Saint
Michel Archange
« Quis ut Deus »
Qui est
comme Dieu?
Voilà
l’acclamation de Saint Michel, de l’archange Saint Michel.
Voilà
l’acclamation qui confesse la gloire de Dieu.
Voilà
l’acclamation qui confesse aussi la soumission, la docilité et l’humilité d’une créature vis-à-vis de Dieu.
Voilà
l’acclamation de l’adoration de Dieu.
Voilà
l’acclamation de la créature face à Dieu, la seule digne, due en justice.
Voilà les
idées théologiques que me suggèrent cette acclamation
de l’archange.
La transcendance
de Dieu.
L’adoration
qui lui est due.
La
confession de l’humilité de la création.
Voilà,
aussi, la liturgie en acte. Car cette acclamation de l’ange est essentiellement
liturgique. La liturgie est essentiellement un culte de louange. Cette acclamation
est l’expression de la liturgie céleste. Elle est l’expression de notre
liturgie romaine. Elle aussi nous fait confesser la gloire de Dieu. « Gloria in excelsis Deo » . Elle nous fait confesser sa Majesté. « Tu
solus altissimus », sa
Transcendance, sa Sainteté : « Tu solus
Sanctus ». Elle nous fait, tout
également, confesser notre humilité, notre condition de créature.
A)
Quis ut Deus.
Acclamation céleste. Le culte céleste
Ce cri de
l’archange « Quis ut Deus » est
l’acclamation de la liturgie céleste.
Oui, la
liturgie angélique, du Ciel, confesse la grandeur de Dieu, Sa Sainteté, Sa
Majesté, Sa Toute Puissance.
Il est
important de le savoir. Nous sommes tous, nous qui gardons la foi, appelés à
participer, un jour, à cette activité céleste, angélique, à cette adoration.
Car cette
adoration fait le Ciel. Cette adoration est le Ciel. Cette adoration est
l’objet du chant céleste. C’est le culte céleste.
Les anges
voient la Trinité Sainte. Et ils confessent ce Dieu d’amour comme « Celui
qui est , qui était et qui vient ». « Celui
par qui tout a été fait », comme le Créateur, le Tout-Puissant. Et
lorsqu’ils considèrent la « Sagesse Incarnée », qui a nom Jésus, ils
exaltent tout également Sa Grandeur, Sa Majesté, car le Père a tout remis entre
ses mains.. Ils le voient comme « le témoin
fidèles », « le premier né d’entre les morts » et « le
Prince des Rois de la terre ». Ils le considèrent dans son rôle
rédempteur, dans son acte sublime d’amour. Ils l’appellent « Celui qui nous
aime », « qui nous a lavés de nos pêchés par son sang » et celui
qui nous faits « rois et prêtres » de Dieu, son Père.
Mais , surtout, ils chantent sa gloire. « A lui
soient la gloire et la puissance aux siècles des siècles », c’est-à-dire
toujours. Car ils savent qu’il est « l’Alpha et l’Oméga », le
commencement et la fin. Qu’il est Celui qui est, qui était et qui vient. Qu’Il
est, en un mot, le Tout-Puissant. Nul ne lui échappera.
Là, ici, en
ce monde, le Fils de Dieu s’est fait humble, petit, dans la crèche. Il demeure
caché dans le tabernacle et autour de ce tabernacle, autour de cet autel se
déroule notre Liturgie « terrestre »
Mais, au
Ciel, Celui qu’ici, on adore dans son humilité, en raison même de sa faiblesse,
on l’adore dans sa Gloire, « exalté à la droite du Père, royal dans sa
fonction de Roi, de Grand Prêtre, dans sa fonction de Juge.
Écoutez
Saint Jean, dans son Apocalypse :
«
Quand je me fus retourné, je vis sept chandeliers d’or et au milieu des sept
chandeliers, quelqu’un qui ressemblait à un « fils d’homme ».
C’est le Messie, le Rédempteur, retourné dans sa gloire après son humiliation.
« Il était vêtu d’une longue robe –C’est le vêtement royal et sacerdotal.
Il est Roi et Prêtre- et ceint à la hauteur de la mamelle, d’une ceinture
d’or » -Ce qui indique la Majesté dans le repos. « Sa tête et ses
cheveux étaient blancs comme la laine blanche, comme de la neige » -Image
de la gloire céleste et de la pureté – « Et ses yeux étaient comme une
flamme de feu » - C’est l’emblème de la toute-science qui pénètre jusqu’au
fond des cœurs et de la sainteté qui y consume toute souillure-. « Ses
pieds étaient semblables à de l’airain qu’on aurait embrasé dans une
fournaise » - C’est dire que sa démarche est irrésistible- « et sa
voix était comme la voix des grandes eaux » -C’est-à-dire comme la voix
majestueuse de l’océan.-, « Il avait dans sa main droite sept
étoiles » - expression de sa puissance – « Dans sa bouche sortait une
épée aiguë à deux tranchants » -Symbole de la puissance de la parole de
Dieu qui juge, tue, guérit et vivifie-, « Et son visage était comme le
Soleil quand il brille dans sa force » -Image de la gloire céleste du Fils
de Dieu-(Ap,1,12-16)
Imaginez le
Ciel devant cette description du Fils de Dieu! Imaginez!
Saint Michel
acclame et ne peut qu’acclamer Dieu. « Qui est comme Dieu ». Et Saint
Jean, qui nous révèle ce Ciel, un peu du Ciel, tombe à ses pieds comme mort, la
face contre terre. Il adore, comme l’ange. Comme toute créature qui, devant la
gloire de Dieu, adore.
