ITEM
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Un
regard sur l’actualité politique et religieuse
Au 26 octobre 2005
N°63
Tout le monde sait
aujourd’hui que le 29 août 2005, Mgr Fellay, supérieur de
Les relations entre Rome et
Ecône ont toujours existé. Elles ne furent jamais rompues.
Elles sont difficiles parce
qu’elles engagent beaucoup de problèmes.
Elles vont aussi très
lentement.
Mais elles connurent des moments intenses, du temps de Mgr Lefebvre comme du
temps de Mgr Fellay.
Du temps de Mgr Lefebvre, ce
fut juste après la visite canonique des œuvres traditionnelles en France par le
cardinal Gagnon …Nous étions en 1987, 1988. Un accord a même failli aboutir, le
5 mai 1988…Ce fut le « protocole » du 5 mai 1988.
Du temps de Mgr Fellay, ce
fut juste au moment de l’année sainte, en l’an 2000. Rome se montra très
pressant pour régler ce problème…Mais
Elles sont aujourd’hui
relancées par cette visite fameuse du 29 août 2005. Je m’en réjouis.
Mais vont-elles, cette fois, aboutir ?
Je ne le crois pas… parce que le problème n’est pas
abordé convenablement. On en reste, est-ce
de part et d’autre… ? à l’aspect doctrinal et l’on veut établir des
« conversations doctrinales » alors qu’il faudrait voir
essentiellement l’aspect pratique. C’était, me semble-t-il, clairement la
position de Mgr Lefebvre et aujourd’hui du cardinal Castrillon Hoyos.
La doctrine, il est vrai, est
essentielle. Mais pour essentielle qu’elle
soit, il ne faudrait pas en faire une
condition sine qua non pour aller de l’avant et trouver une solution
pratique. En rester préalablement au point de vue doctrinal, vouloir se mettre
d’accord sur les points doctrinaux en litige par des conversations
théologiques, c’est risquer de reculer
sans cesse cette nécessaire « normalisation « ou
« régularisation » de
Il faudrait voir les choses d’une
manière beaucoup plus pragmatique. C’est le « pragmatisme
organisateur ».
Au sujet de la doctrine: il
faudrait, me semble-t-il, se limiter à une déclaration de principe qui
toucherait les deux points qui font difficultés : le Concile et
Concernant le Concile Vatican
II : il suffirait de se baser sur la déclaration du Secrétaire Général du
Concile Vatican II, Mgr Felici, disant comment le Concile devait être reçu par les membres de l’Eglise. M
l’abbé Philippe Laguérie a très heureusement rappelé ce texte dans le
« Mascaret » de septembre 2005..
Le voici :
C’est la déclaration du 6 mars 1964 de
Ce texte devrait faire
l’unité des parties
Concernant
C’est ce qui fut réclamé des
pères de Campos.
Mgr Lefebvre et les Pères de
Campos ont accepté ces deux préalables nécessaires. Ils devraient pouvoir être
acceptés de tous encore aujourd’hui.
Sur le plan pratique, nous
avons déjà des modèles à proposer :
- celui que Mgr Lefebvre
proposait à Rome à l’issue de la visite canonique de 1987.
- celui que Rome a mis en
place avec l’Administration Apostolique Saint Jean Marie Vianney qui s’inspire
énormément des solutions pratiques de Mgr Lefebvre de 1987.
Il va sans dire que nous
refusons la situation créée par le décret « Ecclesia
Dei adflicta » .
Au fil du temps, beaucoup de
personnes se sont prononcées sur ces relations, ont émis des avis divers.
Je voudrais aujourd’hui dans
ce « Regard sur le Monde politique et religieux » redonner le point de vue des uns et des autres.
D’abord celui de Mgr
Lefebvre.
Puis celui de Mgr Fellay.
Puis de Monsieur l’abbé
Philippe Laguerie.
Je donnerai dans un prochain Regard sur le Monde les textes
concernant l’Administration Apostolique Saint Marie Vianney. Pour réfléchir, il
faut connaître les pièces du dossier.
A-
La position de Mgr Lefebvre.
Mgr Lefebvre a exposé son
point de vue surtout dans sa lettre du 21 novembre 1987, remise le 8 décembre
au cardinal Gagnon, à l’issue de sa visite canonique. Ce pli comprenait deux
documents : une lettre de remerciement et un document intitulé :
« proposition de Règlement apportant une solution au problème des Œuvres
et des Initiatives en faveur de la liturgie traditionnelle dans l’Eglise ».
Il faut également citer sur ce sujet, le texte du « protocole du 5
mai », d’abord accepté par Mgr Lefebvre.
S’il retira sa signature, ce
fut pour deux raisons : parce qu’il ne put recevoir de date précise
concernant la cérémonie des sacres,
sacres dont le principe était accepté et qui fut, de fait, réalisé quelques
années plus tard, 14 ans plus tard, avec Mgr Rangel dans la personne de Dom
Rifan et parce qu’il ne put obtenir la majorité des membres dans cette
commission à créer dont le but exclusif
était de faire vivre dans le sein de l’Eglise les mouvements dits « de
la tradition ». Cette commission ou « Congrégation » était la
cheville ouvrière de la solution pratique proposée par Mgr Lefebvre. C’était
elle qui garantissait la juste autonomie des Œuvres de
Précisons : avec le principe
d’ « exemption » ou positivement, avec la principe de la
pratique de la « juridiction cumulative » et avec la majorité de personnes favorables à
J’ai analysé ces documents
dans « Les Nouvelles de Chrétienté » du 15 septembre.
