C’est
pourquoi, ai-je poursuivi, il est bien difficile que nous nous entendions.
Votre œcuménisme ruine la royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ »
(« Les quarante ans
d’épiscopat de Mgr Lefebvre », Fideliter 60, novembre 1987, p. 16-18).
« Je l'ai résumé au cardinal
Ratzinger en quelques mots, n'est-ce pas, parce que c'est difficile de résumer
toute cette situation ; mais je lui ai dit : “Éminence, voyez, même si vous
nous accordez un évêque, même si vous nous accordez une certaine autonomie par
rapport aux évêques, même si vous nous accordez toute la liturgie de 1962, si
vous nous accordez de continuer les séminaires et
Christ ! – Il faut leur
laisser la liberté et un espace social autonome –, comme vous dites. C'est la
déchristianisation. Eh bien ! nous, nous sommes pour la christianisation”.
Voilà. On ne peut pas s'entendre. Et c'est cela, je vous assure, c'est le
résumé. On ne peut pas suivre ces gens-là » (« Conférence à la retraite
sacerdotale, le 4 septembre 1987 à Écône »).
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Il est aussi
contraire à l’esprit de Mgr Lefebvre, affirment ces sédévacantistes, de
s’arrêter trop fortement sur le problème de la messe traditionnelle. Car, aux
yeux du fondateur d’Écône, le problème avec
Il est clair que Mgr Lefebvre a insisté sur la dimension doctrinale de la crise de l’Église, pointant
en particulier les questions relatives à la collégialité, à l’œcuménisme et à la liberté religieuse.
Toutefois, il existe aussi des textes, et très forts, pour dire que la question liturgique est absolument essentielle, centrale, voire qu’elle constitue la cause quasi unique de la crise.
Par exemple : « Que Notre Dame de Compassion vous inspire et vous vienne en aide pour parvenir à cette solution tant attendue. Dès lors que le problème liturgique est réglé, les problèmes particuliers d’Écône et des autres groupes, ainsi que des religieuses, trouveront aussi leur solution, pourvu que les évêques manifestent compréhension et bienveillance » (« Lettre de Mgr Lefebvre au Souverain Pontife du 18 novembre 1979 », Itinéraires 265 bis, août 1982, p. 19).
Ou aussi : « La question urgente à régler n’est pas celle d’Écône et de son fondateur, mais celle de la liturgie. Elle intéresse au plus haut point toute l’Église : “Qu’on ne persécute plus ceux qui gardent la liturgie traditionnelle !” Voilà ce que nous supplions le Saint-Père de dire et de donner comme consigne à tout l’épiscopat. Ensuite l’affaire d’Écône, et toutes les initiatives traditionnelles, trouveront aisément leur solution, pour le bien de l’Église et des âmes. Le cardinal Seper avait approuvé cette manière de procéder. C’est elle qui aidera à tout résoudre. Le climat est actuellement favorable dans tous les milieux. La déclaration au sujet de la sainte messe sera bien accueillie, dans l’ensemble » (« Lettre de Mgr Lefebvre au cardinal Palazzini du 19 juin 1980 », Itinéraires 265 bis, août 1982, pp. 31-32).
Ou encore : « Nous demandons simplement, peut-être, de ne pas trop discuter les problèmes théoriques, de laisser les questions qui nous divisent, comme celle de la liberté religieuse. On n’est pas obligé de résoudre tous ces problèmes maintenant, le temps apportera sa clarté, sa solution » (« Quinze ans après Vatican II, les raisons de la continuité de notre combat », conférence à Angers du 23 novembre 1980, p. 24).
Ou également : « Il ne reste donc plus que deux questions litigieuses : la liturgie et le Concile. (…) Il est clair qu’à leurs yeux la nouvelle messe est le point central qui cristallise toutes nos divergences. Je réduisais tout à l’heure à deux les points qui nous séparent. Nous pourrions aller plus loin et dire qu’en définitive la liturgie constitue le seul obstacle sérieux à la normalisation de nos rapports avec Rome » (« Commentaire de la lettre du cardinal Ratzinger », Fideliter 35, septembre 1983, p. 59).
