De Lubac

 

« Tradition Vivante »

 

pris dans  « La Nouvelle Théologie », publication du Courrier de Rome

 

Annexe I

 

« L’éloge du Père  Henri de Lubac, un des « Pères » du Concile Vatican II ».

 

L’éloge

 

L’un après l’autre, les artisans du Concile Vatican II s’en vont. Après Chenu, Rahner, Urs von Balthasar, est venu le tour du Père Henri de Lubac S.J.

 

A chaque disparition s’élève un chœur  pour célébrer, avec les « fastes » de Vatican II, ces « célèbres théologiens » et pour obtenir à cette occasion leur « réhabilitation ». et aussi, ou peu s’en faut, la juste récompense pour les « persécutions » subies en 1950 de la  part du tyrannique saint-office et pour  la condamnation imméritée qui leur avait été infligée par le pape rétrograde Pie XII avec l’encyclique Humani Genris.

 

L’Osservatore Romano, 5 septembre 1991 rapportait en première page, les deux télégrammes envoyés par sa sainteté Jean-Paul II respectivement au Cardinal Lustiger, Archevêque de Paris, et au Père Komvenbach, Général de la Compagnie de Jésus, à l’occasion de la mort du « vénéré » cardinal.

 

Dans le premier télégramme on lit : « Me souvenant du long et fidèle service accompli par ce théologien qui a su recueillir le meilleur de la tradition catholique dans sa méditation sur l’Eglise et le monde moderne, je demande avec ferveur au Christ Sauveur de lui accorder la récompense de sa paix éternelle ».

 

Et dans le second télégramme :

« Au cours des années, j’avais vivement apprécié  la vaste culture, l’abnégation et la probité intellectuelle qui ont fait de ce religieux exemplaire un grand serviteur de l’Eglise notamment lors du concile Vatican II ».

 

A la page 6, la rédaction de l’Osservatore Romano donne le curriculum vitae et une note sur le disparu. On y lit : « L’activité scientifique et didactique du Père de Lubac connut un moment d’épreuve particulier autour des années 50, lorsqu’il eut à subir des attaques et à souffrir de  l’incompréhension, et qu’il perdit son poste d’enseignant. Son attitude humble et modeste , son sincère amour du Christ et de l’Eglise, lui méritèrent par la suite  d’être réhabilité sous le pontificat de Jean XXIII, qui lui rendit sa chaire à Lyon et le nomma premier conseiller de la Commission théologique préparatoire au Concile, et donc, « expert aux travaux du Concile lui-même ».

 

Cela suffisait. Cependant, l’Osservatore Romano, du 8 septembre, en page 3, revenait à la charge. Armando Rogobello, dans la rubrique « Témoins », sous le titre : « L’immense œuvre d’Henri de Lubac : « Un pensée qui a marqué la théologie et la culture » exalte « la tentative de relier de façon visible la réflexion théologique à l’expérience vécue à travers une analyse du rapport tiré de l’exercice concret de l’existence ».  Existentialisme ? Anthropologisme ? Devine qui peut.

 

Finalement l’Osservatore romano du 11 septembre mentionne la lettre envoyée par le pape, à l’occasion des obsèques de Henri de Lubac, au cardinal Poupart, Président du Conseil Pontifical pour la culture et du Conseil pour le Dialogue avec les Non-Croyants : « J’ai voulu m’associer à ses obsèques, célébrées à Paris, en vous demandant de me représenter personnellement au nom de l’amitié profonde qui m’a lié à lui (de Lubac) depuis de longues années. L’attention toujours en éveil, il avait parcouru les voies de l’enseignement des Pères et des auteurs médiévaux, il avait su s’appuyer sur une connaissance pénétrante des grands auteurs modernes, pour nourrir une réflexion personnelle qui s’est inscrite de manière lumineuse dans la Tradition vivante (sic). Tout cela lui permit d’apporter une collaboration appréciée et fructueuse au deuxième Concile du Vatican ».

 

Le chœur

 

Après les éloges et les jugements favorables de Jean-Paul II, la presse « de cour », toujours en harmonie avec le triomphalisme de l’Eglise « conciliaire »  a eu beau jeu de préparer le cliché, diffusé par exemple par l’agence très de gauche : Adista 12-14 septembre p. 3 : Henri de Lubac a été « un des  inspirateurs du concile Vativan II avec le dominicain Marie Dominique Chenu, Karl Rahner, Hans Urs von Balthasar et Yves Congar » mais au début  des années 50, il était avec les autres représentants de la Nouvelle Théologie  «  le point de mire du saint-Office » : « en 1946, il avait publié « Surnaturel » et de Rome, étaient  tout de suite tombées les accusations de modernisme et d’anti-thomisme. Henri de Lubac soutenait une thèse qui, en ces années d’une étroitesse suffocante et d’une mesquinerie contre-réformiste, apparaît révolutionnaire…La persécution et le soupçon durèrent presque une décennie », mais « avec le vent nouveau du Concile, Henri de Lubac retrouva la confiance, l’estime, la diffusion de ses idées ». Il n’y a de vrai dans ce reportage d’Adista que l’affirmation selon laquelle la conception (fausse) du surnaturel chez Henri de Lubac « devient une « relativisation » du pouvoir de l’Eglise de fournir le salut ».  C’est là en fait, ainsi que nous le verrons, un des « services » rendus par Henri de Lubac à l’Eglise.

