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 Un regard sur l’actualité politique et religieuse

 Au 22 septembre   2005

 

N°58

Par Monsieur l’abbé Paul Aulagnier

 

 

 

 

Le discours à Lyon de Mr. Nicolas Sarkozy

 

 

 

 Qui a écrit : " Si le PS était encore une force de progrès, il aurait défendu la discrimination positive depuis longtemps. S'il avait un minimum de colonne vertébrale, il aurait eu le courage de supprimer la double peine avant que je ne le fasse. Il y a longtemps qu'un homme de gauche aurait dû se lever pour dire que la France n'est pas catholique mais multiple ?
C'est Nicolas Sarkozy, ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et de l'Aménagement du territoire, dans "le monde" du 8 septembre 2005. Tout cela est à méditer, bien sûr…et pourrait servir pour justifier un vote demain !
C'est le même qui est intervenu le dimanche 11 septembre, dans le cadre du 19e congrès " Hommes et religions " organisé à Lyon (http://catholique-lyon.cef.fr) par la communauté de Sant'Egidio, pour la première fois en France, du 11 au 13 septembre 2005, sur le thème : " Le courage d'un humanisme de paix ".

La communauté " Sant' Egidio ".

Mais avant d'analyser le discours de M Nicolas Sarkozy, présentons brièvement la communauté " Sant' Egidio " et ses rencontres internationales réunies sur le thème " Hommes et religions ".
Je leur donne la parole. Ils présentent ainsi ces " Rencontres " :

" Les Rencontres internationales Hommes et Religions sont nées au milieu des années 80 pour poursuivre et cultiver l'esprit de la journée mondiale de prière d'Assise, convoquée par le pape Jean-Paul II le 27 octobre 1986.

Ces rencontres organisées à l'initiative de la Communauté Sant'Egidio visent à promouvoir une connaissance réciproque et un dialogue entre les religions, dans un horizon de paix.

A travers un réseau d'amitié entre les représentants des différentes religions et cultures, venant de plus de 60 pays, la Communauté Sant'Egidio souhaite ainsi soutenir vivement un pèlerinage de paix, qui a fait étape, d'année en année, dans diverses villes de l'Europe et la Méditerranée ".

Pour la première fois en France, la rencontre Hommes et Religions a eu lieu à Lyon du 11 au 13 septembre 2005. Elle a eu pour thème : Le courage d'un humanisme de paix.

C'est un " groupe " très " reconnu " dans l'Eglise.
La preuve ! En 2004, le " 3 septembre, Jean-Paul II leur avait adressé un discours. Vous le trouvez sur le site " http://catholique-Lyon.cef.fr " (voir plus haut)
Pour ce Congrès de Lyon, ils reçurent encore (ou ils ne reçurent qu') une lettre - il y a là, peut-être, plus qu'une différence - d'encouragement du Cardinal Sodano. …
Lettre du Cardinal Angelo Sodano
adressée au cardinal Barbarin et qui fut lue en ce dimanche 11 septembre 2005 lors de la célébration eucharistique célébrée en la Basilique Notre-Dame de Fourvière à Lyon :
" Le Pape m'a chargé de vous faire savoir qu'il s'unissait volontiers par la prière à toutes les personnes rassemblées pour réfléchir et prier pour la paix et pour l'amitié entre les peuples. Il demande aux hommes de notre temps, et notamment aux jeunes, d'avoir le courage de s'engager toujours plus activement en faveur de la paix et du dialogue, qui seuls peuvent permettre d'envisager avec espérance l'avenir de la planète. La violence quelle qu'elle soit ne peut être une manière de résoudre les conflits. Elle hypothèque gravement l'avenir et n'est respectueuse ni des personnes ni des peuples. Puissent les hommes d'aujourd'hui implorer de Dieu le don de sa paix, en s'appuyant sur la promesse du Christ : " Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix " (Jean XIV 27), afin qu'ils soient capables d'en accueillir toutes les exigences et d'être ainsi bâtisseurs de paix ! "
Et d'ajouter :
" En vous confiant à l'intercession de Notre-Dame de Fourvière, le Saint-Père vous accorde, ainsi qu'aux Pasteurs, aux fidèles et aux membres de la Communauté Sant'Egidio rassemblés, la Bénédiction apostolique ".
De très nombreuses personnalités religieuses et politiques y furent présentes.

On pouvait noter entre autres la présence des cardinaux Walter Kasper, Ugnace Moussa Daoud, Roger Etchegaray, Paul Poupard, Dionogi Tettamanzi et Philippe Barbarin ; la présence aussi du président de la Conférence épiscopale de France : Mgr Jean-Pierre Ricard, de Mgr Yves Patenôtre, de Mgr Vincenzo Paglia.
Le Catholicos Karekine II était aussi présent, ainsi que le pasteur Jean-Arnold de Clermont, Mgr Emmanuel Adamakis, métropolite de France, Mgr Filaret, métropolite de Minsk, le révérend RowlanD Williams, archevêque de Canterbury, le révérend Sunday C. Mbang et le révérend Keith Clements. Mais aussi Le grand rabbin d'Israël, Yona Metzger, et le grand rabbin René Samuel Sirat, Docteur Ezzedin Ibrahim, conseiller culturel du Président des Emirats Arabes Unis, et S. E. Ahmad Al-Tayyb, recteur de l'université d'Al-Hazar.
Parmi les hommes politiques, on notait la présence de Simone Weil, Nicolas Sarkozy, Jean Daniel, Mario Soares, Régis Debray et Bernard Kouchner.
Cette rencontre n'a pu passer inaperçue… Elle s'est déroulée dans l'esprit d'Assise de 1986 et sous les couleurs arc-en-ciel du " New Age ".
Dans l'esprit d'Assise.
C'est ainsi que Mgr Barbarin présentait cette rencontre à la Presse.
"La ville de Lyon connaît une longue tradition historique de dialogue œcuménique et interreligieux. Lorsque Sant'Egidio a proposé d'organiser le prochain rassemblement à Lyon, j'ai éprouvé une grande joie. Ce sera la première fois qu'un tel rassemblement aura lieu en France. C'est de Lyon en 1986, que Jean-Paul II avait annoncé la rencontre d'Assise, et depuis, Sant'Egidio s'est donné comme objectif de poursuivre l'"esprit d'Assise ".
Propos recueillis par Vincent Feroldi

"Les rencontres interreligieuses nées au lendemain de celle convoquée par Jean Paul II à Assise en 1986 se tiennent une fois sur deux en Italie et, l'autre fois, dans une métropole européenne. Au bout de tant d'années, il était bien naturel qu'elle vienne enfin en France...

