Présentation du document du

Cardinal Castrillon-Hoyos sur le prêtre,

intitulé

 

« Le prêtre, pasteur et guide de la communauté paroissiale »

 

 

 

Cette instruction sur le sacerdoce a été approuvée par le Souverain Pontife qui en a ordonné la publication.

 

Elle a été signée par le Cardinal Castrillon-Hoyos, préfet de la Congrégation du Clergé et son secrétaire, Monseigneur Csaba Ternyak « le 4 août 2002 en la mémoire liturgique (nouveau calendrier) de saint Jean-Marie Vianney, curé d’Ars, patron du clergé en charge d’âmes »,

 

et rendue publique par l’Osservatore Romano en langue française le 25 février 2003 comme supplément à son numéro 8.

 

C’est cette édition française que j’utilise pour ce commentaire.

 

Ce document commence par un beau rappel de l’économie du salut, pensée et voulue par Dieu de toute éternité : « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés. » Et de citer le chapitre III de l’évangile de saint Jean : « Le Fils éternel de Dieu a été envoyé pour que le monde soit sauvé par lui. » (Jn, III, 17). Au verset précédent, saint Jean explicitait la raison de ce plan : « Et Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle. » (Jn III, 16).

 

Tel est – de fait – le plan divin : un plan qui a pour principe la charité miséricordieuse de Dieu : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique… » et pour fin, une charité de bienfaisance : « Afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle. »

 

Saint Paul consacre toute son épître aux Éphésiens à ce plan divin de salut :  «  Béni soit Dieu, le Père de Notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a bénis en Christ… C’est en lui que Dieu nous a élus dès avant la création du monde… nous ayant, dans son amour, prédestinés à être ses fils adoptifs, par Jésus-Christ, selon le bon plaisir de sa volonté… C’est en lui (en Notre Seigneur Jésus-Christ) que nous avons la Rédemption par son sang, la rémission des péchés… (Dieu) nous ayant fait connaître le mystère de sa volonté, selon le bienveillant dessein qu’il avait formé en lui-même pour le réaliser lorsque la plénitude des temps serait accomplie, à savoir, de réunir toutes choses en Jésus-Christ. » (Eph I, 3 et 8).

L’identité du prêtre

Or c’est précisément de ce plan divin de salut que le Cardinal va tirer l’identité sacerdotale. Il écrit : « L’identité du prêtre doit être méditée à partir de la volonté divine de salut » (n°5). Le sacerdoce « est… une participation à l’action salvatrice du Christ » (n°5). Le prêtre est appelé ainsi à être « le ministre du salut » (n°5) et c’est sous ce rapport qu’il est à proprement parlé un autre Christ « Alter Christus ». C’est l’aspect christologique du sacerdoce.

 

De plus, il est « au service de cette action (salvifique) dans l’Église » (n°5). C’est l’aspect ecclésiologique du sacerdoce qui est ici affirmé. Et ceci est capital – dit le Cardinal – pour « éclairer d’une manière adéquate, le sens de son ministère pastoral concret » dans l’Église et plus particulièrement dans la paroisse (n°5).

 

Le prêtre est donc « ontologiquement assimilé au Christ » (n°5) – un « alter Christus. » Et c’est parce qu’il est essentiellement cela – alter Christus – qu’il est pour l’Église « ad gentes » - « au service des hommes » dans l’ordre du salut, « ordonné au service de la communauté », comme le Christ qui est venu pour servir et non pour être servi. « Il est le serviteur du Christ pour être à partir de lui, pour lui, et avec lui, serviteur des hommes. » (n°5).

 

Ainsi, l’aspect christologique et ecclésiologique du sacerdoce est-il bien mis en évidence dès le début du document. Tout le reste de l’Instruction sera une explication de ces vérités premières.

Le sacerdoce et le célibat

Ainsi c’est de cette ordination au Christ, de ce lien ontologique au Christ que le Cardinal, sans attendre, justifie le célibat sacerdotal. C’est à noter. Il écrit : « Le don admirable du célibat reçoit sa lumière et sa motivation dans l’assimilation à la donation nuptiale du Fils de Dieu crucifié et ressuscité à l’égard de l’humanité rachetée et renouvelée » (n°5). Le célibat est bien inséparable du sacerdoce puisque la donation nuptiale du Fils de Dieu à l’Église – on retrouve ici une grande idée de saint Bernard dans son commentaire du Cantique des Cantiques – a été totale, absolue, sans partage, ni limite. Et de fait, l’agir du prêtre – dit le Cardinal – doit correspondre à son être. L’être et l’agir sont corrélatifs. L’être sacerdotal justifie l’agir sacerdotal, ici, le célibat.

Le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel

L’identité du prêtre étant merveilleusement campée devant les yeux du lecteur, le Cardinal peut alors très facilement rappeler – et avec force – la distinction essentielle entre le sacerdoce ministériel et le sacerdoce commun des fidèles. Il répond – là – à une grave erreur sous-jacente à la crise sacerdotale : la confusion des deux sacerdoces, l’un ayant cherché à absorber l’autre, le général, le particulier… Il écrit : « Le sacerdoce commun et le sacerdoce ministériel se différencient l’un de l’autre par leur essence et non seulement en degré » (n°6). Il précise même : « Il ne s’agit pas seulement d’une plus grande intensité de participation à l’unique sacerdoce du Christ mais d’une participation essentiellement différente » (n°6).