 

Pire encore, l’article de Il  Sabato du 14 septembre dernier, pages 82-83 : on y lit les « injustes mises à l’écart » auxquelles Henri de Lubac aurait répondu : « toujours avec obéissance » et  - ajoute-t-on – « cette docilité vaut peut-être plus que son extraordinaire œuvre théologique » ;

 

Ici aussi il n’y a que le titre qui soit exact : « Le Père de Lubac et sa bande » ainsi que le fond de l’accusation qui leur était adressée, « une conspiration qui menaçait l’Eglise, en la privant de sa Sainte Tradition ». Toujours dans Il Sabato, le jugement critique, porté par le Cardinal – et théologien – Giuseppe Siri sur Henri de Lubac est également mal rapporté. Il suffit de voir le titre « les doutes de Siri ». Plus que des doutes ! Il s’agit  - nous le verrons  - d’une réfutation paisible mais définitive de la « nouvelle théologie », de celle de Henri de Lubac en particulier. Quant à Pie XII –p. 83 – on lit : « Pie XII, qui pourtant n’éprouvait aucune sympathie pour lui, refusa de le condamner ». Ainsi l’Encyclique Humani generis qui, au contraire, est justement la condamnation de Henri de Lubac et de sa « bande », devient le fruit de… l’antipathie personnelle du pape Pacelli. Pauvre Pie XII ! pauvre Eglise ! pauvres catholiques aujourd’hui si trompés de tous les côtés ! 

 

La « bande de Henri de Lubac.

 

Dans ce climat officiel de mensonge, nous commencerons par rétablir les vérités les plus élémentaires.
La nouvelle théologie naît en France entre 1945 et 1950  a ses représentants chez les jésuites : de Lubac, Daniélou, Von Balthasar, Bouillard, Fessard, etc, tous de l’école théologique des Jésuites de Fourvière à Lyon. En 1946, dans le revue des jésuites français Etudes, Daniélou, que le pape Montini fera cardinal, illustre le programme de la « nouvelle théologie », sous le titre : « les orientations présentes de la pensée religieuse :

- reniement de la « vieille théologie », accusée d’être étrangère à la vie ;

- élaboration d’une nouvelle théologie correspondant aux aspirations de la conscience moderne, qui veut plus d’histoire que de théories, plus d’adhésion à l’existence concrète que d’abstractions, plus de psychologie que de métaphysique ;

-  retour aux sources, c’est-à-dire à l’Ecriture sainte et aux Pères, avec  lesquels la Scolastique aurait perdu le contact, ainsi que retour à l’ancienne liturgie : tout ici derait plus vivant et moderne en raison  du sens  historique, du contact avec la vie, des tendances communautaires et sociales, tout à fait inconnues  - affirme –t-on  - des Scolastiques, y compris de saint Thomas ;

-  refus de tout caractère hellénistique de la théologie, que la scolastique aurait lié à l’immobilité de la pensée grecque, et, par suite, assimilation des courants philosophiques modernes, y compris le marxisme et l’existentialisme.

Daniélou exposait le début et le modèle de ce travail du renouveau dans deux collections dont s’occupaient surtout les jésuites : « Sources chrétiennes et Théologie, auxquelles participaient grandement Daniélou lui-même et aussi le Père de Lubac S.J.

 

Les opposants dénoncent la réviviscence du modernisme.

 

Aux jésuites de la « nouvelle théologie », écrit le moderniste Giacoùmo Martina S.J. « s’opposait le groupe dominicain de l’Angelicum de Rome avec Garrigou-Lagrange, le Père Labourdette, le Père Cordovani (théologien de palais de Pie XII) soutenus par la faculté de théologie d’Angers et par un ou deux professeurs de la Grégorienne » (Vativan II. Bilan et perspectives, ed. Cittadella, Assise 1987).

En France, souvenons-nous, les dominicains de la Revue thomiste  s’opposèrent au passage à la « nouvelle théologie » : c’étaient Nicolas  Bruckberg, Labourdette, déjà mentionné plus haut, qui rassemblaient  les réparties de la controverses avec lesjésuites dans l’opuscule Dialogue théologique.

