ITEM
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Un
regard sur l’actualité politique et religieuse
Au 20 novembre 2005
N°66
Mgr
Marcel Lefebvre.
Un
prélat romain.
Mgr lefebvre. Un prélat romain.
Un prélat
romain !
Et comment
donc !
Il ne fut
personne de plus romain que lui.
Romain dans sa pensée.
Il n’était
pas rare de l’entendre dire : « on ne peut être catholique sans être
romain ».
Il
l’écrivait même à la page 91 de son petit livre « Itinéraire
spirituel ».
Il disait
même, au sujet des catholiques des églises uniates : « S’ils
demeurent catholiques, c’est parce qu’ils demeurent romains ».
Oui !
Dieu a voulu que le christianisme (soit) coulé en quelque sorte dans le moule
romain.
Et voilà la
raison de l’adage que Mgr Lefebvre aimait répéter et qu’il consignait encore
dans son « Itinéraire Spirituel » : « Unde Christo e
romano ». Oui ! Le Christ est romain.
Cela se
trouve à la page 90 de son petit livre.
Ainsi donc
on ne saurait nier que Mgr Lefebvre ait été un prélat romain.
Il le fut
non seulement dans ses paroles mais aussi dans ses actes. Je crois, du reste
plus aux actes qu’aux paroles.
Romain dans ses actes.
C’est son
amour de Rome,
c’est son
amour de la doctrine romaine,
c’est son
amour de la langue latine, romaine,
c’est son
amour de la théologie romaine, de saint Thomas, docteur particulièrement cher à
l’Eglise de Rome, c’est son amour de la liturgie romaine,
c’est son
amour des Pontifes Romains
qui le
poussa à réagir devant le Libéralisme et le Modernisme, tous deux corrupteurs, qui, pénétrant Rome,
l’éloignaient toujours davantage de sa propre tradition….au dam des fidèles.
Aussi
n’est-il pas étonnant que le 21 novembre 1974, il fit sa déclaration
solennelle : « Oui à l’Eglise éternelle, à l’Eglise romaine. Non à
l’Eglise moderniste et libérale ».
Premier
acte !
Il en fit
sa « charte » !
Là est
toute l’âme de Mgr Lefebvre.
Il ne s’en est jamais éloigné.
Il ne l’a
jamais renié.
Il y est
toujours resté fidèle.
Toujours
fidèle !
Même dans
les « négociations », les « pourparlers », les
« contacts » qu’il eut avec les autorités romaines.
Car c’est
bien son amour romain qui fut
- non
seulement la raison de son apostolat africain pendant des années
- non
seulement la raison de sa réaction pendant et après le Concile Vatican II
- mais qui
lui fit toujours garder des contacts avec Rome.
Car
l’heureux contact du 29 août 2005 avec Rome n’est pas nouveau. Il s’inscrit
dans une longue histoire.
Je me
souviens des contacts que Mgr Lefebvre eut avec Rome du temps du pontificat de
Paul VI
Je me
souviens de la première visite canonique décidée par Rome et acceptée par Mgr
Lefebvre, en novembre 1974.
Nous étions
dans les premiers jours de novembre de cette année, peut-être même le 11
novembre. Nous attendions l’arrivée des deux prélats romains : Mgr Déchamp
et Mgr Onclin.. Nous déambulions dans le couloir, l’un à côté de l’autre. Nous
conversions. Je l’entends encore me dire : « j’aurais préféré mourir
que d’être ainsi aujourd’hui en opposition avec Rome » tant son amour de
Rome était grand. Je comprenais le drame que pouvait connaître, à cette heure,
Mgr Lefebvre…le même que celui que connut le père Berto…Tous deux romains.
Mais malgré
cela, il n’a jamais faibli. Bien au
contraire.
Car c’est
ce même
amour romain qui lui donna la force de résister.
Sa mère,
alors qu’elle l’attendait n’avait-elle pas dit dans un sentiment
prémonitoire : « il servira beaucoup l’Eglise ».
Il ne gémit
jamais sur les heures terribles que
Je me
souviens de sa rencontre avec Paul VI au Palais Pontifical de Castel Gandolfo,
en un fameux été chaud.
Je me
souviens de sa première rencontre avec Jean Paul II juste après son élection
sur le Siège de Pierre.
Il nous en
faisait la narration….avec quel charme, quel humour, et quelle
simplicité. Jean Madiran se faisait un honneur et une joie de publier ces
« compte rendus » dans Itinéraires.
