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Un regard sur l’actualité politique et religieuse

 

 

 Au 3 janvier 2006

 N°73

Par Monsieur l’abbé Paul Aulagnier

 

 

1er JANVIER 2006

MESSAGE DE SA SAINTETÉ
BENOÎT XVI
POUR LA CÉLÉBRATION DE LA
JOURNÉE MONDIALE
DE LA PAIX

 

Je vous donne en ce « premier  Regard sur le monde » de l’année 2006, ce très beau texte de Benoît XVI sur la paix : son Message pour célébrer « la journée mondiale de la paix ».

Lisez-le avec application.

Je l’ai lu moi-même la plume à la main. Et, pour vous, je précise pour chaque paragraphe, avant chaque paragraphe, la pensée du Souverain Pontife. Elle  est limpide et claire.

Je résumerais volontiers sa pensée sur la paix en disant que la vérité, seule,  fomente la paix alors que le mensonge et le péché la détruisent  et la ruinent.  Que celui qui veut la paix, cultive le vrai et sur Dieu et sur l’homme.  C’est là la grande affirmation de ce texte. Je retrouve la pensée d’un Pie XII, d’un Pie XI. Deo Gratias. Il y manque cependant, peut-être,   un peu de leur « pugnacité ».

Mes commentaires sont en italique et en bleu.

 

DANS LA VÉRITÉ, LA PAIX

1. Au commencement de la nouvelle année, par le traditionnel Message pour la Journée mondiale de la Paix, je désire adresser des vœux affectueux à tous les hommes et à toutes les femmes du monde, particulièrement aux personnes qui souffrent en raison de la violence et des conflits armés. Ce sont des vœux pleins d'espérance pour un monde plus serein, où augmentera le nombre des personnes qui, individuellement ou collectivement, s'engageront à parcourir les chemins de la justice et de la paix.

C’est le premier message du Pape : un appel fervent à la paix des Nations. 

Elu successeur de Pierre, Benoît XVI veut « confirmer la ferme volonté du Saint Siège de continuer à servir la cause de la paix ». Il ne dérogera pas à ce devoir d’autant que le nom qu’il prît comme pape, lui en fait une claire obligation. Il le dit nettement  tout au début de son discours : « Le nom même de Benoît, que j'ai choisi le jour de mon élection au Siège de Pierre, indique mon engagement déterminé en faveur de la paix. J'ai ainsi voulu me référer à la fois au Saint Patron de l'Europe, inspirateur d'une civilisation pacificatrice dans le continent tout entier, et au Pape Benoît XV, qui condamna la Première Guerre mondiale comme « un massacre inutile » et qui a tout mis en œuvre pour que les raisons supérieures de la paix soient reconnues par tous ».

2. Je voudrais d'abord rendre un sincère hommage de gratitude à mes Prédécesseurs, les grands Papes Paul VI et Jean-Paul II, artisans de paix éclairés. Animés de l'esprit des Béatitudes, ils ont su lire dans les nombreux événements de l'histoire qui ont marqué leurs Pontificats respectifs l'intervention providentielle de Dieu, qui n'oublie jamais les destinées du genre humain. À plusieurs reprises, en infatigables messagers de l'Évangile, ils ont invité chaque personne à repartir de Dieu afin de pouvoir promouvoir une cohabitation pacifique dans toutes les régions de la terre. Mon premier Message pour la Journée mondiale de la Paix se situe dans le sillage de ce très noble enseignement: par ce message, je désire encore une fois confirmer la ferme volonté du Saint-Siège de continuer à servir la cause de la paix. Le nom même de Benoît, que j'ai choisi le jour de mon élection au Siège de Pierre, indique mon engagement déterminé en faveur de la paix. J'ai ainsi voulu me référer à la fois au Saint Patron de l'Europe, inspirateur d'une civilisation pacificatrice dans le continent tout entier, et au Pape Benoît XV, qui condamna la Première Guerre mondiale comme « un massacre inutile » (1) et qui a tout mis en œuvre pour que les raisons supérieures de la paix soient reconnues par tous.

 

Quelles sont les conditions indispensables de la paix ?

