ITEM

 

 

Portable : 06 80 71 71 01. Courriel : abbe_aulagnier@hotmail.com.

Site : http://la.revue.item.free.fr

 

Un regard sur le monde

politique et religieux

 

au 18 juin 2008

 

N° 174

 

Par Monsieur l’abbé Paul Aulagnier

 

 

« Par fidélité à Mgr Lefebvre, la FSSPX doit-elle signer au plus tôt un accord avec Rome ? ».

 

 

 

 

Une étude M.  l’abbé Celier, prêtre de la Fraternité saint Pie X, sur l’opportunité ou non de signer par Mgr Fellay , supérieur de la FSSPX,  un accord avec Rome, dans la fidélité à la pensée de Mgr Lefebvre, vient de m’être communiquée. Elle est fort intéressante.  Il s’agit d’une étude qui devait rester un document « confidentiel ». Elle  a du être « commandée » par Mgr Fellay.  Avec son autorisation, M.  l’abbé Celier l’adressa seulement  à trois de ses confrères qui devaient le garder par devers eux.  Malgré tout, et par quel mystère, je ne sais, elle  fut publiée  sur  un « site sedevacantiste ». Dès lors M l’abbé Celier, interrogé sur cette publication « sauvage », ne s’oppose plus à sa diffusion, à condition  que cette publication soit « courtoise et ouverte ». (1) C’est mon plus cher désir. Le sujet est tellement important. Il mérite réflexion. Il passionne tous les « traditionalistes », mais au-delà, toute l’Eglise. J’ai  consacré à cette question quelques considération dans mon livre « l’enje u de l’Eglise : la messe ». C’est l’objet du livre VI. (A commander chez l’auteur au 80 rue de Normandie 92400 Courbevoie. 29 euros + 5eruros pour frais de port). Je les développe dans un autre livre qui doit paraître prochainement aux Editions François Xavier Guibert. Aussi ai-je lu les remarques de M l’abbé Celier avec attention. Le débat est de nouveau  lancé ! Les arguments sont proposés.

 

Cette étude de M l’abbé Celier est très volumineuse. Elle contient 55 pages. Il est difficile de la publier en une seule fois. Nous la publierons  en deux fois. Et nous sauterons les réflexions préliminaires qui, pour intéressantes qu’elles soient,  alourdissent l’étude et ne lui sont pas essentielles. Elles consistent à quelques règles d’herméneutique, d’interprétations de la pensée d’un auteur, en  l’occurrence, de la pensée de Mgr Lefebvre. Il faut, certes,  en tenir compte. C’est une question  d’honnêteté intellectuelle.

 

Cette étude a pour titre :

 

« Par fidélité à Mgr Lefebvre, la FSSPX doit-elle signer au plus tôt un accord avec Rome ? ».

 

 M l’abbé Celier étudie cette question sous ses deux aspects qui feront l’objet de deux parties :

 

- Par fidélité à Mgr Lefebvre, Mgr Bernard Fellay, actuel Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X, est-il empêché d’avoir des relations avec la Rome actuelle ? i.e. Ne doit-il pas avoir de relations avec la Rome actuelle ? et ne pas conclure d’accord ?  C’est ce  qu’affirment  les « sedevacantistes ».  M.  l’abbé Celier, patiemment,  réfute une à une,  toutes leurs objections. C’est très intéressant. Ce sont ses réfutations que je publie dans cette première partie.

 

- Est-il obligé de signer un accord dans les plus brefs délais avec cette même Rome ? C’est ce  que lui conseillent  d’autres prêtres, généralement ceux des communautés « ecclesia Dei ». M l’abbé Celier en réfute les raisons. C’est la deuxième partie. Nous la publierons la semaine prochaine. Et la semaine suivante, nous donnerons notre appréciation. Le sujet est lancé

 

Je reste, quant à moi, favorable à cette signature. Je l’ai soutenue. Elle  fut la raison de mon éloignement de la FSSPX…Malgré les désagréments que j’ai pu en subir, je confirme pourtant et je signe encore. Cette signature est nécessaire mais dans les conditions prévues et laissées en héritage par Mgr Lefebvre à la FSSPX. C’est sur ces « conditions », entre autres,  que devraient porter les entretiens avec Benoît XVI. …

 

 

 

Mgr Marcel Lefebvre refuserait-il aujourd’hui tout contact avec Rome ?

 

Voici les idées exposées :

 

- Quelques règles de bon sens

- Pour nuancer certains propos…

• Il est absurde de croire qu’il y aurait à Rome des hommes plus traditionnels

• Il est ridicule d’attendre une « conversion » de la Rome actuelle

• Le retour de Rome à la vérité catholique ne peut se faire que d’un seul coup

• On ne peut rentrer dans une « Église officielle » moderniste

• Mgr Lefebvre n’accordait aucune importante à la question d’un accord

• Aucun rapprochement n’est possible avec les modernistes

• Le concile Vatican II est en tous points inacceptable

• Le problème de la crise actuelle est beaucoup plus doctrinal que liturgique

• On ne peut envisager une « réforme de la réforme » pour une liturgie en soi mauvaise

• La référence au missel de Jean XXIII est scandaleuse et inacceptable

• Une commission d’experts pour une discussion ave la Rome actuelle est ridicule

• Avant toute discussion, il faut que les gens de Rome prêtent le serment antimoderniste

- Mgr Lefebvre et le sédévacantisme

 

 

 

 

(1) http://QIEN.free.fr/ :
Un site sédévacantiste a publié récemment un texte en l'attribuant à  l'abbé Celier, prêtre de la Fraternité Saint Pie X, et actuel  responsable de sa "Lettre à Nos Frères Prêtres". Le site étant hostile à  la Fraternité Saint Pie X, nous avons contacté l'abbé Celier qui nous  confirme être l'auteur de ce texte, fruit d'un travail approfondi.  L'abbé Celier avait communiqué ce document interne à trois confrères, à  la demande de Mgr Fellay; une personne qui en a eu connaissance a cru  devoir le diffuser dans le milieu sédévacantiste. Ce texte n'était pas  destiné à être public. Cependant, puisqu'il y a eu une première  divulgation hostile et frauduleuse, l'abbé Celier ne s'oppose pas à des  reprises courtoises et ouvertes. Ce que nous faisons.

 

Introduction

 

Malgré le fait évident que les relations de la Fraternité Saint-Pie X avec Rome reviennent au

Supérieur général de cette Fraternité, et à lui seul, certaines personnes qui ne sont pas le Supérieur général, et même qui ne sont ordinairement ni membres ni fidèles de la Fraternité Saint-Pie X, pas même amis de cette Fraternité, s’arrogent le droit de trancher, de façon péremptoire, cette question très complexe et de décréter comment la Fraternité Saint-Pie X devrait agir ou ne pas agir.

 

Certains le font de façon négative, prétendant que la fidélité à Mgr Marcel Lefebvre, fondateur de

la Fraternité Saint-Pie X, exclurait non seulement toute possibilité d’accord, mais même toute

possibilité de contact avec la Rome actuelle.

 

D’autres, au contraire, affirment de façon positive que Mgr Bernard Fellay, actuel Supérieur

général de la Fraternité Saint-Pie X, aurait l’obligation morale de signer au plus vite un accord, pour rester fidèle à l’Église et ne pas trahir le véritable esprit de Mgr Lefebvre.

 

En cette affaire, les avis des uns et des autres, les affirmations tranchantes et les vaticinations

incompétentes ne sont que de peu d’importance théorique, et de nulle poids pratique, dans la mesure où ceux qui en parlent ainsi ne connaissent qu’une très petite partie de la réalité.

 

Cependant, parce que les textes qui circulent ici ou là, parce que les affirmations des dîners en ville ou les contributions pseudonymes des sites internet peuvent impressionner ou troubler quelques personnes, il nous a semblé utile de revenir sur cette question.

Non pas pour trancher en un sens ou un autre. Non pas pour déterminer si oui ou non la Fraternité

Saint-Pie X doit signer un accord avec la Rome actuelle. Simple membre de la Fraternité Saint-Pie X, nous n’avons aucune compétence pour prendre une telle décision.

Le choix de signer éventuellement un accord avec Rome, ou de ne pas le signer, revient en effet

exclusivement au Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X, et seulement si une telle décision lui apparaît conforme à la volonté de Dieu. Cette décision ne pourrait être prise qu’après la convocation d’un Chapitre général extraordinaire, selon qu’il a été statué par le Chapitre général de la Fraternité Saint-Pie X en juillet 2006. Cette décision ultime du Supérieur général mandaté par le Chapitre extraordinaire s’inscrirait dans le cadre de la « Déclaration » dudit Chapitre de 2006 : « Si la Fraternité Saint-Pie X attend la possibilité de discussions doctrinales, c’est dans le but de faire résonner plus fortement dans l’Église la voix de la doctrine traditionnelle. En effet, les contacts qu’elle entretient épisodiquement avec les autorités romaines ont pour seul but de les aider à se réapproprier la Tradition que l’Église ne peut renier sans perdre son identité, et non la recherche d’un avantage pour elle-même, ou d’arriver à un impossible “accord” purement pratique. »

D’une façon générale, d’ailleurs, les relations (ou l’absence de relations) entre la Fraternité Saint-

Pie X et Rome sont du seul ressort du Supérieur général : c’est lui qui décide souverainement si ces relations doivent être régulières ou intermittentes, chaleureuses ou méfiantes, par lettres ou par rencontres personnelles, etc.

 

Notre but est beaucoup plus limité, mais il nous semble néanmoins utile et éclairant. Il consiste à

essayer de montrer qu’en l’état actuel des choses, aucun argument probant ne contraint le Supérieur général d’agir d’une façon plutôt que d’une autre, et que sa prudente liberté de chef demeure entière.

 

Sans vouloir obliger le Supérieur général à avoir des relations avec la Rome actuelle, et des

relations de telle nature plutôt que de telle autre, nous voulons essayer de montrer que rien ne lui interdit (et en tout cas pas les enseignements de Mgr Lefebvre) d’avoir s’il le juge utile des relations avec cette Rome.

Sans vouloir interdire au Supérieur général de signer un accord avec la Rome actuelle, si à son jugement prudent les conditions en sont réunies, et si un Chapitre général extraordinaire lui en accorde le mandat, nous voulons essayer de montrer que rien ne l’oblige impérativement à signer un tel accord dans un bref délai.

 

Notre travail n’a donc que ce modeste objet : tenter de mettre en lumière que Mgr Bernard Fellay,

actuel Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X, n’est ni empêché d’avoir des relations avec la Rome actuelle, ni obligé de signer un accord avec cette même Rome dans les plus brefs délais.

Par la même occasion, nous serons amené à souligner implicitement que Mgr Fellay n’est ni obligé d’avoir telles ou telles relations avec Rome, ni empêché de signer un accord avec elle, si les conditions en sont remplies. Et tout cela dans la parfaite fidélité à l’héritage de Mgr Marcel Lefebvre.

 

Nous ne voulons pas affirmer, toutefois, que les arguments évoqués par les uns et les autres sur ce difficile problème des relations entre la Fraternité Saint-Pie X et Rome soient systématiquement de nulle valeur, et sans intérêt. Beaucoup sont intéressants, ils font partie de « l’état de la question », ils sont attentivement et régulièrement scrutés par le Supérieur général et ses conseillers pour prendre au jour le jour les décisions les plus sages et les mieux adaptées à la situation réelle.

Mais, à bien les examiner, aucun de ces arguments n’est suffisant pour contraindre le Supérieur général à prendre dans l’immédiat une décision dans un sens ou dans un autre.

 

Première partie

 

Mgr Marcel Lefebvre refuserait-il aujourd’hui tout contact  avec Rome ?