Nous étions
en 1982…
Je me
souviens des contacts avec Rome en 1987- 1988 qui faillirent aboutir à un
accord. Le cardinal Ratzinger, après la cardinal Seper, en était comme la
« cheville ouvrière » pour le pape, au nom de pape Jean-Paul II.
Ces
contacts furent précédés par cette fameuse visite canonique de 1987.
Je m’en
souviens tout particulièrement puisque, supérieur du District de France de
Là, en
cette occasion, je crois que l’on peut dire que Mgr Lefebvre se montra vraiment
dans toute sa stature de « prélat romain », « de grand prélat
romain ».. Et avec quel modestie,
tact, intelligence des réalités et d’un grand savoir faire, d’une grande
connaissance des « us et coutumes » romaines…
A tel point
que toutes les solutions romaines que nous avons connues au fil du temps et des
circonstances après 1988,
- en mai
1988, d’abord avec le « Protocole
d’accord »,
- puis
ensuite, en juillet de la même année,
avec la création de la commission « Ecclesia Dei Adflicta »
- en 2002
avec la création de l’Administration apostolique Saint Jean Marie Vianney, à
Campos, au Brésil
Oui, toutes les solutions créées et voulues par
Rome, au fil du temps, s’inspirèrent, de fait,
de près ou de loin, de la solution envisagée et proposée par Mgr
Lefebvre, et consignées par écrit le 21 novembre 1987.
J’ose même
dire que plus on s’approchera de la solution prévue par Mgr Lefebvre, meilleure
sera la situation créée.
Oui, je constate qu’au fil du temps, Rome
s’approche de cette solution.
Elle en
était très loin avec la « Commission « Ecclesia Dei Adflicta ». Elle s’en approchait un peu plus avec l’Administration Apostolique
saint Jean Marie Vianney au diocèse de Campos…
Que nous réserve
demain ?
Car,
figurez-vous ! Mgr Lefebvre proposa une solution à Rome…
Mais quelle
est cette solution ?
Elle
est exposée dans deux textes qui furent
remis par Mgr Lefebvre au cardinal Gagnon le 8 décembre 1987, à l’issue de la
visite apostolique.
- Une
lettre datée du 21 novembre 1987 : lettre personnelle adressée au Cardinal
- Un
dossier intitulé : « Proposition
de règlement apportant une solution au problème des Œuvres et des Institutions
en faveur de la liturgie traditionnelle dans l’Eglise ».
Il nous
faut étudier ces textes. Ils révèlent un grand prélat romain.
A- La lettre.
Mgr
Lefebvre rappelle qui nous sommes : « Nous formons une grande famille, vivant de cette ambiance et de cette
atmosphère catholique attachés à l’Eglise Romaine, attachés à Pierre et à ses
successeurs… »
Nous sommes
heureux de voir que cette profession de foi est prise, aujourd’hui, en compte
par Rome. Ce ne fut pas toujours le cas…
Le cardinal
Castrrillon Hoyos le reconnaît officiellement dans son interview à « Trenta
Giorni »
Les choses
évoluent…
« Attachés à l’Eglise romaine, attachés à
Pierre et à ses Successeurs »… C’est clair. C’est romain…
« ….
Mais absolument et radicalement
allergiques à l’esprit conciliaire…à l’esprit d’Assise, fruits du modernisme,
du libéralisme tant de fois condamné par le Saint Siège »… « Tant de fois condamné par le Saint Siège »…C’est
encore très romain…Toute sa vie, Mgr Lefebvre fondera sa pensée, son action, sa
réaction sur l’enseignement des Pontifes Romains : (cf son Prologue de son
livre « Itinéraire Spirituel ». p. 5).
« Nous formons une armada décidée à tout pris
à demeurer catholiques face à la déchristianisation qui s’opère à l’extérieur
et à l’intérieur de l’Eglise ».
C’est
clair.
C’est
romain.
C’est
l’esprit français. Il est « ultra-montain ».
Voilà cette
« armada » présentée dans
son idéal, un idéal romain…
Cela me
fait penser à une belle phrase du Père Berto : « Je suis quand même content d’avoir juré que je reconnais
Mais il ne
se « campe » pas pour autant devant Rome…comme d’autres semblent
vouloir le faire aujourd’hui…
Il voit
Rome terriblement affligée dans son honneur, dans sa dignité, dans sa doctrine,
infiltrée qu’elle est par le Modernisme, Eglise formidablement affaiblie…
Il veut
travailler à sa « restauration ».
