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Un
regard sur le monde politique et religieux
Au 3
juin 2005
N°45
Le Testament
Comme
indiqué dans « Regard sur le monde » de ces dernières semaines, je
poursuis mon analyse critique de la pensée de Jean-Paul II sur la
« philosophie de Lumières ». Je vous redonne sa pensée largement
exprimée dans son chapitre 18 et tout particulièrement dans cette phrase:
« Les Lumières européennes n’ont pas seulement produit les
atrocités de la Révolution françaises : elles ont eu des fruits
positifs comme les idées de liberté, d’égalité et de fraternité, qui sont aussi
des valeurs enracinées dans l’Evangile. Même si elles ont été proclamées
indépendamment de lui, ces idées révélaient à elles seules leur origine. De
cette façon, les Lumières françaises ont préparé le terrain à une meilleure
compréhension des droits de l’homme. En vérité, la Révolution a violé de
fait, et de bien des manières, ces droits. Toutefois, la reconnaissance
effective des droits de l’homme commença à partir de là à être mise en œuvre
avec une plus grande détermination, dépassant les traditions féodales. Il faut
cependant relever que ces droits étaient déjà reconnus comme fondés dans la nature
de l’homme créé par Dieu à son image et proclamés comme tels dans la Sainte
Ecriture dès les premières pages du livre de la Genèse. Le Christ lui-même y
fait référence à plusieurs reprises, lui qui dans l’Evangile affirme, entre autres, que
« le sabbat a été fait pour
l’homme, et non pas l’homme pour le sabbat (Mc 2 27). Par ces paroles il
explique avec autorité la dignité supérieure de l’homme, indiquant, en
définitive, le fondement divin de ses droits ». (p 131-13)
Voilà un jugement d’une
importance formidable.
Nos critiques
1- La trilogie « liberté, égalité
et fraternité » n’a pas le même sens dans la philosophie des Lumières et
dans la Révélation.
Nous
l’avons démontré clairement en nous
inspirant de la critique que, déjà en
1793, le Père de Clorivière faisait d’une manière générale de la
« Déclaration des droits de l’homme »de 1789. (Voir « regard sur
le monde » n° 42)
Nous l’avons montré dans
notre critique du n° 43 d’une manière
plus spécifique en analysant la notion de « liberté ».
La
« liberté révolutionnaire », disions-nous, est radicalement
différente de la liberté invoquée par Saint Paul, par Saint Thomas, par
l’Eglise. Pour le prouver, nous nous sommes appuyés sur l’étude de Jean-Marie
Vaissière dans son livre :
« Les fondements de la cité ». (Voir
« Regard sur le Monde » n° 43)
Nous
avons également invoqué l’autorité de Mgr Freppel et son étude sur la
« Révolution Française », publiée à l’occasion du centenaire de 1789.
Nous avons cité son très beau chapitre sur la
« Révolution et la liberté ».
2- La philosophie des Lumières est
absolument antichrétienne, antidogmatique.
Nous
avons ainsi voulu montrer que la Révolution française n’a pas tiré ses principes
« Liberté, Egalité et Fraternité » et sa « philosophie » de –« ex »- l’Evangile. Elle ne le
peut, elle qui est essentiellement antichrétienne. Je ne comprends pas comment
Jean-Paul II, philosophe, a pu écrire : « Les lumières européennes… ont
eu des fruits positifs comme les idées de liberté, d’égalité et de fraternité,
qui sont aussi des valeurs enracinées dans l’Evangile ». Comme si la liberté « des enfants de
Dieu » était identique à la liberté « révolutionnaire ».
Rien
ne me paraît plus faux que ce jugement. Pour la bonne et simple raison, encore
une fois, que les « Lumières »
ont un principe fondamental : le
« rationalisme athée » qui est contradictoire à la Révélation. Parler
ainsi c’est entretenir une équivoque. Le monde « catholique » en meurt !
3- Actualité de nos critiques : Mgr
Tauran et la « Déclaration des Droits de l’homme » sans Dieu.
Avant
d’aller plus avant dans notre critique, il faut faire remarquer que cette idée
exprimée par Jean-Paul II, philosophe, a été reprise tout dernièrement par le Cardinal Tauran, ancien « ministre des
affaires étrangères » du Vatican, aujourd’hui « archiviste et bibliothécaire ».
