Un regard sur le monde
politique et religieux
au 26 juin 2009
N° 222
Par Monsieur l’abbé Paul Aulagnier
La lettre de Benoît XVI
aux prêtres à l'occasion de l'ouverture
de l'Année Sacerdotale
Le
18 juin 2009, le Saint-Père Benoît XVI a adressé une lettre aux prêtres à
l'occasion de l'ouverture de l'« Année Sacerdotale », proclamée par lui
pour le 150° anniversaire de la mort de Saint Jean Marie Vianney, Curé
d'Ars.
Et il a ouvert solennellement cette année par le chant des Vêpres, le vendredi 19
juin 2009 dans
A- Le sens de l’année sacerdotale selon
Benoît XVI.
« Dans
Se
laisser conquérir pleinement par le Christ ! Tel a été le but de toute la vie
de saint Paul, vers qui nous avons tourné notre attention au cours de l'Année
paulinienne qui touche désormais à son terme ; cela a été l'objectif de tout le
ministère du saint curé d'Ars, que nous invoquerons particulièrement durant
l'Année sacerdotale ; que cela soit aussi l'objectif principal de chacun de
vous. Pour être des ministres au service de l'Evangile, l'étude et une
formation pastorale soignée et permanente est certainement utile et nécessaire,
mais cette «science de l'amour» que l'on n'apprend que dans le «cœur à cœur»
avec le Christ est encore plus nécessaire. En effet, c'est Lui qui nous appelle
pour rompre le pain de son amour, pour remettre les péchés et pour guider le
troupeau en son nom. C'est précisément pour cela que nous ne devons jamais nous
éloigner de la source de l'Amour qui est son Cœur transpercé sur la croix.
Ce
n'est qu'ainsi que nous serons en mesure de coopérer avec efficacité au
mystérieux «dessein du Père» qui consiste à «faire du Christ le cœur du monde»
! Un dessein qui se réalise dans l'histoire, à mesure que Jésus devient le Cœur
des cœurs humains, en commençant par ceux qui sont appelés à être les plus
proches de lui, précisément les prêtres. Les «promesses sacerdotales», que nous
avons prononcées le jour de notre ordination et que nous renouvelons chaque
année, le Jeudi saint, lors de
Il
y a quelques instants, j'ai pu vénérer, dans
(extrait
de l’homélie de Benoît XVI le vendredi 19 juin au Vatican.)
B- Lettre de Benoît XVI aux prêtres.
Chers
Frères dans le sacerdoce,
En la prochaine solennité du Sacré-Cœur de Jésus, vendredi 19 juin 2009 –
journée traditionnellement consacrée à la prière pour la sanctification des
prêtres –, j’ai pensé ouvrir officiellement une « Année sacerdotale » à
l’occasion du 150e anniversaire du « dies natalis » de Jean-Marie
Vianney, le saint patron de tous les curés du monde. Une telle année, qui veut
contribuer à promouvoir un engagement de renouveau intérieur de tous les
prêtres afin de rendre plus incisif et plus vigoureux leur témoignage
évangélique dans le monde d’aujourd’hui, se conclura en la même solennité de
l’année 2010. « Le Sacerdoce, c’est l’amour du cœur de Jésus », avait
coutume de dire le Saint Curé d’Ars . Cette expression touchante nous permet
avant tout d’évoquer avec tendresse et reconnaissance l’immense don que sont
les prêtres non seulement pour l'Église, mais aussi pour l’humanité elle-même.
Je pense à tous ces prêtres qui présentent aux fidèles chrétiens et au monde
entier l’offrande humble et quotidienne des paroles et des gestes du Christ,
s’efforçant de Lui donner leur adhésion par leurs pensées, leur volonté, leurs
sentiments et le style de toute leur existence. Comment ne pas mettre en
évidence leurs labeurs apostoliques, leur service inlassable et caché, leur
charité ouverte à l’universel ? Et que dire de la courageuse fidélité de tant
de prêtres qui, bien que confrontés à des difficultés et à des
incompréhensions, restent fidèles à leur vocation : celle d’« amis du Christ
», qui ont reçu de Lui un appel particulier, ont été choisis et envoyés ?