Ou enfin : « Par deux fois dans sa lettre, [Mgr Mamie] rappelle la liturgie. “Parce que vous vous opposez à la liturgie”. C’est donc bien le motif principal, essentiel qui nous a valu ces mesures inqualifiables et illégales. Il faut bien que l’on rappelle cela » (Retraite sacerdotale de septembre 1986, Fideliter 55, janvier 1987, p. 6).
En tout cas,
claironnent ces sédévacantistes, jamais Mgr Lefebvre n’aurait eu l’idée
sacrilège d’envisager une « réforme de la réforme liturgique » : pour lui, elle
devait purement et simplement être abolie, condamnée, supprimée.
Mgr Lefebvre s’est peu exprimé sur l’avenir de la réforme liturgique : il s’intéressait plus à la
permanence de la liturgie traditionnelle. Mais, parmi les textes qu’il a consacrés à l’avenir de la nouvelle liturgie, certains envisagent incontestablement ce qu’on peut appeler une « réforme de la réforme ». Par exemple : « Nous ne voyons d’autre solution à ce problème que : 1) La liberté de célébrer selon l’ancien rite conformément à l’édition des livres liturgiques par le pape Jean XXIII. 2) Une réforme du Novus Ordo missæ pour lui rendre une expression manifeste des dogmes catholiques, de la réalité de l’acte sacrificiel, de la présence réelle, par une adoration plus signifiée, de la distinction claire du sacerdoce du prêtre de celui des fidèles, et de la réalité propitiatoire du sacrifice » (« Lettre de Mgr Lefebvre au cardinal Ratzinger » du 5 avril 1983, Fideliter 35, septembre 1983, pp. 56).
Ou encore : « Nous avons essayé depuis le Concile de réclamer auprès du Saint-Siège, afin que
l’on réforme les réformes et que l’on revienne à
Ou aussi : « Estimant que la réforme liturgique a été influencée par l’œcuménisme avec les
protestants, et de ce fait est un danger très grave pour la foi catholique, nous demandons que cette
réforme soit entièrement révisée et remette explicitement en honneur les dogmes catholiques, selon le modèle de la messe de toujours » (« Lettre de Mgr Lefebvre au cardinal Ratzinger » du 17 avril 1985, Fideliter 46, juillet 1985, pp. 3).
Jamais Mgr
Lefebvre, nous disent encore ces sédévacantistes, n’aurait accepté, pour la
liturgie traditionnelle, cette référence scandaleuse à Jean XXIII que l’on
trouve dans le Motu proprio Summorum Pontificum, manière habile de faire
disparaître la référence à saint Pie V.
Une chose, au contraire, est très évidente au vu des documents : si le Siège apostolique fait
aujourd’hui référence aux rubriques de Jean XXIII pour la liturgie traditionnelle, on le doit à
l’insistance de Mgr Lefebvre lui-même qui, à de nombreuses reprises, a demandé qu’on utilise cette référence.
Par exemple : « Accord proposé par
des cardinaux et des experts qui serait accepté officiellement en même temps
que la signature de la déclaration : 1) En ce qui concerne la liturgie :
liberté d’utiliser les Missel – Rituel – Bréviaire édités par les soins de Sa Sainteté Jean XXIII en 1962 ; érection
par la hiérarchie de paroisses personnelles pour ceux qui utilisent les livres liturgiques du pape Jean XXIII.
2) Déclaration au sujet de la nullité de la suspensio a divinis de Mgr
Lefebvre. 3) Reconnaissance de Droit pontifical pour
Ou aussi : « Ma solution, [ai-je dit au cardinal Ratzinger], elle est très simple : acceptez ce que nous demandons depuis des années. Laissez-nous continuer avec les quatre livres édités par Jean XXIII, qui sont les livres de l’ancienne messe, des anciens sacrements, des anciens rites, de l’ancien rituel. Donnez-nous ce que nous désirons. C’est tout. (…) Si vous accordez publiquement et pour le monde entier la liberté d’user des livres de Jean XXIII, ai-je ajouté, les fidèles pourront demander à leurs évêques de recevoir les sacrements dans le rite ancien » (« Monseigneur, où en êtes-vous avec Rome ? », Fideliter 29, septembre 1982, p. 45).