Le respect que l’on doit à Dieu et àl’ordre qu’il a  mis dans la nature et les choses est la condition nécessaire de la paix entre les hommes. Voilà ce que Benoît XVI veut dire quand il déclare qu’il faut « repartir de Dieu afin de pouvoir promouvoir une cohabitation pacifique dans toutes les régions de la terre ». Il s’inspire du Concile Vatican II en son numéro 79 qui parle de « la vérité de la paix ». Cette « vérité de la paix n’est rien d’autre que « l’ ordre qui a été implanté dans la société humaine par son divin Fondateur » . Le respect de cet ordre divin, naturel et surnaturel engendre tout naturellement la paix. Elle en est le fruit. On pourrait dire que « le fruit d'un ordre qui a été implanté dans la société humaine par son divin Fondateur » est ce qu’on appelle la paix.

 

3. Le thème de réflexion de cette année — « Dans la vérité, la paix » — exprime la conviction que, là où l'homme se laisse éclairer par la splendeur de la vérité et quand il le fait, il entreprend presque naturellement le chemin de la paix. La Constitution pastorale Gaudium et spes du Concile œcuménique Vatican II, qui s'est achevé il y a 40 ans, affirme que l'humanité ne réussira à « édifier un monde réellement plus humain pour tous les hommes et partout sur terre que si tous se renouvellent intérieurement et se tournent vers la vérité de la paix ».(2) Mais quelle signification doit-on donner à l'expression « vérité de la paix »? Pour répondre de façon juste à cette question, il faut bien avoir en mémoire que la paix ne peut être réduite à une simple absence de conflits armés, mais il faut la comprendre comme « le fruit d'un ordre qui a été implanté dans la société humaine par son divin Fondateur », un ordre « qui doit être mené à la réalisation par des hommes aspirant sans cesse à une justice plus parfaite ».(3) En tant que résultat d'un ordre fixé et voulu par l'amour de Dieu, la paix possède sa vérité intrinsèque et invincible, et elle correspond « à une aspiration profonde et à une espérance qui vivent en nous de manière indestructible ».(4)

 

Si la paix est bien cela, à savoir : « l’ordre divin respecté », tout homme politique responsable doit tout faire pour « conformer », dans son action politique, «  l’histoire humaine à l’ordre divin ». Il sera un artisan de la paix à cette condition.  Il doit non seulement respecter mais plus encore, il doit « adhérer » - c’est le mot du pape -  à « l’ordre transcendant des choses » qui est l’ordre voulu de Dieu, ainsi que la loi naturelle mis par Dieu dans le cœur humain, qui est  « la loi morale universelle ». C’est à cette seule condition que la paix pourra être, et devenir le  « bien » des nations.

4. Définie de cette façon, la paix apparaît comme un don céleste et une grâce divine; à tous les niveaux, elle demande l'exercice de la plus grande responsabilité, à savoir de conformer dans la vérité, dans la justice, dans la liberté et dans l'amour, l'histoire humaine à l'ordre divin. Quand n'existe plus l'adhésion à l'ordre transcendant des choses, ni le respect de la « grammaire » du dialogue qu'est la loi morale universelle, écrite dans le cœur de l'homme,(5) quand sont entravés et empêchés le développement intégral de la personne et la sauvegarde de ses droits fondamentaux, quand de nombreux peuples sont contraints à subir des injustices et des inégalités intolérables, comment peut-on espérer en la réalisation du bien de la paix? En effet, manquent alors les éléments essentiels qui donnent forme à la vérité de ce bien. Saint Augustin a décrit la paix comme « tranquillitas ordinis »,(6) la tranquillité de l'ordre, c'est-à-dire la situation qui permet, en définitive, de respecter et de réaliser pleinement la vérité de l'homme.

Si donc la paix est le fruit de la vérité de Dieu respecté, on comprend que le pape puisse dire immédiatement, c’est logique, que le péché est fondamentalement le seul et véritable obstacle de la paix des Nations, puisque le péché se définit précisément comme étant « aversio a Deo », l’opposition farouche à l’ordre divin. C’est de fait  l’interrogation du pape au § 5 « Et alors, qui peut empêcher la réalisation de la paix et quelle chose peut l'empêcher »? il répond clairement : le mensonge et le péché. Il fait claire allusion au péché originel, au péché d’Adam et au péché personnel. La pensée du pape est claire. Le diable est l’ennemi de toute paix ainsi que le péché qui est  le refus de l’ordre divin.

