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de
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Un regard sur le monde
politique et religieux
Au 27 janvier 2005
N°28
Dans l’espérance d’une
normalisation de la situation de
avec Rome.
Dans cette « crise » passagère,
espérons-le, que
Les relations avec Rome
Ce dernier problème est, pour moi, le problème
majeur…. en tant que de sa solution dépend
l’avenir de
L’affaire bordelaise, pour importante
qu’elle soit, n’ébranlera pas l’ensemble
de l’œuvre. Certaines têtes seront
peut-être emportés dans la tourmente….Un chapitre général électif…sera-t-il
nécessaire ? Ce n’est pas impossible…Mais ce n’est pas certain, non plus.
Le temps le dira. Mais elle n’est pas de
nature à déraciner l’œuvre de Mgr Lefebvre. Elle aura une conséquence, au contraire, bénéfique :
celle de remettre
Le vrai problème, pour moi, ce sont nos
relations avec Rome
et aujourd’hui, plus précisément nos absences de relation « productive ».
Je pense, du reste, que l’ « agitation » actuelle de
Les raisons qui sont avancées officiellement et
qui furent données à l’occasion de l’affaire de Campos me paraissent
révélatrices du vrai problème que connaît
Le « non possumus » que nous disions
n’était pas « notre », non plus . Il était d’abord
« ecclésial », c’était celui de l’Eglise. Ce « non possumus », nécessaire,
est devenu aujourd’hui, insensiblement, bien trop « personnel », bien
trop « égocentrique », bientôt « notre ». Il est devenu
une affaire de « boutique » . Il est
« boutiqué », si vous me permettez l’expression. Il est devenu
« notre œuvre », « notre bien », « notre société
sacerdotale ». Cette « œuvre »
- et Dieu sait si je l’aime -
est devenue, insensiblement, avec le temps, la référence que l’on veut
« nécessaire », surtout « exclusive ». « Hors de
Son combat dépassait « sa propre
œuvre ». C’est ainsi, du reste, qu’il nous enthousiasmait et pas autrement. En défendant la messe, en
s’ « opposant » au Concile, à certains documents, surtout à son
esprit « modernisant », il défendait le bien commun de l’Eglise. Il
ne défendait pas d’abord son « œuvre ». Nous nous sommes ,
aujourd’hui, trop repliés sur nous mêmes. Nous sommes devenus « le
centre » de tous et même de l’Eglise. Il faudrait presque que l’Eglise se
range à notre point de vue pour que cesse la crise. Allons ! Voyons !
Secouons nous. Quittons ce monde « étroit », ce monde
« recroquevillé ». On y étouffe parce qu’il n’a plus l’universalité
de l’Eglise, sa catholicité. – Ne
serait-ce pas là la vraie raison de certains départs ? - Il
n’y aurait d’autres « mondes » possibles que « notre » œuvre ! Mais nous
sommes « néants », nous sommes « rien » par nous-mêmes.
Nous ne sommes que « nos » petits cerveaux, que « nos »
petites prétentions, que « nos petites suffisances ». Nous avons tous
besoin de l’universalité de l’Eglise. Nous avons besoin de la « Catholicité ».
Nous avons besoin des Apôtres. Nous
avons besoin des « colonnes du
Bernin ». Nous avons besoin de Pierre qui est l’Eglise. Nous avons besoin
de son tombeau sur lequel a germé la chrétienté. Nous avons besoin d’ être « romain ». Je suis
romain ou je ne suis rien. Mgr Lefebvre était romain… Et voilà pourquoi il a
fondé son œuvre. Et cette œuvre est romaine dans son principe, dans sa source.