Je porte moi-même encore vivant dans mon cœur le souvenir du premier curé
auprès de qui j’ai exercé mon ministère de jeune prêtre : il m’a laissé
l’exemple d’un dévouement sans faille à son service pastoral, au point de
trouver la mort alors qu’il allait porter le viatique à un malade grave. Me
viennent encore à la mémoire les innombrables confrères que j’ai rencontrés et
que je continue à rencontrer, même au cours de mes voyages pastoraux en divers
pays ; tous généreusement engagés dans l’exercice quotidien de leur ministère
sacerdotal. Mais l’expression utilisée par le Saint Curé évoque aussi le Cœur
transpercé du Christ et la couronne d’épines qui l’entoure. Et notre pensée se
tourne alors vers les innombrables situations de souffrance dans lesquelles
sont plongés bien des prêtres, soit parce qu’ils participent à l’expérience
humaine de la douleur dans ses multiples manifestations, soit parce qu’ils sont
incompris par ceux qui bénéficient de leur ministère : comment ne pas nous
souvenir de tant de prêtres bafoués dans leur dignité, empêchés d’accomplir
leur mission, parfois même persécutés jusqu’au témoignage suprême du sang ?
Il existe aussi malheureusement des situations, jamais assez déplorées, où
l'Église elle-même souffre de l’infidélité de certains de ses ministres. Et
c’est pour le monde un motif de scandale et de refus. Ce qui, dans de tels cas
peut être surtout profitable pour l'Église, ce n’est pas tant la pointilleuse
révélation des faiblesses de ses ministres, mais plutôt une conscience
renouvelée et joyeuse de la grandeur du don de Dieu, concrétisé dans les figures
splendides de pasteurs généreux, de religieux brûlant d’amour pour Dieu et pour
les âmes, de directeurs spirituels éclairés et patients. A cet égard, les
enseignements et les exemples de saint Jean-Marie Vianney peuvent offrir à tous
un point de référence significatif : le Curé d’Ars était très humble, mais il
avait conscience, comme prêtre, d’être un don immense pour son peuple : « Un
bon pasteur, un pasteur selon le cœur de Dieu, c’est là le plus grand trésor
que le bon Dieu puisse accorder à une paroisse, et un des plus précieux dons de
la miséricorde divine ». Il parlait du sacerdoce comme s’il ne réussissait pas
à se convaincre de la grandeur du don et de la tâche confiés à une créature
humaine : « Oh ! que le prêtre est quelque chose de grand ! s’il se
comprenait, il mourrait… Dieu lui obéit : il dit deux mots et Notre Seigneur
descend du ciel à sa voix et se renferme dans une petite hostie… ». Et,
pour expliquer à ses fidèles l’importance des sacrements, il disait : « Si nous
n’avions pas le sacrement de l’Ordre, nous n’aurions pas Notre-Seigneur. Qui
est-ce qui l’a mis là, dans le tabernacle ? Le prêtre. Qui est-ce qui a reçu
notre âme à son entrée dans la vie ? Le prêtre. Qui la nourrit pour lui donner
la force de faire son pèlerinage ? Le prêtre. Qui la préparera à paraître
devant Dieu, en lavant cette âme pour la dernière fois dans le sang de
Jésus-Christ ? Le prêtre, toujours le prêtre. Et si cette âme vient à mourir [à
cause du péché], qui la ressuscitera, qui lui rendra le calme et la paix ? Encore
le prêtre… Après Dieu, le prêtre c’est tout… Le prêtre ne se comprendra bien
que dans le ciel ». Ces affirmations, jaillies du cœur sacerdotal du saint
curé, peuvent nous sembler excessives. Elles manifestent toutefois en quelle
haute considération il tenait le sacrement du sacerdoce. Il semblait submergé
par le sentiment d’une responsabilité sans bornes : « Si l’on comprenait
bien le prêtre sur la terre, on mourrait non de frayeur, mais d’amour … Sans le
prêtre, la mort et la passion de Notre-Seigneur ne serviraient de rien… C’est
le prêtre qui continue l’œuvre de Rédemption, sur la terre… A quoi servirait
une maison remplie d’or, si vous n’aviez personne pour ouvrir la porte ? Le
prêtre a la clef des trésors célestes : c’est lui qui ouvre la porte ; il est
l’économe du bon Dieu, l’administrateur de ses biens…. Laissez une paroisse
vingt ans sans prêtre : on y adorera les bêtes… Le prêtre n’est pas prêtre pour
lui… il est pour vous ».