 Et de là, il tourne son regard non seulement sur les ages anciens… qui nous montrent, o combien ! que  le désordre est le fruit du péché…et la mort, son ultime conséquence, « Stipendia peccati, mors », nous dira saint Paul ;   mais il tourne également son regard  vers le monde contemporain…Et là, il fulmine, de nouveau,l’anathème contre  l’hitlérisme qui, gardant « captive la vérité »,  a engendré la mort : « Il suffit de penser à ce qui s'est passé au siècle dernier, quand des systèmes idéologiques et politiques aberrants ont mystifié la vérité de façon programmée et ont conduit à l'exploitation et à la suppression d'un nombre impressionnant d'hommes et de femmes, exterminant même des familles et des communautés entières ».

Mais attention, semble vouloir dire le pape : ce qu’on a connu hier pourrait bien être de nouveau réalité  puisque la cause de tous ces maux semblent rester toujours d’actualité :  le mensonge reste toujours plus prégnant. Le pape le dit clairement «  face au mensonge de notre temps » : « Comment ne pas rester sérieusement préoccupés, après ces expériences, face aux mensonges de notre temps, qui sont comme le cadre de menaçants scénarios de mort dans de nombreuses régions du monde? »

Il en tire ainsi un appel à la sagesse : celui qui veut la paix qu’il recherche la vérité et fuit le mensonge. Il dit même très joliment : « le problème de la vérité et du mensonge …se révèle décisif pour un avenir pacifique de notre planète ». J’aime cet argument.

5. Et alors, qui peut empêcher la réalisation de la paix et quelle chose peut l'empêcher? À ce propos, dans son premier livre, la Genèse, la Sainte Écriture met en évidence le mensonge, prononcé au commencement de l'histoire par l'être à la langue fourchue, qualifié par l'Évangéliste Jean de « père du mensonge » (Jn 8,44). Le mensonge est aussi un des péchés qu'évoque la Bible dans le dernier chapitre de son dernier Livre, l'Apocalypse, pour parler de l'exclusion des menteurs hors de la Jérusalem céleste: « Dehors ... tous ceux qui aiment et pratiquent le mensonge » (22,15). Au mensonge est lié le drame du péché avec ses conséquences perverses, qui ont causé et qui continuent à causer des effets dévastateurs dans la vie des individus et des nations. Il suffit de penser à ce qui s'est passé au siècle dernier, quand des systèmes idéologiques et politiques aberrants ont mystifié la vérité de façon programmée et ont conduit à l'exploitation et à la suppression d'un nombre impressionnant d'hommes et de femmes, exterminant même des familles et des communautés entières. Comment ne pas rester sérieusement préoccupés, après ces expériences, face aux mensonges de notre temps, qui sont comme le cadre de menaçants scénarios de mort dans de nombreuses régions du monde? La recherche authentique de la paix a son point de départ dans la conscience que le problème de la vérité et du mensonge concerne tout homme et toute femme, et qu'il se révèle décisif pour un avenir pacifique de notre planète.

 

Si donc la vérité - et son respect -  engendre la paix et que le « mensonge » cause la mort et détruit les bonnes relations,  on comprend que Benoît XVI puisse demander dans ce nouveau paragraphe  6 qu’il faille être, dans les relations humaines et nationales, « transparents dans les discussions et fidèles à la parole donnée » qu’il faille aussi    « travailler pour qu’aucune forme de fausseté ne s’insinue et ne vienne perturber les relations ». Or erreur et fausseté seraient d’insister uniquement sur les « différences historiques et culturelles » que l’on constante entre les hommes et les nations et d’oublier alors de reconnaître que  « tous les hommes appartiennent à une unique et même famille ». - C’est là une « vérité fondamentale »- puisqu’ils ont   « une même destinée, en dernier ressort transcendante ».  