L'esprit des rencontres " Hommes et religions " est celui d'Assise. Il peut parler aux gens de notre temps, par-delà les frontières de confessions, de générations ou de cultures. Sant'Egidio a un vrai charisme pour faire vivre un tel esprit en suscitant et en confrontant tant de paroles de liberté sur les sujets de religion et de société. Ils ont trouvé le ton juste pour rendre compte de ce que les hommes vivent de joies, d'espérances et de souffrances... Il s'agit d'aller là où la charité du Christ doit se porter aujourd'hui, et de rassembler tous les serviteurs de la miséricorde de Dieu : tous doivent s'écouter, tous doivent se comprendre.
J'attends de la première édition françaises d'" Hommes et religions ", dans un an, qu'elle nous aide à cultiver un art de vivre ensemble et à montrer que les croyants peuvent être bâtisseurs de la société et serviteurs de la paix. Cette rencontre de responsables spirituels, politiques et intellectuels de tous horizons, doit permettre aussi une ouverture de nos esprits. Même si une telle manifestation ne transforme pas le monde d'un coup de baguette magique ! J'espère seulement que la vue de ces hommes et femmes de Dieu, d'accord pour condamner toute violence et d'abord celle qui prend la religion pour prétexte, pourra toucher des gens, en France et au-delà".
Propos recueillis par Michel Kubler,
La Croix du 8 septembre 2005

Pour savoir ce qu'est " la journée d'Assise " et " l'esprit d'Assise ", je ne peux que vous encourager à lire la belle étude de " SiSi NoNo "-" Courier de Rome " dans leur livre " l'oecuménisme ". (Courrier de Rome)

Sous le signe des couleurs d'arc-en-ciel du " New Age ".

Le " logo " suffit à le prouver…

Le thème de la rencontre de l'an dernier à Milan pourrait aussi en donner une preuve : " le courage d'un nouvel humanisme ".

 

Le discours de M Nicolas Sarkozy

C'est ainsi dans une telle " ambiance " de " confusion des religions ", - une vraie tour de Babel…on en connaît la finalité - que M Nicolas Sarkozy prononça son discours.
Un discours peut-être historique ? Certainement fondamental. Un discours " programme "… Il reprend les grandes idées de son livre sur la " Laïcité ". Il eut mieux valu l'intituler : le " laïcisme ".
Il ne semble pas que ce discours fut l'objet, pendant ou après, de critiques de la part des prélats français présents…Du moins, on ne l'a pas appris… Radio Vatican, selon l'Agence Zénith, aurait même présenté le discours du ministre d'Etat d'une façon plutôt " sympathique " : " Défenseur de la laïcité française, qui, affirme le ministre, n'est pas ennemie des religions, Sarkozy rappelle son propre engagement en faveur d'une représentation reconnue de l'Islam français ". Cela va bien dans le thème de la journée… " Les religions sont la clef nécessaire aux hommes pour trouver un sens à leur existence ". Cela suffit, semble-t-il, pour séduire Radio Vatican…
Que faut-il penser de ce discours ?
Voici d'abord le texte intégral de l'allocution de M. Nicolas Sarkozy, Ministre d'Etat.

Je souligne seulement les passages qui me paraissent les plus intéressants.

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les représentants des grandes religions,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames, Messieurs, chers amis,

Je suis heureux et très honoré d'être parmi vous aujourd'hui pour ouvrir les 19ème rencontres internationales pour la paix, qui se tiennent pour la première fois en France. A ceux qui ne sont pas français, permettez-moi de souhaiter d'abord la bienvenue dans notre pays.

***

La France célèbre cette année le centième anniversaire de sa loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat, aussi appelée loi de 1905. C'est une loi originale, plutôt rare dans le monde, souvent mal comprise. Le contexte de son élaboration, marqué par un conflit de pouvoir entre l'Etat et l'Eglise catholique, puis les conditions de sa mise en œuvre, ont assombri sa naissance et relégué à l'arrière-plan la puissance de son texte. C'est un texte pourtant équilibré, qui garantit dans un même article, dans une même affirmation, la liberté de conscience et la liberté de culte.

Contrairement à l'image qu'elle a héritée de son histoire mouvementée, la laïcité à la française n'est pas l'ennemie des religions. Elle est une construction politique, juridique et humaine, qui s'efforce de concilier le droit de tout individu de pratiquer un culte et l'interdiction faite à tous de méconnaître ce bien si cher qu'est la liberté de conscience. Elle organise une coexistence pacifique de toutes les religions, grâce à l'égalité des droits, à l'égalité des dignités, à la neutralité de l'Etat, à la liberté de croire et de pratiquer ainsi qu'à celle de ne pas croire.

La loi récente relative aux conditions dans lesquelles les élèves des établissements scolaires peuvent porter des signes religieux est le prolongement de cet édifice. Elle prévoit que les enfants peuvent porter un symbole de leur foi, mais que celui-ci doit rester suffisamment discret pour ne pas provoquer, choquer ou diviser. Je n'étais pas favorable à ce que ce soit une loi qui édicte une telle règle, car je pensais que le dialogue était préférable pour atteindre le même résultat. Je suis en revanche fermement convaincu que l'école doit faire grandir nos enfants dès le plus jeune âge dans un esprit de tolérance envers ceux qui croient et de respect envers ceux qui ne croient pas et que la règle retenue est donc la bonne.

