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 Un regard sur l’actualité politique et religieuse

 Au 19 décembre   2004

 

N°22

Par Monsieur l’abbé Paul Aulagnier

 

 

 

 

Des procédures

 en

attente de jugement !

 

I- La procédure de  Mr l’abbé Somerville contre  le cardinal Ambrosic, archevêque de Toronto(CA)

 

 

 

Les relations  sont généralement plus très bonnes lorsque les parties envisagent et finissent par lancer, de guerre lasse, une procédure juridique. Elles n’ont pu s’entendre à l’amiable pour régler leurs différends.

 

Ce n’est pas ce qui m’intéresse ici, aujourd’hui, dans ce « Regards sur l’actualité religieuse » au 19 décembre 2004.

 

Laissons ce problème « relationnel » de côté, - pour important qu’il soit, -  pour ne considérer que le fond des choses : la justice mise en cause dans une affaire. C’est le droit –objet de la justice- qui est d’abord la raison d’une procédure et de son lancement.

 

Le Droit. Savoir le droit. Savoir la justesse d’une position et le faire dire et constater par le tribunal.   Voilà, je pense, le motif profond d’une vraie procédure. Ce qui m’intéresse ici, dans les affaires  dont je vais maintenant vous parler.  

 

Mais de quelles procédures,  veux-je parler ?

 

Je ne veux pas parler ici des diverses procédures  qui concernent  « l’affaire Laguérie-Héry ».

 

Sur ces procédures, disons seulement qu’il est bien malheureux qu’elles aient lieu. L’autorité devrait régler elle-même ce problème. Il y a quelqu’un qui, derrière, conseille mal…

 

Les procédures qui m’intéressent , ici, de faire vivre, sont double :

 

-celle, intentée par un  prêtre de renom, Monsieur l’abbé Somerville de Toronto, au Canada,

qui n’est rien moins que l’un des aumôniers qui a aidé Mel Gibson dans le tournage de son film : « la Passion du Christ ». Il célébrait la messe chaque matin, la messe de Saint Pie V, pendant un temps, à Rome même, pour l’ensemble de la « compagnie ».

 

-celle que j’ai intentée moi-même, alors que j’étais en Belgique, contre le cardinal Danneels,

 

Ces deux  procédures ont des points communs.

 

Toutes les deux  ont abouti sur le bureau du cardinal Castrillon-Hoyos, saisi en  sa qualité de  président de la Congrégation du clergé et  de la commission « Dei Adflicta ».

 

Elles ont le même objet : dire le  « droit » de la messe de Saint Pie V dans l’Eglise, dire aussi  la place de la « FSSPX »  dans cette même Eglise.

 

La messe jouit-elle d’un vrai droit dans l’Eglise et  les prêtres, en ordre canoniquement, qui la célèbrent, peuvent-ils encourir interdictions et peines canoniques ?

 

La FSSPX est-elle oui ou non une société sacerdotale qui fut  un jour reconnue dans l’Eglise mais aujourd’hui « schismatique » en raison des sacres faits par Mgr Lefebvre et Mgr de Castro Meyer, le 30 juin 1988, de sorte que serait  condamnable qui travaille en union avec elle ?

 

C’est l’enjeu « formidable » de la procédure engagée contre le cardinal de Toronto, autorité canonique dont relève Monsieur l’abbé Somerville. Ce sont les deux objets mis en cause dans sa procédure. Procédure qui a abouti vous dis-je, sur le bureau du Cardinal Castrillon Hoyos.

 

C’est également l’enjeu de la procédure que j’ai intentée contre le Cardinal Danneels en 2001, pour demander  que le tribunal dise le droit concernant la phrase de son  vicaire général : « L'Archevêché a clairement fait savoir par voie de presse que le culte célébré dans l'Eglise Saint-Joseph depuis le 1er novembre de cette année ( 2001) n'est pas agréé par l'Eglise Catholique » , ( NB :la messe que la FSSPX célèbre à l’Eglise Saint Joseph, à Bruxelles est la messe dite de Saint Pie V ), phrase qui me paraissait  « injuste » et qui était susceptible de nous faire  grand tort auprès des familles de l’aristocratie « bruxelloise » et des familles  bourgeoises qui avaient toutes des raisons historiques de venir « entendre » la saint messe, dite de Saint Pie V,  au square Forban, en plein cœur du nouveau quartier européen. Après  avoir pris conseil, cette procédure est aussi en attente sur le bureau du cardinal Castrillon Hoyos. Toujours en attente….

 

Ces deux affaires étant évidemment liées parce qu’ayant même objet, le règlement de l’une pourra favoriser le règlement de l’autre…A moins qu’elles restent toutes les deux  dans le « tiroir des choses oubliées »….

 

Dans sa plaidoirie contre le Cardinal Ambrozic,  archevêque de Toronto, Monsieur l’abbé Somerville fait une rapide allusion aux irrégularités  et au non respect du droit. Ce qui pourrait rendre nul la sentence du cardinal. En en prenant connaissance, cela me faisait penser  aux irrégularités évidentes dans mon propre procès d’exclusion de la FSSPX. Mais par discrétion, je préfère finalement ne pas en parler. Mon affaire est « devant la cour céleste ». Là, un jour le droit sera dit.  Lorsque l’on recourt au Droit  dans une affaire grave, les parties sont liées par le Droit. Elles  doivent le respecter en tous points, sinon elles risquent de porter une  sentence nulle de plein droit. C’est, du moins, ce que fait remarquer Monsieur l’abbé  Somerville, devant l’autorité du cardinal Castrillon-Hoyos. Si un jour est créé « in sinu Fraternitatis » une « cour », alors, je déposerai immédiatement, mon affaire en cette cour pour qu’elle dise le droit. Il y va, entre autre, d’une participation à un futur chapitre général…chapitre électif. Il me serait pénible de ne pouvoir y prendre part, si par aventure, le Droit me donnait raison.

 

Voilà les affaires mises en cause dans ce « Regards sur l’actualité religieuse » au 19 décembre.

 

Elles me paraissent importantes.

 

Il y va du « droit » de la messe dite de Saint Pie V. La phrase du cardinal Castrillon Hoyos prononcée le 24 mai 2004, en la Basilique Sainte Marie Majeure, est-elle vraie ou simplement de circonstance… ? Quelle est sa valeur juridique ?

 

Il y va du « droit » de la FSSPX, au sein de l’Eglise catholique, de ses fidèles et de ses prêtres. Ce n’est pas rien. Donnons des chiffres. Certainement  plus de 200.000 fidèles dans  le monde, au bas mot,  plus de 460 prêtres, sans compter ceux qui sont pour des raisons diverses « hors FSSPX », et si j’ajoute l’ensemble des prêtres fidèles à la messe saint Pie V ou d’esprit Saint Pie V, il faudrait bien parler du millier de prêtres, du million de fidèles .

 

Comment ne pas en tenir compte ? Comment considérer tout cela comme « quantité négligeable », sans intérêt pour l’Eglise ?

 

Il y va, enfin, du respect du « droit », du respect du « droit » des parties et  aussi  de la protection du faible. C’est une des  raisons du Droit. Sa noblesse.

 

L’intention de ce « Regard » est clairement exprimée.

 

Voyons maintenant les procédures en cours, le dossier des uns et des autres. Je parlerai dans ce numéro 22, la procédure entre Mr l’abbé Somerville et le Cardinal Ambrosic, archevêque de Toronto au Canada.. Je réserve l’autre dossier pour le prochain numéro, le numéro23.

 

La procédure

entre  Monsieur l’abbé Somerville et le Cardinal Ambrozic de Toronto (Canada)

 

Les documents

 

Les documents en langue anglaise de cette toute récente  procédure ont été rendus publics aux USA, indépendamment de la volonté expresse de l’auteur,  sur le site du journal américain « The Ramnant ». Le « Courrier de Rome » les a, à son  tour, traduits et publiés, en France,  dans son numéro de décembre 2004. L’intérêt de ce dossier est évident. Il concerne l’Eglise elle-même.

