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Un regard
sur l’actualité politique et religieuse
au 19 septembre 2004
N°9
par
Monsieur l’abbé Paul Aulagnier
Le RP de Blignière et l’application du « Motu
Proprio » : « Ecclesia Dei » (adfflicta).
15 ans après.
Il y a 15 ans, le pape
Jean-Paul II publiait le motu proprio « Ecclesia Dei
Adflicta ». C’était le 2 juillet 1988. Les « sacres » de Mgr
Lefebvre avait eu lieu le 30 juin 1988. Trois jours avant…Au delà de la
condamnation de Mgr Lefebvre par Rome, -
ce ne sera pas l’objet des considérations du RP de Blignière dans cet article -
ce document important aborde, in fine, le problème de la « messe de
toujours ». Il exprime « la volonté » du pape : « que soient respectées les
aspirations de ceux qui se sentent attachés à certaines normes liturgiques et
disciplinaires antérieures de la tradition latine »(p3).
Voilà l’objet de
l’article que le RP de Blignière publie dans sa revue « Sedes Sapientiae » N° 87
Il nous
propose un bilan sur l’application de ce motu proprio en matière
liturgique, dans l’Eglise et tout particulièrement en France.
Ce
bilan se veut prudent. « Il est difficile de dire, écrit le Révérend
Père, dans quel sens positif et négatif, les choses s’engagent
globalement. » (p.5)
Mais
après ces 25 pages d’études toutes faites de nuances, il conclut « Il
semble que la ligne globale de la « question de la messe
traditionnelle » soit plutôt ascendante ».(p.26).
Il
rejoint l’avis du Cardinal Stickler qui, il vous en souvient cher amis lecteurs
de « Nouvelle de Chrétienté » de la belle époque, il vous en
souvient : le cardinal Stickler,
dans la conférence qu’il donnait en 1997 à « l’Intertionalem Theologischen
Sommerakademie », affirmait lui
aussi que les choses en matières liturgique allaient dans le bon sens. Il
écrivait au sujet du Motu Proprio « Ecclesia Dei Adflicta » à la
page 66 de l’édition faite par le C.I.E.L. : « Ce texte (Ecclesia
Dei…) adressé aux évêques, beaucoup plus libéral, nous permet de penser avec une
confiance justifiée que, dans ses efforts pour rétablir l’unité de la paix,
le Pape ne reviendra pas sur ce qu’il a déjà fait mais qu’au contraire, il ira
plus loin encore dans la voie amorcée, en particulier aux paragraphes 5 et 6 du
Motu Proprio de 1988, pour instaurer une juste réconciliation entre la
tradition inaliénable et un développement justifié par le temps ».
Le
cardinal parle « de confiance justifiée ».
Pour
sa part, le RP de Blignière appuie son
jugement sur de nombreux faits qu’il relate succinctement.
Il
invoque des « faits » qu’il appelle des « faits
mémorables ».
Il
y inclut, bien sur, « l’affaire de Campos » et rappelle la
reconnaissance par Rome de la « facultas » pour ces prêtres de dire
exclusivement la messe Saint Pie V, ce qui lui permet d’écrire en utilisant la
présentation de Mgr Rifan : « L’administration apostolique érigée
pour Campos « a pour particularité d’avoir une rit propre, à savoir la
sainte messe et tous les autres sacrements, actions et disciplines liturgiques,
selon les prescriptions de saint Pie V, avec les adaptations introduites
par ses successeurs jusqu’au bienheureux Jean XXIII, ce qu’on appelle la
« liturgie traditionnelle » (p.11).
Ce fut
incontestablement une victoire, un progrès considérable sur le plan du droit.
Quels
sont, pour notre révérend père, ces « faits mémorables ?
Il
les énumère.
« Un fait
mémorable, sans précédent depuis 1969, s’inscrit dans la ligne positive de ce
bilan. Le Saint Père a présenté, dans une allocution adressée le 21 septembre
2001 à
C’est
juste.