 

Quelques règles de bon sens

 

Mgr Lefebvre, qui nous avait si sagement guidés dans cette terrible crise de l’Église, nous a quittés le 25 mars 1991. Depuis ce temps-là, des événements sont survenus, comme la mort de Jean-Paul II ou l’élection de Benoît XVI, comme la fondation de l’Institut du Bon Pasteur ou le Motu Proprio Summorum Pontificum, comme le discours du 22 décembre 2005 ou la visite à la Mosquée bleue. Le fondateur de la Fraternité Saint-Pie X n’a évidemment pas pu réagir à ces événements, ni a fortiori nous donner une ligne de conduite à ce propos.

Toutefois, Mgr Lefebvre s’étant beaucoup exprimé, entre 1961 et 1991, sur la situation présente de l’Église, le courant sédévacantiste (1), en particulier, a entrepris, à partir de la masse considérable des textes conservés, de « faire parler » l’évêque d’Écône dans le sens d’une opposition à tout contact avec la Rome actuelle. Ses tenants n’hésitent pas, plus de quinze ans après la mort de Mgr Lefebvre, à décrire dans le détail comment celui-ci réagirait aujourd’hui face à tel ou tel événement, utilisant pour cela quelques lambeaux de phrases épars, ou une série de textes sélectionnés de façon à éviter d’autres passages pouvant apporter nuances voire remises en cause.

Ils cherchent par là à empêcher Mgr Fellay, actuel Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X, d’user de sa légitime liberté d’appréciation et d’action, en créant une opposition factice et trompeuse entre les directives et les choix de Mgr Fellay aujourd’hui, et ceux que, d’après leur reconstitution hypothétique, Mgr Lefebvre aurait faits s’il avait encore été vivant.

 

Répondons d’abord qu’a priori, l’interprète authentique de la ligne de conduite de Mgr Lefebvre

est évidemment l’œuvre qu’il a lui-même fondée et dirigée, qui se situe dans le droit fil de sa pensée, qui vit des Constitutions qu’il a rédigées et souvent commentées, qui regroupe des centaines de prêtres qu’il a lui-même ordonnés, directement ou par le biais d’évêques auxiliaires choisis par lui. Les positions actuelles de cette seule héritière légitime, la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, positions exprimées par son Supérieur général, manifestent, non pas ce qu’aurait fait de façon certaine Mgr Lefebvre (il est impossible de le savoir, et absurde de le prétendre), mais la ligne de conduite que, le plus probablement, il aurait lui-même adoptée dans les circonstances présentes.

Les interprètes authentiques de la pensée de Mgr Lefebvre ne sont certainement pas les

sédévacantistes, dont le fondateur d’Écône a constamment condamné les positions fausses et ruineuses pour l’Église, et dont il a systématiquement écarté et exclu de la Fraternité Saint-Pie X les tenants.

Toutefois, la prétention absurde de ces sédévacantistes d’être les interprètes authentiques de Mgr

Lefebvre ne signifie pas qu’il soit illégitime, ou interdit, ou inutile, d’essayer de comprendre le

mouvement profond de la pensée et de l’action de Mgr Lefebvre, de chercher à exprimer les principes dont il s’inspirait, et d’en tirer quelques conclusions spéculatives sur la façon dont il aurait pu réagir aujourd’hui. Mais une telle recherche « académique », intéressante en soi, doit satisfaire à deux conditions essentielles. Tout d’abord, il lui convient de rester modeste dans les conséquences pratiques qu’elle prétend en déduire, car la liberté d’un homme ne peut être enclose même dans la totalité de ses paroles et actes antérieurs. Il est tout à fait indû de prétendre exposer de façon certaine, à partir de sa ligne de conduite antérieure, la réaction qu’aurait eue Mgr Lefebvre face aux événements actuels : seules des conjectures, des probabilités, de simples suppositions, sont acceptables en la matière.

Ensuite et surtout, ce travail de recherche doit satisfaire aux règles élémentaires de l’exégèse, de

l’interprétation, de l’herméneutique. Le commentaire d’une pensée ne peut relever de la simple

 

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(1) Courant très bigarré mais qui se retrouve pour affirmer que, pour une raison ou pour une autre, le pape actuel n’est pas réellement pape, qu’il est un imposteur, un intrus, un pape seulement « matériel », etc. Les tenants de ce courant en concluent que les catholiques

doivent agir comme dans le cas de vacance du Siège apostolique (ce qui arrive, par exemple, entre la mort d’un pape et l’élection de son successeur), situation que l’on qualifie canoniquement de « Sede vacante » (en latin, « le siège étant vacant »). D’où le nom dont ce courant est couramment baptisé, « sédévacantisme ».

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divination, de la mauvaise poésie ou d’une fantaisie bardée de préjugés. La pensée humaine a

développé au cours de son histoire des outils intellectuels nécessaires, dont il n’est pas permis à une réflexion sérieuse de s’affranchir sans raison.

 

(NDLR : C’est à cet endroit que M l’abbé Celier développe les règles d’interprétation de la pensée d’un auteur, en l’occurrence ici, de Mgr Lefebvre.)

 

Commençons donc par rappeler certains des principes premiers de la compréhension et de

l’interprétation d’une pensée, quelle qu’elle soit. Ne pas respecter ces règles de base exposerait à créer de toutes pièces une chimère intellectuelle.

 

(Retenons ce conseil de bon sens :

…….

 

Il convient donc, face à des textes de Mgr Lefebvre, de préciser tout d’abord la nature et la portée exacte de ce texte ; de le replacer dans son contexte ; de le rapprocher d’autres textes, pour éviter de le taxer trop facilement d’incohérence ; de ne pas voir dans la démarche de Mgr Lefebvre quelque chose de trop systématique et a priori, qui ne correspond pas à son tempérament ; de distinguer dans ce texte ce qui appartient à son espérance surnaturelle, ce qui appartient à la réflexion à moyen terme et ce qui appartient à la réaction immédiate face à un événement. C’est seulement sur ces bases issues des règles générales de la pensée humaine qu’on pourra, prudemment et modestement, essayer de décrire qu’elle aurait pu être la réaction de Mgr Lefebvre dans telle circonstance.

…..

 

Pour nuancer certains propos…

 

Comme nous l’avons dit, les sédévacantistes que nous visons citent certains textes de Mgr

Lefebvre qui, pour la plupart, sont réels et exacts (même s’ils sont souvent habilement tronqués). Mais ils omettent volontairement d’autres textes, exprimés en d’autres circonstances ou en un temps différent, qui sont tout aussi réels et exacts, et qui méritent eux aussi d’être cités, si l’on veut exprimer de façon complète et nuancée la pensée de Mgr Lefebvre. Dans les lignes qui suivent, nous rappelons quelques textes qui ne prétendent pas exprimer la totalité de la pensée de Mgr Lefebvre, mais qui, incontestablement, en expriment au moins une partie… à ne pas omettre ou oublier !

 

Il est absurde de penser, nous disent ces sédévacantistes, qu’il y aurait à Rome des hommes plus traditionnels qui s’efforceraient de lutter contre des hommes totalement modernistes.

 

Or, dans plusieurs textes, Mgr Lefebvre exprime au contraire sa conviction que « Rome est

divisée » (« Nous voulons rester ce que nous sommes », Fideliter 62, mars 1988, p. 31). Par

exemple (6 ): « Il y a deux Rome. Même à l’intérieur, ces deux Rome se disputent. J’en suis certain,

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6 Voici d’autres textes allant dans le même sens.

« Nous avons appris à nos dépens et aux dépens de l’Église ce dont sont capables les clercs progressistes. (…) Rien ne les arrête pour arriver à dominer l’Église et à en occuper les postes-clés. Nul doute qu’ils agiront de même dans ce conclave. (…) Pour déjouer leurs projets sataniques, vous disposez sans doute de peu de moyens humains, mais vous avez la toute-puissance de la vérité et de l’Esprit- Saint. (…) Certes, vous paraissez peu nombreux décidés à barrer la route au progressisme, au modernisme, au faux œcuménisme. Cependant, ces cardinaux que vous connaissez mieux que moi sont des personnages de premier plan, bien dignes de porter la tiare » (« Lettre de Mgr Lefebvre au cardinal X… du 8 août 1978 », Itinéraires 223, mai 1979, p. 126).

 

« Très Saint-Père (…), les entretiens avec le cardinal Seper ont pu montrer que rien ne s’oppose de notre part à ce qu’une solution soit trouvée. Ces quelques lignes voudraient vous manifester notre désir de voir cette solution aboutir pour le bien de l’Église et des âmes. Par vos discours, vous avez clairement montré votre attachement à Notre Seigneur Jésus-Christ, seule solution de tous les problèmes, votre fidélité à la morale catholique, votre volonté de restaurer la sainteté de la vie sacerdotale et de la vie religieuse » (« Lettre de Mgr Lefebvre au Souverain Pontife du 18 novembre 1979 », Itinéraires 265 bis, août 1982, p. 17).

 

« Le pape a certainement beaucoup plus de désir [que Paul VI] de revenir à la Tradition en ce qui concerne les séminaires, le clergé, la discipline ecclésiastique, la discipline religieuse ; lorsque le pape en parle, il dit de très belles choses, nous sommes heureux de l’entendre… Si le pape veut revenir ainsi dans tous les domaines… » (« Quinze ans après Vatican II, les raisons de la continuité de notre combat », conférence à Angers du 23 novembre 1980, p. 21).

 

« L’occupation de l’Église par des clercs imbus des erreurs modernes condamnées par tout le magistère de l’Église a des conséquences religieuses, sociales, politiques désastreuses. On voudrait croire que le pape et que certains cardinaux ne font pas partie de ces clercs, et cela nous fait garder une lueur d’espérance ! » (« Préface », Itinéraires 265 bis, août 1982, pp. 1-2).

 

« L’année précédente, j’avais eu l’occasion de déjeuner avec [le cardinal Ratzinger] à Rome. Il m’avait paru assez anxieux quant à la situation de l’Église, jugeant qu’elle était très grave et admettant que les réformes post-conciliaires n’étaient tout de même pas pour rien dans tout cela. Il avait paru assez bien disposé, s’intéressant à ce que nous faisions » (« Monseigneur, où en êtes-vous avec Rome ? », Fideliter 29, septembre 1982, p. 43).

 

« Lorsque j’ai rencontré le cardinal Ratzinger au début de cette année, je l’ai félicité d’avoir dressé un tableau de la situation angoissante de l’Église, mais je me suis permis aussi de lui faire remarquer la gravité des propos qu’il avait tenus en affirmant en réponse à une question d’un journaliste : “Oui, il y a quelque chose de changé dans l’Église depuis 1960. Les valeurs qui ne sont pas d’Église, qui ne viennent pas de l’Église ont désormais été acceptées par l’Église” » (« Que penser de Rome ? », conférence à l’Institut Saint-Pie X le 17 mars 1985, Fideliter 45, mai 1985, p. 23).

 

« Nous sommes à une époque dans l’Église où la situation évolue rapidement. Il y a seulement cinq ou six ans, il n’aurait pas été imaginable que le cardinal Ratzinger ait publié son livre (…). Cela n’aurait certainement pas été accepté, même par le Saint-Siège. C’est un événement qu’un membre éminent de la Curie se permette de constater (…) que la situation de l’Église est telle qu’elle paraît une véritable catastrophe. (…) Lorsque je l’avais rencontré en janvier dernier, après une interview et avant la parution de son livre, je lui avais dit : “Éminence, je suis stupéfait de ce que vous avez écrit. Je n’aurais pas osé moi-même faire un pareil diagnostic ! (…)” Le Cardinal lui-même l’écrit : “Il y a grand danger que ces Églises ne soient plus catholiques”. Voilà une description incroyable, qu’aucun

membre de la Curie n’aurait jamais osé faire. C’est un acquis considérable. Au moins, maintenant, on ouvre les yeux sur cette autodémolition de l’Église dénoncée par le pape Paul VI, mais dont on n’avait pas vraiment montré la réalité » (« De la pertinacité dans l’erreur », conférence à Nantes le 13 octobre 1985, Fideliter 48, novembre 1985, p. 18).