 

De quoi s’agit-il ?

 

Le cardinal du diocèse de Toronto, au Canada, le cardinal Ambrozic  vient de frapper de suspens « a divinis » Monsieur l’abbé Stéphane  Somerville, prêtre de son diocèse, pour la simple raison  qu’il portait, depuis quelque temps, mains fortes aux prêtres de la FSSPX, et qu’il avait repris la messe de son ordination, la messe dite de saint Pie V qu’il célébrait pour les fidèles de certaines chapelles aux USA. Voilà son « crime ».

 

Il exprime lui-même son histoire dans une série de lettres qu’il dut échanger avec le Vicaire Général du diocèse  et son  archevêque, le cardinal Ambrosic.

 

Ces lettres constituent aujourd’hui les pièces du dossier

 

Qui est ce prêtre ?

 

Il est un prêtre diocésain du diocèse de Toronto. J’ai déjeuné avec lui lorsque je me trouvais au Canada. C’est un prêtre de qualité, musicien, liturgiste, intelligent, latiniste, grégorianiste, aujourd’hui à la retraite. Mais encore très vaillant.  Il appartenait à un groupement officiel chargé, au Canada, de la réforme liturgique : l’International Commission on English Liturgy. (ICEL) Il y collabora pendant dix ans. Il travaillait aux  traductions de la nouvelle liturgie en langue anglaise  La Providence lui permit de rencontrer des prêtres de la Tradition, ceux de la FSSPX. Sous leur influence et grâce à ses propres lectures, il revint à la messe de son ordination qu’il avait reçu en 1956, quitta l’International Commission on English Liturgy. (ICEL). Heureux d’avoir retrouvé la messe, zélé qu’il était, il chercha à expliquer avec beaucoup de finesse et de délicatesse à ses confrères, son geste, son retour à la messe  en latin, à la messe dite de saint Pie V  Sur cet entrefaite,  il fut demandé par le fameux Mel Gibson alors qu’il tournait son film à Rome : la « Passion du Christ ». Pourquoi Mel Gibson lui fit-il  appel ? Parce que notre bon abbé célébrait la messe saint Pie V dans une chapelle aux USA que le  père de Mel Gibson fréquentait. Connaissant le désir de son fils, il le lui recommanda. L’abbé accepta de venir  à Rome, tout frais payés. Il passa, là,  plusieurs mois célébrant la messe chaque matin, pour le « staff » de Mel Gibson. Il a  témoigné, devant mes confrères et moi-même, de la piété des acteurs du film et de Mel Gibson, lui-même. J’ai encore son témoignage dans l’oreille.


Ainsi, et pas autrement, le  retour de cet abbé à la messe traditionnelle, l’aide qu’il porta à mes confrères d’Amérique sont la raison  de  ses ennuis et de la peine canonique qui le frappe.

 

Voilà comment il raconte l’affaire.

 

 

« Le retour béni »

 

Monsieur l’abbé Somerville écrivit en 2002 une « Lettre ouverte à l’Eglise », dans laquelle il déclare renoncer à son activité au sein de l’International Commission on English Liturgy, pour laquelle il a collaboré pendant dix ans à des traductions de la nouvelle liturgie en langue anglaise :

 

« Chers confrères catholiques dans le Rite Romain,

 

 Je suis un prêtre qui a collaboré pendant plus de dix ans à un travail qui s’est révélé gravement dommageable pour la Foi Catholique. A présent, je désire m’excuser devant Dieu et devant l’Eglise, et renoncer définitivement à ma collaboration personnelle à ce projet néfaste. Je veux parler du travail  de traduction en anglais de la nouvelle liturgie latine apparue après Vatican II,  travail  mené en tant que membre de la Commission Consultative de l’International Commission on English Liturgy (ICEL). Je suis un prêtre du diocèse de Toronto, ordonné en 1956. Fasciné par la liturgie depuis mon enfance, je fus choisi pour représenter le Canada au moment de la constitution de l’ICEL, comme membre de la Commission Consultative. J’étais le plus jeune des 33 membres et peu conscient de mes limites dans la connaissance de la liturgie et des disciplines qui lui sont liées, mais je fus bientôt perplexe face aux déplorables traductions proposées et sollicitées par les éléments radical-progressistes de notre groupe, éléments de plus en plus puissants. Mais je n’étais pas en mesure d’approfondir la fausseté de nombreuses interprétations de notre Commission.

 

Je m’explique au moyen de quelques exemples. [Suivent des exemples de traductions clairement inspirées par la « nouvelle théologie », avec la conclusion suivante : ] La liturgie est la loi de notre prière (lex orandi) et fonde la loi de notre foi (lex credendi).Si l’ICEL a changé notre liturgie, elle changera notre foi. Et les signes de ces changements et de la perte de la foi sont autour de nous.

Je pense que les indications précédentes au sujet de l’affaiblissement de la liturgie catholique latine suffiront. Il y a certainement des milliers de mauvaises traductions dans l’ensemble des travaux de l’ICEL, et au fur et à mesure que le travail avançait, j’avançais pour ma part dans une critique de plus en plus articulée. Ma collaboration avec la Commission Consultative prit fin volontairement vers 1973, et je devins Membre Emérite ; titre auquel je renonce volontiers.

 

Le travail de l’ICEL ne débuta pas de façon négative [suit un rappel de faits positifs et de personnes appréciées]. Le rejet de mon passé auprès de l’ICEL n’est pas dû à ces expériences positives ni à ces personnes, mais à la corruption de la foi catholique et du respect qui lui est dû, à laquelle le travail de l’ICEL a contribué lui aussi. Et pour cette corruption, à laquelle j’ai contribué moi aussi d’une certaine façon, je demande humblement et sincèrement pardon à Dieu et à la Sainte Eglise.

 

Après avoir mentionné le Concile Vatican II (1962-1965), voyons maintenant les autres raisons qui m’ont conduit à renoncer à mon travail de traduction auprès de l’ICEL. Il s’agit d’un sujet très sérieux et délicat. L’année dernière (mi-2001), j’ai eu l’occasion de connaître, avec respect et admiration, de nombreux catholiques « traditionalistes ». Ces derniers, qui ont décidé de revenir à la Messe et à la liturgie antérieures au Concile, et qui se distinguent des catholiques « conservateurs » (qui cherchent à corriger et à améliorer la nouvelle Messe et les sacrements de l’après-Concile), m’ont donné une bonne leçon. Ils m’ont fait connaître un grand nombre de publications, livres, essais, qui démontrent de façon érudite mais en termes accessibles, que le Concile Vatican II a été rapidement dirigé, manipulé et infesté par des personnes et des idées modernistes, libérales et protestantes. Ces écrits montrent de plus que la liturgie produite par le « Consilium » sous la direction de l’archevêque A. Bugnini, est elle aussi affligée des mêmes défauts, en particulier la nouvelle Messe. Dans celle-ci, on a diminué la doctrine selon laquelle l’Eucharistie est un vrai Sacrifice, et non seulement un mémorial ; on a affaibli la vérité de la Présence Réelle du Corps et du Sang du Christ en reléguant le tabernacle dans un coin de l’église, en réduisant les gestes et les marques de révérence au cours de la Consécration, en faisant donner la communion dans la main, souvent par des femmes, en dévalorisant les vases sacrés, en faisant appel à six experts protestants (qui nient la Présence Réelle) dans la préparation du nouveau rite, en encourageant l’usage de la musique pop et autres guitares à la place du chant grégorien, et en introduisant toute une série d’autres nouveautés. Une telle accumulation de défauts conduit à penser que de nombreuses Messes modernes sont sacrilèges, et que certaines peuvent être invalides. Il est en tout cas certain qu’elles sont peu catholiques et ne soutiennent pas la foi catholique.