Il n’attend pas…Il propose ses services.
Nous sommes disposés, dit-il,
« à apporter notre collaboration
au renouveau de l’Eglise »…dès lors que nous serions « reconnus par le pape tels que nous
sommes ». « Nous désirons
avoir un siège dans
Quelle
insistance sur sa romanité ! C’est
beau !
Ainsi
- avant
même le règlement des problèmes doctrinaux… qui existaient et qui existent dans
le sein de l’Eglise, ce que personne ne nie, ni Ratzinger, ni Benoît XVI ni
Castrillon Hoyos…
- alors que
nous sommes au plein milieu du développement du déplorable esprit d’Assise,
1986 n’est pas loin, son anniversaire – 1987 - bat même son plein…- Il faut
toujours remettre les événements, pour bien les comprendre, dans leur cadre historique…- Mgr Lefebvre
envisageait tout de même comme possible,
comme souhaitable, comme désirable « d’apporter
sa collaboration au renouveau de l’Eglise »…in sinu ecclesiae….dès lors que nous « serions acceptés tels que nous sommes »….
«Dès lors que nous serions acceptés
tels que nous sommes »…
C’est aujourd’hui possible…par Rome…Difficilement par l’épiscopat
français….Hier cela était impossible…même par Rome. Quelle pression, Mgr
Lefebvre ne subit-il pas, hier, pour qu’il abandonne l’ancienne messe…qui est la messe de Rome, de
Mais hier
c’est hier…Et le temps évolue ainsi que les circonstances…Rien n’est jamais
identique dans les choses de l’agir… Il faut y être sensible…Autre l’être.
Autre l’agir. L’être est dans l’ordre de l’immuable. L’agir est dans l’ordre du
muable, du contingent, de l’éphémère…
Hier nous
étions condamnés. Aujourd’hui nous sommes reçus…on ne parle même plus de
« schisme ». C’est le cardinal Castrillon Hoyos qui l’affirme dans
son récent interview à « 30 Jours »
Donc
« se protéger de toutes influences
pernicieuses » était certainement une
préoccupation majeure de Mgr Lefebvre.
Attendre
le règlement des problèmes doctrinaux, attendre la disparition de
l’ « esprit d’Assise » pour œuvrer au « renouveau de l’Eglise », dans le
sein de l’Eglise, ne me paraît pas
être la position de Mgr Lefebvre…
Et
cette « attentisme » serait d’autant plus désobligeant que Benoît XVI
est ouvert à la discussion. Il l’admettait déjà lors de la signature du
Protocole en 1988…c’est le § 3 du Ier chapitre du « Protocole ». Il le confirma en tant que Préfet de
Se
garder du mal est très certainement la pensée de Mgr Lefebvre. Mais une fois
cette garde assurée, ne pas craindre d’aller de l’avant, d’aller au front, dans
la mêlée pour aider « au renouveau »
de l’Eglise… Participer à ce renouveau de l’Eglise doit se faire ou peut se
faire à l’intérieur de l’Eglise dès lors
que l’on a les garanties suffisantes de garder notre « idéal romain ».
C’est
l’invitation encore récemment exprimée par le cardinal Castrillon Hoyos.
Dans
ce but clairement affirmé et pour permettre de l’atteindre sûrement, Mgr
Lefebvre a remis au cardinal Gagnon et a soumis à son attention un projet de
« réintégration et de normalisation
de nos rapports avec Rome ».
« Réintégration » et « normalisation » de nos rapports
avec Rome ! Ce sont ses propres termes… Lui qui, pourtant, n’a jamais
cessé de dire que, même après les condamnations de 1976, nous étions encore bel et bien dans l’Eglise…bel
et bien romains. Certains, à l’esprit géométrique, y verront encore une contradiction…
B- Le projet .
a- Son titre
Il
l’intitule : « proposition de
règlement apportant une solution au problème
des Œuvres et des Institutions attachées à la liturgie traditionnelle de l’Eglise ».
Il dit
bien : proposition….apportant une
solution au problème des Œuvres… » Et il ne joue pas sur les mots…
Remarquons
tout d’abord qu’il ne s’agit pas de conclure une paix séparée. La solution doit
être globale et générale. Il ne dit pas, cependant, vous le remarquerez : « ..où elle ne sera pas »… Il dit bien
« …en faveur des Œuvres et des
Institutions - tant féminines que masculines - attachées à la liturgie traditionnelle
de l’Eglise »
Remarquons
également que les Œuvres et les Institutions pour lesquelles il envisage une
solution, sont définies comme centrées sur « la liturgie traditionnelle de l’Eglise ».
