Mgr Lefebvre
VINGT ANS DE COMBAT
Si
les événements apportaient un changement en faveur d'un retour à
Pour
l'heure, nous devons garder l'authenticité de
Nous
ne cherchons rien d'autre et nous n'avons jamais voulu innover, sinon dans le
sens de
Notre
fondation a donc eu soin d'ajouter aux études une formation spirituelle
sérieuse par une année supplémentaire qui constitue une espèce de noviciat et
qui conduit à la grande connaissance de ce qu'est la spiritualité et à la
pratique de la vie intérieure, de la vie purgative et illuminative, mystique
qui demande une réforme de soi.
APPROUVEE PAR ROME
C'est sous cette forme que
Cela
est très important et même fondamental et il ne faut pas hésiter à le rappeler
à ceux qui ne connaissent pas bien l'histoire de
Le
document romain est en effet capital, car il est tout à fait officiel. Il porte
la date du 18 février 1971 et le timbre de
Des
actes officiels, accomplis par
Force
est donc de constater par ces documents officiels que
Cependant,
personnellement, je n'ai pas cru devoir user de cette possibilité jusqu'au
moment où nous avons été officiellement, mais illégalement, supprimés. Jusque
là je m'étais toujours efforcé d'avoir des évêques qui donnaient les incardinations. J'ai eu recours à Mgr de Castro Mayer au
Brésil, à Mgr Castan Lacoma
en Espagne et à Mgr Guibert à
En
effet, ces documents de
Cet
acte du cardinal Wright, si on l'étudie de près, n'est pas seulement une lettre
mais un « décret de louange », puisque effectivement il loue les statuts de
POURQUOI SOMMES-NOUS
PERSÉCUTES ?
Nous
sommes persécutés uniquement parce que nous gardons
Toujours
en replaçant les faits dans l'ordre de leur intervention historique, il est
aussi du plus grand intérêt de relire la lettre que Mgr Mamie m'a adressée le 6
mai 1975, pour bien nous pénétrer des véritables raisons qui ont poussé
l'évêque de Lausanne, Genève et Fribourg à nous retirer ILLEGALEMENT les actes
effectués par son prédécesseur et particulièrement le décret d'érection de
Il
n'avait pas le droit d'agir ainsi et de retirer de son propre chef cette
reconnaissance canonique. C'est explicitement contraire au Droit Canon. (Can.
493).
Or,
par deux fois dans sa lettre Mgr Mamie parle de la liturgie. « ... je vous
rappelais votre refus en ce qui concerne la
célébration de
Voilà ce qu'écrivait Mgr
Mamie à cette époque.
Par
deux fois dans cette lettre il rappelle la liturgie. « Parce que vous vous
opposez à la liturgie. » C'est donc bien le motif principal, essentiel qui nous
a valu ces mesures inqualifiables et illégales. Il faut bien que l'on se
rappelle cela. La question de l'ordination des prêtres est venue
postérieurement. En réalité, le véritable motif pour lequel nous avons été et
sommes persécutés - illégalement encore une fois - par Mgr Mamie, par les
cardinaux de Rome et les évêques de France, c'est en raison de notre
attachement à
Alors
ils ont exhibé l'Ordo de Mgr Bugnini et inventé ce
qui n'existait pas : l'obligation de la nouvelle messe, qui a été imposée par
les services du Vatican et par les évêques en France. C'est ainsi que,
malheureusement,
Devant
cette imposture et l'illégalité dans laquelle tout cela a été fait et surtout
devant l'esprit dans lequel cette persécution a été orchestrée, un esprit
moderniste, progressiste et maçonnique, nous avons cru devoir continuer. On ne
peut pas admettre quelque chose qui a été fait illégalement, dans un esprit
mauvais, contre
NOUS AVONS TOUJOURS REFUSE
DE COLLABORER A
Cela, nous l'avons toujours
refusé. Du jour où nous refusions, il est évident que nous nous placions contre
ceux qui apparaissent comme étant l'Eglise légale : nous étions hors la loi de
l'Eglise et eux la respectaient. Nous croyons cette appréciation inexacte, car
ce sont eux qui en fait s'éloignent de la légalité de l'Eglise et que nous, au
contraire, nous demeurons dans la légalité et la validité. Considérant
objectivement qu'ils accomplissent des actes dans un esprit qui détruit
l'Eglise, dans la pratique nous nous sommes trouvés dans l'obligation d'agir
d'une façon qui paraît contraire à la légalité de l'Eglise. C'est vrai. Et
c'est une situation bien étrange que celle d'apparaître dans l'arbitraire en
continuant simplement à célébrer
Mais,
nous n'avons pas arrêté là notre exercice de l'illégalité dans les détails de
la loi, tant au sujet des confessions, que des mariages et de notre
installation dans les diocèses. Bien des choses que nous avons accomplies sont
en elles-mêmes et au sens strict hors la loi, mais pourquoi les avons-nous faites
? Tout simplement parce que nous pensions que ce qui a été entrepris vis-à-vis
de nous était illégal et que l'on n'avait pas le droit de nous supprimer.
