ITEM

42, Avenue de la Marne.  03200 Vichy.  Tel. 04 70 97 95 02

Port. 06 80 71 71 01 ; e-mail : abbe_aulagnier@hotmail.com.

Site :http:// la.revue.item.free.fr

 

Un regard sur le monde  politique et religieux

Au 31 aôut 2005

 

N°55

Par Monsieur l’abbé Paul Aulagnier

 

 

Benoît XVI à Cologne avec les jeunes

 

Dans ce « Regard sur le Monde politique et religieux », je voudrais vous présenter une synthèse des paroles du Pape Benoît XVI aux jeunes participants à la 20e Journée Mondiale de la Jeunesse. On en a beaucoup parlé. Deo Gratias !

Il faut aussi en retenir la substance.

Si j’avais une phrase à retenir de ces nombreux discours,  ce serait celle qu’il prononça lors de la veillée de prière à Marienfeld :

« L'absolutisation de ce qui n'est pas absolu mais relatif s'appelle totalitarisme ».  

Là, le Pape condamne toutes les idéologies que l’on a connues au cours du 20 siècle. Le Bolchévisme, l’Hitlérisme mais aussi le Libéralisme.  Toutes ces idéologies ont amené leurs misères pour le peuple. Avec l’Hitlérisme, c’est la « race » qui est exaltée ; avec le Bolchevisme, c’est le « prolétariat » qui est seul pris en compte. Avec le Libéralisme, c’est la liberté. Ces sont là trois biens, mais relatifs…Absolutisés, ils ont conduit aux totalitarismes du 20 siècle. Pour connaître la pensée du Pape sur ce sujet, vous cliquez ici

A - Le Jeudi 18 août 2005

a- A son arrivée à Cologne

Discours du pape à son arrivée à Cologne

 

A sa descente d’avion, à l’aéroport de Cologne, le pape fut accueilli entre autres par le président de la République fédérale d’Allemagne, Horst Köhler, par le cardinal Karl Lehmann, président de la Conférence épiscopale allemande et évêque de Maxence, par l’archevêque de Cologne, le cardinal Joachim Meisner, le nonce apostolique, Mgr Erwin Josef Ender, et le président du Conseil pontifical pour les Laïcs, Mgr Stanislaw Rylko

* * *

Après avoir salué toutes les personnalités et remercié les différents responsables de l’organisation et de la préparation de la Journée Mondiale de la Jeunesse, « événement ecclésial de portée mondiale » et  « signe de la vitalité de l’Église », le pape a exprimé sa joie de se trouver au milieu des jeunes : « Je suis heureux d’être au milieu des jeunes » dans le but : « de soutenir leur foi et d’animer leur espérance », mais aussi de goûter un peu  « de leur enthousiasme, de leur sensibilité et de leur disponibilité à faire face aux défis de l’avenir ».

 

Il rappelle immédiatement le thème du pèlerinage, proposé par Jean-Paul II : « nous réfléchirons ensemble sur le thème «Nous sommes venus l’adorer » (Mt 2, 2).

 

Voilà le sens même de la vie, de toute existence humaine : la recherche du Seigneur pour le connaître et l’adorer : « C’est une occasion à ne pas manquer, dit-il,  pour approfondir la signification de l’existence humaine comme «pèlerinage» accompli sous la conduite de l’«étoile», à la recherche du Seigneur. Nous regarderons ensemble la figure des Mages qui, venant de terres différentes et lointaines, furent parmi les premiers à reconnaître en Jésus de Nazareth, dans le Fils de la Vierge Marie, le Messie promis et à se prosterner devant lui » (cf. Mt 2, 1-12).

 

« Comme les Mages, tous les croyants, spécialement les jeunes, sont appelés à affronter le chemin de la vie dans la recherche de la vérité, de la justice, de l’amour. C’est un chemin dont le terme et la résolution ne peuvent se trouver que grâce à la rencontre avec le Christ, une rencontre qui ne se réalise pas sans la foi. »

 

La vérité, la justice et l’amour, les grands principes qui animent le cœur des jeunes  se trouvent dans la rencontre avec le Christ. Car Il est essentiellement cela  et cette rencontre ne se fait pas sans la foi. On pourrait dire que le pape rappelle à la jeunesse,  les quatre idéaux chrétiens : la vérité, la justice, l’amour, la foi.