A cette lumière  Benoît XVI essaye de donner une définition de la paix. Il dit : « La paix apparaît alors sous un jour nouveau: non comme une simple absence de guerre, mais comme la convivialité des citoyens dans une société gouvernée par la justice, société dans laquelle se réalise aussi le bien pour chacun d'entre eux, autant que faire se peut ».

Puis donc la vérité est condition de la paix, le Christ Jésus, en qui « nul mensonge ne se trouve », est le meilleur modèle de la paix. Il est vraiment l’artisan de la paix. Plus même, révélant ce qu’est l’homme en lui-même, il est celui « qui nous donne la paix ».

 

6. La paix est une aspiration profonde et irrépressible, présente dans le cœur de toute personne, au-delà des identités culturelles spécifiques. C'est précisément pourquoi chacun doit se sentir engagé au service d'un bien si précieux, en travaillant pour qu'aucune forme de fausseté ne s'insinue et ne vienne perturber les relations. Tous les hommes appartiennent à une unique et même famille. La mise en avant exagérée de leurs différences contraste avec cette vérité fondamentale. Il faut retrouver la conscience d'avoir en commun une même destinée, en dernier ressort transcendante, pour pouvoir mettre en valeur au mieux les différences historiques et culturelles, sans s'opposer, mais en se concertant avec les personnes qui appartiennent aux autres cultures. Telles sont les simples vérités qui rendent la paix possible; elles deviennent facilement compréhensibles lorsqu'on écoute son cœur, avec une pureté d'intention. La paix apparaît alors sous un jour nouveau: non comme une simple absence de guerre, mais comme la convivialité des citoyens dans une société gouvernée par la justice, société dans laquelle se réalise aussi le bien pour chacun d'entre eux, autant que faire se peut. La vérité de la paix appelle tous les hommes à entretenir des relations fécondes et sincères; elle les encourage à rechercher et à parcourir les voies du pardon et de la réconciliation, à être transparents dans les discussions et fidèles à la parole donnée. En particulier, le disciple du Christ qui se sent assailli par le mal et qui de ce fait a besoin de l'intervention libératrice du divin Maître se tourne vers Lui avec confiance, sachant bien que ce dernier « n'a pas commis le péché; que dans sa bouche on n'a pu trouver de mensonge » (1 P 2,22; cf. Is 53, 9). En effet, Jésus s'est défini comme la Vérité en personne et, parlant dans une vision au voyant de l'Apocalypse, il a déclaré sa totale aversion pour « tous ceux qui aiment et pratiquent le mensonge » (Ap 22, 15). C'est Lui qui révèle la pleine vérité de l'homme et de l'histoire. C'est par la force de sa grâce qu'il est possible d'être dans la vérité et de vivre de la vérité, parce que Lui seul est totalement sincère et fidèle. Jésus est la vérité qui nous donne la paix.

 

Benoît XVI exprime dans ce nouveau paragraphe son  plein et total soutien au « droit humanitaire international ». Sa finalité ne peut être qu’approuvée puisqu’il a pour but de « limiter au maximum, surtout pour les populations civiles, les conséquences dévastatrices de la guerre ». Il est « à mettre au compte des expressions les plus heureuses et les plus efficaces des exigences qui émanent de la vérité de la paix ».  Voilà pourquoi, il doit être  respecté : «  C'est justement pourquoi le respect de ce droit s'impose comme un devoir pour tous les peuples »,. Et il doit être aussi sans cesse adapté aux nouvelles circonstances tant des conflits que des nouveaux armements.

 

7. La vérité de la paix doit avoir valeur en soi et faire valoir son reflet de lumière bénéfique même quand on se trouve dans la tragique situation de la guerre. Dans la Constitution pastorale Gaudium et spes, les Pères du Concile œcuménique Vatican II soulignent que « ce n'est pas parce qu'une guerre a malheureusement éclaté que du fait même tout devient licite entre parties adverses ».(7) La Communauté internationale s'est dotée d'un droit humanitaire international pour limiter au maximum, surtout pour les populations civiles, les conséquences dévastatrices de la guerre. En de multiples circonstances et de différentes manières, le Saint-Siège a exprimé son soutien à ce droit humanitaire, encourageant son respect et sa prompte mise en œuvre, convaincu que la vérité de la paix existe aussi dans la guerre. Le droit humanitaire international est à mettre au compte des expressions les plus heureuses et les plus efficaces des exigences qui émanent de la vérité de la paix. C'est justement pourquoi le respect de ce droit s'impose comme un devoir pour tous les peuples. Sa valeur doit être appréciée et il faut en garantir l'application correcte, en le renouvelant par des normes ponctuelles, capables de faire face aux scénarios changeants des conflits armés d'aujourd'hui, ainsi qu'à l'utilisation d'armements toujours nouveaux et plus sophistiqués.