Depuis la fin de la première guerre mondiale et la réconciliation entre les pouvoirs publics et l'Eglise catholique autour d'une interprétation moins rigide de la loi de séparation, la laïcité est unanimement reconnue comme un des piliers de la démocratie française, une condition de son équilibre, un facteur de paix entre les citoyens. La laïcité n'est pas le seul modèle de coexistence pacifique de plusieurs religions et de l'incroyance dans un pays démocratique. Mais, dans notre pays, où les conflits internes ont souvent un caractère passionnel et laissent des traces profondes, elle constitue aujourd'hui un point d'équilibre consensuel. Toutes les religions de notre pays lui sont profondément attachées, leurs représentants qui sont ici peuvent en témoigner.

C'est la raison pour laquelle, dans un ouvrage récent, et à la lumière de mon expérience de ministre des cultes, j'ai plaidé pour que la place de l'islam en France soit davantage reconnue. Lorsque la loi de 1905 a été adoptée, il n'y avait pas de musulmans en France. Il y en a aujourd'hui cinq millions. L'Etat a le devoir de permettre à ces croyants de prier et de pratiquer leur culte dans les mêmes conditions de dignité et de droit que les croyants des religions plus anciennes, qui bénéficient par exemple des édifices cultuels dont la France s'est couverte tout au long de son histoire.

Je propose qu'à la lettre du texte de 1905, nous préférions son esprit. La question de la présence d'une nouvelle religion en France ne se posait pas en 1905. Elle se pose aujourd'hui. C'est le fondement même de la laïcité qui est en jeu si nous n'adaptons pas notre pays à la réalité d'une présence musulmane importante en France. C'est possible et c'est nécessaire, tout en respectant les grands équilibres de la laïcité française.

De même, j'ai œuvré de toutes mes forces pour que l'islam de France se dote d'un conseil représentatif avec lequel l'Etat puisse discuter, comme c'est le cas de toutes les autres grandes religions. Le Conseil français du culte musulman est également une instance nécessaire au dialogue inter-religieux, une préoccupation qui est au cœur de vos rencontres annuelles.

Dans le Conseil français du culte musulman, tous les courants de l'islam de France sont représentés, y compris ceux dont les positions sont fondamentalistes, sans être pour autant intégristes. Les fondamentalistes sont à mon sens ceux qui veulent vivre leur foi de manière fondamentale, c'est-à-dire en pratiquant de la manière la plus rigoureuse possible les prescriptions de leur religion. C'est un désir naturel tant il est vrai que les convictions religieuses touchent le cœur de la personne humaine. Il n'y a rien de plus normal, pour celui qui croit, que de mettre toute sa vie en adéquation avec sa foi, en tout cas d'essayer. Vivre dans un monastère catholique est une forme de fondamentalisme. L'intégrisme consiste en revanche à imposer les prescriptions de sa croyance aux autres, ce qui est différent. Il doit être condamné.

Cette décision d'intégrer les fondamentalistes au conseil représentatif de l'islam de France a été critiquée. On a raillé ma naïveté ou l'on a dénoncé une complaisance excessive avec des courants de l'islam dont les positions ne sont pas toujours claires au regard de la séparation entre le temporel et le spirituel, de la liberté de conscience ou de l'égalité entre l'homme et la femme. Ma conviction, et je sais qu'elle n'est pas étrangère aux préoccupations de votre assemblée, est que l'ouverture et le dialogue sont beaucoup plus à même d'aider les fondamentalistes à clarifier leur position, plutôt que l'exclusion qui mène à la radicalisation.

Si nous devons regretter les brutalités de sa mise en œuvre, c'est un fait que la loi de 1905 a eu sur l'Eglise catholique une influence utile. Elle l'a aidée à repenser l'articulation entre la Révélation chrétienne et l'histoire humaine, et à admettre le pluralisme comme un processus historique pas nécessairement inconciliable avec le projet de Dieu sur l'homme. De la même manière, je pense que l'inscription de l'islam dans le contexte cultuel français, où les religions sont séparées de l'Etat et se respectent entre elles, peut constituer, pour tout le monde musulman, un exemple de ce que l'islam peut s'intégrer dans une société démocratique, pluraliste et sécularisée, sans renier pour autant la profondeur de ses convictions.
***

Le fondement de mon action et de mes propositions n'est pas seulement juridique. Je ne cherche pas uniquement à établir une égalité parfaite, formelle et réelle, entre les différentes religions de France. Le but principal de mon engagement est de convaincre mes compatriotes qu'il n'y a pas de solution aux difficultés d'intégration et d'harmonie sociale que nous connaissons, si nous n'aidons pas les musulmans de France à se construire une identité, dans ce pays tout à la fois de tradition judéo-chrétienne et profondément laïcisé.

Cette identité passe par le respect de la dignité de chacun, en particulier par la lutte contre les discriminations. Elle passe par la promotion sociale, tant il vrai qu'une identité humiliée est une identité radicalisée. Elle passe par la possibilité de pratiquer sa religion dans des conditions dignes, respectées, naturelles.

Le progrès technique, l'amélioration des conditions générales de vie, la démocratisation, l'émergence d'une société du savoir, n'ont pas aboli le besoin fondamental de l'homme d'espérer. D'une certaine manière, ils l'ont même consolidé ou réactualisé.

Après la barbarie des deux conflits mondiaux et l'effondrement du bloc communiste, les hommes et les femmes de notre temps ont pu croire que l'humanité allait enfin converger vers un monde de paix et de respect mutuel. En réalité, il n'en a rien été. Ce que les hommes ont gagné en liberté et en prospérité, ils l'ont perdu en prévisibilité et en simplicité d'analyse de l'histoire. Les conflits se sont multipliés tandis que les facilités de circulation des capitaux, des personnes et des biens ébranlent la hiérarchie traditionnelle des puissances et brouillent celle des priorités.

La mondialisation économique soumet les territoires à une obligation de compétitivité. La croissance de la richesse mondiale augmente. Mais la pertinence de sa répartition n'apparaît pas avec évidence. Dans les pays émergents, les inégalités sont considérables et les performances économiques de certaines zones cohabitent avec des situations de pauvreté extrême. Dans les pays occidentaux, la mondialisation ébranle des secteurs entiers de l'économie et hypothèque le sort des travailleurs les moins qualifiés. L'Afrique semble pour sa part s'être arrêtée sur la montre du temps.