Un
autre fait mémorable, très significatif de la nouvelle orientation des
autorités romaines : « Sur un autre plan, à la suite d’une
intervention du Cardinal Castrillon Hoyos, président de
J’aurais envie de
dire à qui la faute… Souvenons-nous des paroles de Paul VI au Consistoire du 24
mai 1976 interdisant, au nom de son autorité apostolique, la célébration de
l’ancienne messe.
Mais
ce fait, heureusement souligné par le Père de Blignière, permet de mesurer
précisément l’heureuse évolution, dans l’Eglise, des « choses »
liturgiques…
Il
insiste ensuite sur la fameuse « messe célébrée par le Cardinal
Castrillon Hoyos le 24 mai 2003 à Rome, dans
Le
Père de Blignières, y voit, avec raison,
comme une avancée certaine vers la reconnaissance, par la
hiérarchie, du « rit ancien comme
un rit de plein droit ».
C’est
tout à fait ma pensée. Et je me « bâterai » jusqu’au bout, avec
respect et amabilité, pour obtenir de la
hiérarchie catholique cette nécessaire reconnaissance du « plein
droit » de la messe dite de Saint Pie V
dans l’Eglise comme coutume
immémoriale jamais abolie et comme objet de
Il
invoque encore d’autres « gestes de cardinaux » et tout
particulièrement ceux du cardinal Medina. Il écrit : « L’ancien
préfet de
Je
peux confirmer moi-même ce témoignage du RP de Blignières. J’ai rencontré deux
fois le cardinal Medina. Les deux fois, nous avons abordé ce sujet liturgique.
De l’abrogation ou non de la messe dite de Saint Pie V. Les deux fois il m’a
confirmé son jugement. Il affirme que la messe « ancienne » n’a
jamais été abrogé. Il me donna ses arguments. La pensée du Cardinal Stickler
est au cœur de sa propre argumentation.
Le
Père de Blignière ajoute : « Lors de la bénédiction abbatiale du
nouvel abbé du Barroux, le cardinal a pris occasion de la présence des
supérieurs des communautés « Ecclesia Dei » et de nombreux fidèles
pour « les assurer, en tant que membre de
Je
crois que c’est bien vu… La restauration de l’ordre liturgique se fera aussi
par petites touches successives, par des petits actes, insensiblement mais
sûrement. Ce n’est pas facile pour une autorité de dire qu’on a fait fausse
route depuis des lustres… On sent bien que Rome est « gênée » dans
cette affaire… Mais les choses vont dans le bon sens. Les autorités de
Un
autre argument soulevé par le Père de Blignière : les cérémonies
officielles où évêques et cardinaux
célèbrent les offices dans le rite de Saint Pie V. « Toujours dans la
ligne positive, on remarque que sont de plus en plus nombreux les évêques et
les cardinaux qui officient pontificalement un peu partout en France et en
Europe, selon le rit traditionnel, que ce soit lors des messes de
pèlerinages…ou de célébrations d’ordinations… » Et de rappeler la messe du
Cardinal Médina à Paris le 22 novembre 2003. J’y étais. Je peux aussi ajouter
mon témoignage : Mgr Ricard,
archevêque de Bordeaux et Président de
C’est
très juste.
Comme
autres éléments positifs, le Père de Blignière note également les nombreuses
études liturgiques qui voient
aujourd’hui le jour. Il note tout particulièrement les derniers travaux liturgiques du cardinal Ratzinger. Il
écrit : « le cardinal Ratzinger a continué son patient travail pour
sensibiliser une opinion cultivée à la nature de la crise liturgique et aux
enjeux d’un retour à « l’Esprit de la liturgie » »(p. 23).
Il
cite encore les études de Monsieur l’abbé Barthe en ce domaine. Il ne le cite
qu’en note. C’est dommage. Mais il le cite. Et c’est bien justice…(p.23)
Il
n’ a pu prendre acte du dernier document de
Voilà
quelques éléments positifs que le Père de Blignière présente pour justifier
finalement son jugement final : « Il semble que la ligne globale de
la « question de la messe traditionnelle » soit plutôt
ascendante »(p. 26)
Nous
verrons, dans un autre « regard sur le monde… », les arguments que le
Père de Blignière présente comme freinant cette « heureuse »
évolution.
Jean Madiran et l’abbé Philippe Laguérie.