 

Qui sont les auteurs de ces publications critiques de l’Église conciliaire ? Je n’en citerai que quelques-uns, parmi ceux qui ont le plus minutieusement étudié le Concile : Atila Sinka Guimaeres (« In the Murky Waters of Vatican II »), Romano Amerio (« Iota Unum : Étude des variations de l’Église catholique au XXème siècle »), Michael Davies (livres et opuscules divers, TAN Books), l’archevêque Marcel Lefebvre, l’un des pères du Concile, qui travailla aux schémas préparatoires et qui a écrit de nombreux essais remarquables sur le Concile et sur la Messe (Angelus Press). Parmi les catholiques « traditionalistes », le regretté Mgr Lefebvre occupe une place de premier plan, car il a fondé la Fraternité Saint Pie X (FSSPX), une importance société sacerdotale (qui comprend aujourd’hui six séminaires) pour la célébration de la liturgie catholique traditionnelle. Beaucoup de catholiques connaissant la Fraternité croient peut être que celle-ci est excommuniée et que ses membres sont schismatiques. Il y a toutefois des personnages d’autorité (comme le cardinal Ratzinger, éminent théologien au Vatican) qui soutiennent qu’il n’en va pas ainsi. La Fraternité Saint Pie X se déclare intégralement catholique romaine, et reconnaît le pape Jean-Paul II, tout en maintenant respectueusement certaines réserves sérieuses.

 

Je remercie le lecteur d’avoir bien voulu me suivre jusqu’ici, mais il était nécessaire de préciser que c’est à cause de la Foi que j’ai renoncée à ma collaboration avec l’ICEL et aux changements dans la liturgie. C’est à cause de la Foi qu’il faut revenir à la tradition liturgique catholique. Il ne s’agit pas de simple nostalgie ou de refus de mauvais goût.

 

Chers lecteurs non « traditionalistes », ne mettez pas cette lettre de côté avec insouciance ; elle vous est adressée, à vous qui avez le devoir de vous souvenir que seule la vraie Foi peut vous sauver, que le salut éternel dépend de la plénitude des Sacrements, tels qu’ils ont été préservés dans le Christ par son Église fidèle. Faites face à cette grave question par des prières et des lectures sérieuses, en utilisant spécialement les publications de la Fraternité Saint Pie X. La paix soit avec vous. Puissent Jésus et Marie nous accorder à tous un retour béni et une fidèle persévérance dans notre vraie demeure catholique.

(Rév. Stephel F. Somerville »

 

Appel aux frères prêtres : responsabilité et courage !

 

 

Après avoir quitté l’ICEL et célébré la messe saint Pie V auprès des fidèles, fervents de cette messe, dont le père de Mel Gibson, Mr l’abbé Somerville accepte, la proposition de Mel Gibson et célèbre quotidiennement pour lui la Messe tridentine, devenant ainsi un collaborateur caché, mais déterminant, du film The Passion of Christ. Pendant ce temps, la Fraternité Saint Pie X, vues ses compétences liturgiques,  l’invite à collaborer au livre Priest, Where is Thy Mass ? Mass, Where is Thy Priest ? « Prêtre, où est  ta Messe, Messe où est ton Prêtre ? » qu’elle entend envoyer à tous les prêtres des Etats-Unis. Mr l’abbé Somerville n’hésite pas et prépare une lettre introductive, dont nous citons l’extrait contenant l’appel adressé à tous les prêtres :

 

 

« …mes vacances d’été de l’année 2001 m’ont ramené fermement et résolument à l’Église catholique traditionnelle. Peut-il y en avoir une autre ? Est-ce un droit pour l’Église que d’être modérément dans l’erreur ? Nous, catholiques, sommes-nous en train de nous estropier dans une grande et grise apostasie ?… Y a-t-il aujourd’hui une question plus urgente que de rappeler la Tradition catholique. Ne repoussez pas avec légèreté les signaux. Ne dédaignez pas le signal d’alarme. N’ayez pas peur des inconfortables conséquences du retour à la maison. La vie est courte. L’éternité est infinie. Le salut des âmes est en grand danger depuis plus de quarante ans. Le défi du catholicisme traditionnel doit être relevé ».

 

 

Lettre du cardinal du 24 décembre 2003, la veille de Noël : le chef d’accusation.

 

Dans le même temps, Mr l’abbé Somerville accepte de collaborer avec  la Fraternité Saint Pie X au Canada pour la célébration de la sainte Messe et l’administration des sacrements.

 

C’est précisément le chef de l’accusation portée par le cardinal Ambrozic dans une lettre du 24 décembre 2003 :

 

« Cher Monsieur l’abbé,

 

Le moment est venu pour moi de vous écrire, après avoir eu connaissance de vos activités extra-canoniques. J’ai appris que vous célébrez la Messe pour des fidèles  affiliés  à la Fraternité Saint Pie X. Comme vous le savez, ce groupe n’est pas en pleine communion avec Rome, et tout ministère exercé par vous dorénavant en sa faveur me contraindra, en tant que votre évêque, à prendre des mesures correctives.

 

Par cette lettre, je vous ordonne formellement de mettre fin à votre collaboration avec la Fraternité Saint Pie X, sous peine de suspense et/ou autres mesures canoniques.

 

 Si vous avez quelque chose à objecter à ce sujet, je vous prie de vous mettre en contact avec moi au moment que vous jugerez opportun.

 

En vous souhaitant un saint et pacifique Noël

In Christo

Aloysius cardinal Ambrozic

Arcghevêque de Toronto »

 

Le 12 janvier 2004 : Réponse de Monsieur l’abbé Somerville :

 

Monsieur l’abbé Somerville répond à cet « avertissement » par une lettre datée du 12 janvier 2004 .

 

« Éminence,

 

Par la présente,  j’accuse réception de votre lettre de la Vigile de Noël, qui exprimait votre peine quant au fait que j’aie dit la Messe pour des catholiques « affiliés à la Fraternité Saint Pie X », et vous me menaciez pour cette raison de suspense canonique.

 

 J’ai été stupéfait qu’une punition aussi sévère puisse être envisagée pour le fait d’avoir aidé les trois prêtres de cette Fraternité de Toronto, qui sont submergés de travail et doivent desservir 9 églises dans l’Ontario et dans le New Brunswick, dont 7 se trouvent dans un autre diocèse que le vôtre.

 

Je suis également étonné de l’expression employée pour désigner la FSSPX : « elle n’est pas en pleine communion avec Rome ».

 

Cela signifie-t-il qu’elle est en communion partielle avec Rome ? Une telle chose est-elle possible ? Bien qu’il y ait des opinions divergentes entre le Vatican, comme on l’a constaté récemment, et la position de la FSSPX, je considère que la Fraternité est simplement en communion avec le pape Jean-Paul II, et   après de nombreuses lectures sur ce sujet, je me réjouis d’avoir compris qu’elle n’est pas excommuniée comme ses quatre évêques. L’autorité vaticane a affirmé que les fidèles qui assistent aux Messes de la FSSPX remplissent pleinement leur devoir dominical, et sont justifiés par leur contribution à la quête.

 

Je sais que de nombreuses personnes semblent partager l’opinion calomnieuse selon laquelle la FSSPX serait schismatique, mais ceci est clairement contredit par différentes autorités. Si division il y a, elle a été produite par le Vatican lui-même au cours des quatre derniers pontificats. Et si Pie XII ou les Pères de Trente pouvaient revenir ici-bas, ils reconnaîtraient l’Église catholique bien plus clairement dans la FSSPX que dans l’église post-conciliaire. Je veux parler de la doctrine et de la piété, comme des rites liturgiques.

 

À la lumière de ces considérations, je pense que vous devriez me louer pour le fait que je soutiens publiquement la Foi et la liturgie catholiques, et je vous demande respectueusement de retirer votre menace de suspense.

 

Si je n’ai pas réussi à vous convaincre de la valeur catholique et de la validité de la FSSPX, alors je vous demande sérieusement de m’indiquer par écrit la nature de la faute que l’on m’impute ou de l’erreur commise, à quel endroit ceci est clairement mentionné dans le Droit Canonique, et à quel endroit on prévoit la peine de la suspense pour cette faute.

