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Un regard sur l’actualité politique et religieuse

 

 

Au 29 mai  2006

 

N°91

 

Par Monsieur l’abbé Charles Tinotti

 

 

Benoît XVI en Pologne

ou

la nécessité de lire le Saint Père dans le texte.

 

 

S'il est vrai que bien des livres du St Père sont ardus pour qui n'est pas
théologien, il est encore plus vrai que d'autres sont très lisibles et qu'en tous cas ses audiences comme ses homélies pontificales sont d'une clarté accessible au plus humble des fidèles. Encore faut il pouvoir le lire sans lunettes déformantes et directement dans le texte... quand on les a.

Concernant ce second point, le monde francophone est mal loti.
Le samedi soir 27 mai à 22 heures, sur le site du Vatican on trouve in extenso les allocutions du voyage actuel du Pape en Pologne depuis le jeudi de l'Ascension en polonais, en anglais, en italien. En Français, Espagnol (et cela fait du monde) : rien. Même pas en allemand. Le journal La Croix pour les textes complets sur son site internet renvoie ... au St Siège.

En lisant la presse on trouve de ci de là des extraits très partiels de longueur variable mais toujours restreinte mêlés de commentaires qui montrent que leur auteur ont un sens théologique si ce n'est de la foi toute simple pas toujours très éclairé. Un exemple :aucune coupure de presse, et Dieu sait si j'en ai lues, ne rapporte la première affirmation, certes brève mais capitale, adressée au clergé après les amitiés au cardinal primat Mgr Gkemp fêtant ses 50 ans de sacerdoce, mais tous la sautent ne
citant tout bonnement que ce qui doit leur sembler important ou compréhensible par la messe. Voici la phrase : « Vous avez été choisis parmi le peuple et constitués dans les choses qui regardent Dieu, pour offrir des dons et des sacrifices pour les péchés. Croyez dans la puissance de votre sacerdoce ... » Tous commencent à : « Croyez dans
la puissance de votre sacerdoce » omettant ce qui est l'écho direct de l'Epître aux Hébreux.
Détail ?
Certes.

Mais il a évidemment son importance. De manière récurrente les passages théologiques ou spirituels ont été systématiquement omis comme si cela ne comptait pas : un comble pour un Pape ! Et de 'détails' en 'détails' la
pensée du plate finit par se présenter comme aplatie, sauf quelques points qui se retrouvent caricaturalement saillants. Il y a même une agence de presse ecclésiastique francophone qui a certes bon esprit mais qui change allégrement l'ordre des paragraphes du St Père, faisant fi du cheminement et de l'articulation de la pensée du St Père. Quand on sait avec quelle finesse d'esprit et délicatesse de cœur il choisit les thèmes, les mots pour les dire et leur agencement pour prendre par la main ceux auxquels il s'adresse il y a de quoi hurler ! On touche du doigt les limites de la formation des écoles de journalistes ... Décidément le plus simple est de lire le Pape dans le texte ... d'autant qu'il est très lisible !

En attendant donc la traduction officielle du St Siège, voici les principaux
extraits (il manque tous les débuts « de politesse et d'amitié » et différents
paragraphes plutôt circonstanciels d'ailleurs relayés par la presse ) de la première allocution comme telle du Pape en terre polonaise et, remarquons le, qui est adressée aux prêtres (on voit là la première importance que le St Père accorde à l'enjeu actuel du sacerdoce), et de l'homélie de la messe à Varsovie sous la pluie battante.

Quand aux lunettes déformantes il est piquant de lire dans La Croix sur internet au 25 mai un article documenté et clair de Isabelle de Gaulmyn qui rapporte à propos du sens à donner à la visite prévue à Auschwitz les paroles mêmes du Pape aux journalistes : « Interrogé, toujours dans l'avion, sur le point de savoir s'il se rendait dans le camp d'extermination d'abord comme Allemand ou comme pape, il a répondu 'avant tout comme catholique', poursuivant : 'Il est important de mesurer que nous
sommes catholiques et qu'ainsi, les nationalités sont insérées, relativisées, et réunies dans le grand ensemble de la communion catholique.' » et de lire dans La Croix sur internet au 27 mai un nouvel article sur la même question citant le porte-parole du Vatican M. Navarro-Valls : « Le porte-parole a souligné que la visite du camp avait
été inscrite au programme du voyage du pape en Pologne à la demande express de Benoît XVI : "Il nous a dit 'je veux aller à Auschwitz, je ne peux pas ne pas y aller', a déclaré M. Navarro-Valls. "Jean Paul II s'est rendu à Auschwitz en tant que fils du peuple polonais, et lui ira en tant que fils du peuple allemand", a-t-il encore affirmé. »

En lisant le discours complet ci dessous on voit que I de Gaulmyn est tout à fait dans l'atmosphère du discours papal et que la citation du porte-parole qui se trouve dans La Croix en a réduit par avance et obséquieusement envers les fauteurs de polémique en la matière, la portée, ce qui n'a rien d'étonnant pour les observateurs attentifs des organes de la presse ecclésiastique officielle/officieuse.

Conclusion : il faut toujours faire davantage confiance au Bon Dieu qu'à ses
saints !


† Abbé Charles Tinotti

Voici donc, en attendant la version officielle non encore disponible ce
mardi 30 mai à midi, les discours majeurs dans leur quasi totalité
prononcés par le St Père dans ce voyage en Pologne, traduits par nos soins.(sauf l'intervention au temple de la Trinité pour la rencontre interreligieuse traduite par Zénith sous copyright du Vatican)

Premier discours de Benoît du XVI en Pologne.
Principaux extraits.
Allocution aux prêtres en la cathédrale de Varsovie


[...] Vous avez été choisis parmi le peuple et constitués dans les choses qui regardent Dieu, pour offrir des dons et des sacrifices pour les péchés. Croyez dans la puissance de votre sacerdoce. En vertu du sacrement, vous avez recu tout ce que vous êtes. Lorsque vous prononcez les paroles « je » » ou « mon » (je t'absous... ceci est mon corps) vous ne le faites pas en votre nom mais au nom du Christ in persona Christi, qui veut se servir de vos lèvres et de vos mains, de votre esprit de sacrifice et de votre talent. Au moment de votre Ordination par le signe liturgique de l'imposition des mains le Christ vous a pris sous sa
protection spéciale, vous êtes cachés dans ses mains et dans son Cœur. Plongez vous dans son amour et donnez lui votre amour. Lorsque vos mains ont été ointes avec l'huile sainte signe du Saint Esprit vous avez été destinés à servir au Seigneur comme ses mains dans le monde d'aujourd'hui. Elles ne peuvent plus servir à l'égoïsme mais doivent transmettre au monde le témoignage de son amour.