Aujourd'hui, les hommes et les femmes voient bien que la prospérité matérielle ne suffit pas à satisfaire les aspirations profondes de l'homme. Elle n'est d'aucun secours pour distinguer le bien du mal. Elle ne donne pas de sens à l'existence. Elle ne répond pas aux questions fondamentales de l'être humain : pourquoi y a-t-il une vie et quel est le sens de la mort ? Même la liberté et la démocratie ne donnent pas de réponse.

Les sociétés, notamment occidentales, sont entrées dans cette époque curieuse d'une frénésie croissante de biens matériels toujours plus sophistiqués et, en même temps, d'un immense besoin de croyances surnaturelles sur lesquelles fonder une espérance et une identité. La mondialisation uniformise les conditions de production, les modes de vie et peut-être les cultures. Elle ne répond pas au besoin de sens.

***

C'est pourquoi, et nous le voyons tous les jours, les religions jouent un rôle déterminant dans cette réorganisation du monde, des sociétés, des idées. Elles qui sont, par nature, transnationales, elles peuvent aider les hommes à trouver un sens à leur existence indépendamment des frontières ou des identités nationales, ou en complément de celles-ci.

Mais elles sont aussi la proie des amalgames et des extrémismes. La religion est instrumentalisée par tous ceux qui rejettent, parce qu'ils les craignent, la multiplication des échanges, la circulation des idées, le mélange des cultures. Ce n'est pas un phénomène nouveau. Toutes les religions ont été et sont menacées par le risque de l'intégrisme et de l'intolérance, même si, aujourd'hui, l'une d'entre elles est particulièrement concernée. En ce jour où nous célébrons le quatrième anniversaire des attentats du 11 septembre, comment ne pas songer à l'extrême gravité des événements qui se sont produits à New York, en Egypte, en Indonésie, au Maroc, à Istanbul, à Madrid, à Londres et en bien d'autres endroits encore ?

Les démocraties sont ébranlées, parce qu'elles sont fondées sur le respect des croyances, la garantie des libertés individuelles et la confiance dans l'Etat pour assurer la sécurité de tous. Mais les religions le sont également, et plus encore les croyants. Ils peuvent se radicaliser à leur tour ou être victimes d'amalgames, comme on l'a vu par exemple à la suite des attentats de Londres. Le discrédit que jette le terrorisme sur les religions peut priver les hommes des raisons d'espérer ou les conduire à se réfugier dans des croyances nouvelles, peu structurées.

Des rencontres inter-religieuses comme celle qui s'ouvre aujourd'hui sont déterminantes pour résister aux amalgames, répondre aux inquiétudes, promouvoir la paix. C'est un progrès capital du vingtième siècle que d'avoir ouvert les portes du dialogue entre les religions. Force est de reconnaître qu'il n'y en a pas eu beaucoup d'autres. Je tiens à convoquer ici la mémoire de Jean-Paul II dont le rôle en la matière a été, une fois encore, déterminant.

Ma conviction, c'est que les religions ont entre elles beaucoup plus de choses qui les rassemblent que de choses qui les divisent. Les grandes religions de l'humanité délivrent au fond un message homogène : la vie humaine doit être protégée parce qu'elle a quelque chose à voir avec l'existence de Dieu ; le bien-être matériel ne suffit pas au bonheur humain ; la mort n'est pas la fin de toute vie. Il ne s'agit pas de faire du syncrétisme. Il s'agit de reconnaître cette évidence que les grandes religions convergent finalement vers un noyau dur de croyances fondamentales qui répondent aux aspirations humaines.

C'est pourquoi les grandes religions peuvent satisfaire le besoin d'identité et de sens sans provoquer l'intolérance. Elles peuvent favoriser le dialogue entre les cultures et les croyances sans craindre le relativisme. Elles peuvent et elles doivent se rassembler pour rappeler au monde que la prospérité économique n'a aucun sens si elle se fait aux dépens du bonheur de l'homme.

Nous résisterons au choc des civilisations car toutes les religions et tous les courants de pensée philosophique peuvent s'unir dans une même affirmation, à laquelle je crois profondément : il n'y a qu'une civilisation, la civilisation humaine. C'est un motif d'espérance pour notre temps.

***

Mesdames et Messieurs, le choix de la ville de Lyon pour organiser ces 19èmes rencontres internationales pour la paix est un bon choix. Lyon a en effet une place particulière pour la France des religions et des croyants. C'est à Lyon qu'est née la première communauté chrétienne. C'est à Lyon que Frédéric Ozanam a créé le catholicisme social. Plus récemment, Lyon a accueilli la construction d'une grande Mosquée, à laquelle se sont associées sans arrière-pensée l'Eglise catholique, l'Eglise réformée, l'Eglise apostolique arménienne et la communauté juive, offrant à la Nation toute entière un remarquable exemple de tolérance et de dialogue entre les religions. Comment ne pas évoquer aussi le martyre du peuple juif, auquel la communauté lyonnaise a payé un lourd tribut, et l'unification de la Résistance contre la barbarie nazie ?

Chaque année, le 8 décembre, d'innombrables bougies illuminent la ville en souvenir de sa dévotion mariale et rassemblent des milliers de personnes de toute origine et de toute croyance. Elles brilleront cette année avec une pensée particulière pour la communauté de Sant'Egidio et son œuvre de paix, de dialogue, de prière, d'éducation, d'aide aux plus démunis.

Je souhaite que vos travaux soient le plus fructueux possible, car le courage, l'humanisme et la paix sont assurément ce dont le monde aura toujours le plus besoin.
ZF05091209


Quelques réflexions


" Le contexte de son élaboration (de la loi de 1905) (fut), dit-il, marqué par un conflit de pouvoir entre l'Etat et l'Eglise catholique ",

Comme il présente les choses !