Il était arrivé à Ars, un petit village de 230 habitants, prévenu par l’Évêque
qu’il y aurait trouvé une situation religieuse précaire : « Il n’y a pas
beaucoup d’amour de Dieu dans cette paroisse, vous l’y mettrez ». Il était donc
pleinement conscient qu’il devait y aller pour y incarner la présence du
Christ, témoignant de sa tendresse salvifique : « [Mon Dieu], accordez-moi
la conversion de ma paroisse ; je consens à souffrir ce que vous voulez tout le
temps de ma vie ! », c’est par cette prière qu’il commença sa mission. Le Saint
Curé se consacra à la conversion de sa paroisse de toutes ses forces, donnant
la première place dans ses préoccupations à la formation chrétienne du peuple
qui lui était confié. Chers frères dans le Sacerdoce, demandons au Seigneur
Jésus la grâce de pouvoir apprendre nous aussi la méthode pastorale de saint
Jean-Marie Vianney ! Ce que nous devons apprendre en tout premier lieu c’est sa
totale identification à son ministère. En Jésus, Personne et Mission tendent à
coïncider : toute son action salvifique était et est expression de son « Moi
filial » qui, de toute éternité, se tient devant le Père dans une attitude de
soumission pleine d’amour à sa volonté. Dans une humble mais réelle analogie,
le prêtre lui aussi doit tendre à cette identification. Il ne s’agit pas
évidemment d’oublier que l’efficacité substantielle du ministère demeure
indépendante de la sainteté du ministre ; mais on ne peut pas non plus ignorer
l’extraordinaire fécondité produite par la rencontre entre la sainteté
objective du ministère et celle, subjective, du ministre. Le Saint Curé d’Ars
se livra immédiatement à cet humble et patient travail d’harmonisation entre sa
vie de ministre et la sainteté du ministère qui lui était confié, allant
jusqu’à décider d’« habiter » matériellement dans son église paroissiale : « A
peine arrivé, il choisit l’église pour être sa demeure… Il entrait dans
l’église avant l’aube et il n’en sortait qu’après l’Angelus du soir. C’est là
qu’il fallait le chercher si l’on avait besoin de lui », peut-on lire dans
sa première biographie.
La pieuse exagération du dévoué hagiographe ne doit pas nous induire à négliger
le fait que le Saint Curé sut aussi « habiter » activement tout le
territoire de sa paroisse : il rendait visite de manière systématique à tous
les malades et aux familles ; il organisait des missions populaires et des
fêtes patronales ; il recueillait et administrait des dons en argent pour ses
œuvres charitables et missionnaires ; il embellissait son église en la dotant
d’objets sacrés ; il s’occupait des orphelines de la « Providence » (un Institut
qu’il avait fondé) et de leurs éducatrices ; il s’intéressait à l’éducation des
enfants ; il créait des confréries et invitait les laïcs à collaborer avec lui.
Son exemple me pousse à évoquer les espaces de collaboration que l’on doit
ouvrir toujours davantage aux fidèles laïcs, avec lesquels les prêtres forment
l’unique peuple sacerdotal et au milieu desquels, en raison du sacerdoce
ministériel, ils se trouvent « pour les conduire tous à l’unité dans l’amour
"s’aimant les uns les autres d’un amour fraternel, rivalisant d’égards
entre eux" (Rm 12, 10) ». Il convient de se souvenir, dans ce
contexte, comment le Concile Vatican II encourageait chaleureusement les
prêtres à « reconnaître sincèrement et à promouvoir la dignité des laïcs et
la part propre qu’ils prennent dans la mission de l'Église… Ils doivent écouter
de bon cœur les laïcs, en prenant fraternellement en considération leurs
désirs, et en reconnaissant leur expérience et leur compétence dans les divers
domaines de l’activité humaine, afin de pouvoir discerner avec eux les signes
des temps ».
