ITEM
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Un regard sur le monde politique et religieux
Au 20 juillet 2005
N°51
Jean
Paul II, sur ce concept de « liberté » et de ses constituants
essentiels, a écrit dans l’Encyclique « Evangelium vitae » : « La liberté
se renie elle-même, elle se détruit (…) quand elle ne reconnaît plus et ne
respecte plus son lien constitutif avec la vérité. Chaque fois
que la liberté, voulant s’émanciper de toute tradition et de toute autorité, se
ferme même aux évidences premières d’une vérité objective et commune, fondement
de la vie personnelle et sociale, la personne finit par prendre pour unique et
indiscutable critère de ses propres choix non plus la vérité sur le bien et le
mal, mais seulement son opinion subjective et changeante ou même ses intérêts
égoïstes et ses caprices » ( Encyclique Evangelium
vitae, du 25 mars 1995, n. 19).
Et
c’est pourquoi Jean-Paul II ne craint pas de parler, face au politique, de l’utopie de la « liberté sans la vérité », ce qui n’est rien d’autre que le « principe
de laïcité ».
C’est
très fort.
Il
voit très bien que cette utopie, poussée en son extrême, comme c’est la cas
aujourd’hui, nie finalement les
postulats de l’éthique naturelle – ce n’est pas la vérité objective qui
assure la rationalité juridique et la légalité morale des lois ou des
sentences, mais seulement la vérité relative ou conventionnelle, qui est
le fruit pragmatique du compromis de l’État ou politique.
C’est
pourquoi, Jean-Paul II mettait en garde lors de
Ainsi,
pour le pape Jean-Paul II, Pilate, avec sa remarque « Mais qu’est-ce que la vérité ? » est-il le modèle parfait du « démocrate »
animée du seule « principe de laïcité » qui refuse et nie toute
vérité. Méditant sur le dramatique procès de Jésus, Jean-Paul II a écrit : « Ainsi,
donc, la condamnation de Dieu de la part de l’homme ne s’appuie pas sur la
vérité, mais sur l’abus de pouvoir, sur la conjuration sournoise. N’est-ce
pas précisément la vérité de l’histoire de l’homme, la vérité de notre
siècle ? De nos jours, cette condamnation a été répétée au sein de
nombreux tribunaux dans le contexte des régimes d’oppression totalitaire. Et ne
la répète-t-on pas également dans les parlements démocratiques, lorsque, par
exemple, à travers une loi promulguée en toute régularité, l’on condamne à mort
l’homme qui n’est pas encore né ? » (Entrez dans l’espérance,
Plon/Mame, 1994).
Que
de fois, Jean-Paul II est-il revenu sur
ce sujet.
Là,
le pouvoir laïc grince des dents !
Honneur
à l’Eglise et son Magistère !
Il
faut donc retrouver la vérité. Il faut donc revenir à la « recta ratio ». Tel fut le langage
que le Pape, avec l’influence prépondérante d’année après année du cardinal
Raztinger, a tenu aux hommes politiques.
C’est indispensable si l’on veut œuvrer au bonheur de l’homme. Mais c’était, par
la même, contester le « principe
même de laïcité ».
Il
tenait ce langage déjà dans son fameux discours à l’O.N.U :
« La liberté possède une
‘‘logique’’ interne qui la qualifie et l’ennoblit : elle est ordonnée à
la vérité et elle se réalise dans la recherche et la mise en œuvre de la
vérité. Séparée de la vérité sur la personne humaine, elle se dégrade en
licence dans la vie individuelle et, dans la vie politique, en arbitraire des
plus forts et en arrogance du pouvoir. C’est pourquoi, loin d’être une
limitation ou une menace pour la liberté, la référence à la vérité de l’homme –
vérité universellement connaissable par la loi morale inscrite dans le cœur de
chacun – est réellement une garantie de l’avenir de la liberté » (8). Discours
du 5 octobre 1995 à l’Assemblée générale de l’ONU pour le 50e anniversaire
de sa fondation : ORLF n. 41 du 10 octobre 1995.
Et
voilà pourquoi Jean-Paul II est peut-être un des Papes qui ait le plus parlé et
rappelé le droit naturel et son nécessaire respect. La liberté doit avoir comme
principe la vérité. Et dans le domaine politique, la loi morale naturelle en
est le principe.