 

Voici les critiques adressées par les  théologiens dominicains à Henri de Lubac et à sa « bande ». :

 

1)le prétendu « retour aux sources » c’est-à-dire à l’Ecriture Sainte et à la Patristique, se concrétise dans le refus de toute l’admirable réflexion théologique mûrie pendant deux mille ans, sous l’impulsion et la direction du Magistère de l’Eglise et donc, en dernière analyse, dans le refus de ce même  Magistère. Pie XII dans l’Encyclique Humani Genris le souligna : « Les amateurs de nouveauté passent facilement du mépris  de la théologie  scolastique au manque d’égards et même au mépris  à l’égard du magistère de l’Eglise, qui a si fortement appuyé de son autorité cette théologie » ;

 

2) la prétendue nécessité de mettre à la mode les expressions  et les formules théologiques pour les harmoniser avec les nouveaux systèmes philosophiques se traduit dans l’évolutionnisme ou relativisme dogmatique : le critère de vérité n’est pas la conformité avec la Vérité révélée, mais la…modernité.

«  Une théologie qui ne serait pas actuelle serait une fausse théologie » avait clairement écrit l’un des membres de la « bande », Bouillard, dans son livre de la collection Théologie (p. 219). Avec la « nouvelle théologie »  les instances du modernisme qui s’enracine à nouveau dans l’ombre après  le coup énergique porté par Saint Pie X dans l’Encyclique Pascendi, ressurgissent avec violence dans  « un climat de rébellion contre le passé et de soif de nouveauté », dans « une fermentation qui prélude à la véritable crise » écrivait le cardinal Parente deux ans après Humani Generis (la Théologie, ed. Studium, Rome 1952, p. 62) et aujourd’hui un théologien protestant n’a pas hésité à voir en Henri de Lubac et en Daniélou les pères du néo-modernisme.

 

La condamnation

 

« C’est dans ce climat de polémiques… et contre ces courants fortement innovateurs qu’a mûri et qu’a été publiée le 12 Août 1950 l’encyclique Humani Generis » écrit le néo-moderniste Père Giacomo Martina S.J., pour qui les « conséquences » de la grande Encyclique, « furent grandes et dans l’ensemble fortement négatives » (op. cit. pp.56 sq.).

 

Humani Generis, au contraire, atteste que Pie XII avait eu « la sensation rapide et précise d’un danger actuel » et dans sa magnifique encyclique, il fit « en temps utile le diagnostic du mal en voie de se manifester d’une manière symptomatique » (Pietro Parente op. cit.).

 

L’Encyclique Pascendi avait démasqué les modernistes, Humani Generis démasque les néo-modernistes, qui « s’attachant plus qu’il ne faut aux nouveautés, ou même qui, craignant de passer pour ignorer les découvertes faites par la science… s’efforcent de se soustraire à la direction du Magistère et trouvent, à cause de cela, en danger de s’éloigner insensiblement des vérités révélées et d’entraîner dans l’erreur les autres aussi » ; « enflammés d’un irénismeimprudent, certains semblent considérer comme des obstacles à la restauration de l’unité fraternelle ce qui en fait est fondé sur les lois mêmes et les principes posés par le Christ et sur les institutions établies par Lui, ou bien constitue la défense et le soutien de l’intégrité de la foi et ne saurait, en disparaissant, – continue Pie XII, et cela ressemble à une prophétie – qu’assurer l’union dans la ruine ».

 

Il apparaît tout de suite évident que la terrible crise de l’après concile aurait été épargnée à l’Église si le Magistère de Pie XII, parfaitement aligné sur celui de ses prédécesseurs et en particulier Pascendi de Saint Pie X, n’avait pas été méprisé, et si l’ « humble » Henri de Lubac, qui aujourd’hui nous est proposé comme modèle de « docilité » et « d’obéissance », ne s’était pas obstiné à « servir » l’Église selon son propre point de vue, et non comme l’Église voulait être servie et lui demandait de la servir.

 

Sous l’archéologisme théologique, l’évolutionnisme doctrinal.

 

Aujourd’hui, nous voyons Henri de Lubac exalté pour son « attention toujours éveillée à l’enseignement des Pères et des auteurs du Moyen-Âge » (L’Osservatore Romano, 11 Septembre 1991).

 

Attention toujours éveillée, oui, mais pour exalter la patristique, moins rigoureuse, moins systématique et donc plus élastique et plus flexible devant les « nouveautés » et accuser au contraire d’ostracisme la scolastique, qui ne permettait pas à la « bande » d’Henri de Lubac de « courir derrière les systèmes et les tendances turbulentes de la pensée moderne » (P. Parente, op. cit.), ou, ainsi que s’exprimait le Père Charles Boyer S.J. de « monter à bord successivement de tous les navires qui passent sous les pavillons les plus divers » (Les leçons de  l’Encyclique ‘Humani Generis’ in Gregorianum XXXI, 1950).

 

« Certains – écrit Pie XII – entendent… libérer le dogme lui-même de la manière de s’exprimer en usage dans l’Église depuis longtemps et des concepts philosophiques en vigueur chez les Docteurs catholiques, pour retourner dans l’exposition de la doctrine catholique aux expressions employées par la Sainte Écriture et par les Pères »  dans l’espoir « que le dogme, dépouillé des éléments qu’ils appellent extrinsèques à la révélation, puisse être avec fruit comparé aux opinions dogmatiques de ceux qui sont séparés de l’unité de l’Église » et « de cette manière donner le moyen de satisfaire aux besoins actuels en exprimant le dogme dans les notions de la philosophie actuelle ».