En effet, ce dernier, s’exprimant sur le
« Traité de Constitution de l’Union Européenne » pour en
recommander l’acceptation, déclarait le
19 mai 2005 dans un entretien à l’agence italienne I.MEDIA, reprise, le 24 mai, par APIC :
« Il est à remarquer également que la dignité humaine et d'autres valeurs comme la liberté et
l'égalité, qui trouvent d'ailleurs leur fondement dans le christianisme, y
sont explicitement reconnues comme le socle sur lequel repose l'Union ».
C’est bien la même pensée que
celle exprimée, hier, par Jean-Paul II dans son livre « Mémoire et Identité ». C’est bien la même
équivoque. Gravissime !
4- Jean Madiran, dans Présent du 24 mai 2005
Jean
Madiran, dans Présent du 24 mai 2005, le lui faisait remarquer : « Faudrait-il
donc instruire un cardinal de la sainte Eglise romaine du fait que la dignité
moderne est une « fausse idée de la dignité humaine », comme
l’indiquait saint Pie X dans la lettre sur le Sillon : fausse idée en ce qu’elle
consiste à refuser toute loi extérieure et supérieure à la conscience
individuelle. Faudrait-il donc expliquer au diplomate cardinal Tauran que la
liberté chrétienne, l’égalité chrétienne sont le contraire de la
liberté-égalité inventée par la Révolution française pour détruire
l’Eglise ? Les mots de dignité, de liberté, d’égalité n’ont pas la même
« valeur » ni le même sens pour la pensée chrétienne d’une part et
d’autre part pour le langage courant de l’idéologie de la société civile. Il
n’est pas convenable de jouer indéfiniment sur une telle ambiguïté ». (Présent
du 24 mai 2005)
Je
suis heureux de constater que la critique de Jean Madiran à l’endroit du cardinal Tauran, est celle-là
même que je me permets de présenter au livre de Jean-Paul II, philosophe. Nous sommes bien
d’accord.
Aujourd’hui,
je voudrais prolonger ma critique, précisément
sur cette doctrine des
« Droits de l’Homme ». Elle est sans cesse invoquée par nos
contemporains. Elle est même devenue la
charte des temps modernes à l’extérieur de l’Eglise comme à l’intérieur.
5- Peut-on recevoir cette
doctrine « des droits de l’homme » purement et simplement et sans
critique comme ayant ses fondements dans la pensée évangélique et dans le
christianisme ? Comme si les notions étaient identiques ?
La question est de la plus
haute importance.
La
critique fondamentale que nous adressons à la « Déclaration des Droits de
l’homme » est celle-là. « La Déclaration française des « Droits
de l’homme » fonde les droits de l’homme sur la volonté humaine, elle ne
reconnaît la souveraineté d’aucun Dieu…Dieu n’est plus qu’une opinion facultative »
(p. 25-26) Voilà ce qu’écrit Jean
Madiran dans son livre « Les droits
de l’homme » publié aux éditions de « Présent » en 1988.
Voilà notre critique. Critique
essentielle.
Les
droits de l’homme ont-ils leur principe dans la nature humaine créée par Dieu ou seulement en l’homme et dans sa
seule volonté libre ? Telle la
question fondamentale.
Jean
Madiran l’écrit très nettement : « La
contestation sur le fondement des « droits de l’homme » est
une contestation capitale. Elle est trop facilement endormie ». (p.43)
6- La Liberté absolue. L’anti-dogmatisme. Le
venin.
Ainsi
pour la doctrine révolutionnaire, la
volonté humaine, libre de toute contrainte, de toute norme, sinon celles
qu’elle a librement choisies, est au principe de tout. Elle est maîtresse de
tout, elle est la règle ultime de toutes choses. Elle a seule des droits. Il
n’existe d’autorité que celle qui naît de la seule volonté ou du « suffrage
universel », expression de mon bon vouloir. Loin de fonder les droits de
l’homme sur la volonté divine, la philosophie des « Droits de
l’homme » les fonde sur « l’arbitraire humain », sur la seule « liberté
humaine ». La liberté est alors « le principe suprême et même unique
de la vie individuelle et collective » (p. 92). Cette philosophie
« commet l’erreur de ne pas reconnaître leur juste place à d’autres
principes, entre autres le principe national qui est mis en avant par le
nationalisme et qui place le bien commun national au-dessus des intérêts
particuliers »(p.93). Il faut ajouter ici le principe de l’autorité
divine.