 

Aussi le Cardinal fonde-t-il le sacerdoce commun des fidèles sur le caractère baptismal qui fait des baptisés – de fait – « un édifice, un temple spirituel, un sacerdoce saint, pour offrir des sacrifices spirituels agréables à Dieu par Notre Seigneur Jésus-Christ - … »,  «  une race choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis pour annoncer les perfections de celui qui nous a appelés à son admirable lumière. » – C’est le fameux texte bien connu de l’épître de saint Pierre, alors que « le sacerdoce ministériel se fonde – dit le Cardinal – sur le caractère imprimé par le sacrement de l’Ordre qui configure au Christ-prêtre de façon à pouvoir agir en la personne du Christ-Tête avec le pouvoir sacré pour offrir le sacrifice et pour remettre les péchés » (n°6). C’est dire que le sacerdoce ministériel participe à la grâce capitale du Christ-Rédempteur.

Sacerdoce et sacrifice

           Et à cette phrase est attachée une note, la note 18 qui nous renvoie au Concile de Trente, à la session 23 consacrée à la doctrine du sacrement de l’Ordre.

 

Je ne résiste pas à la joie de la citer in extenso :

 

« 18) cf. Con. Oecum. de Trente, session XXIII, doctrina de sacramento Ordinis (15 juillet 1563) ; Conc. Oecum. Vat. II, décret Presbyterorum Ordinis nn.2 ; 13 ; décret Christis Dominus, n°15 ; Missale Romanum : Institutio Generalis nn. 4.5 et 60 ; Ponficale Romanum : de Ordinatione, nn. 131 et 132 ; catéchisme de l’Église catholique, nn 1366 – 1372 ; 1544 – 1553, 1562, 1568, 1581, 87 ». 

 

 

Le Concile de Trente est cité en premier, devant toutes les autres références, non point d’abord pour une question historique, mais d’abord parce que c’est à la lumière de la doctrine catholique définie solennellement au Concile de Trente qu’il faut interpréter tous les autres textes subséquents. Ce qui permettrait, si cela était nécessaire, de corriger l’aspect « équivoque » de certains… en particulier de ceux de « l’Institutio Généralis » qui ont présidé à la réforme liturgique... et de le préciser.

 

Voilà ce que Monseigneur Lefebvre demandait.

 

Voilà ce qu’on ne lui concédait pas facilement. Voilà ce qui est aujourd’hui reconnu comme légitime, normal, comme allant de soi. J’en prends note… Les choses évoluent gentiment dans l’Église…

 

Je lis bien : Le sacrement de l’Ordre fonde le sacerdoce catholique, ministériel, hiérarchique. Il configure le baptisé « au Christ-prêtre de façon à pouvoir agir en la personne du Christ-Tête avec le pouvoir sacré, pour offrir le sacrifice et pour remettre les péchés » (n°6).

 

C’est dire que le Cardinal définit le sacerdoce dans sa relation au sacrifice du Christ. C’est bien évident puisque, préalablement, il définissait le sacerdoce dans cette grande œuvre salvifique du Christ, raison de son Incarnation – et que cette œuvre salvifique s’est réalisée par l’oblation du sacrifice de Notre Seigneur Jésus-Christ pour satisfaire la justice du Père et ainsi l’honorer et le glorifier. « Omnis honor et gloria. » C’est la conclusion du Canon Romain.

 

C’est bien évident – ajouterais-je – puisque outre la raison théologique donnée ici, le Cardinal fonde sa pensée sur l’argument d’autorité, sur le magistère et d’abord sur le Concile de Trente qui, dans le Canon 1 de la session 23, affirme :

« Si quis dixerit, non esse in Novo Testamento sacerdotium visibile et externum - c’est notre sacerdoce ministériel – vel non esse potestatem aliquam consecrandi et offerendi verum corpus et sanguinem Domini et peccata remittendi et retinendi… anathema sit » (Canon 1).

 

Ainsi suis-je obligé de reconnaître que la relation du prêtre au sacrifice du Christ n’est pas tue dans l’Église. Oui, même si elle fut passée sous silence dans le « nouveau pontifical de l’ordination », comme l’affirmait Monseigneur Tissier de Mallerais lors des Ordinations sacerdotales à Ecône en juin 2002, cette doctrine capitale – définie au Concile de Trente – n’est pas totalement oubliée par l’Église. La preuve ! Le Cardinal Castrillon-Hoyos la rappelle dès le début – le n°6 – de son document magistériel… Cette notion fut – certes – oubliée dans la pratique ecclésiale, elle fut même omise dans la définition du sacerdoce de « l’Institutio Generalis » - le fameux article 7 – faisant du prêtre un simple président  d’un mémorial… d’où la crise que connaît certainement le sacerdoce catholique… mais elle est restée dans le cœur de l’Église… à tel point que le Cardinal veut que les prêtres en vivent de nouveau.

 

Aidons-le dans cet effort !