La grandeur du sacerdoce peut faire peur [...] mais Jésus a fixé avec son amour même chacun d'entre nous et nous devons nous fier à ce regard. Ne nous laissons pas prendre par la hâte comme si le temps donné au Christ dans la prière silencieuse était du temps perdu. C'est au contraire exactement là que naissent les fruits les plus merveilleux du service pastoral. Il ne faut pas se décourager du fait que la prière demande un effort ou de l'impression que Jésus se tait. Il se tait mais il agit. A ce sujet j'aime bien rappeler l'expérience vécue l'an dernier à Cologne. J'y ai été témoin du silence profond et inoubliable d'un million de jeunes au moment de l'adoration du St Sacrement. Ce silence priant nous
unit et nous donne tant de soulagement. Dans un monde où il y a tant de bruit, tant d'égarement on a besoin de l'adoration silencieuse de Jésus caché dans l'Hostie. Soyez constants dans la prière d'adoration et enseignez la aux fidèles. Ils trouveront en elle lumière et réconfort, particulièrement les personnes éprouvées. Des prêtres les fidèles attendent seulement une chose : qu'ils soient des spécialistes dans la promotion de la rencontre de l'homme avec Dieu. Ils ne demandent pas aux prêtres d'être des experts en économie, en bâtiment ou en politique. Ils attendent de lui d'être expert dans la vie spirituelle. Pour cela, lorsqu'un jeune prêtre fait ses premiers pas, il faut qu'il puisse se référer à un maître expérimenté qui l'aide à ne pas s'égarer parmi tant de propositions de la culture du moment. Face aux tentations du relativisme ou de la permissivité, il n'est absolument pas nécessaire que le prêtre connaisse tous les courants
actuels et changeants de la pensée ; ce que les fidèles attendent de lui est qu'il soit témoin de l'éternelle sagesse contenue dans la parole révélée. Le soin de la qualité dans la prière personnelle et d'une bonne formation théologique porte du fruit dans la vie. Vivre sous l'influence du totalitarisme peut avoir engendré une tendance inconsciente à se dissimuler sous un masque extérieur avec pour conséquence de céder à une certaine forme d'hypocrisie.
Il est clair que cela ne contribue pas à l'authenticité des relations fraternelles et peut conduire à une concentration exagérée sur soi même. En réalité on grandit dans la maturité affective quand le cœur adhère à Dieu. Le Christ a besoin de prêtres qui soient mûrs, virils, capables de cultiver une authentique paternité spirituelle. Pour qu'elle arrive, observez l'honnêteté avec vous même, l'ouverture au directeur spirituel et la confiance en la divine miséricorde.
A l'occasion du Grand Jubilé, Jean-Paul II a plusieurs fois exhorté les chrétiens à faire pénitence des infidélités passées. Nous croyons que l'Eglise est sainte mais en elle il y a des hommes pécheurs. Il faut refuser le désir de s'identifier seulement avec ceux qui sont sans péché. Comment l'Eglise aurait elle pu exclure les pécheurs de ses rangs ? Il est donc nécessaire d'apprendre à vivre avec sincérité la pénitence chrétienne. En la pratiquant nous confessons les péchés individuels en union avec les autres, devant eux et devant Dieu. Mais
il faut toutefois se garder de s'ériger avec arrogance en juge des générations précédentes, vécues en d'autres temps et en d'autres circonstances. Il faut une humble sincérité pour ne pas nier les péchés du passé et ne pas tomber dans les accusations faciles en absence de preuves réelles ou en ignorant les différentes pré-comprehensions d'alors. En outre la 'confessio peccati' pour reprendre un mot de saint Augustin doit toujours d'accompagner d'une 'confessio laudis', d'une confession de louange. En demandant pardon du mal commis dans le passé, nous devons également nous rappeler le bien fait avec l'aide de la grâce divine
qui, simple dépôt dans des vases de terre, a porté des fruits même excellents.


Discours de Benoît XVI le jeudi 25 mai dans l'église luthérienne de la Très-Sainte-Trinité à Varsovie au cours de sa rencontre avec des représentants du Conseil Oecuménique polonais et des autres religions.


Chers frères et sœurs dans le Christ, « Grâce et paix vous soient données par 'Il est, Il était et Il vient', par les sept Esprits présents devant son trône, et par Jésus Christ, le témoin fidèle, le premier-né d'entre les morts, le Prince des rois de la terre » (Ap 1, 4-5). C'est avec les paroles du Livre de l'Apocalypse, avec lesquelles Jean salue les sept Eglises d'Asie, que je veux adresser mes salutations chaleureuses à tous ceux qui sont ici présents, et avant tout aux représentants des Eglises et des communautés ecclésiales associées au sein du Conseil œcuménique polonais. Je remercie l'Archevêque Jeremiasz de l'Eglise orthodoxe autocéphale pour le salut et pour les paroles d'union spirituelle qu'il vient de m'adresser. Je salue l'archevêque Alfons
Nossol, Président du Conseil Oecuménique de la Conférence épiscopale polonaise.
Nous sommes unis aujourd'hui par le désir de nous rencontrer, pour rendre, dans la
prière commune, gloire et honneur à Notre Seigneur Jésus Christ : « Il nous aime et nous a lavés de nos péchés par son sang, il a fait de nous une Royauté de Prêtres, pour son Dieu et Père » (Ap 1, 5-6).

Nous sommes reconnaissants à notre Seigneur, parce qu'il nous réunit, il nous accorde son Esprit et il nous permet « au-delà de ce qui nous sépare encore » d'invoquer « Abba, Père ». Nous sommes convaincus qu'il intercède Lui-même incessamment en notre faveur, en demandant pour nous : « Que leur unité soit parfaite ; ainsi, le monde saura que tu m'as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m'as aimé » (Jn 17, 23). Avec vous, je rends grâce pour le don de cette rencontre de prière commune. J'y
vois l'une des étapes en vue de réaliser la ferme intention que j'ai annoncée au début de mon pontificat, à savoir de considérer comme une priorité de mon ministère le retour à l'unité pleine et visible entre les chrétiens. Mon bien-aimé prédécesseur, le serviteur de Dieu Jean- Paul II, lorsqu'il visita cette église de la Très-Sainte-Trinité, en 1991, souligna que : « Pour autant que nous cherchions à atteindre l'unité, elle n'en reste pas moins un don de l'Esprit Saint. Nous serons disposés à recevoir ce don dans la mesure où nous lui aurons ouvert nos esprits et nos coeurs par la vie chrétienne, et surtout par la prière » (cf. L'Osservatore Romano en Langue Française n.31 du 6 août 1991). En effet, il ne nous sera pas possible de « faire » l'unité avec nos seules forces. Ainsi que je l'ai rappelé lors de la rencontre Oecuménique de l'année dernière à Cologne : « Nous pouvons seulement l'obtenir comme un don de l'Esprit Saint ». C'est pour cette raison que nos aspirations œcuméniques doivent être pénétrées par la prière, par le pardon réciproque et par la sainteté de la vie de chacun de nous.