 

Les fruits de ces deux funestes utopies – l’œcuménisme et l’aggiornamento – sont aujourd’hui sous nos yeux dans la destruction de tout le solide corps de doctrine de l’Église catholique.

 

Pie XII alors, par l’Encyclique Humani Generis, en dévoila les fondements hérétiques :

 

1) le relativisme dogmatique, qui fait du dogme un « roseau agité par le vent » : « jamais les mystères de la foi, prétendent-ils, ne peuvent être exprimés en termes vrais mais seulement en termes approximatifs, et toujours changeables » ;

 

2) la négation du magistère infaillible de l’Église : en fait, affirmer la nécessité d’un retour aux sources, qui rompe avec l’hérédité théologique de l’Église, c’est nier l’infaillibilité de ce Magistère que « Dieu en même temps que les sources sacrées a donné à son Église » pour garder, transmettre et expliquer au cours des siècles le dépôt de la Foi [Premier Concile du Vatican].

 

Aujourd’hui, avec la « réhabilitation » des « nouveaux théologiens » contre l’encyclique Humani Generis de Pie XII, nous vivons exactement dans ce climat hérétique d’évolutionnisme doctrinal et de reniement du Magistère traditionnel de l’Église ; c’est pourquoi le cardinal Siri, appliquant l’avertissement de Pie XII à nos jours, écrivait : « ce qui fut sûr dans la doctrine théologique à l’ouverture du Concile doit rester sûr et ne peut pas changer. En fait, cette certitude engage l’autorité du Magistère ecclésiastique qui a approuvé soit directement, soit indirectement toutes ces vérités et engage toutes les promesses du Sauveur sur l’indéfectibilité et l’infaillibilité de l’Église » (La Giovinezza della Chiesa, Giardini,ed. Pisa vol. I ; p 113).

 

 

Le « surnaturel » naturalisé.

 

Dans son ouvrage très connu Surnaturel (Aubier 1946), Henri de Lubac nie la gratuité du surnaturel et par conséquent nie la distinction fondamentale entre l’ordre naturel et l’ordre surnaturel, considérée par l’Église comme immuable. Il résulte de la position de Henri de Lubac que le surnaturel est naturalisé et que, sans être nié, il est cependant considéré comme une partie complémentaire de la nature humaine, erreur qu’avaient déjà commise Baïus, Luther, les modernistes.

 

Pie XII dans Humani Generis exposa et condamna clairement l’erreur de Henri de Lubac : « D’autres déforment la vraie notion de la gratuité de l’ordre surnaturel, quand ils prétendent que Dieu ne peut créer des êtres doués d’intelligence, sans les ordonner et les appeler à la vision béatifique ». Mais le « docile » et « obéissant » Henri de Lubac, ce « fidèle et grand serviteur » de l’Église, ne tint aucun compte du Magistère de Pie XII, de même qu’il n’avait fait aucun cas du passage de l’Encyclique Pascendi qui, niant une exigence du surnaturel dans la nature humaine, avait condamné par anticipation sa thèse (Dz.-U 2103). Il a donné ainsi à l’Église une couvée de théologiens niant le surnaturel et humanisant le divin, du genre de Karl Rahner, auteur du « Tournant anthropologique » en théologie, qui n’est rien d’autre que l’effondrement de la théologie catholique (cf. C. Fabro La Svolta antropologica de K. Rahner, ed. Rusconi).

 

C’est le même… Osservatore Romano du 8 Septembre 1991 qui reconnaît un tel « mérite » à Henri de Lubac. A. Rigobello, dans l’article déjà cité, y rapporte la phrase suivante de Walter Kasper, désormais docteur accrédité de l’ « Église conciliaire » : « Henri de Lubac est sans l’ombre d’un doute un des plus grands fondateurs de la théologie catholique contemporaine. Ni Karl Rahner [et – pourquoi l’oublier ? – son ingénu et plus grossier disciple Hans Küng] ni encore moins Hans Urs von Balthasar ne sont pensables sans lui » (Préface à A. Russo  Henri de Lubac : théologie et dogme dans l’histoire. L’influence de Blondel. Ed. Studium, Rome 1990).

 

Donc, le Cardinal Siri avait pleinement raison quand, dans Gethsémani, il unissait la critique soutenue par la théologie « nouvelle » de Henri de Lubac avec celle de l’existentialisme de Karl Rahner S.J. !

