Un regard sur le monde politique et religieux au 4 juin 2004
1 - Monsieur l’abbé de
Tanoüarn et Monsieur Noël Mamère,
Tout le monde sait,
aujourd’hui, peu d’événements ont été autant médiatisés, que Monsieur Noël
Mamers, le maire de Bègles, doit marier, le 5 juin 2004, deux homosexuels, en sa mairie.
Dans son
« Pacte » du 29 avril 2004, Monsieur l’abbé de Tanoüarn fait remarquer que cet acte est dans la
logique de la « philosophie » républicaine, dominée par la pensée de
Jean-Jacques Rousseau. Dans cette
philosophie « rousseauiste », il n’y a plus ni Dieu ni Loi. Il n’ y a
plus ni Maître ni Dogme. Mais seul le
« moi » est pris en compte. C’est le plus pur subjectivisme,
subjectivisme qui est la règle et le
formel des temps modernes. Le
« moi » est tout. Il est la règle ultime de toute pensée et de toute morale. La morale n’exprime plus le
respect de l’ordre créé, de l’ordre
naturel, de l’ordre divin. Elle s’élabore selon un pur subjectivisme, selon les
fantaisies du moment, les pressions de l’heure
Voilà les propos très
justes de Monsieur l’abbé de Tanoürn :
« Le mariage des
homosexuels correspond en effet à une exigence républicaine tout à fait
fondamentale, bien malin qui pourrait le contester. Il relève de ce que tous
les potaches ont appris à connaître sous le nom de contrat social. L’idée de
Jean-Jacques Rousseau, dans l’ouvrage qui porte ce titre, c’est que nous soyons
capables de réviser toutes nos relations, celles que nous impose la nature,
avec nos parents ou nos enfants, celles que nous impose la société, à travers
le mariage hétérosexuel et fécond par exemple…Tous ces « liens » nous
enferment et nous emprisonnent, c’est pourquoi nous portons « la lettre
sociale inscrite abev le fer ». Nous devons sortir de cet esclavage qui
nous tient de naissance et transformer toutes nos dépendances en des relations
volontaires, qui, dans l’idéal, seraient comme autant de contrats. Nous prenons
aujourd’hui le chemin de cette société où plus rien n’est dû à la nature, où l’on veut même plus
prendre en compte la différence des sexes et où la liberté de l’individu est
totale : c’est parce que nous le voulons que nous avons des enfants,
c’est autant que nous le voulons que
nous supportons un époux ou une épouse, c’est avec le partenaire que nous
aurons librement choisi que nous aurons droit de faire notre vie. Jean-Jacques
Rousseau lui-même avait donné l’exemple de cette parfaite liberté en envoyant
les uns après les autres tous ses enfants à l’assistance publique. Il était, ce
faisant, pleinement en accord avec ses principes ».(Pacte du 29 avril 2004)
La loi est au delà de
la morale objective. Et sous ce rapport, on peut dire qu’est moral ce qui est légal. Et non « e
converso ». Changeons la loi.
Modifions, demain, la définition
du mariage… N’en faisons plus une union stable entre un homme et une femme,
sera moral ce qui sera légal. Et Monsieur le Maire de Bègles pourra alors, mais
alors seulement, recevoir, légitimement, le consentement des deux homosexuels
voulant convoler « en juste noce ». Pour l’heure, la justice lui
tombe sur le dos. Et le procureur de la République, Bertrand de Loze, lui
indique qu’il a « pris l’initiative de former opposition à la célébration
de mariage entre X et X, tous deux de
sexe masculin : « En votre qualité d’officier d’état civil, il vous
est donc fait interdiction de célébrer le mariage annoncé ainsi qu’il est prévu
à l’article 68 du Code civil et, en cas de contestation, seul le tribunal de
grande instance a qualité pour statuer sur une demande de main levée, selon
l’article 177 du Code civil. Il importe, qu’en tant que personne dépositaire de
l’autorité publique, vous vous absteniez de toutes initiatives destinées à
faire échec à l’exécution de la loi. »
On verra… demain ce qu’il est sera… D’autant que le Franc-Maçonnerie semble avoir pris la
chose en main. On sait que c’est souvent elle qui, au témoignage même du
Président de la République, Jacques Chirac, est l’auteur de nombreuses lois
républicaines.
2 – La Franc-maçonnerie
et le mariage des homosexuels
Et de fait le Grand
Orient de France semble avoir pris cette affaire en main
C’est toujours le même
abbé de Tanoürn, dans le même numéro de Pacte du 29 avril 2004, qui le fait
remarquer : « le 22 avril dernier, rue Cadet, dans le Temple du
Grand-Orient de France, a été officiellement célébrée, selon un vieux rituel
revisité, ce que l’on nomme l’adoption d’un conjoint comme membre de la
Fraternité maçonnique. Le Grand Orient étant une obédience purement masculine,
cette fois, pour la première fois, le conjoint adopté, lui aussi, était un
homme. Brandmeyer, le grand maître a tenu à féliciter le nouvel adopté de
manière particulièrement cordiale »
Et l’abbé de
conclure : « Je ne suis pas du genre à voir des francs-maçons
partout, mais, cette fois, j’avoue, la coïncidence est particulièrement
troublante. Dans la franc-maçonnerie française, la reconnaissance conjugale
d’un couple homosexuel est célébrée le 22 avril. Et Noël Mamère, le 9 avril
(moins de quinze jours avant) annonce qu’il est prêt à marier à Bègles en
Gironde, dans sa mairie, un couple de résidants qui en ferait la demande.