Je voudrais souligner combien j'apprécie qu'ici, en Pologne, le Conseil Oecuménique polonais et l'Eglise catholique romaine lancent de nombreuses initiatives dans ce domaine. « Voici qu'il vient parmi les nuées, et tous les hommes le verront, même ceux qui l'ont transpercé » (Ap 1, 7). Les paroles de l'Apocalypse nous rappellent que nous sommes tous en chemin vers la rencontre définitive avec le Christ, lorsqu'il dévoilera devant nous le sens de l'histoire humaine, dont le centre est la croix de son sacrifice salvifique. En tant que communauté de disciples, nous sommes orientés vers cette rencontre avec l'espérance et la confiance que ce sera pour nous le jour du salut, le jour de l'accomplissement de tout ce à quoi nous aspirons, grâce à notre disponibilité à nous laisser guider par la charité réciproque que suscite en nous son Esprit. Nous édifions cette confiance non sur nos propres mérites, mais sur la prière à travers laquelle le Christ révèle le sens de sa venue sur terre et de sa mort rédemptrice : « Père, ceux que tu m'as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, et qu'ils contemplent ma gloire, celle que tu m'as donnée parce que tu m'as aimé avant même la création du monde », (Jn 17, 24). En chemin vers la rencontre avec le Christ qui « vient avec les nuées », nous annonçons sa mort par notre vie, nous proclamons
sa résurrection, dans l'attente de sa venue. Nous sentons le poids de la responsabilité que tout cela comporte; le message du Christ, en effet, doit atteindre chaque homme sur la terre, grâce à l'engagement de ceux qui croient en Lui et qui sont appelés à témoigner qu'il est vraiment envoyé par le Père(cf. Jn 17, 23). Il faut donc qu'en annonçant l'Evangile, nous soyons mus par l'aspiration à cultiver des relations réciproques de charité sincère, afin qu'à la lumière de celles-ci, tous sachent que le Père a envoyé son Fils et qu'il aime l'Eglise et chacun de nous, comme Lui-même a aimé (cf. Jn 17, 23). La tâche des disciples du Christ, la tâche de chacun de nous est donc celle de tendre vers une telle unité, afin de devenir, en tant que chrétiens, le signe visible de son message salvifique, adressé à tout être humain.

Permettez-moi de rappeler encore une fois la rencontre œcuménique qui a eu lieu
dans cette église avec votre grand concitoyen Jean-Paul II et son intervention, dans laquelle il traça de la manière suivante la vision des efforts visant à la pleine unité des chrétiens : « Le défi qui se présente consiste à surmonter peu à peu les obstacles (...) et grandir ensemble dans cette unité du Christ qui est unique, cette unité dont il a doté l'Eglise depuis le début. L'importance de la tâche interdit toute précipitation ou impatience, mais le devoir de répondre à la volonté du Christ exige que nous restions fermes sur la voie qui mène à la paix et à l'unité de tous les chrétiens. Nous savons bien que ce n'est pas nous qui guérirons les blessures de la division et qui rétablirons l'unité; nous sommes de simples instruments que Dieu pourra utiliser. L'unité entre les chrétiens sera un don de Dieu, à son moment de grâce. Nous attendons humblement ce jour, grandissant dans l'amour, dans le pardon et dans la confiance réciproques » (cf. ORLF n.31 du 6 août 1991).

Depuis cette rencontre, beaucoup de choses ont changé. Dieu nous a permis de faire
de nombreux pas vers la compréhension réciproque et le rapprochement. Permettez-moi de rappeler à votre attention certains événements œcuméniques, qui à cette époque eurent lieu dans le monde: la publication de l'Encyclique « Ut unum sint » ; les concordances christologiques avec les Eglises préchalcédoniennes: la signature à Augsbourg de la « Déclaration commune sur la doctrine de la justification »; la rencontre à l'occasion du Grand Jubilé de l'an 2000 et la commémoration œcuménique des témoins de la foi du XX siècle ; la reprise du dialogue entre catholiques et orthodoxes au niveau mondial, les funérailles de Jean-Paul II avec la participation de la quasi-totalité des Eglises et Communautés ecclésiales. J'ai appris qu'ici aussi, en Pologne, cette aspiration fraternelle à l'unité peut se réjouir de succès concrets. Je voudrais mentionner à cette occasion : la signature en l'An 2000, qui a également eu lieu dans ce temple, de la part de l'Eglise catholique romaine et des Eglises associées au sein du Conseil Oecuménique polonais, de la déclaration de la reconnaissance réciproque de la validité
du baptême ; l'institution de la Commission pour les Relations entre la Conférence épiscopale polonaise et le Conseil œcuménique polonais, à laquelle appartiennent les évêques catholiques et les chefs d'autres Eglises ; l'institution des commissions bilatérales pour le dialogue théologique entre catholiques et orthodoxes, luthériens, membres de l'Eglise nationale polonaise, mariavites et adventistes ; la publication de la traduction œcuménique du Nouveau Testament et du Livre des Psaumes ; l'initiative intitulée « œuvre de Noël d'aide aux Enfants », au sein de laquelle collaborent les organisations caritatives des Eglises: catholique, orthodoxe et évangélique.
Nous notons de nombreux progrès dans le domaine de l'œcuménisme mais nous
attendons cependant toujours quelque chose de plus.

Permettez-moi d'attirer aujourd'hui l'attention de manière peut-être un peu plus précise sur deux questions. La première touche au service caritatif des Eglises. Nombreux sont nos frères qui attendent de nous le don de l'amour, de la confiance, du témoignage, d'une aide spirituelle et matérielle concrète. J'ai fait référence à ce problème dans ma première Encyclique « Deus caritas est ». J'ai observé dans celle-ci que : « L'amour du prochain, enraciné dans l'amour de Dieu, est avant tout une tâche pour chaque fidèle, mais il est aussi une tâche pour la communauté ecclésiale entière, et cela à tous les niveaux: de la communauté locale à l'Eglise particulière, jusqu'à l'Eglise universelle
dans son ensemble. L'Eglise aussi, en tant que communauté, doit pratiquer l'amour » (n. 20). Nous ne pouvons pas oublier l'idée essentielle qui dès le commencement constitua le fondement solide de l'unité des disciples : « A l'intérieur de la communauté des croyants il ne doit pas exister une forme de pauvreté telle que soient refusés à certains les biens nécessaires à une vie digne » (ibid.). Cette idée est toujours actuelle, bien qu'au cours des siècles, les formes de l'aide fraternelle aient évolué ; accepter les défis caritatifs contemporains dépend dans une large mesure de notre collaboration réciproque. Je me réjouis que ce problème trouve un large écho dans le monde sous la forme de nombreuses initiatives oecuméniques. Je note avec satisfaction que dans la communauté de l'Eglise catholique et dans les autres Eglises et communautés ecclésiales se sont diffusées diverses nouvelles formes d'activités caritatives et que d'autres plus anciennes sont réapparues avec un élan nouveau. Ce sont des formes qui unissent souvent l'évangélisation et les œuvres de charité (cf. ibid., n. 30b). Il semble que, malgré toutes les différences qu'il faudra surmonter dans le cadre du dialogue interconfessionnel, il est légitime de confier l'engagement caritatif à la communauté Oecuménique des disciples du Christ dans la recherche de la pleine unité.
Nous pouvons tous trouver une place dans la collaboration au service des personnes dans le besoin, en tirant profit de ce réseau de relations réciproques, fruit du dialogue entre nous et de l'action commune. Dans l'esprit du commandement évangélique, nous devons assumer cette sollicitude attentive à l'égard de nos frères qui se trouvent dans le besoin, quels qu'ils soient. A ce sujet, j'ai écrit dans mon Encyclique que : « En vue d'un développement harmonieux du monde », il est « nécessaire pour les chrétiens d'unir leur voix et leur engagement pour le respect des droits et des besoins de tous, spécialement des pauvres, des humiliés et de ceux qui sont sans défense » (n. 30b). A tous ceux qui participent à notre rencontre, je souhaite aujourd'hui que la pratique de la charité fraternelle nous rapproche toujours davantage et rende plus crédible notre témoignage en faveur du Christ devant le monde.