 

De la dévaluation de l’Église à la négation de l’ »Extra Ecclesiam nulla salus »

 

Effectivement, sans Henri de Lubac et sa « bande », cette humanisation du divin, que K. Rahner S.J. a poussée, dans la logique de l’erreur, à ses ultimes conséquences, aurait été impensable : « Dieu et la grâce du Christ sont, en toutes choses, comme l’essence secrète de chaque réalité [...]. Celui qui, donc [même s’il est loin de la Révélation et de l’Église] accepte son existence, donc son humanité... celui-là, tout en ne le sachant pas, dit oui au Christ ». (Théologie de l’Incarnation, dans Saggi di Cristologia... ed.Paoline, II ed., Rome 1967, p. 129).

 

« On comprend bien – écrit le cardinal Siri – comment dérive de tout cela, peut-être subtilement, mais nettement, l’inutilité de l’acte de foi [...]. L’acte de foi devient inutile parce que dans mon essence il y a Dieu [...]. Si j’accepte le Christ, par le simple fait « d’accepter mon essence », l’acte de foi est un non sens ». (G. Siri Gethsémani – Réflexion sur le mouvement théologique contemporain. Fraternité de la Très Sainte Vierge Marie). Voilà pourquoi – disions-nous plus haut – la revue Adista a pleinement raison lorsqu’elle écrit… en louange au disparu qu’en Henri de Lubac la conception du surnaturel « devient une relativisation du pouvoir qu’a l’Église d’apporter le salut » ou, en d’autres termes, mène à la négation du dogme de foi divine et catholique « Extra Ecclesiam nulla salus », « en dehors de l’Église, il n’y a pas de salut » ; erreur ainsi condamné par Pie XII dans sa grande Encyclique : « quelques-uns réduisent à une vaine formule la nécessité d’appartenir à l’Église pour arriver au salut éternel ». Pour Henri de Lubac, en fait – il le soulignait encore, comme  nous  le  verrons,  dans une  de ses  dernières  interviews    la  Lumen  Gentium,  « la

 lumière des Gentilsn’est pas l’Église. C’est le Christ » (voir Il Sabato cit.). Et pourtant c’est Jésus lui-même, dans les Saints Évangiles qui lui donne tort : « Vous êtes la lumière du monde » dit Jésus à ses Apôtres (Mt 5, 14) et « Qui vous écoute, M’écoute et qui vous méprise Me méprise » (Lc 10, 16). Mais grâce au « long et fidèle service » de Henri de Lubac, cette dévalorisation du pouvoir salvifique de l’Église, cette négation de l’Extra Ecclesiam nulla Salus, est aujourd’hui l’âme et le fondement de l’œcuménisme désastreux, qui veut tout rassembler, non plus dans « la seule arche de salut », l’Église mais « autour du Christ ». Quel Christ ? on ne le sait pas, étant donné que si l’Église n’existe pas sans le Christ, le Christ n’est jamais sans Son Église, ni ne peut se trouver en dehors d’elle.

 

L’invention de la « Tradition vivante »

 

De même que le « surnaturel » de Henri de Lubac est la négation de la notion catholique de surnaturel, ainsi sa « Tradition » est la négation de la notion catholique de Tradition, ainsi qu’elle fut définie par le Concile de Trente et par le Premier Concile du Vatican. Henri de Lubac, en fait, est l’inventeur de cette inacceptable « Tradition vivante », qui aujourd’hui voudrait être accréditée dans l’Église catholique, mais qui autrefois fut l’objet de polémiques entre Henri de Lubac et son confrère jésuite le Père Charles Boyer, excellent théologien et recteur de l’Université Pontificale Grégorienne. Cette polémique, avec Humani Generis, fut au centre de la seconde Semaine Théologique qui s’est tenue à la Grégorienne du 24 au 28 Septembre 1955 (voir Le développement du Dogme selon la doctrine catholique, ed. Grégorienne 1953). Le Père M. Flick S.J., dans son rapport d’introduction, illustrait ainsi la position d’Henri de Lubac qui avait contesté la position parfaitement catholique de Boyer : « L’affirmation principale [celle de Henri de Lubac] semble être celle-ci : que les croyances ultérieures de l’Église ne doivent pas nécessairement être liées par un lien logique à ce qu’elle a toujours cru explicitement dès les premiers siècles » (p. 19, Henri de Lubac. Bulletin de Théologie fondamentale. Recherches de sciences religieuses [1948], pp 130 sq ; pour la position opposée de Boyer., voir Gregorianum XXI, 1940, pp. 255 sq.).

 

Le Père Boyer avait répliqué à Henri de Lubac qu’ « il est impossible d’affirmer que la vérité révélée se transmette depuis le temps des Apôtres « eodem sensu eademque sententia » (Ier Concile du Vatican) si l’on n’admet pas un lien logique, ou tout du moins de convenance, entre la doctrine proposée aujourd’hui à notre foi et celle qui a été prêchée par les Apôtres » [voir p. 90 C. Boyer. Sur un article des recherches de science religieuse, in Gregorianum XXIX [1946] pp. 152 sq.].

