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Un regard sur le monde

politique et religieux

 

au 27 février  2009

 

N° 205

 

Par Monsieur l’abbé Paul Aulagnier

 

 

 

 

 

 

Nul n’est de trop dans l’Eglise

 

Le grand dessein de Benoît XVI

 

Joel Prieur, critique littéraire de l’hebdomadaire de Minute et chroniqueur religieux du « Choc du mois »,  vient de publier dans le dernier numéro du Choc (février 2009) une excellente synthèse sur les premières années du  pontificat de Benoît XVI. Avec son autorisation et celle de la direction de la revue du Choc, je suis heureux de vous donner à lire dans ce numéro d’Item, cet article.

 

Jean Madiran a en relevé la qualité et la vérité dans Présent. Son commentaire est particulièrement élogieux. Vous pourrez le lire également dans ce numéro d’Item.

 

Nul n’est de trop dans l’Eglise.

Le grand dessein de Benoît XVI.

 

 

 

La température monte dans l’Eglise catholique. Officiellement, le coupable est Richard Williamson, cet évêque dont les déclarations ont mis le feu aux poudres. En réalité, celles-ci sont instrumentalisées à droite et à gauche dans l’Eglise pour rendre illisible le grand dessein réformateur du pape. Lorsque le maelström médiatique international s’apaisera, on reviendra à l’essentiel : l’élan rénovateur qui anime Benoît XVI.

 

Le pontificat actuel s’est établi sur un quiproquo autour de l’âge du souverain pontife. Il pa­raissait entendu le 17 avril 2005, jour de son élection, qu’un pape flirtant avec les 80 ans et qui les a bien dépassés aujourd’hui – il fêtera ses 82 ans le 19 avril –, aurait tant à faire avec l’ordinaire de sa vie quotidienne (offices, audiences intermina­bles, voyages intercontinentaux) qu’il n’aurait ni le temps ni l’énergie de prendre des initiatives personnelles dans le gouvernement de l’Eglise. Encore moins d’élaborer une stratégie nouvelle.  Au fond, on avait l’impression de ne pas avoir vraiment changé de pontificat. Et il suffirait d’attendre, dans une am­biance qui resterait « wojtylienne », pour qu’une majorité plus claire d’évêques se dégage et prenne les choses en mains. Nous nous trouvions, pour tout le monde ou presque en ce printemps 2005, dans l’hypothèse d’un pape de transition.

 

Tranquillement, Benoît XVI enclenche sa stratégie dès Noël 2 005

 

Dans les premières semaines de son pontificat, Benoît XVI ne fit rien pour détromper ce besoin général de statu quo. Il honorait les in­vitations lancées à Jean Paul II (les Journées mondiales de la Jeunesse en Allemagne à la fin de l’été 2005 par exemple). Devant l’abondant calendrier des béatifications et des canonisations, Benoît XVI décida de déléguer. Il se re­posait plus souvent sur les évêques locaux, ra­vis que le pape lui-même semble ainsi reconnaître leurs pouvoirs locaux.

Pendant ce temps, le souverain pontife re­cevait tout le monde, avec une extraordinaire dou­ceur. Il rencontra dans la même semaine Mgr Bernard Fellay, supérieur de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FFSPX), fondée par Mgr Marcel Lefebvre, et le Suisse Hans Küng, emblème survi­vant des théologiens modernistes issus de Vatican II, un peu après les JMJ et à l’égale satisfaction de l’un et de l’autre. On semblait s’orienter vers un pontificat irénique, avec un pa­pe volontiers discret par rapport à son prédécesseur.

Tout allait donc pour le mieux dans la meilleure des Eglises possibles à la fin de cette année 2005. C’est le moment que choisit Benoît XVI pour programmer le premier couac dans la symphonie pas très hé­roïque du con­sensus ecclésial universel. Il le fit en donnant à son intervention un caractère très officiel, mais en même temps en s’adressant à ceux qu’il connaissait le mieux dans la Sainte Eglise, les membres de la Curie romaine, que sa place de préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi (patron du Saint-Office), à la droite de Jean Paul II depuis 1981, l’avait ame­né à connaître comme sa poche. Il choisit un anniversaire, les quarante ans du concile Vatican II. Et il fit ce qu’il savait faire à la perfection : un cours. C’était le 22 décembre, juste avant Noël. Les auditeurs allaient attendre la fin de la trêve des confiseurs pour remettre leurs commentaires, de sorte que le discours passa (presque) inaperçu.