C'EST LE SALUT DES AMES
Dès
lors, nous avons agi selon les lois fondamentales de l'Eglise pour sauver les âmes, sauver le Sacerdoce,
continuer l'Eglise. Ce sont effectivement bien celles-là qui sont en
cause. Nous nous opposons à certaines lois particulières de l'Eglise pour
garder les lois fondamentales. En faisant jouer les lois particulières contre
nous, ce sont les lois fondamentales qui sont, détruites : c'est aller contre
le bien des âmes, contre les fins de l'Eglise.
Le nouveau Droit Canon comporte des articles qui sont
contre les fins de l'Eglise. Quand on permet que la communion soit donnée à un
protestant, on ne peut pas dire que cela ne va pas contre les fins de l'Eglise.
Quand on affirme : il y a deux pouvoirs suprêmes dans l'Eglise, on ne peut pas
dire que cela ne va pas contre les fins de l'Eglise. Elle est contraire au
dogme cette définition de l'Eglise Peuple de Dieu dans lequel se trouvent
fondamentalement tous les ministères, on ne fait plus de distinction entre le
clergé et les laïcs. Tout cela va contre les fins de l'Eglise. On détruit les
principes fondamentaux du Droit et l'on voudrait que nous nous soumettions.
Pour
sauver les lois fondamentales de l'Eglise, nous sommes obligés d'aller contre
les lois particulières. Dans tout cela qui a tort, qui a raison ? Evidemment
ont raison ceux qui sauvent les fins de l'Eglise. Les lois particulières sont
faites pour les lois fondamentales, c'est-à-dire pour le salut des âmes, pour
la gloire de Dieu, pour la continuation de l'Eglise. C'est parfaitement clair.
Et
on rappelle à toute occasion : Mgr Lefebvre est suspens et ses prêtres sont suspens,
ils n'ont pas le droit d'accomplir leur ministère. Ils rappellent là des
lois particulières. Mais ils feraient aussi bien de rappeler qu'eux ils sont en
train de détruire l'Eglise, non pas les lois particulières, mais les lois
fondamentales par ce nouveau Droit Canon qui est totalement inspiré par ce
mauvais esprit moderniste qui s'est exprimé dans le Concile et après le
Concile.
Ce
que nous souhaitons bien sûr, c'est que tout soit normal, que nous ne nous
trouvions plus dans cette situation apparemment illégale. Mais on ne peut pas
nous faire reproche d'avoir voulu changer quoi que ce soit dans l'Eglise. Il
nous faut toujours réfléchir et nous situer dans cet esprit que nous sommes
d'Eglise et que nous continuons l'Eglise. Et pourquoi continuons-nous ? Parce
que nous poursuivons les fins de l'Eglise. Si l'on peut nous faire grief de
manquer à certaines lois pratiques; personne ne peut dire que
Or,
même dans les lois particulières, l'Eglise a eu la sagesse de toujours laisser
une porte ouverte pour le salut des âmes. Elle a prévu des cas qui pouvaient
être extraordinaires. C'en est ainsi pour la juridiction pour les confessions.