 

Si le « droit humanitaire international » est si important, on comprend que Benoît XVI puisse donner  ses encouragements et ses félicitations «  aux Organisations internationales et à toutes les personnes qui, par un effort permanent, travaillent à l'application du droit humanitaire international » ainsi qu’aux forces militaires « engagés dans de délicates opérations de règlement des conflits et de rétablissement des conditions nécessaires à la réalisation de la paix » sans oublier les  « Ordinaires militaires de l'Église catholique » qui travaillent en ce domaine.

8. Ma pensée reconnaissante va aux Organisations internationales et à toutes les personnes qui, par un effort permanent, travaillent à l'application du droit humanitaire international. Comment pourrais-je oublier ici les nombreux soldats engagés dans de délicates opérations de règlement des conflits et de rétablissement des conditions nécessaires à la réalisation de la paix? À eux aussi je désire rappeler les paroles du Concile Vatican II: « Ceux qui se vouent au service de la patrie et qui sont incorporés dans l'armée se considéreront eux aussi comme serviteurs de la sécurité et de la liberté des peuples, et, en s'acquittant correctement de cette tâche, ils contribuent vraiment à la consolidation de la paix ».(8) C'est dans ce domaine exigeant que se situe l'action pastorale des Ordinaires militaires de l'Église catholique: mes encouragements à demeurer, en toutes situations et en tous milieux, de fidèles évangélisateurs de la vérité de la paix vont aux Ordinaires militaires ainsi qu'aux aumôniers militaires.

 

Benoît XVI, ici, condamne le « terrorisme ». C’est un mouvement pervers qui maintient le monde dans l’ « angoisse » et l’ « insécurité » et qui se nourrit purement et simplement de la pire des philosophies : le « nihilisme » qui il dit être « tragique et bouleversant » en tant qu’il méprise purement et simplement tout ce qui est humain.

Il condamne également le « fanatisme religieux » appelé aujourd’hui souvent « fondamentalisme » qui cherche à imposer par la force et la violence  la vérité au mépris de la simple et légitime liberté des personnes, créée à l’image de Dieu.

9. Au jour d'aujourd'hui, la vérité de la paix continue d'être compromise et niée de façon dramatique par le terrorisme qui, par ses menaces et ses actes criminels, est en mesure de tenir le monde dans un état d'angoisse et d'insécurité. Mes Prédécesseurs Paul VI et Jean-Paul II sont intervenus à plusieurs reprises pour dénoncer la terrible responsabilité des terroristes et pour condamner l'absurdité de leurs desseins de mort. Ces desseins, en effet, se révèlent être inspirés d'un nihilisme tragique et bouleversant que le Pape Jean- Paul II décrivait ainsi: « Celui qui tue par des actes terroristes nourrit des sentiments de mépris envers l'humanité, faisant preuve de désespérance face à la vie et à l'avenir: dans cette perspective, tout peut être haï et détruit ».(9) Non seulement le nihilisme, mais aussi le fanatisme religieux, souvent appelé aujourd'hui fondamentalisme, peuvent inspirer et alimenter des propos et des gestes terroristes. Pressentant depuis le commencement le danger explosif que le fondamentalisme fanatique représente, le Pape Jean-Paul II l'a durement stigmatisé, mettant en garde contre la prétention d'imposer par la violence, plutôt que de proposer à la libre décision d'autrui, ses convictions concernant la vérité. Il écrivait: « Prétendre imposer à d'autres par la violence ce que l'on considère comme la vérité signifie violer la dignité de l'être humain et, en définitive, outrager Dieu dont il est l'image ».(10)

 