 

Mais ce chemin, cette quête de Dieu, sa recherche,  ne se fait pas seul, dans la solitude. Le riche patrimoine artistique, philosophique, théologique,  spirituel laissé par les anciens en tous pays, mais ici particulièrement à Cologne,  nous aide dans cette recherche de Dieu. C’est dire que la vertu de piété  est au cœur de ce chemin et de tout jeune catholique. C’est dire immédiatement aux jeunes que nous sommes des héritiers qui bénéficions des richesses du passé. Nous sommes des héritiers et devons vivre dans ce respect du patrimoine des anciens pour nous en inspirer. . C’est dire que le jeune catholique est tout à l’opposé de l’esprit révolutionnaire,volontiers iconoclaste,  destructeur de tout autre que soi…Voilà le très bel enseignement de Benoît XVI : « Dans ce chemin intérieur, les nombreux signes que la longue et riche tradition chrétienne a laissés de manière indélébile sur cette terre d’Allemagne peuvent être une aide: des grands monuments historiques aux innombrables œuvres d’art dispersées sur tout le territoire, des documents conservés dans les bibliothèques aux traditions vécues avec une intense participation populaire, de la pensée philosophique à la réflexion théologique de ses nombreux penseurs, de son héritage spirituel à l’expérience mystique d’une multitude de saints ».

 

Voilà le riche patrimoine culturel et spirituel qui témoigne de la fécondité de la foi  et de la tradition chrétienne  Et le pape de rappeler les riches figures des saints de ce terroir : « Le diocèse et la région de Cologne conservent tout particulièrement la mémoire vive de grands témoins de la civilisation chrétienne. Je pense entre autres à saint Boniface, à sainte Ursule, à saint Albert le Grand et, à une époque plus récente, à sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (Édith Stein) et au bienheureux Adolphe Kolping ».

 

«  Puissent nos illustres frères dans la foi, qui, tout au long des siècles, ont porté haute la flamme de la sainteté, être des «modèles» et des «patrons» de la Journée mondiale de la Jeunesse qui se célèbre ici ».

 

Voilà, des le début du pèlerinage, porter  l’idéal chrétien très haut et mettre la quête de la vie sur de bons principes. A toi, jeune, de reconnaître comme les Mages un jour le Christ, le Messie,  de l’adorer,  le servir, l’aimer comme l’ont  fait les anciens et tout particulièrement les saints. Voilà un bel idéal de vie, un riche enseignement sur les meilleurs fondements.
 
Familièrement, disons que les choses partaient bien.

b- à 16h30

Message de Benoît XVI aux jeunes

Prononcé depuis le bateau qui a conduit le pape à la cathédrale de Cologne

Un peu après 16.30, ce jeudi après-midi, le pape Benoît XVI est monté à bord d’un bateau, sur le Rhin, en direction de la cathédrale de Cologne, en compagnie de 60 jeunes représentant l’ensemble des jeunes présents à Cologne. L’embarcation du pape était escortée de cinq bateaux représentant les 5 continents. Des milliers de jeunes saluaient le pape depuis le rivage. A mi-chemin, le bateau s’est arrêté et le pape a adressé un message aux jeunes, en plusieurs langues.

* * *


Vous vous êtes faits aujourd’hui pèlerins comme, hier, les Mages. Et comme eux, vous venez pour « découvrir le Christ », et contempler « le visage de Dieu qui se révèle dans l’enfant de la crèche ».

 

«Nous sommes venus l’adorer» (Mt 2, 2) 

 

Voilà le thème principal de cette méditation que le Pape propose aux jeunes, alors qu’il leur parle, comme le Christ,  de la « barque », les jeunes l’écoutant sur les berges du fleuve.

 

Et comme tout bon prédicateur, le Pape leur précise les conditions préalables pour réussir un bon pèlerinage. Mettez-vous dans une attitude prière et surtout profitez-en pour vous confesser.

 

Tout d’abord, l’appel à la prière, condition d’un bon pèlerinage.

 

Vous avez peut-être perdus l’habitude de prier comme Edith Stein, qui, jeune adolescente, le confessait : «J’avais consciemment et délibérément perdu l’habitude de prier». Alors vous pourrez refaire en ces jours « l’expérience bouleversante de la prière ».

Il définit la prière comme tous les spirituels : « comme dialogue avec Dieu, dont nous nous savons aimés et que nous voulons aimer en retour ».