Ou également : « Si j’ai tardé à répondre à votre lettre du
23 décembre 1982, c’est que j’avais grand espoir de voir paraître le décret
auquel vous faites allusion en me disant : “Pour ce qui concerne l’autorisation
de célébrer la sainte messe selon l’Ordo missæ antérieur à celui de Paul
VI, le Saint-Père a décidé que la question serait résolue pour l’Église universelle
et donc indépendamment de votre cas”. Il serait, en effet, éminemment
souhaitable que cette autorisation paraisse avant la solution du problème de
Sans oublier : « Nous ne voyons d’autre solution à ce problème que : 1) La liberté de célébrer selon l’ancien rite conformément à l’édition des livres liturgiques par le pape Jean XXIII » (« Lettre de Mgr Lefebvre au cardinal Ratzinger » du 5 avril 1983, Fideliter 35, septembre 1983, pp. 56).
Et en n’omettant pas : « Que l’usage des quatre livres édités à nouveau par le pape Jean XXIII nous soit reconnu » (« Lettre de Mgr Lefebvre au cardinal Ratzinger » du 17 avril 1985, Fideliter 46, juillet 1985, pp. 3).
Ou enfin : « C’est alors qu’il a été décidé [par Rome] de faire une ouverture plus grande vis-à-vis de ce que nous demandions depuis toujours, c’est-à-dire de pouvoir célébrer la messe, les sacrements et les offices pontificaux selon le rite de Jean XXIII de 1962 » (« Un an après les sacres », Fideliter 70, juillet 1989, p. 2).
La création,
assènent ces sédévacantistes, d’une commission d’experts par Mgr Fellay pour
étudier les questions que posent le concile Vatican II et préparer d’éventuels
et futurs entretiens doctrinaux avec Rome sur ce sujet est totalement contraire
à la pensée et à la pratique de Mgr Lefebvre.
Cette idée fut, au contraire, exprimée très tôt par Mgr
Lefebvre et, même s’il l’a peu reprise en raison des circonstances et des
perspectives d’accords qu’il croyait voir naître, cette idée ne s’est jamais
éloignée de son esprit, les Dubia sur la liberté religieuse représentant,
par exemple, une forme de ce travail doctrinal d’examen et de contestation du
concile Vatican II. Voici l’un des textes où il envisage directement la
création d’une telle commission d’experts : « J’aurais voulu pouvoir être mis en jugement par le Saint-Office, par
En tout cas,
disent ces sédévacantistes, après 1988 Mgr Lefebvre a clairement affirmé qu’il
ne reprendrait de négociations qu’après que les hommes de
Tout d’abord, nous avons vu plus haut une forme de
déclaration très catégorique de Mgr Lefebvre à l’encontre du cardinal
Ratzinger, lui disant que toute discussion était inutile. Or, cette déclaration
« radicale » n’a nullement empêché Mgr Lefebvre de revoir le cardinal
Ratzinger, de reprendre langue avec lui, de mener une négociation et même de
signer un Protocole d’accord. Il convient donc d’interpréter la présente
déclaration catégorique avec la même souplesse que Mgr Lefebvre lui-même.
D’autant que, peu avant de signer le Protocole, Mgr Lefebvre n’avait aucunement
fait allusion aux exigences qui viennent d’être citées concernant un accord
satisfaisant. Voici ce qu’il en disait : « Ce
qui apporterait une solution au problème serait de nous dire : on ne vous
demande plus rien. On vous donne des évêques de
Mais il y a plus. Quatre mois après le texte brandi comme un
talisman par ces sédévacantistes, Mgr Lefebvre revenait sur ce que serait (ou
aurait été) un accord satisfaisant, et il ne faisait plus aucune allusion à ces
exigences préalables. Voici ses paroles : «
J’aurais bien signé un accord définitif après avoir signé le Protocole, si nous
avions eu la possibilité de nous protéger efficacement contre le modernisme de
Rome et des évêques. Il était indispensable que cette protection existe. (…)
Que fallait-il pour être protégés de Rome et des évêques ? Moi, je voulais une
commission à Rome qui soit composée entièrement de traditionalistes et qui
aurait été comme une délégation de
Dans les faits, Mgr Lefebvre s’est toujours rendu à Rome, et sans poser de conditions préalables, lorsqu’il avait l’espérance d’être reçu. Il le dit lui-même : « Lors de notre entretien, j’avais dit au cardinal Ratzinger : “Je suis à votre disposition. Lorsque l’on m’a appelé, je suis toujours venu. Je n’ai jamais refusé de venir. C’est la même chose avec vous. Si vous ne faites signe de venir : je viens” » (« Monseigneur, où en êtes-vous avec Rome ? », Fideliter 29, septembre 1982, pp. 46).