Pratiquement, ce sont les personnes qui viennent trouver le prêtre pour
recevoir le sacrement de Pénitence qui
lui donnent la juridiction par l'intermédiaire du Droit Canon. Même si
une personne va trouver un prêtre excommunié pour lui demander, à être entendue
en confession, celui-ci reçoit la juridiction. (2)
Pour
le mariage : ceux qui ne
parviennent pas à trouver un prêtre qui les marie selon l'esprit de l'Eglise,
comme leurs parents ont été mariés (c'est tout de même élémentaire que des
jeunes gens désirent se marier selon le rite dans lequel leurs propres parents
l'ont été et non dans un rite qui n'est pas seulement souvent ridicule, mais
parfois odieux, dans une ambiance qui est loin d'être pieuse et favorable à cet
acte important et sacré qu'est le sacrement de mariage), le Droit Canon a prévu
une exception. Si les fiancés ne trouvent pas de prêtre dans un délai d'un
mois, ils peuvent se marier. Ce sont eux en fait qui se donnent
le sacrement. Ils en sont les ministres et dans ce cas ils sont exempts de la
forme canonique (2). Donc ils peuvent se marier devant témoin. S'il y a un
prêtre, il doit être présent. Le prêtre ne sera pas délégué, mais il sera
présent à leur mariage, comme le demande le Droit Canon et il leur donnera la
bénédiction nuptiale.
Pour
Un
prêtre peut donner
Je
n'ai jamais dit que toutes les confirmations étaient invalides, mais on peut
s'interroger quant à la formule qui est employée et certainement pour l'huile
qui est utilisée. C'est quand même important. J'ai reçu bien des témoignages de
personnes qui, formellement, m'ont donné l'expression employée par l'évêque...
ce sont des expressions invalides. « Reçois le Saint-Esprit » tout simplement.
« Je t'envoie en mission ». Ce n'est peut être pas fréquent, mais cela s'est
rencontré et c'est invalide. En tout cas; nombreux sont les évêques qui
estiment que
Si nos prêtres
venaient à abandonner la véritable liturgie, le vrai Saint Sacrifice de
Quand Rome demande : « Mais
enfin vous pouvez bien adopter la nouvelle liturgie et continuer vos
séminaires, ce n'est pas cela qui les fera disparaître », j'ai répondu : « Si,
cela fera disparaître nos séminaires. Ils ne pourront pas accepter la nouvelle
liturgie, ce serait introduire le poison de l'esprit conciliaire dans la
communauté. Si les autres n'ont pas tenu, c'est parce qu'ils ont adopté cette
nouvelle liturgie, toutes ces réformes et cet esprit nouveau. Si nous, nous
acceptons aussi les mêmes choses, nous aurons les mêmes résultats. »
C'est
pourquoi nous devons maintenir absolument notre ligne traditionnelle, malgré
l'apparence d'une désobéissance et les persécutions de la part de ceux qui
usent de leur autorité de manière injuste et souvent illégale.
Nous
sommes de plus en plus contraints par les circonstances qui sans cesse
s'aggravent. Si seulement les choses paraissaient devoir s'arranger, si l'on
apercevait des signes tangibles d'un retour à
Dieu
sait si nous y sommes !
Douloureusement
affecté par la perspective de la réunion des représentants de toutes les
religions invités par le Pape à se réunir à Assise, le 27 octobre, j'avais
adressé une lettre à plusieurs cardinaux leur demandant de supplier le
Souverain Pontife de renoncer à cette véritable imposture.
On
ne pourra pas dire que nous n'avons pas tout fait pour essayer de faire prendre
conscience de la gravité de la situation dans laquelle nous nous trouvons.
Dans
une prédication que j'avais faite en Suisse j'avais évoqué les points
principaux sur lesquels
Il
y a désormais trois erreurs fondamentales, qui, d'origine maçonnique, sont
professées publiquement par les modernistes qui occupent l'Eglise.