 

Il se fait alors insistant et convainquant. Il lance  un appel fervent à la prière : «  À vous tous, je voudrais dire avec insistance: ouvrez tout grand votre cœur à Dieu, laissez-vous surprendre par le Christ ! Accordez-lui «le droit de vous parler» durant ces journées ! Ouvrez les portes de votre liberté à son amour miséricordieux ! Exposez vos joies et vos peines au Christ, le laissant illuminer de sa lumière votre intelligence et toucher de sa grâce votre cœur ! »

 

L’appel à la confession.

 

Mais la prière  vous conduira nécessairement au sacrement de pénitence : « En ces jours bénis de partage et de joie, faites l’expérience libératrice de l’Église comme lieu de la miséricorde et de la tendresse de Dieu envers les hommes ! C’est en elle et par elle que vous rejoindrez le Christ, qui vous attend ».

 

Les conditions d’un bon pèlerinage étant précisées, le Pape entre dans le vif du sujet du pèlerinage de Cologne : « nous sommes ici à Cologne, pèlerins à la suite des Mages ».

 

Mais qu’est-ce que cela veut dire ?

 

«Où est le Roi des Juifs qui vient de naître ?» (2, 2)

 

Il le précise en suivant le récit de saint Mathieu. Saint Mathieu  a retenu la question des Mages : «Où est le Roi des Juifs qui vient de naître ?» (2, 2)

 

Et finalement, ils trouvèrent le Christ. Le Christ fut la réponse à leur question, à leur recherche empressée et courageuse : « Dans son Évangile, Mathieu rapporte la question qui brûlait le cœur des Mages: «Où est le Roi des Juifs qui vient de naître ?» (2, 2). C’est pour Le rechercher qu’ils avaient fait le long voyage jusqu’à Jérusalem. C’est pour cela qu’ils avaient supporté fatigues et privations, sans céder au découragement, ni à la tentation de retourner sur leurs pas. Maintenant qu’ils étaient proches du but, ils n’avaient pas d’autres questions à poser que celle-là »

 

Il en sera de même pour vous : le Christ est la réponse à vos nombreuses questions. Certes, vous ne cherchez plus un Roi, comme les Mages, mais vous cherchez la Vérité, la justice, l’amour et la paix. En Lui, vous trouverez tout cela: « Nous aussi, nous sommes venus à Cologne parce que nous avons entendu résonner dans notre cœur, bien que sous une autre forme, la même question qui avait poussé les hommes de l’Orient à se mettre en chemin. Il est vrai que nous aujourd’hui nous ne cherchons plus un roi; mais nous sommes préoccupés par l’état du monde et nous demandons : Où puis-je trouver les critères pour ma vie, les critères pour collaborer de manière responsable à l’édification du présent et de l’avenir de notre monde ? À qui puis-je faire confiance - à qui me confier ? Où est Celui qui peut m’offrir la réponse satisfaisante aux attentes de mon cœur ? Poser de telles questions signifie avant tout reconnaître que le chemin ne peut pas s’achever avant d’avoir rencontré Celui qui a le pouvoir d’instaurer son Royaume universel de justice et de paix, auquel les hommes aspirent, mais qu’ils ne savent pas construire tout seuls. Poser de telles questions signifie aussi chercher Quelqu’un qui ne se trompe pas et qui ne peut pas tromper, et qui est donc en mesure d’offrir une certitude assez forte pour permettre de vivre pour elle et, si nécessaire aussi, de mourir ».


«À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète» (Mt 2, 5),

 

On le sait, les mages reçurent la réponse : «À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète».  Le Pape fait ce bref commentaire « Ayant entendu la réponse: «À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète» (Mt 2, 5), les Mages choisirent de poursuivre leur route et d’aller jusqu’au bout, éclairés pas cette parole. De Jérusalem, ils allèrent jusqu’à Bethléem, c’est-à-dire de la parole qui leur indiquait où se trouvait le Roi des Juifs qu’ils cherchaient jusqu’à la rencontre avec ce Roi qui était en même temps l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ».

 

Puis il en fait l’application pour les jeunes . Il leur parle de l’Eucharistie. De Bethléem à l’Eucharistie,  le mystère finalement est  le même.  Celui  que les Mages ont trouvé à Bethléem, vous le trouverez vous aussi dans la Sainte Eucharistie, dans les tabernacles des églises.  C’est le même Dieu, « qui à Bethléem, « s’est abaissé jusqu’à se donner à voir dans une mangeoire » et qui, sur l’autel, s’est abaissé, « jusqu’à se donner en nourriture ».

