ITEM
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Un regard sur l’actualité politique et
religieuse
Au 3 janvier 2006
N°73
1er JANVIER
2006
MESSAGE DE SA SAINTETÉ
BENOÎT XVI
POUR
JOURNÉE MONDIALE
Je vous donne
en ce « premier Regard sur le monde » de l’année 2006, ce très
beau texte de Benoît XVI sur la paix : son Message pour célébrer « la
journée mondiale de la paix ».
Lisez-le avec
application.
Je l’ai lu
moi-même la plume à la main. Et, pour vous, je précise pour chaque paragraphe, avant
chaque paragraphe, la pensée du Souverain Pontife. Elle est limpide et claire.
Je résumerais
volontiers sa pensée sur la paix en disant que la vérité, seule, fomente la paix alors que le mensonge et le
péché la détruisent et la ruinent. Que celui qui veut la paix, cultive le vrai
et sur Dieu et sur l’homme. C’est là la
grande affirmation de ce texte. Je retrouve la pensée d’un Pie XII, d’un Pie
XI. Deo Gratias. Il y manque cependant,
peut-être, un peu de leur
« pugnacité ».
Mes
commentaires sont en italique et en bleu.
DANS
1. Au
commencement de la nouvelle année, par le traditionnel Message pour
C’est le premier message du Pape : un
appel fervent à la paix des Nations.
Elu successeur de Pierre, Benoît XVI veut « confirmer la ferme volonté du Saint
Siège de continuer à servir la cause de la paix ». Il ne dérogera pas
à ce devoir d’autant que le nom qu’il prît comme pape, lui en fait une claire obligation. Il
le dit nettement tout au début de son
discours : « Le nom même de Benoît, que j'ai choisi le
jour de mon élection au Siège de Pierre, indique mon engagement déterminé en
faveur de la paix. J'ai ainsi voulu me référer à la fois au Saint Patron de
l'Europe, inspirateur d'une civilisation pacificatrice dans le continent tout
entier, et au Pape Benoît XV, qui condamna
2. Je voudrais
d'abord rendre un sincère hommage de gratitude à mes Prédécesseurs, les grands
Papes Paul VI et Jean-Paul II, artisans
de paix éclairés. Animés de l'esprit
des Béatitudes, ils ont su lire dans les nombreux événements de l'histoire
qui ont marqué leurs Pontificats respectifs l'intervention providentielle de
Dieu, qui n'oublie jamais les destinées du genre humain. À plusieurs reprises, en infatigables messagers de l'Évangile,
ils ont invité chaque personne à
repartir de Dieu afin de pouvoir promouvoir une cohabitation pacifique dans
toutes les régions de la terre. Mon premier Message pour
Quelles sont les conditions indispensables
de la paix ?
Le respect que l’on doit à Dieu et àl’ordre qu’il a mis
dans la nature et les choses est la condition nécessaire de la paix entre les
hommes. Voilà ce que Benoît XVI veut dire quand il déclare qu’il faut « repartir de Dieu afin de pouvoir promouvoir
une cohabitation pacifique dans toutes les régions de la terre ». Il
s’inspire du Concile Vatican II en
son numéro 79 qui parle de « la vérité de la paix ». Cette
« vérité de la paix n’est rien d’autre que « l’ ordre qui a été implanté dans la société humaine par son divin
Fondateur » . Le respect de cet ordre divin, naturel et
surnaturel engendre tout naturellement la paix. Elle en est le fruit. On
pourrait dire que « le fruit d'un ordre qui a été implanté
dans la société humaine par son divin Fondateur » est
ce qu’on appelle la paix.
3. Le thème de
réflexion de cette année — « Dans la vérité, la paix » — exprime la
conviction que, là où l'homme se laisse
éclairer par la splendeur de la vérité et quand il le fait, il entreprend
presque naturellement le chemin de la paix.
Si la paix est bien cela, à savoir : « l’ordre
divin respecté », tout homme politique responsable doit tout faire pour
« conformer », dans son action politique, « l’histoire humaine
à l’ordre divin ». Il sera un artisan de la paix à cette condition. Il doit non seulement respecter mais plus
encore, il doit « adhérer »
- c’est le mot du pape - à
« l’ordre transcendant des choses » qui est l’ordre voulu de Dieu,
ainsi que la loi naturelle mis par Dieu dans le cœur humain, qui est « la loi morale universelle ».