En
ce sens, Jean-Paul II a écrit : « la loi naturelle, dans la mesure où elle réglemente les
relations inter-humaines, vaut comme ‘‘droit naturel’’ et, comme telle, exige
le respect de la dignité des personnes dans la recherche du bien commun. Une
conception authentique du droit naturel, entendu comme protection de la dignité
éminente et inaliénable de tout être humain, est garante de l’égalité et donne
un contenu véritable aux ‘‘droits de l’homme’’ qui constituent les fondements
des Déclarations internationales. Les droits de l’homme, en effet, doivent
avoir pour référence ce que l’homme est par nature, en vertu de sa propre
dignité, et non ce qui est l’expression de choix subjectifs faits par ceux qui
jouissent du pouvoir de participer à la vie sociale ou par ceux qui obtiennent
le consentement de la majorité » (Discours aux participants à l’Assemblée
générale de l’Académie pontificale pour
L’idéologie libertaire, substance même du
« principe de laïcité » avec le relativisme moral qui en découle, a
« obscurci, commente le cardinal Herrans, dans son article que je
suis, dangereusement les limites de la
rationalité et de la légitimité du droit. Cela a affaibli profondément l’ordre
juridique démocratique face à la
tentation d’une liberté dénaturée »
Aussi
face à ce relativisme dont se nourrit
par principe le pouvoir politique démocratique actuel, le pape a eu
l’audace de lui dire :
« Les
éléments constitutifs de la vérité objective sur l’homme et sur sa
dignité s’enracinent profondément dans la recta ratio, dans l’éthique et
dans le droit naturel : ce sont des valeurs qui précèdent tout système
juridique positif et que la législation, dans un État de droit, doit toujours
préserver, en les soustrayant à l’arbitraire des individus et à l’arrogance des
puissants » (Discours aux
participants au Symposium international « Evangelium Vitae et
Droit », 23 mai 1996, n. 5. ORLF n. 25 du 18 juin 1996).
Et
j’ajouterai volontiers « à l’expression de la volonté générale »…qui n’est pas, de soi,
nécessairement, la loi…
Jean-Paul
II, sur ce sujet est formel. Il a écrit :
« La dignité de la
personne ne peut pas être sauvée par ces déclarations solennelles si souvent
réitérées dans les moments de crise de confiance en l’avenir, entre le désespoir
et l’utopie. L’homme ne peut retrouver son assurance et sa confiance qu’en
reprenant conscience que sa dignité est intangible, et non pas parce qu’un
Parlement ou une Assemblée en a décidé ainsi, mais parce qu’il est déterminé
ainsi par le fait d’être une personne » ‘J. Vidal
Gallardo, « Secularidad y dignidad de la persona », Actes du
Symposium « Secularización y laicidad en la experiencia democratica
moderna », San-Sebastien, 1996, p. 109.
Aujourd’hui on voudrait légiférer sur les
« unions homosexuels, sur l’euthanasie… Les pressions politiques sur
certains sont très fortes. Jean-Paul II alors se demande :
« L’on peut et même l’on
doit se demander si n’est pas ici à l’œuvre une nouvelle idéologie du mal,
peut-être plus sournoise et cachée, qui tente d’exploiter, contre l’homme et
contre la famille, jusqu’aux droits de l’homme eux-mêmes. Pourquoi tout cela
a-t-il lieu ? Quelle est la racine de ces idéologies post-philosophie des
Lumières ? La réponse en définitive est simple : cela a lieu parce
que l’on a rejeté Dieu comme Créateur, et donc comme source de la
discrimination entre ce qui est bien et ce qui est mal. On a refusé la notion
de ce qui, de manière plus profonde, nous constitue comme êtres humains,
c’est-à-dire la notion de nature humaine comme ‘‘présupposé réel’’ que l’on a
remplacé par un ‘‘produit de la pensée’’ librement formé et librement
modifiable selon les circonstances. ( Mémoire et Identité, op. cit).
Et
je crois que nous pourrions multiplier les citations pour montrer combien le
Pape Jean-Paul II a été fort dans son rappel de la nécessaire quête de la
vérité. On doit dire que Jean-Paul II
n’a pas tu – lui- la vérité sur le pouvoir politique. Il a confessé que l’Etat, pouvoir politiquement autonome,
est cependant soumis à une loi morale qui lui est supérieure, qu’il ne peut
ignorer ni modifier.
C- La pensée de Benoît XVI
Je ne ferai ici qu’une citation. Encore est-elle du Cardinal
Ratzinger.