 

Le Pape leur dit en effet : « En réalité, à bien y réfléchir, c’est précisément l’expérience que nous faisons en participant à chaque Eucharistie. À chaque Messe, en effet, la rencontre avec la Parole de Dieu nous introduit à la participation au mystère de la croix et de la résurrection du Christ et ainsi nous introduit à la Table eucharistique, à l’union avec le Christ. Sur l’autel est présent Celui que les Mages virent couché sur la paille: le Christ, le Pain vivant descendu du ciel pour donner la vie au monde, l’Agneau véritable qui donne sa vie pour le salut de l’humanité. Éclairés par cette Parole, c’est toujours à Bethléem – la «Maison du pain» – que nous pourrons faire la rencontre bouleversante avec la grandeur inconcevable d’un Dieu qui s’est abaissé jusqu’à se donner à voir dans une mangeoire, jusqu’à se donner en nourriture sur l’autel ».

 

Comment ne pas se réjouir de ce rappel du pape sur le mystère de la Croix, de la Messe, de l’Eucharistie…à une époque de grande indifférence pour les sacrements  chrétiens !

Et le  Pape rappelle en fin que la foi est nécessaire pour recevoir tous les  mystères de l’Eglise ainsi que ses sacrements. De même que c’est grâce à la foi que les Mages purent adorer l’enfant de la crèche, de même la foi seule est capable de dépasser les apparences eucharistiques  et de voir, au-delà des espèces, le corps et le sang de notre Seigneur Jésus, présent réellement, substantiellement en sa divinité et son humanité sous les apparences du pain et du vin.

 

Il faut retenir ses paroles : « Pouvons-nous imaginer la stupeur des Mages devant l’Enfant emmailloté ! Seule la foi leur permit de reconnaître sous les traits de cet enfant le Roi qu’ils cherchaient, le Dieu vers lequel l’étoile les avait guidés. En lui, comblant le fossé entre le fini et l’infini, entre le visible et l’invisible, l’Éternel est entré dans le temps, le Mystère s’est fait reconnaître, se donnant à nous dans les membres fragiles d’un petit enfant. «Aujourd’hui, les Mages considèrent avec une profonde stupeur ce qu’ils voient ici: le ciel sur la terre, la terre dans le ciel; l’homme en Dieu, Dieu dans l’homme; et celui que le monde entier ne peut contenir, enfermé dans le corps d’un tout-petit» (saint Pierre Chrysologue, Homélie pour l’Épiphanie, 160, n. 2). Au cours de ces journées, en cette «Année de l’Eucharistie», nous nous tournerons avec la même stupeur vers le Christ présent dans le Tabernacle de la  miséricorde, dans le Sacrement de l’Autel ».

 

Le Christ, notre joie, notre bonheur.

 

Et de même que les Mages trouvèrent la joie et le bonheur en trouvant le Christ de Bethléem, de même, vous jeunes du monde entier,  vous trouverez le même bonheur en recevant le « Jésus de Nazareth caché dans l’Eucharistie ». Ouvrez lui largement les portes de votre cœur et de votre intelligence. Ne craignez rien. Et le Pape conclut par cette phrase enthousiasmante qu’il avait déjà prononcé le jour de la Messe inaugurale de son Pontificat : « Le Christ n’enlève rien de ce qu’il y a de beau et de grand en vous, mais il mène tout à sa perfection, pour la gloire de Dieu, pour le bonheur des hommes, pour le salut du monde ».

Il faut citer le passage du Pape tout entier « Chers jeunes, le bonheur que vous cherchez, le bonheur auquel vous avez le droit de goûter a un nom, un visage: celui de Jésus de Nazareth, caché dans l’Eucharistie. Lui seul donne la plénitude de vie à l’humanité ! Avec Marie, donnez votre «oui» à ce Dieu qui se propose de se donner à vous. Je vous redis aujourd’hui ce que j’ai dit au début de mon pontificat: «Celui qui laisse entrer le Christ dans sa vie ne perd rien, rien, absolument rien de ce qui rend la vie libre, belle et grande. Non ! Ce n’est qu’avec cette amitié que s’ouvrent en grand les portes de la vie. Ce n’est qu’avec cette amitié qu’on déverrouille réellement les grandes potentialités de la condition humaine. Ce n’est qu’avec cette amitié que nous faisons l’expérience de ce qui est beau et de ce qui libère» (Homélie pour la Messe inaugurale du pontificat, 24 avril 2005). Soyez-en vraiment convaincus: le Christ n’enlève rien de ce qu’il y a de beau et de grand en vous, mais il mène tout à sa perfection, pour la gloire de Dieu, pour le bonheur des hommes, pour le salut du monde ».