 

« Peut-on avoir un grand espoir dans ce synode, ou y a-t-il des raisons d’être encore plus inquiet ? Je ne suis pas prophète et je ne sais pas ce qui se passera. Il y surviendra peut-être des faits inattendus. Il suffit que l’un des membres un peu courageux se lève pour constater que l’Église est vraiment en danger, pour que d’autres se groupent avec lui » (« De la pertinacité dans l’erreur », conférence à Nantes le 13 octobre 1985, Fideliter 48, novembre 1985, p. 19).

 

« Qui sait, ce furent peut-être les hommes de la Curie qui empêchèrent [Jean-Paul II] d’avancer sur cette voie…Tout le monde sait qu’agit au Vatican une influente mafia libérale-maçonnique sans le placet de laquelle aucun changement n’est possible » (« Si c’est mon devoir, je sacrerai des évêques », Fideliter 57, mai 1987, p. 3).

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absolument certain, il y a une division profonde. Il faut prier beaucoup, parce que le pape se trouve pris dans ce tourbillon de gens qui l’entourent et il n’arrive plus à gouverner. C’est très grave. Il y a des Congrégations qui commandent une chose, les autres commandent le contraire. Nous sommes dans une situation très pénible » (« Le faux œcuménisme n’est pas missionnaire », conférence à Nantes le 5 février 1983, Fideliter 35, septembre 1983, p. 50).

 

Ou aussi : « En allant à Rome, on a de plus en plus l’impression que le pape ne commande plus. Les cardinaux plus ou moins teintés de traditionalisme sont mis de côté, et tout le reste finit par être au service de la franc-maçonnerie » (« L’Église conduite au tombeau par la Rome moderniste », sermon du 2 février 1986, Fideliter 50, mars 1986, p. 7).

 

Ou encore : « Jean-Paul II est entouré et surveillé par une maffia qu’il a lui-même

installée. Ils connaissent son état d’esprit et ils veillent surtout à ce qu’il ne revienne pas à des

positions traditionnelles. Certaines personnes ont bien tenté de favoriser un rapprochement pour que “les choses s’arrangent”, leur bonne foi est certes entière et louable leur tentative. Mais ceux-là mêmes qui sont opposés à un retour à la Tradition, ne fût-ce qu’à titre d’expérience, ceux-là veillent » (« Le temps des ténèbres et de la fermeté dans la foi », Fideliter 59, septembre 1987, p. 79).

 

 

Il est également ridicule de croire, nous disent ces sédévacantistes, à une « conversion » de la Rome actuelle.

 

Dans plusieurs textes, Mgr Lefebvre redit au contraire sa certitude que la Rome actuelle peut

revenir à la Tradition, et même éventuellement dans un délai plus rapide que prévu. Par exemple (7) : « Nous devons tout faire pour essayer de maintenir, justement, de telle manière que, quand

 

« Il semble que par une circonstance particulière, à la suite, je pense, d’instances qui ont été faites par certains cardinaux, certains évêques auprès du Saint-Père disant : “Il faut quand même en finir avec cette histoire de la Tradition, avec cette affaire d’Écône”, on réalise maintenant que nous ne sommes pas des ennemis de l’Église. Certains ont dû insister en disant : “Il faut profiter de ces forces vives qui se trouvent dans cette Fraternité sacerdotale Saint-Pie X et cela pour le bien de l’Église. On ne peut pas laisser les choses ainsi indéfiniment, alors que tout croule partout” » (« Les quarante ans d’épiscopat de Mgr Lefebvre », Fideliter 60, novembre 1987, p. 18).

 

‘(7)« J’ai très peur que nous ne retombions de nouveau dans la même situation qu’auparavant, à causes des influences qui jouent à Rome, parce que Rome est divisée » (« Nous voulons rester ce que nous sommes », Fideliter 62, mars 1988, p. 31).

7 Voici d’autres textes allant dans le même sens.

« Il nous reste à prier pour supplier le Saint-Esprit de l’éclairer [Paul VI] et de lui donner le courage de faire un acte qui, évidemment, serait peut-être très dur pour lui. Je ne vois pas d’autre solution » (« Conférence de Mgr Lefebvre aux séminaristes, le 18 septembre 1976 », Itinéraires hors série « La condamnation sauvage de Mgr Lefebvre », huitième édition, avril 1977, p. 263).

 

« Pourquoi avoir des relations avec Rome s’il n’y a pas de moyens de s’entendre ? Parce que l’on espère toujours avoir une influence sur Rome et faire retourner au bon sens de la foi ceux qui ont des responsabilités et leur dire : Vous faites fausse route depuis le Concile, revenez à la Tradition et vous verrez que l’Église reprendra son cours normal, les vocations s’épanouiront, les séminaires refleuriront, les congrégations religieuses se développeront » (« Mes trois guerres », conférence à Écône le 27 octobre 1985, Fideliter 49, janvier

1986, pp. 14).

 

« Le jour où le bon Dieu permettra qu’à Rome la lumière remplace les ténèbres qui y règnent maintenant, la Tradition reviendra. Il n’y aura plus aucun problème. Les évêques [de la Fraternité] remettront leur charge épiscopale entre les mains du pape en disant : “Maintenant, nous vivons comme de simples prêtres et, si vous le désirez, utilisez-nous” » (« Si c’est mon devoir, je sacrerai des évêques », Fideliter 57, mai 1987, p. 13).

« Alors je pense qu’un dialogue nouveau peut s’instaurer. Priez, mes bien chers frères, pour que ce dialogue aboutisse à une solution qui soit pour le bien de l’Église. Nous ne cherchons pas autre chose. Nous ne cherchons pas le bien de la Fraternité, mais le bien de l’Église, le salut des âmes, le salut des familles chrétiennes, le salut des sociétés chrétiennes. Nous espérons que dans ce climat nouveau qui s’est instauré depuis quelques semaines, des solutions pourront surgir. C’est un petit espoir. Oh ! je ne suis pas d’un optimisme exagéré, parce que précisément ces deux courants que j’ai décrits et qui s’opposent, il est bien difficile de les raccorder. Si Rome veut nous donner une véritable autonomie, celle que nous avons maintenant, mais avec la soumission, nous le voudrions. Nous l’avons toujours souhaité : être soumis au Saint-Père ; pas question de mépriser l’autorité du Saint-Père ; mais on nous a comme jetés dehors parce que nous étions traditionalistes. Si, comme je l’ai souvent demandé, Rome accepte de nous laisser faire l’expérience de la Tradition, il n’y aura plus de problème. Nous serons libres de continuer le travail que nous faisons maintenant sous l’autorité du Souverain Pontife. Évidemment, cela demande des solutions qu’il faut examiner, qu’il faut discuter et qui ne sont pas faciles à régler dans les détails. Mais avec la grâce du bon Dieu, il est possible que nous puissions aboutir à une solution qui nous permette de continuer notre travail sans abandonner notre foi » (« Les quarante ans d’épiscopat de Mgr Lefebvre », Fideliter 60, novembre 1987, p. 18-19).

 

« Demandons [à la sainte Vierge] tout particulièrement en ce temps de l’Avent, qu’elle vienne à notre secours et qu’elle fasse ce miracle, ce miracle extraordinaire que Rome nous donne la possibilité de continuer à multiplier le nombre des catholiques et à les défendre, à multiplier nos séminaires, nos couvents, nos monastères, nos familles chrétiennes » (« Nous voulons rester catholiques », sermon du 13 décembre 1987 à Saint-Nicolas du Chardonnet, Fideliter 61, janvier 1988, p. 9).

 

« Supplions la très sainte Vierge d’intervenir auprès de ceux qui sont responsables de l’Église, auprès du pape, auprès des évêques, pour qu’ils reviennent à la dévotion à la Vierge Marie elle-même, et qu’ils demeurent dans cet esprit de vérité et de sainteté, l’esprit de foi » (« Là où est Marie, là est l’Église », Fideliter 71, septembre 1989, p. 8).

 

« Je pense que nous devons remercier le bon Dieu et continuer à garder fidèlement les trésors de l’Église, en espérant qu’un jour ces trésors retrouveront la place qui leur est due à Rome et qu’ils n’auraient jamais dû perdre » (« Entretien avec Mgr Lefebvre », Fideliter 79, janvier 1991, p. 13).

 

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reviendront, un pape vraiment comme un saint Pie X, il n’y aura plus de problème ! La sainte Église nous retrouvera dans la vérité et nous communierons à cent pour cent avec le pape qui aura retrouvé la Tradition. Oh ! bien sûr, je ne serai probablement plus de cette terre, à ce moment-là… Mais il faut espérer que les choses s’arrangeront avec le pape Jean-Paul II, je n’ai pas du tout le désespoir que les choses ne s’arrangent pas avec lui… » (« Quinze ans après Vatican II, les raisons de la continuité de notre combat », conférence à Angers du 23 novembre 1980, p. 24).

 

Ou aussi : « Quand la Curie romaine sera libérée de l’esprit moderniste qui l’inspire, au moins pour une bonne partie de ses membres, alors le sacrifice de Notre-Seigneur, la vraie liturgie et le vrai sacerdoce reprendront la place qu’ils n’auraient jamais dû perdre » (« Réflexions sur le sacerdoce », Fideliter 41, septembre 1984, p. 8).

 

Ou encore : « Mes bien chers frères, n’ayons nulle crainte. Prions pour ceux qui nous persécutent. Demandons à Dieu de leur ouvrir les yeux sur la réalité de la subversion qui règne aujourd’hui dans l’Église, afin qu’eux aussi ils retrouvent le chemin de la Tradition, le chemin de la reconstruction de l’Église » (« Sermon du 9 décembre 1984 », Fideliter 43, janvier 1985, p. 11).

 

Ou également : « Dans quelques années (je ne sais pas combien, le bon Dieu seul sait le nombre d’années qu’il faudra pour qu’un jour la Tradition retrouve ses droits à Rome), nous serons embrassés par les autorités romaines. Elles nous remercieront d’avoir maintenu la foi dans les séminaires, dans les familles, dans les cités, dans nos pays, dans les couvents, dans les maisons religieuses pour la plus grande gloire du bon Dieu » (« La transmission du sacerdoce catholique assurée », Fideliter 64, juillet 1988, p. 8).

 

Ou de même : « Nous n’avons pas fini de lutter. Moi disparu, mes successeurs auront encore à combattre. Mais le bon Dieu peut tout. Au plan politique, il aurait été difficile de prévoir il y a un an ou deux ce qui se passe actuellement. On n’imaginait pas que le rideau de fer serait levé, que l’Allemagne se réunifierait. Maintenant, on dit que l’éclatement de l’empire soviétique est proche » (« Entretien avec Mgr Lefebvre », Fideliter 79, janvier 1991, p. 12).

 

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En tout cas, nous disent ces sédévacantistes, l’éventuel retour de Rome à la Tradition ne peut se faire que d’un seul coup, sous la forme d’un miracle éclatant.

 

Dans plusieurs textes, Mgr Lefebvre souligne au contraire qu’à son avis le retour de la Rome

actuelle à la Tradition se fera d’une manière plutôt progressive. Par exemple : « La ligne de conduite que j’ai toujours suivie depuis le début de la fondation de la Fraternité : j’ai toujours reconnu le pape, je suis allé voir le pape Paul VI, je suis allé voir le pape Jean-Paul II ; demain, s’il me le demande, je suis prêt à aller revoir le pape Jean-Paul II… Mais je suis prêt à dire les vérités ! J’essaye de leur faire comprendre qu’il faut revenir à la Tradition, qu’il y a eu une erreur, qu’on s’est trompé, qu’il faut revenir aux choses solides, aux choses de la foi, au catéchisme de toujours, aux sacrements de toujours, au saint sacrifice de la messe de toujours, il faut y revenir, même s’ils ne doivent pas abandonner immédiatement tout ce qu’ils ont fait depuis le Concile, ils doivent… On jugera l’arbre à ses fruits… Qu’ils laissent au moins la liberté… » (« Quinze ans après Vatican II, les raisons de la continuité de notre combat », conférence à Angers du 23 novembre 1980, p. 2).