La seconde question à laquelle je souhaite faire référence, concerne la vie conjugale et
la vie familiale. Nous savons que parmi les communautés chrétiennes, appelées à témoigner de l'amour, la famille occupe une place particulière. Dans le monde d'aujourd'hui, dans lequel se multiplient les relations internationales et interculturelles, de plus en plus souvent, des jeunes provenant de traditions différentes, de religions différentes, de confessions chrétiennes différentes décident de fonder une famille. Souvent, pour les jeunes eux-mêmes et pour les personnes qui leur sont chères, il s'agit d'une décision difficile qui comporte divers dangers touchant à la persévérance de la foi et à la construction future de la structure familiale, ainsi qu'à la création d'un climat d'unité de la famille et de conditions opportunes pour la croissance spirituelle des enfants. Toutefois, précisément grâce à la diffusion sur une plus grande échelle du dialogue Oecuménique, la décision peut donner naissance à la formation d'un laboratoire pratique d'unité. Pour cela, la bienveillance mutuelle, la compréhension et la maturité dans la foi des deux parties, ainsi que des communautés dont ils proviennent sont nécessaires. Je souhaite exprimer ma satisfaction pour la Commission
bilatérale du Conseil pour les Questions sur l'œcuménisme de la Conférence épiscopale
polonaise et du Conseil œcuménique polonais qui ont entamé la préparation d'un document où est présentée la doctrine chrétienne commune sur le mariage et sur la famille et sont établis les principes, acceptables par tous, pour contracter des mariages interconfessionnels, en indiquant un programme commun de sollicitude pastorale pour de tels mariages. Je souhaite à tous que sur cette question délicate grandissent la confiance réciproque entre les Eglises ainsi qu'une collaboration qui respecte pleinement les droits et la responsabilité des conjoints pour la formation dans la foi de la propre famille et pour l'éducation des enfants. « Je leur ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître, pour que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux et moi en eux » (Jn 17, 26). Frères et sSurs, en plaçant toute notre confiance dans le Christ, qui nous fait connaître son nom, nous cheminons chaque jour vers la plénitude de la réconciliation fraternelle. Que sa prière fasse en sorte que la communauté de ses disciples sur la terre, dans son ministère et dans son unité visible, devienne toujours davantage une communauté d'amour où se reflète l'unité du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
© Texte original Libreria editrice vaticana
Traduction réalisée par Zenit

Homélie de Benoît XVI à la Messe sur la place Pilsudski le
vendredi 26 mai 2006
[deux §§ de politesse et remerciements amicaux ...]

Restez fermes dans la foi. Nous venons d'entendre les paroles de Jésus : « si vous m'aimez vous observerez mes commandements. Je prierai le Père et il vous enverra un autre Consolateur pour que je reste toujours avec vous, l'Esprit de vérité » (Jn 14, 15-17). Dans ces paroles Jésus révèle le lien profond qui existe entre la foi et la profession de la Vérité divine, entre la foi et l'abandon à Jésus Christ dans l'amour, entre la foi et la pratique de la vie inspirée par les commandements. Toutes les trois dimensions de la foi sont le fruit de l'action de l'Esprit Saint. Une telle action se manifeste comme une force intérieure qui
harmonise le cœur des disciples avec le Cœur du Christ et les rend capables d'aimer les frères comme lui les a aimés. Ainsi la foi est un don et en même temps un devoir. « Il vous donnera un autre Consolateur, l'Esprit de Vérité ». La foi comme connaissance et profession de la vérité sur Dieu et sur l'homme « dépend de la prédication et la prédication à son tour s'effectue par la parole du Christ » dit Saint Paul (Ro 10, 17). Au long de l'histoire de l'Eglise les Apôtres ont prêché la parole de Dieu en se préoccupant de la livrer intacte à leurs successeurs qui à leur tour l'ont transmise aux générations suivantes jusqu'à nos jours. Tant de prédicateurs de l'Evangile ont donné leur propre vie par fidélité à
la vérité de la parole du Christ. Et ainsi, de l'empressement pour la vérité est née la Tradition de l'Eglise. Aujourd'hui encore comme dans les siècles passés il y a des personnes ou des environnements qui, en négligeant cette Tradition des siècles voudraient falsifier la parole du Christ et enlever les vérités de l'Evangile qui, selon eux, sont trop inconfortables pour l'homme moderne. On cherche à créer l'impression que tout serait relatif : même les vérités de la foi dépendraient de la situation historique et de l'évolution humaine. Mais l'Eglise ne
peut pas faire taire l'Esprit de Vérité. Les successeurs des Apôtres ensemble avec le Pape sont responsables de la vérité de l'Evangile et aussi tous les chrétiens sont appelés à partager cette responsabilité en acceptant les indications autorisées. Tout chrétien est tenu de confronter sans cesse ses propres convictions avec l'enseignement de l'Evangile et de la Tradition de l'Eglise dans l'obligation de rester fidèle à la parole du Christ même lorsqu'elle
est exigeante et humainement difficile à comprendre. Nous ne devons pas tomber dans la tentation du relativisme ou de l'interprétation subjective et sélective de l'Ecriture Sainte. Seule la vérité entière peut nous ouvrir à l'adhésion au Christ mort et ressuscité pour notre salut. Le Christ a dit : « si vous m'aimez... » La foi ne signifie pas seulement d'accepter un certain nombre de vérités abstraites concernant les mystères de Dieu, de l'homme, de la vie et de la mort, de la réalité future. La foi consiste en un rapport intime avec le Christ, un
rapport fondé sur l'amour de Celui qui nous aimés le premier (1 Jn 4,11) jusqu'à l'offrande totale de lui même. « Dieu a montré son amour pour nous alors que nous étions encore des pécheurs, Quelle autre réponse pourrions nous donner à un amour aussi grand si ce n'est celle d'un coeur ouvert et prompt à aimer ? Mais que veut dire aimer le Christ ? Cela veut dire se confier à lui, même aux moments d'épreuve, le suivre fidèlement aussi sur la Via Crucis dans l'espérance que viendra vite le matin de la résurrection. En nous confiant au Christ on ne perd rien mais on acquiert tout. Dans ses mains notre vie acquiert son vrai sens.
L'amour pour le Christ s'exprime dans la volonté d'harmoniser notre propre vie avec les pensées et les sentiments de son Cœur. Cela se réalise au moyen de l'union intérieure fondée sur la grâce des sacrements, renforcée par la prière continue, la louange, l'action de grâce et la pénitence. On ne peut faire fi d'une écoute attentive de l'inspiration qu'il suscite dans sa Parole, les personnes que nous rencontrons, les circonstances de la vie quotidienne. L'aimer veut dire rester en dialogue avec Lui, pour connaître sa volonté et la réaliser au plus tôt.
Mais vivre sa foi comme une relation d'amour signifie aussi être prêt à renoncer à tout ce qui est la négation de l'amour du Christ. C'est pourquoi Jésus a dit aux Apôtres : « si vous m'aimez vous observerez mes commandements ». Et quels sont les commandements du Christ ? Quand Jésus enseignait les foules il ne manquait pas de confirmer la loi que le Créateur a inscrite dans le coeur de l'homme puis qu'il a formulé sur les tables du Décalogue : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la loi ou les prophètes, je ne suis pas venu abolir mais accomplir. En vérité je vous le dis, avant que passent le ciel et la terre, pas
un iota, pas un point sur le iota ne passera de la loi sans que tout soit accompli » (Matt 5, 17- 18) Jésus nous a montré avec une clarté nouvelle le centre unifiant des lois divines révélées sur le Sinaï c'est à dire l'amour de Dieu et du prochain : « aimer Dieu et son prochain de tout son cœur et de toute son âme et aimer le prochain comme soi même vaut mieux que tous les holocaustes et tous les sacrifices » (Mc 12,33). Jésus dans toute sa vie et son mystère pascal
a accompli toute la loi. En s'unissant à nous par le don de l'Esprit Saint il porte avec nous et en nous le « joug » de la loi qui devient ainsi « un fardeau léger » (Mat 11, 30). Dans cet esprit Jésus formule sa liste des attitudes intérieures de ceux qui cherchent à vivre profondément la foi : bienheureux les pauvres en esprit, ceux qui pleurent, les doux, ceux qui ont faim et soif de la justice, les miséricordieux, les purs de coeur, les artisans de paix, les persécutés à cause de la justice ...