Il était pourtant de première importance. C’était la première fois qu’un pape s’attachait à minorer l’héritage de Va­tican II. Sans tambour ni trompette, le pape théologien ve­nait d’accomplir là une petite ré­volution. On sait que jusqu’ici, dans l’Eglise ca­tholique, les con­ciles étaient considérés com­me normatifs. Pour le concile Vatican II, Benoît XVI soulignait qu’il n’était pas un concile normatif (malgré tout l’intérêt qu’il lui porte) mais un concile qui devrait être normé par tous les conciles antérieurs. Et il résumait sa révolution d’un mot qui sent le cours de théologie fondamentale à plein nez : herméneutique.

 

Ne pas confondre Vatican II et « ce que l’on appelle faussement [son] esprit »

 

Au lieu d’être une bannière de ralliement, une boîte de mots d’ordre ou un programme de gouvernement de l’Eglise, Vatican II devenait simplement une mine d’interprétations, à mettre et à remettre toujours dans la continuité de la tradition de l’Eglise. Au passage, Benoît XVI stigmatisa « ce que l’on appelle faussement l’esprit de Vatican II ». Seul ou presque en France, Jean Madiran, l’adversaire de toujours des pom­pes et des œuvres de ce concile, comprit immédiatement la (longue) portée de ce cours de théologie à l’usage des cardinaux de Curie. Ce pontificat qui s’annonçait ronronnant ve­nait de prendre un tournant fracassant. Mais le plus drôle, c’est que la majorité des chrétiens semblait ne pas s’en apercevoir. Le discours du 22 décembre 2005 ? C’est simple, pendant des mois, personne n’en parle.

Il faudra un geste beaucoup plus concret de Be­noît XVI en direction des catholiques traditionalistes, l’érection à Rome d’une nouvelle congrégation, l’Institut du Bon Pasteur (IBP), composée de cinq anciens prêtres d’Ecône, le sé­minaire de la FFSPX, pour que le public s’é­meuve vraiment. C’était l’année suivante, le 8 septembre 2006.

Les évêques français se plaignent de ne pas avoir été consultés. Mais le président de la commission pontificale Ecclesia Dei, le cardinal Cas­trillon Hoyos, homme lige de Benoît XVI en cette occurrence, oppose aux critiques le front d’airain de l’homme qui sait où il va et qui ne se laissera pas aisément décontenancer par ses adversaires. C’est la personnalité de certains membres du Bon Pasteur comme l’abbé Laguérie ou l’abbé Aulagnier, vieux routiers l’un et l’autre des combats traditionalistes et qui n’ont jamais eu la réputation d’être des tièdes, qui semble effrayer la conférence épiscopale. Son président de l’époque, le cardinal Jean-Pierre Ricard, devra s’accoutumer dans son diocèse d’un abbé Laguérie « réintégré ». Sur le moment, philosophe, il met en cause « une volonté personnelle du pape ». Mais en février de l’année suivante, il érige l’église Saint-Eloi de Bordeaux, occupée légalement par l’abbé La­guérie, en paroisse personnelle, prenant ainsi totalement à son compte, comme évêque, le geste politique de Benoît XVI à l’égard d’une poignée de traditionalistes repentis.

Le 12 septembre 2006, quelques jours après l’érection du Bon Pasteur, dans le grand amphithéâtre de l’université de Ratisbonne, en Allemagne, aura lieu un discours qui, lui aus­si, fera date. Non seulement le pape pointe les rapports compliqués que l’islam entretient avec la raison, ce qui, sur le mo­ment, provoque un vrai scandale dans le monde occidental, mais il stigmatise ce qu’il nomme la « déshellénisation » du christianisme, cette longue dérive initiée dans les années 1970, où le catholicisme romain a paru se couper volontairement de sa culture d’origine, en rompant non seulement avec la langue latine mais avec le monde grec.