 

Nous pouvons le faire d’autant plus facilement que c’est l’idée majeure sur laquelle Monseigneur Lefebvre a fondé son œuvre sacerdotale : le sacrifice du Christ, le sacrifice de la Messe. Ce serait plus utile que de nous enfermer dans nos donjons. Et ceux qui attendent la conversion de Rome pour retrouver quelques sourires… qu’ils veuillent bien prendre en compte ce très heureux rappel. C’est ainsi, du reste - m’est avis - que les hommes d’Église reviendront à la doctrine catholique et que la crise finira. Ce fut le cas pour la sainte Messe : Rome, de nouveau, sans déclaration fracassante, en permet la libre célébration de facto. Ainsi de la doctrine sur le sacerdoce : après en avoir fait une simple présidence et un simple mémorial… voilà – de nouveau – que le prêtre est défini dans sa relation ontologique au sacrifice comme l’Église le définissait en pleine agitation protestante.

 

Il en sera de même – un jour pour « l’œcuménisme », pour « la liberté religieuse. » Rome oubliera « ses folies » pour revenir au juste exposé de la doctrine. Sur ce dernier sujet – la liberté religieuse – la solution serait de rappeler tout simplement la différence essentielle entre la liberté religieuse et la tolérance religieuse. Les droits de l’Église seraient rappelés. La réalité politique serait – peut-être – elle – inchangée mais le vrai serait dit. Ce qui est capital en cette affaire, comme en toute autre affaire. Monseigneur Lefebvre rappelait sans cesse le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ et sa doctrine même si la réalité politique – contingente – était toute autre…

 

Mais laissons cela. Pour revenir à notre texte et  à ce beau rappel doctrinal.

 

Le prêtre agit, nous dit le Cardinal, « in persona Christi Capitis », c’est dire « qu’il personnifie – il est un alter Christus – au sein de l’Église du peuple de Dieu la triple charge, prophétique, cultuelle et royale du Christ lui-même en tant de Tête et Pasteur de l’Église » (n°6).

 

Il insiste : « Ainsi dans l’exercice de leurs fonctions spécifiques, (les prêtres) agissent in persona Christi capitis et par conséquent pareillement in nomine Ecclesiae » (n°6).

Sacerdoce hiérarchique et ministériel

Le Cardinal peut alors sans difficulté rappeler que le sacerdoce catholique est hiérarchique et ministériel. Dès lors, même si ce service sacerdotal, ce « ministerium » est « pour la communauté », au « bénéfice de la communauté », il ne tire nullement « son origine de cette communauté, comme si c’était elle qui appelait ou déléguait » (n°7). Non ! Ce ministerium est hiérarchique, c’est-à-dire lié au pouvoir de former et de conduire le peuple de Dieu, « ce peuple de prêtres », « ce prêtre royal ». Il est lié à son propre pouvoir sacerdotal qui tire son origine du plan salvifique de Dieu, tout centré sur le Christ, « l’Oint du Seigneur », Tête, Chef de l’Église. 

 

Voilà rappelée par le Cardinal, la véritable identité du prêtre. Et c’est cet oubli – n’en doutons pas – qui fut la raison – « ces dernières décennies » de ce que l’on a appelé « la sécularisation du prêtre » comme c’est elle qui explique également « les clérifications » du laïc. La nature ayant horreur du vide ! C’est le Cardinal qui le dit :

 

« Cette crise d’identité engendre également la sécularisation de certains ministres sacrés en obscurcissant leur rôle spécifique, absolument irremplaçable dans la communion ecclésiale. » (n°7). « Irremplaçable » ! Vous avez bien lu. Le Cardinal va jusqu’à dire « sans la présence du Christ représenté par le prêtre, guide sacramentel de la communauté, cette dernière ne serait pas pleinement une communauté ecclésiale. » (n°7).

 

C’est vrai.

 

Comment ne pas apprécier ces heureux rappels.

Le prêtre, alter Christus, ministre du Christ

Le Cardinal revient sur l’identité du prêtre dans les numéros 8 et suivants. Il veut approfondir cette notion, l'expliciter. Il agit en bon pédagogue.

 

Il débute ce paragraphe par cette belle phrase : « Le prêtre, alter Christus, est dans l’Église le ministre des actions salvifiques essentielles. » n°8.

 

Cette conception du sacerdoce est parfaitement paulinienne. Saint Paul ne cesse, en effet, de se présenter aux communauté chrétiennes qu’il fonde comme ministre de l’Évangile ; aux Ephésiens, il dit : « J’ai été fait ministre de cet Évangile selon le don de la grâce de Dieu. » (Eph III,7).

 

Aux Corinthiens, il est catégorique : « Qu’on nous regarde comme des ministres du Christ – ministros Christi – et dispensateurs des mystères de Dieu » (1 Cor IV). Ou encore dans sa deuxième épître aux Corinthiens : « C’est lui (le saint) également qui nous a rendu capable d’être ministre d’une nouvelle alliance. » (2 Cor III, 6). Et l’on pourrait multiplier les citations. Le Cardinal aurait pu en donner quelques-unes. Il n’en était pas à une note prêt… puisque son texte en comprend déjà cent cinquante !

 

Quoiqu’il en soit, le Cardinal explicite très joliment cette vérité, au cœur du sacerdoce.

 

Il écrit : « parce que ministre des actions salvifiques essentielles »,

 

- le prêtre a « un pouvoir sacrificateur sur le corps et le sang du Rédempteur » (n°8). C’est sa première « fonction ». C’est dire l’insistance du Cardinal sur cette fonction.