Aujourd’hui, je vous donne
les textes eux-mêmes.
a- La lettre au Cardinal Gagnon
« Séminaire
International Saint Pie X le
21 novembre 1987
En
la fête de
Eminence,
Vous avez pu voir et entendre
les membres de
Vous avez également conversé
avec des religieux, des religieuses qui trouvent dans
Sans doute, vous avez pu
remarquer ici ou là quelque exagération, un peu d’amertume. Mais je ne puis douter que vous ayez retrouvé un climat
de foi, de dévotion, de zèle pour la vérité et
Nous formons donc une grande
famille, vivant dans cette ambiance et cette atmosphère catholique, attachée à
l’Eglise Romaine, attachée à Pierre et à ses successeurs, mais absolument et
radicalement allergique à l’esprit conciliaire, de la liberté religieuse, de
l’œcuménisme, de la collégialité, à l’esprit d’Assise, fruits du modernisme, du
libéralisme tant de fois condamnés par le Saint Siège.
Les conséquences de cet esprit sont désastreux et nous les fuyons comme la
peste de nos esprits et de nos cœurs ; nous faisons tout pour nous en
protéger et en protéger la jeunesse de nos foyers catholiques.
Comparez-nous à Israël au
milieu des nations perverses, aux Maccabées et encore à tous ces saints
réformateurs du clergé : Saint Charles Borromée, Saint Vincent de Paul,
saint Jean Eudes, Monsieur Olier.
Voilà la réalité, nous
formons une armada décidée à tout prix à demeurer catholique face à la déchristianisation qui s’opère à l’extérieur
et à l’intérieur de l’Eglise.
Nous acceptons volontiers d’être reconnus par le Pape tels que nous sommes et
d’avoir un siège dans
Nous vous soumettons un
projet de réintégration et de normalisation de nos rapports avec Rome.
Considérant ce que désormais vous connaissez de nous et de nos Œuvres, vous ne
serez pas surpris de nos exigences, uniquement fondées sur le zèle pour le bien
de l’Eglise et le salut des âmes pour la
gloire de Dieu.
C’est seulement dans cet esprit et en tenant compte de ces considérations
qu’une solution peut être valable et stable.
Si, dans ces conditions, une
solution est impossible, alors nous poursuivrons notre chemin comme à présent,
en attendant des circonstances plus favorables, « pereseverantes in
oratione et praedicatione verbi ».
Cependant, nous vous
garderons une profonde gratitude, quoi qu’il arrive, pour votre charité, votre
aménité, votre compréhension ,votre patience et dès à présent, nous prions N.D.
de Fatima de vous rendre en bénédictions ce que vous avez pour nous.
Daignez agréer, Eminence, mes
respectueuses et fraternelles salutations en Notre Seigneur et Notre Dame.
Ecône, le 21 novembre 1897
Mgr Lefebvre
Archevêque-Evêque de Tulle
Fondateur de
b- Les « propositions de règlement apportant une solution au problèmes des Œuvres et des Initiatives en faveur de la liturgie traditionnelle dans l’Eglise.
1 – Nous référant à la
suggestions du Concile dans le texte « Presbyterorum
ordinis » n°10, dont voici la teneur :
« Là où les conditions de l'apostolat le
réclameront, on facilitera non seulement une répartition adaptée des prêtres,
mais encore des activités pastorales particulières pour les différents milieux
sociaux à l'échelle d'une région, d'une nation ou d'un continent. Il pourra
être utile de créer à cette fin des séminaires internationaux, diocèses
particuliers, prélatures personnelles et autres institutions auxquelles les
prêtres pourront être affectés ou incardinés pour le bien commun de toute
l'Eglise, suivant des modalités à établir pour chaque cas, et toujours dans le
respect des droits des ordinaires locaux. »
et à la lettre du Cardinal
Ratzinger du 28 juillet 1987, il apparaît qu’une solution peut-être trouvée
pour le problème qui nous préoccupe.
2- En conformité avec la
position du Cardinal Ratzinger dans la lettre précitée, un Visiteur – le
Cardinal Gagnon – a accompli une visite prolongée des Œuvres de
3- Sans préjuger des
conclusions de la visite, mais dans l’espoir qu’elles seront positives, il nous
semble indispensable avant d’aller plus
avant dans les entretiens avec le Saint Siège d’exprimer une condition sine qua non, nous faisant l’écho de
tous les prêtres et fidèles attachés à
4- Si le Saint Siège désire sincèrement
que nous devenions officiellement des collaborateurs efficaces pour le
renouveau de l’Eglise, sous son autorité, il est de toute nécessité que nous
soyons reçus comme nous sommes, qu’on ne nous demande pas de modifier notre
enseignement, ni nos moyens de
sanctification, qui sont ceux de l’Eglise de toujours.
5- Il nous apparaît donc
absolument nécessaire, pour que de bonnes relations s’instaurent avec le Saint
Siège que ces relations soient confiées à des personnes, à la fois très
respectueuses et attachées au Saint Siège, mais aussi convaincues de l’urgente nécessité
pour l’Eglise, de favoriser les initiatives qui maintiennent
6- Ainsi le Cardinal, le
Secrétaire et les « minutanti »
du Secrétariat Romain, s’il est accepté, devront être choisis suivant les
critères ci-dessus exprimés, sinon ce sera l’échec des efforts entrepris depuis
plusieurs mois pour une entente.
-I-
Le Secrétariat Romain.
1°Nécessité d’une organisation
permanente Romaine.