Tout
le monde connaît la douloureuse et récente affaire de Bordeaux : le renvoi
de l’abbé Philippe Laguerie de
Avec
beaucoup de délicatesse et de sympathie, Jean Madiran a donné son point de vue.
Dans Présent du 10 septembre 2004. Il a
intitulé son article : « Ah ! les têtes qui dépassent… mais
faut-il donc les couper ?
Voilà.
Je ne cite pas tout l’article. Vous n’avez qu’à vous y abonner ! mais les
passages qui me plaisent.
« Les
têtes qui dépassent semblent bien être la vraie cause des difficultés…la
demande de débat se heurte à la menace d’exclusion. Je ne crois pas beaucoup à
l’ « exclusion », je ne crois pas du tout au
« débat ». Pourquoi pas au « dialogue » !…je crois à
la controverse : contre les idées adverses. Mais pour les têtes qui
dépassent, et qui sont de la famille, et qui bien sûr sont beaucoup plus
incommodes que celles qui ne dépassent pas, la solution pourrait bien n’être ni
dans le débat qu’elles réclament ni dans la rétractation qu’on leur demande.
Il
faudrait plutôt pour chacune sa vraie place, qui n’est pas forcément le
Mexique, et à cette place lui laisser toute l’autonomie nécessaire à sa
respiration. Dans l’ordre politique,
bien que n’étant point spécialiste de la matière électorale, j’imagine assez
invivable que le président du partie ait seul, comme par délégation, le pouvoir
de décider sans appel qui sera candidat jusque dans les plus petites communes, au
lieu de faire confiance aux désignations locales. Analogiquement il doit en
être un peu de même pour les paroisses. Et pour les rédactions des revues et bulletins !
L’excès de centralisation est dans l’air du temps, par contagion il est
partout, et pas seulement dans les
administrations de l’Etat. Et puis, les têtes qui dépassent sont souvent, dans
la controverse publique, les plus justement, les plus fortement, les plus
exactement critiques à l’égard de la laïcité républicaine et des autres
mensonges dominants, n’allons pas nous en priver. La famille politique
et religieuse qui est la notre a sans doute besoin en ce moment de mieux apprendre la cohabitation amicale
d’autonomies respectueuses de leurs propres limites. J’espère n’avoir pas
franchi les miennes ? (Jean
Madiran. Présents du 10 septembre)
Je partage ce
jugement. J’en remercie Jean Madiran. Et m’en réjouis. Il sera lu par
Le Cardinal
Ratzinger et Pie IX : au sujet du rôle de l’Etat en matière religieuse
On sait que le Cardinal Ratzinger, dans son interview au Figaro du 13
août dernier s’est prononcé sur le
problème et le rôle de l’Etat en matière religieuse. Il a dit clairement :
« L’Etat doit être le garant
de la liberté de pensée et de religion. »
Puis-je me permettre de relever cette affirmation. Pour moi, elle est
fausse et va directement contre l’enseignement constant de l’Eglise.
Mais elle se situe parfaitement dans la suite de la pensée du Cardinal
Frings et du cardinal Doepfner.
J’ai lu le beau numéro de « Courrier de Rome ». le numéro de
Juillet-Août 2004. Ce numéro est tout consacré à l’étude du texte sur la
« liberté religieuse ». L’auteur « Aloysius » compare le
texte du cardinal Ottaviani sur la « Tolérance religieuse » d’avec
celui du « cardinal Bea sur la
« Liberté » religieuse ».
Il cite les oppositions que le cardinal Ottaviani dut affronter :
celle du cardinal Frings puis du cardinal Doepfner et du cardinal Bea. Il
aborde, bien sur, le problème du rôle de l’Etat. On se souvient que le cardinal
Ratzinger fut le théologien privé du cardinal Frings. Voilà ce qu’écrit
Aloysius :
« La première opposition importante fut celle de S.E. le card.
Frings. Celui-ci affirma que
Mais la pensée du cardinal Ratzinger me semble ne pas correspondre avec
la pensée de Pie IX et des
« Saintes Ecritures, de l’Eglise et des Saints-Pères », mais plutôt
rejoindre la pensée du cardinal Frings…Qui dit le vrai ?