Parler à propos de la loi de 1905 de simple " conflit de pouvoir entre L'Etat et l'Eglise ", c'est se moquer de l'histoire.
Non !
Comme l'écrit Jean Madiran dans son récent livre : " La laïcité dans l'Eglise ", " la loi 1905 a été votée dans une intention de haine du catholicisme. Elle est " une loi de victoire, écrit-il, et d'oppression " (p. 46). L'Eglise, en cette affaire de la laïcité qui est la conquête et la revendication de la République de son indépendance absolue vis-à-vis de Dieu et de sa Loi naturelle et surnaturelle, n'a voulu que défendre la vérité : à savoir que la laïcité de l'Etat est de rendre à " César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ". Elle respecte l'autonomie politique du pouvoir temporel. Mais elle demande à l'Etat de respecter de son côté la souveraineté de Dieu. Car l'Etat aussi est soumis à Dieu. Ce que le pouvoir républicain refuse.
On voit de quel côté se trouvent le conflit et la puissance belliqueuse.

N'oubliez pas l'histoire, M Nicolas Sarkozy.

" La loi de 1905 a été votée par une majorité républicaine dans une intention et un climat de haine du catholicisme. Elle ne faisait d'ailleurs que venir compléter et couronne, nous dit Jean Madiran, toute une série de " lois laïques " : " elle n'est que l'aboutissement et l'achèvement d'une œuvre de laïcisation entamée vingt-cinq ans plus tôt, avec l'arrivée au pouvoir des républicains après la crise du 1er mai 1877 et l'échec d'un gouvernement d'ordre moral " (Emile Poulat, Notre laïcité publique. p. 87). C'était la victoire de la grande offensive anti-catholique qui avait pour cri de ralliement : " le cléricalisme, voilà l'ennemi ", selon le slogan lancé par Gambetta à la Chambre des députés, le 4 mai 1877. (Autrement dit : " le catholicisme "). Les jésuites avaient été dissous, comme congrégation non autorisée, par un décret de 1880, les congréganistes avaient été exclus de l'enseignement public en 1886, puis interdits de tout enseignement en 1904 ; les assomptionnistes étaient dissous depuis 1900 ; la loi de 1905 est une sorte de conclusion ; une conclusion victorieuse. L'offensive anticatholique a grosso modo obtenu l'essentiel de ce qu'elle voulait : l'Eglise virtuellement expulsée de la vie publique " (p ; 45-46)

Voilà ce que fut la laïcité républicaine. Voilà ce qu'elle est encore.

C'est bien ce que disait le 2 juin 2004, sur le perron de l'Elysée, en réponse à la question d'un journaliste, le président Chirac : " Sur la référence aux origines chrétiennes que je respecte, dit-il, et que naturellement je n'ignore pas, je rappelle qu'en France, après les longs débats, nous avons acquis la paix en ce domaine à partir de l'affirmation de la laïcité qui exclut toute référence religieuse dans les textes officiels ".
(Cité par Jean Madiran p. 35)

Il ne faut tout de même pas oublier que " la loi de 1905, couronnement de toutes les mesures anti-catholiques qui l'avaient précédée et préparée depuis 1879-1880, a été l'œuvre d'opportunistes " sans religion, comme Aristide Briand et Maurice Rouvier, sous la pression du Grand Orient et de " radicaux " comme Emile Combes, Georges Clemenceau, Jean Jaurès, Ferdinand Buisson, René Viviani.

D'hommes sans religion ? Oui

" Le gouvernement de Waldeck-Rousseau (juin 1899-juin 1902), avait parachevé le dispositif légal supprimant et spoliant les congrégations religieuses, tout en promettant de ne l'appliquer qu'avec modération. Son successeur, le gouvernement Combes, considéra naturellement qu'il n'était pas tenu par cette promesse. D'ailleurs Waldeck-Rousseau le " modéré " était lui-même profondément hostile aux valeurs chrétiennes : " Par le vœu de pauvreté, professait-il, on se détache absolument de ces intérêts considérés comme vulgaires qui consistent à être propriétaires, en d'autres termes à travailler à la prospérité de son pays. Par le vœu de chasteté on se débarrasse du souci d'avoir une famille et de vivre pour elle. Par le vœu d'obéissance on se dépouille de toute personnalité humaine, on se donne soi-même à Dieu, dans la personne d'un autre ".

Emile Combes, qui lui succède à la tête du gouvernement (mai 1902-janvier 1905) pense la même chose, mais avec plus de virulence idéologique et sectaire. Il estime comme Ferdinand Buisson que les congrégations religieuses sont des " associations d'asservissement spirituel ". Il l'exprime à sa manière : " Le congréganiste est le membre d'une association religieuse qui a perdu, en y entrant, avec sa propre liberté, la liberté de se réclamer des facultés reconnues aux citoyens, aux membres de la société civile. En émettant ses vœux, le congréganiste est sorti de la société " " C'est l'esprit des temps anciens, l'esprit de la réaction qui les a fait surgir des débris du vieux monde comme une négation vivante des principes fondamentaux de la société moderne. C'est l'esprit de la société moderne, l'esprit de la Révolution qui doit les rendre pour jamais à un passé définitivement condamné par les doctrines et les mœurs de la démocratie "

Georges Clemenceau (qui ne prendra la tête du gouvernement qu'en octobre 1906) n'a cessé de pousser à la rupture et à la séparation. D'ailleurs la séparation de l'Eglise et de l'Etat est inscrite depuis le début de la IIIe République au programme du parti républicain. Elle avait déjà fait l'objet d'un demi-douzaine de propositions de loi entre 1881 et 1897, leur nombre et la pression en ce sens augmentent tellement à partir de 1898 qu'une commission parlementaire est instituée pour étudier la question. Elle a Ferdinand Buisson pour président et Aristide Briand pour rapporteur. Elle y travaille de juin 1903 à juillet 1904 sans grand résultat. Le 30 mai 1904, le gouvernement Combes rompt les relations diplomatiques de la France avec le Saint-Siège. Par delà des incidents plus ou moins graves, l'idéologie dominante est celle qu'énonce Clemenceau : " Nous voulons rompre avec Rome parce que nous représentons les droits de l'homme que Rome remplace par les droits de Dieu. " " Si vous voulez faire une loi qui ne soit pas en contradiction avec les règles générales de l'Eglise romaine, elle sera en contradiction avec les règles générales de la démocratie. Il faut choisir entre les droits de Dieu et les droits de l'homme ".