 

Ou encore : « Nous sommes, je le crois, dans une situation très grave. Je prie le bon Dieu de nous

éclairer. Que l’Église revienne à la Tradition, à petits pas parce qu’il est difficile de le faire en une seule étape. Mais qu’il devienne manifeste que l’on est en train de retourner vers la normalité dans l’Église, à la Tradition, au magistère de toujours » (« L’Église conduite au tombeau par la Rome moderniste », sermon du 2 février 1986, Fideliter 50, mars 1986, p. 13).

 

Ou aussi : « Question : Est-ce que vous voyez le pape, un dimanche matin, se montrer place Saint-Pierre et annoncer aux fidèles qu’après plus de vingt ans, il s’est avisé que le Concile s’est trompé (…) ? Réponse de Mgr Lefebvre : Allons donc ! A Rome, on saurait bien trouver une modalité plus discrète… Le pape pourrait affirmer avec autorité que quelques textes de Vatican II ont besoin d’être mieux interprétés à la lumière de la Tradition, de sorte qu’il devient nécessaire de changer quelques phrases, pour les rendre plus conformes au magistère des papes précédents » (« Si c’est mon devoir, je sacrerai des évêques », Fideliter 57, mai 1987, p. 5).

 

Contrairement à Mgr Fellay, nous disent ces sédévacantistes, Mgr Lefebvre n’aurait jamais envisagé de rentrer dans « l’Église officielle », dans « l’Église conciliaire », il n’aurait jamais toléré d’être « reconnu » par la Rome actuelle, il n’aurait jamais accepté de respecter l’autorité des évêques diocésains actuels ou des Congrégations romaines actuelles.

 

Dans plusieurs textes, Mgr Lefebvre affirme au contraire son désir d’être reconnu canoniquement

par l’Église officielle, sa détermination à respecter les autorités légitimes, pourvu qu’il puisse le faire sans danger pour la foi. Par exemple (8) : « Alors j’ai dit : “Saint-Père, si vous permettez que je continue. Vous avez la solution du problème dans les mains. Vous n’avez qu’un seul mot à dire aux évêques : accueillez fraternellement, accueillez avec compréhension, avec charité tous ces groupes de traditionalistes, tous ceux qui veulent garder la prière d’autrefois, les sacrements comme autrefois, le catéchisme comme autrefois. Recevez-les, donnez-leur des lieux de culte, arrangez-vous avec eux de façon qu’ils puissent prier et qu’ils restent en relation avec vous, en relation intime avec leurs évêques. Vous n’avez qu’un mot à dire aux évêques, et tout rentre dans l’ordre et nous n’avons plus de problèmes à ce moment-là. Les choses rentreront dans l’ordre. Et puis, pour le séminaire, je n’aurai pas de difficultés non plus, pour aller trouver les évêques et leur demander l’implantation de mes prêtres dans leurs diocèses et les choses se feront normalement. Et moi, je veux bien rentrer en relation avec une commission que vous pourriez nommer de la Congrégation des Religieux qui viendrait au séminaire. Mais évidemment, nous garderons et nous voulons continuer l’expérience de la Tradition. Qu’on nous laisse faire cette expérience. Mais je veux bien rentrer en relation normale et régulière avec le Saint-Siège, avec les Congrégations. Au contraire, je ne demande que ça” » (« Conférence de Mgr Lefebvre aux séminaristes, le 18 septembre 1976 », Itinéraires hors série « La condamnation sauvage de Mgr Lefebvre », huitième édition, avril 1977, p. 255).

 

Ou encore : « Demain, eh bien ! si le bon Dieu le veut, je pense qu’il le voudra, si le bon Dieu le

veut, il nous intégrera dans l’Église officielle, tels que nous sommes. Il n’est pas question de changer, d’aller ni à droite, ni à gauche, nous voulons rester l’Église et nous voulons rester ce que nous avons été depuis le début de la Fraternité parce que nous n’avons pas d’autre idée que de continuer l’Église

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(8) Voici d’autres textes allant dans le même sens.

 

« Nous prierons donc ensemble pour que le bon Dieu nous donne les moyens de résoudre le problème. Ce serait si simple si chaque évêque dans son diocèse mettait à notre disposition, à la disposition des catholiques fidèles, une église en leur disant : voilà l’église qui est la vôtre. (…) Et, en définitive, toute la question serait résolue. C’est ce que je demanderai au Saint-Père, si le Saint-Père veut bien me recevoir : Laissez-nous faire, très Saint-Père, l’expérience de la Tradition » (« Sermon de Mgr Lefebvre à Lille le 29 août 1976 », Itinéraires hors série « La condamnation sauvage de Mgr Lefebvre », huitième édition, avril 1977, p. 201).

 

« Très Saint-Père, je crois que vous avez dans vos mains la solution du problème. Vous n’avez qu’un mot à dire aux évêques : Accueillez fraternellement et pacifiquement les traditionalistes qui veulent garder et faire l’expérience de la Tradition. Et tout est fini, tout est terminé : les relations avec les évêques deviennent normales, moi-même je suis disposé à être supervisé par une commission qui viendrait de Rome pour voir le séminaire et pour rentrer en contacts juridiques et normaux avec Rome ; et tout pourrait s’arranger » (« Première conférence de presse de Mgr Lefebvre du 15 septembre 1976 », Itinéraires hors série « La condamnation sauvage de Mgr Lefebvre », huitième édition, avril 1977, p. 213).

 

« Y a-t-il une possibilité d’entente, d’accord ? Je le souhaite et je l’espère de tout cœur. Je pense véritablement que si le feu vert nous était donné et que le pape par un mot de sa part disait aux évêques de bien vouloir accueillir avec bienveillance et avec charité ceux qui sont attachés aux traditions de toujours et de leur faciliter le culte d’autrefois et les sacrements d’autrefois et l’enseignement du catéchisme d’autrefois, tout rentrerait dans l’ordre immédiatement. Il n’y aurait aucune difficulté » (« Deuxième conférence de presse de Mgr Lefebvre du 15 septembre 1976 », Itinéraires hors série « La condamnation sauvage de Mgr Lefebvre », huitième édition, avril 1977, p. 227).

 

« Pourquoi cette situation d’Écône ? qui, espérons-le, se résoudra bientôt pour le plus grand bien de l’Église. (…) Le bon Dieu permettra, nous n’en doutons pas, un jour, que nous soyons reconnus, non seulement reconnus mais remerciés pour avoir défendu la Tradition de l’Église » (« Sermon du 29 juin 1979 », Fideliter 10, juillet 1979, p. 11-13).

 

« Au cours de mes visites, vous m’avez fait part à plusieurs reprises d’un document qui devait mettre fin à l’ostracisme dont est l’objet la liturgie d’avant 1969. Nous l’attendions avec un grand espoir. Il causerait un soulagement considérable dans l’Église et serait l’occasion d’un grand renouveau de ferveur et de foi. Le document serait l’occasion de normaliser à nouveau les relations entre la Fraternité Sacerdotale et le Saint-Siège, et enlèverait tout motif à un apostolat de suppléance. Ces relations pourraient en effet être facilitées par la désignation d’un délégué agréé d’un commun accord, nommé pour un temps limité et pour un but bien déterminé » (« Lettre de Mgr Lefebvre au cardinal Seper du 15 décembre 1980 », Itinéraires 265 bis, août 1982, pp. 51-52).

 

« Une lettre reçue du cardinal Ratzinger, en date du 23 décembre dernier, me parle de la restauration éventuelle de la messe de saint Pie V. Ce n’est donc pas impossible qu’un jour (bientôt, je ne sais pas), notre combat finisse par être entendu et aboutisse à un bon résultat » (« Le faux œcuménisme n’est pas missionnaire », conférence à Nantes le 5 février 1983, Fideliter 35, septembre 1983, p. 49).

 

« Un jour, il faudra bien que Rome reconnaisse ce que nous faisons, que Rome se serve de nous. On ne peut pas changer la foi catholique, et Rome devra bien un jour s’appuyer sur ceux qui la conservent intacte et la propagent » (« L’accueillante Amérique du Sud », Fideliter 44, mars 1985, p. 11).

 

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et, par conséquent, nous avons toujours pensé qu’un jour, quand le bon Dieu le voudra, quand il le décidera, eh bien ! nous rentrerons dans l’Église officielle puisqu’on nous a jetés hors de cette Église officielle qui n’est pas l’Église réelle, une Église officielle qui a été infestée de modernisme. (…) Nous demeurons fidèles au serment anti-moderniste, serment que saint Pie X nous demande de prononcer, nous demeurons fidèles à cela et on nous recevra avec le serment dans les mains, ou alors nous resterons ce que nous sommes. Et nous sommes persuadés, nous l’espérons, nous prions pour cela et peut-être, mes biens chers frères, les choses s’arrangeront bientôt. Cette chose qui paraît impossible, d’être reçus comme nous sommes, avec ce que nous faisons, avec ce que nous réalisons, avec notre foi, cela paraît presque impossible, eh bien ! le bon Dieu peut faire l’impossible et nous avons plus d’espoir que jamais, nous sommes peut-être plus près que jamais de cette solution de pouvoir être reconnus officiellement dans la sainte Église, comme Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, et avec tout ce que nous sommes, tout ce que nous pensons, tout ce que nous croyons, tout ce que nous faisons » (« Sermon du 27 juin 1980 », Fideliter 16, juillet 1980, pp. 9-10).

 

Ou aussi : « Ma solution, [ai-je dit au cardinal Ratzinger], elle est très simple : acceptez ce que

nous demandons depuis des années. Laissez-nous continuer avec les quatre livres édités par

Jean XXIII, qui sont les livres de l’ancienne messe, des anciens sacrements, des anciens rites, de

l’ancien rituel. Donnez-nous ce que nous désirons. C’est tout. (…) Si vous accordez publiquement et pour le monde entier la liberté d’user des livres de Jean XXIII, ai-je ajouté, les fidèles pourront demander à leurs évêques de recevoir les sacrements dans le rite ancien. Nous le demandons, pourraient-ils dire, le pape l’a accordé, vous devez nous donner les sacrements selon l’ancien rituel. C’est aussi simple que cela. Pour nous, si nous avons le pouvoir de continuer nos séminaires, nos prieurés, comme nous le faisons actuellement, si notre Société est de nouveau reconnue par Rome,

comme elle l’a été de droit diocésain pendant cinq ans, nous l’acceptons. Nous pourrons très bien

dépendre d’une société ou Congrégation romaine. Nous n’y voyons pas d’inconvénient. La question canonique serait immédiatement et totalement réglée » (« Monseigneur, où en êtes-vous avec Rome ? », Fideliter 29, septembre 1982, pp. 45-46).

 

Ou également : « Si les événements apportaient un changement en faveur d’un retour à la Tradition à l’intérieur de l’Église, évidemment la situation se trouverait simplifiée pour nous. Nous serions certainement agréés par la hiérarchie, comme nous l’avons été dans les débuts, et tous ces problèmes de relations avec les évêques, avec Rome, ne se poseraient plus. (…) Ce que nous souhaitons, bien sûr, c’est que tout soit normal, que nous ne nous trouvions plus dans cette situation apparemment illégale » (Retraite sacerdotale de septembre 1986, Fideliter 55, janvier 1987, p. 2 et p. 9).

 

Mgr Lefebvre s’est même adressé directement à un évêque (très hostile aux traditionalistes, au

demeurant), Mgr Elchinger, pour lui demander d’intervenir personnellement en faveur de l’apostolat de la Fraternité Saint-Pie X : « Le moment est venu pour les évêques diocésains d’être objectifs et d’apporter une solution équitable à ce douloureux problème. (…) Le pape, Mgr Bugnini lui-même, des cardinaux plus nombreux qu’on le pense : le cardinal de Westminster, celui de Munich, sont très favorables au libre choix de la liturgie ancienne ou nouvelle et à la réglementation des lieux et horaires par l’évêque du lieu. L’évêque qui apporterait cette solution dans son diocèse rendrait à l’Église et au pape un service immense et serait félicité et encouragé par le pape. Beaucoup d’évêques le suivraient et le problème des traditionalistes et d’Écône se résoudrait par le fait même. Pourquoi ne seriez-vous pas cet évêque ? » (« Réponse de Mgr Lefebvre à Mgr Elchinger du 10 janvier 1980 », Itinéraires 265 bis, août 1982, pp. 64-65).