Il s’adressait aux Sénateurs italiens, le 13 mai 2004, Il leur parle de l’Europe et de son
devenir. Il leur dit : « Nous nous trouvons ainsi face à la question : comment
les choses doivent-elles évoluer ? Dans les violents bouleversements de
notre temps, y a-t-il une identité de l’Europe qui ait un avenir et pour
laquelle nous puissions nous engager entièrement ? Je ne suis pas en mesure de rentrer dans une
discussion détaillée sur la future Constitution européenne. Je voudrais seulement
indiquer brièvement les éléments moraux fondamentaux qui, à mon avis, devront
en faire partie ».
Il
leur rappelle, dans le premier point, le
nécessaire respect de la loi naturelle, de la personne humaine. Loi naturelle,
Personne humaine et sa dignité …sont là des « valeurs précédant toute
juridiction d’Etat ».
« Un premier élément est
l’inconditionnalité avec laquelle la dignité humaine et les droits de l’homme
doivent être présentés comme des valeurs précédant toute juridiction d’Etat. Ces droits fondamentaux ne sont pas créés
par le législateur, ni conférés aux
citoyens, « mais ils existent plutôt comme droit propre, ils doivent
toujours être respectés par le législateur, ils s’imposent à lui comme valeurs
d’ordre supérieur . Cette validité de la dignité humaine préalable à toute
action et à toute décision politique renvoie ultime ment au Créateur. Lui seul
peut déterminer des valeurs qui se fondent sur l’essence de l’homme et qui sont
intangibles. L’existence de valeurs qui ne soient pas manipulables par qui que
ce soit, est la véritable garantie de notre liberté et de la grandeur
humaine ; la foi chrétienne voit là le mystère du Créateur et de la
condition d’image de Dieu que celui-ci a conférée à l’homme. »
N’est-ce
pas , là aussi, tout équivalemment dire que « L’Etat, pouvoir
politiquement autonome, est cependant soumis à une loi morale qui lui est
supérieure, qu’il ne peut ignorer ni modifier »
N’est-ce
pas, la encore, s’opposer à la définition de la laïcité telle que nous l’ont
donné et Littré et Renan.
Vraiment
la pensée des papes, de tous les papes, pas seulement de Jean-Paul II et de Benoît XVI, est l’opposée du « principe de laïcité » tel que
définit par Littré et Renan et bien exposé par Jean Madiran dans le premier
chapitre de son très précieux ouvrage : « La laïcité dans l’Eglise » que je vous ai transcrit en
A.
D- « La démocratie des mœurs »
Et on comprend bien qu’il en
soit ainsi.
Au seul titre des principes.
L’Eglise, de fait, dresse
principe contre principe.
Mais aussi au vue des
conséquences du « principe de
laïcité » lorsqu’il est appliqué sans retenue dans le « domaine
des mœurs ». C’est ce que va exposer Jean Madiran dans son ultime
chapitre : « la démocratie des
mœurs ». C’est l’appendice IV de l’ouvrage.
Je vous en donne le bref
texte.
« C’est en 1998 que le
parti socialiste a proposé les « pacs » ; pacte civil de solidarité,
dont le principal effet est d’institutionnaliser les couples homosexuels. Le
parti socialiste nous avertissait :
-Le pacs est une grande réforme de société, comparable à la loi sur
l’IVG.
Le « débat » est
donc ouvert, nous prévenait l’éditorial du quotidien parisien du soir, laissant
prévoir que tout naturellement l’on envisageait ensuite de donner des enfants
aux couples homosexuels par la voie de
l’adoption et par celle de la procréation artificielle. Ce « débat »,
précisait l’éditorial d’inspiration paleo-trotskiste, doit être mené dans le
cadre rationnel de la démocratie des mœurs ».
La « démocratie des
mœurs, qu’est-ce donc ?
On nous le dit et sous la
formule nouvelle nous reconnaissons l’idée ancienne, mais désormais régnante,
selon laquelle « la règle ne peut naître
que du libre débat », et qui veut « que toute référence à un principe soit elle-même soumise à la discussion ».
La question demeure toutefois
de savoir qui arbitre la discussion et qui conclut le débat.
La démocratie actuelle veut
que ce soit l’établissement d’un consensus quasi unanime ou largement
majoritaire. La définition stricte de la démocratie la représentait comme le
régime politique où le suffrage universel désigne les législateurs et éventuellement
le président (comme Mitterrand) ou le monarque (comme Napoléon III). La « démocratie des mœurs » ne
s’arrête pas là : elle soumet, même les « principes », au débat
pour un consensus absolu ou relatif, naturel ou artificiel.