Chers frères et soeurs la foi en tant qu'adhésion au Christ se révèle comme un amour poussant à réaliser le bien que le Créateur a placé dans la nature de chacun et chacune de nous, dans la personnalité de tout autre homme comme dans tout ce qui est en ce monde. Celui qui croit et aime ainsi devient artisan de la vraie civilisation de l'amour dont le Christ est le centre. Il y a 27 ans à cet endroit, Jean Paul II a dit « la Pologne est devenue une terre de témoignage particulièrement responsable » (2 Juin 1979). Je vous le demande, cultivez ce
riche héritage de la foi transmis de génération en génération, un patrimoine de pensée et de service que fut Jean-Paul II. Demeurez forts dans la foi, transmettez la à vos enfants en témoignant de la grâce dont vous avez fait l'expérience de manière si abondante à travers l'Esprit Saint dans votre histoire. Que Marie Reine de la Pologne, vous montre la voie vers son Fils et vous accompagne sur le chemin vers un avenir heureux et empli de paix. Que ne
manque jamais dans vos cœurs l'amour pour le Christ et pour son Eglise. Amen.


Homélie du St Père lors de la Messe dimanche 28 mai à Cracovie
(Blonie)

« Hommes de Galilée pourquoi restez vous à regarder le ciel ? (Ac 1,11)
Frères et sœurs, aujourd'hui sur l'esplanade de Blonie à Cracovie résonne à nouveau cette demande rapportée par les Actes des Apôtres. Cette fois elle s'adresse à nous tous : « pourquoi restez vous à regarder le ciel ? » Dans la réponse à cette question est incluse la vérité fondamentale sur la vie et sur le destin de l'homme.

Cette demande se rapporte à deux attitudes connexes avec les deux réalité dans
lesquelles s'inscrit la vie de l'homme celle de la terre et celle du ciel. D'abord la réalité de la terre : « pourquoi restez vous ? » Pourquoi rester sur la terre ? Nous répondons : nous restons sur la terre parce que le Créateur nous a placés ici comme couronnement de l'œuvre de la création. Dieu tout puissant, conformément à son ineffable dessein d'amour, a créé l'univers, le tirant de rien. Et après avoir achevé cette œuvre, il a appelé l'homme à l'existence, le créant à sa propre image et ressemblance. Il lui a fait don de la dignité de fils de Dieu et de l'immortalité. Et nous savons que l'homme s'est égaré, a abusé du don de la
liberté et a dit « non » à Dieu se condamnant ainsi lui même à une existence dans laquelle sont entrés le mal, le péché, la souffrance et la mort. Mais nous savons aussi que Dieu lui-même ne s'est pas résigné à cette sorte de situation et il est entré directement dans l'histoire de l'homme et cette histoire est devenue l'histoire du salut. « Nous restons sur la terre » nous sommes enracinés en elle, c'est d'elle que nous croissons. C'est là que nous faisons le bien dans les différents espaces de l'existence quotidienne, dans la réalité de la sphère matérielle et aussi dans la réalité de la sphère spirituelle, dans les relations réciproques, dans l'édification de la communauté humaine, dans la culture. C'est là que nous faisons l'expérience de la fatigue de ceux qui sont en chemin vers un but au long de chemins compliqués, parmi les hésitations, les tensions, les incertitudes mais aussi dans la conscience profonde qu'un jour où l'autre ce chemin atteindra son terme.

Et c'est alors que se fait la réflexion :tout, ici ? La terre où « nous nous trouvons » est elle notre destinée définitive ?
Dans ce contexte il faut s'arrêter sur la seconde partie de la question rapporté dans les Actes : « pourquoi restez vous à regarder le ciel ? » Nous lisons que lorsque les apôtres essayèrent d'attirer l'attention du Ressuscité sur la question de la reconstruction du royaume terrestre d'Israël, Il « fut élevé en haut sous leurs yeux et un nuage le déroba à leur regard » et ils « restèrent à fixer le ciel pendant qu'Il s'en allait ». Ils restaient à fixer le ciel parce qu'ils accompagnaient du regard Jésus crucifié et ressuscité qui s'élevait. Nous ne savons pas s'ils se sont rendus compte à ce moment qu'un horizon magnifique, infini s'ouvrait à leur yeux : le point d'arrivée du pèlerinage terrestre de l'homme ; peut être l'ont ils compris
seulement le jour de la Pentecôte, une fois illuminés de l'Esprit Saint.

Pour nous toutefois, deux mille ans après, le sens de cet événement est bien lisible. Nous sommes appelés en restant sur terre à fixer le Ciel, à tourner notre attention, notre pensée et notre cœur vers l'ineffable Mystère de Dieu. Nous sommes appelés à regarder dans la direction de la réalité divine vers laquelle l'homme est orienté depuis la création. Là réside le sens définitif de notre
vie.
Chers frères et soeurs, je célèbre aujourd’hui avec une profonde émotion l'Eucharistie dans le parc Blonie où le saint Père Jean Paul II a célébré plusieurs fois durant ses inoubliables voyages apostoliques en son pays natal. Pendant les liturgies il a rencontré le peuple de Dieu quasi dans tous les endroits du monde mais il n'y a aucun doute que chaque célébration de la Sainte Messe à Blonie à Cracovie était pour lui un événement exceptionnel. Ici il se tournait en esprit et de cœur vers les racines, vers les sources de sa foi et de son service dans l'Eglise. D'ici il voyait Cracovie et toute la Pologne. Lors de son premier pèlerinage en Pologne le 10 Juin 1979, achevant son homélie sur cette esplanade, il dit avec nostalgie : « permettez qu'avant de vous laisser je jette un regard sur Cracovie, de cette Cracovie dont chaque pierre et chaque brique m'est chère. Et de regarder encore une fois d'ici, la Pologne... » Et au cours de la dernière sainte Messe célébrée en ce lieu le 18 aôut 2002, il dit dans son homélie : « je suis reconnaissant pour l'invitation à visiter ma Cracovie et pour l'hospitalité qui me fut offerte » Je veux recueillir ces paroles, les faire miennes et les répéter aujourd'hui : « je vous remercie de tout cœur pour l'invitation à visiter ma Cracovie et pour l'hospitalité qui me fut offerte ». Cracovie, la ville de Karol Wojtyla et
de Jean Paul II est aussi ma Cracovie ! C'est aussi une ville chère au cœur des innombrables foules de chrétiens partout dans le monde qui savent que Jean Paul II arriva sur la colline du Vatican depuis cette ville, depuis la colline du Wawel, « d'un pays lointain » qui, du fait de cet événement, est devenu un pays cher à tous.