-
Le remplacement du Décalogue par les Droits de l'Homme. C'est désormais le
leitmotiv pour rappeler la morale : ce sont les Droits de l'Homme qui se sont
pratiquement substitués au Décalogue. Car l'article principal des Droits de
l'Homme, c'est surtout la liberté religieuse, qui a été voulue d'une manière
particulière par les francs-maçons. Jusque là c'était la religion catholique
qui était LA religion, les autres religions étant fausses. Les francs-maçons ne
voulaient plus de cette exclusive. Il fallait la supprimer. Alors on a
décrété la liberté religieuse.
-
Ce faux œcuménisme qui établit en fait l'égalité des religions. C'est ce que
manifeste le Pape d'une manière concrète en toutes occasions. Il a dit lui-même
que l’œcuménisme était l'un des objectifs principaux de son pontificat. Il a
agi là contre le premier article du Credo
et contre le premier commandement de l'Eglise. C'est d'une gravité
exceptionnelle.
- Enfin, le troisième acte
qui est maintenant courant, c'est la négation du règne social de Notre-Seigneur Jésus-Christ par la laïcisation des Etats.
Le Pape a voulu et est arrivé pratiquement à laïciser les Sociétés, donc à
supprimer le règne de Notre-Seigneur sur les Nations.
Si
l'on réunit ces trois changements fondamentaux et qui en vérité n'en font
qu'un, c'est vraiment la négation de l'unicité de la religion de Notre-Seigneur Jésus-Christ et par conséquent de son règne.
Et pourquoi cela. En faveur de quoi. Probablement d'un sentiment religieux
universel, d'une sorte de syncrétisme qui vise à réunir toutes les religions.
La
situation est donc extrêmement grave, car il semble bien que la réalisation de
l'idéal maçonnique soit accomplie par Rome même, par- le Pape et les cardinaux.
Les francs-maçons ont toujours désiré cela et ils y parviennent non plus par
eux mais par les hommes d'Eglise eux-mêmes.
Il
suffit de lire les articles écrits par certains d'entre eux, ou qui leur sont
proches, pour voir avec quelle satisfaction ils saluent toute cette
transformation de l'Eglise, ce changement radical qu'a opéré l'Eglise depuis le
Concile et qui, pour eux-mêmes, était difficilement concevable.
Ce
n'est pas seulement le Pape qui est en cause. Le cardinal Ratzinger, qui passe
dans la presse pour être plus ou moins traditionnel, est en fait un moderniste.
Il suffit pour s'en convaincre de lire son livre « Les principes de la
théologie catholique » pour connaître sa pensée, alors qu'il éprouve une
certaine estime pour la théorie de Hégel quand il
écrit : « A partir de lui, être et temps se compénètrent de plus en plus dans
la pensée philosophique. L'être même répond désormais à la notion de temps...
la vérité devient fonction du temps ; le vrai n'est pas purement et simplement
et c'est vrai pour un temps parce qu'il appartient au devenir de la vérité,
laquelle est en tant qu'elle devient. ».
Que
voulez-vous que nous fassions ? Comment discuter avec qui tient semblable raisonnement ?
Aussi sa réaction n'est-elle pas surprenante quand je
lui ai demandé : « Mais enfin,
Eminence, il y a quand même
contradiction entre la liberté religieuse et ce que dit le Syllabus. »
« Mais, Monseigneur, m'a-t-il répondu, nous ne
sommes plus au temps du Syllabus! » Toute discussion devient impossible.
Voilà
ce que le cardinal Ratzinger écrit dans son livre à propos du texte de l'Eglise
dans le monde (Gaudium et spes) sous le titre : « L'Eglise et le monde à propos
de la question de la réception du deuxième Concile du Vatican. »
Il
développe ses arguments sur plusieurs pages et précise : « Si l'on cherche un
diagnostic global du texte, on pourrait dire qu'il est (en liaison avec les
textes sur la liberté religieuse et sur les religions dans le monde) une
révision du Syllabus de Pie IX, une sorte de contre-Syllabus
(Dignitatis Humanae)
».
