« Un droit de citoyenneté » pour la critique du Concile

 

A la sortie de la messe célébrée par le cardinal Castrillón, samedi dernier, à Sainte-Marie-Majeure, un prêtre français résumait comme ceci les propos du préfet de la congrégation du Clergé sur le « droit de citoyenneté » de la messe de saint Pie V dans l’Eglise : « Il a banalisé la messe tridentine ». C’est ce que désirent, en effet, le cardinal Castrillón et les prélats qui lui sont proches, le cardinal Ratzinger, le cardinal Medina, le cardinal Arinze : que le rite de saint Pie V soit considéré comme un rite parmi les autres. Leurs déclarations à des journalistes, sans parler des conversations privées, vont en ce sens. Si l’on en croit le cardinal Arinze, préfet de la congrégation du Culte divin, tout prêtre pourra bientôt, sans demander de « permission », célébrer la messe tridentine dans une église paroissiale, à raison d’une fois par semaine. C’est une avancée significative.

On peut tout de même regretter que la messe à Sainte-Marie-Majeure n’ait pas permis une autre avancée dans le même sens. Il est connu, en effet, que le cardinal et ses proches ont voulu profiter de la demande qui leur était faite par la section romaine d’Una Voce pour faire un geste significatif en direction de la Fraternité Saint-Pie-X. Or, si la FSSPX a salué ce geste, elle est restée attentiste et ses prêtres n’ont pas assisté à cette messe. En revanche, les communautés Ecclesia Dei ont été très présentes dans cette manifestation, ce qui d’ailleurs a permis de grossir son écho. On a prétendu que le cardinal Castrillón, un peu contrarié, a quitté les lieux assez rapidement. Mais n’était-il pas possible de demander par l’intermédiaire des organisateurs, dont on sait qu’ils sont très proches de la FSSPX, de désigner certains de ses prêtres pour être parmi les ministres de la cérémonie ? Le cardinal Lustiger aurait protesté une fois de plus : la belle affaire !

Tout le monde parle – sur quels fondements réels ? – d’une administration apostolique ou d’une préfecture apostolique ad hoc qui serait cette fois directement proposée aux membres de la FSSPX. Mais il est bien probable que les prêtres déjà « ralliés » se précipitent dans cette structure juridique, qui sera cette fois dotée d’un évêque Saint-Pie-V, et qu’elle deviendra une super-communauté Ecclesia Dei, la FSSPX restant ici encore attentiste. Ne serait-il pas bon pour tous, et en premier lieu pour l’église, de reconnaître préalablement un « droit de citoyenneté » aux membres de la FSSPX ? Pourquoi, par exemple, les curés de paroisse qui le désireraient, notamment dans les campagnes, n’auraient-il pas le droit de faire appel indifféremment aux services de prêtres des communautés Ecclesia Dei et de la FSSPX ?

Et puis, il faut surtout se souvenir que l’opposition à la réforme liturgique représente au fond une opposition à certaines doctrines de Vatican II, comme la doctrine sur l’œcuménisme. Si le fait de parler publiquement dans l’Eglise de la réforme d’un concile (pastoral) avait « droit de citoyenneté », bien des choses seraient changées.

 

                                                                              La rédaction d’Item