c- à 18 heures :  à la cathédrale de Cologne

 Benoît XVI se rend  à la cathédrale de Cologne

Vers 18 heures, le Pape a été accueilli par le maire de Cologne, à sa descente de bateau, avant de se diriger vers la cathédrale de Cologne, accompagné par les jeunes portant la Croix et l’Icône des JMJ. Plusieurs centaines de jeunes porteurs d’un handicap physique ou mental étaient rassemblés dans la cathédrale. Le pape a parcouru la nef centrale puis s’est arrêté devant l’urne contenant les reliques des Rois Mages. Sur le parvis de la cathédrale, après le discours de bienvenue du cardinal Meisner, archevêque de Cologne, le pape s’est de nouveau adressé aux jeunes.

Benoît XVI, volontiers « historien ».

 

Devant la cathédrale, dans son discours, le Pape s’est fait volontiers, pour les jeunes, historien Il en a profité pour rappeler la grandeur de la ville de Cologne.  Elle doit sa grandeur d’abord à la présence des reliques des Rois Mages. « Pour les Rois Mages, les habitants de Cologne ont fait fabriquer le reliquaire le plus précieux de tout le monde chrétien et, comme cela ne suffisait pas, ils ont élevé au-dessus de lui un reliquaire encore plus grand, cette superbe cathédrale gothique qui s’offre aux yeux des visiteurs avec toute la splendeur de sa beauté ».

 

Et c’est ainsi que Cologne est devenu, depuis le 12 siècle, un  des grands lieux de pèlerinage du monde chrétien: « Avec Jérusalem, la «Ville Sainte», avec Rome, la «Ville éternelle», avec Saint-Jacques de Compostelle en Espagne, Cologne, grâce aux Mages, est devenu au fil des siècles un des lieux de pèlerinage les plus importants de l’Occident chrétien ».

 

Cette renommée universelle, Cologne le doit aussi à ses  nombreux saints. Ils  l’ont enrichie de leur forte personnalité et rayonnement. Voilà ce que dit le Pape : « Cependant, Cologne n’est pas seulement la Ville des Mages. Elle est profondément marquée par la présence de nombreux saints qui, par le témoignage de leur vie et par les traces qu’ils ont laissées dans l’histoire du peuple allemand, ont contribué à la croissance de l’Europe sur des racines chrétiennes. Je pense de manière particulière aux martyrs des premiers siècles, hommes et femmes, telles la jeune sainte Ursule et ses compagnes qui, selon la tradition, furent martyrisées sous Dioclétien. Et comment ne pas évoquer saint Boniface, l’Apôtre de l’Allemagne, qui fut élu Évêque de Cologne en 745, avec l’approbation du Pape Zacharie. À cette ville est lié aussi le nom de saint Albert le Grand, dont le corps repose tout près d’ici, dans la crypte de l’église Saint-André. À Cologne, Albert le Grand eut comme disciple saint Thomas d’Aquin, qui, ensuite, y fut aussi professeur. Sans oublier le bienheureux Adolphe Kolping, mort à Cologne en 1865, qui de cordonnier devint prêtre et fonda de nombreuses œuvres sociales, surtout dans le domaine de la formation professionnelle. Dans une période plus proche de nous, notre pensée va à Édith Stein, éminente philosophe juive du vingtième siècle, qui entra au Carmel de Cologne sous le nom de Thérèse-Bénédicte de la Croix et qui mourut dans le camp de concentration d’Auschwitz. Le Pape Jean-Paul II l’a canonisée et déclarée co-patronne de l’Europe avec sainte Brigitte de Suède et sainte Catherine de Sienne ».

 

Tel est le patrimoine de la Ville de Cologne, qu’il faut que vous, jeunes, vous  connaissiez et aimiez.  Soyez-en non seulement fiers mais aussi montrez-vous en  à la hauteur. « Nous prenons conscience du patrimoine de valeurs qui nous a été légué par les générations chrétiennes qui nous ont précédées. C’est un patrimoine très riche. Il nous appartient d’en être à la hauteur».