Ou elle n’est rien. Elle doit servir l’Eglise et non point « se »
servir. Sinon, ce sera une ruine à
terme. Mgr Lefebvre est romain… et voilà pourquoi il a toujours gardé le souci
de Rome, le souci de « normaliser sa situation » avec Rome. Il ne
disait pas vouloir attendre le règlement de la crise de l’Eglise pour régler
son « affaire ». Il était préoccupé
par cette situation « anormale » qui était la sienne par suite
de la « méchanceté » et la « perversité » de certains. Elle
lui avait été, en quelque sorte, imposée….contre son grès. Il aurait préféré
mourir que de devoir se dresser contre le Pape. Un cardinal Villot. Un cardinal
Garonne n’y étaient pas étrangers. Peu importe du reste…Les hommes passent. Les
circonstances aussi. Voilà pourquoi il était au créneau, sensible, attentif au
moindre mouvement…. favorable. Il profita de l’émotion - heureux effet- que fit l’annonce des sacres à Rome -. Y voyant
une ouverture, il accepta de prendre la « main tendue ». Et pourtant,
l’Eglise « conciliaire » venait à peine de sortir des
« fêtes » célébrées à Assise, ce
qui avait suscité en Mgr Lefebvre une si vive émotion….Et malgré cela,
il voulut « normaliser sa situation » avec Rome. Il y crut. Il
l’écrivit à Dom Gérard, le 21 avril 1988. Dom Gérard a eu l’amabilité de
m’adresser récemment cette lettre. Je veux la publier aujourd’hui. Mon but est
de montrer la pensée de Mgr Lefebvre sur cette
« normalisation » avec Rome. Elle est nécessaire. Et parce
qu’elle est nécessaire, Il l’a voulue, il l’a recherché, il y a travaillé de
tout son cœur pendant 20 ans durant. Pour nécessaire qu’elle soit, il faut
toutefois qu’elle respecte certaines conditions . Lesquelles ? Cette
normalisation doit nous reconnaître « tel que nous sommes »,
elle ne peut se faire donc au détriment
de la vérité et doit se faire dans
l’acceptation de nos critiques du concile. Elle doit se faire « sans aucun
changement de doctrine et de discipline », et donc dans le respect du
« droit » de la messe dite de Saint Pie V. Elle devait permettre d’assurer par les
sacres d’évêques - deux ou trois – la
« succession épiscopale » de Mgr Lefebvre. Elle devait enfin assurer
« une certaine exemption des évêques ». Voilà la pensée de Mgr
Lefebvre. Voilà ce à quoi il a travaillé sans se décourager pendant 20 ans. Il
l’écrit très bien « Enfin, agréés après 20 de combat !». « Agréé après 20 ans » :voilà
le vrai problème, aujourd’hui, de
M’est avis que la solution acceptée par Dom
Rangel, 14 ans après, en 2002,
s’approche beaucoup des conditions
sages précisées par Mgr Lefebvre. Là, l’exemption est assurée, la
succession épiscopale aussi, le droit de la messe dite de saint Pie V est également reconnu. Dom Rifan, ni lui ni ses prêtres, ne
sont tenus de « concélébrer ».
Le cardinal Castrillon-Hoyos le lui confirma souvent. Les récentes études du
Père de Blignière dans sa revue « Sedes Sapientiae » précise bien, en cette affaire, le droit de
l’Eglise….
Il me semble que la question du Concile est
restée cependant - dangereusement –
dans l’ombre. Si donc « les contacts » reprennent lors du prochain
pontificat, ce pour quoi je prie, il faudra que la solution, de toute façon,
respecte les conditions sagement proposées à nos réflexions. Faire admettre les
critiques du Concile, sera notre « travail ». Le reste est déjà
accepté. Faudra-t-il encore que les épiscopats acceptent… Mais leur force ne va
pas en augmentant. Là aussi, il faut être attentif aux « signes des
temps ».
Quoi qu’il en soit, la crise ne sera pas finie
parce que notre situation sera
normalisé.
La lutte continuera. On aura seulement acquis
meilleure position. Nous aurons réussi à prendre une position
« privilégiée »….
Voilà cette lettre.
21 avril 1988.
« Bien cher Dom Gérard,
C’est avec joie que je vois votre œuvre grandir
dans tous les domaines et j’espère bien que d’ici peu, votre monastère sera
reconnu tel qu’il est et avec tous les avantages qui seront reconnus
à
Juridiquement nous n’avons pas tout ce que nous
aurions souhaité, mais l’essentiel : une commission à Rome, la
consécration d’un évêque de
Quant à l’exemption des évêques, la
formule n’est pas arrêtée définitivement. Mais je dois encore me rendre à Rome
pour signer les accords. Ils ont reculé sur toute la ligne, nous donnant
ainsi les moyens de continuer nos œuvres sans aucun changement de doctrine et
de discipline.
Ne diffusez pas trop ces nouvelles avant leur
publication officielle à cause de la réaction probable des évêques qui
pourraient intervenir massivement et empêcher la signature. Continuons de
prier. Toujours unis dans la lutte et l’action de grâces.
Merci de votre aimable carte et de votre
bulletin.
Bien cordialement votre en Jésus et
Marie ».
Mgr Lefebvre.