 

Votre lettre du 24 décembre 2003 semble clairement être une conséquence de ma visite du 28 novembre 2003 auprès de votre chancelier John Murphy, au cours de laquelle j’ai candidement indiqué les lieux où j’avais célébré la Messe traditionnelle. À cette occasion, j’ai offert à Mgr Murphy le livre « Apologia pro Marcel Lefebvre » (vol. 1) de Michael Davies, éminent commentateur anglais des changement liturgiques de ces 40 dernières années. M. Davies explique avec force détails et mieux que je ne pourrais le faire la grande contribution du regretté Mgr Lefebvre à la survie du culte et de la foi catholique, et ce dont il a eu à souffrir au point de vue canonique de la part de hautes personnalités du Vatican. J’espère que vous trouverez le temps de lire ce livre, au moins en partie.

 

Respectueusement vôtre en Jésus et Marie.

(Rév.) Stephen F. Somerville »

 

 

Un premier recours du cardinal à Rome auprès de Mgr Perl, secrétaire d’Ecclesia Dei »

 

 

Le 27 janvier 2004, le card. Ambrozic, par l’intermédiaire de son chancelier, s’adresse à Mgr Camille Perl, Secrétaire de la Commission Pontificale Ecclesia Dei, pour recevoir des indications sur ce qu’il faut faire. Ces indications arrivent par la lettre du 6 février 2004, que Mgr. Murphy transmet  à Monsieur l’abbé Somerville, le 23 mars 2004 :

 

« Cher Mgr Murphy,

 

J’ai reçu votre lettre du 27 janvier 2004.

 

Tout d’abord, pour votre information générale, je vous donnerai les réponses aux questions les plus fréquemment posées au sujet de la situation canonique de la Fraternité Saint Pie X. Je vous donnerai ensuite une réponse plus spécifique à la question que vous m’avez soumise.

Les évêques de la Fraternité Saint Pie X sont excommuniés sur la base de ce qui est prescrit par le canon 1382 du Code de Droit Canonique, qui affirme : « un  évêque  qui,   sans mandat pontifical, consacre un autre évêque, et celui qui a reçu cette consécration   encourent l’excommunication latœ sententiœ réservée au Siège Apostolique ». Ce canon a été dûment rappelé à l’archevêque Lefebvre avant qu’il ne confère les ordinations épiscopales du 30 juin 1988, et le Saint Père, dans sa Lettre Apostolique « Ecclesia Dei § 3, a confirmé qu’il encourait cette peine (AAS 80 (1988) 1495-1498 ; traduction dans l’édition anglaise de « L’Osservatore Romano » du 11 juillet 1998, p. 1).

 

Les prêtres de la Fraternité Saint Pie X sont validement ordonnés, mais suspendus, c’est-à-dire qu’il leur est interdit d’exercer les fonctions sacerdotales, parce qu’ils ne sont pas incardinés dans un diocèse ou dans un institut religieux en pleine communion avec le Saint Siège (Code de Droit Canonique, can. 265), et aussi parce que ceux qui ont été ordonnés après l’ordination épiscopale schismatique l’ont été par des évêques excommuniés. En outre, très probablement, ils sont aussi excommuniés parce que très vraisemblablement, après plus de quinze ans passés dans une Fraternité dirigée par un évêque excommunié, ils adhèrent à l’acte schismatique.

 

Concrètement, ceci signifie que les Messes célébrées par les prêtres de la Fraternité Saint Pie X sont valides, mais illicites, c’est-à-dire contraires au Droit Canonique. Dans tous les cas, les sacrements de la confession et du mariage requièrent que le prêtre jouisse des droits du diocèse, ou qu’il ait une autorisation appropriée. Puisque ce n’est pas le cas de ces prêtres, ces sacrements sont invalides. Il reste vrai néanmoins que si le fidèle ignore sincèrement que les prêtres de la Fraternité Saint Pie X ne possèdent pas la faculté d’absoudre, l’Église supplée à cette faculté et le sacrement est valide (canon 144).

 

S’il est vrai que la participation à la Messe dans une chapelle de la Fraternité Saint Pie X ne constitue pas en soi une « adhésion formelle au schisme » (Ecclesia Dei § 5, c), la fréquence de cette participation peut comporter, au-delà d’une certaine durée, la subtile acquisition de la mentalité schismatique, qui sépare des enseignements du Souverain Pontife et de toute l’Église catholique. Pendant que nous espérons et prions pour la réconciliation avec la Fraternité Saint Pie X, la Commission Pontificale « Ecclesia Dei » ne peut pas recommander que les fidèles fréquentent ses chapelles, pour les raisons que nous venons d’indiquer. Nous déplorons profondément cette situation et nous prions pour que l’on puisse arriver à la réconciliation de la Fraternité Saint Pie X avec l’Église, mais jusque-là les explications que nous avons données resteront valides.

 

Sur la base des principes ci-dessus, il est clair que la Fraternité Saint Pie X n’est pas en pleine communion avec le Saint Siège. Le prêtre  auquel vous vous référez n’est donc pas « dans son droit canonique » quand il collabore avec la Fraternité Saint Pie X en offrant ses services sacerdotaux. Nous vous suggérons de communiquer directement cette information au prêtre. De toute évidence, il a accepté l’interprétation que lui ont fournie les prêtres de la Fraternité, et il faudra probablement du temps et de la patience pour le dissuader de cette idée. Si on lui adresse les avertissements canoniques prescrits dans son cas et  qu’il refuse  de s’y conformer, il peut être nécessaire de le suspendre a divinis sur la base de ce qui est prescrit par le Code de Droit Canonique. Nous espérons sincèrement qu’il n’en sera pas ainsi. Avec mes meilleures et cordiales salutations, je reste

Sincèrement vôtre in Christo

 Mgr Camille Perl

Secrétaire »

 

Réfutation des « principes » de Mgr Perl

 

 

Le 29 mai 2004, Monsieur l’abbé  Somerville répond ainsi :

 

« Cher Mgr Murphy,

 

Je réponds avec retard, et je le regrette, à votre lettre du 23 mars 2004, relative à la menace de suspense pour ma collaboration avec la Fraternité Saint Pie X (FSSPX). Malgré les obligations courantes et divers engagements de voyage, je me suis efforcé de faire diverses lectures supplémentaires sur la question qui nous occupe.

 

Merci pour votre lettre, et merci spécialement à vous et à l’archevêque de m’avoir transmis la lettre de deux pages (du 6 février 2004), concernant notre sujet , de Mgr Camille Perl, Secrétaire de la Commission Ecclesia Dei au Vatican.

 

J’ai quelques difficultés quant aux explications de Mgr Perl.

 

Au paragraphe 2, il parle des ordinations épiscopales des quatre évêques de la FSSPX comme d’  « ordinations schismatiques », et de celles-ci comme d’un « acte schismatique », sans justifier ni expliquer cette vue négative. J’ai lu au contraire ce qu’ont écrit sur cette question de nombreux canonistes reconnus (le cardinal Lara, le comte Neri Capponi, le prof. Geringer, jcd, de Munich, le père Gerald E. Murray, jcd, de New-York, et d’autres) : ceux-ci soutiennent que l’ordination d’un évêque sans l’autorisation papale ne constitue pas un acte schismatique. En vérité, mes lectures rapportent que par le passé, un grand nombre d’évêques ont été ordonnés sans la permission du Pape et ont reçu l’approbation du Vatican dans un second temps. Le désir de l’archevêque Lefebvre et de sa Fraternité de rester fermement et ardemment liés  à  la « Rome traditionnelle » et au Saint Siège est manifeste dans leurs écrits, dans leurs déclarations et dans leurs actions.

 

 Le « Courrier de Rome » de septembre 1988 conclut ainsi une étude détaillée sur cette question (Is Tradition Excomunicated ? A collection of Independent Studies, chap. 1, p. 36 ; Angelus Press, Kansas City, MO 1993) : «  Il  n’y  a   pas de schisme de l’archevêque Lefebvre, ce schisme a été déclare avec superficialité, mauvaise foi, et hâte suspecte » (cet article et le livre méritent d’être lus et constituent une vigoureuse défense de la FSSPX).