Touchante coïncidence, qui montre bien que les frangins ont décidée de faire
bouger les mentalités en particulier dans ce domaine sensible »(Pacte du
29 avril 2004)
Je rappelais plus haut
l’importance des francs-maçons dans l’adoption de nombreuses lois
républicaines. Souvenez-vous, en effet, des paroles de Jacques Chirac alors
qu’il recevait à l’Elysée, les Franc-Maçons
pour le 250 anniversaire de leur fondation en France. Voici quelques
affirmations qui me paraissent capitales :
« Je
suis heureux de recevoir aujourd’hui les représentants d’une tradition
philosophique qui a pris une part si importante, en France et dans le monde, à
l’élaboration et à la diffusion des idées républicaines… j’ai souhaité rendre hommage au rôle civique
de vos sociétés de pensée. Un rôle actif
de défense et de réaffirmation des principes républicains, un rôle de
vigilance, un rôle de réflexion. » Relisez ce texte majeur que vous
trouverez dans les archives de 2003 sous le titre « le combat est
religieux ». (Cliquez là)
L’idée de
mariage homosexuel est dans l’aire, certainement, savamment orchestrée.
Elle est déjà acceptée en Hollande, en
Belgique.
Au Québec,
tout récemment. On peut lire dans « Reconquête de mai 2004 en page 11
« La cour d’appel du Québec, la plus haute instance judiciaire de la
Province, confirme que la définition traditionnelle du mariage (entre un homme
et une femme) est « discriminatoire », et viole la Charte canadienne
des droits et libertés. En conséquence, « les conjoints du même sexe
pourront dorénavant se marier au Québec », annonce triomphalement le
ministre de la Justice ». Nous étions le 19 mars 2004.
Et même
quatre jours après avoir remporté les législatives, le socialiste espagnol
Zapatero annonce qu’il va déposer un projet de loi « pour mettre à égalité
l’union entre homosexuel et le mariage, car, c’est un « droit » dans
une société « moderne et tolérante » (in Reconquête, mai 2004 p 11)
3 – le
livre du cardinal Ferdinando Antonelli
Ca y est ! le
livre du cardinal Ferdinando Antonelli vient de paraître dans une traduction
française. J’en ai appris la nouvelle dans l’Homme Nouveau du 16 mai 2004. Il
semble que ce soit le CIEL qui le publie. Bravo !
C’est un livre
important.
Voici comment Philippe
Maxence le présente dans l’HN du 16 mai 2004 :
« C’est dans ce
contexte ( NB : celui de la publication de « Redemptionis
Sacramentum », l’instruction liturgique pour corriger les abus issus
de la reforme liturgique) que paraît un livre important sur l’histoire de la
Constitution conciliaire sur la liturgie et sur la commission qui a opéré la
réforme liturgique. Il apporte, à travers la publication de documents
étonnants, qui sont parfois de véritables bombes, le témoignage du
cardinal Antonelli qui a été un des artisans majeurs de Sacrosanctum
Concilium. Ardent partisan d’une réforme liturgique, défenseur de
l’introduction des langues vernaculaires dans la liturgie, le cardinal
Antonelli a participé à la commission chargée de mettre en place la réforme de
la messe. Son témoignage, pris au jour le jour des travaux de la commission,
révèle, en fait, la précipitation et une mentalité théologique déviante. Du
coup, partisan de la réforme, le cardinal Antonelli montre son inquiétude et
dresse, sans le savoir, le tableau des origines des abus auxquels le
Saint-Siège veut répondre aujourd’hui ? Ce livre paraît donc à son heure.
Il est le complément historique de « Redemptionis sacramentum »
Voici quelques extraits
du témoignage du cardinal Antonelli sur le travail du Concilium et de son
secrétaire, Mgr Bunigni, franc-maçon
notoire. (Car, oui, c’est un franc-maçon qui est à l’origine de la réforme
liturgique dans l’Eglise. Etonnez-vous du drame de l’Eglise !)
« En date du
19 avril 1967 : il est certain ensuite, que Paul VI suivait
attentivement les travaux de ce Concilium. Je me rappelle, à ce propos, que
dans une réunion du dit Concilium, plus précisément celle du 19 avril, Paul VI
est intervenu personnellement. Et ce qui m’a frappé, c’est que parlant de la
voie que prenait la mise en œuvre de la réforme liturgique, Paul VI s’est
déclaré peiné parce qu’on faisait des expériences capricieuses dans la liturgie
et plus encore, désolé par certaines tendances vers une désacralisation de la
liturgie. Pourtant, il a réassuré le Concilium de sa confiance. Et le Pape ne
voit pas que tous les ennuis viennent de l’orientation que le Concilium a donné
à cette réforme »
« En date du 23
avril 1967 :
1 – On ne peut nier que
les travaux accomplis sont colossaux.
2 – Il n’a pas pourtant
d’organisation qui appelle à la réflexion. On avance, on avance, l’essentiel
c’est de sortir quelque chose. Les schémas se multiplient sans qu’on arrive
jamais à une forme véritablement pensée.
3 – Le système des
discussions est exécrable : a) les pères sont environ 50 et, même s’ils ne
viennent pas toujours tous, ils sont toujours plus de trente. Ils sont peu
nombreux à avoir une quelconque compétence spécifique. Il est, en soi,
difficile de faire fonctionner une discussion avec un si grand nombre de
membres ; b) les schémas arrivent souvent juste avant la
discussion.(….) ; c) le cardinal Lercaro n’est pas l’homme qu’il faut pour
diriger une discussion. Le P Bunigni n’a qu’un souci : avancer et finir.