7- L’extension mondiale
rapide de
2° Composition de ce Secrétariat
8- A l’instar des autres secrétariats
et commissions de ce genre, c’est-à-dire
-un Cardinal préfet, nommé
par le Pape avec agrément du Supérieur Général de
-un Archevêque ou Evêque,
Secrétaire et Président et quelques « minutanti »,
présentés par le Supérieur Général de
3°
Les pouvoirs de ce Secrétariat
9- Ils seraient assez
semblables à ceux qu’ont
4° But de
ces pouvoirs
10- Ces pouvoirs auraient
pour but de normaliser les œuvres et les initiatives en faveur de
- veiller à leur continuité par l’octroi
de l’épiscopat à plusieurs membres
- veiller à leur développement harmonieux
et dans la paix vis-à-vis des Evêques diocésains et de la part de ceux-ci.
- veiller à amener les Ordinaires des
lieux à comprendre le bien de la collaboration, par exemple, pour les
séminaires
5°
Détermination des œuvres et des initiatives acceptées par le Secrétariat
11-celles qui ont toujours
utilisé exclusivement les éditions liturgiques de Jean XXIII et prié pour le pape,
selon les formules publiques de
-celles qui s’accordent avec l’esprit et
le Droit de l’Eglise, dans leurs constitutions, esprit des fondateurs, esprit
des constitutions originelles, pour le choix des sujets, préparation,
spiritualité, doctrine, habit, vie de communauté etc
-II-
Statut canonique des diverses sociétés,
Des prêtres, religieux ;
religieuses isolées,
Relations avec le secrétariat romain.
Note préliminaire
12- Avant de procéder à
l’étude et la normalisation de toutes ces sociétés et personnes adonnées à
-lever les suspenses et interdits,
-reconnaître à nouveau les statuts de
-de modifier quelques articles de ses
statuts afin de pourvoir à la succession épiscopale de Mgr Lefebvre.
-Canoniquement, il semble que l’on
puisse se référer à ce qui é été décidé l’an dernier, le 21 avril 1986, au
sujet de l’Ordinariat aux armées.
13- On pourrait d’ailleurs laisser
l’application dans tous ces détails à une
étude précise entre le Secrétariat ou le Cardinal Visiteur et
Les différentes étapes à suivre pourraient être les
suivantes :
14- 1° Considérer
15 Toutefois
exceptionnellement, pour la première désignation ou présentation des
Evêques, elle sera faite par Mgr Lefebvre en accord avec la cardinal Visiteur.
16- 2° Cette première étape
accomplie viendra alors une étude plus approfondie des applications à faire de
l’exemple de l’Ordinariat aux armées à la situation de
15- 3° Il ne semble pas que
le fait que le Supérieur général soit évêques soit un inconvénient : s’il
n’est pas réélu, il peut ou devenir auxiliaire ou être chargé d’un diocèse ou
être employé au Secrétariat Romain ou occuper d’autres fonctions.
18- 4) les relations entre
les divers Œuvres et initiatives d’une part et
-III-
Incardination et Juridiction
19- Les Normes de
20 « Servatis servandis », dans le futur, la possibilité d’incardiner
reviendra aux sociétés religieuses intéressées.
21 La juridiction vis-à-vis
des fidèles est confirmée par Rome, c’est-à-dire que les prêtres de
22 Il est évident que ces prêtres
doivent observer les prescriptions du Droit pour conférer les sacrements selon
les indications du Rituel de 1962
Conclusion
23 Il ne semble pas qu’il
doive y avoir de difficultés majeurs du point de vue canonique, ni de la part
des fidèles de
24 Nous souhaitons ne pas
devoir dépasser le Dimanche du Bon Pasteur, 17 avril 1988 pour les
consécrations épiscopales.
c- Le protocole d'accord signé le 5 mai 1988 entre le
Vatican et Mgr Lefebvre
A la suite d’une réunion d’experts qui
a eu lieu du 13 au 15 avril 1988 et qui avait abouti à
un protocole d'accord, Mgr Lefebvre a eu avec le cardinal Ratzinger les 3 et 4
mai, une
nouvelle rencontre au terme de laquelle a été mis au point le texte de l'accord
ci-après,
signé le 5 mai (Texte dans "Présent" du 22 juin 1988).
I.
Texte de la déclaration doctrinale
Moi; Marcel Lefebvre, archevêque-évêque émérite de Tulle, ainsi que les membres
de
1. Nous promettons d'être toujours
fidèles à l'Église catholique et au Pontife romain,
son Pasteur suprême, Vicaire du Christ, successeur du Bienheureux Pierre dans
sa primauté
et chef du Corps des évêques.
2. Nous déclarons accepter la
doctrine contenue dans le numéro 25 de
dogmatique Lumen Gentium du Concile Vatican II sur le Magistère ecclésiastique
et
l'adhésion qui lui est due.
réformes postérieures de la liturgie et du droit, et qui paraissent
difficilement conciliables
avec
communication avec le Siège apostolique, en évitant toute polémique.
4. Nous déclarons en outre
reconnaître la validité du Sacrifice de la messe et des
sacrements célébrés avec l'intention de faire ce que fait l'Église et selon les
rites indiqués
dans les éditions typiques du missel et des rituels des sacrements promulgués
par les Papes
Paul VI et Jean-Paul II.
5. Enfin, nous promettons de
respecter la discipline commune de l'Église et les lois
ecclésiastiques, spécialement contenues dans le Code de droit canonique
promulgué par le
Pape Jean-Paul II, restant sauve la discipline spéciale concédée à
particulière.