On peut
donc conclure que la solution proposée par Mgr Lefebvre pour le règlement de
ce « problème » doit être, lui
aussi, « en faveur de la liturgie
traditionnelle de l’Eglise ».
Ce
règlement a pour raison d’être la garde de cette liturgie traditionnelle, pour
qu’elle reste bien la propriété de ces Œuvres et de ces Institutions. . Mgr
Lefebvre demande à Rome qu’on nous prenne « tels que nous sommes »…mais la messe tridentine est notre
être, dit ce que nous sommes. On ne peut en être dépouillée. Il s’agit de la
liturgie romaine, celle de Saint Pie V…Vous vous souvenez, sans doute, des
paroles émouvantes qu’il nous adressait à
Tout se
tient, tout est en ordre dans le cœur de ce prélat romain.
b- Les modalités du règlement.
1- L’introduction.
Je ferais
remarquer que le principe de ce règlement, qui comprend seulement 24
articles, est tiré par Mgr Lefebvre d’un article du Concile
Vatican II : l’article 10 de « Presbyterorum ordinis ».
Cet article 10 est merveilleux de souplesse et de
réalisme « politique ». C’est un texte de gouvernement. Il dit
simplement qu’il faut prendre en compte les circonstances particulières, les
situations originelles propres à chaque région, chaque nation, chaque lieu,
voire même propres au monde entier… et ne pas craindre de « légiférer » en leur faveur si
besoin est.
Voici ce
texte : « Là où les conditions
de l'apostolat la réclameront, on facilitera non seulement la répartition des
prêtres, mais encore les œuvres pastorales adaptées aux différents milieux
sociaux à l'échelle d'une région, d'une nation ou de divers endroits dans le
monde. Il pourra être utile de créer à cette fin des séminaires internationaux,
diocèses particuliers, prélatures personnelles, et autres institutions
auxquelles les prêtres pourront être affectés ou incardinés pour le bien commun
de toute l'Eglise, suivants des modalités à établir pour chaque cas et toujours
dans le respect des droits des ordinaires locaux ».
Voilà une
déclaration de principe du Concile particulièrement souple, tout à fait
pastoral, permettant de prendre en compte facilement la richesse de la vie
faite de particularités, de circonstances propres…pour leur donner cependant un
cadre juridique nécessaire dans la société hiérarchisée qu'est l'Eglise.
Ce texte me
parait particulièrement important dans la pensée de Mgr Lefebvre.
Il
l’invoquera, en 1969, en juin 1969, auprès de Mgr Charrière, évêque de Fribourg
alors qu’il désirait créer son « séminaire international ». Il
fallait pendre en compte la volonté de jeunes désirant être formés dans
Il
l’invoque de nouveau en 1987 alors que le phénomène de
Des fidèles
sont attachés, restent attachées à la messe latine et grégorienne ancienne dite
de Saint Pie V. Il faut les prendre en compte.
Voilà une
condition particulière de l’après Concile. C’est incontournable.
On peut le
regretter. Ce regret ne facilitera pas le règlement du problème. On en sait
quelque chose.
On peut le
tolérer, la situation alors s’améliorera.
On peut le
justifier et finir par reconnaître la
légitimité de cette réaction. Une solution sera alors plus facilement trouvée.
Cette
condition nouvelle, ce courant de
C’est
incontournable !
Alors cet
article 10 permet de faire face à cette réalité particulière.
Voilà des
jeunes qui veulent une formation traditionnelle…On pourra alors permettre la
création de « séminaires internationaux »…
Voilà tout
un diocèse, le diocèse de Campos…qui désire garder la messe de
Ainsi, fort
de ce principe reconnu, déclaré solennellement par l'Eglise, publié par le Pape
Paul VI, Mgr Lefebvre donne, dans son pli du 21 novembre 1987, « sa
solution », et précise les " modalités " à établir pour
une telle fondation juridique prenant en compte la messe saint Pie V. Il le
dit, vous le voyez encore, dans le respect et l'amour de l'Eglise Romaine et du
Bien commun. Pour la pax romana.
Voyons donc
les modalités pratiques du règlement. Quelles sont-elles ?