Dans la pensée du pape, « Terrorisme » et « fondamentalisme » sont les deux grands « mensonges » de ce siècle. Il le dit explicitement et très bien dans  ce paragraphe. J’attire également votre attention  sur la dernière phrase de ce paragraphe : « Dans l'analyse des causes du phénomène contemporain du terrorisme, il est souhaitable que, en plus des raisons à caractère politique et social, on ait aussi présent à l'esprit ses plus profondes motivations culturelles, religieuses et idéologiques ». A eux  seuls, ce paragraphe et cette ultime remarque  justifient  grandement la critique que je me permettais de faire, la semaine dernière dans Regard sur le Monde, n° 72,  du discours prononcé par Benoît XVI  lors de la réception du nouvel ambassadeur de la France près le saint Siège. Alors qu’il parlait des mouvements tragiques connus en France en Novembre dernier, il ne faisait aucune allusion à cet aspect des choses…Il faudrait bien que « le personnel français de la Secrétairerie d’Eta »t se mette au diapason de son chef…

10. À tout bien considérer, le nihilisme et le fondamentalisme ont un rapport erroné à la vérité: les nihilistes nient l'existence de toute vérité, les fondamentalistes ont la prétention de pouvoir l'imposer par la force. Tout en ayant des origines différentes et tout en étant des manifestations qui s'inscrivent dans des contextes culturels divers, le nihilisme et le fondamentalisme ont en commun un dangereux mépris pour l'homme et pour sa vie, et, en dernière analyse, pour Dieu lui-même. En effet, à la base de cette tragique issue commune il y a, en définitive, l'altération de la pleine vérité de Dieu: le nihilisme en nie l'existence et la présence providentielle dans l'histoire; le fondamentalisme fanatique en défigure le visage aimant et miséricordieux, Lui substituant des idoles faites à son image. Dans l'analyse des causes du phénomène contemporain du te rrorisme, il est souhaitable que, en plus des raisons à caractère politique et social, on ait aussi présent à l'esprit ses plus profondes motivations culturelles, religieuses et idéologiques.

 

Dans ce nouveau paragraphe, Benoît XVI reprend le principe de son argumentation : le mensonge est la cause de la guerre et des désordres tant individuels  que publics. Sans le dire, Il condamne le laïcisme. Cela me plaît beaucoup. Le Laïcisme « fait la guerre à Dieu ». Il fomente la division et nullement la paix. Retenez cette phrase : « L'histoire a amplement démontré que faire la guerre à Dieu pour l'extirper du cœur des hommes conduit l'humanité, effrayée et appauvrie, vers des choix qui n'ont pas d'avenir.

 

11. Devant les risques que l'humanité vit à notre époque, il est du devoir de tous les catholiques d'intensifier, dans toutes les parties du monde, l'annonce et le témoignage de « l'Évangile de la paix », proclamant que la reconnaissance de la pleine vérité de Dieu est la condition préalable et indispensable pour la consolidation de la vérité de la paix. Dieu est Amour qui sauve, Père aimant qui désire voir ses enfants se reconnaître entre eux comme des frères cherchant de manière responsable à mettre leurs différents talents au service du bien commun de la famille humaine. Dieu est source inépuisable de l'espérance qui donne sens à la vie personnelle et collective. Dieu, Dieu seul, rend efficace toute œuvre de bien et de paix. L'histoire a amplement démontré que faire la guerre à Dieu pour l'extirper du cœur des hommes conduit l'humanité, effrayée et appauvrie, vers des choix qui n'ont pas d'avenir. Cela doit encourager les croyants à se faire les témoins convaincus de Dieu, qui est inséparablement vérité et amour, en se mettant au service de la paix, dans une large collaboration œcuménique, ainsi qu'avec les autres religions et avec tous les hommes de bonne volonté.

Quelques progrès dans le processus de paix.