4 – Le système de vote
est pire. D’habitude, on procède par vote à mains levées, mais personne ne
compte qui lève ou ne lève pas la main, et personne ne dit que tant de
participants approuvent et que tant n’approuvent pas. Une vraie
honte » !
« En date du Ier
novembre 1967
1 - Confusion. Personne
n’a plus le sens du sacré et obligatoire de la loi liturgique . Les
changements continuels, imprécis et parfois les moins logiques et le système
condamnable, selon moi, des expériences, ont renversé les digues et tout le
monde s’érigent plus ou moins en arbitre ;
2 – La fatigue se fait
sentir. On est fatigué des réformes continuelles et tout le monde désirent
arriver à quelque chose de stable »
« Avant-hier, 23
juillet 1968, en parlant avec Mgr
Giovanni Benelli, Substitut à la Secrétairerie d’Etat, j’ai manifesté mes
inquiétudes au sujet de la réforme liturgique qui devient toujours plus
chaotique et aberrante. Je notais en particulier :
1- la loi liturgique
qui était quelque chose de sacré jusqu’au Concile, pour beaucoup de gens
n’existe plus. Chacun s’estime autorisé à faire ce qu’il veut et beaucoup de
jeunes gens agissent ainsi (…)Le Pape a accordé au Concilium la faculté de
permettre des expériences. Faculté dont le Concilium use très largement. Une
expérience réalisée dans un seul ou dans un petit nombre de lieux fermés (un
monastère, une paroisse fonctionnelle) et pour un temps limité, c’est
acceptable et c’est utile ; mais cette expérience concédée largement, sans
imites étroites de temps, c’est la voie ouverte à l’anarchie ;
2 – Dans le Concilium,
il y a peu d’évêques qui aient une préparation liturgique spécifique, très peu
qui soient de véritable théologiens. Ce dont souffre le plus vivement tout le Concilium, c’est du
manque de théologiens. On dirait qu’ils ont tous été exclus Et c’est là un
aspect dangereux (…) Ce qui est triste pourtant (…) c’est une donné de fond,
une attitude mentale, une position pré-établie, à savoir que beaucoup de
ceux qui ont influé sur la reforme (…) et d’autres n’ont aucun amour, aucune
vénération pour ce qui a été transmis. Ils n’ont, au départ, aucune estime pour
tout ce qui existe actuellement. Un esprit négatif, injuste et nuisible.
Hélas, le Pape Paul VI lui-même est un peu de ce côté. Ils ont peut-être les
meilleures intentions mais avec cet esprit, ils sont poussés à démolir plus
qu’à restaurer ».
Quelles bombes !
4 – l’instruction liturgique
« Redemptionis Sacramentum » et « l’Homme Nouveau »
Philippe Maxence, à la
« Une » de l’Homme Nouveau du
16 mai 2004, présente l’instruction
romaine sur la liturgie « Redemptionis Sacramentum ». Il
insiste d’abord sur l’aspect
« traditionnel » de ce document en parfaite osmose avec
l ‘Encyclique qui l’annonçait de
Jean-Paul II « Ecclesia de Eucharistia ». Il écrit :
« Si cette instruction ne comporte matériellement rien de nouveau, elle
est traversée entièrement par la volonté de réapprendre le respect dû au Christ
dans le mystère de la transsubstantiation et de retrouver le sens filial de
l’Eglise. Liturgique, disciplinaire et juridique par plus d’un aspect,
Redemptionis sacramentum est d’abord un texte qui reflète la
doctrine catholique et une théologie classique de l’Eglise. En cela, elle
s’insère dans le sillon creusé par la dernière encyclique de Jean-Paul II,
« Ecclesia de Eucharistia », qui annonçait justement sa
parution. « Redemptionis Sacramentum » comme « Ecclesia
de Eucharistia » marque le retour, la réaffirmation, la mise en avant
de la doctrine du Concile de Trente sur la sainte Eucharistie ».
Ce n’est pas faux.
C’est même très vrai. Mais Philippe Maxence devrait aussi dire que ces
documents, même s’ils veulent explicitement corriger les « ombres »
qui touchent le sacrement de l’
eucharistie et son mystère - ils le
disent expressément - font référence,
d’une façon claire et exclusive, à l’ « Institutio
Generalis Missalis romani »du 3 avril 1969 qui présida à la
réforme liturgique et à la « fabrication » du « Novus Ordo Missae ».
Or le Cardinal Ottaviani n’a-t-il pas dit qu’il s’éloignait gravement de la
doctrine catholique définie pour toujours, par le Concile de Trente sur
l’Eucharistie. On ne restaurera pas la
liturgie nouvelle dans le sens souhaité de la doctrine tri dentine sans
corriger préalablement ce texte doctrinal. qui est « au cœur de la
reforme liturgique actuelle» et donc sans corriger le « Novus Ordo
Missae » lui-même. Le problème
de la réforme liturgique est d’abord théologique, avant d’être moral et
disciplinaire. N’oublions jamais l’axiome « lex orandi, lex credendi ».
5 – Les réflexions de
Monsieur l’abbé Barthe sur « Redemptionis Sacramentum
On appréciera les
bonnes remarques de Monsieur l’abbé Barthe
sur cette Instruction. Elles vont
absolument dans le même sens que notre remarque précédente.