Il faut y insister.
Le
principe de la philosophie des Lumières et de leur « Déclaration » se
trouve dans la liberté de pensée: tout dérive de cette liberté essentielle et
fondamentale. Voilà le principe de la civilisation moderne. Voilà pourquoi elle
est dite « libérale ». On parle en ce sens de
« Libéralisme », de « civilisation libérale » qu’il est
faux d’opposer à une civilisation ou pensée « sociale ». (NB :
il est faux d’opposer comme on l’entend aujourd’hui, sur les ondes à l’occasion
du referendum, le libéralisme et le socialisme, le « libéral » et le
« social ». Le Libéralisme et le socialisme ont la même
philosophie : celle des Lumières).
L’homme
trouvera son bonheur et sa perfection en se « libérant » de tout ce
qui prétend s’imposer à sa pensée et à sa conscience et en devenant le maître
absolu de sa pensée, de sa conscience, de sa religion. Le dogmatisme est
regardé comme l’obstacle majeur au bonheur et à la perfection. Il trouvera
cette perfection dès qu’il sera libre. Le premier principe de la doctrine des
« Droits de l’homme » est la liberté de pensée : l’homme est maître
d’affirmer ou de nier à sa guise, d’adhérer à toute doctrine qui lui convient
sans que s’impose à ses jugements aucune vérité qui ne serait pas l’œuvre et la
création de son esprit. C’est donc qu’il n’existe pas de vérité antérieure à
l’esprit humain qui domine celui-ci. C’est la raison humaine qui, maîtresse souveraine
de ses jugements, est la source de toute vérité. Il est facile de comprendre
qu’il s’agit d’une véritable divinisation de la raison humaine. Si la raison
humaine n’est plus faite pour
reconnaître ce qui est et adhérer à une vérité qui s’impose à elle et dont elle
n’a pas le choix, si la raison humaine crée à sa guise le vrai et le faux, si
elle possède ainsi cette indépendance souveraine du Créateur dont tout dépend
et qui ne dépend de rien, elle est pourvue d’attributs véritablement divins.
L’homme peut s’adorer lui-même dans le Temple de sa raison divinisée.
S’il
en est ainsi, il n’y a plus d’obligation
morale. Il n’y a plus de loi morale qui vienne de plus haut que l’homme
et le domine. Mais la conscience humaine devient ainsi la seule source de toute loi et de toute
morale. Elle devient législatrice et juge souveraine indépendante de toute
autorité supérieure à elle-même. . L’homme est ainsi son propre maître et s’il
embrasse une religion, c’est en considérant Dieu comme un idéal qu’il peut se donner librement ou
rejeter selon qu’il lui plaît. L’homme est libre d’être à sa guise croyant ou athée, d’avoir telle
religion ou de n’en point avoir. Dieu n’est plus la Réalité suprême dont tout
dépend. Mais un idéal librement choisi par ceux que leur conscience y porte.
Dieu devient ainsi la propre création de l’esprit humain, esprit humain qui,
lui seul, a les attributs créateurs et
est le véritable Dieu. Cette liberté absolue engendre donc une véritable
religion nouvelle : la religion et l’adoration de la Raison humaine. La
raison, dans ce système, se substitue à Dieu, le supplante et le domine. La raison est le seul absolu accepté et
exclusif de tout autre. Le principe et
le centre de tout.