Au début de la deuxième année de mon Pontificat je suis venu en Pologne et à
Cracovie par un besoin du cœur, comme pèlerin sur les pas de mon prédécesseur. Je voulais respirer l'air de sa patrie. Je voulais regarder le pays dans lequel il est né et où il a grandi pour assumer l'infatigable service du Christ et de l'Eglise universelle. Je désirais avant tout rencontrer les hommes vivants, ses compatriotes, découvrir votre foi dans laquelle il puisa la sève vitale et m'assurer que vous êtes forts dans la foi. Je veux aussi prier ici Dieu de conserver en vous l'héritage de la foi, de l'espérance et de la charité laissés au monde et à vous en particulier par Jean Paul II.

Je salue cordialement toutes les personnes rassemblées ... Je voudrais vous serrer la main à chacun d'entre vous en vous regardant dans les yeux. Je salue toute la Pologne ... Je remercie le Cardinal Primat ...

Chers frères et soeurs le thème de mon pèlerinage en terre polonaise sur les traces de Jean Paul II est dans les paroles « restez fermes dans la foi » L'exhortation comprise dans ces mots s'adresse à nous tous qui formons la communauté des disciples du Christ, elle s'adresse à chacun de nous. La foi est un acte humain très personnel qui se réalise selon deux dimensions. Croire veut dire avant tout accepter comme vérité ce que notre esprit ne peut comprendre jusqu'au fond. Il faut accepter ce que Dieu nous révèle sur lui même, sur
nous mêmes et sur la réalité qui nous entoure y compris celle qui est invisible, ineffable, inimaginable. Cet acte d'acceptation de la vérité révélée élargit l'horizon de notre connaissance et nous permet de rejoindre le mystère dans lequel est immergée notre existence. Accepter que notre raison soit ainsi limitée ne se concède pas facilement. Et c'est proprement là que se manifeste la foi dans sa seconde dimension : celle de se confier à une personne, et pas à une personne ordinaire mais au Christ. C'est important ce à quoi nous croyons mais il est encore plus important Celui en qui nous croyons. Saint Paul nous parle de cela dans la lettre au Ephésiens qui a été lue ce jour. Dieu nous a donné un esprit de sagesse et « illuminé les yeux de notre coeur pour nous faire voir quelle espérance nous ouvre son appel, quels trésors de gloire renferme son héritage parmi les saints et quelle extraordinaire grandeur sa puissance revêt pour nous les croyants selon la vigueur de sa force, qu'il a déployée en la personne du Christ » (1, 18-20) Croire veut dire s'abandonner à Dieu, Lui confier notre destin. Croire veut dire établir un lien très personnel avec notre Créateur et rédempteur en vertu de l'Esprit Saint et faire en sorte que ce lien soit le fondement de toute notre vie.
Aujourd'hui nous avons entendu les paroles de Jésus : « Vous recevrez la force
l'Esprit Saint qui descendra sur vous et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute Judée et la Samarie et jusqu'aux confins de la terre » Il y a des siècles, ces paroles ont atteint aussi la terre polonaise. Elles ont été et continuent d'être un défi pour tous ceux qui reconnaissent appartenir au Christ, ceux pour qui sa cause est la plus importante. Nous avons le devoir d'être témoins de Jésus qui vit dans l'Eglise et dans le cœur des hommes. Lui nous a assigné une mission. Le jour de son Ascension dans le ciel il dit aux apôtres « Allez dans le monde entier et prêchez l'Evangile à toute créature ... alors ils partirent prêchèrent partout tandis que le Seigneur opérait ensemble avec eux et confirmait la parole par les signes qui l'accompagnaient » (Mat 16, 1-5) chers frères et sœurs ! Avec l'élection Karol Wojtyla sur le Siège de Pierre au service de toute l'Eglise, votre pays est devenu lieu d'un témoignage de foi particulier en Jésus Christ. Vous avez vous-mêmes été appelés rendre ce témoignage devant le monde entier. Votre vocation est toujours d'actualité et peut être encore davantage depuis la bienheureuse mort du Serviteur de Dieu. Ne privez pas
monde de votre témoignage !

Avant de rentrer à Rome pour poursuivre mon ministère, je vous exhorte tous, en me rapportant aux paroles que Jean Paul II a prononcées ici en 1979 : « Vous devez être forts,

chers frères et sœurs ! Vous devez être forts de cette force qui jaillit de la foi ! Vous devez être forts de la force de la foi ! Vous devez être fidèles ! Aujourd'hui plus qu'à toute autre époque vous avez besoin de cette force. Vous devez être forts de la force de l'espérance qui apporte la parfaite joie de vivre et nous empêche de contrister l'Esprit Saint ! Vous devez être forts de l'amour qui est plus fort que la mort ... vous devez être forts de la force de foi, de l'espérance et de la charité, consciente, mûre, responsable et qui puisse nous aider cette étape de notre histoire au grand dialogue avec l'homme et avec le monde : dialogue
avec l'homme et avec le monde enraciné dans le dialogue avec Dieu lui même – avec le Père par le Fils dans l'Esprit Saint- dialogue du salut. » (10 juin 1979)
Et moi, Benoît XVI, successeur du Pape Jean Paul II, je vous demande de regarder terre et le ciel, de fixer Celui qu'ont suivi -depuis 2000 ans- des générations successives qui vécurent et se succédèrent sur notre terre et en Qui elles retrouvèrent le sens définitif de l'existence. Raffermis par la foi en Dieu, engagez vous avec ardeur à la consolidation de son Règne sur la terre : le Règne du bien, de la justice, de la solidarité, de la miséricorde, vous demande de témoigner courageusement de l'Evangile dans le monde d'aujourd'hui apportant l'espérance aux pauvres, aux souffrants, aux personnes abandonnées, aux
désespérés, à ceux qui ont soif de liberté, de vérité et de paix. En faisant le bien au prochain et en vous montrant attentifs pour le bien commun, témoignez que Dieu est amour.
Je vous demande enfin de partager avec les autres peuples d'Europe et du monde trésor de la foi, également par considération pour la mémoire de votre Compatriote qui, comme Successeur de Saint Pierre, a fait cela avec une force et une efficacité extraordinaire.

Et souvenez vous de moi dans vos prières et vos sacrifices comme vous vous souvenez mon grand prédécesseur afin que je puisse accomplir la mission qui m'a été confiée par le Christ. Je vous le demande : restez fermes dans la foi ! Restez fermes dans l'espérance
Restez fermes dans la charité ! Amen.