 

 

De toute façon, prétendent ces sédévacantistes, si Mgr Lefebvre a envisagé quelquefois la possibilité d’un accord, cela ne le préoccupait guère, il n’y consacrait guère de son temps et de son énergie.

 

C’est exactement le contraire qui est vrai. Mgr Lefebvre a toujours consacré une énergie

considérable à essayer d’obtenir de la Rome actuelle une reconnaissance canonique pour la Fraternité Saint-Pie X. On peut le voir, par exemple, dans ses relations avec le cardinal Seper, relations qui furent principalement épistolaires, en sorte qu’elles nous sont accessibles après leur publication. Voici quelques extraits (on pourrait en citer bien d’autres) de ces échanges. « Très Saint-Père, pour l’honneur de Jésus-Christ, pour le bien de l’Église, pour le salut des âmes, nous vous conjurons de dire un seul mot, une seule parole, comme Successeur de Pierre, comme Pasteur de l’Église universelle, aux évêques du monde entier : “Laissez faire” ; « Nous autorisons le libre exercice de ce que la Tradition multiséculaire a utilisé pour la sanctification des âmes”. Quelle difficulté présente une pareille attitude ? Aucune. Les évêques décideraient des lieux, des heures réservés à cette Tradition. L’unité se retrouverait immédiatement au niveau de l’évêque du lieu. (…) Pour Écône, ses séminaires, ses prieurés, tout se normaliserait comme pour les congrégations de Lazaristes, Rédemptoristes… Les prieurés rendraient services aux diocèses par des prédications de missions paroissiales, retraites selon saint Ignace, et service des paroisses, en pleine soumission aux Ordinaires des lieux. Combien la situation de l’Église serait améliorée par ce moyen très simple et si conforme à l’esprit maternel de l’Église, ne refusant pas ce qui vient au secours des âmes, n’éteignant pas la mèche qui fume encore, se réjouissant de constater que la sève de la Tradition est encore pleine de vie et d’espoir ! » (« Lettre de Mgr Lefebvre au Souverain Pontife du 24 décembre 1978 », Itinéraires 223, mai 1979, pp. 139-

140).

 

« Je souhaiterais obtenir que cette Fraternité soit reconnue comme une société de vie commune

sans vœux, de droit pontifical, en dépendance de la Congrégation pour les Religieux. (…) Je suis prêt à aller voir les évêques des diocèses où la Fraternité a une fondation. (…) Je suis prêt à souscrire les engagements imposés par le droit, sans demander de privilèges particuliers. Je puis accepter une phase transitoire, comportant par exemple la nomination d’un Délégué pontifical » (« Interrogatoire des 11 et 12 janvier 1979 », Itinéraires 223, mai 1979, p. 162).

 

« N’est-il pas possible de nous accorder le statut qui est déjà en vigueur dans les prélatures nullius comme les chanoines de Saint-Maurice en Suisse, qui ont à leur tête un évêque ? (…) Mon successeur désigné selon les statuts de la Fraternité recevrait la consécration épiscopale. C’est un usage très ancien dans l’Église qui a montré ses fruits » (« Lettre de Mgr Lefebvre au Souverain Pontife du 25 avril 1979 », Itinéraires 265 bis, août 1982, p.7).

 

« Vous me demandez avec insistance la procédure que je souhaitais pour la solution de notre

problème : en définitive nous demandons tout simplement de reconnaître la légalité qui a été la nôtre pendant cinq années de 1970 à 1975 et de légaliser ce que nous avons continué depuis, en nous assurant de pouvoir garder dans la formation sacerdotale et dans l’apostolat les moyens que l’Église a toujours employés, en particulier la liturgie, le catéchisme et la Vulgate tels que l’Église romaine les a imposés pendant plus de dix siècles » (« Lettre de Mgr Lefebvre au cardinal Seper du 9 mai 1979 », Itinéraires 265 bis, août 1982, pp. 8-9).

 

« Je suis très heureux de ce que Votre Éminence me dit au sujet d’une solution définitive. Je la souhaite de tout cœur et crois avoir prouvé depuis bientôt cinq ans la sincérité de ce désir par la disponibilité à accepter tous les interrogatoires, tous les entretiens, toutes les invitations à me rendre à Rome. Et je demeure toujours disponible » (« Lettre de Mgr Lefebvre au cardinal Seper du 9 juin 1979 », Itinéraires 265 bis, août 1982, p. 13).

 

Mais, objectent ces sédévacantistes, si par hasard Mgr Lefebvre a envisagé autrefois un certain accord, il a finalement clairement exclu cette possibilité, lorsqu’il a dit au cardinal Ratzinger que, même celui-ci accordait tout, aucun rapprochement ne serait possible, aucun accord ne serait signable, tant les principes et les objectifs étaient opposés.

 

Il est parfaitement exact que Mgr Lefebvre a fait de telles déclarations, à plusieurs reprises,

déclarations que nous reproduisons en note (9). Mais, tout d’abord, les dates des déclarations de

 

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(9) « J’ai dit au cardinal Ratzinger : “Éminence, même si vous nous accordiez tout ce que nous demandons, il reste que vous êtes attaché à des valeurs, précisément comme vous l’avez dit, qui viennent de deux siècles de culture libérale. Et cela nous le refusons, nous ne l’acceptons pas. Nous n’accepterons jamais ces erreurs qui ont été condamnées par les papes pendant vingt siècles”. Et puis je dis quelquefois : nous ne voulons pas de mariage mixte. Nous ne voulons pas être mariés avec des gens qui n’ont pas notre religion. Si j’acceptais tout ce que le cardinal Ratzinger me demande, mais lui conservant toutes ses erreurs et même disons presque ses hérésies, eh bien ! je me marierais avec une Église qui n’est pas l’Église catholique » (« Que penser de Rome ? », conférence à l’Institut Saint-Pie X le 17 mars 1985, Fideliter 45, mai 1985, pp. 27-28).

 

« Quand on leur dit quelque chose, ils ont toujours cette idée que la vérité est vivante, donc qu’elle évolue, qu’elle évolue toujours. C’est pourquoi le cardinal Ratzinger dit que Vatican II c’est l’Église d’aujourd’hui, mais alors ce n’est plus l’Église d’aujourd’hui puisque Vatican II c’est déjà dépassé. C’est absurde, mais pour eux il s’agit d’une évolution continuelle, la discussion devient impossible. (…)

On en arrive à des absurdités qui rendent inutiles toute discussion. C’est pourquoi, quand je vais passer à Rome avant de partir en…(NDLR : le texte Qui m’a été transmis s’arrête là…)

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Mgr Lefebvre manifestent qu’il a répété cette pensée au cardinal Ratzinger à plusieurs reprises, sur plusieurs années (au moins entre 1985 et 1987), tout en continuant à le rencontrer et à correspondre avec lui. Ensuite et surtout, il faut rappeler que Mgr Lefebvre a entamé, juste après la dernière de ces déclarations, des négociations avec le cardinal Ratzinger, qui l’ont conduit le 5 mai 1988 à signer un « Protocole d’accord ». Ce qui manifeste que, dans l’esprit de Mgr Lefebvre, de telles déclarations (et d’autres du même style) n’excluaient nullement et définitivement toute possibilité de négociations et d’accords, malgré ce que proclament à tort ces sédévacantistes.

 

En tout cas, affirment ces sédévacantistes, en publiant en août 1976 son ouvrage J’accuse le Concile, Mgr Lefebvre posait que le Concile était en tous points inacceptable, et qu’il était absurde de dire que certaines parties de ce concile étaient éventuellement bonnes ou acceptables.

 

Mgr Lefebvre, c’est un fait public massif, était opposé au concile Vatican II. Il s’est exprimé à de

nombreuses reprises sur le sujet, avec des nuances et des inflexions différentes selon les circonstances. Or, parmi les textes de sa plume ou de sa bouche, certains envisagent nettement qu’une partie de ce concile soit éventuellement bonne ou acceptable. Voici deux de ces textes, publiés à dix ans de distance. « J’accepte tout ce qui, dans le Concile et les réformes, est en pleine concordance avec la Tradition, et l’œuvre que j’ai fondée le prouve amplement. (…) C’est pourquoi nous conjurons Votre Sainteté de considérer avant tout le grand bienfait spirituel que les âmes peuvent retirer de notre apostolat sacerdotal et missionnaire qui peut, en collaboration avec les évêques des diocèses, apporter un vrai renouveau spirituel » (« Lettre de Mgr Lefebvre à Paul VI du 3 décembre 1976 », Itinéraires hors série « La condamnation sauvage de Mgr Lefebvre », huitième édition, avril 1977, p. 317).

 

« Il y a quelques textes conciliaires, évidemment, conformes à la Tradition, qui ne posent aucun problème : je pense à Lumen gentium, mais aussi à d’autres documents, tel celui sur la formation sacerdotale et sur la formation des prêtres. Il y a ensuite des textes ambigus, qui peuvent cependant d’une certaine manière être correctement “interprétés” selon le Magistère précédent. Mais il y a aussi des textes franchement en contradiction avec la Tradition et qu’il n’est possible en aucune manière “d’intégrer” : la Déclaration sur la Liberté religieuse, le décret sur l’Œcuménisme, celui sur la Liturgie. Ici, l’accord devient impossible… » (« Si c’est mon devoir, je sacrerai des évêques », Fideliter 57, mai 1987, p. 4).

 

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Amérique, je me bornerai à déposer les Dubia que nous avons préparés sur la liberté religieuse » (« Mes trois guerres », conférence à Écône le 27 octobre 1985, Fideliter 49, janvier 1986, pp. 19).

 

« Voilà où je me trouve au temps de ma quarantième année d’épiscopat, devant deux orientations qui pratiquement sont incompatibles. C’est ce que je disais au cardinal Ratzinger le 14 juillet dernier : “Éminence, voyez-vous, il est très difficile que nous puissions nous entendre parce que vous, vous êtes pour la réduction du règne de Notre Seigneur Jésus-Christ, pour que l’on fasse silence et que dans la société civile on ne parle plus du règne de Notre-Seigneur, afin que toutes les religions puissent se trouver à l’aise dans nos sociétés et qu’il n’y ait pas seulement Notre Seigneur Jésus-Christ et la religion catholique. (…) Pour nous, c’est exactement le contraire. Nous voulons que Notre Seigneur Jésus-Christ règne parce qu’il est le seul Dieu, qu’il n’y a pas d’autre dieu. (…) C’est pourquoi, ai-je poursuivi, il est bien difficile que nous nous entendions. Votre œcuménisme ruine la royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ »

(« Les quarante ans d’épiscopat de Mgr Lefebvre », Fideliter 60, novembre 1987, p. 16-18).