Pour le faire connaître autour de vous. Soyez missionnaires, enflammés de l’amour de Dieu et de l’Eglise. Ce sont les merveilleuses paroles de clôture devant la Cathédrale de Cologne : « Aujourd'hui, vous, jeunes du monde entier, vous êtes ici les représentants des peuples lointains qui ont reconnu le Christ à travers les Mages et qui furent réunis dans le nouveau peuple de Dieu, l’Église, qui rassemble des hommes et des femmes de toutes les cultures. À vous aujourd’hui, revient la tâche de vivre le souffle universel de l’Église. Laissez-vous enflammer par le feu de l’Esprit, afin qu’une nouvelle Pentecôte renouvelle vos cœurs. Que, par vous, les jeunes de votre âge de toutes les parties de la terre parviennent à reconnaître dans le Christ la réponse véritable à leurs attentes et qu’ils accueillent le Verbe de Dieu incarné, mort et ressuscité pour le salut du monde ».

 

 

 

B - Le Vendredi 19 août 2005 :

Le Pape s’adressa aux séminaristes participant aux JMJ, le vendredi soir, au cours des Vêpres dans l’église de Saint Pantaléon de Cologne.

C- Le Samedi 20 août 2005

Homélie du pape lors de la veillée avec les jeunes

Le samedi 20 août 2005, le Pape fut au milieu des jeunes pour la veillée de prière à Marienfeld.

On pourrait résumer la pensée du Pape par ces mots : « Ne vous trompez pas de Dieu ».

Les Mages furent certainement très déconcertés quand ils se trouvèrent devant le « Roi d’Israël ». « Ils avaient sûrement imaginé ce Roi nouveau-né d’une manière différente », dit le Pape. Ils savaient que Dieu existait. Ils savaient aussi que c’était « un Dieu juste et bienveillant ». Ils pensaient que ce « Roi des Juifs » « serait en harmonie intime avec ce Dieu » et qu’en conséquence, « il rétablirait sur de tels principes, l’ordre dans le monde ». « Ayant fin et soif de la justice », ils étaient venus généreusement du fin fond de l’Oreint, pour se mettre à son service.

Or « Le nouveau Roi, devant lequel ils s’étaient prosternés, était très différent de ce qu’ils attendaient. Ainsi, ils devaient apprendre que Dieu est différent de la façon dont habituellement nous l’imaginons. C’est ici que commença leur cheminement intérieur ».

« Maintenant, ils le constataient: le pouvoir de Dieu est différent du pouvoir des puissants de ce monde. Le mode d’agir de Dieu est différent de ce que nous imaginons et de ce que nous voudrions lui imposer à lui aussi ». Dieu n’oppose pas son pouvoir aux pouvoirs humains. Son pouvoir n’est pas celui de la force, de la puissance.  Son pouvoir est celui de l’amour. « Au pouvoir tapageur et pompeux de ce monde, Il oppose le pouvoir sans défense de l’amour qui, sur la Croix – et ensuite continuellement au cours de l’histoire – succombe et qui cependant constitue la réalité nouvelle, divine, qui s’oppose ensuite à l’injustice et instaure le Règne de Dieu »

Voilà le Dieu que nous servons. Il faut en apprendre et en prendre le style. «  Dieu est différent – c’est cela qu’ils reconnaissent maintenant. Et cela signifie que, désormais, eux-mêmes doivent devenir différents, ils doivent apprendre le style de Dieu ».

Voilà la conversion des coeurs à laquelle, comme les Mages, vous êtes appelés par votre baptême: « Maintenant, ils apprennent qu'ils doivent se donner eux-mêmes – un don moindre que celui-là ne suffit pas pour ce Roi. Maintenant, ils apprennent que leur vie doit se conformer à cette façon divine d'exercer le pouvoir, à cette façon d'être de Dieu lui-même. Ils doivent devenir des hommes de la vérité, du droit, de la bonté du pardon, de la miséricorde. Ils ne poseront plus la question: à quoi cela me sert-il ? Ils devront au contraire poser la question: avec quoi est-ce que je sers la présence de Dieu dans le monde ? Ils doivent apprendre à se perdre eux-mêmes et ainsi à se trouver eux-mêmes. Quittant Jérusalem, ils doivent demeurer sur les traces du vrai Roi, à la suite de Jésus ».