Quel est le catholique, ayant l'intelligence de sa foi, qui pourrait accepter une telle loi, un tel principe, un tel idéal ?

" Viviani, l'homme d'Etat qui croyait que la République laïque avait " éteint au ciel des étoiles qui ne se rallumeront plus ", l'avait lui aussi exigé : " Il s'agit de savoir qui l'emportera, de la société fondée sur la volonté de l'homme ou de la société fondée sur la volonté de Dieu ".

Voilà, clairement exprimés, les fondements de la laïcité républicaine qui n'est rien d'autre que le " laïcisme ", " laïcisme " toujours condamné par l'Eglise.

Qui a mené le conflit ? M Nicolas Sarkozy.

Et Jaurès, exemple auquel Mgr Claude Dagens se référa quand allait venir au parlement en 2004, la discussion de la nouvelle loi sur la laïcité : " Je souhaiterais, disait l'évêque d'Angoulême, qu'à l'Assemblée se lèvent des hommes politiques dignes de Briand et de Jaurès ".Négligeons le tristement célèbre Aristide Briand, représentatif jusqu'à la caricature de l'opportuniste sans foi ni loi. Retenons que Jaurès saluait la loi de 1905 : " Le grand crime collectif commis par l'Eglise contre la vérité, contre l'humanité, contre le droit et contre la République va recevoir enfin son juste salaire. "

On le voit : ce conflit est même odieux

Jean Jaurès comptait sur la tolérance et sur la liberté (à sens unique) pour " faire triompher la libre pensée " (c'est-à-dire l'incroyance) par la vertu conquérante des dogmes (sic) révolutionnaires ".

Ferdinand Buisson voyait plus juste en disant : " Nous avons laïcisé la morale et l'éducation, il reste à laïciser la religion ".

Jean Madiran a raison de conclure :

" Plutôt que de détruire l'Eglise, la " laïciser " demeure le dessein de la laïcité républicaine ". (p. 104-109)

C'est chose faite, du moins pour l'Eglise " qui est en France ". Nous le verrons plus loin.

Et surtout n'oublions pas qu'" avec la laïcité républicaine, nous ne sommes pas en présence d'un monde qui ne comprend pas la religion chrétienne, écrit encore Jean Madiran, nous sommes en présence non d'une infirmité de l'intelligence mais d'un refus de la volonté…Ce sont les refus d'une volonté de puissance fondée sur rien d'autre qu'elle-même et ne reconnaissant aucun obstacle ni aucune limite, (ni Dieu ni maître), à la suite du premier non serviam. (p. 93-94)

Voilà ce qu'est la laïcité. N'est-ce pas là la pire des guerres, elle est totale et absolue contre Dieu et son Christ.

Et si l'on veut encore prouver cette vérité, on peut en analyser le concept.

Le concept de " laïcité "

Jean Madiran a un chapitre dans son livre " la laïcité dans l'Eglise " absolument merveilleux sur ce sujet.

C'est son premier chapitre : " Le sens usuel d'un mot à double sens ". Retenons son analyse.

" Renan donne de la laïcité une définition…dans son discours pour la réception de Pasteur à l'Académie, le 27 avril 1883.
Parmi les faits prépondérants de l'époque il désigne : " …le progrès continu de la laïcité, c'est-à-dire de l'Etat neutre entre les religions, tolérant pour tous les cultes… ".

C'est bien aussi la pensée de Sarkozy : c'est au seul titre de la tolérance qu'il justifie la présence sur notre sol des diverses religions et tout particulièrement aujourd'hui, la présence de l'Islam. Toutes ont droit à s'étendre et se développer, quelles soient vraies ou fausses, bonnes ou méchantes. On ne veut absolument plus entendre la doctrine catholique faisant la distinction entre la liberté de la Religion vraie, la religion catholique d'avec la tolérance des religions. Et pourquoi ? Parce qu'on refuse le vrai, et que, de toutes façons, on veut se dresser contre l'ordre divin. Il faut que Dieu ne possède plus rien de ce qu'Il a créé. C'est très net dans l'exposé de M Nicolas Sarkozy… Jamais vous ne l'entendez prononcer le mot " vérité ". Il développe uniquement la thèse de " l'humanisme ". L'homme, son bonheur, son bien-être est au cœur de son système… Et si Dieu et les religions y sont présentes, ce n'est que pour satisfaire une aspiration subjective et refermée sur elle-même…Il n' y a aucune transcendance dans sa pensée. Tout s'organise autour du sentiment religieux inhérent à toute personne humaine... sans jamais chercher à savoir si Dieu s'est révélé en NSJC, s'il y a une religion vraie et d'autres fausses…lesquelles sont " tolérées " eu égard au seul bien commun à promouvoir. Sarkozy ne veut plus de la vérité transcendante et de son cortège de biens sociaux. Il ne veut plus en conséquence du Magistère de l'Eglise qui enseigne avec certitude le vrai. Qu'il se taise. Il est " intégriste ". " L'intégrisme consiste, dit-il, à imposer les prescriptions de sa croyance aux autres, ce qui est différent. Il doit être condamné ".