 

« Je l'ai résumé au cardinal Ratzinger en quelques mots, n'est-ce pas, parce que c'est difficile de résumer toute cette situation ; mais je lui ai dit : “Éminence, voyez, même si vous nous accordez un évêque, même si vous nous accordez une certaine autonomie par rapport aux évêques, même si vous nous accordez toute la liturgie de 1962, si vous nous accordez de continuer les séminaires et la Fraternité, comme nous le faisons maintenant, nous ne pouvons pas collaborer, c'est impossible, impossible, parce que nous travaillons dans deux directions diamétralement opposées : vous, vous travaillez à la déchristianisation de la société, de la personne humaine et de l'Église, et nous, nous travaillons à la christianisation. On ne peut pas s'entendre”. Alors, je lui ai dit : “Pour nous, le Christ c'est tout ; Notre Seigneur Jésus-Christ c'est tout, c'est notre vie. L'Église, c'est Notre Seigneur Jésus-Christ, c'est son Épouse mystique. Le prêtre, c'est un autre Christ ; sa messe, c'est le sacrifice de Jésus-Christ et le triomphe de Jésus-Christ par la croix. Notre séminaire : on y apprend à aimer le Christ, et on est tout tendu vers le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ. Notre apostolat, c'est le règne de Notre Seigneur Jésus- Christ. Voilà ce que nous sommes. Et vous, vous faites le contraire. Vous venez de me dire que la société ne doit pas être chrétienne, ne peut pas être chrétienne ; que c'est contre sa nature ! Vous venez de vouloir me prouver que Notre Seigneur Jésus-Christ ne peut pas et ne doit pas régner dans les sociétés ! Et vous voulez prouver que la conscience humaine est libre vis-à-vis de Notre Seigneur Jésus-

Christ ! – Il faut leur laisser la liberté et un espace social autonome –, comme vous dites. C'est la déchristianisation. Eh bien ! nous, nous sommes pour la christianisation”. Voilà. On ne peut pas s'entendre. Et c'est cela, je vous assure, c'est le résumé. On ne peut pas suivre ces gens-là » (« Conférence à la retraite sacerdotale, le 4 septembre 1987 à Écône »).

 

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Il est aussi contraire à l’esprit de Mgr Lefebvre, affirment ces sédévacantistes, de s’arrêter trop fortement sur le problème de la messe traditionnelle. Car, aux yeux du fondateur d’Écône, le problème avec la Rome actuelle est beaucoup plus doctrinal que liturgique.

 

Il est clair que Mgr Lefebvre a insisté sur la dimension doctrinale de la crise de l’Église, pointant

en particulier les questions relatives à la collégialité, à l’œcuménisme et à la liberté religieuse.

Toutefois, il existe aussi des textes, et très forts, pour dire que la question liturgique est absolument essentielle, centrale, voire qu’elle constitue la cause quasi unique de la crise.

 

 Par exemple : « Que Notre Dame de Compassion vous inspire et vous vienne en aide pour parvenir à cette solution tant attendue. Dès lors que le problème liturgique est réglé, les problèmes particuliers d’Écône et des autres groupes, ainsi que des religieuses, trouveront aussi leur solution, pourvu que les évêques manifestent compréhension et bienveillance » (« Lettre de Mgr Lefebvre au Souverain Pontife du 18 novembre 1979 », Itinéraires 265 bis, août 1982, p. 19).

 

Ou aussi : « La question urgente à régler n’est pas celle d’Écône et de son fondateur, mais celle de la liturgie. Elle intéresse au plus haut point toute l’Église : “Qu’on ne persécute plus ceux qui gardent la liturgie traditionnelle !” Voilà ce que nous supplions le Saint-Père de dire et de donner comme consigne à tout l’épiscopat. Ensuite l’affaire d’Écône, et toutes les initiatives traditionnelles, trouveront aisément leur solution, pour le bien de l’Église et des âmes. Le cardinal Seper avait approuvé cette manière de procéder. C’est elle qui aidera à tout résoudre. Le climat est actuellement favorable dans tous les milieux. La déclaration au sujet de la sainte messe sera bien accueillie, dans l’ensemble » (« Lettre de Mgr Lefebvre au cardinal Palazzini du 19 juin 1980 », Itinéraires 265 bis, août 1982, pp. 31-32).

 

Ou encore : « Nous demandons simplement, peut-être, de ne pas trop discuter les problèmes théoriques, de laisser les questions qui nous divisent, comme celle de la liberté religieuse. On n’est pas obligé de résoudre tous ces problèmes maintenant, le temps apportera sa clarté, sa solution » (« Quinze ans après Vatican II, les raisons de la continuité de notre combat », conférence à Angers du 23 novembre 1980, p. 24).

 

Ou également : « Il ne reste donc plus que deux questions litigieuses : la liturgie et le Concile. (…) Il est clair qu’à leurs yeux la nouvelle messe est le point central qui cristallise toutes nos divergences. Je réduisais tout à l’heure à deux les points qui nous séparent. Nous pourrions aller plus loin et dire qu’en définitive la liturgie constitue le seul obstacle sérieux à la normalisation de nos rapports avec Rome » (« Commentaire de la lettre du cardinal Ratzinger », Fideliter 35, septembre 1983, p. 59).

 

Ou enfin : « Par deux fois dans sa lettre, [Mgr Mamie] rappelle la liturgie. “Parce que vous vous opposez à la liturgie”. C’est donc bien le motif principal, essentiel qui nous a valu ces mesures inqualifiables et illégales. Il faut bien que l’on rappelle cela » (Retraite sacerdotale de septembre 1986, Fideliter 55, janvier 1987, p. 6).

 

En tout cas, claironnent ces sédévacantistes, jamais Mgr Lefebvre n’aurait eu l’idée sacrilège d’envisager une « réforme de la réforme liturgique » : pour lui, elle devait purement et simplement être abolie, condamnée, supprimée.

 

Mgr Lefebvre s’est peu exprimé sur l’avenir de la réforme liturgique : il s’intéressait plus à la

permanence de la liturgie traditionnelle. Mais, parmi les textes qu’il a consacrés à l’avenir de la nouvelle liturgie, certains envisagent incontestablement ce qu’on peut appeler une « réforme de la réforme ». Par exemple : « Nous ne voyons d’autre solution à ce problème que : 1) La liberté de célébrer selon l’ancien rite conformément à l’édition des livres liturgiques par le pape Jean XXIII. 2) Une réforme du Novus Ordo missæ pour lui rendre une expression manifeste des dogmes catholiques, de la réalité de l’acte sacrificiel, de la présence réelle, par une adoration plus signifiée, de la distinction claire du sacerdoce du prêtre de celui des fidèles, et de la réalité propitiatoire du sacrifice » (« Lettre de Mgr Lefebvre au cardinal Ratzinger » du 5 avril 1983, Fideliter 35, septembre 1983, pp. 56).

 

Ou encore : « Nous avons essayé depuis le Concile de réclamer auprès du Saint-Siège, afin que

l’on réforme les réformes et que l’on revienne à la Tradition, qu’on fasse au moins l’expérience du retour à la Tradition » (« Conférence de presse de Mgr Lefebvre », Fideliter 37, janvier 1984, p. 4).

Ou aussi : « Estimant que la réforme liturgique a été influencée par l’œcuménisme avec les

protestants, et de ce fait est un danger très grave pour la foi catholique, nous demandons que cette

réforme soit entièrement révisée et remette explicitement en honneur les dogmes catholiques, selon le modèle de la messe de toujours » (« Lettre de Mgr Lefebvre au cardinal Ratzinger » du 17 avril 1985, Fideliter 46, juillet 1985, pp. 3).

 

Jamais Mgr Lefebvre, nous disent encore ces sédévacantistes, n’aurait accepté, pour la liturgie traditionnelle, cette référence scandaleuse à Jean XXIII que l’on trouve dans le Motu proprio Summorum Pontificum, manière habile de faire disparaître la référence à saint Pie V.

 

Une chose, au contraire, est très évidente au vu des documents : si le Siège apostolique fait

aujourd’hui référence aux rubriques de Jean XXIII pour la liturgie traditionnelle, on le doit à

l’insistance de Mgr Lefebvre lui-même qui, à de nombreuses reprises, a demandé qu’on utilise cette référence.

 

Par exemple : « Accord proposé par des cardinaux et des experts qui serait accepté officiellement en même temps que la signature de la déclaration : 1) En ce qui concerne la liturgie : liberté d’utiliser les Missel – Rituel – Bréviaire édités par les soins de Sa Sainteté Jean XXIII en 1962 ; érection par la hiérarchie de paroisses personnelles pour ceux qui utilisent les livres liturgiques du pape Jean XXIII. 2) Déclaration au sujet de la nullité de la suspensio a divinis de Mgr Lefebvre. 3) Reconnaissance de Droit pontifical pour la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X par la sacrée Congrégation du Clergé » (« Annexe à la lettre de Mgr Lefebvre au Souverain Pontife du 16 octobre 1980 », Itinéraires 265 bis, août 1982, p. 42).

 

Ou aussi : « Ma solution, [ai-je dit au cardinal Ratzinger], elle est très simple : acceptez ce que nous demandons depuis des années. Laissez-nous continuer avec les quatre livres édités par Jean XXIII, qui sont les livres de l’ancienne messe, des anciens sacrements, des anciens rites, de l’ancien rituel. Donnez-nous ce que nous désirons. C’est tout. (…) Si vous accordez publiquement et pour le monde entier la liberté d’user des livres de Jean XXIII, ai-je ajouté, les fidèles pourront demander à leurs évêques de recevoir les sacrements dans le rite ancien » (« Monseigneur, où en êtes-vous avec Rome ? », Fideliter 29, septembre 1982, p. 45).

 

Ou également : « Si j’ai tardé à répondre à votre lettre du 23 décembre 1982, c’est que j’avais grand espoir de voir paraître le décret auquel vous faites allusion en me disant : “Pour ce qui concerne l’autorisation de célébrer la sainte messe selon l’Ordo missæ antérieur à celui de Paul VI, le Saint-Père a décidé que la question serait résolue pour l’Église universelle et donc indépendamment de votre cas”. Il serait, en effet, éminemment souhaitable que cette autorisation paraisse avant la solution du problème de la Fraternité, car elle créerait un climat beaucoup plus favorable. Ne serait-il pas souhaitable aussi que soit faite une allusion précise aux livres liturgiques de la réforme de Jean XXIII, pour avoir un point de référence précis, sans ambiguïté, évitant toute discussion ? Enfin, si le Saint-Siège souhaite la paix et la fin de la division, il serait, à mon sens, préférable de ne faire aucune allusion au Novus Ordo missæ, et ainsi d’éviter de faire des procès d’intention » (« Lettre de Mgr Lefebvre au cardinal Ratzinger » du 2 mars 1983, Fideliter 35, septembre 1983, pp. 53-54).

 

Sans oublier : « Nous ne voyons d’autre solution à ce problème que : 1) La liberté de célébrer selon l’ancien rite conformément à l’édition des livres liturgiques par le pape Jean XXIII » (« Lettre de Mgr Lefebvre au cardinal Ratzinger » du 5 avril 1983, Fideliter 35, septembre 1983, pp. 56).

 

 Et en n’omettant pas : « Que l’usage des quatre livres édités à nouveau par le pape Jean XXIII nous soit reconnu » (« Lettre de Mgr Lefebvre au cardinal Ratzinger » du 17 avril 1985, Fideliter 46, juillet 1985, pp. 3).

 

Ou enfin : « C’est alors qu’il a été décidé [par Rome] de faire une ouverture plus grande vis-à-vis de ce que nous demandions depuis toujours, c’est-à-dire de pouvoir célébrer la messe, les sacrements et les offices pontificaux selon le rite de Jean XXIII de 1962 » (« Un an après les sacres », Fideliter 70, juillet 1989, p. 2).

 

La création, assènent ces sédévacantistes, d’une commission d’experts par Mgr Fellay pour étudier les questions que posent le concile Vatican II et préparer d’éventuels et futurs entretiens doctrinaux avec Rome sur ce sujet est totalement contraire à la pensée et à la pratique de Mgr Lefebvre.

 

Cette idée fut, au contraire, exprimée très tôt par Mgr Lefebvre et, même s’il l’a peu reprise en raison des circonstances et des perspectives d’accords qu’il croyait voir naître, cette idée ne s’est jamais éloignée de son esprit, les Dubia sur la liberté religieuse représentant, par exemple, une forme de ce travail doctrinal d’examen et de contestation du concile Vatican II. Voici l’un des textes où il envisage directement la création d’une telle commission d’experts : « J’aurais voulu pouvoir être mis en jugement par le Saint-Office, par la Congrégation de la Foi, je l’ai demandé au Saint-Père. Mettez-moi en jugement devant la Congrégation de la Foi et je ferai le procès du Concile. Je ferai le procès du Concile avec un avocat, avec des avocats. Permettez que je sois accompagné de deux ou trois théologiens et ensemble nous ferons le procès du Concile » (« Deuxième conférence de presse de Mgr Lefebvre du 15 septembre 1976 », Itinéraires hors série « La condamnation sauvage de Mgr Lefebvre », huitième édition, avril 1977, p. 231).