 

Cette polémique, qui fut peut-être ignorée de beaucoup, et qui est désormais oubliée par d’autres, est d’un très grand intérêt actuellement pour l’Église. La négation d’Henri de Lubac sur la nécessité d’un lien logique entre ce que l’Église enseigne aujourd’hui et ce qu’elle a enseigné hier, nous amène en fait tout droit à la notion actuelle de « Tradition vivante », laquelle « Tradition vivante » n’est plus, comme la théologie catholique l’a toujours enseigné, le Magistère de l’Église vivant et traditionnel en même temps, c’est-à-dire le Magistère qui reçoit le dépôt de la foi, le garde, enseigne les vérités qu’il contient (et s’il le faut les explique et les définit) puis le transmet aux générations suivantes, mais il devient le seul Magistère actuel, sans aucun lien logique nécessaire avec la transmission de la Révélation dans les âges écoulés.

 

Il est évident que la « Tradition vivante » est la négation de toute Tradition dans l’Église. Elle est seulement un déguisement, même pas très habile, de l’évolutionnisme dogmatique : l’adjectif, en fait, exclut le substantif parce que la « Tradition vivante » ou encore le Magistère ainsi compris, est vivant, mais non traditionnel ; il ne reçoit ni ne doit plus transmettre le dépôt de la foi, mais il… l’invente, ou du moins il est libre de l’inventer. Sans le lien logique nécessaire avec le passé – observait le Père Boyer – il n’est plus possible de parler de développement dogmatique, mais on doit parler de « nouveauté radicale et de création ». (Qu’est-ce que la Théologie ? Réflexion sur une controverse. Gregorianum t. 21 1940, pp. 264-65). Et alors on comprend comment les « Papes d’aujourd’hui » peuvent ne tenir aucun compte des « Papes d’hier », et même les contredire et exiger des catholiques obéissance contre le Magistère constant de leurs prédécesseurs.

 

« D’autres plus audacieux, – écrivait Pie XII dans Humani Generis ne jugent pas absurde, mais au contraire absolument nécessaire que la théologie, selon les diverses philosophies dont au cours des temps elle se sert comme d’instruments, substitue de nouvelles notions aux anciennes, de telle sorte que sous des modes divers ou même dans une certaine mesure opposés, mais équivalents selon eux, elle exprime de manière humaine les mêmes vérités divines ». Dans quel sens faut-il entendre ces « mêmes » ? Ce serait aux néo-modernistes à l’expliquer, s’ils n’avaient pas perdu, avec la logique, la peur des contradictions. De toute façon, il reste au Père Boyer S.J. le mérite d’avoir reconnu et montré dans la négation de la Tradition l’erreur principale d’Henri de Lubac et de sa « bande » : « Nous ne voudrions rien ajouter à l’encyclique [de Pie XII] – écrivait-il – mais il nous semble qu’on lui donnera difficilement raison, si on nie la nécessité d’un lien logique, au moins de convenance, que l’Église interprète entre la proposition enseignée par le Magistère et le passage de l’Écriture ou de la Tradition dans laquelle cette proposition était au moins implicite ». (Les leçons de l’encyclique Humani Generis, Gregorianum XXXI 1950). Ainsi grâce au « long et fidèle service » d’Henri de Lubac, nous voyons aujourd’hui érigé dans la Sainte Église de Dieu, ce fantôme moderne de la « Tradition vivante » impalpable, incontrôlable, idôlatré et jamais défini ; érigé à la place de la seule Tradition apostolique, du depositum Fidei, que Saint Paul remercie le Seigneur d’avoir conservé intact et qu’il recommande à Timotée de « conserver intact » lui aussi . La Tradition apostolique, c’est l’ensemble des vérités révélées par Dieu et fidèlement transmises par le Magistère au cours des siècles et la Tradition vivante, c’est une simple tromperie pour installer le néo-modernisme, la « nouvelle théologie », c’est-à-dire l’hérésie théologique et, disons-le aussi, l’hérésie dans le domaine immaculé de l’Église du « Dieu vivant, colonne et soutien de la vérité » (1 Tim 3, 15).

 

Ils avaient donc vu juste ces théologiens qui autrefois accusèrent Henri de Lubac – ainsi que le rappelle Il Sabato cité plus haut – d’ « une conspiration qui menaçait l’Église en la privant de sa sainte Tradition ».

 

Le mépris de la Rome catholique.

 

Puisqu’il en est ainsi, il n’y a pas à s’étonner si dans « ces années de fermeture asphyxiante et de mesquinerie conformiste [ lire orthodoxie ] » (Adista cit.), la « mesquinerie conformiste d’esprit de certains théologiens timorés [ qui correspondaient à l’esprit et au nom d’un Garrigou-Lagrange, d’un Labourdette, d’un Cordovani, etc. ] donna l’alarme aux autorités romaines » (Il Sabato cit.). Ces « autorités romaines » ou plus précisément Pie XII, après avoir condamné les erreurs du Père de Lubac et de sa « bande », concluait ainsi solennellement l’Encyclique Humani Generis :

 

« Pour ne point faillir aux devoirs sacrés de Notre charge, Nous enjoignions aux Évêques et aux Supérieurs généraux d’Ordres et d’Instituts religieux, leur en faisant une grave obligation de conscience, de veiller avec le plus grand soin à ce qu’on ne soutienne point les doctrines de ce genre dans les classes, dans les réunions ou par quelques écrits que ce soit, ni qu’on les enseigne de quelque façon que ce soit aux clercs ou aux fidèles.