Le scientifique, le
philosophe n’admettent rien qu’ils n’aient éprouvé et vérifié selon les méthodes
propres aux sciences ou à la philosophie. Ils ne répugnent pas, dans leurs
recherches et dans leurs vérifications, aux débats avec leur pairs, supposés
compétents, des académies scientifiques ou philosophiques. La « démocratie
des mœurs » veut en somme que tous
les citoyens, désormais, soumettent eux-mêmes tous les sujets à des débats
où ils pratiquent ensemble les remises en cause du philosophe et les
vérifications du scientifique.
L’objection principale n’est
pas l’incompétence probable de la plupart des citoyens. Seraient-ils supposés
compétents, l’objection principale demeurerait dans toute sa force : le débat entre citoyen, dans la
« démocratie des mœurs », n’est pas le même débat que celui entre
philosophes ou entre savants.
Le « consensus »
s’impose comme règle et loi aux citoyens de la « démocratie des
mœurs » ; il clôt la discussion. Au contraire, les incessants
révolutions intellectuelles qui, pour le meilleur ou pour le pire, bouleversent
les sciences et la philosophie se produisent en général à l’encontre du
consensus des académies compétentes : ce consensus ne s’impose ni au
philosophe ni au savant, ils n’y sont
pas soumis, ils ne cèdent qu’à l’évidence (ou à l’illusion) de la vérité.
Le débat démocratique a pour
règle et pour but l’établissement d’un consensus, au prix de retranchements
réciproques sur les convictions qui s’opposent. Le débat philosophique ou
scientifique a pour règle et pour but la victoire d’une certitude nouvelle sur
une certitude ancienne (ou inversement la confirmation d’une certitude ancienne
par la défaite d’une certitude nouvelle
mal fondée). Le consensus démocratique
peut s’établir, et même s’établit de préférence en dehors de la réalité, il est
à lui-même sa seule loi. La
discussion scientifique ou philosophique recherche au contraire une meilleure
adéquation au réel.
L’idée aujourd’hui dominante
est que « dans d’autres systèmes, le
problème (par exemple : le
problème moral, comme pour le pacs) est
résolu d’avance (sic) par la
référence à une théologie ou une
idéologie normative » ; « en démocratie, rien de tel ». Mais si : dans la
démocratie qui n’est plus simplement la désignation des législateurs et des
gouvernants au suffrage universel, -
dans la « démocratie des mœurs », il y a un dogme pré-établi ;
un dogme obligatoire ; un dogme négatif,
mais qui n’en est pas moins
« normatif » : le dogme
selon lequel il n’y a rien d’antérieur et de supérieur aux humains et à leurs
sociétés. D’où, parfait résumé, la formule du candidat Chirac répondant au
pape Jean-Paul II : « Non à une
loi morale qui primerait la loi civile ». (Enquête du Journal du
Dimanche auprès des candidats à la présidence, 2 avril 1995). Le candidat
Chirac a été élu sur ce programme (à
cause, ou bien malgré, comme on
voudra). Aucune autorité morale ou religieuse n’a élevé la voix pour dire aux
chrétiens :
-Tant qu’il n’aura pas abjuré ce blasphème, ne votez
pas pour lui.
Le principe de la laïcité
républicaine à la française ne permettrait pas une intervention publique de
cette sorte. La laïcité galopante de l’Eglise en France l’empêchait de
seulement en imaginer l’éventualité.
La formule chiraquienne est
bien celle d’une théophanie militante. Pas toujours consciente, mais toujours
impliquée dans le refus de quoi que ce soit de supérieur à l’arbitraire humain.
Il n’y a donc plus de Dieu créateur, législateur et fin dernière. La « théophobie » aujourd’hui dominante n’impose pas (pas
encore ?) d’abjurer publiquement la foi en Dieu. Elle impose de la garder
en silence. Dieu est interdit en public, il est interdit en politique, il est
interdit dans les « problèmes de société », il est interdit dans la
« démocratie des moeurs ». Preuve de l’interdiction : aucun
évêque n’a cru pouvoir oser faire remarquer que le saisissant résumé
chiraquien, le non de Chirac à une
loi morale qui primerait la loi civile est forcément une proclamation
d’athéisme : l’athéisme militant qui, par l’adhésion présidentielle et par
l’installation souveraine de la « démocratie des mœurs »,
gouverne aujourd’hui au nom du principe de laïcité une France captive ».