Discours de Benoît XVI au Camp de Concentration d'Auschwitz-Birkenau
le 28 mai 2006

Prendre la parole dans ce lieu d'horreur, d'accumulation de crimes contre Dieu et
contre l'homme sans égal dans l'histoire est presque impossible - et cela est particulièrement difficile et accablant pour un chrétien, pour un pape qui vient d'Allemagne. Dans un lieu comme celui-là, les mots font défaut, au fond, seul un silence tremblant peut régner, un silence qui est un cri intérieur vers Dieu : pourquoi n'as-tu rien dit Seigneur ? pourquoi as-tu pu tolérer tout cela ? C'est dans ce silence que nous nous inclinons profondément au fond de nous devant l'innombrable enfilade de ceux qui ont souffert ici et ont été mis à mort ; ce
silence toutefois devient ensuite demande à haute voix de pardon de réconciliation, un cri vers le Dieu vivant de ne plus permettre une telle chose.
Il y a 27 ans, le 7 juin 1979 le pape Jean Paul II était ici et il dit alors : « je viens ici comme pèlerin. On sait que bien des fois je me suis trouvé ici... Tant de fois !

Bien des fois je suis descendu dans la cellule de la mort de Maximilien Kolbe et je me suis arrêté devant le mur de l'extermination et je suis passé entre les ruines des fours crématoires de Birkenau. Je ne pouvais pas ne pas venir ici comme Pape » Le pape Jean Paul II est venu ici comme fils du peuple qui, à côté du peuple hébraïque, devait souffrir le plus en ce lieu et, en général, au cours de la guerre : « il y a six millions de polonais qui ont perdu la vie pendant la seconde guerre mondiale : le cinquième de la nation » a alors rappelé le Pape. Ici il a
ensuite fait monter l'avertissement solennel au respect des droits de l'homme et des nations qu'avant lui ses prédécesseurs Jean XXIII et Paul VI avaient élevé devant le monde, et il ajouta : « Je prononce ces paroles [...] fils de la nation qui dans son histoire lointaine et récent a subi tant de douleurs de la part des autres. Et je ne le dis pas pour accuser mais pour se souvenir. Je parle au nom de toutes les nations dont les droits sont violés et oubliés... »

Le pape Jean Paul II était ici comme fils du peuple polonais. Je suis aujourd'hui ici comme fils du peuple allemand et justement pour cela, je dois et peux dire comme lui : je ne pouvais pas ne pas venir ici. Je devais venir. C'était et c'est un devoir à l'égard de la vérité et du droit de ceux qui ont souffert, un devoir vis-à-vis de Dieu, d'être ici comme successeur de Jean-Paul II et comme fils du peuple allemand, fils de ce peuple sur lequel un groupe de criminels a pris le pouvoir au moyen de promesses mensongères, au nom de perspectives de grandeur, de recouvrance de l'honneur de la nation et et de son relèvement, avec des
prévisions de bien-être, et aussi avec la force de la terreur et de l'intimidation de sorte que notre peuple a pu être utilisé et abusé comme instrument de leur frénésie de destruction et de pouvoir. Oui, je ne pouvais pas ne pas venir ici. Le 7 juin 1979, j'étais ici comme archevêque de Münich-Freisingen parmi tant d'évêques qui accompagnaient le Pape, l'écoutaient et priaient avec lui. Puis en 1980 je suis revenu une fois dans ce lieu d'horreur avec une délégation d'évêques allemands, bouleversé à cause du mal et reconnaissant du fait
qu'au dessus de ces ténèbres s'était levé l'étoile de la réconciliation. Et c'est encore dans ce but que je me trouve aujourd’hui ici : pour implorer la grâce de la réconciliation – et tout d'abord de Dieu qui, seul, peut ouvrir et purifier nos coeurs ; puis des hommes qui ont souffert ici, et enfin la grâce de la réconciliation pour tous ceux qui, en ce moment de notre histoire, ont souffert de nouvelle manière sous le pouvoir de la haine et sous la violence fomentée par la haine.
Tant de demandes s'imposent à nous dans ce lieu ! Et toujours à nouveau émerge la demande : Où était Dieu en ces jours-là ? Pourquoi s'est-il tu ? Comment a-t-il pu tolérer cet excès de destruction, ce triomphe du mal ? Il nous vient à l'esprit les paroles du psaume 44, la lamentation d'Israël souffrant : « Tu nous as écrasés au séjour des chacals, tu nous as enveloppés de ténèbres ... Pour toi nous avons mis à mort, traités comme des brebis pour l'abattoir. Réveille toi !pourquoi dors tu Seigneur ? Relève toi, ne nous repousses pas à jamais ! Pourquoi caches tu ton visage, oublies tu notre misère et notre oppression ? Car
nous sommes prostrés dans la poussière, notre corps est étendu par terre. Relève toi, viens à notre secours, sauve nous par ta miséricorde ! » (Ps 44, 20.23-27)

Ce cri d'angoisse qu'Israël souffrant élevé vers Dieu au temps de détresse profonde est dans le même temps le cri d'appel à l'aide de tous ceux qui dans le cours de l'histoire (hier, aujourd'hui et demain- ont souffert pour l'amour de Dieu, pour l'amour de la vérité et du bien, et il y en a beaucoup encore aujourd'hui.
Nous ne pouvons pas pénétrer le secret de Dieu - nous ne voyons que des fragments et nous commettons une erreur si nous voulons nous faire juges de Dieu et de l'histoire. Dans ce cas nous ne défendrions pas l'homme mais contribuerions seulement à sa destruction. Non – en définitive nous devons restés tournés vers Dieu avec le cri humble mais insistant : « réveille-toi ! N'oublie pas ta créature, l'homme ! Et notre cri vers Dieu doit être en même temps un cri qui pénètre notre propre coeur afin que s'éveille en nous la présence cachée de
Dieu, afin que la puissance qu'Il a déposée dans nos cœurs ne soit pas recouverte et étouffée en nous par la boue de l'égoïsme, de la peur des hommes, de l'indifférence et de l'opportunisme. Nous émettons ce cri devant Dieu, nous le retournons vers notre cœur lui-même précisément à l'heure présente où surviennent de nouvelles mésaventures où semblent émerger à nouveau des cœurs des hommes toutes les forces obscures : d'une part l'abus du
nom de Dieu pour justifier une violence aveugle contre des personnes innocentes ; d’autre part, le cynisme qui ne connaît pas Dieu et qui méprise la foi en Lui. Nous crions versDieu, afin qu'il incite les hommes à se repentir, et qu'ils reconnaissent ainsi que la violence n'engendre pas la paix mais seulement davantage de violence, une spirale de destructions, dans lequel tous ne peuvent en définitive qu'être perdants. Le Dieu dans lequel nous croyons est un Dieu de la raison – d'une raison cependant qui n'est certainement pas une mathématique neutre de l'univers mais qui n'est qu'une seule chose avec l'amour, avec le
bien. Nous prions Dieu et nous crions vers les hommes afin que cette raison, la raison de l'amour et de la reconnaissance de la force de la réconciliation et de la paix prévale sur les menaces présentes de l'irrationalité ou d'une fausse raison coupée de Dieu.