 

En tout cas, disent ces sédévacantistes, après 1988 Mgr Lefebvre a clairement affirmé qu’il ne reprendrait de négociations qu’après que les hommes de la Rome actuelle auraient prêté le serment antimoderniste. Il a en effet déclaré à la fin de l’année 1988 : « Si je vis encore un peu et en supposant que d’ici à un certain temps Rome fasse un appel, qu’on veuille nous revoir, reprendre langue, à ce moment-là c’est moi qui poserai les conditions. Je n’accepterai plus d’être dans la situation où nous nous sommes trouvés lors des colloques. C’est fini. Je poserai la question au plan doctrinal : “Est-ce que vous êtes d’accord avec les grandes encycliques de tous les papes qui vous ont précédés ? Est-ce que vous êtes d’accord avec Quanta cura de Pie IX, Immortale Dei, Libertas de Léon XIII, Pascendi de Pie X, Quas primas de Pie XI, Humani generis de Pie XII ? Est-ce que vous êtes en pleine communion avec ces papes et avec leurs affirmations ? Est-ce que vous acceptez encore le serment antimoderniste ? Est-ce que vous êtes pour le règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ ? Si vous n’acceptez pas la doctrine de vos prédécesseurs, il est inutile de parler. Tant que vous n’aurez pas accepté de réformer le Concile en considérant la doctrine de ces papes qui vous ont précédés, il n’y a pas de dialogue possible. C’est inutile » (Fideliter 66, novembre 1988, pp. 12-13). Et donc, affirment ces sédévacantistes, en reprenant des contacts sans imposer à la Rome actuelle ces exigences préalables, Mgr Fellay trahit Mgr Lefebvre.

 

Tout d’abord, nous avons vu plus haut une forme de déclaration très catégorique de Mgr Lefebvre à l’encontre du cardinal Ratzinger, lui disant que toute discussion était inutile. Or, cette déclaration « radicale » n’a nullement empêché Mgr Lefebvre de revoir le cardinal Ratzinger, de reprendre langue avec lui, de mener une négociation et même de signer un Protocole d’accord. Il convient donc d’interpréter la présente déclaration catégorique avec la même souplesse que Mgr Lefebvre lui-même. D’autant que, peu avant de signer le Protocole, Mgr Lefebvre n’avait aucunement fait allusion aux exigences qui viennent d’être citées concernant un accord satisfaisant. Voici ce qu’il en disait : « Ce qui apporterait une solution au problème serait de nous dire : on ne vous demande plus rien. On vous donne des évêques de la Tradition. On vous donne un bureau à Rome auquel vous pourrez vous référer pour tous vos problèmes. Nous vous exemptons de la juridiction des évêques. Tous ceux qui désirent la Tradition seront placés sous votre juridiction. Ils dépendront de vous. La question serait réglée… Je vous demande de continuer à prier pour qu’intervienne une solution. Je la souhaite de tout cœur pour que l’Église continue et se développe. Il faut demander au bon Dieu de faire en sorte que le Vatican trouve une solution honnête pour que la Tradition continue et que (comme l’ont dit ces visiteurs) ce sera sur les bases de la Tradition que l’Église se reconstruira. Voilà ce que nous demandons » (« Nous voulons rester ce que nous sommes », Fideliter 62, mars 1988, p. 31).

 

Mais il y a plus. Quatre mois après le texte brandi comme un talisman par ces sédévacantistes, Mgr Lefebvre revenait sur ce que serait (ou aurait été) un accord satisfaisant, et il ne faisait plus aucune allusion à ces exigences préalables. Voici ses paroles : « J’aurais bien signé un accord définitif après avoir signé le Protocole, si nous avions eu la possibilité de nous protéger efficacement contre le modernisme de Rome et des évêques. Il était indispensable que cette protection existe. (…) Que fallait-il pour être protégés de Rome et des évêques ? Moi, je voulais une commission à Rome qui soit composée entièrement de traditionalistes et qui aurait été comme une délégation de la Tradition à Rome. Quand des difficultés sur place seraient survenues, on aurait pu s’adresser à cette commission ayant la possibilité de nous défendre puisque composée de gens de la Tradition. (…) Ensuite, j’ai demandé trois évêques pour que soient assurées les ordinations et les confirmations » (« Après les ralliements sonnera l’heure de vérité », Fideliter 68, mars 1989, p. 7-8).

 

Dans les faits, Mgr Lefebvre s’est toujours rendu à Rome, et sans poser de conditions préalables, lorsqu’il avait l’espérance d’être reçu. Il le dit lui-même : « Lors de notre entretien, j’avais dit au cardinal Ratzinger : “Je suis à votre disposition. Lorsque l’on m’a appelé, je suis toujours venu. Je n’ai jamais refusé de venir. C’est la même chose avec vous. Si vous ne faites signe de venir : je viens” » (« Monseigneur, où en êtes-vous avec Rome ? », Fideliter 29, septembre 1982, pp. 46).

 

Et Mgr Lefebvre a expliqué le fondement de son attitude : « C’est pour cela que je me rends à Rome mardi. Après de nombreuses et nombreuses démarches, celle-ci aboutira-t-elle plus que les autres ? Je n’en sais rien. Mais je le fais par devoir de conscience, pour que quand le bon Dieu me rappellera, il ne puisse pas me dire n’avoir rien fait pour rétablir la Tradition. J’aurai tout fait pour la rétablir. Si le bon Dieu veut que nous soyons encore d’une certaine manière abandonnés par ceux qui devraient être nos pères, eh bien ! ce sera la grande épreuve de l’Église… Mais nous n’avons pas le droit de nous décourager et de dire : “Puisqu’il n’y a plus moyen d’être entendus, abandonnons les évêques, il n’y a plus d’Église, c’est fini”. Non, l’Église est toujours debout et si ceux qui sont chargés de la conduire ne font pas leur devoir, ce n’est pas pour cela que nous devons les abandonner » (« Bénédiction de la chapelle Saint-Irénée à Lyon le 18 juillet 1982 », Fideliter 29, septembre 1982, p. 42).

 

Mgr Fellay ne trahit donc aucunement Mgr Lefebvre en ne posant pas forcément de telles

exigences préalables, que Mgr Lefebvre lui-même n’a jamais conçues comme absolument

indispensables. De plus, en maintenant l’exigence de « discussions doctrinales » sur le concile Vatican II avant toute perspective d’accord, le Supérieur général actuel reste parfaitement fidèle à l’esprit et à la ligne de conduite constante de Mgr Lefebvre. (NDLR : cette affirmation me paraît très contestable. Nous y reviendrons)

 

Redisons, pour conclure cette première partie de notre analyse, que nous n’avons pas prétendu

exprimer ici toute l’ampleur de la pensée et de la position de Mgr Lefebvre face à Rome. Mais nous en avons rappelé, en revanche, une partie absolument certaine, qu’il convient de ne pas omettre ni oublier pour comprendre la réalité de la position de Mgr Lefebvre.

 

Mgr Lefebvre et le sédévacantisme

 

Nous venons d’analyser les principales contre-vérités répandues par certains sédévacantistes

concernant la pensée de Mgr Lefebvre sur les rapports avec la Rome actuelle. Mais ces

sédévacantistes utilisent encore une autre technique pour semer le trouble dans les esprits. Ils publient, en effet, quelques lambeaux de phrases prononcées par Mgr Lefebvre en des moments d’émotion extrême et dont ils jugent qu’ils pourraient éventuellement, dans leur expression, se rapprocher de leurs thèses ; et, s’appuyant sur ces lambeaux de phrases, ils prétendent en déduire qu’en fait, Mgr Lefebvre était secrètement sédévacantiste.

Mais l’analyse des faits montre que ce prélat a toujours rejeté publiquement les thèses

sédévacantistes, de la façon la plus expresse et la plus constante. D’autre part, il a exclu

systématiquement de son œuvre ceux qui se proclamaient les adeptes et les défenseurs de ces thèses. Concernant les quelques mots échappés de la bouche ou de la plume de Mgr Lefebvre et qui pourraient à l’extrême rigueur sembler accréditer une partie des thèses sédévacantistes, Mgr Tissier de Mallerais en a traité dans sa biographie de Mgr Lefebvre, Marcel Lefebvre – Une vie (Clovis, 2002).

Le lecteur intéressé pourra se reporter aux pages 533-535 et 564, où les textes topiques sont cités et analysés. La parole sans doute la plus forte date du dimanche de Pâques 1986 : « Voilà la situation dans laquelle nous nous trouvons. Ce n’est pas moi qui l’ai créée. Je voudrais mourir pour qu’elle n’existât pas ! Nous nous trouvons devant un dilemme grave qui, je crois, n’a jamais existé dans l’Église : celui qui est assis sur le Siège de Pierre participe à des cultes de faux dieux. Quelle conclusion devrons-nous tirer peut-être dans quelques mois, devant ces actes répétés de communication avec les faux cultes ? Je ne sais pas. Je me le demande. Mais il est possible que nous soyons dans l’obligation de croire que ce pape n’est pas pape. Car il me semble à première vue — je ne veux pas encore le dire d’une manière solennelle et publique — qu’il soit impossible qu’un pape soit hérétique publiquement et formellement. »

 

Au séminaire d’Écône, où furent prononcées ces paroles (que nous avons entendues de nos

oreilles), ce fut une émotion considérable, car elles semblaient rompre avec la position constante et claire de Mgr Lefebvre concernant le sédévacantisme.

 

Mais précisément, ce qui est remarquable, c’est que ces paroles, prononcées en un moment

d’émotion extrême (ce sermon se situe quelques semaines avant la visite de Jean-Paul II à la

synagogue de Rome, et quelques mois avant la réunion d’Assise pour la paix) n’ont jamais été suivies d’une rupture avec le pape. Comme l’écrit avec raison Mgr Tissier de Mallerais : « Pour la seconde fois depuis 1976, la tentation sédévacantiste hante Mgr Lefebvre ; mais il n’y succombe pas » (p. 564).

Avant comme après cette date, Mgr Lefebvre est resté constamment fidèle à sa ligne de conduite, tant spéculative que pratique : refuser le sédévacantisme comme thèse, et exclure systématiquement de son œuvre ceux qui s’en proclamaient les adeptes et les défenseurs. Pour le vérifier, relisons quelques textes sur le sujet, qui datent des dix derniers années de la vie de Mgr Lefebvre (10). Nous y trouverons de plus quelques raisons coordonnées de refuser, avec le fondateur de la Fraternité Saint- Pie X, cette grave erreur du sédévacantisme.

 

« Afin de mettre fin à des doutes qui se répandent actuellement soit à Rome, soit dans certains

milieux traditionalistes d’Europe et même d’Amérique concernant mon attitude et ma pensée vis-à-vis du pape, du Concile et de la messe du Novus ordo, et craignant que ces doutes ne parviennent jusqu’à Votre Sainteté, je me permets d’affirmer à nouveau ce que j’ai toujours exprimé : 1) que je n’ai aucune hésitation sur la légitimité et la validité de votre élection, et qu’en conséquence je ne puis

 

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(10) Voici d’autres références, datant d’entre 1976 et février 1982 : conférences (enregistrées) du 2 décembre 1976 ; du 24 février 1977 ; du 18 mars 1977 ; du 5 octobre 1978 ; du 16 janvier 1979 ; du 25 octobre 1979 ; du 25 février 1980 ; « Le Novus ordo missæ et le pape », texte du 8 novembre 1979, Cor Unum 4, novembre 1979.