II. Questions juridiques
Tenant compte du fait que
dix-huit ans comme une société de vie commune - et à partir de l'étude des
propositions
formulées par S. Exc. Mgr Lefebvre et des conclusions de la visite effectuée
par son
Eminence le cardinal Gagnon -, la figure canonique la mieux adaptée est celle
d'une Société
de vie apostolique.
Société de vie apostolique
C'est une solution canoniquement
possible, avec l'avantage d'insérer éventuellement
dans
coadjuteurs) .
Selon le Code de droit canonique
promulgué en 1983, canons 731-746, cette Société
jouit d'une pleine autonomie, peut former ses membres, peut incardiner les
clercs, et assure
la vie commune de ses membres.
Dans les statuts propres, avec
flexibilité et possibilité inventive par rapport aux
modèles connus de ces Sociétés de vie apostolique, on prévoit une certaine
exemption par
rapport aux évêques diocésains (cf. can. 591) pour ce qui concerne le culte
public, la « cura
animarum » et les autres activités apostoliques, compte tenu des canons
679-683. Quant à
la juridiction à l'égard des fidèles qui s'adressent aux prêtres de
conférée à ceux-ci soit par les Ordinaires des lieux, soit par le Siège
apostolique.
2. Commission romaine
Une Commission pour coordonner les
rapports avec les divers dicastères et les évêques
diocésains, ainsi que pour résoudre les problèmes éventuels et les contentieux,
sera
constituée par les soins du Saint-Siège, et pourvue des facultés nécessaires
pour traiter les
questions indiquées ci-dessus (par exemple l'implantation à la demande des
fidèles d'un lieu
de culte là où il n'y a pas de maison de
Cette Commission serait composée
d'un président, d'un vice-président et de cinq
membres, dont deux de
3. Conditions des personnes liées à
3.1. Les membres de
coadjuteurs laïcs) : ils sont régis par les statuts de
3.2. Les oblats et oblates, avec ou
sans voeux privés, et les membres du Tiers-Ordre
liés à
termes du canon 303, et collaborent avec elle.
3.3. Les Soeurs (c'est-à-dire
voeux publics : elles constitueront un véritable Institut de vie consacrée avec
sa structure et
son autonomie propres, même si on peut prévoir une certaine forme de lien pour
l'unité de
la spiritualité avec le supérieur de
dépendrait de
3.4. Les membres des communautés
vivant selon
(carmélites, bénédictins, dominicains, etc.) et qui sont liés moralement à
convient de leur accorder cas par cas un statut particulier réglant leurs
rapports avec leur
Ordre respectif.
3.5. Les prêtres qui, à titre
individuel, sont liés moralement à
statut personnel tenant compte de leurs aspirations et en même temps des
obligations
découlant de leur incardination. Les autres cas particuliers du même genre
seront examinés
et résolus par
En
ce qui concerne les laïcs qui demandent l'assistance pastorale aux communautés
de
notamment des rites liturgiques des communautés de
elles pour l'administration des sacrements (pour les sacrements de baptême,
confirmation et
mariage, demeurent nécessaires les notifications d'usage à leur propre
paroisse; cf. can. 878,
896, 1122).
NOTE: Il y a lieu de considérer la complexité
particulière :
1. De la question de la réception par les laïcs des sacrements de baptême,
confirmation,
mariage, dans les communautés de
2. De la question des communautés pratiquant - sans leur appartenir -
Institut religieux.
Il appartiendra à
4. Ordinations
Pour les ordinations, il faut distinguer deux phases :
4.1. Dans l'immédiat :
Pour les ordinations prévues à brève échéance, Mgr Lefebvre serait autorisé à
les conférer
ou, s'il ne le pouvait, un autre évêque accepté par lui.
4.2. Une fois érigée
4.2.1. Autant que possible, et au jugement du supérieur général, suivre la voie
normale : remettre les lettres dimissoriales à un évêque qui accepte d'ordonner
les membres
de
4.2.2. En raison de la situation particulière de
d'un évêque de
ordinations.
5. Problème de l'évêque
5.1. Au niveau doctrinal
(ecclésiologique), la garantie de stabilité et le maintien de la
vie et de l'activité de
de droit pontifical et l'approbation des statuts par le Saint-Père.
5.2. Mais, pour des raisons
pratiques et psychologiques, apparaît l'utilité de la
consécration d'un évêque membre de
solution doctrinale et canonique de la réconciliation, nous suggérons au
Saint-Père de
nommer un évêque choisi dans
conséquence du principe indiqué ci-dessus (5.1.), cet évêque n'est pas
normalement
supérieur général de
Commission
6. Problèmes particuliers (à résoudre par
décret ou déclaration)
- Levée de la "suspensio a diuinis » de Mgr Lefebvre et dispense des
irrégularités encourues
du fait des ordinations.
- Prévision d'une « amnistie » et d'un accord pour les maisons et les lieux de
culte de
Fraternité
+ Marcel
LEFEBVRE
Joseph card. RATZINGER
Nous ferons remarquer combien la solution obtenue par Mgr Rangel pour
les pères de Campos au Brésil, en 2002, est meilleure que cette première
solution pratique acceptée par Mgr Lefebvre.
Elle se rapproche - et de
beaucoup- des propositions de Règlement de Mgr Lefebvre du 21 novembre 1987.
14 années s’étaient écoulées…Les choses évoluent aussi au Vatican.
B-
La position de Mgr Fellay.