Et Mgr Lefebvre a expliqué le fondement de son attitude : «
C’est pour cela que je me rends à Rome mardi. Après de nombreuses et nombreuses
démarches, celle-ci aboutira-t-elle plus que les autres ? Je n’en sais rien.
Mais je le fais par devoir de conscience, pour que quand le bon Dieu me
rappellera, il ne puisse pas me dire n’avoir rien fait pour rétablir
Mgr Fellay ne trahit donc aucunement Mgr Lefebvre en ne posant pas forcément de telles
exigences préalables, que Mgr Lefebvre lui-même n’a jamais conçues comme absolument
indispensables. De
plus, en maintenant l’exigence de « discussions doctrinales » sur le concile
Vatican II avant toute perspective d’accord, le Supérieur général actuel reste
parfaitement fidèle à l’esprit et à la ligne de conduite constante de Mgr
Lefebvre. (NDLR : cette
affirmation me paraît très contestable. Nous y reviendrons)
Redisons, pour conclure cette première partie de notre analyse, que nous n’avons pas prétendu
exprimer ici toute l’ampleur de la pensée et de la position de Mgr Lefebvre face à Rome. Mais nous en avons rappelé, en revanche, une partie absolument certaine, qu’il convient de ne pas omettre ni oublier pour comprendre la réalité de la position de Mgr Lefebvre.
Mgr Lefebvre et
le sédévacantisme
Nous venons d’analyser les principales contre-vérités répandues par certains sédévacantistes
concernant la pensée de Mgr Lefebvre sur les rapports avec
sédévacantistes utilisent encore une autre technique pour semer le trouble dans les esprits. Ils publient, en effet, quelques lambeaux de phrases prononcées par Mgr Lefebvre en des moments d’émotion extrême et dont ils jugent qu’ils pourraient éventuellement, dans leur expression, se rapprocher de leurs thèses ; et, s’appuyant sur ces lambeaux de phrases, ils prétendent en déduire qu’en fait, Mgr Lefebvre était secrètement sédévacantiste.
Mais l’analyse des faits montre que ce prélat a toujours rejeté publiquement les thèses
sédévacantistes, de la façon la plus expresse et la plus constante. D’autre part, il a exclu
systématiquement de son œuvre ceux qui se proclamaient les adeptes et les défenseurs de ces thèses. Concernant les quelques mots échappés de la bouche ou de la plume de Mgr Lefebvre et qui pourraient à l’extrême rigueur sembler accréditer une partie des thèses sédévacantistes, Mgr Tissier de Mallerais en a traité dans sa biographie de Mgr Lefebvre, Marcel Lefebvre – Une vie (Clovis, 2002).
Le lecteur intéressé pourra se reporter aux pages 533-535 et 564, où les textes topiques sont cités et analysés. La parole sans doute la plus forte date du dimanche de Pâques 1986 : « Voilà la situation dans laquelle nous nous trouvons. Ce n’est pas moi qui l’ai créée. Je voudrais mourir pour qu’elle n’existât pas ! Nous nous trouvons devant un dilemme grave qui, je crois, n’a jamais existé dans l’Église : celui qui est assis sur le Siège de Pierre participe à des cultes de faux dieux. Quelle conclusion devrons-nous tirer peut-être dans quelques mois, devant ces actes répétés de communication avec les faux cultes ? Je ne sais pas. Je me le demande. Mais il est possible que nous soyons dans l’obligation de croire que ce pape n’est pas pape. Car il me semble à première vue — je ne veux pas encore le dire d’une manière solennelle et publique — qu’il soit impossible qu’un pape soit hérétique publiquement et formellement. »
Au séminaire d’Écône, où furent prononcées ces paroles (que nous avons entendues de nos
oreilles), ce fut une émotion considérable, car elles semblaient rompre avec la position constante et claire de Mgr Lefebvre concernant le sédévacantisme.