 

- il a aussi « le pouvoir d’annoncer avec autorité l’Évangile. » (n°8)

 

- il a enfin le « pouvoir de vaincre le mal du péché par le pardon sacramentel. » (n°8)

 

Voilà – de fait – les trois pouvoirs sacerdotaux – que le Cardinal rappelle après le Concile de Trente – pouvoirs qui permettent au Cardinal de dire joliment que le prêtre donne « la vie », « la vie de la grâce ». « De ces trois pouvoirs jaillit, de fait, la vie, la vie de la grâce, la vie divine » (n°8). Parce qu’il jouit de ces trois pouvoirs, le prêtre est – in persona Christi Capitis – « source de vie et de vitalité dans l’Église et dans sa paroisse. » Non point en tant que principe – c’est le rôle du Christ – mais en tant qu’il distribue les sacrements de la vie, les sacrements du salut. Car – c’est de fait – de Notre Seigneur Jésus-Christ crucifié et ressuscité que jaillit la vie.

Le sacerdoce et Notre Dame, la Vierge Marie

Et le Cardinal élève sa méditation – à la fin du huitième paragraphe – sur Notre Dame et le sacerdoce, les identifiant dans cette œuvre divine salvifique – l’une et l’autre sont « instrument de communication salvatrice entre Dieu et les hommes » : Notre Dame, en tant qu’elle a donné le Christ. Elle est mère du Saint Rédempteur, le prêtre, en raison de ses pouvoirs sacerdotaux ministériels.

Le prêtre, « homme de la communion »

Cette notion de ministère tient au cœur du Cardinal car il y consacre encore tout son paragraphe 9.

 

Parce que le prêtre est ministre du Christ parce qu’il est un alter Christus, il est aussi « l’homme de la communion », en ce sens qu’il doit promouvoir et maintenir la paix et « l’unité des membres avec la Tête et tous les membres entre eux. » (n°9).

 

Qui ne voit rappeler ici le fruit de la passion du Christ, tel qu’expliqué par saint Paul aux Ephésiens :

 

« Mais… en Jésus-Christ, vous qui étiez jadis éloignés, vous êtes rapprochés par le sang du Christ. Car c’est lui qui est notre paix, qui des deux peuples n’en a fait qu’un ; il a renversé le mur de la séparation, l’inimitié, ayant abrogé par l’immolation de sa chair la loi des ordonnances avec ses rigoureuses prescriptions, afin de créer en lui-même avec les deux, un seul homme nouveau, en faisant la paix et de les réconcilier l’un et l’autre unis en un seul corps, avec Dieu par sa croix en détruisant par elle l’inimitié entre eux. Et il est venu annoncer la paix à vous qui étaient loin et la paix à ceux qui étaient près car par lui nous avons accès les uns et les autres auprès du Père, dans un seul et même Esprit ». (Eph, II, 14 et ….).

 

Ainsi c’est bien à la suite du Christ, comme ministre du Christ que le prêtre doit exercer cette noble fonction de « communion » et que la phrase du Cardinal prend tout son sens :

 

« Par vocation (i.e. par état, en raison de ce qu’il est), le prêtre unit et il sert dans la double dimension de la fonction pastorale – à la fois eschatologique et ecclésiologique – qui est celle même du Christ » (n°9).

 

Le prêtre est donc bien essentiel à l’Église – c’est bon de le dire à une époque de pénurie sacerdotale. N’est-ce pas là une noble tâche ! L’Église a besoin du prêtre, « la vie de l’Église exige la présence du prêtre », de vrais prêtres, et non point de syndicalistes… de vrais prêtres, « de celui qui est totalement assimilé au Christ » (n°9) « qui vivent en lui et avec lui, l’ensemble des vertus du Christ », de vrais prêtres qui « reconnaissent dans le Bon Pasteur son identité sacerdotale » (n°9) qui donne sa vie pour ses brebis.

 

Haute et belle notion du prêtre !

 

Voilà aussi ce que Monseigneur Lefebvre a réalisé dans sa Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, du moins ce qu’il a voulu réaliser.

Le prêtre, ministre de la parole

Le prêtre n’est pas seulement « l’homme de la communion », il est aussi « le ministre de la parole. » C’est la deuxième idée expliquée dans ce même paragraphe 9.

 

C’est là une fonction sacerdotale essentielle. Que l’on se souvienne de saint Paul, de son Épître aux Romains :

« Si tu confesses de ta bouche Jésus comme Seigneur… tu sera sauvé… mais comment invoquera-t-on celui en qui on n’a pas encore cru ? Et comment croira-t-on en celui dont on n’a pas entendu parler ? Et comment en entendra-t-on parler s’il n’y a pas de prédicateur » (Rm, X, 9 et 11).

 

Mais le Cardinal ne se contente pas de rappeler cette belle fonction, il rappelle aussi l’objet de la prédication sacerdotale. Ce ne doit pas être inutile de le rappeler, pense-t-il ?

 

« Le prêtre est ministre de la parole d’évangélisation qui invite tout le monde à la conversion et à la sainteté » (n°9). Donc le prêtre doit annoncer le salut, l’Évangile.

 

« Le prêtre est ministre de la parole cultuelle qui exalte la grandeur de Dieu, et rend grâce pour sa miséricorde. » Il n’est pas étonnant de voir ici ce rappel puisque le Sacerdoce doit sa signification de sa relation au plan divin réalisé – à la plénitude des temps – en Notre Seigneur Jésus-Christ, en son sacrifice dont la finalité est aussi de rendre à Dieu « tout honneur et toute gloire ». c’est sa finalité latreutique.

 

Il est enfin « ministre de la parole sacramentelle qui est source efficace de la grâce ».