E-
« La condition du droit à l’existence »
Un « France
captive » ! Heureuse formule par sa triste justesse.
Et si, comme nous l’avons vu,
la papauté dans la bouche de ses derniers pontifes, garde, elle, toute liberté
de dénoncer l’erreur et de rappeler le vrai, il n’en est pas ainsi
–malheureusement – de l’épiscopat français.
La preuve ?
Voyez l’interview du
président de l’épiscopat français, Mgr Ricard, au quotidien « Le
Figaro ».
Vous la trouvez dans le numéro du 30 janvier 2004.
Jean Madiran la commente dans
son livre « La laïcité dans
l’Eglise » dans un chapitre qu’il intitule
« La condition du droit à l’existence ».
En voici quelques
passages !
« Le 30 janvier 2004, le
président de l’épiscopat, Mgr Ricard, donne ès qualités une grande et grave
interview au quotidien Le Figaro.
Le président Ricard y atteste
et proclame que « la loi sur la laïcité » qui va être examinée par
l’Assemblée nationale à partir du 3 février, « ne menace pas la liberté
religieuse ».
C’est sans doute cette
caution-là que le président de
Cela n’empêche pas l’interviewer
de maintenir au passage quelques « réserves », notamment à propos de
l’islam :
« Nos concitoyens s’inquiètent des initiatives et des pressions venues de
groupes politico-religieux liés à l’islam… »
(Mais en vérité c’est l’islam
tout entier qui est « politico-religieux ».)
« ….qui voudraient imposer leurs coutumes et leurs traditions
communautaires à la société française. Une loi n’effacera pas cette inquiétude »
On ne sait pas s’il tient
toujours à ce que la religion catholique bénéficie d’un « traitement
différentiel », comme il le réclamait quelques jours plus tôt, c’était le
18 janvier. Car maintenant il déclare :
« Nous ne réclamons aucun privilège, mais seulement l’application d’une
laïcité qui n’exclue pas l’expression sociale du christianisme. »
Il maintient cependant que
l’islam est hétérogène à la « sensibilité » française :
« En France, il y a davantage de clochers que de
minarets. L’oublier serait nier la sensibilité profonde de beaucoup de français
(….) le Christianisme a contribué à façonner l’Europe. Il peut aujourd’hui
aider à donner une âme à sa construction politique et économique. »
C’est dans la dernière
colonne de sa déclaration au Figaro que l’on voit apparaître deux anomalies assez
étranges.
La première est déjà grave,
bien que mineure. Concernant la suppression du lundi de Pentecôte, il reconnaît :
« On nous avait promis une consultation,
mais rien n’est venu ».
De la part du gouvernement,
c’est plus que de la désinvolture. Et malgré cela, Mgr Ricard ajoute
aussitôt : « Les points de désaccord
ne doivent pas donner à penser qu’il y aurait aujourd’hui une dégradation des
relations entre l’Eglise catholique et les responsables de l’Etat. Ces
relations restent bonnes. »
Ah, les relations restent
bonnes ! Suffit-il donc de le dire pour que cela devienne vrai ?
La seconde est une anomalie
majeure. Elle est dans la conclusion :
« Toutes les composantes
religieuses doivent avoir droits de cité, publiquement, à condition de savoir
aussi donner leur place aux autres et de ne pas se mettre en contradiction avec
les grands principes de
Relisons.
Condition pour qu’une religion ait droit à l’existence
dans
On croit rêver. Ces « grands principes »,
c’est la mixité généralisée, composante obligatoire du principe essentiel de
laïcité, ainsi que l’affirme l’exposé des motifs de la nouvelle loi laïque. Ce
sont les « droits de l’homme », et parmi eux le « droit à l’avortement ».
Et aussi l’éducation morale des enfants entièrement et sans appel soumise à
l’autorité de l’Etat. Demain peut-être, parmi ces « grands
principes », on verra figurer le droit à l’euthanasie, le mariage homosexuel,
et Dieu sait quoi encore !...
Plus fondamentalement encore,
quelles que soient les suites de l’évolution fantaisiste et illimitée de ces
« grands principes de
Et ce fut un jour sombre,
annonciateur de grands malheurs, ce jour du 30 janvier 2004 où le président de
l’épiscopat français situa la légitimité de l’Eglise ailleurs que dans sa
mission divine ». (p.77-80)
Nos évêques sont-ils tous unis comme les doigts d’une
main ? C’est ce que j’entends dire.
Si c’est encore vrai en cette affaire, c’est
aussi un autre grand malheur !