La position de Mgr Fellay,
elle, est essentiellement centrée sur le
problème doctrinal. Tout accord n’est possible qu’après avoir réglé les
problèmes doctrinaux. Cet aspect apparaît pratiquement dans toutes ces
déclarations, conférences, interview. C’est comme son leitmotiv.
On pourrait multiplier les
citations. Je me limiterai à deux déclarations :
- celle de son interview à DICI juste après la
reprise de contact, lors de l’année jubilaire, avec le cardinal Castrillon
Hoyos, en 2000-2001.
- celle, plus récente,
au Nouvelliste
du Valais , le 26 septembre 2005.
a- Premier
texte
DICI : Dans cet entretien à la revue « Latin Mass », le cardinal
Castrillón Hoyos propose plus qu'une main tendue aux fidèles attachés
à
Mgr
Fellay :
Je
suis très sensible à ce geste d'ouverture, et je ne doute pas de la générosité
qui l'anime. Mais je suis obligé de constater, dans le même temps, que le
cardinal atténue au maximum les difficultés réelles qui se posent de part et
d'autre. Du
côté des évêques diocésains, il ne veut voir qu'une « perplexité » et des «
hésitations » à reconnaître le « droit de cité » de la messe tridentine, là où
il y a une réelle opposition à la doctrine traditionnelle du Saint Sacrifice.
Il suffit pour s'en convaincre
de voir toutes les réactions épiscopales plus que réservées au récent document
disciplinaire Redemptionis
sacramentum.
Apparemment personne n'est concerné par ce rappel à l'ordre ! Il n'y a ni abus,
ni scandales liturgiques ! Et, chez les fidèles de
DICI. Ne
craignez-vous pas de paraître figé dans une attitude
constamment critique et négative ?
Mgr
Fellay : Au contraire, nous
faisons, depuis le début des conversations avec le cardinal Castrillón Hoyos,
des propositions positives. Mais il est nécessaire de s'assurer, avant tout,
de la solidité des piliers qui porteront le pont entre Rome et nous. Ces
piliers sont doctrinaux, on ne peut passer sous silence cette réalité, sous
peine de voir à plus ou moins court terme tous les efforts de rapprochement
voués à l'échec. La solution du cardinal est de proposer un accord pratique,
en minimisant le plus possible les divergences de fond. Est-ce possible ?
Peut-on conjurer la dureté de la crise qui secoue l'Église avec des expressions
adoucies ? Je ne le pense pas.
DICI.
C'est donc, à vos yeux, la doctrine et toute la doctrine, sinon rien
? Cette position du « tout ou rien » ne manque-t-elle pas de réalisme ?
Mgr
Fellay : Nous sommes fermes,
mais pas fermés. La
doctrine est fondamentale sans aucun doute, mais nous pensons bien qu'il y a
des étapes préalables à observer. C'est pourquoi nous avons proposé aux
autorités romaines, dès le début, deux préalables qui permettraient de
créer un climat de confiance favorable à la
résolution du problème d'Ecône : le retrait du décret d'excommunication
frappant les évêques de
DICI.Comment
voyez-vous ce retrait de l'excommunication ?
Mgr
Fellay : Ce qui a été fait pour
les orthodoxes pourrait a fortiori s'appliquer à nous. Rome a levé l'excommunication
qui les frappait sans qu'ils aient en rien changé leur attitude envers le
Saint-Siège. Ne pourrait-on prendre la même mesure à notre égard, nous qui ne
nous sommes jamais séparés de Rome et avons toujours reconnu l'autorité du
Souverain Pontife, telle que l'a définie le concile Vatican I ? En effet, les quatre
évêques sacrés en 1988 ont prêté le
serment de fidélité au Saint-Siège,
et depuis ils ont toujours professé leur attachement au Saint-Siège et au
Souverain Pontife.
Ils ont pris toutes sortes de dispositions pour bien montrer qu'ils n'avaient
pas l'intention de constituer une hiérarchie parallèle, ce que j'ai encore
rappelé lors de ma conférence de presse du 2 février dernier, à Rome. Ce retrait du décret
d'excommunication créerait un nouveau climat, indispensable pour aller plus
avant. Il permettrait, entre autres, aux prêtres et aux fidèles persécutés de
voir que leur attachement à
DICI. Et vous
demandez ce retrait unilatéralement, sans vous obliger à aucune contrepartie ?
Mgr
Fellay :Si le décret
d'excommunication était retiré, les évêques de
DICI: n'avez-vous
pas l'impression d'avoir été entendu au moins sur votre deuxième préalable, la
reconnaissance du « droit de cité » de la messe tridentine ?
Mgr
Fellay :
Je ne peux qu'approuver l'effort louable du cardinal Castrillón Hoyos pour
réhabiliter la messe,
mais là aussi je ne peux pas ne pas constater un certain embarras : un droit de cité concédé par le Saint Père,
est-ce un droit ou une concession ? La différence n'est pas mince. Nous ne voulons pas de
statut particulier, qui serait la marque d'un quelconque « particularisme
liturgique ». Nous demandons un droit qui n'a jamais été perdu : la liberté
de la messe pour tous. Car, ce à quoi nous sommes attachés est le
patrimoine commun
de
l'Église catholique romaine.
DICI: Même si vous
n'êtes pas fermés au dialogue avec Rome, il n'empêche que vous donnez
l'impression de cultiver un certain attentisme : wait and see
! Attendons voir ! Ne pensez-vous pas qu'il est temps de se dégager
de cette position marginale, et de s'engager maintenant, comme on vous y
invite, pour être plus efficace dans la situation très grave où
se trouve l'Église ?