«Ce texte est
assurément, dans l’ordre des documents de remise en ordre publiés depuis une
dizaine d’année, le plus précis et le mieux argumenté. Même s’il a dû mettre de
l’eau dans son vin, on ne peut que se réjouir des excellentes intentions du
préfet de la Congrégation pour le Culte divin, partagées par de nombreux
responsables de la Curie actuelle. L’effet le plus favorable de l’Instruction
sera de légitimer les efforts de « resacralisation » que tentent sur
le terrain un certain nombre de prêtres des nouvelles générations. Mais ce
n’est qu’un texte, qui s’ajoute à des montagnes de textes. On voudrait croire
que Redemptionis Sacramentum sera suivi de mesures concrètes. Le
cardinal Arinze, qui a l’avantage de ne pas parler en langue de bois, ira-t-il
jusqu’à prendre des mesures exemplaires –au moins des semonces – contre les
responsables des abus qu’il énumère, fussent-ils évêques, cardinaux ou
même…cérémoniaires pontificaux ? Par ailleurs, aussi louable que soit
ce document, il ressemble malgré tout à l’un de ces remèdes qui tentent
désespérément de réduire les symptômes au lieu de s’attaquer à la cause du mal.
Le premier abus liturgique, la source de tous les autres, n’est-il pas dans
le fait que la réforme fabriquée par Annibale Bunigni et ses experts était en
réalité une véritable révolution….Il faut donc souhaiter que le cardinal
Arinze poursuive courageusement la démarche qu’il a engagée. Ils sont de plus
en plus nombreux ceux qui, sans être traditionalistes, pensent que la libre
célébration de la messe de saint Pie V serait un puissant facteur d’émulation
pour un « retour au sacré ». Qu’est-ce qui empêche le Cardinal
Arinze de déclarer que la messe de saint Pie V n’a jamais été interdite et
qu’elle peut par conséquent être célébrée en tous lieux et par tous les prêtres
qui le désirent ? ( HN du 16 mai 2004 p10)
6 – L’instruction
Redemptionis Sacramentum et le droit liturgique des fidèles
Philippe Maxence
insiste, toujours dans l’Homme Nouveau du 16 mai sur la reconnaissance, par
l’instruction, des droits de fidèles en
matière liturgique. C’est même le titre qu’il donne à son article :
« La déclaration des droits liturgiques des laïcs ». Il affirme
même que c’est « l’aspect novateur » du document. Il
écrit : « cette instruction représente une véritable Charta magna
des laïcs en matière liturgique… Redemptionis Sacramentum représente de
ce fait un véritable texte de libération pour les laïcs. Avec force,
l’instruction souligne en son numéro 12, avant même l’évocation du droit des
évêques, trois droits des laïcs. 1 –« Le droit de bénéficier d’une
véritable liturgie ».
2 –« le droit
d’obtenir que le Sacrifice de la sainte Messe soit célébré sans subir
d’altération d’aucune sorte », 3 – « le droit d’obtenir que la très
sainte Eucharistie soit célébrée de telle manière que celle-ci apparaisse
vraiment comme le sacrifice de l’unité ». A ces trois droits fondamentaux,
le numéro 24 en ajoute un autre, « le droit d’obtenir que
l’ « évêque diocésain veille à ce que des abus ne se glissent pas
dans la discipline ecclésiastique », complété par le numéro 184 sur le
droit de recourir au Siège apostolique pour dénoncer les abus ».
C’est juste. Il ne
faudrait toutefois pas que le laïc en profite pour en remontrer à son curé…
7 – L’interview du
cardinal castrillon Hoyos à « Latin Mass » au USA.
J’ai adressé, cette
semaine, aux membres de la Paroisse Saint Michel, le
texte de l’interview du cardinal Castrillon Hoyos, préfet de la
Congrégation du Clergé, en date du 5 mai 2004, donné à un journal américain
« The Latin Mass ».
Cette interview fera
date dans l’Eglise. Il faut le lire. Vous le trouvez aussi sur le site ITEM (http://item.snoozland.com).
Il aborde bien des sujets… entre autre celui de
la Sainte Messe célébrée dans « ses formes liturgiques et disciplinaires
précédentes de la Tradition latine ». Il veut parler de la messe dite de
Saint Pie V. Il en rappelle, d’une manière particulièrement soutenue,
« son droit de cité dans l’Eglise ».
Il interpelle, sur ce
sujet, les évêques, ceux de France aussi. Il constate leurs
« hésitations » à accorder « les permissions nécessaires »,
comme le leur demande le Saint
Père : « il faudra respecter en tous lieux le désir de tous ceux qui
se sentent liés à la tradition liturgique latine, par une application large et
généreuse des directives déjà publiées depuis longtemps par le Siège
Apostolique, concernant l’usage du Missel Romain selon l’édition typique de
1962 ».
Que de
difficultés ! Il est vrai.
Il semble vouloir leur
dire « qu’avez-vous fait, dans vos diocèses, de la messe « traditionnelle ». « Elle a
droit de cité ». Un peu comme le pape Jean Paul II haranguant le peuple
de France, au
Bourget :« qu’as-tu fait de la foi de ton baptême » ?
Comment les évêques
vont-ils réagir ?
Déjà, en 1998, le
cardinal Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi, leur conseillait de ne pas craindre d’ouvrir
de nouveau leur diocèse à ce rite :
la « présence de l’ancienne liturgie ne dérange ni ne brise l’unité
de (vos) diocèses mais elle est plutôt
un don destiné à construire le Corps du Christ, dont nous sommes tous les
serviteurs »(La Nef n°89, p. 21).
Cet appel fut peu
entendu, semble-t-il.
Quand sera-t-il de cet
nouvel appel ?
Le temps le dira
bientôt.
