Rémi Fontaine, philosophe et  éditorialiste au Journal PRESENT, aborde, dans deux récents articles du Journal, celui du Mercredi 7 janvier 2004, des problèmes importants, contemporains. Ils sont  le lot quotidien de nos conversations de table, de salon, d’affaire. Ils sont l’objet même de thèses universitaires. Souvent,  nous sommes en difficulté pour voir les solutions.

 

Dans ces deux articles, vous trouverez d’abord bien posés les problèmes et ensuite des réflexions très utiles pour les régler et y voir un peu plus clair.

 

Ces réflexions ne sont pas toujours très simples. Elles  demandent un peu d’attention.  Elles sont utiles.

 

Je remercie Rémi Fontaine de m’avoir donné l’autorisation de les publier, ici, sur « la paroisse Saint Michel ».

 

Du reste, je me pose la question de savoir s’il ne serait utile d’ouvrir sur cette même « Paroisse  Saint Michel », un  cercle de formation politique ? Cette initiative serait-elle de nature à rencontrer quelques  intérêts ? Un Universitaire, rencontré récemment, m’en suggérait  l’idée. Rencontrerais-je quelques échos ?

 

 

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Voici les deux articles de Remi FONTAINE.

 

 

 

L'aporie laïciste

 

 

 

Dans un communiqué adopté dimanche lors d'une réunion à Paris, le Conseil régional du culte musulman (CRCM) Ile-de-France a dénoncé la future loi sur le respect de la laïcité à l'école comme « discriminatoire » à l'égard des musulmans :

« Les associations musulmanes de la région Ile-de-France considèrent qu'une éventuelle loi vise les musulmans, stigmatise leur religion, pratique l'exclusion et les condamne au repli identitaire »

Alors que la loi se donne pour mission de lutter contre le « communautarisme », le CRCM Ile-de France (dirigé par Lhaj Thami Breze, par ailleurs président de l'Union des organisations islamiques de France, proche des Frères musulmans) l'accuse au contraire de favoriser ce communautarisme en ne respectant pas les diverses déclarations des droits de l'homme qui garantissent « la liberté de conscience et le libre exercice du culte en public ou en privé, individuellement ou collectivement » avec des conditions prévues par la loi...

On y perd un peu son latin (de laïque !), car on se trouve typiquement en face d'une aporie. L'aporie est un terme platonicien qui désigne l'« embarras » du philosophe (ou du politique) devant un dilemme qui paraît exclure la possibilité d'une solution. C'est plus précisément chez Aristote « la mise en présence de deux opinions contraires et également raisonnées en réponse à une même question ».

La question est ici, bien sûr, celle de la laïcité dans ses diverses acceptions et interprétations. Et l'aporie pourrait très schématiquement se formuler selon le double raisonnement suivant :

1. Il y a incompatibilité entre le principe de laïcité et le primat du communautarisme.

2a. Or, déclarent les uns (laïcistes de stricte observance), l'expression publique de la religion traduit la marque d'un communautarisme qu'il faut empêcher à l'école laïque au nom du principe de neutralité...

3a. Donc interdiction de tout signe manifestant « ostensiblement l'appartenance religieuse » dans les établissements scolaires.

2b. Or, déclarent les autres (laïcités religieux ou positifs, ouverts, actifs...), l'expression publique de la différence religieuse ne s'oppose pas au principe de laïcité et n'induit pas un péril communautariste, un repli identitaire, à partir du moment où elle se vit à égalité de droit dans le respect du principe de la liberté religieuse...

3b. Donc l'expression religieuse (le port du voile comme de la kippa ou du crucifix) à l'école publique est conforme au principe (premier) de laïcité qu'elle alimente même par la richesse de la différence, etc.

On aperçoit déjà la faille de cette aporie qui tient au principe même du laïcisme, lequel fait l'impasse d'une part sur l'identité nationale, culturelle et religieuse de notre pays et d'autre part sur la vérité elle-même. Sans prétendre épuiser le sujet, nous expliquons en page deux comment sortir de cette funeste aporie.

 

 

Rémi Fontaine