C’est à cette seule condition que la paix pourra être, et devenir le « bien » des nations.
4. Définie de
cette façon, la paix apparaît comme un don céleste et une grâce divine; à tous
les niveaux, elle demande l'exercice de la plus grande responsabilité, à savoir
de conformer dans la vérité, dans la
justice, dans la liberté et dans l'amour, l'histoire humaine à l'ordre divin. Quand
n'existe plus l'adhésion à l'ordre transcendant des choses, ni le respect de la
« grammaire » du dialogue qu'est la loi morale universelle, écrite dans le cœur
de l'homme,(5) quand sont
entravés et empêchés le développement intégral de la personne et la sauvegarde
de ses droits fondamentaux, quand de nombreux peuples sont contraints à subir
des injustices et des inégalités intolérables, comment peut-on espérer en la réalisation du bien de la paix? En
effet, manquent alors les éléments essentiels qui donnent forme à la vérité de
ce bien. Saint Augustin a décrit la paix comme « tranquillitas
ordinis »,(6) la
tranquillité de l'ordre, c'est-à-dire la situation qui permet, en définitive,
de respecter et de réaliser pleinement la vérité de l'homme.
Si donc la paix est le fruit de la vérité
de Dieu respecté, on comprend que le pape puisse dire immédiatement, c’est
logique, que le péché est fondamentalement le seul et véritable obstacle de la
paix des Nations, puisque le péché se définit précisément comme étant « aversio a Deo », l’opposition farouche à l’ordre
divin. C’est de fait l’interrogation du
pape au § 5 « Et
alors, qui peut empêcher la réalisation de la paix et quelle chose peut
l'empêcher »? il répond
clairement : le mensonge et le péché. Il fait claire allusion au péché
originel, au péché d’Adam et au péché personnel. La pensée du pape est claire.
Le diable est l’ennemi de toute paix ainsi que le péché qui est le refus de l’ordre divin.
Et
de là, il tourne son regard non seulement sur les ages anciens… qui nous montrent,
o combien ! que le désordre est le
fruit du péché…et la mort, son ultime conséquence, « Stipendia peccati, mors », nous dira saint Paul ; mais il
tourne également son regard vers le
monde contemporain…Et là, il fulmine, de nouveau,l’anathème contre l’hitlérisme qui, gardant « captive la
vérité », a engendré la mort : « Il suffit de penser à ce
qui s'est passé au siècle dernier, quand des systèmes idéologiques et
politiques aberrants ont mystifié la vérité de façon programmée et ont conduit
à l'exploitation et à la suppression d'un nombre impressionnant d'hommes et de
femmes, exterminant même des familles et des communautés entières ».
Mais attention, semble vouloir dire le
pape : ce qu’on a connu hier pourrait bien être de nouveau réalité puisque la cause de tous ces maux semblent
rester toujours d’actualité : le mensonge reste
toujours plus prégnant. Le pape le dit clairement « face au mensonge de
notre temps » :
« Comment ne pas rester sérieusement préoccupés, après ces expériences,
face aux mensonges de notre temps, qui sont comme le cadre de menaçants
scénarios de mort dans de nombreuses régions du monde? »
Il en tire ainsi un appel à la
sagesse : celui qui veut la paix qu’il recherche la vérité et fuit le
mensonge. Il dit même très joliment :
« le problème de la vérité et du mensonge …se révèle
décisif pour un avenir pacifique de notre planète ». J’aime
cet argument.
5. Et alors, qui
peut empêcher la réalisation de la paix et quelle chose peut l'empêcher? À ce propos,
dans son premier livre,
Si donc la vérité - et son respect - engendre la paix et que le
« mensonge » cause la mort et détruit les bonnes relations, on comprend que Benoît XVI puisse demander
dans ce nouveau paragraphe 6 qu’il faille
être, dans les relations humaines et nationales, « transparents
dans les discussions et fidèles à la parole donnée » qu’il
faille aussi « travailler pour qu’aucune forme de fausseté
ne s’insinue et ne vienne perturber les relations ». Or erreur et
fausseté seraient d’insister uniquement sur les « différences historiques et culturelles » que l’on
constante entre les hommes et les nations
et d’oublier alors de reconnaître que « tous les hommes appartiennent à une unique et même famille ». - C’est là une « vérité
fondamentale »- puisqu’ils
ont
« une même destinée, en dernier ressort transcendante ».