 

Un exercice très personnel du pouvoir adapté aux circonstances

 

Cette fois, on pouvait dire que Benoît XVI avait abaissé son jeu et qu’il jouait ses cartes, tranquillement, l’une après l’autre, sûr de sa force, sûr de sa dialectique, sûr de gagner en un mot. Il faisait penser au bon escrimeur répétant : « A la fin de l’envoi, je touche. » On peut dire qu’après Ratisbonne, chacun a compris que le pontificat de Benoît XVI ne serait décidément pas un pontificat de transition et que le pape était porté par un grand dessein dont les contours se précisaient peu à peu.

Le modus operandi des deux affaires du Bon Pasteur et de Ratisbonne est significatif. Be­noît XVI se considère (ainsi que tous ses prédécesseurs jusqu’à Paul VI) comme un mo­nar­que. Il agit seul. Il prend de court les évêques, parce qu’il a compris sans doute qu’il fallait les violer pour obtenir quelque chose d’une institution profondément sclérosée.

Cet exercice très personnel du pouvoir sem­ble le mieux adapté aux circonstances diffi­ciles que traverse l’Eglise parce qu’il est le plus souple. Il permet d’apparentes volte-face qui, sur le long terme, sont sans conséquence. C’est ainsi que l’on peut interpréter le geste du pape entrant dans la Mosquée bleue à Istanbul le 30 no­vembre suivant.

Un geste de monarque, qui craint d’avoir été trop loin et compense son discours fort de Ratisbonne par une faveur os­tensiblement accordée aux musulmans… Un roi de France pouvait agir de cette manière.

La monarchie pontificale, on aime ou on n’aime pas, mais il faut bien reconnaître qu’elle permet un esprit de suite que les démocraties occidentales n’ont pas forcément. Le 7 juillet 2007, juste avant de partir en vacances à Castel Gandolfo, la résidence d’été des papes, Benoît XVI publie un motu proprio libéralisant l’usage de la messe traditionnelle. On sait de quel­le charge symbolique se trouve investie la question liturgique, en particulier en France, où Mgr Lefebvre a martelé l’idée de l’insuffisance de la réforme liturgique en vigueur. Les évêques français, le cardinal Vingt-Trois en tête, comme nouveau président de la Conférence épiscopale, s’emploient à minimiser le caractère foncièrement libéral de ce motu proprio papal.

Sur le terrain, les conséquences n’en sont pas aussi manifestes qu’elles pourraient l’être. Mais le pape a écrit cette phra­se libératrice : « La forme traditionnelle du rite romain n’a jamais été interdite. » Son geste, tout le monde en est bien conscient, revêt, du coup, quelque chose d’irréversible ou d’historique. Lors de sa visite en France, le 15 septembre 2008, juste un an après l’entrée en vigueur (14 septembre 2007) du motu proprio, le pape a insisté sur cette logique profondément libérale de son pontificat : « Nul n’est de trop dans l’Eglise ». La formule allait bientôt trouver une application forte.

 

Une dynamique d’unité vers les orthodoxes, les luthériens, les anglicans

 

C’est dans ce contexte, en effet, qu’intervient, le 21 janvier dernier, la solennelle levée des sanctions encourues par les quatre évêques de la Fraternité Saint-Pie-X, que Mgr Lefebvre avait sacrés sans l’autorisation du pape le 30 juin 1988. Ces quatre-là non plus ne sont pas de trop dans l’Eglise, semble dire Benoît XVI. Quand on remet cet acte pontifical en perspective, il prend une importance qui n’est pas seulement celle d’un groupe minoritaire dans l’Eglise, mais qui manifestement concerne toute l’Eglise.