2- la condition sine qua non
Mgr
Lefebvre précise dès le départ, une condition sine qua non pour arriver vraiment à une solution : « Si le Saint Siège désire sincèrement que
nous devenions officiellement des collaborateurs efficaces pour le renouveau de
l’Eglise, sous son autorité, il est de toute nécessité que nous soyons reçus
comme nous sommes, qu’on ne nous demande pas de modifier notre enseignement ni
nos moyens de sanctification qui sont ceux de l’Eglise de toujours ».
L’Eglise
romaine. C’est vraiment son souci.
On retrouve
son esprit romain. Qu’on nous prenne comme nous sommes…avec notre amour de
l’Eglise et de sa Tradition.
Dès
lors - et c’est une simple conséquence,
c’est dans le prolongement logique de sa pensée- il faut que les personnes qui interviendront
dans les entretiens, les contacts qui aboutiront à la solution finale :
cette « œuvre à créer», selon l’esprit de l’article 10 de Presbyterorum Ordinis, qui composeront
aussi un jour prochain ce
« Secrétariat Romain », soient des personnes jouissant de deux
qualités : « à la fois très
respectueuses et attachées au Saint Siège mais aussi convaincues de l’urgente
nécessité pour l’Eglise de favoriser les initiatives qui maintiennent
Ce sont
donc de telles personnes animées et de l’amour du Saint Siège et de l’amour de
sa Tradition et de son maintien et de son retour qui doivent composer « le
Secrétariat Romain » dont Mgr Lefebvre suggère la création.
Ce serait
une sorte de Congrégation Romaine chargée de cette Tradition à sauvegarder, à
développer, à respecter…Un peu, comme le dira expressément Mgr Lefebvre, un peu
comme la « Congrégation des Eglises Orientales » :
« l’Orientale » chargée de garder et de sauvegarder les liturgies
orientales.
Dès lors,
comme toutes les Congrégations romaines, ce « secrétariat romain aura à sa
tête « un cardinal, un secrétaire
et des minutanti », tous animés
d’un même amour du Saint Siège et de sa Tradition ancestrale.
NB :
J’y vois bien le cardinal Castrillon Hoyos comme cardinal et nos évêques pour
les différentes parties du monde…comme secrétaires…
Et c’est
parce que Mgr Lefebvre, en 1988, ne put obtenir sur ce point satisfaction qu’il
n’alla pas finalement jusqu’au bout des accords.
3- La finalité de ce Secrétariat
Elle est
clairement affirmée par Mgr Lefebvre. Il existera pour le maintien et le développement de la liturgie latine selon les
prescriptions de Jean XXIII. Il le dit en son article 7 : « L’extension mondiale rapide de
Je ne vois
pas ici que Mgr Lefebvre ait réclamé, comme on le fit plus tard, une
« déclaration - comme préalable à
toute négociation – affirmant le droit pour tout prêtre de célébrer la
messe ancienne. Certes, Mgr Lefebvre en était bien d’accord. C’est bien un
droit légitime pour tout prêtre.
Le cardinal
Castrillon Hoyos le reconnaît du reste lui aussi.
Mais ici, Mgr Lefebvre ne le demande pas expressis verbis. Il sait ce qui peut
être obtenu et ce qui ne le peut pas. Il fut toujours animé d’un profond
réalisme
Il lui
suffisait, pour l’heure, mais c'était là une condition sine qua non, que « ce
droit à la liturgie latine selon les prescriptions de Jean XXIII »
soit reconnu, maintenu, développé au niveau des « Œuvres » entrant
dans cette structure juridique à créer.
On peut
être contre une telle demande. Je veux dire : on peut la juger trop
minimaliste ou tout autre chose. On peut de fait demander "comme condition
préalable à toute « négociation » le droit de tout prêtre à dire la
messe saint Pie V …Mais qu'on ne prétende pas alors le demander au nom de Mgr
Lefebvre et dans sa fidélité.
Il y a chez
Monseigneur Lefebvre un profond réalisme… Le sens du possible. Sa proposition
pouvait même être envisagée dans « une situation que lui-même appelée
« hybride »…Elle pouvait même être seulement envisagée comme une
simple « étape »… Ce sont ces mots.
Retenez ces expressions de "
situation hybride ", " ce serait peut être une solution.. .Je dirai..
.une étape ".
Là se
trouve le véritable esprit de Mgr Lefebvre, un esprit de prudence pastorale,
fait d'absolu mais aussi de relatif. « Cum concilio et patientia », « Fortiter et Suaviter » : ces expressions qui caractérisent l’esprit romain, celui de
Saint Pie X, furent ceux qui caractérisent le mieux aussi l’esprit de Mgr
Lefebvre. Voilà la vraie prudence pastorale.