Mais précisément, ce qui est remarquable, c’est que ces paroles, prononcées en un moment
d’émotion extrême (ce sermon se situe quelques semaines avant la visite de Jean-Paul II à la
synagogue de Rome, et quelques mois avant la réunion d’Assise pour la paix) n’ont jamais été suivies d’une rupture avec le pape. Comme l’écrit avec raison Mgr Tissier de Mallerais : « Pour la seconde fois depuis 1976, la tentation sédévacantiste hante Mgr Lefebvre ; mais il n’y succombe pas » (p. 564).
Avant comme après cette date, Mgr Lefebvre est resté
constamment fidèle à sa ligne de conduite, tant spéculative que pratique :
refuser le sédévacantisme comme thèse, et exclure systématiquement de son œuvre
ceux qui s’en proclamaient les adeptes et les défenseurs. Pour le vérifier,
relisons quelques textes sur le sujet, qui datent des dix derniers années de la
vie de Mgr Lefebvre (10). Nous y trouverons de plus quelques raisons
coordonnées de refuser, avec le fondateur de
« Afin de mettre fin à des doutes qui se répandent actuellement soit à Rome, soit dans certains
milieux traditionalistes d’Europe et même d’Amérique concernant mon attitude et ma pensée vis-à-vis du pape, du Concile et de la messe du Novus ordo, et craignant que ces doutes ne parviennent jusqu’à Votre Sainteté, je me permets d’affirmer à nouveau ce que j’ai toujours exprimé : 1) que je n’ai aucune hésitation sur la légitimité et la validité de votre élection, et qu’en conséquence je ne puis
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(10) Voici d’autres
références, datant d’entre 1976 et février 1982 : conférences (enregistrées) du
2 décembre 1976 ; du 24 février 1977 ; du 18 mars 1977 ; du 5 octobre 1978 ; du
16 janvier 1979 ; du 25 octobre 1979 ; du 25 février 1980 ; « Le Novus ordo
missæ et le pape », texte du 8 novembre 1979, Cor Unum 4, novembre 1979.
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tolérer que l’on n’adresse pas à Dieu les prières prescrites
par la saint Église pour Votre Sainteté. J’ai dû sévir et continue de le faire
vis-à-vis de quelques séminaristes et quelques prêtres qui se sont laissé
influencer par quelques ecclésiastiques étrangers à
« Pour moi, j’ai une douleur profonde d’avoir vu quelques-uns de mes prêtres abandonner la
Fraternité parce qu’ils n’ont pas été d’accord avec la ligne
de conduite que j’ai toujours suivie depuis le début de la fondation de
Mormons… chez les Pentecôtistes, chez les Adventistes ou autre chose ! Les âmes sont perdues ! Tout de même, je ne veux pas avoir cette responsabilité ! On me trouve peut-être sévère en demandant à ces jeunes prêtres qui ne sont pas d’accord avec nous, avec cette ligne que j’ai toujours suivie, de nous quitter. Mais je ne veux pas introduire le loup dans la bergerie. (…) Ils introduisent des divisions parmi les traditionalistes, ils introduisent des divisions dans l’Église, et de cela, je ne veux pas, je ne peux pas, tout en regrettant infiniment… » (« Quinze ans après Vatican II, les raisons de la continuité de notre combat », conférence à Angers du 23 novembre 1980, p. 21-23).