Le lieu où nous nous trouvons est un lieu de la mémoire, c'est le lieu de la Shoa. Le passé n'est jamais seulement du passé. Il nous regarde et nous indique les chemins à ne pas prendre et ceux à prendre. Comme Jean Paul II j'ai parcour le chemin le long des pierre qui dans les différentes langues rappellent les victimes de ce lieu : il y a des pierres en biélorusse, tchèque, allemand, français, grec, hébreu, croate, italien, yiddish, hongros, néerlandais, norvégien, polonais, russe, rom, roumain, slovaque, serbe, ukrainien, judéoéspagnol, anglais. Toutes ces pierres commémoratives parlent de la douleur humaine, elles nous font deviner le cynisme de ce pouvoir qui traitait les hommes comme du matériau sans les reconnaître comme des personnes dans lesquelles resplendit l'image de Dieu.
Certaines pierres invitent à une commémoration particulière. Il y a celle en langue
hébraïque. Les potentas du Troisième Reich voulaient détruire le peuple hébraïque dans sa totalité, l'éliminer de la liste des peuples de la terre. Les paroles du psaume 'nous avons été mis à mort, traités comme des brebis pour l'abattoir' se sont alors vérifiées de manière terrible. Au fond, ces criminels violents, par l'anéantissement de ce peuple, poursuivaient l'intention de tuer ce Dieu qui appela Abraham, qui parlant sur le Sinaï a établi les critères
d'orientation de l'humanité qui restent valides pour l'éternité. Si ce peuple, simplement par sa seule existence, constitue un témoignage de ce Dieu qui a parlé à l'homme et l'a pris en charge, alors ce Dieu devait finalement mourir et le pouvoir appartenir seulement à l'homme – à ceux là qui se considéraient comme forts d'avoir su s'emparer du monde. Par la destruction d'Israël, par la Shoah, ils voulaient en fin de compte arracher les racine sur lesquelles se fonde la foi chrétienne en lui substituant définitivement la foi tirée de soi, la foi dans le pouvoir de l'homme, du fort. Puis il y a la pierre en langue polonaise. D'abord et
avant tout on a voulu éliminer l'élite culturelle et ainsi effacer le peuple comme sujet historique autonome pour l'abaisser, dans la mesure où il continuait d'exister, à un peuple d'esclaves. Une autre pierre qui invite particulièrement à réfléchir est celle écrite dans la langue des tziganes et des roms. Ici aussi on a voulu faire disparaître un peuple entier qui vivait en migrant au milieu des autres peuples. Il fut compté parmi les éléments inutiles de l'histoire universelle, dans une idéologie où ne devait compter désormais que l'utile mesurable, tout le reste selon leurs conceptions, devant se classer comme le bensunwertes Leben -vie indigne d'être vécue. Puis c'est la pierre en russe qui évoque le nombre immense
des vies sacrifiées parmi les soldats russes dans l'affrontement avec le régime de la terreur national-socialiste ; en même temps elle nous fait réfléchir sur le sens doublement tragique de leur mission : ils ont libéré les peuples d'une dictature mais en soumettant aussi les mêmes peuples à une nouvelle dictature, celle de Staline et de l'idéologie communiste. Toutes les autres pierre aussi dans beaucoup de langues de l'Europe nous parle de la souffrance des hommes de tout le continent. Puissent-elles toucher profondément notre cœur si nous ne faisons pas seulement mémoire des victimes de manière générale mais si nous
voyions au contraire les visages des personnes singulières qui ont fini ici dans l'abîme de la terreur. J'ai senti comme un devoir intime de m'arrêter de manière particulière devant la pierre en langue allemande. Là se présente à nous le visage de Edith Stein, Thérèsia- Benedicta a Cruce : juive et allemande disparue avec sa soeur dans l'horreur de la nuit du camp de concentration germano-nazi ; comme chrétienne et comme juive elle accepta de mourir à la fois avec son peuple et pour lui. Les allemands qui furent alors déportés à Auschwitz-Birkenau et qui sont mort étaient vus comme Abschaum der Nation –comme rebut de la nation. Cependant aujourd'hui nous leur rendons grâce avec reconnaissance
comme témoins de la vérité et du bien, qui même dans notre peuple n'a pas été perdu. Nous remercions ces personnes parce qu'elles ne se sont pas soumises au pouvoir du mal et se tiennent maintenant devant nous comme des lumières dans une nuit obscure. Avec un profond respect et gratitude nous nous inclinons devant tous ceux qui, comme les trois jeunes devant la menace de la fournaise à Babylone, ont su répondre : « Seul notre Dieu peut nous sauver. Et même s'il ne nous libérait pas, sache, ô roi, que nous ne servirons jamais tes dieux et n'adorerons pas la statue d'or que tu as érigée » (Dan 3, 17)
Oui, derrière ces pierres se cache le destin d'innombrables êtres humains. Ils secouent notre mémoire, ils secouent notre cœur. Ils ne veulent pas provoquer en nous la haine : ils nous démontrent même combien terrible peut être l'œuvre de la haine. Ils veulent amener la raison à reconnaître le mal comme mal et à le rejeter ; ils veulent susciter en nous le courage du bien, de la résistance au mal. Ils veulent nous amener à ces sentiments qui s'expriment dans les paroles que Sophocle met sur les lèvres d'Antigone face à l'horreur qui l'entoure : je ne suis pas ici pour qu'on haïsse ensemble mais qu'on aime ensemble »

Grâce à Dieu, par la purification de la mémoire à laquelle nous invite ce lieu d'horreur, croissent maintenant de multiples initiatives qui veulent imposer une limite au mal et donner force au bien. Il y a quelques instants j'ai pu bénir le Centre pour le Dialogue et la Prière.

Tout proche la vie cachée des soeurs carmélites qui se savent particulièrement unies au mystère de la croix du Christ nous rappelle la foi des chrétiens qui affirme que Dieu lui même est descendu dans l'enfer de la souffrance et souffre ensemble avec nous. A Oswiecim existe le Centre Saint Maximilien Kolbe et le Centre International de Formation sur Auschwitz et l'Holocauste. Puis il y a la Maison Internationale pour les Rencontres de la Jeunesse. Près d'une ancienne maison de prière il y a le Centre Hébraïque. Enfin l'Académie pour les Droits de l'Homme est en train d'être établie. Ainsi pouvons nous espérer que de ce
lieu d'horreur germe et croisse une réflexion constructive et que le souvenir aide à résister au mal et à faire triompher l'amour.
L'humanité a traversé à Auschwitz-Birkenau une « vallée obscure ». Aussi je voudrais justement en ce lieu conclure par une prière de confiance – par un Psaume d'Israël qui est en même temps une prière de la chrétienté : « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien, sur des prés d'herbe fraîche il me fait reposer, il me conduit vers les eaux tranquilles, il me restaure, il me guide par les justes chemins pour l'amour de son nom. Si je passe dans la vallée obscure je ne crains aucun mal car tu es avec moi, ton bâton et ta houlette me donnent sécurité ... j' habiterai la maison du Seigneur tout au long de mes années » (Ps 23, 1-4,6)