Donc,
il reconnaît que le texte de l'Eglise dans le monde, celui de la liberté
religieuse et celui sur les non-chrétiens (Nostra Aetate) constituent une espèce
de « contre-Syllabus ». C'est ce que nous lui avons
dit, mais maintenant, sans que cela paraisse le gêner, il l'écrit
explicitement.
Et
le cardinal poursuit : « Harnack, on le sait, a interprété le Syllabus comme
un défi à son siècle ; ce qu'il y a de vrai, c'est qu'il a tracé une ligne de
séparation devant les forces déterminantes du XIXème
siècle. »
Quelles
sont « les forces déterminantes du XIXème
siècle » ? C'est la révolution française bien sûr avec toute son entreprise de
destruction. Ces « forces déterminantes », le cardinal les définit lui-même
comme étant « les conceptions scientifiques et politiques du libéralisme ». Et
il poursuit « Dans la controverse moderniste, cette double frontière a été
encore une fois renforcée et fortifiée ».
« Depuis lors, sans doute, bien des choses
s'étaient modifiées. La nouvelle politique ecclésiastique de Pie XI avait
instauré une certaine ouverture à l'égard de la conception libérale de l'Etat.
L'exégèse et l'histoire de l'Eglise, daris un combat silencieux et persévérant,
avaient adopté de plus en plus les postulats de la science libérale, et d'un
autre côté le libéralisme s'était vu dans la nécessité, au cours des grands
retournements politiques du XXe siècle, d'accepter des corrections notables ».
« C'est
pourquoi, d'abord en Europe centrale, l'attachement unilatéral, conditionné par
la situation, aux positions prises par l'Eglise à l'initiative de Pie IX et de
Pie X contre la nouvelle période de l'histoire ouverte par la révolution
française, avait été dans une large mesure corrigé via facti,
mais une détermination fondamentale nouvelle des rapports avec le monde tel
qu'il se présentait depuis 1789 manquait encore ».
Cette détermination
fondamentale va être celle du Concile.
« En réalité, continue le cardinal, dans
les pays à forte majorité catholique, régnait encore largement l'optique
d'avant la révolution : presque personne ne conteste plus aujourd'hui que les
concordats espagnol et italien cherchaient à conserver beaucoup trop de choses
d'une conception du monde qui depuis longtemps ne correspondait plus aux
données réelles. De même presque plus personne ne peut contester qu'à cet
attachement à une conception périmée des rapports entre l'Eglise et l'Etat
correspondaient des anachronismes semblables dans le domaine de l'éducation, et
de l'attitude à prendre à l'égard de la méthode historique critique moderne.
»
Ainsi se précise le véritable esprit du cardinal Ratzinger qui
ajoute : « Seule une recherche minutieuse des manières diverses dont
les différentes parties de l'Eglise ont accompli leur accueil du monde moderne
pouvait débrouiller le réseau compliqué de causes qui ont contribué à donner sa
forme à la constitution pastorale, et ce n'est que de cette manière que
pourrait s'éclairer le drame de l'histoire de son influence ».
« Contentons-nous ici de constater que le
texte joue le rôle d'un contre-Syllabus dans la
mesure où il représente une tentative pour la réconciliation officielle de
l'Eglise avec le monde tel qu'il était devenu depuis 1789 ».
Tout
cela est clair et correspond à tout ce que nous n'avons cessé d'affirmer. Nous
refusons, nous ne voulons pas êtres les héritiers de 1789 !
« D'un côté, cette vue seule, éclaire le
complexe de ghetto dont nous avons parlé au début ; (l'Eglise un ghetto !) et d'un autre côté, elle seule permet de
comprendre le sens de cet étrange vis-à-vis de l'Eglise et du monde: par «
monde » on entend, au fond, l'esprit des temps modernes, en face duquel la
conscience de groupe dans l'Eglise se ressentait comme un sujet séparé qui,
après une guerre tantôt chaude et tantôt froide, recherchait le dialogue et la
coopération. »
Force est bien de constater
que le cardinal a perdu totalement de vue l'idée de l'Apocalypse de la lutte
entre le vrai et l'erreur, entre le bien et le mal. Désormais, on recherche le
dialogue entre le vrai et l'erreur. On ne peut pas comprendre l'étrangeté de ce
vis-à-vis entre l'Eglise et le monde.