 

Ainsi et ainsi seulement, le prêtre « prolonge-t-il l’enseignement du divin Maître, au sein de son Église. » (n°9).

 

Qui ne serait pas joyeux d’entendre ces rappels !

Le prêtre et la sainteté sacerdotale

Il n’est pas étonnant – enfin – de voir le Cardinal parler de la sainteté sacerdotale. Il en fonde la raison et la spécifie.

 

Le principe : « Le prêtre doit tendre vers la sainteté pour le motif suivant : en vue de correspondre à cette grâce nouvelle qui l’a configuré à la personne du Christ » (n°10).

 

Puisqu’il est par son être même « un alter Christus », il doit être tel dans son agir. « Agere sequitur esse ». Celui qui est comme le Christ, doit être tel dans l’agir, « doit s’efforcer de suivre en tout l’exemple du Seigneur. » (n°10).

 

La spécificité de cette sainteté : le Cardinal – de fait – explique ce tout. Le prêtre doit s’efforcer de suivre en tout l’exemple du Seigneur, à savoir – dans son amour du Père, c’est-à-dire dans la connaissance de la volonté du Père. « Ma nourriture est de faire la volonté du Père », et dans le don de soi pour le troupeau. Et c’est là – dans cette totalité – amour de Dieu et don de soi-même – que le prêtre trouvera l’unité de sa vie sacerdotale : - comme le Christ – adorateur du Père et serviteur de ses « frères ».

 

Le sacerdoce – prière – vie intérieure

Ainsi, « la croissance de cette unité de vie s’enracine dans la charité pastorale nourrie par une solide vie de prière de telle sorte que le prêtre soit inséparablement témoin de charité et maître de vie intérieure » (n°10).

 

Tout cela serait-il utopique ? Non point. Non point, nous dit le Cardinal. Toute l’histoire de l’Église en montre la réalisation et donc la possibilité. Combien nombreux furent dans l’Église, « les pasteurs dévorés de l’Amour du Christ et de la Charité pastorale » (n°10), le saint Curé d’Ars…

 

Alors, on sent que le Cardinal serait prêt à lancer l’anathème… disons à dire clairement sa réprobation de ces prêtres devenus « sociologues, thérapeutes, ouvriers, politiciens, managers, retraités… comme si on n’était pas prêtre in aeternum… ou prêtre par intermittence ou même de ces prêtres qui se laissent décourager… mais là il devient paternel. Toutes ces lamentables situations ont pour origine « un manque de vie intérieure » (n°12).

 

Et de conclure alors ce paragraphe : « C’est la spiritualité qui s’avère décidément l’œuvre pastorale la plus importante » (n°11). Il insiste « tout plan pastoral ou projet missionnaire de même que n’importe quel dynamisme dans l’évangélisation qui ferait abstraction du primat de la spiritualité serait voué à l’échec. » (n°11).

 

Voilà, ce qui nous fut enseigné par Monseigneur Lefebvre ! Aussi.

 

Et c’est alors une suite de très beaux paragraphes sur la sainteté sacerdotale.

 

Comme ministre du Christ, comme « ministre de l’Eucharistie », rappelant encore – oui encore – que l’Eucharistie est au cœur de la vie du prêtre, qu’il doit la célébrer quotidiennement, s’y bien préparer et ne pas craindre de visiter – à l’église – la Sainte Présence. Aussi les églises devraient-elles rester ouvertes !

 

Comme « ministre de l’Église », assurant la prière publique de l’Église et d’en rappeler l’obligation. « Outre le sacrifice eucharistique, le prêtre célèbre aussi chaque jour la sainte ‘liturgie des Heures’. Il l’a librement embrassée comme une grave obligation. De l’immolation non sanglante du Christ sur l’autel jusqu’à la célébration de l’office divin en union avec toute l’Église, l’amour pour le divin Pasteur grandit au cœur du prêtre et se manifeste toujours plus clairement aux yeux des fidèles. » (n°14).

Le prêtre et le respect de la discipline de l’Église

Et dans toutes ses nobles fonctions, que le prêtre n’oublie pas de les réaliser, de s’y appliquer dans l’ordre et dans le respect de la discipline de l’Église… surtout en matière liturgique.

 

Sur cette matière liturgique – liturgie qui doit être considérée « comme l’exercice du sacerdoce de Jésus-Christ » (n°15) « comme l’action sacrée par excellence » (n°15), le Cardinal devient impératif :

 

« Le prêtre ne doit oser, de sa propre initiative, ajouter, retrancher ou changer quoique ce soit en matière liturgique, surtout dans la célébration eucharistique » (n°15) et de condamner alors toutes « les initiatives arbitraires », « les expressions marquées par la subjectivité, les improvisations, les désobéissances dans la célébration eucharistique » (n°15). Tout cela, dit le Cardinal, constituerait « autant de contradictions manifestes par rapport à l’essence même de la très sainte Eucharistie qui est le sacrifice du Christ » (n°15).

 

Et ce respect et cette obéissance valent non seulement pour la sainte Eucharistie, mais pour tous les sacrements.

 

Et puisque les circonstances – pénurie de prêtres – veulent une certaine participation des fidèles dans la liturgie, que chacun – dit le Cardinal – reste, pourtant, dans son rôle pour éviter toute « confusion », tout amalgame. Le Cardinal – du reste – reviendra sur ce sujet.