Comme l'écrivait Mgr Lefebvre dans un article d'Itinéraires de Juillet-Août 1965 qu'il me plait de citer tout au long : " Le Magistère de l'Eglise est sa raison d'être et la raison d'être du Magistère est la certitude de posséder la Vérité. Or la vérité est de soi intolérante, vis-à-vis de l'erreur, comme la santé est opposée à la maladie. Le Magistère ne peut admettre le droit à la Liberté religieuse, même s'il la tolère. Dieu en effet n'a pas laissé à l'homme le droit de choisir sa religion, mais seulement la malheureuse possibilité, qui est une faiblesse de la liberté humaine. On reproche à l'Eglise de réclamer la liberté religieuse lorsqu'elle est en minorité et de la refuser lorsqu'elle est en majorité. La réponse est aisée.
La Vérité est source du bien, de la vertu, de la justice, de la paix. Là où est la vérité, ces bienfaits se manifestent dans la société. L'Eglise demande que l'on reconnaisse qu'elle apporte ces biens précieux pour les Etats et qu'en conséquence on lui accorde la liberté de les dispenser. Les hommes d'Etat sensés et soucieux du bien de leurs concitoyens admettent volontiers la valeur des bienfaits culturels et sociaux apportés par l'Eglise catholique et lui accordent aisément une liberté qu'ils refusent parfois aux autres.

L'Eglise est en droit de demander cette liberté d'existence et d'actions parce qu'elle apporte avec elle les dons précieux qui découlent de la Vérité dont elle est seule détentrice d'une manière totale. Toute l'histoire contemporaine des Missions montre cette situation privilégiée de l'Eglise catholique qui fait fleurir les vertus familiales et sociales en ses membres…Quand l'Eglise est majoritaire, elle doit à la Vérité et au bien des peuples de dispenser la bonne doctrine et de répandre ainsi tous les bienfaits qui découlent de la Vérité auprès des citoyens, les mettant à l'abri de l'erreur et des vices qui l'accompagnent. C'est vivre dans l'abstraction, dans l'irréel, que de raisonner de la Vérité sans faire allusion au bien qui lui est inséparablement uni, de même que le mal et le vice sont inséparablement unis à l'erreur. Il est plus aisé de reconnaître que seul le bien a des droits et que le mal n'en a pas. Or ce qui s'affirme du bien doit se dire de même de la vérité. " Ens, verum et bonum convertuntur ", ce que l'on affirme de l'Etre peut se dire du Vrai et peut se dire du Bien et inversement, ces trois réalités ne sont Qu'une seule et même chose " (Itinéraires Juillet Août 1965)

Sarkozy est contre cet enseignement !

Rappelons quelques citations de Sarkozy.

Celle-ci, par exemple : " Contrairement à l'image qu'elle a héritée de son histoire mouvementée, la laïcité à la française n'est pas l'ennemie des religions. Elle est une construction politique, juridique et humaine, qui s'efforce de concilier le droit de tout individu de pratiquer un culte et l'interdiction faite à tous de méconnaître ce bien si cher qu'est la liberté de conscience. Elle organise une coexistence pacifique de toutes les religions, grâce à l'égalité des droits, à l'égalité des dignités, à la neutralité de l'Etat, à la liberté de croire et de pratiquer ainsi qu'à celle de ne pas croire ".

Celle-là, encore : La laïcité n'est pas le seul modèle de coexistence pacifique de plusieurs religions et de l'incroyance dans un pays démocratique. Mais, dans notre pays, où les conflits internes ont souvent un caractère passionnel et laissent des traces profondes, elle constitue aujourd'hui un point d'équilibre consensuel "

Ou encore : L'Etat a le devoir de permettre à ces croyants de prier et de pratiquer leur culte dans les mêmes conditions de dignité et de droit que les croyants des religions plus anciennes, qui bénéficient par exemple des édifices cultuels dont la France s'est couverte tout au long de son histoire.

Ainsi pour les nigauds, pour les électeurs, et peut être pour ce parterre d'ecclésiastiques séduits, les 11 et 13 septembre dernier, à Lyon, la neutralité religieuse de l'Etat et sa tolérance présenteront avec un sourire l'aimable visage d'une laïcité ouverte, paisible et conciliante. Et l'on s'en tiendra là : pas de dispute, pas d'affrontement, neutralité, tolérance, tranquillité ".

C'est ce qu'expose tout au long de son discours, Sarkozy, lorsqu'il dit par exemple : Si nous devons regretter les brutalités de sa mise en œuvre, c'est un fait que la loi de 1905 a eu sur l'Eglise catholique une influence utile. Elle l'a aidée à repenser l'articulation entre la Révélation chrétienne et l'histoire humaine, et à admettre le pluralisme comme un processus historique pas nécessairement inconciliable avec le projet de Dieu sur l'homme. De la même manière, je pense que l'inscription de l'islam dans le contexte cultuel français, où les religions sont séparées de l'Etat et se respectent entre elles, peut constituer, pour tout le monde musulman, un exemple de ce que l'islam peut s'intégrer dans une société démocratique, pluraliste et sécularisée, sans renier pour autant la profondeur de ses convictions.

Mais revenons à notre Renan. Après avoir dit que la laïcité c'est " …L'Etat neutre entre les religions, tolérant pour tous les cultes… ", Il poursuit en écrivant " …et forçant l'Eglise à lui obéir sur ce point capital ", de tolérance.

" Ce point est en effet capital. Pourquoi la laïcité devient-elle tout à coup un évident abus de pouvoir, l'Etat forçant l'Eglise à lui obéir ? Il s'agissait de faire que l'Etat soit " neutre " et " tolérant ". Si quelqu'un doit éventuellement y être forcé, c'est l'Etat. Et c'est bien ce que l'on nous répète depuis un siècle ; pas d'Etat confessionnel, pas d'Etat favorisant une religion plutôt qu'une autre, un Etat neutre et tolérant, qui laisse à chaque religion, et bien sûr à l'Eglise, son entière liberté ".

C'est bien ce que développe Sarkozy…Les phrases de son discours citées plus haut le prouve surabondamment.

" Pour réaliser ce programme laïque, on n'a pas besoin de contraindre l'Eglise d'y donner son approbation et sa bénédiction. L'Eglise est ce qu'elle est, à l'écart de l'Etat, séparée de l'Etat et l'Etat, séparé de l'Eglise, met en œuvre de son côté sa conception politique de la tolérance et de la neutralité ".
Non cela ne suffit pas. " La laïcité veut davantage. Elle ne se contente pas d'avoir un Etat séparé, déclaré neutre et tolérant. Elle veut que cet Etat, au nom de la tolérance et de la neutralité, force l'Eglise à lui obéir en cette tolérance

C'est ce que professe justement Sarkozy lorsqu'il affirme : " Vivre dans un monastère catholique est une forme de fondamentalisme. L'intégrisme consiste en revanche à imposer les prescriptions de sa croyance aux autres, ce qui est différent. Il doit être condamné ".