 

Dans la lettre de Mgr Perl, on peut compter une douzaine d’allusions, exprimées comme machinalement, au schisme, à l’excommunication et à la non-pleine communion des membres de la FSSPX, mais ces allusions ne sont pas appuyées par des preuves objectives, à l’exception de l’excommunication prévue par le canon 1382 du Code de 1983 ; et là aussi Mgr Perl, bien qu’il en ait certainement connaissance, omet de mentionner que le canon 1324 exempte de toute peine celui qui viole une loi par nécessité, même si la personne qui désobéit est dans l’erreur. Or, il est parfaitement clair que, dans l’état déplorable dans lequel se trouve aujourd’hui l’Église, pèse sur nous une nécessité générale et profonde par rapport aux saint  Sacrement et aux enseignements catholiques.

 

J’espère que les membres de la chancellerie pourront reconnaître cette nécessité spirituelle. Si vous ne parvenez pas à la comprendre, ce n’est certainement pas moi qui vous montrerai du doigt et vous accuserai car moi-même, prêtre depuis 48 ans et chargé de multiples travaux et études, je ne m’étais pas aperçu de cette nécessité jusqu’à ce que, il y a trois ans, j’aie l’occasion de servir une communauté catholique « traditionaliste » et indépendante d’environ 175 personnes, aux Etats-Unis, pendant cinq semaines (ce furent mes vacances d’été), et j’eus alors la possibilité de lire beaucoup d’articles et de livres éclairants, révélateurs et essentiellement théologiques, que mes nouveaux amis catholiques m’avaient fournis.

 

Il ne s’agit pas d’une explosion de simple nostalgie, mais d’une découverte, d’un appel qui m’a reconduit à l’Église catholique de ma jeunesse et de mes premières années de sacerdoce, et à l’ancienne Tradition.

 

Puisse Jésus conduire les évêques et les prêtres du diocèse de Toronto à faire cette découverte le plus rapidement possible ! Le salut d’un grand nombre d’âmes en dépend.

 

Puisse la pensée du terrible Jour du Jugement ajouter une irrésistible motivation à ce pressant devoir. Je vous exhorte à me suivre, à suivre la FSSPX et tous les catholiques « traditionalistes » dans cette clarification rassasiante, révérencielle et inspirée de la Vérité catholique. Cela conduira-t-il à une amère réflexion sur de nombreux faits, nous ramenant à la Rome de 1962 et au Concile Vatican II ? Cela fera-t-il comprendre que l’archevêque Lefebvre est le nouveau saint Athanase de l’Église du vingtième siècle, avec le modernisme dans le rôle d’une nouvelle et trompeuse hérésie aérienne ? Cela démontrera-t-il que même les Papes peuvent être trompés et tromper sans enseigner formellement l’erreur « ex cathedra » ? Cela nous permettra-t-il de nous souvenir que Jésus a prédit nettement que de faux christs et de faux prophètes se lèveront et qu’ils tromperont beaucoup d’hommes, et même jusqu’aux élus, si c’est possible ? (Mt.24).

 

Permettez-nous de ne pas être effrayés par les conséquences accidentelles et laissez-nous revenir ardemment et généreusement à la Foi de nos Pères.

 

La FSSPX n’est pas en « pleine communion avec le Saint Siège ? »

 

Cette façon de parler n’est pas appropriée. La FSSPX n’est pas en plein accord avec le Vatican actuel, faudrait-il dire. Une commission à haut niveau de cardinaux et théologiens doit entreprendre une étude publique et exhaustive sur ces désaccords ; ils sont vitaux pour la Foi et cruciaux pour le salut. Dans ce sens la Curie romaine a un devoir urgent, inconfortable mais inéluctable, à accomplir. Puisse le cardinal archevêque de Toronto, pendant le temps de sa charge, contribuer effectivement à la Contre-réforme catholique sur les deux versants !

 

Suis-je parvenu à vous convaincre de laisser tomber la menace infondée d’une action canonique à mon encontre ? Serai-je encore contraint à l’hérésie par la soi-disant obéissance, ou serai-je contraint au soi-disant schisme par ma fidélité ? Si je ne parviens pas à vous persuader à cause de ma cécité passée, m’enchaînerez-vous à l’erreur parce que je me cramponne au catholicisme ? Devrai-je continuer le service liturgique pour les fidèles avec cette illégitimité présumée, comme l’archevêque Lefebvre dut diriger son séminaire catholique  après  la  soi-disant  suppression  décrétée  par  l’ édit  du  Vatican ? [plus précisément, l’édit épiscopal - ndr]. Les autorités de l’Église visible commenceront-elles enfin à reconnaître que la falsification de l’après-Vatican II, qui domine la nouvelle Église, n’a aucune justification ? Me permettrez-vous de donner vie à une communauté catholique régulièrement constituée et entièrement traditionnelle à Toronto (non en concurrence avec le travail fait par la FSSPX), pour que je puisse (et d’autres avec moi) réaliser de façon convaincante ce que je suis en train d’écrire ?

 

Je vous prie de m’excuser pour la longueur de cet appel. Vous aurez noté, Monseigneur, que le « vous » est souvent employé au pluriel. J’ espère que vous avez compris que les préoccupations de l’archevêque (pour la communion dans la vérité) sont aussi les miennes. Oui, je chercherai à le rencontrer, et je suppose que vous lui ferez parvenir une copie de cette lettre. Peut-être en enverrez-vous aussi une copie à Mgr Perl. Pour nous tous, je supplie le Saint Esprit de nous guider et de nous éclairer.

Sincèrement vôtre en Jésus et Marie

Rév. Stephen Somerville

 

Comme seule réponse du cardinal : la suspens « a divinis ». Le 15 juillet 2004.

 

Le chaleureux appel de Monsieur l’abbé Somerville tombe dans le vide. Le cardinal. Ambrozic, comme le lui a suggéré Mgr Perl, le suspend « a divinis » par une lettre du 15 juillet 2004 :

 

« Cher Monsieur l’abbé Somerville,

 

Ces derniers mois, j’ai vainement essayé de raisonner avec vous sur la grave et persistante désobéissance que constitue la poursuite de votre collaboration à la célébration de l’Eucharistie pour les adhérents de la Fraternité schismatique Saint Pie X. Étant donné vos précédentes et plus récentes communications avec moi et avec Mgr John Murphy, chancelier pour les Affaires Spirituelles, il est clair que tous nos efforts pour traiter pastoralement votre obstination en la matière ont été vains. En particulier, l’envoi que vous avez récemment effectué auprès des prêtres de l’Archidiocèse d’une lettre circulaire (signée par vous) et d’un livre intitulé « Priest, Where is Thy Mass ? Mass, Where is Thy Priest ? » peut être facilement interprété comme une apologie de votre position et une indication supplémentaire de votre persistance à vous retrancher derrière elle. De plus, cette action s’oppose à la lettre et à l’esprit de mon avertissement du 24 décembre 2003.

 

Monsieur l’abbé Somerville, le jour de votre ordination, il y a presque un demi-siècle, vous avez placé vos mains dans celles de l’archevêque qui vous ordonnait, et vous avez promis obéissance à lui et à ses successeurs, comme le prescrit le canon 127 du Code de Droit Canonique de 1917 (« Tous les clercs, et spécialement les prêtres, sont tenus par obligation spéciale à prêter respect et obéissance à leur Ordinaire ») et comme le réaffirme le canon 273 du Code de 1983 (« Les clercs sont tenus par obligation spéciale à prêter respect et obéissance au Souverain Pontife et à leur Ordinaire »). Il est déplorable que, à ce qu’il semble, vous ayez perdu dernièrement votre zèle initial pour cette vertu.

 

J’ai la conviction que vous n’avez pas « formellement » adhéré à la Fraternité Saint Pie X. L’adhésion formelle à cette Fraternité, dont le fondateur a été excommunié « ipso facto » par le Siège Apostolique le 1er juillet 1988, comporterait, comme vous le savez probablement, sur la base du canon 1364, votre excommunication immédiate « de   iure » par l’Église.