Plus
loin, le cardinal définit ainsi sa pensée : « L'Eglise et le monde, c'est
comme le corps et l'âme. » - « Bien entendu, il faut ajouter que le climat
de tout le processus était marqué de façon décisive par « Gaudium et spes ». Le
sentiment qu’il ne devait vraiment plus y avoir de mur entre l’Eglise et le
monde, que tout « dualisme » : corps-âme,
Eglise-monde, grâce-nature
et même, en fin de compte, Dieu-monde était
nuisible : ce sentiment devint de plus en plus une force destructrice pour
l’ensemble ».
Le cardinal Ratzinger est à
la tête de
Quant
au Pape, d'une autre façon, il a le même esprit. Sans doute est-il polonais,
mais le fondement des idées est le même. Ce sont les mêmes principes, la même
formation qui l'animent. C'est la raison pour laquelle
ils n'éprouvent ni honte, ni horreur en faisant ce qu'ils font alors que nous,
nous en sommes épouvantés. La religion, comme nous l'avons vu dans le
libéralisme, dans le modernisme, c'est un sentiment interne.
UN JUGEMENT
Ainsi
dès le jour où, au mépris du droit, nous avons été frappé par Mgr Mamie,
soutenu par Rome, nous n'en avons pas tenu compte et apparemment nous avons
désobéi. Mais, c'était notre devoir de désobéir, parce que l'on voulait nous
placer dans l'esprit de
Nous
avons refusé cette condamnation car nous la considérions comme nulle et
inspirée de l'esprit moderniste. Ce que
nous faisions et que nous
continuons de faire n'est autre que d’œuvrer
au maintien de
Ce
n'est pas nous qui créons la situation de l'Eglise et celle-ci s'aggrave
toujours davantage dans des conditions stupéfiantes.
Personne n'aurait pu imaginer il y a dix ans, avant l'avènement du pape
Jean-Paul II, qu'un Souverain Pontife aurait un jour fait cette cérémonie à
Assise. L'idée même n'en serait jamais venue. Nul n'aurait pensé qu'il aurait
été à
Alors,
nous qui sommes entés sur l'Eglise, nous qui avons reçu les approbations
officielles de l'Eglise, nous voulons continuer l'Eglise, continuer le
Sacerdoce, sauver les âmes.
Que
l'on me comprenne bien, je ne dis pas que
Il
n'y a qu'une Eglise, dont nous sommes un rameau puissant, plein de sève,
approuvé par l'Eglise absolument comme les autres Sociétés l'ont été autrefois
et qui sont maintenant - hélas - en grande majorité en train de mourir de leur
belle mort.
Le
Bon Dieu m'a presque contraint à fonder
Beaucoup d'entre nos
prêtres ont maintenant plus de huit ans, plus de dix ans de Sacerdoce et le
nombre des catholiques qui gravitent autour d'eux et qui sont heureux de les
avoir est considérable. Combien de fois je reçois des lettres ou des
compliments quand je passe dans les prieurés : « Ah, Monseigneur, vos
prêtres ! Heureusement que nous avons vos prêtres ! Quel bien ils nous font.
Ils nous aident, ainsi que nos familles, à demeurer catholiques. Combien nous
vous remercions ! ».
Comment ne pas constater
l'action de
Soyons
unis, courageux, soyons fermes, continuons. Le Bon Dieu nous bénira
certainement. Nous ne devons pas craindre et trembler, mais demeurer résolus à
défendre et à transmettre notre Foi.
Louis
Veuillot disait : « Deux puissances vivent et sont en lutte dans le monde :
Nous
avons choisi de garder
La
raison de nos vingt années de combat est dans ce choix.
Prions,
demandons à
Notes
1 – Lettres de Mgr Charrière du 6 juin 1969 autorisant
la fondation d’un séminaire et du 1er novembre 1970 érigeant
2 – Canon du Droit pénal, n° 2261
3 - Canon 1098 et 209.