Comme
est vrai ce jugement de Jean Madiran, écrivant dans son livre « Les droits
de l’homme » : « La déclaration maçonnique de 1789 était donc
directement dirigée contre la religion catholique. Michelet eut tout à fait
raison de la désigner comme le « credo du nouvel age » :
c’est-à-dire destiné à prendre la place du Je crois en Dieu. La liberté de 1789
est celle du « ni Dieu ni maître ». La seule morale, la seule
religion éventuellement admissible désormais est celle dont chaque conscience,
dans sa créativité souveraine, se forge une idée subjective, valable seulement
pour elle-même. On nomme aussi cela l’anti-dogmatisme ». (p. 102-103)
Comme
on est étonné alors du jugement de Jean-Paul II écrivant : « Toutefois, la reconnaissance effective des droits de l’homme
commença à partir de là à être mise en œuvre avec une plus grande
détermination, dépassant les traditions féodales ». Pour le pape,
cette « déclaration des droits » serait un progrès ayant fait sortir
l’humanité de l’âge féodal et de tout
« obscurantisme ».
7- Plus d’autorité morale et religieuse :
« Ni Dieu ni Maître ».
C’est
ainsi que « sont corrodées, nous dit
Madiran, les autorités morales et religieuses : l’autorité du Créateur
sur ses créatures,
d’une loi morale universelle et irréformable, d’une Eglise divinement instituée.
Ce n’est pas forcément l’athéisme : l’idée de Dieu est encore reconnue
comme éventuellement possible, au titre d’opinion facultative qui a droit au
respect, à la condition toutefois que cette idée ait été révisée de manière à
devenir acceptable selon les critères, les exigences et la dignité de la
conscience personnelle. La loi morale
peut survivre pareillement, si elle ne prétend pas davantage à l’objectivité et
à l’universalité, si elle renonce à son caractère d’obligation reçue, et si
elle n’est plus que l’expression d’une conscience ne légiférant que pour
elle-même. Plus rien ne s’impose à l’homme, plus rien ne lui est imposé d’en
haut ; ce qui lui est imposé désormais, et cette fois sans conditions ni
rémission, ce sont les décrets qui se présentent comme l’émanation du suffrage
universel : contre eux, aucun recours » (p. 62)
8- Les « droits de l’homme » et
les « droits de Dieu ».
Jean Madiran reconnaît bien que « Jean-Paul II
a bien enseigné que les modernes droits de l’homme sans Dieu sont
« illusoires, inefficaces et peu durables », mais c’est aux évêques
brésiliens qu’il l’a enseigné, et il ne
milite pas habituellement pour cette vérité, et le monde moderne meurt
de ne pas l’entendre chaque jour ; chaque fois que l’on parle des droits
de l’homme » (p. 82)
Ici aussi, dans « Mémoire et identité »,
dans la phrase soulignée, le pape
Jean-Paul II parle bien du fondement des droits : « Il faut cependant relever, écrit-il, que ces droits étaient déjà reconnus comme
fondés dans la nature de l’homme créé par Dieu à son image et proclamés comme
tels dans la Sainte Ecriture dès les premières pages du livre de la Genèse. Le
Christ lui-même y fait référence à plusieurs reprises, lui qui dans l’Evangile affirme, entre autres, que
« le sabbat a été fait pour l’homme,
et non pas l’homme pour le sabbat (Mc 2 27). Par ces paroles il explique avec
autorité la dignité supérieure de l’homme, indiquant, en définitive, le
fondement divin de ses droits ». (p 131-13)
Mais,
comme le fait remarquer Jean Madiran, et en raison même du venin de la
« Déclaration des droits de l’homme » qui est la liberté absolue et
son corollaire le suffrage universel, ce droit divin, ici rappelé par le pape, « n’est pas seulement extérieur ou
étranger aux Déclarations des droits de 1789 et de 1948. Il leur est contraire
sur plusieurs points, et sur l’essentiel, il est contraire à leur venin, il
fonde une autre légitimé. » (p.83)
L’une
est fondée sur Dieu, Maître de toutes choses. Et c’est la cité catholique. L’autre
est fondée sur la seule volonté ou liberté humaine, maîtresse de tout. Et c’est
la cité moderne.
9- Mais cette critique n’est même pas
suffisante…tant qu’avec les droits de l’homme on ne parle pas aussi des
devoirs.