++++++
Quoi qu’il en soit, je
me permets de vous communiquer quelques réflexions sur cet interview
ne voulant considérer, pour l’instant, que le problème de la messe. Cet
interview fera l’objet, n’en doutons pas, de biens d’autres considérations…
« Le 27 mai 2004,
date à laquelle il me fut envoyé de Rome, a été diffusé sur le site ITEM
l’interview du cardinal Castrillon Hoyos destiné à un journal de l’Amérique du
Nord : The Latin Mass. Il est
daté, de fait, du 5 mai 2004, en la fête de saint Pie V.
Cet interview est
important. Il fera, certainement, date dans l’Eglise.
Dans
tout ce qui va suivre, je vais me mettre pour ainsi dire dans la pensée du
cardinal Castrillon Hoyos et l’interpréter en meilleure part possible.
Il marque une prise de
position nette et très favorable de la hiérarchie de l’Eglise en faveur des
« communautés de traditionalistes ». Le cardinal les présente comme
des communautés « liées aux formes liturgiques et disciplinaires
précédentes de la Tradition latine » ou plus simplement dit « liées à la
Tradition ».
Il en fait un
panégyrique tout à fait remarquable et qui sera, n’en doutons pas, remarqué. Le
cardinal s’exprime vraiment d’une manière très paternelle, sympathique, sentie.
Il refuse qu’on voit en ces fidèles des « nostalgiques
attachés d’une manière obstinés au passé « Cela ne correspond pas à la
réalité, dit-il, qui se vit à l’intérieur de ce vaste groupe de fidèles ».
Il remarque qu’ils ne sont pas peu nombreux, comme certains évêques voudraient
le faire croire à Rome. On voit que le cardinal les a fréquentés. De fait il
les a fréquentés. Il s’est trouvé au milieu d’eux. Je fus à ses côtés à Campos,
le 18 janvier 2002 et de nouveau en Août 2002 pour le sacre épiscopal de Mgr
Rifan, au Brésil. On sent qu’il parle d’expérience. Il est sensible à leur
foi », à leur « dévotion », à leur « attachement » au
passé « pour conserver les plus forts points d’ancrage du
christianisme », sensible également à « un désir profond de
spiritualité et de sacralité ». Il conclut, sur ce sujet, par ces mots
particulièrement agréables à entendre et vrais : «L'amour pour le Seigneur
et pour l'Eglise trouve ainsi, à l'intérieur de la vision chrétienne
caractéristique de ces fidèles, son expression la plus haute dans l'adhésion
aux anciennes formes liturgiques et dévotionnelles qui ont accompagné l'Eglise
tout au long de son histoire ».
Il constate aussi l’importance de la jeunesse dans ces groupes.
A leur égard il a des paroles particulièrement sympathiques. Voyez : « Il
est intéressant ensuite de remarquer comment on trouve au sein de cette réalité
de nombreux jeunes, nés après le Concile Oecuménique Vatican II. Ils
manifestent, je dirais, comme une "sympathie du cœur" pour une forme
de célébration, et aussi de catéchèse, qui selon leur "perception"
laisse une large place au climat de sacralité et de spiritualité qui justement
conquiert aussi les jeunes d'aujourd'hui : on ne peut certainement pas les
définir comme des "nostalgiques" ou un vestige du passé ».
N’est-ce pas la première fois qu’un prélat donne pareil
témoignage, en faveur de ces fidèles de la Tradition, et cela, publiquement ?
Souvenez-vous des propos plutôt désobligeants tenus par l’évêque de Metz, sur
ce clergé traditionnel. Il n’en voudrait pas pour un empire !. In illo tempore!
M’est avis que le cardinal Gagnon qui, lui aussi, nous a
fréquenté pendant des semaines lors de sa visite canonique en 87, a du donner
même témoignage dans son rapport. Il ne nous est pas connu, me
direz-vous ! Soit ! Il est connu de Rome. Cela suffit. Nous, nous
savons ce que nous sommes. C’est bien comme le décrit le cardinal Castrillon
Hoyos. Il suffisait, ces trois jours de Pentecôte, de suivre cette
« Tradition » en liesse sur les routes de Chartres, dans les deux
sens, pour s’en convaincre.
Je pense que le cardinal Mayer a pareille opinion, lui qui
accueillit aussi les pèlerins de la Pentecôte à Chartres, en 1988.
Telles sont de fait ces fidèles qu’il ne faut pas traiter, dit
le cardinal, comme « des fidèles de seconde zone ». - Je pense que
les évêques de France liront ce passage de l’interview avec profit, tout
particulièrement l’évêque de Nanterre - et qu’enfin, des solutions positives
seront trouvées pour chaque cas, nombreux et divers.
Et c’est pourquoi ces « communautés de fidèles » sont
l’objet d’une réelle «affection du Souverain Pontife ». Ils sont l’objet
de sa « sollicitude pastorale » attentive et renouvelée. Et en ce
sens, le Pape est attentif à leur légitime demande de célébrer le saint
mystère, -l’eucharistie -, dans le rite de Saint Pie V. Et de fait, malgré les
difficultés rencontrées en ce domaine et qui viennent – là le cardinal parle
sans ambages - de « différents évêques qui restent perplexes ou qui sont
plutôt hésitants à accorder les permissions nécessaires » - et qui, ainsi,
de fait, ont ralenti le saint désir du Pape -, le Pape et le Siège apostolique
« ont généreusement répondu aux demandes légitimes » des prêtres et
des fidèles de ces communautés. C’est le cardinal qui parle.