Le Saint Curé enseignait surtout ses paroissiens par le témoignage de sa vie. A
son exemple, les fidèles apprenaient à prier, s’arrêtant volontiers devant le
tabernacle pour faire une visite à Jésus Eucharistie. « On n’a pas besoin de
tant parler pour bien prier – leur expliquait le Curé – On sait que le bon Dieu
est là, dans le saint Tabernacle ; on lui ouvre son cœur ; on se complaît en sa
présence. C’est la meilleure prière, celle-là ». Et il les exhortait : « Venez
à la communion, venez à Jésus, venez vivre de lui, afin de vivre pour lui ». «
C’est vrai, vous n’en êtes pas dignes, mais vous en avez besoin ! ». Cette
éducation des fidèles à la présence eucharistique et à la communion revêtait
une efficacité toute particulière, quand les fidèles le voyaient célébrer le
saint sacrifice de
Cette identification personnelle au sacrifice de
Nous tous, prêtres, nous devrions réaliser que les paroles qu’il mettait dans
la bouche du Christ nous concernent personnellement : « Je chargerai mes
ministres de leur annoncer que je suis toujours prêt à les recevoir, que ma
miséricorde est infinie ». Du Saint Curé d’Ars, nous pouvons apprendre,
nous prêtres, non seulement une inépuisable confiance dans le sacrement de
Le Curé d’Ars, en son temps, a su transformer le cœur et la vie de tant de
personnes, parce qu’il a réussi à leur faire percevoir l’amour miséricordieux
du Seigneur. Notre temps aussi a un besoin urgent d’une telle annonce et d’un
tel témoignage de la vérité de l’Amour : Deus caritas est (1 Jn 4,8).
Par
Dans le monde d’aujourd’hui, comme dans les temps difficiles du Curé d’Ars, il
faut que les prêtres, dans leur vie et leur action, se distinguent par la force
de leur témoignage évangélique. Paul VI faisait remarquer avec justesse : « L’homme
contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres, ou, s’il
écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins ». Pour éviter que
ne surgisse en nous un vide existentiel et que ne soit compromise l’efficacité
de notre ministère, il faut que nous nous interrogions toujours de nouveau : « Sommes-nous
vraiment imprégnés de
C’est cette même adhésion sans réserve au « nouveau style de vie » qui
fut la marque de l’engagement du Curé d’Ars dans tout son ministère. Le Pape
Jean XXIII, dans l’Encyclique Sacerdotii nostri primordia, publiée en
1959 à l’occasion du premier centenaire de la mort de saint Jean-Marie Vianney,
présentait sa physionomie ascétique sous le signe des « trois conseils
évangéliques », qu’il jugeait nécessaires aussi pour les prêtres : « Si pour
atteindre à cette sainteté de vie, la pratique des conseils évangéliques n’est
pas imposée au prêtre en vertu de son état clérical, elle s’offre néanmoins à
lui, comme à tous les disciples du Seigneur, comme la voie royale de la
sanctification chrétienne ». Le Curé d’Ars sut vivre les « conseils
évangéliques » selon des modalités adaptées à sa condition de prêtre. Sa pauvreté,
en effet, ne fut pas celle d’un religieux ou d’un moine, mais celle qui est
demandée à un prêtre : tout en gérant de grosses sommes d’argent (puisque
les pèlerins les plus riches ne manquaient pas de s’intéresser à ses œuvres de
charité), il savait que tout était donné pour son église, pour les pauvres,
pour ses orphelins et pour les enfants de sa « Providence », et pour les
familles les plus nécessiteuses. Donc, il « était riche pour donner aux
autres, et bien pauvre pour lui-même ». Il expliquait : « Mon secret est
bien simple, c’est de tout donner et de ne rien garder ». Quand il lui arrivait
d’avoir les mains vides, content, il disait aux pauvres qui s’adressaient à lui
: « Je suis pauvre comme vous ; je suis aujourd’hui l’un des vôtres ».
Ainsi, à la fin de sa vie, il put affirmer dans une totale sérénité : « Je
n’ai plus rien, le bon Dieu peut m’appeler quand il voudra ». Sa chasteté était
aussi celle qui était demandée à un prêtre pour son ministère. On peut dire
qu’il s’agissait de la chasteté nécessaire à celui qui doit habituellement
toucher l’Eucharistie et qui habituellement la contemple avec toute l’ardeur du
cœur et qui, avec la même ferveur, la donne à ses fidèles. On disait de lui que
« la chasteté brillait dans son regard », et les fidèles s’en rendaient
compte quand il se tournait vers le tabernacle avec le regard d’un amoureu1.