Mgr
Fellay : La position de
b- un
deuxième texte.
Une récente interview,
en date du 26 septembre 2005, au Nouvelliste du Valais , propos recueillis par Vincent Pellegrini. Mgr Fellay expose toujours la même
attiutude : doctrine ! Doctrine !
Mgr
Fellay : (…) Pour le Concile Vatican
II, Rome voudrait reprendre le protocole signé en 1988 par Mgr Lefebvre et par
le cardinal Ratzinger. Ce protocole dit qu’une seule interprétation du Concile
Vatican II est valable. Celle qui est faite à la lumière de
Le Nouvelliste :
C’est parce que vous n’avez toujours
pas la même appréciation du Concile Vatican II que Rome, que vous ne voulez pas
signer une formule d’accord qui semble pourtant acceptable par vous ?
Mgr Fellay
: C’est un problème de vision, d’état de
la question. Le problème que nous sommes censés causer à l’Eglise n’est pas
perçu de la même manière par Rome et par nous et c’est pourquoi nos solutions
divergent profondément. Or, pour arriver à une solution il faut être d’accord
sur l’état de la question. Nous sommes allés à Rome pour poser le problème
correctement. En clair, nous ne sommes pas le problème. Car même si nous
n’existions pas, la crise de l’Eglise serait tout aussi grave. Nous ne faisons
en effet que réagir à la crise du monde catholique. Notre manière de voir le
Concile Vatican II ne correspond pas à celle de Rome actuellement, c’est vrai.
Et c’est pourquoi l’on ne peut pas rester dans des formules d’accord
superficielles. Il faut aller au fond des choses. Nous n’aurions aucun problème
à signer un accord superficiel, mais nous ne voulons pas d’une réconciliation
simplement tactique qui ne conduirait à rien. Il faut que cet accord soit vrai,
profond. Il ne servirait à rien de donner l’impression que tout est rentré dans
l’ordre alors que rien n’est réglé. Dans la situation actuelle, un tel accord
tromperait tout le monde. J’ai peur que le pape et la curie ne soient bloqués
par la ligne progressiste. Cela expliquerait cette focalisation sur le seul
Concile Vatican II. Je vous le répète, si Rome fait le moindre effort sérieux
pour sortir de la crise, sans même parler de nous, le problème n’existera plus
car l’ambiance et l’esprit auront changé.
(…)
Le Nouvelliste : Joseph Ratzinger travaille sur le dossier
traditionaliste depuis plus de vingt ans. C’est un pourfendeur du relativisme
contemporain et il est plutôt bien vu de vos milieux qui ont salué son
élection. Il y a trois ans, il a même correspondu avec vous pour une reprise du
dialogue sur des questions théologiques. Avez-vous l’impression que Benoît XVI
est plus sensible à la tradition que son prédécesseur Jean-Paul II en ce qui
concerne les questions liturgiques et doctrinales que vous posez?
Mgr Fellay
: Sans aucun doute. La doctrine a plus
d’importance pour Benoît XVI que pour Jean-Paul II. Ce dernier accordait plus
d’importance à la pastorale, au vécu, à la communion prise au sens de l’être
avec. J’ai l’impression que pour Benoît XVI, la foi a un rôle plus important et
je pense qu’on le verra dans la nouvelle structure de la curie ainsi que dans
sa façon de gouverner l’Eglise. Il va mettre à nouveau la foi à la première
place, au-dessus de la politique et de la secrétairerie d’Etat. Paradoxalement,
cela rend nos rapports à la fois plus faciles et plus difficiles. D’un point de
vue liturgique, Benoît XVI a une inclination marquée contre la nouvelle
liturgie. Je pense qu’il va conduire une réforme liturgique, une nouvelle
«nouvelle messe» à base de l’ancienne selon une formule dont il a usé il y a
deux ans. L’on peut s’attendre en tout cas à une réforme de la réforme…
Le Nouvelliste :
Evaluez-vous la rencontre du 29 août comme une porte entrouverte par Benoît XVI
aux traditionalistes de
Mgr
Fellay : Ce n’est ni le premier ni le
dernier pas, mais il va dans la bonne direction. D’un côté comme de l’autre, il
va falloir cependant du temps même si Rome m’apparaît relativement pressée.
c- La position de M l’abbé Schimdberger.
Il faut savoir également que,
pour M l’abbé Schmidberger, premier assistant de Mgr Fellay, l’aspect doctrinal
est aussi primordial. Il faut que cet aspect soit d’abord réglé. Il le dit très
nettement à l’issue de l’entretien avec
- Les Réactions de Monsieur
l'abbé Schmidberger, premier assistant de la FSSPX,
confiées au journal Italien "Il gionale" et communiquées par l'Apic
du 30 août 2005.
Rome, 30 août 2005 (Apic)
Rome: Conditions à la pleine communion avec les traditionalistes de
L'abbé Franz Schmidberger, premier assistant général aux côtés de Mgr Fellay au
sein de
A propos de la levée des
excommunications de 1988 comme préalable au dialogue, il a répondu être
persuadé "qu'au sein du chemin commencé aujourd'hui, on parviendra à
déclarer que ces excommunications n'existent pas". Et d'affirmer tout de
go que "ces ordinations épiscopales étaient à notre avis nécessaires pour
l'Eglise". Sur les raisons de leur venue auprès de la plus haute instance
de l'Eglise catholique, le prêtre intégriste a expliqué que "pour nous, la
chose la plus importante est de manifester notre attachement à l'Eglise et au
siège de Pierre. Ce que nous avons dit est que nous sommes disposés à
travailler pour le bien de l'Eglise, non pour la détruire ou la diviser".