Le prêtre – la Tradition – le Magistère

Et si le prêtre doit respecter les règles de l’Église, la discipline ecclésiastique, il doit aussi en respecter et la Tradition et le magistère. Le Cardinal fait ce rappel avec un accent soutenu !

 

Il faut que le prêtre – par amour de l’Église – s’insère dans l’unité vivante de l’Église dans le temps dont le magistère est le gardien et le garant. Et de fait « la référence féconde à la Tradition confère au ministère du prêtre la solidité et l’objectivité du témoignage de la Vérité, venue du Christ pour se révéler dans l’histoire. Cela l’aide à fuir ce désir de nouveauté qui nuit à la communion et qui retire toute profondeur et toute crédibilité à l’exercice du ministère sacerdotal »  (n°16). C’est bien dit. Non !

 

En un mot, « le prêtre doit être un vrai modèle d’adhésion au magistère perpétuel de l’Église et à sa grande discipline » (n°16).

 

C’est ce que nous avons toujours voulu faire à Ecône : une fidélité au magistère – il est bien dit – perpétuel de l’Église !

 

Et c’est ainsi de fait que le ministère paroissial, dans une église particulière, pourra « s’élever à la dimension de la catholicité, de l’Église universelle qui a son fondement en Pierre » (n°16).

 

Voilà pourquoi, dites-vous, il faut que le prêtre « accueille de façon réfléchie et diffuse et applique fidèlement les documents du Pape et des dicastères de la Curie Romain e» (n°17).

 

C’est notre plus cher désir.

 

La preuve en est faite ici !

 

*     *     *

*

 

Alors s’ouvre la deuxième partie du document, toute centrée, elle, sur « le prêtre et la paroisse. »

 

Dès le début et sous mode d’introduction, le Cardinal nous dit vouloir présenter ce sujet sous mode de synthèse, de résumé : « Il est utile de résumer les principales caractéristiques de la doctrine théologique et canonique en la matière. » (n°18).

La paroisse et le prêtre

En homme précis qu’il est, le Cardinal commence par donner la définition de la paroisse. Elle est « la Communitas Christifidelium ».

 

« La paroisse est une communitas Christifidelium  concrète, constituée de manière stable dans le cadre d’une église particulière, et dont le soin pastoral a été confié à un curé, qui en est le pasteur, sous l’autorité de l’évêque diocésain »(n°18).

 

Il s’agit donc « de tous les fidèles d’un territoire (ecclésial) spécifique » (n°18). Il s’agit d’une « pars diocesis ». Elle est comme « une cellule du diocèse ». Elle est – en tant que telle – « l’élément essentiel de base de l’Église et de sa mission » (n°18).

La paroisse « communion organique »

Comme toute société, elle est une société ordonnée – le Cardinal parle de « Communion organique. »

 

Cette communion – organique – est hiérarchisée verticalement, « constituée par les ministres ordonnées et par les autres chrétiens sous la responsabilité d’un curé qui, représentant l’Evêque du diocèse, est le lien hiérarchique avec toute l’Église particulière. » (n°18).

 

Elle est aussi hiérarchisée horizontalement tant il est vrai qu’il faut « souligner, dit le Cardinal, la relation dynamique entre les personnes qui la composent d’une manière déterminée, sous la conduite effective et indispensable d’un pasteur propre » (n°18).

 

Là sur cette hiérarchie « horizontale », le Cardinal se fait impératif. Il demande aux curés de ne pas introduire dans leur gouvernement « une forme d’autoritarisme impromptu », ni de « modalité de gestion pseudo-démocratique » et il précise même que ce seraient là « des formes absolument étrangères à la réalité la plus profonde du ministère ». C’est bien juste !

 

A ce sujet, le Cardinal rappelle le fameux document romain « Ecclesia de mysterio » signé par de nombreux dicastères romains – pour lui donner sans doute plus de poids – relatif aux fonctions des prêtres et des laïcs dans la vie paroissiale. Nous avions apprécié – à l’époque – cette publication qui remettait un peu d’ordre en ces délicats problèmes et qui « sauvait – de fait – l’autorité du curé devant le débordement de fidèles ‘engagés’… Ne serait-ce qu’en matière liturgique… ! Et c’est ainsi que le Cardinal rappelle à tous « le respect le plus absolu des droits, devoirs et fonctions d’un chacun avec ses compétences et ses responsabilités. » (n°18)

 

Le curé de paroisse a maintenant en mains des textes romains clairs pour faire régner l’ordre dans le respect des compétences. C’est très important pour l’exercice de l’apostolat concret, pour l’apostolat futur de la Fraternité Saint-Pie X dans le cadre de paroisses diocésaines – ce que Monseigneur Lefebvre a toujours souhaité !

La paroisse et l’esprit de mission

Tout cela étant heureusement rappelé – ordre, hiérarchie, fonctions respectives, le Cardinal rappelle l’aspect «  dynamique » de la paroisse.

 

« Il s’agit d’une pars diocesis animée par un même esprit de communion, par une coresponsabilité baptismale ordonnée, par une même vie liturgique, centrée sur la célébration de l’Eucharistie et pas un même esprit de mission qui caractérise la communauté paroissiale toute entière. » (n°18).

 

Voilà la paroisse.