Il faut mesurer à sa triste valeur cette déclaration de Sarkozy. Elle est au principe de tout totalitarisme…A la place de mes concitoyens, je me méfierais…En plus d'un caractère fougueux, il a les prémices d'une pensée totalitaire…


Obéir à quoi et pourquoi ? Si elle est séparée de l'Etat, l'Eglise n'a aucun pouvoir de porter atteinte à la neutralité et à la tolérance établies dans l'Etat et par l'Etat.
Mais voilà : l'Eglise peut exprimer un avis différent, voire contraire. Quand elle prêche le " Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu " elle prêche que César lui aussi doit rendre à Dieu ce qui est à Dieu, c'est-à-dire reconnaître et observer la loi de Dieu dans le domaine moral et religieux. "

Mais cela, c'est ce que Sarkozy appelle " l'intégrisme " qui doit être condamné.

" L'intégrisme " consiste " à imposer les prescription de sa croyance aux autres ", fusse à l'Etat. A l'Etat, l'Eglise lui répète sans cesse : " L'Etat doit rendre à Dieu ce qui est à Dieu, c'est-à-dire reconnaître et observer la loi de Dieu dans le domaine moral et religieux. La laïcité républicaine ne supporte pas ce discours. Car la loi fondamentale de la laïcité c'est l'expression de la volonté générale. Et nullement le respect de Dieu.

Mais " L'Eglise, pourtant, n'impose pas une telle reconnaissance ; voudrait-elle l'imposer par la contrainte, elle n'aurait aujourd'hui aucun moyen de le faire. Mais cela ne suffit pas. La laïcité veut qu'elle cesse de le dire, elle veut qu'on force l'Eglise à obéir sur ce point capital, elle veut que l'Eglise se taise à ce sujet ".
Rappeler à l'Etat ses devoirs à l'égard de Dieu et de sa Loi, ce serait de l' " intolérance ". Ce qui doit être condamné.

Du reste la tolérance est la seule loi fondamentale de la laïcité maçonnique. Elle doit être enseignée dès le plus jeune âge, à l'école, nous dit Sarkozy. : " Je suis …fermement convaincu que l'école doit faire grandir nos enfants dès le plus jeune âge dans un esprit de tolérance envers ceux qui croient et de respect envers ceux qui ne croient pas et que la règle retenue est donc la bonne ".

La laïcité veut que l'Eglise cesse de rappeler l'Etat à ses devoirs, elle veut que l'Eglise se taise à ce sujet.

Avouez ! Elle y a réussi. Le discours de Sarkozy qui soutient cette thèse publiquement devant un parterre de clercs - et pas des moindres, des cardinaux, des présidents de Conférence épiscopale, des " Primats " n'a soulevé aucune objection…aucune protestation. Ce public de clercs fut même médusé et admirateur…

" Oui, la laïcité veut que l'Eglise taise deux choses
-que l'Etat, pouvoir politiquement autonome, est cependant soumis à une loi morale qui lui est supérieure, qu'il ne peut ignorer ;
-que l'Eglise catholique est la seule détentrice de la vérité religieuse toute entière.
Et donc qu'au contraire :
-l'Eglise accepte, jusque dans l'ordre moral et dans la définition du bien et du mal, la supériorité de la loi civile, émanation de la souveraine volonté générale (fut- elle contre Dieu et son Christ);
- et que l'Eglise ne prétende plus être la seule à détenir la vérité religieuse intégrale.

La laïcité n'est donc pas seulement une conception politique et sociale. Inséparablement, elle est une conception impérieuse de ce qu'il est permis ou non à l'Eglise d'enseigner à ses fidèles. Ce n'est plus simplement la " laïcité de l'Etat ". C'est une obligatoire laïcité de l'Eglise ".

On ne peut faire pire guerre à l'Eglise que de la contraindre à se taire sur ce qu'elle est et sur son Dieu et Maître, l'auteur de toute vérité. " Je suis la Vérité et la Vie ".

L'épiscopat français

La laïcité républicaine étant ce qu'elle est, on est surpris de voir que l'épiscopat français ne demande pas l'abolition de cette loi. Mieux elle y voit même une " loi de pacification ", comme le dit Sarkozy. Mais pourquoi ce phénomène étrange ? C'est précisément parce que des prélats se sont soumis. Ils se sont soumis à " l'esprit du monde " qui refuse le vrai pour accepter toutes les affirmations, toutes les confessions, au titre de la liberté religieuse, de la liberté de conscience. Ils acceptent cette défaite. Et cela fut confessé haut et fort par le Président de l'Episcopat français, Mgr Ricard, dans son interview du Figaro, le 30 janvier 2004, écrivant : " Toutes les composantes religieuses doivent avoir droit de cité, publiquement, à condition de savoir aussi donner leur place aux autres et de ne pas se mettre en contradiction avec les grands principes de la République ".

Relisons, je vous prie : " la condition pour qu'une religion ait droit à l'existence dans la République française : ne pas se mettre en contradiction avec les grands principes de la République ! Dans l'esprit de la Déclaration de 1789, ils sont tous le produit de l'expression de la volonté générale, certains justes, d'autres faux, et nullement de la loi divine reconnue. Ils ignorent purement et simplement Dieu et sa Loi. C'est l' " humanisme intégral ". On croit rêver. Ces grands principes…Ce sont les " droits de l'homme " sans Dieu., et parmi eux le " droit à l'avortement. Et aussi l'éducation morale des enfants entièrement et sans appel soumise à l'autorité de l'Etat .Demain peut-être, parmi ces " grands principes ", on verra figurer le droit à l'euthanasie, le mariage homosexuel, et Dieu sait quoi encore.

Quelle défaite !