Et pour cette conversion, pour cheminer sur ce nouveau chemin, vous n’êtes pas seuls, vous avez des modèles, vous avez les Saints. Ils sont vos modèles. « Ils sont le sillon lumineux de Dieu, que Lui-même, au long de l'histoire, a tracé et trace encore ». « Par ces figures, il a voulu nous montrer comment il faut faire pour être chrétien; comment il faut faire pour mener sa vie de manière juste – pour vivre selon le mode de Dieu ».

Ce sont eux les vrais réformateurs :

« Dans les vicissitudes de l'histoire, ce sont eux qui ont été les véritables réformateurs qui, bien souvent, ont fait sortir l'histoire des vallées obscures dans lesquelles elle court toujours le risque de s'enfoncer à nouveau; ils l'ont illuminée chaque fois que cela était nécessaire, pour donner la possibilité d'accepter – parfois dans la douleur – la parole prononcée par Dieu au terme de l'œuvre de la création: «Cela est bon» ».

Voilà vos modèles, ce que vous devez imiter et suivre si vous voulez vivre selon le mode divin.

« Il suffit de penser à des figures comme saint Benoît, saint François d'Assise, sainte Thérèse d'Avila, saint Ignace de Loyola, saint Charles Borromée, aux fondateurs des Ordres religieux du dix-neuvième siècle, qui ont animé et orienté le mouvement social, ou aux saints de notre temps – Maximilien Kolbe, Édith Stein, Mère Teresa, Padre Pio. En contemplant ces figures, nous apprenons ce que signifie «adorer», et ce que veut dire vivre selon la mesure de l'Enfant de Bethléem, selon la mesure de Jésus Christ et de Dieu lui-même » ;

Alors le pape porte alors son regard sur le monde contemporain et  sur les différentes révolutions connues.

On peut penser au Bolchevisme, à l’Hitlérisme, au Libéralisme.

Elles ont toutes un programme commun, celui « de ne plus rien attendre de Dieu, mais de prendre totalement dans ses mains la cause du monde, pour en transformer la condition ». Toutes, parce qu’oublieuses de Dieu, « absolutisent » un point de vue particulier, partial : « Et nous avons vu que, ce faisant, un point de vue humain et partial était toujours pris comme la mesure absolue des orientations ». Ce sera la « race » pour Hitlérisme. Ce sera le « prolétariat » » pour la Bolchevisme. Ce sera la « liberté » pour le Libéralisme.

Quoi qu’il en soit, toutes, elles conduisent au « Totalitarisme ». Elles ont conduit au totalitarisme.

Et le Pape en tire un loi «politique » qu’il donne aux jeunes

« L'absolutisation de ce qui n'est pas absolu mais relatif s'appelle totalitarisme ».

Et la conséquence fut chaque fois la même : l’esclavage des peuples.

« Cela ne libère pas l'homme, mais lui ôte sa dignité et le rend esclave ».

Alors, de grâce, conclut le Pape, gardez le chemin de Dieu. Je serais tenté de dire, à la différence de vos anciens, qui oublièrent Dieu, Vous, à l’orée du 21è siècle, sachez garder l’amour de Dieu.

« Ce ne sont pas les idéologies qui sauvent le monde, mais seulement le fait de se tourner vers le Dieu vivant, qui est notre créateur, le garant de notre liberté, le garant de ce qui est véritablement bon et vrai. La révolution véritable consiste uniquement dans le fait de se tourner vers Dieu, qui est la mesure de ce qui est juste et qui est, en même temps, l'amour éternel. Qu'est-ce qui pourrait bien nous sauver sinon l'amour » ?

On me demanderait ce qu’un jeune devrait  retenir de tous les discours du Pape, je lui dirais, retiens cela, cette phrase : « L'absolutisation de ce qui n'est pas absolu mais relatif s'appelle totalitarisme ». C’est un jugement politique très juste que je suis heureux de trouver sous la plume du Pape.

En conclusion, le Pape revient sur son thème : quelle est le vrai visage de Dieu ? Il conclut, c’est le Christ : « En Jésus Christ, qui, pour nous, a permis que son cœur soit transpercé, en Lui, est manifesté le vrai visage de Dieu. Nous le suivrons avec la grande foule de ceux qui nous ont précédés. Alors, nous cheminerons sur le juste chemin ».