 

Les professeurs d’Institut ecclésiastiques se rappelleront qu’ils ne peuvent, avec tranquillité de conscience, exercer l’office de professeur qui leur est confié, que s’ils acceptent religieusement et gardent exactement dans leur enseignement, les normes de pensée que Nous avons statuées. Et comme ils doivent respect et soumission au magistère de l’Église, en leur travail de chaque jour, ils doivent aussi en imprégner l’esprit et le cœur de leurs disciples ».

 

Quelles ont été la « vénération » et « l’obéissance » d’Henri de Lubac envers le « plus grave des avertissements » (Labourdette) tombé de la chaire de Pierre, sous le Pontificat de Pie XII, nous n’aurons pas besoin de le démontrer. Et en vérité – devons-nous ajouter – les ecclésiastiques aujourd’hui au pouvoir dans l’Église et qui exigent une obéissance, qui ne leur est pas due, au détriment du Magistère Traditionnel sont ceux qui ont désobéi hier, ceux qui – enseignants ou élèves – méprisèrent et rendirent vain l’enseignement de l’encyclique Humani Generis de Pie XII. Ceci explique pourquoi tant de contempteurs de la Rome catholique, du Saint-Office, du Suprême Pontife Pie XII lui-même, nous les avons vus – qui aurait jamais pu l’imaginer ? – exaltés, loués (faut-il ensuite s’étonner de voir une telle « fumée de Satan » dans la Sainte Église de Dieu ?), même parmi les membres du collège cardinalice.

 

Le mépris d’Henri de Lubac pour la Rome Catholique eut l’occasion de se manifester également dans l’apologie obstinée et malhonnête de Teilhard de Chardin S.J. contre le Saint-Office, qui le 30 Juin 1962 avait émis un Monitum, déclarant ses œuvres « pleines d’ambiguïté et de graves erreurs » avec l’exhortation aux Évêques, aux Supérieurs des Ordres et des Instituts religieux, aux Recteurs des Séminaires et des Universités de préserver les âmes, en particulier des jeunes, des dangers venant des écrits de Teilhard.

 

En 1965 Mgr André Combes, de l’Institut Catholique de Paris et de l’université du Latran, a démontré de façon irrécusable les falsifications faites par Henri de Lubac pour accréditer sa défense de Teilhard (voir Les Études philosophiques, Août 1965 ; l’étude de Combes, avec l’ajout d’une grande note, fut publié à nouveau dans La Pensée catholique N° 108, 1967). Mgr Pier Carlo Landucci en parlait ainsi dans Palestra del Clero 1er Décembre 1967) :

 

« Parmi les maîtres, dans l’art de la falsification de la pensée de Teilhard pour le défendre, Combes place, durement, en première ligne le Père de Lubac, qui est peut-être le principal responsable de la sympathie plus ou moins ouverte dont il continue à jouir dans le domaine catholique, même italien. L’habileté des apologistes de Teilhard, dit Combes, n’est égalée que par leur indifférence envers la véritable signification des textes qu’ils prétendent expliquer. Le Père de Lubac est passé maître dans cet art particulier. Il n’est pas le seul, mais son talent demeure, me semble-t-il, sans égal ».

 

D’autre part, sur la « probité intellectuelle » de Henri de Lubac, de Broglie avait déjà eu des doutes ; lui qui dans De fine ultimo humanae vitae (Paris 1948) s’était vu contraint de démonter que Henri de Lubac avait altéré la pensée de Saint Thomas pour soutenir sa thèse du « surnaturel » naturalisé (cf. Encyclopédie Catholique, mot ordre surnaturel).

 

La « cordée » néo-moderniste de Montini

 

Qui relit Humani Generis se rend compte que les erreurs si admirablement dénoncées et si clairement condamnées par Pie XII ont envahi et dominent aujourd’hui un monde qui se prétend pourtant encore « catholique ». Comment une telle « mutatio », un tel changement, qui n’est certes pas l’œuvre de Dieu, a-t-il été possible ?

Le fait est que les « innovateurs étaient regardés avec sympathie par les milieux ouverts… par les défenseurs des prêtres-ouvriers ». Parmi ceux-ci se trouvait G. B. Montini, alors substitut à la Secrétairerie d’État, qui commenta ainsi avec Guitton – c’est le jésuiste Martina qui en témoigne – l’encyclique Humani Generis : « L’Encyclique voulait seulement montrer des dangers à éviter, pour pouvoir continuer avec sûreté sur le chemin déjà commencé ; le document avait un ton très différent de celui de l’Encyclique Pascendi. Mais son effort – continuait Martina – pour réduire la portée de l’intervention pontificale ne devait pas plaire à Pie XII qui se plaignit auprès du directeur de la Civiltà Cattolica des efforts faits pour amoindrir la portée de son document » (op. cit. pp 56 sq).