C'est une
prudence que de savoir procéder par étape…et de savoir supporter, un temps, des
solutions « hybrides ». Voilà
l'esprit de sagesse de Mgr Lefebvre. Voilà ce qu'il faut et faudra toujours
imiter…
4- des
pouvoirs de ce secrétariat.
Il pourrait
être semblables à ceux que possèdent l' « Orientale » sur les églises
uniates de rites orientaux ou de la " Propagande " vis-à-vis des
territoires de Mission. C'est le numéro 9 : « Ils seraient assez semblables à ceux qu'ont
N'aurait-on
pas grand intérêt, sans faire pour autant de " lefebvrisme ", de
suivre les avis de cet homme, sa prudence, ses conseils, lui qui fut grand
serviteur de l'Eglise Romaine et qui
fréquenta sa vie durant les Congrégations romaines en raison de ses
responsabilités archiépiscopales et de ses fonctions de" Délégué
apostolique ". Si il y a une personne qui connaît bien le fonctionnement
de l'Eglise, sa vie, son organisation, c'est bien Mgr Lefebvre.
Ces pouvoirs qu'il va un peu détailler,
sont tous ordonnés au but principal déjà donné, à savoir : « le maintien et le développement de la
liturgie latine selon les prescriptions de Jean XXIII ».
Le maintien de la liturgie latine selon
les livres de Jean XXIII…ce qui exige d'assurer la pérennité des Œuvres qui veulent garder jalousement ce rite. Et
comment assurer cette pérennité sinon en conférant l’épiscopat.
Aussi
faudrait-il « penser à l'octroi de
l'épiscopat à plusieurs membres » écrit Mgr Lefebvre. Ainsi serait
assurée la continuité des œuvres et donc le maintien de la liturgie latine.
Tout ce tient…
C'est ce
que le Cardinal Ratzinger avait accepté finalement de guerre lasse avec Mgr
Lefebvre dans le « protocole du 5 mai 1988 »…. De guerre lasse…
Mais le
temps passa. Et ce point ne fit plus aucune difficulté pour les Pères de
Campos, en 2002, lors de la création de l'Administration Apostolique. L'idée de
Mgr Lefebvre avait fait son petit bonhomme de chemin dans les couloirs romains.
Dans la
pensée de Mgr Lefebvre il y a comme une « catena aurea » : les
sacres pour la pérennité des œuvres pour le maintien de la liturgie de
toujours.
Il me
semble que l'on serait bien inspiré de reprendre purement et simplement ce
texte et de le présenter de nouveau à Rome alors que les relations sont
reprises…Ce texte a fait déjà ces preuves…
Ce "
secrétariat " romain aurait pour but aussi « de veiller au développement harmonieux et dans la paix vis-à-vis des
évêques diocésains et de la part de ceux-ci ».
Ce " Secrétariat " serait vraiment utile et nécessaire. Là, le
travail sera difficile dans certains endroits, en France particulièrement mais
pas partout, loin sans faut. Ce serait une des grandes missions du
« Secrétariat Romain » ….On comprend aussi la nécessité de
« secrétaires évêques »… On parle plus facilement d’évêque à évêque…
Mais ne
minimisons pas la difficulté.
Le
« Secrétariat Romain » aura un beau travail… Et n'oublions pas que le
« personnel » de ce secrétariat, du cardinal aux " minutanti
", doit être animé d'un double amour et celui de Saint Siège et celui du
respect de sa liturgie latine.
Voilà la pensée de Mgr Lefebvre sur ce « Secrétariat Romain ».
c: les
statuts canoniques des diverses sociétés…
Qu'en
est-il maintenant de sa pensée sur le statut canonique des différentes "
œuvres " attachées à la liturgie latine et romaine codifiée par Saint Pie
V ?
Quelles
sont ses « propositions de règlement » ? Il nous le dit dans sa 2ème
section intitulée : « Statut
canonique des diverses sociétés, des prêtres, religieux, religieuses isolés. Relations
avec le " Secrétariat romain ».
Mgr
Lefebvre le précise dans les n° 12 à 18.
1- La levée des suspens et interdits
Mais avant
tout, il demande la levée des suspens et interdits. C'est le n° 12-1 :
« Avant de procéder à l'étude et à
la normalisation de toutes ces sociétés et personnes adonnées à
Cette
demande sera une constante sous tous les supériorats que l'histoire, déjà
longue, de
Tous ont
réclamé cette levée des sanctions.