Le Christ, que nous trouvons certainement dans l’Eglise, la grande famille de Dieu, Eglise qui garde jalousement « la présence réel » du vrai Dieu, Trinité. Celui que les Mages ont adoré à Bethléem, vous l’adorez aussi dans le tabernacle des églises

« Chers amis, il ne s'agit pas d'une histoire lointaine, survenue il y a très longtemps. Il s'agit d'une présence. Ici, dans la sainte hostie, Il est devant nous et au milieu de nous. Comme en ce temps-là, il se voile mystérieusement dans un silence sacré et, comme en ce temps-là, se dévoile précisément le vrai visage de Dieu. Il s'est fait pour nous le grain de blé tombé en terre, qui meurt et qui porte du fruit jusqu'à la fin du monde (cf. Jn 12, 24). Il est présent comme en ce temps-là à Bethléem. Il nous invite au pèlerinage intérieur qui s'appelle adoration. Mettons-nous maintenant en route pour ce pèlerinage de l'esprit et demandons-lui de nous guider. Amen. »

C’est un bel acte de foi ! Et qui dit que les choses ne changent pas ?


D -Le Dimanche 21 août.

 

Homélie de Benoît XVI au Marienfeld

 

Nous retiendrons de son homélie, son appel vibrant au respect de la messe dominicale

 

« L’Eucharistie doit devenir le centre de notre vie. Ce n’est ni positivisme ni soif de pouvoir, si l’Église nous dit que l’Eucharistie fait partie du dimanche. Au matin de Pâques, les femmes en premier, puis les disciples, eurent la grâce de voir le Seigneur. Depuis lors, ils surent que désormais le premier jour de la semaine, le dimanche, serait son jour à Lui, le jour du Christ. Le jour du commencement de la création devenait le jour du renouvellement de la création. Création et rédemption vont ensemble. C’est pour cela que le dimanche est aussi important. Il est beau qu’aujourd’hui, dans de nombreuses cultures, le dimanche soit un jour libre ou, qu’avec le samedi, il constitue même ce qu’on appelle le “week-end” libre. Ce temps libre, toutefois, demeure vide si Dieu n’y est pas présent. Chers amis ! Quelquefois, dans un premier temps, il peut s’avérer plutôt mal commode de devoir prévoir aussi la Messe dans le programme du dimanche. Mais si vous en prenez l’engagement, vous constaterez aussi que c’est précisément ce qui donne le juste centre au temps libre. Ne vous laissez pas dissuader de participer à l’Eucharistie dominicale et aidez aussi les autres à la découvrir. Parce que la joie dont nous avons besoin se dégage d’elle, nous devons assurément apprendre à en comprendre toujours plus la profondeur, nous devons apprendre à l’aimer. Engageons-nous en ce sens – cela en vaut la peine ! Découvrons la profonde richesse de la liturgie de l’Église et sa vraie grandeur : nous ne faisons pas la fête pour nous, mais c’est au contraire le Dieu vivant lui-même qui prépare une fête pour nous. En aimant l’Eucharistie, vous redécouvrirez aussi le sacrement de la Réconciliation, dans lequel la bonté miséricordieuse de Dieu permet toujours un nouveau commencement à notre vie.

Qui a découvert le Christ se doit de conduire les autres vers Lui. On ne peut garder pour soi une grande joie. Il faut la transmettre »

 

Ainsi que sa constatation de l’étrange « l’oubli de Dieu dans ce monde » qui accompagne  avec ce qu’il appelle « le boom » du religieux.

 

« Dans de vastes parties du monde, il existe aujourd’hui un étrange oubli de Dieu. Il semble que rien ne change même s’il n’est pas là. Mais, en même temps, il existe aussi un sentiment de frustration, d’insatisfaction de tout et de tous. On ne peut alors que s’exclamer : Il n’est pas possible que ce soit cela la vie ! Non vraiment. Et alors conjointement à l’oubli de Dieu, il existe comme un “boom” du religieux. Je ne veux pas discréditer tout ce qu’il y a dans cette tendance. Il peut y avoir aussi la joie sincère de la découverte. Mais dans ce contexte, la religion devient presque un produit de consommation. On choisit ce qui plaît, et certains savent aussi en tirer un profit. Mais la religion recherchée comme une sorte de “bricolage”, en fin de compte ne nous aide pas. Elle est commode, mais dans les moments de crise, elle nous abandonne à nous-mêmes. Aidez les hommes à découvrir la véritable étoile qui nous indique la route : Jésus Christ ! Nous aussi, nous cherchons à le connaître toujours mieux pour pouvoir conduire les autres vers lui de manière convaincante ».