C’est
ce qu’affirme encore Jean Madiran : « Néanmoins le discours sur les
droits, même révisés et fondés sur Dieu, risquera toujours d’inciter sans
mesure la revendication. Parler des droits de l’homme n’est pas la meilleure
manière d’enseigner à l’homme sa vocation et son destin…On veut un langage
évangélique, j’entends bien : Mais ce n’est pas des droits que parle « l’Evangile » (p. 83-84)
Il serait bon de parler davantage
« des droits à respecter ». « Mais en bon français cela
s’appelle des « devoirs ». Une déclaration des droits à respecter,
c’est une déclaration des devoirs. Elle existe d’ailleurs ; depuis longtemps ;
c’est le Décalogue, authentique fondement des droits et devoirs de l’homme en
société ».
Mais de ce Décalogue, le
monde moderne n’en veut pas, parce qu’il refuse tout « dogmatisme ».
Il refuse tout ce qui n’émane pas de sa propre conscience libre de croire ou de
ne pas croire.
10- Refus de toute autorité, de toute
légitimité. Mais surtout refus de l’Eglise et de son dogmatisme. Profession
d’anarchisme : telle est la
« Déclaration des droits de l’homme »
Avec la liberté affirmée comme une idéologie, sont
exclues radicalement toutes les légitimités qui prétendent se fonder sur autre
chose que le suffrage universel ou la volonté générale. La déclaration des
droits de l’homme, comme l’écrit encore Jean Madiran « c’est la
confiscation de toute légitimité par le suffrage universel » (p.67)
La preuve
C’est
ainsi que si « cette déclaration de 1789 était tournée contre
« L’Ancien Régime » en général » (p. 100). Elle l’est bien davantage encore contre l’Ancien Régime
religieux que contre l’Ancien Régime politique : davantage contre l’Eglise
que contre la Monarchie. » (p. 100)
Cette
opposition à l’Eglise et surtout à son dogme est si claire dans l’esprit
révolutionnaire qu’ « elle avait été mise en chantier par l’Assemblée
constituante dès le 20 août 1789, c’est-à-dire avant même que soit achevée la
déclaration des droits de l’homme. C’était la première urgence. Ainsi, à elle
seule, la chronologie montre déjà que le « libéralisme » de 1789,
auquel se réfèrent nos libéraux, est essentiellement anti-catholique. » (p.
101)
Et
Jean Madiran de conclure : « La déclaration des droits de 1789
comportait sans doute la condamnation d’un certain nombre d’abus effectivement
condamnables et unanimement réprouvés. Mais elle comporte aussi la formulation
doctrinale du dessein anti-catholique de la franc-maçonnerie, par une nouvelle
définition de ce que doit être la liberté et de ce qu’il faut rejeter comme
arbitraire : désormais toute autorité qui n’émane pas expressément de la
volonté générale exprimée par le suffrage universel doit être considéré comme
une autorité arbitraire, portant une intolérable atteinte à la liberté. C’est
ce que d’ailleurs confirmera la déclaration universelle de l’ONU en 1948.
En
proclamant que les seules autorités légitimes sont celles qui émanent
expressément de la volonté générale, les rédacteurs de la déclaration de 1789
ne se sont peut-être pas rendu compte qu’ils abolissaient ainsi l’autorité de
l’homme sur la femme dans le mariage, celles des parents sur les enfants, celle
du maître sur les élèves et ainsi de suite : ça viendra, cette logique
démoniaque suivra son cours anarchique au XIXe et surtout au XXe siècle. Mais
la Franc-maçonnerie, inspiratrice et promotrice de la déclaration, savait bien
qu’elle mettrait ainsi hors-la-loi, comme contraires aux droits de l’homme,
toute idée d’une loi divine supérieure à la conscience humaine et toute
autorité spirituelle de l’Eglise catholique. En conséquence, dès 1790 il était
décrété que les évêques seraient désormais élus par le collège départemental
des électeurs ordinaires, y compris les électeurs non catholiques ou
incroyants ».
11- Conclusion
Jean
Madiran a raison de conclure « Sans une réflexion critique sur la déclaration
de « Droits de l’homme » sans Dieu, ceux de 1789 et ceux de 1948, et
sans une sévère rectification de leur énoncé, on n’arrivera ni à interrompre ni
encore moins à inverser la décadence, la décomposition, le pourrissement du
monde moderne. Vaste programme, bien sûr » (p. 142)