A cette lumière Benoît XVI essaye de donner une définition de
la paix. Il dit : « La paix apparaît alors sous un jour nouveau: non comme
une simple absence de guerre, mais comme la convivialité des citoyens dans une
société gouvernée par la justice, société dans laquelle se réalise aussi le
bien pour chacun d'entre eux, autant que faire se peut ».
Puis donc la vérité est condition de la
paix, le Christ Jésus, en qui « nul mensonge ne se trouve », est le
meilleur modèle de la paix. Il est vraiment l’artisan de la paix. Plus même,
révélant ce qu’est l’homme en lui-même, il est celui « qui nous donne la paix ».
6. La paix est
une aspiration profonde et irrépressible, présente dans le cœur de toute
personne, au-delà des identités culturelles spécifiques. C'est précisément
pourquoi chacun doit se sentir engagé au service d'un bien si précieux, en travaillant pour qu'aucune forme de
fausseté ne s'insinue et ne vienne perturber les relations. Tous les hommes
appartiennent à une unique et même famille. La mise en avant exagérée de leurs
différences contraste avec cette vérité fondamentale. Il faut retrouver la
conscience d'avoir en commun une même destinée, en dernier ressort transcendante, pour pouvoir mettre en valeur au
mieux les différences historiques et culturelles, sans s'opposer, mais en se
concertant avec les personnes qui appartiennent aux autres cultures. Telles
sont les simples vérités qui rendent la paix possible; elles deviennent
facilement compréhensibles lorsqu'on écoute son cœur, avec une pureté d'intention. La paix apparaît alors sous un jour
nouveau: non comme une simple absence de guerre, mais comme la convivialité des citoyens dans une société gouvernée par la
justice, société dans laquelle se réalise aussi le bien pour chacun d'entre
eux, autant que faire se peut. La vérité de la paix appelle tous les hommes
à entretenir des relations fécondes et sincères; elle les encourage à
rechercher et à parcourir les voies du pardon et de la réconciliation, à être transparents dans les discussions et
fidèles à la parole donnée. En particulier, le disciple du Christ qui se
sent assailli par le mal et qui de ce fait a besoin de l'intervention
libératrice du divin Maître se tourne vers Lui avec confiance, sachant bien que
ce dernier « n'a pas commis le péché; que dans sa bouche on n'a pu trouver de
mensonge » (1 P 2,22; cf. Is 53, 9). En
effet, Jésus s'est défini comme
Benoît XVI exprime dans ce nouveau
paragraphe son plein et total soutien au
« droit humanitaire international ». Sa
finalité ne peut être qu’approuvée puisqu’il a pour but de
« limiter au maximum, surtout pour
les populations civiles, les conséquences dévastatrices de la guerre ».
Il est « à
mettre au compte des expressions les plus heureuses et les plus efficaces des
exigences qui émanent de la vérité de la paix ». Voilà
pourquoi, il doit être respecté : « C'est justement pourquoi le
respect de ce droit s'impose comme un devoir pour tous les peuples »,. Et il doit être aussi sans cesse adapté aux
nouvelles circonstances tant des conflits que des nouveaux armements.
7. La vérité de
la paix doit avoir valeur en soi et faire valoir son reflet de lumière
bénéfique même quand on se trouve dans la tragique situation de la guerre. Dans
Si le « droit humanitaire
international » est si important, on comprend que Benoît XVI puisse
donner ses encouragements et ses félicitations « aux Organisations internationales
et à toutes les personnes qui, par un effort permanent, travaillent à
l'application du droit humanitaire international » ainsi qu’aux forces militaires « engagés
dans de délicates opérations de règlement des conflits et de rétablissement des
conditions nécessaires à la réalisation de la paix » sans oublier les « Ordinaires
militaires de l'Église catholique » qui travaillent en ce domaine.
8. Ma pensée
reconnaissante va aux Organisations internationales et à toutes les personnes
qui, par un effort permanent, travaillent à l'application du droit humanitaire
international. Comment pourrais-je oublier ici les nombreux soldats engagés
dans de délicates opérations de règlement des conflits et de rétablissement des
conditions nécessaires à la réalisation de la paix? À eux aussi je désire
rappeler les paroles du Concile Vatican II: « Ceux qui se vouent au service de
la patrie et qui sont incorporés dans l'armée se considéreront eux aussi comme
serviteurs de la sécurité et de la liberté des peuples, et, en s'acquittant
correctement de cette tâche, ils contribuent vraiment à la consolidation de la
paix ».(8) C'est dans ce
domaine exigeant que se situe l'action pastorale des Ordinaires militaires de
l'Église catholique: mes encouragements à demeurer, en toutes situations et en
tous milieux, de fidèles évangélisateurs de la vérité de la paix vont aux
Ordinaires militaires ainsi qu'aux aumôniers militaires.