L’intervention désespérée et désespérante d’un des quatre, Mgr Williamson, niant publiquement l’existence des chambres à gaz pendant la Deuxième Guerre mondiale va contribuer à mondialiser cette affaire en lui donnant une dimension presque fantastique.

Alors que de part et d’autres, les principaux protagonistes de l’opération « levée des excommunications » s’écartent de Mgr Wil­liam­son, qui s’est condamné lui-même à n’être que le symbole de quelques soldats perdus, sans avenir et sans but réel, on peut penser que de chaque côté de la table des négociations, les uns et les autres sont trop engagés désormais pour reculer.

Le calendrier des négociations proposé par la Fraternité Saint-Pie-X a été honoré à la lettre par le pape : d’abord la liberté du rite traditionnel, ensuite la levée des sanctions.

Quel sera le troisième acte ? Il est trop tôt pour le dire.

Mais il faut bien reconnaître que l’on voit petit à petit émerger des brumes de l’histoire le grand dessein de Benoît XVI : nul n’est de trop dans l’Eglise. La vieille maison, cléricalisée à l’excès ou tombée aux mains de « laïcs engagés », qui ne savent plus très bien à quoi ils se sont engagés, doit s’ouvrir à tous ces chrétiens qui ne sont peut-être pas « con­formes », mais qui ne sont pas de trop pour autant parce que la foi les anime.

Il s’agit bien sûr des traditionalistes catholiques. Mais il s’agit aussi des orthodoxes, alors que le patriarche Cyrille Ier, un ami personnel du pape, vient d’être élu à Moscou.

Vis-à-vis des anglicans et vis-à-vis des luthériens, c’est la même dynamique d’unité que le pape a mise en mouvement, et qui ne s’arrêtera sans doute pas de sitôt. Car la grande idée qui anime Benoît XVI, c’est que la tradition apos­tolique n’est pas une idéologie exclusiviste et passéiste, mais une puissance intégratrice, le moteur de l’Eglise unifiée au XXIe siècle.

Joël Prieur

 

 

Eglise réelle et Eglise légale

« Si j’étais pape, je m’excuserais », a déclaré le 8 février dernier le cardinal Gottfried Daneels, archevêque de Malines-Bruxelles. Près de partir en retraite, le patron de l’Eglise belge n’a pas grand chose à perdre. Il dit donc tout haut ce que beaucoup d’évêques pensent tout bas. Jusqu’où iront les demandes de repentance adressées au Saint-Père ?

Les évêques dans leur ensemble restent cependant très prudents. En France, plusieurs d’entre eux, Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, ont signé la pétition de soutien à Benoît XVI, qui, par le seul biais d’Internet, a recueilli quelque 42 000 signatures à la date du 14 février (1).

Alors que les intellectuels catholiques dénoncent vivement « le pouvoir solitaire » du pape, le peuple chrétien se trouve une fois de plus derrière son pasteur. La bronca organisée par certains cénacles progressistes, qui ont l’impression de trouver là une nouvelle jeunesse, aura surtout servi à manifester le décalage entre l’Eglise réelle et l’Eglise légale. C’est de ce décalage dont profite Benoît XVI, adoubé par les foules, même s’il est boudé par une partie, minoritaire, de l’appareil ecclésiastique.

J. P.

 

1. http://www.soutienabenoitxvi.org/

 

 

L’article de Jean Madiran

 

 

Le grand dessein de Benoît XVI

 

 

 

« Magnifique Joël Prieur, magnifique ! Critique littéraire de l’hebdomadaire Minute, il se trouve qu’il est aussi le théologien du Choc du mois ;  à moins que ce ne soit l’inverse. Le critique littéraire est un maurrassien distingué, un humaniste éclectique, regard vif, plume alerte. Mais le théologien ! A la fois clair et profond, ce qui est rare, il est à la théologie comme l’analogue de ce qu’un expert en géopolitique est au simple chroniqueur.

 

Dans Le Choc de février, en trois grandes pages, il nous donne en perspective la synthèse explicative la plus satisfaisante que j’aie pu lire depuis le 17 avril 2005 sur Benoît XVI, sa personne, son style, son gouvernement et son grand dessein de plus en plus visible.