 

Elle est centrée sur l’Eucharistie, sur le sacrifice salvifique de Notre Seigneur Jésus-Christ. N’oublions pas que la paroisse, comme le sacerdoce qui la fonde, s’inscrit – elle aussi – dans le plan de salut voulu par Dieu. C’est une grande idée – très heureuse – du Cardinal. C’est la belle idée introductive du document : Le Fils éternel de Dieu a été envoyé pour que « le monde soit sauvé par Lui ». (Jn III, 17) (n°1). C’est la belle idée paulinienne. Nous nous sommes permis au début de cette présentation de citer le beau texte de saint Paul aux Ephésiens. C’est la grande idée de Monseigneur Lefebvre qui – de fait – nous donnait comme lecture privilégiée cette même épître aux Ephésiens. 

 

« L’esprit de la Fraternité étant avant tout celui de l’Église, ces membres… s’efforceront de connaître toujours mieux le mystère du Christ tel que saint Paul le décrit dans ses épîtres et spécialement dans les épîtres aux Ephésiens et aux Hébreux » (Cor Unum – ad usum privatura – article n°2 p. 54).

 

Ainsi donc, cette communauté paroissiale trouve-t-elle en l’Eucharistie «  la racine vivante de sa constitution, de sa croissance et le lieu sacramentel de son être » (n°18).

 

C’est dire que le curé est au cœur de l’existence paroissiale puisqu’il est homme du « sacrifice eucharistique. »

Le sacerdoce et la « cura animarum »

Et puisqu’il en est ainsi, puisque le rôle du prêtre dans sa paroisse est principal, le Cardinal veut le préciser. Et là encore, il le fait en rappelant par deux fois l’enseignement du Concile de Trente.

 

Le curé, dit-il, a le soin pastoral, c’est-à-dire, le soin des âmes, « la cura animarum » (n°19). Il cite le Concile de Trente dans sa session 24 du 11 novembre 1563, le canon 18. C’est la note 72 du document.

 

C’est tellement nouveau et heureux qu’il faut la citer.

 

72) Cf Conc. Oecum. de Trente session XXIV (11 novembre 1563) can. 18 ; conc. Oecum. Vat. II, Oecum. Christus Dominus n°30 : A un titre tout spécial, les curés sont les coopérateurs de l’évêque : c’est à eux qu’est confié, en qualité de pasteurs propres, le soin des âmes dans une partie déterminée du diocèse sous l’autorité de l’Évêque. »

 

Le Cardinal précise aussi cette notion de « cura animarum ».

 

Cette « cura animarum » se manifeste par la « prédication de la parole de Dieu – par l’administration des sacrements et par la conduite pastorale de la communaut »é (n°19).

 

Le Cardinal rappelle – sans doute opportunément ! – que cette charge de la cura animarum est le rôle spécifique du prêtre.

 

« Pour accomplir la mission de pasteurs dans une paroisse, ce qui comporte le soin plénier des âmes, il faut absolument exercer l’ordre sacramentel » (n°20).

 

Il insiste même lourdement sur cette affirmation – pour nous évidente.

 

« Par conséquent, en plus de la communion ecclésiale, la condition explicite requise par le droit canonique pour que quelqu’un soit validement nommé curé est qu’il appartienne à l’ordre sacré du presbytérat. » (n°20) et de donner en note – pour le curé qui en aurait besoin devant le zèle intempestif de quelques bonnes dames – les canons relatifs à cela : canons 150 – 149 § 1 –521 § 1.

 

Ceci étant dit et bien dit – et il le dit et le répète - C’est bien parce qu’il doit être nécessaire de le dire et de le répéter - le Cardinal va spécifier – là encore – chacune des fonctions de la « cura animarum. »

Le prêtre et sa fonction de prédicateur

Le Cardinal insiste sur cette fonction. Cela est une fonction importante, réservée habituellement au seul prêtre. Le Cardinal s’appuie sur un texte de Jean XXIII : « Sacerdoti nostri primordia » et il prend juste le passage où Jean XXIII invoque l’autorité de saint Pie X : « Il importe, disait à ce propos saint Pie X de mettre en relief et avec insistance ce point essentiel : un prêtre quel qu’il soit n’a pas de tâche plus importante, et n’est tenu pas aucune obligation plus stricte. » (n°20).

 

C’est fort !

Le prêtre et la « potestas sanctificandi »

Et c’est alors que le Cardinal insiste de nouveau sur la sainte Eucharistie.

 

« Quant aux moyens ordinaires de sanctification, le canon 528 établit que le curé doit particulièrement s’efforcer de faire en sorte que la Très sainte Eucharistie constitue bien le centre de la communauté paroissiale » (n°21).

 

Elle est :

 

« Comme le cœur spirituel de la communauté religieuse et paroissiale. Privée du culte eucharistique comme de son cœur battant, la paroisse devient sans vie. » (n°21).

 

Et de citer un pontife qui nous est cher, le pape Pie XII – oui, le pape Pie XII.

 

« Si vous voulez que les fidèles prient avec dévotion – disait Pie XII au clergé de Rome – donnez-leur vous-mêmes d’abord l’exemple à l’église, faisant oraison en leur présence. Un prêtre agenouillé devant le tabernacle… est pour le peuple un sujet d’édification… » (n°21).