Benoît XVI, ici, condamne le « terrorisme ». C’est un
mouvement pervers qui maintient le monde dans l’ « angoisse » et
l’ « insécurité » et qui se nourrit purement et simplement de la
pire des philosophies : le « nihilisme » qui il dit être
« tragique et bouleversant » en tant qu’il méprise purement et
simplement tout ce qui est humain.
Il condamne également le « fanatisme religieux » appelé
aujourd’hui souvent « fondamentalisme »
qui cherche à imposer par la force et la violence la vérité au mépris de la simple et légitime
liberté des personnes, créée à l’image de Dieu.
9. Au jour
d'aujourd'hui, la vérité de la paix continue d'être compromise et niée de façon
dramatique par le terrorisme qui, par ses menaces et ses actes
criminels, est en mesure de tenir le monde dans un état d'angoisse et
d'insécurité. Mes Prédécesseurs Paul VI et Jean-Paul II sont intervenus à
plusieurs reprises pour dénoncer la terrible responsabilité des terroristes et
pour condamner l'absurdité de leurs desseins de mort. Ces desseins, en effet,
se révèlent être inspirés d'un nihilisme
tragique et bouleversant que le Pape Jean- Paul II décrivait ainsi: « Celui
qui tue par des actes terroristes nourrit des sentiments de mépris envers
l'humanité, faisant preuve de désespérance face à la vie et à l'avenir: dans
cette perspective, tout peut être haï et détruit ».(9) Non seulement
le nihilisme, mais aussi le fanatisme religieux, souvent appelé
aujourd'hui fondamentalisme, peuvent inspirer et alimenter des propos
et des gestes terroristes. Pressentant depuis le commencement le danger
explosif que le fondamentalisme fanatique représente, le Pape Jean-Paul II l'a
durement stigmatisé, mettant en garde contre la prétention d'imposer par la
violence, plutôt que de proposer à la libre décision d'autrui, ses convictions
concernant la vérité. Il écrivait: « Prétendre imposer à d'autres par la
violence ce que l'on considère comme la vérité signifie violer la dignité de
l'être humain et, en définitive, outrager Dieu dont il est l'image ».(10)
Dans la pensée du pape,
« Terrorisme » et « fondamentalisme » sont les deux grands
« mensonges » de ce siècle. Il le dit explicitement et très bien dans
ce paragraphe. J’attire également votre
attention sur la dernière phrase de ce
paragraphe : « Dans l'analyse
des causes du phénomène contemporain du terrorisme, il est souhaitable que, en
plus des raisons à caractère politique et social, on ait aussi présent à
l'esprit ses plus profondes motivations culturelles, religieuses et
idéologiques ». A eux seuls, ce
paragraphe et cette ultime remarque
justifient grandement la critique
que je me permettais de faire, la semaine dernière dans Regard sur le Monde,
n° 72, du discours prononcé par
Benoît XVI lors de la réception du nouvel
ambassadeur de
10. À tout bien considérer, le nihilisme et le
fondamentalisme ont un rapport erroné à la vérité: les nihilistes nient
l'existence de toute vérité, les fondamentalistes ont la prétention de pouvoir
l'imposer par la force. Tout en ayant des origines différentes et tout en étant
des manifestations qui s'inscrivent dans des contextes culturels divers, le nihilisme et le fondamentalisme ont en
commun un dangereux mépris pour l'homme et pour sa vie, et, en dernière
analyse, pour Dieu lui-même. En effet, à la base de cette tragique issue
commune il y a, en définitive, l'altération de la pleine vérité de Dieu: le
nihilisme en nie l'existence et la présence providentielle dans l'histoire; le
fondamentalisme fanatique en défigure le visage aimant et miséricordieux, Lui
substituant des idoles faites à son image. Dans
l'analyse des causes du phénomène contemporain du te rrorisme,
il est souhaitable que, en plus des raisons à caractère politique et social, on
ait aussi présent à l'esprit ses plus profondes motivations culturelles,
religieuses et idéologiques.