 

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tolérer que l’on n’adresse pas à Dieu les prières prescrites par la saint Église pour Votre Sainteté. J’ai dû sévir et continue de le faire vis-à-vis de quelques séminaristes et quelques prêtres qui se sont laissé influencer par quelques ecclésiastiques étrangers à la Fraternité » (« Lettre de Mgr Lefebvre au Souverain Pontife du 8 mars 1980 », Itinéraires 265 bis, août 1982, p. 22-23).

 

« Pour moi, j’ai une douleur profonde d’avoir vu quelques-uns de mes prêtres abandonner la

Fraternité parce qu’ils n’ont pas été d’accord avec la ligne de conduite que j’ai toujours suivie depuis le début de la fondation de la Fraternité : j’ai toujours reconnu le pape. (…) Je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent : “Il n’y a pas de pape”. J’estime que c’est très grave de dire qu’il n’y a pas de pape. Ce n’est pas parce qu’un pape est libéral qu’il n’existe pas. (…) Nous devons rester dans une ligne ferme et ne pas nous égarer, au cours de ces difficultés dans lesquelles nous vivons. On serait tenté, justement, par des solutions extrêmes, et de dire : “Non, non, le pape n’est pas seulement libéral, le pape est hérétique ! Le pape est peut-être probablement plus qu’hérétique, donc il n’y a pas de pape !” Cela, ce n’est pas exact. Ce n’est pas parce que quelqu’un est libéral, qu’il est nécessairement hérétique et par conséquent qu’il est nécessairement hors de l’Église. Il faut savoir faire les distinctions nécessaires. Ceci est très important pour rester dans une voie sûre, pour rester bien dans l’Église. Sinon, nous irions où ? Il n’y a plus de pape, il n’y a plus de cardinaux, parce que, si le pape n’était pas pape quand il a nommé les cardinaux, ces cardinaux ne peuvent plus nommer de pape parce qu’ils ne sont pas cardinaux. Et alors ? C’est un ange du Ciel qui va nous apporter un pape ? C’est absurde ! Et pas seulement absurde, dangereux ! Parce qu’alors nous serons conduits, peut-être, à des solutions qui sont vraiment schismatiques : alors, on ira trouver le pape de Palmar de Troya, qui est excommunié, qui m’a excommunié, qui a excommunié le pape, qui a excommunié tout le monde ! Ou d’autres… on ira à l’église de Toulouse… à l’église de Rouen… que sais-je… chez les

Mormons… chez les Pentecôtistes, chez les Adventistes ou autre chose ! Les âmes sont perdues ! Tout de même, je ne veux pas avoir cette responsabilité ! On me trouve peut-être sévère en demandant à ces jeunes prêtres qui ne sont pas d’accord avec nous, avec cette ligne que j’ai toujours suivie, de nous quitter. Mais je ne veux pas introduire le loup dans la bergerie. (…) Ils introduisent des divisions parmi les traditionalistes, ils introduisent des divisions dans l’Église, et de cela, je ne veux pas, je ne peux pas, tout en regrettant infiniment… » (« Quinze ans après Vatican II, les raisons de la continuité de notre combat », conférence à Angers du 23 novembre 1980, p. 21-23).

 

« On comprend mieux, dès lors, la situation dans laquelle se trouve aujourd’hui l’Église : une

situation inconcevable qui pousse certains fidèles désemparés à dire qu’il n’y a pas de pape, qu’il n’y a plus de sacrements valides, qu’il n’y a plus de messes valides… Un radicalisme complet qui ignore ce qu’est le libéralisme ; il faut avoir des jugements plus prudents, parce que les libéraux, justement, ne sont pas des gens “absolus” ; ils sont toujours entre l’erreur et la vérité, ils se contredisent et sont insaisissables. Alors évidemment, ils détruisent la vérité, le dogme, la foi, mais ils ne vont pas jusqu’à accomplir des actes absolument invalides » (C’est moi, l’accusé, qui devrais vous juger, Clovis, 1994, p. 142 – ce texte date en réalité de 1981).

 

« Ils demeurent attachés au Siège de Pierre et au Successeur de Pierre, malgré les graves reproches qu’on est en droit de lui faire, spécialement pour son engagement à poursuivre l’œuvre du Concile qui est autre que “l’autodémolition de l’Église”. Nous devons prier pour qu’éclairé par l’Esprit-Saint, il revienne à la Tradition qui est éternelle, et cela dans tous les domaines » (« Communiqué publié par Mgr Lefebvre et plusieurs prêtres responsables de la sainte Résistance », Fideliter 22, juillet 1981, p. 13).

 

« Nous, nous tenons le pape et nous tenons la messe, les deux. Certains me disent : “Mais non,

lâchez le pape, il n’est plus pape”. Je réponds : “Si, je tiens le pape”. Les autres me disent : “Mais lâchez la messe, puisque le pape le veut”. “Non, je ne lâche pas la messe non plus”. Pourquoi ? Parce que je suis sûr que, fondamentalement, le pape et la messe vont ensemble » (« Le faux œcuménisme n’est pas missionnaire », conférence à Nantes le 5 février 1983, Fideliter 35, septembre 1983, p. 49).

 

« Ce n’est pas parce que je dis que le pape est infidèle à sa tâche que je dis qu’il n’y a plus de pape, ou que je dis qu’il est hérétique formel. Je crois qu’il faut juger les hommes de la Rome actuelle et ceux qui sont dans leur influence, comme les évêques, ainsi que le pape Pie IX et saint Pie X considéraient les libéraux et les modernistes. Le pape Pie IX condamnait les catholiques libéraux. Il a même eu cette phrase terrible : “Les catholiques libéraux sont les pires ennemis de l’Église”. Que pouvait-il dire de plus ? Toutefois, il n’a pas dit : “Tous les catholiques libéraux sont excommuniés, sont hors de l’Église et il faut leur refuser la communion”. Non, il considérait ces hommes comme “les pires ennemis de l’Église” et cependant il ne les a pas excommuniés. Le saint pape Pie X, dans son encyclique Pascendi, a porté un jugement aussi sévère sur le modernisme, le qualifiant de “rendez-vous de toutes les hérésies”. Je ne sais pas s’il est possible de porter un jugement plus sévère pour condamner un mouvement ! Mais il n’a pas dit que tous les modernistes seraient désormais excommuniés, hors de l’Église, et qu’il fallait leur refuser la communion. Il en a condamné quelquesuns. Aussi, je pense que comme ces deux papes, nous devons les juger sévèrement, mais pas nécessairement en les considérant comme étant hors de l’Église. C’est pourquoi je ne veux pas suivre les sédévacantistes qui disent : “Ce sont des modernistes ; le modernisme est le carrefour des hérésies ; donc les modernistes sont hérétiques ; donc ils ne sont plus dans la communion de l’Église ; donc il n’y a plus de pape…” On ne peut pas formuler un jugement d’une logique aussi implacable. Il y a dans cette manière de juger de la passion et un peu d’orgueil. Jugeons ces hommes et leurs erreurs ainsi que les papes eux-mêmes l’ont fait. Le pape est moderniste, c’est sûr, comme le sont le cardinal Ratzinger et bien des hommes de son entourage. Mais jugeons-les comme les papes Pie IX et saint Pie X les ont jugés » (« Si c’est mon devoir, je sacrerai des évêques », Fideliter 57, mai 1987, p. 17).

 

« A l’inverse des sédévacantistes, nous agissons vis-à-vis du pape comme vis-à-vis du Successeur de Pierre. Nous nous adressons à lui comme tel et nous prions comme tel. La majorité des fidèles et des prêtres traditionalistes estiment aussi que c’est la solution prudentielle et sage : reconnaître qu’il y a un successeur sur le trône de Pierre et qu’il est nécessaire de s’opposer fortement à lui à cause des erreurs qu’il diffuse » (« Après les ralliements sonnera l’heure de vérité », Fideliter 68, mars 1989, p. 13).

 

Conclusion :

 

Au regard de ces textes extrêmement clairs et incisifs, on peut conclure en toute sûreté que les

sédévacantistes commettent une escroquerie intellectuelle lorsqu’ils prétendent que Mgr Lefebvre, à quelque moment de sa vie que ce soit, aurait eu la moindre adhésion aux thèses sédévacantistes.

 

Ces sédévacantistes arguent toutefois d’un texte qu’ils prétendent être le « dernier texte de Mgr Lefebvre ». Il s’agit d’une lettre, datée du 4 mars 1991, que Mgr Lefebvre a écrite comme préface à l’ouvrage de l’abbé Giulio Tam, Documentation sur la révolution dans l’Église. Mais il ne s’agit en aucune manière de « paroles testamentaires », car Mgr Lefebvre n’envisageait pas de mourir dans les jours qui suivraient : au contraire, le 8 mars, il part pour Paris afin de présider une importante réunion. Et ce sera sur la route qu’il sera rattrapé par la maladie qui le conduira au tombeau. Il s’agit d’une simple préface, comme Mgr Lefebvre en a accordé de nombreuses.

Voici ce texte : « Monsieur l’abbé Giulio Tam, membre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X,

d’origine italienne, recevant quotidiennement l’Osservatore romano, journal officiel de la Curie romaine, a cru bon, pour l’information de ses confrères, de collectionner les passages les plus significatifs des discours du pape et des autorités romaines sur les sujets les plus actuels. Ce regroupement jette une lumière tellement fulgurante sur la révolution doctrinale inaugurée officiellement dans l’Église par le Concile et continuée jusqu’à nos jours, qu’on ne peut s’empêcher de penser au “siège d’iniquité” prédit par Léon XIII, ou à la perte de la foi de Rome prédite par Notre Dame à La Salette. La diffusion et l’adhésion des autorités romaines aux erreurs maçonniques condamnées maintes fois par leurs prédécesseurs est un grand mystère d’iniquité qui ruine dans ses fondements la foi catholique. Cette dure et pénible réalité nous oblige en conscience à organiser par nous-mêmes la défense et la protection de notre foi catholique. Le fait d’être assis sur les sièges de l’autorité n’est plus, hélas ! une garantie de l’orthodoxie de la foi de ceux qui les occupent. Le pape lui-même diffuse désormais sans discontinuer les principes d’une fausse religion, qui a pour résultat une apostasie générale. Nous donnons donc ci-joint les textes, sans commentaires. Les lecteurs pourront juger par eux-mêmes, et par les textes des papes d’avant le Concile. Cette lecture justifie amplement notre conduite pour l’entretien et la restauration du règne de Notre Seigneur Jésus-Christ et de sa sainte Mère sur la terre comme au Ciel. Le restaurateur de la chrétienté c’est le prêtre par l’offrande du vrai sacrifice, par la collation des vrais sacrements, par l’enseignement du vrai catéchisme, par son rôle de pasteur vigilant pour le salut des âmes. C’est auprès de ces vrais prêtres fidèles que les chrétiens doivent se regrouper et organiser toute la vie chrétienne. Tout esprit de méfiance envers les prêtres qui méritent la confiance, diminue la solidité et la fermeté de la résistance contre les destructeurs de la foi. Saint Jean termine son Apocalypse par cet appel “Veni Domine Jesu”, Venez Seigneur Jésus, apparaissez enfin sur les nuées du Ciel, manifestez votre toute-puissance, que votre Règne soit universel et éternel. »

 

Les thématiques de cette préface n’ont aucun lien avec le sédévacantisme. Il s’agit au contraire d’une reprise des constantes de la pensée de Mgr Lefebvre, pensée qui s’est toujours accompagnée d’un refus explicite et formel du sédévacantisme. En lisant ce texte à la lumière des textes sur le sédévacantisme que nous venons de lire, ainsi que de tous les autres textes de Mgr Lefebvre que nous avons cités, on voit sans difficulté que les sédévacantistes trompent leurs lecteurs lorsqu’ils insinuent que Mgr Lefebvre, à un quelconque moment de sa vie, fût-ce dans ses derniers jours, leur a accordé le moindre crédit.