« On comprend mieux, dès lors, la situation dans laquelle se trouve aujourd’hui l’Église : une
situation inconcevable qui pousse certains fidèles désemparés à dire qu’il n’y a pas de pape, qu’il n’y a plus de sacrements valides, qu’il n’y a plus de messes valides… Un radicalisme complet qui ignore ce qu’est le libéralisme ; il faut avoir des jugements plus prudents, parce que les libéraux, justement, ne sont pas des gens “absolus” ; ils sont toujours entre l’erreur et la vérité, ils se contredisent et sont insaisissables. Alors évidemment, ils détruisent la vérité, le dogme, la foi, mais ils ne vont pas jusqu’à accomplir des actes absolument invalides » (C’est moi, l’accusé, qui devrais vous juger, Clovis, 1994, p. 142 – ce texte date en réalité de 1981).
« Ils demeurent attachés au Siège de Pierre et au Successeur
de Pierre, malgré les graves reproches qu’on est en droit de lui faire,
spécialement pour son engagement à poursuivre l’œuvre du Concile qui est autre
que “l’autodémolition de l’Église”. Nous devons prier pour qu’éclairé par
l’Esprit-Saint, il revienne à
« Nous, nous tenons le pape et nous tenons la messe, les deux. Certains me disent : “Mais non,
lâchez le pape, il n’est plus pape”. Je réponds : “Si, je tiens le pape”. Les autres me disent : “Mais lâchez la messe, puisque le pape le veut”. “Non, je ne lâche pas la messe non plus”. Pourquoi ? Parce que je suis sûr que, fondamentalement, le pape et la messe vont ensemble » (« Le faux œcuménisme n’est pas missionnaire », conférence à Nantes le 5 février 1983, Fideliter 35, septembre 1983, p. 49).
« Ce n’est pas parce que je dis que le pape est infidèle à
sa tâche que je dis qu’il n’y a plus de pape, ou que je dis qu’il est hérétique
formel. Je crois qu’il faut juger les hommes de
« A l’inverse des sédévacantistes, nous agissons vis-à-vis du pape comme vis-à-vis du Successeur de Pierre. Nous nous adressons à lui comme tel et nous prions comme tel. La majorité des fidèles et des prêtres traditionalistes estiment aussi que c’est la solution prudentielle et sage : reconnaître qu’il y a un successeur sur le trône de Pierre et qu’il est nécessaire de s’opposer fortement à lui à cause des erreurs qu’il diffuse » (« Après les ralliements sonnera l’heure de vérité », Fideliter 68, mars 1989, p. 13).
Conclusion :
Au regard de ces textes extrêmement clairs et incisifs, on peut conclure en toute sûreté que les
sédévacantistes commettent une escroquerie intellectuelle lorsqu’ils prétendent que Mgr Lefebvre, à quelque moment de sa vie que ce soit, aurait eu la moindre adhésion aux thèses sédévacantistes.
Ces sédévacantistes arguent toutefois d’un texte qu’ils prétendent être le « dernier texte de Mgr Lefebvre ». Il s’agit d’une lettre, datée du 4 mars 1991, que Mgr Lefebvre a écrite comme préface à l’ouvrage de l’abbé Giulio Tam, Documentation sur la révolution dans l’Église. Mais il ne s’agit en aucune manière de « paroles testamentaires », car Mgr Lefebvre n’envisageait pas de mourir dans les jours qui suivraient : au contraire, le 8 mars, il part pour Paris afin de présider une importante réunion. Et ce sera sur la route qu’il sera rattrapé par la maladie qui le conduira au tombeau. Il s’agit d’une simple préface, comme Mgr Lefebvre en a accordé de nombreuses.
Voici ce texte : « Monsieur
l’abbé Giulio Tam, membre de
d’origine italienne,
recevant quotidiennement l’Osservatore
romano, journal officiel de
Les thématiques de cette préface n’ont aucun lien avec le sédévacantisme. Il s’agit au contraire d’une reprise des constantes de la pensée de Mgr Lefebvre, pensée qui s’est toujours accompagnée d’un refus explicite et formel du sédévacantisme. En lisant ce texte à la lumière des textes sur le sédévacantisme que nous venons de lire, ainsi que de tous les autres textes de Mgr Lefebvre que nous avons cités, on voit sans difficulté que les sédévacantistes trompent leurs lecteurs lorsqu’ils insinuent que Mgr Lefebvre, à un quelconque moment de sa vie, fût-ce dans ses derniers jours, leur a accordé le moindre crédit.