 

12. Regardant le contexte mondial actuel, nous pouvons enregistrer avec plaisir quelques signes prometteurs sur le chemin de la construction de la paix. Je pense, par exemple, à la diminution numérique des conflits armés. Il s'agit certainement de pas encore très timides sur le sentier de la paix, mais déjà en mesure d'annoncer un avenir de plus grande sérénité, en particulier pour les populations martyrisées de la Palestine, la Terre de Jésus, et pour les habitants de certaines régions d'Afrique et d'Asie qui attendent depuis des années la conclusion positive des processus de pacification et de réconciliation en cours. Ce sont des signes réconfortants qui demandent à être confirmés et consolidés par une action unanime et infatigable, surtout de la part de la Communauté internationale et de ses Organismes, qui ont pour mission de prévenir les conflits et d'apporter une solution pacifique à ceux qui sont en cours.

 

Le pape Benoît XVI condamne, de nouveau, tout guerre nucléaire : « dans une guerre nucléaire il n'y aurait pas de vainqueurs, mais seulement des victimes ».

 

13. Tout cela ne doit cependant pas inciter à un optimisme naïf. On ne peut, en effet, oublier que, malheureusement, se poursuivent encore de sanglants conflits fratricides et des guerres dévastatrices, qui sèment larmes et mort en de larges zones de la terre. Il y a des situations dans lesquelles le conflit, qui couve comme un feu sous la cendre, peut de nouveau éclater, causant des destructions d'une ampleur imprévisible. Les autorités qui, au lieu de mettre à exécution ce qui est en leur pouvoir pour promouvoir efficacement la paix, fomentent chez les citoyens des sentiments d'hostilité envers les autres nations se chargent d'une très grave responsabilité: elles mettent en danger, dans des régions particulièrement à risque, les équilibres délicats atteints au prix de difficiles négociations, contribuant ainsi à rendre l'avenir de l'humanité plus dépourvu de sécurité et plus confus. Que dire ensuite des gouvernements qui comptent sur les armes nucléaires pour garantir la sécurité de leurs pays? Avec d'innombrables personnes de bonne volonté, on peut affirmer que cette perspective, hormis le fait qu'elle est funeste, est tout à fait fallacieuse. En effet, dans une guerre nucléaire il n'y aurait pas des vainqueurs, mais seulement des victimes. La vérité de la paix demande que tous — aussi bien les gouvernements qui, de manière déclarée ou occulte, possèdent des armes nucléaires depuis longtemps, que ceux qui entendent se les procurer — changent conjointement de cap par des choix clairs et fermes, s'orientant vers un désarmement nucléaire progressif et concordé. Les ressources ainsi épargnées pourront être employées en projets de développement au profit de tous les habitants et, en premier lieu, des plus pauvres.

 

Le Pape s’engage nettement en faveur d’une politique de désarmement

14. À ce sujet, on ne peut pas ne pas enregistrer avec regret les données concernant une augmentation préoccupante des dépenses militaires et du commerce des armes toujours prospère, tandis que stagne dans le marécage d'une indifférence quasi générale le processus politique et juridique mis en œuvre par la Communauté internationale pour renforcer le chemin du désarmement. Quel avenir de paix sera un jour possible si on continue à investir dans la production des armes et dans la recherche employée à en développer de nouvelles? Le souhait qui monte du plus profond du cœur est que la Communauté internationale sache retrouver le courage et la sagesse de relancer résolument et collectivement le désarmement, donnant une application concrète au droit à la paix, qui est pour tout homme et pour tout peuple. En s'engageant à sauvegarder le bien de la paix, les divers Organismes de la Communauté internationale pourront retrouver l'autorité qui est indispensable pour rendre leurs initiatives crédibles et incisives.

 

Et que l’argent ainsi économisé soit mis au profit du développement des pays pauvres.

15. Les premiers à tirer profit d'un choix résolu pour le désarmement seront les pays pauvres, qui réclament non sans raison, après bien des promesses, la réalisation concrète du droit au développement. Un tel droit a aussi été solennellement réaffirmé dans la récente Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies, qui a célébré cette année le soixantième anniversaire de sa fondation. Confirmant sa confiance dans cette Organisation internationale, l'Église catholique en souhaite le renouvellement institutionnel et opérationnel, afin qu'elle soit en mesure de répondre aux nouvelles exigences de l'époque actuelle, marquée par le vaste phénomène de la mondialisation. L'Organisation des Nations unies doit devenir un instrument toujours plus efficace pour promouvoir dans le monde les valeurs de justice, de solidarité et de paix.