Mais Saint
Jean ne nous donne pas seulement cette description de Fils de Dieu, fait homme,
glorifié, il nous donne également le langage du Ciel. La liturgie est une
confession publique, une œuvre commune… Et devant ce langage, je comprends très
bien l’acclamation faite d’adoration de l’ange Saint Michel ainsi que
l’anéantissement de Saint Jean.
Écoutez les
paroles liturgiques du Ciel.
« Je
suis le premier et le dernier et le vivant. J’ai été mort et voici que je suis
vivant aux siècles des siècles… Je tiens les clefs de la mort et de l’enfer…. A
celui qui vaincra, je lui donnerai à manger de l’arbre de vie qui est dans le
Paradis de mon Dieu » Et qui est l’aliment toujours nouveau de notre
profond amour.
Oui.
Vraiment. Devant le personnage céleste et devant pareil langage, j’adore et
aime.
Mais ce
n’est pas tout. Saint Jean nous introduit, dans son Apocalypse, vraiment dans
le Ciel, devant le Trône de Dieu.
Lisez !
« Aussitôt
je fus ravi en esprit; et voici qu’un trône était dressé dans le ciel, et sur
ce trône quelqu’un était assis. Celui qui était assis avait l’aspect d’une
pierre de jaspe et de sardoine; et le trône était entouré d’un arc-en-ciel de
la couleur de l’émeraude. Autour du trône étaient vingt quatre trônes, et je
vis sur ces trônes vingt quatre vieillards assis, revêtus de vêtements blancs,
et sur leurs têtes des couronnes d’or. Du Trône sortent des éclairs, des voix
et des tonnerres; et sept lampes ardentes brûlent devant le trône : ce
sont les sept esprits de Dieu. Devant le trône s’étend comme une mer de verre
semblable à du cristal; et devant le trône et autour du trône se tiennent
quatre animaux couverts d’yeux devant et derrière. Le premier animal ressemble
à un lion, le second à un jeune taureau, le troisième à la face d’un homme et
le quatrième ressemble à un aigle qui voie… et ils ne cessent jour et nuit de
dire : « Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu, le
Tout-Puissant qui était, qui est et qui vient ». Quand les animaux rendent
gloire, honneur et actions de grâces à Celui qui est assis sur le trône, à
Celui qui vit aux siècles des siècles, les vingt quatre vieillards se
prosternent devant Celui qui est assis sur le trône, et adorent Celui qui vit
aux siècles des siècles et ils jettent leur couronne devant le trône, en
disant : « Vous êtes digne, notre Seigneur et notre Dieu de recevoir
l’honneur, la gloire et la puissance car c’est à cause de votre volonté
qu’elles ont eu l’existence et qu’elles ont été créées. » (Ap. 4,2 et ss)
Mais
encore :
« Puis
je vis dans la main droite de Celui qui était assis sur le trône un livre écrit
en dedans et en dehors, scellé de sept sceaux. Et je vis un ange puissant qui
criait d’une voix forte : « qui est digne d’ouvrir le livre et d’en rompre les sceaux?. Et personne ni dans le ciel ni sur la terre, ni sous la terre,
ne pouvait ouvrir le livre ni voir ce qu’il contenait. Et moi je pleurai
beaucoup de ce qu’il ne se trouvait personne qui fut digne d’ouvrir le livre ni
de voir ce qu’il contenait. Alors, un des vieillards me dit : «
Ne pleure point; voici que le lion de la tribu de Judas, le rejeton de David, a
vaincu, de manière à ouvrir le livre et ses sept sceaux. Et je vis, au
milieu du trône et des quatre animaux et au milieu des vieillards, un Agneau
qu’on aurait dit avoir été immolé; il avait sept cornes et sept yeux qui sont
les sept esprits de Dieu envoyés par toute la terre. Il vint et prit le livre
de la main droite de Celui qui était assis
sur le trône. Quand il eut pris le livre, les quatre animaux et les
vingt-quatre vieillards se prosternèrent devant l’Agneau… Et ils chantaient un
cantique nouveau disant : Vous êtes digne de prendre le livre et d’en
ouvrir les sceaux; car vous avez été immolé, et vous avez racheté pour Dieu par
votre sang les hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de
toute nation; et vous les avez faits rois et prêtres et ils règnent sur la
terre. Je vis et j’entendis autour du trône, autour des animaux et des
vieillards, la voix d’une multitude d’anges, et leur nombre était des myriades
de myriades et des milliers de milliers. Ils disaient d’une voix forte; «
l’Agneau qui a été immolé est digne de recevoir la puissance, la richesse, la
sagesse, la force, l’honneur, la gloire et la louange » et toutes les
créatures qui sont dans le ciel, sur la terre, sous la terre et dans la mer, et
toutes les choses qui s’y trouvent, je les entendis qui disaient : «
A Celui qui est assis sur le trône et à l’Agneau soient la louange, l’honneur,
la gloire et la force aux siècles des siècles!. Et les quatre animaux disaient : »Amen »
Et les vieillards se prosternèrent et adorèrent Celui qui vit aux siècles des
siècles ». (Ap. 5,1-14)
Voilà ce à
quoi me fait penser cette acclamation de Saint Michel : « Quis ut Deus ». Oui! Vraiment cette acclamation de
l’archange est bien une acclamation d’adoration, d’admiration, une confession
de la gloire de Dieu, de sa puissance, de sa majesté, de sa royauté. Mais aussi
une protestation d’humilité. Son humilité –connue- est une condition de son
chant d’adoration. La grandeur de Dieu est la cause de l’adoration de l’ange.
Sa propre humilité en est la condition. Sans humilité reconnue et confessée,
aucune adoration n’est possible de la part de toute créature. Le monde moderne
ne sait plus adorer parce qu’il vit dans l’orgueil.