"Nous avons parlé de la
crise qui traverse l'Eglise…"
Pour l'abbé Schmidberger, la
rencontre avec Benoît XVI a d'ailleurs été très positive, se déroulant
"dans un climat cordial et d'attention réciproque". "Quelque
chose de positif est survenu", a-t-il déclaré. "Quand nous avons dit
que nous étions là par amour de l'Eglise", le pape "nous a répondu
:'c'est très important'. Nous avons commencé un chemin nécessaire pour assainir
de profondes blessures", a poursuivi le prêtre allemand âgé de 59 ans.
L'ancien supérieur général de
Le responsable traditionaliste
dénonce les "déformations nées du Concile Vatican II"
De son côté, "le pape
reconnaît certainement qu'il y a des abus, qu'il y a des choses qui ne vont
pas. Il suffit de rappeler sa méditation pour
Interrogé sur l'évocation par le
pape d'une solution juridique permettant de réintégrer
Vers la levée des
excommunications ?
A ce sujet, le prêtre a rapporté
qu'il avait ces deux derniers mois rencontré différents cardinaux et chefs de
dicastères de la curie romaine. "Nous avons fait parvenir des demandes,
des explications, des contributions, des demandes relatives à la réforme
liturgique et à l'œcuménisme". "Nous demanderons au pape de mettre
sous observation ce que nous faisons et comment nous le faisons et l'on
pourrait arriver à lever les excommunications", a encore espéré l'abbé
Schmidberger.
Dans une déclaration datée du 29
août 2005, le porte-parole du Saint-Siège avait affirmé que "devant les
difficultés dont elles ont conscience", les parties se sont mises d'accord
pour procéder "par étape et dans un délai raisonnable" afin d'arriver
à "la communion parfaite". (apic/imedia/ar/be)
30.08.2005 - Jacques Berset Ariane Rollier
Ce point de vue est partagé par
d’autres, en dehors même de
d- Le P Luc Thomas Somme, op. doyen de
Il s’est aussi exprimé dans
P. Somme :
Certainement. Lorsque des chrétiens émettent
une contestation d’ordre doctrinal, il ne faut pas éluder le débat, il faut se
situer à cette hauteur-là : l’amour et la recherche de la vérité. La
réponse ne peut pas être simplement disciplinaire, que ce soit pour résoudre le
litige ou pour prétendre le classer sans suite. A cet égard, il est clair qu’un
accord pragmatique à la hâte serait voué à l’échec. L’interprétation à donner
au décret conciliaire sur la liberté religieuse, par exemple, doit être
discutée. Les Dubia émis par
- Le texte intégral de cet
entretien se trouve dans
b- deuxième texte : Mascaret du
septembre 2005
« L’événement le plus
considérable de l’été est et restera la rencontre historique de Mgr Bernard
Fellay avec le pape Benoît XVI du 29 août 2005. Elle engage l’avenir de la
Tradition et de l’Eglise. J’aimerais ici vous donner brièvement mon sentiment.
Et tout d’abord, quitte à vous surprendre, vous dire que je laisse entièrement
Mgr Fellay à ses graves responsabilités dans ce domaine qui relève, par sa
nature, des ses compétences et de ses grâces d’état. Pourvu qu’elles soient
parfaitement loyales de part et d’autre (comme d’ailleurs elles se sont
engagées) ces relations nouvelles, qui portent en elles un immense espoir,
relèvent de la prudence. J’ai toujours reconnu aux autorités de la Fraternité
leurs compétences dans ce domaine et continuerai de le faire. En voici les
raisons.
1) La doctrine
La doctrine catholique n’est
pas susceptible de discussion et tous les baptisés, jusqu’au pape et surtout
lui, se doivent de la recevoir comme telle. Il y a dans le concile Vatican II
une dizaine de thèses inacceptables au regard de cette doctrine. Comme est par
exemple le fameux « Subsistit in » selon lequel l’Eglise
fondée par Notre Seigneur se contenterait de subsister dans l’Eglise catholique
Romaine. Ce qui voudrait dire qu’il y a d’autres modes de subsistance de cette
Eglise de Jésus-Christ. D’où l’appartenance à géométrie variable des fidèles
(?) à l’Eglise. Les fameux “cercles concentriques” du pape Jean-Paul II. D’où,
à la limite, les “chrétiens anonymes” de Rahner qui appartiennent à l’Eglise
(le corps, pas l’âme) sans le savoir. Autant d’hérésies qui mêlent
l’extravagance au loufoque. Car si tout un chacun appartient ainsi diversement
à l’Eglise, c’est que « par le mystère de l’Incarnation, Jésus-Christ
s’est uni, en quelque sorte, à tout homme ». Mais la doctrine
catholique est très simple : l’Eglise du Christ ne subsiste pas (seulement)
dans l’Eglise Romaine ; elle est l’Eglise Romaine et il n’y a aucun autre
mode de subsistance que celui-là. Car si l’on sait que la subsistance est le
formel de la personne (physique ou morale), cette doctrine du Concile est aussi
ridicule que d’affirmer d’un homme qu’il subsiste en lui-même. Pour ma part,
comme pour la vôtre, je ne subsiste pas dans l’abbé Laguérie (Philippe), je le
suis tout simplement. Il n’y a pas d’autres modes de subsistance de votre
serviteur, et fort heureusement d’ailleurs, pensent mes ennemis et même mes
amis… Si un passant dans la rue, vous explique qu’il subsiste dans sa personne,
un bon conseil : changez de trottoir ! Paradoxalement, le pape Benoît
XVI qui globalement s’affirme héritier et défenseur du concile Vatican II,
malmène l’une après l’autre les grandes thèses de ce Concile en les ramenant à
la vérité catholique. Il l’a fait pour la liberté religieuse en 1988, depuis
l’Amérique du sud. Il l’a refait récemment pour le fameux (« subsistit
in », affirmant que le seul sens possible de cette phrase est
l’identité de l’Eglise du Christ avec l’Eglise Romaine. Et s’il nous fallait
là-dessus être plus papiste que le pape, qu’à cela ne tienne. Il existe
d’ailleurs une règle objective et officielle d’interprétation du concile dont
tous pourraient et devraient convenir et qui laisse le champ libre à une
inéluctable critique des points contestés et inacceptables.