2- La reconnaissance des statuts de
Ensuite,
Mgr Lefebvre demande que soient reconnus, de nouveau, les statuts de
Je ferais
volontiers remarquer que Mgr Lefebvre utilise le verbe " reconnaître
". Il demande une reconnaissance des statuts….alors qu'il a toujours
affirmé que les statuts de
C'est
pourquoi, et de la même manière, je peux parler de retrouver le « sein de l'Eglise », « in sinu Ecclesiae » …alors que je
sais pertinemment n'avoir jamais quitté l'Eglise…Mais les circonstances étant
ce qu'elles sont, il est bien légitime de soumettre, comme le fait Mgr
Lefebvre, « un projet de
réintégration et de normalisation de nos rapports avec Rome ». (lettre
du 21 nov. 1987). De « réintégration »?…Alors nous étions en dehors ?
De « reconnaissance » ? Alors nous étions condamnés ? Il y a des
gens qui ont tellement " l'esprit géométrique " qu'ils ne comprennent
jamais rien. Mais ils savent se dirent pourtant les vrais « fidèles de Mgr
Lefebvre »!
3- Succession épiscopale
Il revient
de nouveau sur les sacres. Il est urgent, dit-il, d'assurer la pérennité de
l'œuvre en prévoyant la succession épiscopale de Mgr Lefebvre. C'est le
troisième point du n° 12 : « Il est
urgent de modifier quelques articles de ses statuts afin de pourvoir à la
succession épiscopale de Mgr Lefebvre ».
C'est ce
qui fut prévu aussi lors du règlement de l'affaire de Campos.
Le pape, le
25 décembre 2001, écrivait à Mgr Rangel : « …Après avoir considéré toutes ces choses et ayant devant les yeux la
gloire de Dieu, le bien de la sainte Eglise, ainsi que cette loi suprême qu'est
la salut des âmes, et étant d'accord sincèrement avec votre requête de pouvoir être
admis à l'entière communion avec l'Eglise catholique, nous reconnaissons que
vous lui appartenez canoniquement.
En même temps, nous vous informons, Vénérable frère, qu'un document législatif
va être préparé, document qui établira la forme juridique de la confirmation de
vos biens ecclésiastiques et par lequel, le respect de vos biens sera garanti.
Par ce document, l'Union sera érigée canoniquement en une Administration
apostolique personnelle qui sera directement soumise au Siège apostolique et
aura son territoire dans le diocèse de Campos. La question de la juridiction
cumulative avec l'ordinaire du lieu sera traitée. Son gouvernement vous sera
confié, Vénérable Frère, et votre succession sera prévue ».
N'oublions
pas que Mgr Rangel fut sacré évêque par Mgr Tissier de Mallerais…
Ainsi le
Pape prévoyait-il dans cette lettre, d'assurer la pérennité de l'œuvre des
pères de Campos, par la création de cette Administration, ayant à sa tête un
évêque qui préside à son gouvernement. Mais c’est ce que Mgr Lefebvre avait
suggéré dans son rapport donné au cardinal Gagnon…
Ici comme
là, il était nécessaire de « pourvoir à la succession épiscopale » et
de Mgr Lefebvre et Mgr Rangel.
Si cette
succession épiscopale était difficilement acceptable par Rome en 1988, pour
Les
mentalités en avaient accepté le principe et la nécessité. Encore une
fois : la succession épiscopale était nécessaire pour maintenir la liberté
des œuvres dans leur choix de la liturgie traditionnelle.
d- de la forme canonique
Enfin et
c'est le quatrième point, il est urgent que l'on s'inspire pour l'organisation
canonique de ces œuvres désirant garder la liturgie traditionnelle, du document
daté du 21 avril 1986, créant ce qu'on appelle aujourd'hui, l'Ordinariat aux
armées, publié par Jean Paul II dans sa constitution apostolique : " Spirituali militum curae ".
Vous voyez
l’attention de Mgr Lefebvre à la chose romaine. Qui d’entre nous avait fait
attention à ce document romain ?
Tout en
s'inspirant de ce texte " Spirituali
militum curae ", Mgr Lefebvre s’adapte à la réalité concrète :
il demande que
Je vous
prie de bien vouloir retenir l'expression de Mgr Lefebvre : " Ordinariat pour la liturgie latine
", comme il existe des églises uniates et l’Orientale.