 

Le Cardinal rappelle également la nécessité de la confession, du sacrement de pénitence. C’est presque tout le numéro 21. C’est dire l’importance que le Cardinal attache aussi à ce sacrement. Et là, il faut le noter, il ne fait aucune allusion à la confession « collective » qui a tué la pratique de la confession… au contraire, il encourage particulièrement la « confession individuelle. »

 

« Les curés devront réserver un soin tout particulier à la confession individuelle dans l’esprit et la forme établie par l’Église » (n°21).

 

Il encourage même à revenir au « confessionnal » rappelant que le curé – lui aussi – peut préférer cette manière.

 

« Le confesseur peut – lui aussi – avoir des raisons pastorales pour préférer l’usage du confessionnal muni d’une grille. » (n°21).

La fonction pastorale

Quant à la fonction pastorale, la troisième charge de la « cura animarum », le Cardinal précise que le curé doit :

-         s’applique à « connaître ses fidèles »

-         bannir tout esprit de « fonctionnalisme »

-         lancer les fidèles à l’apostolat

-         et avoir enfin le souci des vocations sacerdotales. Comment ? En lançant une vraie pastorale des vocations, mais surtout, surtout en développant auprès de tous « les sentiments d’affections authentiques et de profonde estime, d’enthousiasme fort pour la réalité de ce qu’est l’Église, épouse du Christ, collaboratrice de l’Esprit-Saint dans l’œuvre du salut… tout cela aide beaucoup à ce que les vocations sacerdotales y fleurissent plus facilement » (n°22).

Le prêtre et les laïcs dans l’exercice de la charge pastorale paroissial

Si toutefois par suite de la pénurie de prêtres, on est obligé de faire appel à la collaboration de laïcs – il peut exister – en effet – « des situations objectivement extraordinaires » (n°23) – cette expression me plaît sous la plume du Cardinal… Ce sont donc des situations objectivement possibles… il rappelle alors que ce recours doit être « exceptionnel et provisoire », en dépendance de l’autorité ecclésiastique et selon les normes du droit et de toute façon « l’exercice de ces tâches ne fait pas du fidèle laïc un pasteur. »

 

Et d’en donner la raison.

 

« Ce qui constitue le ministère ce n’est pas l’activité en elle-même, mais l’ordination sacramentelle » (n°24).

 

Et de rappeler l’essence du sacerdoce.

 

« Seul le sacrement de l’Ordre confère au ministre ordonné une participation particulière à l’office du Christ-Chef et Pasteur et à son sacerdoce éternel ; la tâche exercée en tant que suppléant tire sa légitimité formellement et immédiatement de la délégation officielle reçue des pasteurs et son exercice concret est régi par l’autorité ecclésiastique. » (n°24).

 

Ainsi ces situations extrêmes doivent-elles faire grandir dans le cœur des fidèles la prière pour obtenir de saints prêtres.

Le curé et le conseil pastoral paroissial

Dans l’exercice de cette cura animarum, il sera également très heureux – comme le prévoit l’Église, du reste – de recourir à l’aide ou soutien d’un conseil pastoral paroissial.

 

C’est là une nécessité. Sa finalité est précisée par le Cardinal.

 

« Sa  finalité fondamentale est de servir dans le cadre institutionnel, la collaboration ordonnée des fidèles, dans le développement de l’activité pastorale. » (n°26).

 

Toutefois, le Cardinal n’omet pas de rappeler – là aussi – son caractère « consultatif » et « subordonné ». Il écrit :

 

« Le conseil pastoral appartient au contexte des relations de service mutuel entre le curé et ses fidèles, cela n’aurait donc pas de sens de le considérer comme un organisme qui remplacerait le curé pour diriger la paroisse ou qui, adoptant le critère de la majorité conditionnerait en partie le rôle du curé » (n°26).

 

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Nous arrivons à la fin de ce long document. Comme une longue conclusion, le Cardinal appelle le prêtre à la sainteté. Qu’il veille à sa sainteté personnelle comme à celle de son troupeau. C’est là, dit le Cardinal, l’œuvre pastorale par excellence.

 

« Guidez les fidèles vers une vie intérieure solide sur la base des principes de la doctrine chrétienne tels qu’ils ont été vécus et enseignés par les saints est de loin l’œuvre pastorale la plus importante. » (n°27).

 

Qu’on se le dise.

Qu’on le répète.

 

C’est la sainteté des prêtres qui est première « sans prêtre vraiment saints, il serait bien difficile d’avoir un bon laïcat et tout serait comme éteint. » (n°27).

 

« Plus que jamais, il faut redécouvrir aujourd’hui que la prière, la vie sacramentelle, la méditation, le silence d’adoration, le cœur à cœur avec Notre Seigneur Jésus-Christ, l’exercice quotidien des vertus qui nous configurent à lui sont bien plus productifs que n’importe quelle discussion. » (n°27)

 

« … Il faut rappeler que l’âme de tout apostolat  est enraciné dans l’intimité divine, dans le fait de ne rien placer au-dessus de l’amour du Christ de chercher en toute chose la plus grande gloire de Dieu, de vivre la dynamique christocentrique de l’expression mariale : « Totus tuus. » (n°28).

 

 

 

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Voilà un rappel doctrinal des plus heureux et sur le sacerdoce et sur son apostolat.

 

Ce rappel, nul doute, fut écrit avec « affection », paternité, et grande expérience pastorale.

 

Eminence, ce que vous dites du prêtre et de son apostolat, Monseigneur Lefebvre nous le disait et nous l’enseignait.

 

Si vous le voulez bien, nous sommes à votre disposition ! Sans condition !

 

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