Le cardinal refait, alors, l’histoire de cette attention
particulière du Pape et de ces différentes étapes. D’une simple
« permission » (avec l’indult de 1984), nous sommes passés à une
« autorisation » de plus en plus généreuse, pour en arriver, avec
l’affaire de Campos, a une pleine reconnaissance du « droit »
objectif de cette messe dans l’Eglise. Le cardinal est clair : « On
ne peut oublier que le Rite dit de Saint Pie V est le rite ordinaire accordé,
le 18 janvier 2002, par décision de Sa Sainteté, à l’Administration Apostolique
personnelle Saint Jean Marie Vianney de Campos (Bresil) ». Et notez bien
la conclusion : « Tout ceci fait voir clairement que ce rite, par
concession du Saint Père, a plein droit de cité dans l’Eglise, sans que
cela veuille diminuer la validité du Rite approuvé par Paul VI et actuellement
en vigueur dans l’Eglise latine ».
Car telles furent les demandes des fidèles et des prêtres de ces
communautés traditionalistes. Et ces demandes sont déclarées à plusieurs
reprises dans cet interview comme « des demandes légitimes », Légitimes,
les demandes des prêtres et des fidèles de Campos : « Sa sainteté et
le Siège Apostolique ont généreusement répondu aux demandes légitimes de
ces prêtres et fidèles de Campos ». Légitime encore la volonté de «
vouloir exprimer sa foi et sa piété en participant à ces formes liturgiques et
disciplinaires précédentes de la Tradition latine ». Le Saint Père dit que
cela est « tout à fait légitime ».
Comme on peut le voir,
le cardinal survole l’histoire, sans entrer, il est vrai, dans les détails et
les circonstances historiques. Il ne s’attarde qu’au positif, qu’à la
conclusion, le retour de la messe. Comme tout bon soldat qui ne
veut se souvenir que de la victoire, - la gloire -, oubliant de bon cœur, les
difficultés du chemin. Un peu aussi comme le faisait Jean Madiran, dans
Itinéraires, qui, à propos de l’indult de 84, faisait mille considérations
vraies et quelque peu acerbes pour, enfin, conclure, quoi qu’il en soit
« la messe revient ». C’est ce qui reste dans les esprits. J’aime
cet état d’esprit. C’est positif. C’est ainsi que l’on va de l’avant. Nous
aussi nous ne retiendrons que cela. Car il faut ce retour. Il est nécessaire.
Il est même indispensable. Il fut un des objets de nos réclamations, celles que
Jean Madiran précisait iterum et iterum dans Itinéraires. Cette
réclamation est légitime. Nous le disions. Mais c’est l’Eglise, aujourd’hui,
qui, par la bouche du cardinal, nous le dit. Oh merveille !
Elle nous le dit et
avec quelle insistance ! Voyez : « Plus de quinze ans après ce Motu
proprio -« Ecclesia Dei »- en considérant les nombreuses difficultés
qui sont apparues entre ces fidèles et différents Évêques qui restent perplexes
ou qui sont plutôt hésitants à accorder les permissions nécessaires -,
je pourrais là, il est vrai, sur ce sujet, dire mille choses « ad
confirmandum », mais c’est le cardinal qui le dit, j’en prends acte - une
idée prend toujours plus corps, selon laquelle il est devenu nécessaire
de rendre effective la concession de l'indult à une échelle plus vaste et
davantage correspondante à la réalité; c'est-à-dire que l’on considère que les
temps sont mûrs pour une nouvelle forme de garantie juridique, claire, de ce
droit déjà reconnu par le Saint-Père par l'indult de 1988. Les Cardinaux et
les Évêques, Membres de la Commission Pontificale Ecclesia Dei ont étudié très attentivement cette
situation, en cherchant les meilleures suggestions à soumettre à qui de
droit. »
Garantir juridiquement
et clairement ce droit ! Cela est capital. Il nous faut une résolution
ferme, claire de la part de Rome. L’indult de 88 en est une début de preuve. Le
cardinal le dit ici. On peut en discuter. Soit ! Mais il allait dans le
bon sens …Mais il faut surtout s’en reporter, nous dit le cardinal, à ce qui
fut fait juridiquement, pour l’Administration Saint Jean Marie Vianney.
Nul doute, en effet,
qu’il y a en cette affaire de la messe, et de la réalisation du désir du pape
de redonner la possibilité de dire la messe dans les formes liturgiques et
disciplinaires anciennes, une évolution réelle à Rome. Voilà le teste
incontournable, irréfutable qui lient les parties : « Le fait que le
saint Père ait accordé à cette Administration Apostolique le Rite de Saint Pie
V comme Rite ordinaire montre une fois de plus que Sa Sainteté et le
Siège Apostolique ont généreusement répondu aux demandes légitimes de ces
prêtres et des fidèles de Campos ». Voilà enfin la preuve d’une intention
droite, ferme, clairement dite.
M’est avis que ce
langage aurait retenu l’attention de Mgr Lefebvre, lui qui retira sa signature
du protocole du 5 mai 88 par suspicion et crainte des intentions romaines.
Car il est bon de
mesurer le chemin parcouru par Rome depuis 1976 jusqu’à cet interview.
En 1976, lors du
Consistoire du 24 mai 1976, le Souverain Paul VI, au nom de son autorité
apostolique, demandait que toutes les communautés religieuses, prêtres, fidèles
… usent exclusivement de la messe nouvelle, laissant entendre par la que
le droit de la messe dite de Saint Pie V était, dans l’Eglise, abolie. Ce choix
n’était pas laisser au libre vouloir et décision d’un chacun. Il y avait un
nouveau rite. Il était obligatoire pour tous. Il y eut, ici, sur ce sujet,
d’abrogation ou non du rite dit de Saint Pie V, plus qu’« une
désinformation ». C’est le mot du cardinal. Il y eut une volonté
clairement exprimée. Mais passons. Ne retenons, vous dis-je, que le positif.