 

Après avoir été éloigné de la Secrétairerie d’État, Montini, depuis son nouveau siège de Milan, où il fut archevêque mais non pas cardinal jusqu’à la mort de Pie XII, continua son travail de sabotage, ainsi que le montre Urs Von Balthasar lui-même, ex-jésuite et membre  lui aussi de la « bande », dans son livre « La tradition source de renouveau », (Jaka book, Milan 1978, p. 9).

 

« Le Père Garrigou-Lagrange lançait contre Henri de Lubac et ses amis [Congar, Chenu, Mouroux, Chavasse… !! voir p. 12] le mot d’ordre de « Nouvelle Théologie » (1946) ; le pape, irrité, attaqua [sic !]… Avec Humani Generis, la foudre s’abattit sur le scolasticat lyonnais et Henri de Lubac [ pauvre innocent ! ] fut montré comme le principal bouc émissaire. Ses livres diffamés furent enlevés des bibliothèques de la Compagnie de Jésus et leur vente fut interdite… mais « de la part de l’archevêque Montini arrivèrent des paroles d’adhésion et d’encouragement (ce fut lui qui, plus tard, devenu le pape Paul VI, insista pour que Henri de Lubac parlât sur Teilhard de Chardin lors de la conclusion du congrès thomiste, dans la grande salle de la chancellerie)… ». Montini était enthousiaste du « Surnaturel » de Henri de Lubac, livre qui, pour le Père Charles Boyer S.J. « aurait dû être mis à l’index » (G. Martina S.J. op. cit. p. 58 note 42).

 

L’ascension de Montini au pontificat donna le signal du départ à la… cordée néo-moderniste, ainsi que l’atteste le jésuite R. Latourelle, dans l’Introduction au livre de Martina que nous avons déjà cité : « surtout le nombre des experts augmenta considérablement, il passa de 201 en Septembre 1962 à 480 à la fin du Concile. Beaucoup de théologiens de grande renommée [ lire : de la nouvelle théologie ] entrèrent ainsi progressivement dans le cercle des experts, grâce à l’influence discrète de Paul VI qui leur montrait son approbation en les recevant en audiences privées, en concélébrant avec eux, en louant leur collaboration. Cette confiance du Pape trouva son couronnement dans la création d’une Commission Pontificale Théologique Internationale, et dans l’élévation au cardinalat de certains d’entre eux : par exemple, les cardinaux Danielou et de Lubac ». Créés cardinaux, sans avoir rétracté une seule de leurs erreurs, mais bien plutôt « grâce » à leurs erreurs. Ainsi Henri de Lubac, désormais « sur ses 90 ans » dans l’interview à la revue 30 Giorni de Novembre 1985, pouvait en tant que Cardinal, maintenir toutes ses thèses hérétiques, déjà condamnées par Pie XII dans Humani Generis, sur le retour aux « sources vives de la tradition catholique » (sautant à pieds joints par-dessus deux mille ans d’approfondissement théologique et d’enseignement du Magistère), sur le « surnaturel » que Vatican II nomme très peu (et c’est vrai) pour exclure tout ce qui semblerait prendre position pour un parti ou un autre lors des disputes anciennes » (peu importe que l’un des deux partis – celui opposé à Henri de Lubac – ait déjà été « approuvé » par la doctrine traditionnelle catholique et finalement par Pie XII), sur l’Encyclique Lumen Gentium, qui « n’est pas l’Église, c’est le Christ » (comme si la foi dans le Christ pouvait se trouver « pure et immaculée » en dehors de l’Église, « colonne et fondement de la vérité », voir Pie XI Mitt Brennender Sorge 1937) etc, etc…

 

Vaine tentative.

 

Maintenant Henri de Lubac est parti, au faîte de la gloire, « théologien » loué et cardinal pour la honte de la Sainte Église Romaine, mais en réalité préoccupé de la tournure prise par l’après-concile. Dans l’interview à 30 Giorni, il s’obstine à faire la distinction entre un Concile et un « para-concile » qui aurait trahi le Concile authentique (thèse chère au cardinal Ratzinger) ; il parle d’attentes déçues, d’interprétations exagérées. Vaine, inutile tentative de désaveu de sa « paternité » : les monstres déchaînés dans l’après-concile sont tous les fils légitimes de la « nouvelle théologie », c’est-à-dire de la pseudo-théologie et surtout, de le désobéissance du Père de Lubac et de sa bande à l’égard du Magistère Romain.

 

 

Placidus (art. tiré du livre « Nouvelle Théologie » du Courrier de Rome)