De même, l’obéissance de saint Jean-Marie Vianney fut entièrement
incarnée dans son adhésion à toutes les souffrances liées aux exigences
quotidiennes du ministère. On sait combien il était tourmenté par la pensée de
son incapacité pour le ministère paroissial et par son désir de fuir « pour
pleurer dans la solitude sur sa pauvre vie ». L’obéissance seule, et sa
passion pour les âmes, réussissaient à le convaincre de rester à son poste. Il
montrait à ses fidèles, comme à lui-même qu’il « n’y a pas deux bonnes
manières de servir Notre Seigneur, il n’y en a qu’une, c’est de le servir comme
il veut être servi ». Il lui semblait que la règle d’or pour une vie
d’obéissance fut celle-ci : « Ne faire que ce que l’on peut offrir au bon
Dieu ».
Dans ce contexte d’une spiritualité nourrie par la pratique des conseils
évangéliques, je tiens à adresser aux prêtres, en cette Année qui leur est
consacrée, une invitation cordiale, celle de savoir accueillir le nouveau
printemps que l’Esprit suscite de nos jours dans l'Église, en particulier grâce
aux Mouvements ecclésiaux et aux nouvelles Communautés. « L’Esprit dans ses
dons prend de multiples formes… Il souffle où il veut. Il le fait de manière
inattendue, dans des lieux inattendus et sous des formes qu’on ne peut imaginer
à l’avance… Il nous démontre également qu’il œuvre en vue de l’unique corps et
dans l’unité de l’unique corps ». Ce que dit à cet égard le Décret Presbyterorum
ordinis est d’actualité : « Eprouvant les esprits pour savoir s’ils sont
de Dieu, ils [les prêtres] chercheront à déceler, avec le sens de la foi, les
charismes multiformes des laïcs, qu’ils soient humbles ou éminents, les
reconnaîtront avec joie et les développeront avec un zèle empressé ». Ces
mêmes dons, qui poussent bien des personnes vers une vie spirituelle plus
élevée, sont profitables non seulement pour les fidèles laïcs mais pour les
ministres eux-mêmes. C’est de la communion entre ministres ordonnés et
charismes que peut naître « un élan précieux pour un engagement renouvelé de
l'Église au service de l’annonce et du témoignage de l’Évangile de l’espérance
et de la charité partout à travers le monde ». Je voudrais
encore ajouter, dans la ligne de l’Exhortation apostolique Pastores Dabo
Vobis du Pape
Jean-Paul II, que le ministère ordonné a une « forme communautaire »
radicale et qu’il ne peut être accompli que dans la communion des prêtres avec
leur Évêque. Il faut que cette communion des prêtres entre eux et avec leur
Évêque, enracinée dans le sacrement de l’Ordre et manifestée par la
concélébration eucharistique, se traduise dans les diverses formes concrètes
d’une fraternité effective et affective. Ainsi seulement, les prêtres
pourront-ils vivre en plénitude le don du célibat et seront-ils capables de
faire épanouir des communautés chrétiennes au sein desquelles se renouvellent
les prodiges de la première prédication de l’Évangile.
L’Année paulinienne qui arrive à sa fin nous invite à considérer encore la figure
de l’Apôtre des Gentils dans laquelle brille à nos yeux un modèle splendide de
prêtre complètement « donné » à son ministère. « L’amour du Christ nous
presse – écrivait-il – à la pensée que, si un seul est mort pour tous,
alors tous sont morts » (2 Co, 5, 14) et il ajoutait : « Il est
mort pour tous, afin que les vivants ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour
celui qui est mort et ressuscité pour eux » (2 Co 5, 15). Quel
meilleur programme pourrait être proposé à un prêtre qui s’efforce de
progresser sur le chemin de la perfection chrétienne ?
Chers prêtres, la célébration du 150e anniversaire de la mort de saint
Jean-Marie Vianney (1859) vient immédiatement après les célébrations
achevées il y a peu du 150e anniversaire des apparitions de Lourdes (1858).
Déjà en 1959, le bienheureux Pape Jean XXIII l’avait remarqué : « Peu avant
que le Curé d’Ars n’achevât sa longue carrière pleine de mérites, [
Je confie cette Année sacerdotale à
Avec ma bénédiction.
Du Vatican, le 16 juin 2009.
BENEDICTUS PP. XVI.