Ce ne
serait pas créer, comme on l'a dit à tort « une réserve d'indiens ». Les églises uniates n'ont rien à voir
avec de telles « réserves ». Elles sont au cœur même de l'Eglise,
dans l'Eglise. Il en serait de même pour de cette « Ordinariat »…
Mais
toutefois, je tiens à préciser qu'il ne s'agit que d'une simple analogie. La
différence, ici, dans les « analogués » est importante. Le rite
latine vaut, de soi, pour toute l'Eglise latine, alors que les églises
orientales gardent chacune leurs rites propres….Mais, comme le disait Mgr
Lefebvre, on peut accepter des situations " hybrides " et procéder
par " étapes ". C'est
Il
demandait également que le Supérieur général de
Je vous
ferai remarquer que ce point de la consécration épiscopale ne fait plus de
problème à Rome. Le pape l'a confirmé dans sa lettre du 25 décembre 2001. Nous
l'avons vu plus haut.
Comme
l’indique le § 4 de « Spirituali militum curae » :
« La juridiction de cet Ordinariat pour la liturgie latine serait :
-personnelle, de sorte qu'elle
s'exerce sur les personnes qui appartiennent à l'Ordinariat,
-ordinaire, tant au for interne
qu'au for externe,
-propre, mais cumulative avec la
juridiction de l'évêque diocésain, car les personnes appartenant à l'Ordinariat
continuent à être des fidèles de cette église particulière dont ils sont une
partie du peuple en raison du domicile ou du rite »
L’utilité
du principe de la juridiction cumulative n'a pas échappée à Mgr Lefebvre.
Lui-même écrit dans son texte : « … Viendra
alors une étude plus approfondie des applications à faire de l'exemple de
l'Ordinariat aux armées à la situation de
Enfin Mgr
Lefebvre parle des relations entre les différentes œuvres amies qui
appartiendraient à cette « Ordinariat pour la liturgie latine ».
C’est l’article 18: « Les relations
entre les diverses Œuvres et initiatives d'une part et
Ainsi, j'y insiste, rien ne serait changé, par suite de la création de ce cadre
juridique légitime, dans nos relations avec ce que nous avons connu jusque là…
…sinon que les choses se feraient dans l'ordre et légalement. La forme
canonique aurait bien son intérêt…L’incardination ainsi que la juridiction des
prêtres ne feraient plus problème. La juridiction viendrait de Rome par
l’intermédiaire des Supérieurs majeurs.
Incardination et juridiction furent toujours au cœur des grandes préoccupations
de Mgr Lefebvre. L’Eglise romaine est hiérarchique…Se garder du libre examen
protestant…en cherchant toujours dans le Droit les grands principes d’une
action. : telle fut la préoccupation
de ce grand prélat romain. Mgr Lefebvre
était très respectueux du Droit Romain. Mais ce Droit c’est aussi l’Eglise.
L’Eglise en a un soin jaloux. Elle se souvient de ses origines romaines…Mgr
Lefebvre est bien vrai fils de Rome.
Conclusion
Ecoutez le
nous le dire lui-même : « Nous
n’avons jamais agi comme si le Siège de Pierre était vacant, nous avons
toujours correspondu avec ce Siège romain, mais nous n’avons pas craint de
défendre la vérité devant les Papes eux-mêmes et ceux qui nous interrogeaient
en son nom.
Les publications d’Itinéraires en
font foi ».
Nous avons
toujours défendu
Et de fait
« qu’est-ce qu’une société, une
famille sans passé, sans tradition ? Et que dire alors de l’Eglise qui est
une Tradition »!
« Qu’on ne me demande pas de changer de ligne
de conduite, ni de la part des autorités romaines, ni de la part des partisans
du schisme. Cette conduite n’est pas la mienne, elle tire sa force de la vérité
et de la sagesse de l’Eglise et de sa tradition dogmatique et historique, de la
conduite des saints et surtout des deux derniers papes : saint Pie X et
saint Pie V. Cette conduite a été celle de tous les évêques actuels pendant la
plus grande partie de leur vie, elle était la mise en pratique quotidienne de
leur foi. Elle n’est donc pas un mystère, ni une exception, ni le fruit de
l’imagination ou de l’orgueil ». (cf.
Cor unum p. 71-72
Mes bien
chers amis,
« A nous aussi de garder cette Tradition
romaine voulue par Notre Seigneur, comme Il a voulu que nous ayons Marie pour
Mère ». (cf. Itinéraire spirituel p92)
Alors nous
serons les fidèles serviteurs de ce grand prélat romain que fut Mgr Lefebvre.