 

Par ailleurs, votre actuelle collaboration à la célébration de la Messe  tridentine   pour les membres de la Fraternité Saint Pie X constitue une acceptation publique de leurs prétentions illégitimes et de leur manque de soumission à notre Saint Père Jean-Paul II, à l’évêque qu’il a préposé, et aux enseignements du Concile œcuménique Vatican II. Votre comportement est aussi une source potentielle de scandale pour le clergé et pour les laïcs de l’Archidiocèse de Toronto.

 

À la lumière de ce qui vient d’être dit, en observant dûment le canon 1342, 1 et les canons 1717-1720 :

 

Vu notre non-observation flagrante de mes précédents avertissements pour que vous cessiez et quittiez votre comportement désobéissant (canons 1330 ; 1347, 1),

 

Vu l’existence de la condition de grave imputabilité de vos actions (canon 1321),

 

Vu l’absence de circonstances atténuantes (canons 1322-1324),

 

Je décrète par la présente à votre encontre la commination de la censure de suspense comme prévu par le canon 1333, 1, 1-3, […].

Aloysius cardinal Ambrozic

Archevêque de Toronto »

 

 

Réponse de Monsieur l’abbé Somerville : de la hiérarchie des vertus

 

Le 9 août 2004, Monsieur l’abbé Somerville répond au card. Ambrozic en particulier sur l’accusation de désobéissance :

 

« Eminence,

 

Le 27 juillet, par téléphone, j’ai accusé réception de votre lettre de suspense du 15 juillet 2004 auprès du secrétaire de votre chancelier (Anne). J’étais absent en raison d’une conférence qui se tenait du 16 au 26 juillet dans le sud-ouest des USA. Je m’empresse maintenant de vous répondre, avec le déplaisir de vous avoir causé cette charge pastorale, spécialement pendant cette période estivale.

 

Vous commencez (par. 1) par déclarer que, pendant des mois, « vous avez essayé  de raisonner avec moi sur la désobéissance que constitue ma collaboration avec la fraternité schismatique Saint PIE X ».  Sur ce point, je dois vous rappeler que je vous ai envoyé  non pas une mais deux lettres fondamentales (14 janvier, 29 mai) avec de sérieuses considérations théologiques à l’appui de ma position. Mais puisque vous continuez à qualifier la FSSPX  de schismatique et de canoniquement excommuniée (du moins pour ses quatre évêques ),  je  vous dis que j’ai effectué par la suite de nombreuses lectures supplémentaires sur ce sujet, lectures qui n’ont fait que renforcer ma position opposée à la vôtre.

 

Dans ma lettre du 29 mai, je citais le livre de 1993 « Is Tradition Excommunicated ? » un recueil de huit études indépendantes qui affirment le status  catholique légal de la FSSPX. La qualification de « non  schismatique » se retrouve largement à l’extérieur du milieu théologique de la FSSPX. J’espère que vous lirez ce court livre. En attendant voici deux citations importantes du canadien Thomas Aussenegg, dont l’étude « The Case of the Imaginary Schism » commence ainsi :

-«  Un état d’urgence requiert des mesures d’urgence ; pendant la durée de cet état, les restrictions normales sont suspendues… pour le bien des âmes. La situation actuelle de L’Église est certainement une urgence » (page 85) 

 -«  C’est une erreur d’obéir à un ordre contraire à la justice et nuisible à la Foi, par amour  de la vertu inférieure d’obéissance » ( p. 86 ) .

 

Ces phrases,  écrites pour justifier les ordinations de quatre évêques par l’archevêque Lefebvre, ordinations qui avaient pour but de maintenir la Foi catholique et les Sacrements, me semblent pouvoir justifier aussi ma désobéissance à votre égard, que l’on me reproche pour avoir soutenu l’œuvre pastorale de Lefebvre continuée par la FSSPX.

 

Au sujet de cette obéissance, dont Votre Éminence se plaint qu’elle ait disparu chez moi (par. 2),  je ne fais que m’efforcer de confirmer mon obéissance à tous les Papes et à tous les évêques  de Toronto (jusqu’à 1958) et à la Tradition catholique qu’ils ont soutenue et incarnée. J’agis ainsi parce que la Tradition, en tant que source de la Révélation , vient de Dieu,   à qui l’on doit obéir plus qu’aux hommes.

 

En affirmant l’absence de circonstances atténuantes dans mon cas, vous avez rappelé «  inter alia » le can. 1323. Ce canon, au point 4, exempte de peine « celui qui a agi  pour  des raisons de nécessité ». Je considère que j’agis en étant poussé par la nécessité de ré embrasser, pour le salut des  âmes, première loi spirituelle, la Liturgie et la Doctrine traditionnelles, devenues si gravement absentes dans toute l’Église post-conciliaire. Par exemple, les grands changements de la « Lex Orandi » dans le missel  Romain de 1969 entravent certainement le flux de la Grâce divine. Certains commentateurs déclarent que cela peut invalider le sacrement ou constituer un sacrilège, ou encore mener à l’abomination de la désolation. Il existe une large littérature, en plusieurs langues, sur ce sujet inquiétant. Je continue à l’acheter et à la lire. Elle illustre ce que je juge avec inquiétude comme «  le piège tendu à beaucoup » prédit par Jésus (Mt. 24) et par Saint Paul (2 Thess.  2) . Ces publications sont tranquillement ignorées ou supprimées par l’Église catholique « officielle ».

 

Au § 4 , vous soulignez la raison du mal causé par ma récente conduite : elle pourrait conduire à reconnaître les requêtes « illégitimes de la FSSPX » et son « manque de soumission » au pape Jean-Paul II et aux enseignement de Vatican II, et être ainsi une source potentielle de scandale pour le clergé et pour les laïcs de Toronto. Votre Éminence doit être consciente, après mes deux précédentes lettres, que je n’arrive à reconnaître aucun  des  maux indiqués, mais que je constate au contraire, avec tous les catholiques « traditionalistes », que des maux de plus en plus grands sont répandus dans la néo-Église catholique par la liturgie que la FSSPX refuse, par le pontificat désastreux de Jean-PaulII, par les enseignements infectés de modernisme de Vatican  II.

 

Autrefois, j’étais aveugle face à ces maux ; je l’avoue à ma grande honte. Mais je me rends compte avec tristesse que vous et vos collaborateurs semblez ne pas vouloir discuter de ces choses, incapables de reconnaître le désastre qui a frappé l’Église, décidés à refuser « une généreuse application »(« Ecclesia Dei », Jean-Paul II) des mesures pour restaurer la liturgie traditionnelle, et prêts au contraire à prendre des dispositions contre un prêtre qui cherche à adorer et à enseigner comme on le lui a ordonné en 1956. Je souffre de devoir parler aussi sévèrement à mon Père spirituel. J’y ai été poussé par de récents auteurs catholiques ;  je ne cite qu’un exemple : les auteurs de « We Resist You to the Face ».  Il s’agit d’une requête personnelle, détaillée et respectueuse à Jean-Paul II pour qu’il revienne à la Foi des Pères. L’auteur est Atila Sinke Guimaraes et al., et le livre est publié par TIA.

Au chap.9, 39 de saint Jean, Jésus dit aux pharisiens : « Je suis venu en ce monde  pour que se produise  un discernement ; afin que ceux qui ne voient pas voient ; et que ceux qui voient deviennent aveugles ». Dans la 2e épître aux Thessaloniciens, 2, 10, saint Paul dit que ceux qui sont trompés »  se perdent parce qu’ils n’ont pas accueilli la véritable charité qui les aurait sauvés ». Je crains que ce scénario ne soit en train de se réaliser dans l’Église conciliaire depuis 1962 jusqu’à aujourd’hui.

 

J’espère que ces considérations, loin de renforcer nos différences, contribueront  en quelque façon à une rencontre des esprits et à une éventuelle réconciliation.