 

Retenons les étapes principales de sa stratégie. Le 22 décembre 2005, dans son discours à la Curie, quarantième anniversaire du Concile, « pour la première fois un pape s’attachait à minorer Vatican II », qui dès lors n’est plus un « concile normatif » pour une relecture révisionniste de la tradition apostolique, mais un concile qui doit être normé par tous les conciles antérieurs » : il devient « simplement une mine d’interprétations, à mettre et remettre toujours dans la continuité de la tradition ». C’est un « tournant fracassant », mais sur le moment à peu près inaperçu.

 

 

 Le 8 septembre 2006, seconde étape, érection de l’Institut du Bon Pasteur des abbés Laguérie, Tanoüarn, Héry, Aulagnier. Les évêques français commencent à dresser l’oreille et « se plaignent de ne pas avoir été consultés ».

 

Le 12 septembre 2006, discours de Ratisbonne : Benoît XVI « pointe les rapports compliqués que l’islam entretient avec la raison », mais aussi il stigmatise la déshellénisation du christianisme, cette longue dérive où le catholicisme romain a paru se couper de sa culture d’origine, en rompant non seulement avec la langue latine mais avec le monde grec ».

 

Le 07.07.07, c’est le motu proprio libéralisant » (je dirais plutôt : libérant) « l’usage de la messe traditionnelle ».

 

Et le 15 septembre 2008, juste un an après l’entrée en vigueur, le 14 septembre 2007, de ce motu proprio, Benoît XVI, lors de sa visite en France, proclame : « Nul n’est de trop dans l’Eglise. » C’est « dans ce contexte » qu’intervient, le 21 janvier 2009, la levée de l’excommunication des quatre évêques de la FSSPX : « Nul n’est de trop dans l’Eglise. Il s’agit bien sûr des traditionalistes catholiques. Mais il s’agit aussi des orthodoxes, alors que le patriarche Cyrille Ier, un ami personnel du Pape, vient d’être élu à Moscou. Vis-à-vis des anglicans et vis-à-vis des luthériens, c’est la même dynamique d’unité que le Pape a mise en mouvement. » Ainsi « l’on voit petit à petit émerger des brumes de l’histoire le grand dessein de Benoît XVI : nul n’est de trop dans l’Eglise (…). La grande idée qui anime Benoît XVI c’est que la tradition apostolique [est] une puissance intégratrice, le moteur de l’Eglise unifiée au XXIe siècle ».

 

Bravo Joël. Merci Joël. Vous parlez des choses d’Eglise d’une manière qui vous place au niveau non pas simplement d’un Prieur, mais d’un Abbé. Ou d’un Cardinal. Du grand exposé paru dans Le Choc je n’ai tiré bien sûr qu’une sorte d’aide-mémoire ; suffisant toutefois pour comprendre le niveau de surchauffe qui est atteint par l’incitation à la haine et au mépris de Benoît XVI dans les hurlements disciplinés de la meute médiatique. Car ils s’en prennent non seulement au pouvoir du Pape, mais directement à sa personne, avec insolence et grossièreté. Pourrait-il en être autrement, et n’est-ce pas ce que Jésus nous a annoncé, les disciples ne sont pas audessus du Maître, ils vous persécuteront comme ils m’ont persécuté ?

 

 Dans une société sans Dieu, l’Eglise, « séparée » ou non de l’Etat, risque fortement de n’avoir le choix qu’entre subir une persécution déclarée, comme en plusieurs pays d’Asie et d’Afrique, ou bien accepter, comme aujourd’hui en France, d’être une Eglise du silence, ce qui est une autre forme de persécution. Mais il y a Benoît XVI, ni inactif ni silencieux. Et, dit Joël Prieur, « le peuple chrétien se trouve une fois de plus derrière son pasteur ».

 

Sur ce terme d’« Eglise du silence » appliqué à l’Eglise de France, il faudra bien, j’y consens, que je m’explique quelque jour.

 

JEAN MADIRAN (dans Présent du 24 février 2009)