 

Dans cet avant dernier paragraphe, Benoît XVI rappelle que l’Eglise, jamais,  ne  se lassera de proclamer partout « l’Evangile de la Paix ». Il  précise  une dernière fois le principe fondamental en  matière de paix : le respect de la vérité, vérité de Dieu et vérité de l’homme. Il y insiste même par deux fois.

Un première fois en disant : « Animée comme elle l'est par la ferme conviction de rendre un service indispensable à tous ceux qui se consacrent à promouvoir la paix, elle rappelle à tous que, pour être authentique et durable, la paix doit être construite sur le roc de la vérité de Dieu et de la vérité de l'homme »

Et juste à la fin : « Oui, le fondement d'une paix authentique s'appuie seulement sur la vérité de Dieu et de l'homme ».

De grâce, retenons le.

 

Pour sa part, l'Église, fidèle à la mission reçue de son Fondateur, ne se lasse pas de proclamer partout « l'Évangile de la paix ». Animée comme elle l'est par la ferme conviction de rendre un service indispensable à tous ceux qui se consacrent à promouvoir la paix, elle rappelle à tous que, pour être authentique et durable, la paix doit être construite sur le roc de la vérité de Dieu et de la vérité de l'homme. Seule cette vérité peut sensibiliser les esprits à la justice, les ouvrir à l'amour et à la solidarité, encourager tous les hommes à travailler pour une humanité réellement libre et solidaire. Oui, le fondement d'une paix authentique s'appuie seulement sur la vérité de Dieu et de l'homme.

Si la vérité est le seul fondement de la paix, on comprend que Benoît XVI en conclusion, puisse s’adresser aux catholiques en ces termes : « En écoutant l'Évangile, chers frères et sœurs, nous apprenons à fonder la paix sur la vérité d'une existence quotidienne inspirée par le commandement de l'amour. »

16. En conclusion de ce message, je voudrais maintenant m'adresser particulièrement à ceux qui croient au Christ, pour leur renouveler l'invitation à se faire des disciples du Seigneur attentifs et disponibles. En écoutant l'Évangile, chers frères et sœurs, nous apprenons à fonder la paix sur la vérité d'une existence quotidienne inspirée par le commandement de l'amour. Il est nécessaire que chaque communauté s'engage dans une action intense et capillaire d'éducation et de témoignage qui fasse grandir en chacun la conscience de l'urgence de découvrir toujours plus profondément la vérité de la paix. Je demande en même temps que l'on intensifie la prière, parce que la paix est d'abord un don de Dieu à implorer sans cesse. Grâce à l'aide divine, l'annonce et le témoignage de la vérité de la paix en sortiront certainement plus convaincants et plus éclairants.

Avec confiance et abandon filial, tournons notre regard vers Marie, la Mère du Prince de la Paix. Au commencement de cette nouvelle année, demandons- lui d'aider l'ensemble du Peuple de Dieu à être, en toute circonstance, artisan de paix, se laissant éclairer par la Vérité qui rend libre (cf. Jn 8,32). Par son intercession, puisse l'humanité apprécier de manière croissante ce bien fondamental et s'engager à en consolider la réalité dans le monde, pour remettre aux générations qui viendront un avenir plus serein et plus sûr!

Du Vatican, le 8 décembre 2005.

BENEDICTUS PP. XVI

 


(1) Appel aux Chefs des peuples belligérants (1er août 1917): AAS 9 (1917), p. 423.

(2) N. 77.

(3) Ibid, n. 78.

(4) Jean-Paul II, Message pour la Journée mondiale de la Paix 2004, n. 9: La Documentation catholique 101 (2004), p. 7.

(5) Cf. Jean-Paul II, Discours à la cinquantième Assemblée générale des Nations unies, 5 octobre 1995, n. 3: La Documentation catholique 92 (1995), p. 918.

(6) La cité de Dieu, 19, 13: La Pléiade, Paris (2000), p. 869.

(7) N. 79.

(8) Ibid.

(9) Message pour la Journée mondiale de la Paix 2002, n. 6: La Documentation catholique 99 (2002), p. 5.

(10) Ibid.: l.c., p. 6.