 

Avec une prière pour nos difficiles devoirs respectifs, dans le Seigneur ;

Sincèrement et respectueusement

                                                                                   Stephen  Somerville »

 

 

Le recours de Monsieur l’abbé Somerville à Rome 

 

 

Le 10 Août 2004, sur la base du canon 1737, 1-2, Monsieur l’abbé Somerville présente un recours auprès du cardinal  Hoyos, Préfet  de la Congrégation pour le Clergé, et en envoie une copie à son évêque , le cardinal  Ambrozic :

 

« A son éminence card. Dario Castrillon- Hoyos

Préfet de la Congrégation pour le Clergé

Cité du Vatican

 

Eminence,

 

Je désire par la présente vous présenter un recours contre la peine de suspension que mon Ordinaire, le rév. Card. Aloysius Ambrozic de Toronto, m’a signifiée dans une lettre du 15 Juillet, reçue par moi le 27 juillet 2004, pour avoir continué, malgré un ordre contraire, à administrer les sacrements pour les fidèles de la FSSPX.

 

Le 30 juillet, le chancelier diocésain, Mgr Murphy, m’a fait connaître verbalement cinq conditions pour ma réconciliation. Il me semble qu’elles ne présentent pas de difficultés, à part celle qui exige la dissociation  d’avec la FSSPX.

 

Dans le contexte actuel, mon intention, Éminence, a été de répondre aux demandes légitimes des fidèles de recevoir les Sacrements. Vous admettrez que les fidèles qui désirent assister au rite latin tridentin n’ont pas à leur disposition beaucoup d’églises où ce rite soit célébré.

 

Il me semble que depuis que le Saint Père a poussé les évêques à mettre ce rite à disposition, il ne devrait pas y avoir d’obstacles à la célébration de la Messe latine par un prêtre, quand cela lui est demandé (can. 212, 2).

 

Dans la perspective des continuelles tentatives par l’Église de rechercher une réconciliation avec la FSSPX, votre Éminence ne pense-t-elle pas que nous devrions être heureux d’avoir de légitimes occasions de nous mettre à leur service ? (can. 211).

 

Ce ne serait rien de plus que ce que l’on essaie de faire pour chercher à réconcilier les musulmans, les juifs et les autres fois, en leur procurant même un sanctuaire inter-religieux à Fatima.

 

Sur la base des can. 1323 n. 4 (nécessité) et n. 7 (nécessité perçue), l’imposition d’une peine semble excessive dans mon cas. Je demande respectueusement que cette suspense soit levée. Je rencontrerai avec plaisir des fonctionnaires officiels pour répondre à d’éventuelles questions ou discuter de sujets importants.

Respectueusement et sincèrement vôtre

 Stephen Somerville

Durcissement du cardinal Ambrosic.

 

Mais le 18 août, le card. Ambrozic pose par écrit de nouvelles conditions à la réconciliation, plus sévères que celles prévues verbalement le 30 juillet par le chancelier Murphy et qui, à l’exception d’une, avaient semblé acceptables à Monsieur l’abbé Somerville. Tout espoir de règlement du différend disparaît alors :

 

« Cher Monsieur l’abbé Somerville,

 

J’ai reçu votre lettre du 12 août, dans laquelle vous répondez à ma lettre de suspension du 15 juillet. J’ai noté qu’entre-temps, la lettre de suspension et la correspondance qui l’a précédée ont été publiées sur

www.RemnantNexspaper.com

[site sur lequel les lecteurs intéressés pourront trouver la documentation intégrale en langue anglaise sur le « cas Somerville » - ndr].

 

La seule façon dont vous pourrez me convaincre de révoquer la suspense sera de remplir les conditions suivantes sans exception :

 

-Vous devez écrire à tous les prêtres auxquels a été envoyée votre lettre d’introduction à la publication « Priest, Where is Thy Mass ? Mass, Where is Thy Priest ? », pour retirer votre approbation ;

-Vous devez cesser toute relation avec la Fraternité Saint Pie X ;

-Vous devez faire une déclaration de fidélité au pape Jean-Paul II et à son Archevêque ;

-Vous devez affirmer l’authenticité de l’enseignement de Vatican II ;

-Vous devez affirmer la validité de l’Eucharistie célébrée selon tous les canons approuvés par l’Église.

-Les conditions 2 et 5 doivent être remplies par écrit et envoyées à mon adresse au plus tard le 31 août

- La condition 1 doit être remplie par un écrit envoyé à tous les destinataires pour la même date. Nous désirons prendre connaissance du texte de votre message avant son envoi.

-Je suis désolé que nous en soyons arrivés là ; nous nous connaissons depuis longtemps. Mais ma fidélité à la vérité catholique ne me donne pas d’autre possibilité que de vous suspendre.

 

À toutes vos argumentations sophistiques, je réponds par la réponse principale de saint Augustin à la secte donatiste : Securus iudicat orbis terrarum. En vous adressant mes meilleurs sentiments, je reste

Sincèrement vôtre

Aloysius card. Ambrozic

Archevêque de Toronto »

 

La réponse de Mr l’abbé Somerville

 

 

 

 

La réponse de Monsieur l’abbé Somerville au card. Ambrozic est datée du 23 août 2004 :

 

« Eminence,

 

Par la présente, j’accuse réception de votre lettre du 18 août dernier concernant ma suspense et les cinq conditions que je devais remplir inconditionnellement.

 

Il n’était pas dans mon intention de vous causer un désagrément en permettant que notre correspondance soit publiée dans les pages du site et du journal « The Remnant ». Même si cette issue était prévisible. Le directeur, M. Michael Matt, s’est conduit comme un journaliste responsable, et je n’ai appris cette publication – par une copie imprimée par un ami – que le 8 août. J’ai déjà lu plusieurs publications de désaccords théologiques entre un Évêque et un prêtre, et parfois un canoniste, dans des numéros récents de journaux catholiques « traditionalistes ».

 

Il est vrai que l’on peut être consterné de voir rendu public ce manque d’accord entre certains prêtres et la hiérarchie, mais cela ne me désole pas plus que le fait que ces cas, y compris le mien, soient devenus publics dans la mesure où les désaccords sont, à nom avis et j’espère aussi au vôtre, très sérieux parce qu’ils concernent les vérités de la Foi et qu’ils expriment en un langage prudent certains aspects de la crise dans l’Église à partir du Concile Vatican II.

 

 Sans des argumentation mesurées, diffusées par voie de presse par des personnes responsables, ces vérités vitales pourraient rester cachées ou floues tant pour les laïcs catholiques les plus préparés que pour le clergé.

 

J’ai beaucoup appris ces trois dernières années, depuis ma redécouverte, inattendue et profondément émouvante, de la Tradition catholique, au cours des cinq semaines que j’ai passées à Houston, Texas, en août 2001, vivant presque comme un curé de paroisse et lisant beaucoup de livres. Vous vous souvenez qu’après avoir rencontré le 23 novembre 2003 votre chancelier, Mgr John Murphy, je lui ai donné une liste de 46 livres et opuscules sur la Tradition et la crise de l’Église, que j’avais achetés et lus. J’ai beaucoup de ces livres sur mes étagères.

 

Pour résumer le danger pour la Foi, je ne peux pas mieux faire que vous indiquer les trois grands thèmes de l’Église conciliaire : liberté religieuse, collégialité et œcuménisme. Les gens considèrent ces trois idées comme licites, comme un progrès, comme des « réalités bonnes pour l’Église ». Il est certain que les théologiens de Vatican II promeuvent ces idées.

 

Mais toutes les trois nécessitent une opposition, une critique. Ce sont en effet des « nouveautés » dans l’Église. Toutes les trois ont été sévèrement jugées par les Papes précédents. Elles montrent une impressionnante correspondance avec la triple devise de ce terrible désastre de la fin du XVIIIème siècle que fut la Révolution française : « Liberté, Égalité, Fraternité ».