Et voilà, quarante ans
plus tard, que sont reconnues parfaitement « légitimes » même
« nécessaires » pour le Bien Commun de l’Eglise, les « formes
liturgiques et disciplinaires précédentes de la Tradition latine ». Ces
« formes liturgiques et disciplinaires » non seulement ne sont plus
interdites. Non seulement elles sont « légitimes » et «
nécessaires », mais elles sont et restent un « droit », malmené
peut-être par la faute de certains, et le cardinal montre du doigt certains
évêques, mais elles restent un droit. Il s’agit bien d’un droit, d’ « un
droit objectif »
Et ce « droit
objectif » est, aujourd’hui, pleinement mis en lumière, en particulier par
la messe du 24 mai 2003, à Sainte Marie Majeure à Rome, célébrée par le
cardinal Castrillon Hoyos. Ce fut une des bienfaits de cette
célébration : « L’événement de Sainte Marie Majeure a contribué,
dit le cardinal, à dissiper ce doute ». Depuis lors, il faut dire que :
« le vénérable Rite de Saint Pie V bénéficie bien dans l’Eglise catholique
de Rite latin, d’un « droit de cité » comme je l’ai dit dans
l’homélie ». C’est toujours le cardinal qui parle !
Ainsi, il est clair, il est net, il doit être
évident pour tous, même pour les évêques « que ce Rite n’est pas éteint,
il n’y a pas de doute en la matière ». Le cardinal dit même ailleurs qu’il
« a plein droit de cité dans l’Eglise ». Comment, du reste, en
pourrait-il être autrement alors que l’on sait que « ce vénérable Rite, dit le
cardinal, a formé pendant des siècles de nombreux saints » et « qu’il
a modelé le visage de l’Eglise qui reconnaît encore aujourd’hui ses
mérites ».
Si donc ce rite est
« légitime », « nécessaire », il est clair aussi, comme le
dit encore le cardinal, qu’ « il faut protéger ce droit » (
de ces traditionalistes).
C’est alors que prend
tout son sens cette phrase capitale du cardinal qu’il faut lire et
relire : « Plus de quinze ans après ce Motu proprio -« Ecclesia
Dei »- en considérant les nombreuses difficultés qui sont apparues
entre ces fidèles et différents Évêques qui restent perplexes ou qui sont
plutôt hésitants à accorder les permissions nécessaires - une idée
prend toujours plus corps, selon laquelle il est devenu nécessaire de
rendre effective la concession de l'indult à une échelle plus vaste et
davantage correspondante à la réalité; c'est-à-dire que l’on considère que les
temps sont mûrs pour une nouvelle forme de garantie juridique, claire, de ce
droit déjà reconnu par le Saint-Père par l'indult de 1988. Les Cardinaux et
les Évêques, Membres de la Commission Pontificale Ecclesia Dei ont étudié
très attentivement cette situation, en cherchant les meilleures suggestions à
soumettre à qui de droit. »
En terminant, j’en profite pour dire au
cardinal : Pourquoi les temps ne seraient-ils pas mûrs pour tout
simplement reconnaître que la messe de saint Pie V n’a jamais été interdite et
qu’elle peut être célébrée par tout prêtre, sans autre procédure ? »
++++++
8 - la messe dite de Saint Pie V :
Concession du Pape, simple coutume
immémoriale et droit des fidèles.
Comme je l’ai dit en
début de commentaire, j’ai voulu faire bonne part à la pensée du cardinal
Castrillon Hoyos.
Mais, sur ce sujet de
la messe, voilà comment je vois les choses.
Le droit de la messe
« traditionnelle » ne me semble pas être d’abord fondé sur une « concession du
pape » Jean-Paul II, celle du Motu Proprio « Ecclesia Dei, - concession qui pourtant me réjouit de
facto, en ce sens que l’on peut dire que, sous ce rapport, « la messe revient » - mais son droit me semble plutôt fondé sur la coutume immémoriale,
ainsi que sur la Bulle « Quo Primum Tempore » jamais abolie par
l’autorité. Voilà le vrai fondement juridique de la messe dite de Saint Pie V.
Et cette coutume immémoriale et cette Bulle « Quo Primum Tempore »,
jamais abolie, fondent alors le droit pour
tout prêtre de célébrer cette messe et pour tout fidèle d’y participer.
Voilà exactement
la requête que je fais à l’autorité.
Qui dira enfin le
droit ? .
Requête
La messe « traditionnelle, latine et
grégorienne » est la messe "
canonisée " par la Bulle " Quo Primum Tempore " de Saint Pie V.
Elle en fut, pour l’Eglise romaine de rite latin, la « règle » pendant
des siècles. Cette messe est
multiséculaire.
Elle est
plus que centenaire.
Elle
remonte, pour le moins, au 13 juillet
1570, date de publication de cette Bulle
par Saint Pie V.