C’est la déclaration du 6 mars 1964 de la Commission doctrinale du Concile
lui-même, (A.S.S.) 57. 1965. 72. 75). Nous traduisons ce texte décisif : « En
raison de la pratique conciliaire (générale) et de la fin pastorale du présent
concile (Vat. II), le saint Synode n’entend proposer, en matière de foi et de
mœurs, comme devant être tenu par l’Eglise ces seules choses qu’il aura
expressément déclarées comme telles. Toutes les autres, que propose ce Saint
Synode comme doctrine du magistère suprême de l’Eglise, tous et chacun des
fidèles du Christ doivent les recevoir et les accepter selon l’esprit de ce
Saint Synode, qui se fait connaître, soit à partir de la matière traitée, soit
à partir du mode d’expression, suivant règles (classiques) de l’interprétation
théologique ».
Les textes douteux et dangereux du Concile ne relèvent évidemment pas du 1er
paragraphe. Jamais le Concile ne propose à tenir comme de foi ou de mœurs les
doctrines controversées. Il faut donc admettre que ces doctrines doivent être
reçues, selon l’esprit de ce concile à fin pastorale et suivant les critères
traditionnels de la théologie catholique. Et c’est le Concile lui-même qui nous
ouvre la voie à une critique du Concile dans tous les enseignements où il n’a
pas dit expressément qu’il enseignait la foi ou les mœurs à tenir. C’est ce que
nous faisons depuis 30 ans, c’est ce qu’entreprend ici et là le pape Benoît XVI
et c’est ce que demande… le Concile ! Etant sauve la doctrine, voyons la
prudence d’un accord.
2) La prudence
La prudence est cette vertu
(naturelle ou surnaturelle : pour les thomistes, ça fait deux) qui
applique aux conditions concrètes de l’agir moral (par définition fluctuantes
et mouvantes) les principes moraux, inchangeables et intangibles quant à eux,
du droit naturel et surnaturel.
La morale ne consiste pas, donc, dans l’application matérielle des principes au
concret (sous peine d’immoralité). Elle doit absolument passer par la vertu de
prudence personnelle. La prudence est comme la suspension d’une voiture :
entre la caisse, immobile, et les roues, nécessairement chaotiques comme le
sol, il faut cet ajustement continuel qui nous évite le décor à chaque tournant
ou dos d’âne. Quand le grand saint Nicolas envoie trois sacs d’or par la
fenêtre à ce très curieux papa qui, faute de pouvoir les doter convenablement,
avait simplement décidé de prostituer ses trois filles… il fait preuve d’une
très grande prudence ! Car enrichir ainsi un père monstrueux en passe de
devenir le proxénète de ses propres filles, défit quelque peu le bon sens… et
pourtant il crée ainsi trois jeunes foyers chrétiens.
La prudence ne peut être ici que celle de Monseigneur Fellay et de lui seul.
Son entourage et les pressions de toutes sortes ne peuvent ni ne doivent
interférer, sauf comme de sages conseils. Etant
sauve la doctrine et notre capacité à la conserver intégralement, c’est à lui
seul d’apprécier l’opportunité des propositions romaines, hic et nunc, pour le
bien non seulement de la Fraternité, mais de toute l’Eglise. A lui d’apprécier
et de ménager l’absence de toute déviation doctrinale, d’évaluer l’impact
considérable d’un feu vert romain sur notre apostolat, d’imposer l’unité de la
Fraternité etc…
Quel chemin accompli depuis
le mois de juillet où il n’était pas question d’accord (cf. B.O. du district de
France), alors qu’on vient de s’engager, « par étapes et dans des
délais raisonnables », à une pleine réconciliation ! Nous
soutiendrons donc Mgr Fellay de nos prières tout au long de cette année
difficile pour lui. C’est le juste retour du principe de subsidiarité bien
compris. Quand un secrétaire, loin derrière son bureau me dicte le bien commun
de Saint-Eloi et déclare illicite notre ministère auquel il n’entend
rien : je sais dire non et l’ai prouvé. Mais quand le bien commun tout
entier de la Tradition est engagé au plus haut niveau, je sais attendre et
prier aussi.
Nul ne doit douter pour l’heure des bonnes intentions qui animent les deux
partis. La cadence imposée par Rome me plait aussi : si un entrepreneur
propose de me construire une maison “dans des délais raisonnables”, j’escompte
prudemment être assez vite dans les murs, c’est le cas de le dire… Car
l’échéance de l’été 2006 ne doit en rien interférer et quand un pape, après
seulement six mois de Pontificat, prend ainsi les affaires en main, il me
semble que le zèle de tous et de chacun doit se réveiller.
Abbé Philippe Laguérie