 

Je n’exposerai pas les différentes argumentations théologiques. Certaines ont déjà été portées à la connaissance des lecteurs de notre correspondance « à plusieurs voix ». Ces personnes auraient pu rester dans l’ombre si nous avions discuté face à face. Votre Éminence semble jouir de la réputation de savoir gérer le rapport avec un prêtre qui désobéit. Cela pourrait avoir un certain mérite.

 

Mais quarante ans après Vatican II, nous avons besoin d’un débat public sur les conséquences de ce concile, avec de sérieuses lectures et des études préparatoires de la part de tous, et avec une évaluation sérieuse des résultats de l’Église traditionnelle. Vous parlez d’un côté de votre « fidélité à l’Église catholique », qui implique de s’incliner totalement à la « fidélité au pape Jean-Paul II », à l’  « authenticité de l’enseignement de Vatican II », à la « validité (du Novus Ordo approuvé) de l’Eucharistie » et, de l’autre côté, vous liquidez mes efforts pour illustrer la crise dans l’Église comme des « arguments sophistiques ». Il me semble que votre approche ne manifeste pas « l’amour de la vérité » (2 Thess. 2, 10), mais plutôt une autorité rigide qui n’aide pas.

 

 Pardonnez-moi pour cette tentative de critique. Il me semble que vos cinq conditions pour révoquer la suspense me demandent de mettre entre parenthèses mes connaissances durement acquises des théologiens actuels de l’Église, et qu’elles mettent certainement en crise ma conscience catholique, qui serait déjà éprouvée si je n’étais pas limité par le temps, et qui l’est encore plus par le peu de jours qui me séparent du 31 août [date limite pour le recours contre la révocation de la suspension a divinis – nda].

 

Je fais remarquer que les points 4 et 5 sont les conditions posées par le Vatican pour la réconciliation des prêtres de la FSSPX, conditions auxquelles ils ne peuvent pas satisfaire, par honnêteté catholique. La FSSPX a elle aussi posé deux conditions pour rouvrir la discussion : la révocation de l’excommunication de 1988 pour ses évêques, et la liberté pour tous les prêtres de dire la Messe traditionnelle, comme ce fut le cas jusqu’en 1962. Ces conditions violent-elles la conscience des autorités vaticanes ? Il est vrai que, comme vous le dites, la majorité catholique (orbis terrarum) accepte le nouvel état de chose. Mais non par jugement informé (securus iudicat). Plutôt par une inconscience somnolente,  due  au  fait  que les revues et les livres traditionalistes sont bannis des églises et des librairies. Laissez la liberté à ces publications et vous verrez une augmentation du nombre des fidèles catholiques « traditionalistes ». Je crois que cela suffirait pour l’instant. Puisse le Seigneur, qui envoya les douze apôtres, nous envoyer maintenant des prophètes, des penseurs et des saints pour la restauration de l’Église et la splendeur de la Vérité et le règne du Christ !

Respectueusement en lui.

Stephen Somerville »

 

Nouveau recours au Cardinal Castrillon Hoyos.

 

Beau témoignage sur Mel Gibson.

Belle expression de foi au caractère sacrificiel de la sainte Messe.

 

Le même jour, Monsieur l’abbé Somerville écrit encore une fois au cardinal . Hoyos :

 

« La lettre du 10 août, jointe à la présente, est, comme vous pourrez le voir, une copie de ma lettre formelle de recours pour demander la révocation de ma suspension pour mon Ordinaire, le card. Ambrozic. Je vous envoie cette copie uniquement pour m’assurer que mon appel a été enregistré par votre bureau. L’original a été envoyé au card. Ambrozic, mon Ordinaire, selon les indications de son Chancelier.

 

Le card. Ambrozic m’a encore écrit, clairement gêné par le fait que le directeur de « The Remnant » ait choisi de publier notre correspondance sur son site web et dans son journal (15 août 2004). Les cinq nouvelles conditions du cardinal pour la révocation sont très sévères, mais je ne perds pas l’espoir d’une possible résolution de cette opposition. J’inclus les copies de toute la correspondance que nous avons échangée, pour votre pleine commodité et information, en m’excusant de son volume.

 

Alors que l’on ne me passe aucune erreur, j’ai constaté, Éminence, que mes droits dans l’Église pourraient ne pas avoir été respectés dans la mesure où je n’ai pas été averti, par exemple, de la possible requête de révocation ou de modification du décret (c. 1734 §1), ni de la possibilité de faire appel à un avocat (c. 1723).

 

À l’automne 2002, j’ai eu l’honneur d’être invité à être le chapelain d’un célèbre « traditionaliste » catholique, Mel Gibson, alors qu’il tournait le film « La passion du Christ » à Rome. Chaque matin, M. Gibson, servait ma messe avant d’aller sur le plateau et de commencer à travailler ; il comptait sur cela pour obtenir de Dieu les grâces pour lui et pour ses acteurs. Le résultat a été un film monumental, qui a battu des records d’entrées dans le monde entier, qui a inspiré des conversions, et qui a fait revivre la précieuse dévotion catholique envers la Passion. Un certain nombre de prêtres catholiques, avec leur point de vue universaliste et moderniste, ont cherché à minimiser la portée de ce film, et certainement pas pour le bien des âmes. La Messe catholique traditionnelle est plus étroitement liée à la Passion par son affirmation fréquente du Corps et du Sang du Christ comme authentique sacrifice offert à Dieu, sans aucun égard pour les pressions modernes qui veulent n’y voir qu’un mémorial de la dernière Cène. D’où le besoin de renforcer dans l’Église la place de la Messe traditionnelle.

En priant pour votre travail dans l’Église

Respectueusement vôtre in Domino

 Stephen Somerville »

 

 

A ce jour, du 10 août 2004, le cardinal Castrillon Hoyos est en possession du dossier de Monsieur l’abbé Somerville. Il a toutes les pièces en mains.

Vous pouvez voir, tout comme moi,  qu’il y a, en cette affaire, deux chefs d’accusation : la sainte messe dite de saint Pie V et la FSSPX.

- la sainte Messe, dite de Saint Pie V. Si cette messe « a droit de cité » dans l’Eglise, comme l’a déclarée le cardinal Castrillon Hoyos, le 24 mai 2004, en la Basilique Sainte Marie Majeure, la célébrer ne peut être raison d’une condamnation, ni d’une « suspens « a divinis ». A moins que….

- avoir porté une aide pastorale à la FSSPX qui serait « schismatique ». La fréquenter serait   raison de la « suspens « a divinis ». Mais la FSSPX est-elle œuvre « schismatique » ?

 

Ces deux chefs d’accusation sont absolument les mêmes que ceux affirmés et soutenus  par le cardinal Dannéels, archevêque de Bruxelles. Dans une sentence canonique, il reconnaissait le bien fondé du dire de son Vicaire Général : « « L'Archevêché a clairement fait savoir par voie de presse que le culte célébré dans l'Eglise Saint-Joseph depuis le 1er novembre de cette année ( 2001) n'est pas agréé par l'Eglise Catholique », il écrit « L'affirmation de mon Vicaire Général est parfaitement exacte. En effet pour qu'un culte soit agréé par l'Eglise Catholique, il faut remplir simultanément deux conditions: le rite prévu doit être respecté et le ministre qui le célèbre doit être en communion avec le Pape et toute l'Eglise Catholique.

« Ces deux conditions n'étant pas simultanément remplies, une quelconque procédure est sans objet. »

 

C’est cette phrase que je me suis permis de contester auprès du Vicaire général. Elle a son importance. Ne pouvant avoir la moindre explication, j’ai porté l’affaire devant le cardinal Danneels, archevêque de  Bruxelles-Malines. Débouté en première instance, j’ai fait appel au  tribunal de Tournay qui servait de cour d’appel pour l’archevêché de Bruxelles.  Ayant été, de nouveau,  débouté, j’ai porté l’affaire devant la cour romaine, en l’occurrence la Congrégation du Clergé. Retiendra-t-elle mon argumentation ?

C’est  ce dossier que je porterai à votre connaissance dans le prochain numéro, le numéro 23