Mais, Saint
Pie V n'a fait, toutefois, que
« réviser » le rite de la messe comme le dit Monseigneur K GAMBER
dans son livre : « La réforme liturgique en question », (aux
Editions Sainte Madeleine 1992 -page 16), livre honoré de la préface et du
cardinal RATZINGER et du cardinal STICKLER :
« La
liturgie romaine est restée à travers les siècles presque inchangée dans sa
forme initiale, faite de simplicité et même d'austérité. Elle représente en
tout cas le rite le plus ancien. Au cours des temps, plusieurs papes y ont
apporté des modifications rédactionnelles, comme le fit dès le début le pape
saint Damase (366-384) et, plus tard surtout saint Grégoire le grand (590-604)
... »
«
La liturgie damaso-grégorienne est restée en vigueur dans l'Eglise catholique
romaine jusqu'à la réforme liturgique actuelle. C'est pourquoi il est
contraire aux faits de dire, comme il arrive souvent aujourd'hui, qu'on a aboli
le " missel de saint Pie V ". Les modifications apportées au missel
romain durant près de 1400 ans n'ont en rien touché au rite proprement dit,
contrairement à ce que nous vivons aujourd'hui dans des proportions
effrayantes; il s'est seulement agi d'enrichissements en fêtes nouvelles, en
formulaires de messe et en certaines prières ... » (p 16).
" Le canon de la
messe, à quelques modifications près effectuées sous saint Grégoire 1er (590-
604), avait atteint dès Gélase 1er (492-496) la forme qu'il a gardée jusqu'ici
".
Le rite de
cette « messe romaine » est donc « immémorial ». Il rentre
dans « ces coutumes centenaires ou immémoriales » au sujet desquels
le canon 28 du nouveau code reprenant le canon 30 du code de Benoît XV dit :
" la coutume. ..est révoquée par le moyen d'une loi
contraire mais
s'il n'est pas fait expressément mention, les lois ( contraires) ne
révoquent pas les coutumes centenaires ou immémoriales ".
Le consistoire du 24
mai 1976 et le rite dit de Saint Pie V.
Donc, la simple
volonté, tacitement exprimée, voire même clairement exprimée comme le Pape
Paul VI le fit au consistoire du 24 mai 1976,
ne suffit pas pour abroger le rite.
La constitution
«Missale Romanum» et la messe dite de Saint Pie V.
Au
contraire, il était nécessaire de faire figurer, dans la Constitution "
Missale Romanum " du même Pontife, une mention expresse révoquant la
coutume immémoriale, du type " non obstante quacumque consuetudine etiam
centenaria et immemorabili " ou autre formule semblable (voir Padre Masseo
da Casola o.f.m. cap.Compendio di Diritto Canonico Marietti 1967- p. 91).
La formule
générique utilisée par Paul VI: " Non obstantibus (...) Constitutionibus
et Ordinationibus Apostolicis a praedecessoribus Nostris editis "
(nonobstant les constitutions et ordonnances apostoliques données par nos
prédécesseurs ") peut tout au plus autoriser une discussion sur
l'abrogation éventuelle de la Bulle Quo Primum Tempore de Saint Pie V et d'une
manière générale des normes superposées par Saint Pie V au rite romain
traditionnel mais elle ne touche pas le rite romain traditionnel en tant
qu'il est une coutume immémoriale.
La commission
cardinalice de 1986.
Je ferai,
de plus, remarquer qu'une commission de
9 cardinaux, nommée par le Pape Jean-Paul II en 1986, affirma, pour sa part, - 8 cardinaux sur
9 -, que la Bulle « Quo Primum
Tempore » n'a pas été abrogée -j'ajoute, ici, ni explicitement ni
tacitement.
C'est le témoignage
donné par le Cardinal STICKLER en juillet 1995, dans une interview exprimée à
Latin Mass Society, aux USA. Parole de cardinal !
Il est clair enfin que
ni les allocutions successives de Paul VI, ni les diverses instructions et
notifications de la Congrégation pour le Culte Divin ne peuvent suppléer au
silence de la Constitution Apostolique « Missale Romanum » du 3
avril 1969 :
-
soit parce que les documents se présentent comme de simples actes
interprétatifs et exécutifs de la Constitution « Missale Romanum » ;
-
soit parce que étant approuvés simplement en forme commune, ils n'ont pas les
pouvoirs de déroger, abroger, ou obroger quoique ce soit par leur propre
autorité (Prof. Neri Capponi).
La conclusion à tirer
est la suivante :
Si la volonté de Paul VI avait été celle d'abroger les formes liturgiques
précédentes, il aurait dû le dire explicitement puisqu'il s'agissait pour le
rite traditionnel de la messe d'une coutume immémoriale.
Puisqu'il
ne l'a pas dit, le rite romain traditionnel, appelé improprement de Saint Pie
V, est toujours en vigueur, au moins « vi consuetudinis »,
« par la force de la coutume ». Si donc il est toujours en vigueur,
il est légitime de le célébrer. Il est un droit « propre à tout
fidèle ».
J'invoque
donc le canon 96. Ce canon
est ainsi libellé: " par le baptême, un être humain est incorporé à
l'église du Christ et y est constitué comme personne avec les obligations et
les droits qui sont propres aux chrétiens. ..Or le rite « dit de Saint Pie V » est
un droit catholique. Ergo.
Je fonde également cette requête sur le canon 214 qui dit: « Les
fidèles ont le droit de rendre le culte à Dieu selon les dispositions de leur
rite propre approuvé par les pasteurs légitimes de l'église ". Ce qui est
le cas pour le rite de la messe dite de Saint Pie V. J'ai donc le droit de
rendre le culte à Dieu, - le fidèle d’y prendre part et le prêtre de le célébrer -, dans et par la
célébration de cette Messe dans le rite
dit de Saint Pie V.
Je fonde de
plus ma requête sur le canon 221 -§ 1 : « Il appartient aux fidèles de
revendiquer légitimement les droits dont ils jouissent dans l'Eglise et de les
défendre devant le for ecclésiastique compétent, selon le droit ».
C'est ce
que je fais dans cette requête persuadé
de sa légitimité et désireux de défendre le droit du faible.
06/06/04 |