Dans ce nouveau paragraphe, Benoît XVI reprend
le principe de son argumentation : le mensonge est la cause de la guerre
et des désordres tant individuels que
publics. Sans le dire, Il condamne le laïcisme. Cela me plaît beaucoup. Le
Laïcisme « fait la guerre à Dieu ». Il fomente la division et nullement
la paix. Retenez cette phrase :
« L'histoire a amplement démontré que faire la guerre à Dieu pour
l'extirper du cœur des hommes conduit l'humanité, effrayée et appauvrie, vers
des choix qui n'ont pas d'avenir.
11. Devant les
risques que l'humanité vit à notre époque, il est du devoir de tous les
catholiques d'intensifier, dans toutes les parties du monde, l'annonce et le
témoignage de « l'Évangile de la paix », proclamant que la reconnaissance de la
pleine vérité de Dieu est la condition préalable et indispensable pour la
consolidation de la vérité de la paix. Dieu est Amour qui sauve, Père aimant
qui désire voir ses enfants se reconnaître entre eux comme des frères cherchant
de manière responsable à mettre leurs différents talents au service du bien
commun de la famille humaine. Dieu est source inépuisable de l'espérance qui
donne sens à la vie personnelle et collective. Dieu, Dieu seul, rend efficace
toute œuvre de bien et de paix. L'histoire
a amplement démontré que faire la guerre à Dieu pour l'extirper du cœur des
hommes conduit l'humanité, effrayée et appauvrie, vers des choix qui n'ont pas
d'avenir. Cela doit encourager les croyants à se faire les témoins
convaincus de Dieu, qui est inséparablement vérité et amour, en se mettant au
service de la paix, dans une large collaboration œcuménique, ainsi qu'avec les
autres religions et avec tous les hommes de bonne volonté.
Quelques progrès dans le processus de paix.
12. Regardant le
contexte mondial actuel, nous pouvons enregistrer avec plaisir quelques signes
prometteurs sur le chemin de la construction de la paix. Je pense, par exemple,
à la diminution numérique des conflits armés. Il s'agit certainement de pas encore très timides sur le sentier de la
paix, mais déjà en mesure d'annoncer un avenir de plus grande sérénité, en
particulier pour les populations martyrisées de
Le pape Benoît XVI condamne, de nouveau,
tout guerre nucléaire : « dans une guerre nucléaire il
n'y aurait pas de vainqueurs, mais seulement des victimes ».
13. Tout cela ne
doit cependant pas inciter à un optimisme naïf. On ne peut, en effet, oublier
que, malheureusement, se poursuivent encore de sanglants conflits fratricides
et des guerres dévastatrices, qui sèment larmes et mort en de larges zones de
la terre. Il y a des situations dans lesquelles le conflit, qui couve comme un
feu sous la cendre, peut de nouveau éclater, causant des destructions d'une
ampleur imprévisible. Les autorités qui, au lieu de mettre à exécution ce qui
est en leur pouvoir pour promouvoir efficacement la paix, fomentent chez les
citoyens des sentiments d'hostilité envers les autres nations se chargent d'une
très grave responsabilité: elles mettent en danger, dans des régions
particulièrement à risque, les équilibres délicats atteints au prix de difficiles
négociations, contribuant ainsi à rendre l'avenir de l'humanité plus dépourvu
de sécurité et plus confus. Que dire
ensuite des gouvernements qui comptent sur les armes nucléaires pour garantir
la sécurité de leurs pays? Avec d'innombrables personnes de bonne volonté,
on peut affirmer que cette perspective, hormis le fait qu'elle est funeste, est
tout à fait fallacieuse. En effet, dans une guerre nucléaire il n'y aurait pas
des vainqueurs, mais seulement des victimes. La vérité de la paix demande que
tous — aussi bien les gouvernements qui, de manière déclarée ou occulte,
possèdent des armes nucléaires depuis longtemps, que ceux qui entendent se les
procurer — changent conjointement de cap par des choix clairs et fermes,
s'orientant vers un désarmement nucléaire progressif et concordé. Les
ressources ainsi épargnées pourront être employées en projets de développement
au profit de tous les habitants et, en premier lieu, des plus pauvres.
Le Pape s’engage nettement en
faveur d’une politique de désarmement
14. À ce sujet, on ne peut pas ne pas
enregistrer avec regret les données concernant une augmentation préoccupante
des dépenses militaires et du commerce des armes toujours prospère, tandis que
stagne dans le marécage d'une indifférence quasi générale le processus
politique et juridique mis en œuvre par
Et que l’argent ainsi économisé soit mis au
profit du développement des pays pauvres.
15. Les premiers
à tirer profit d'un choix résolu pour le désarmement seront les pays pauvres,
qui réclament non sans raison, après bien des promesses, la réalisation
concrète du droit au développement. Un tel droit a aussi été solennellement
réaffirmé dans la récente Assemblée générale de l'Organisation des Nations
unies, qui a célébré cette année le soixantième anniversaire de sa fondation.
Confirmant sa confiance dans cette Organisation internationale, l'Église
catholique en souhaite le renouvellement institutionnel et opérationnel, afin
qu'elle soit en mesure de répondre aux nouvelles exigences de l'époque
actuelle, marquée par le vaste phénomène de la mondialisation. L'Organisation des Nations unies doit
devenir un instrument toujours plus efficace pour promouvoir dans le monde les
valeurs de justice, de solidarité et de paix.
Dans cet avant dernier paragraphe, Benoît
XVI rappelle que l’Eglise, jamais, ne se lassera de proclamer partout « l’Evangile
de
Un première fois en disant :
« Animée comme elle l'est par la
ferme conviction de rendre un service indispensable à tous ceux qui se
consacrent à promouvoir la paix, elle rappelle à tous que, pour être
authentique et durable, la paix doit être construite sur le roc de la vérité de
Dieu et de la vérité de l'homme »
Et juste à la fin :
« Oui, le fondement d'une paix
authentique s'appuie seulement sur la vérité de Dieu et de l'homme ».
De grâce, retenons le.
Pour sa part, l'Église, fidèle à la
mission reçue de son Fondateur, ne se lasse pas de proclamer partout «
l'Évangile de la paix ». Animée comme elle l'est par la ferme
conviction de rendre un service indispensable à tous ceux qui se consacrent à
promouvoir la paix, elle rappelle à tous que, pour être authentique et durable,
la paix doit être construite sur le roc de la vérité de Dieu et de la vérité de
l'homme. Seule cette vérité peut sensibiliser les esprits à la justice, les
ouvrir à l'amour et à la solidarité, encourager tous les hommes à travailler
pour une humanité réellement libre et solidaire. Oui, le fondement d'une paix authentique s'appuie seulement sur la
vérité de Dieu et de l'homme.
Si la vérité est le seul fondement de la
paix, on comprend que Benoît XVI en conclusion, puisse s’adresser aux
catholiques en ces termes :
« En écoutant l'Évangile, chers frères et sœurs, nous apprenons à fonder
la paix sur la vérité d'une existence quotidienne inspirée par le commandement
de l'amour. »
16. En
conclusion de ce message, je voudrais maintenant m'adresser particulièrement à
ceux qui croient au Christ, pour leur renouveler l'invitation à se faire des
disciples du Seigneur attentifs et disponibles. En écoutant l'Évangile, chers frères et sœurs, nous apprenons à fonder
la paix sur la vérité d'une existence quotidienne inspirée par le commandement
de l'amour. Il est nécessaire que chaque communauté s'engage dans une
action intense et capillaire d'éducation et de témoignage qui fasse grandir en
chacun la conscience de l'urgence de découvrir toujours plus profondément la
vérité de la paix. Je demande en même temps que l'on intensifie la prière,
parce que la paix est d'abord un don de Dieu à implorer sans cesse. Grâce à
l'aide divine, l'annonce et le témoignage de la vérité de la paix en sortiront
certainement plus convaincants et plus éclairants.
Avec confiance
et abandon filial, tournons notre regard vers Marie,
Du Vatican,
le 8 décembre 2005.
BENEDICTUS
PP. XVI
(1) Appel aux Chefs des peuples
belligérants (1er août 1917): AAS 9 (1917), p. 423.
(2) N. 77.
(3) Ibid, n. 78.
(4) Jean-Paul II, Message pour
(5) Cf. Jean-Paul II, Discours à la
cinquantième Assemblée générale des Nations unies, 5 octobre 1995, n. 3:
(6) La cité de Dieu, 19, 13:
(7) N. 79.
(8) Ibid.
(9) Message pour
(10) Ibid.: l.c.,
p. 6.